LVATER
f
"•Ift% X % *
S5
.U8TSEE OS OCUflE ?ORTS4l'»:
I
«
s
î
*
LE PETIT
LAVATER FRANÇAIS
SECRETS DE LU PHYSIOGNON0N1E DEVOILES
l'AI.
ALEXANDRE DAVID
ÉDITION ILLUSTRÉE
DEQUINZE PORTRAITSDEPERSONNAGES(IXKBHIS
Fii>er\' des ihuil- iW traductionelde reproduction
PARIS
PASSARD, LIBRAIRE-EDITEIR
7. IU I DES GRANDS-AI GlSTINS.
I85i
DigitizedbytheInternetArchive
in2010withfundingfrom UniversityofOttawa
http://www.archive.org/details/lepetitlavaterfrOOIava
NOTICE SUR LAYATER
Jean-GaspardLavater. né le lo novembre ITil àZu- rich, où son pèreexerçait la médecine,se fit remarquer, des son enfance,parsesgoûts desolitude,derêverie el de méditation.
Ils'occupaitd'étudesthéologiques, lorsqu'àvingt-deuxans, entraînépar son àmeardente,iléchappaàla viecontem- plativepourlancerunpamphletvirulentcontrelebailli de sa ville, dont lesactes illégaux révoltaient la population zurichoise.Cetécriteutuntel retentissementque le père de l'auteur crutprudent d'envoyer son fils à Berlin,oùil
se liaaveclespremiers savants del'époque.
Après une année d'absence, Lavater retourna dans sa patrie. Nommé, en 1769,diacre àl'églisedes Orphelins,il
enfutle pasteur en 1775. Trois ans plus tard, ilétait diacre àl'église deSaint-Pierre,dontil devint lepasteur en 1786. Dansces diverses fonctions, Lavaters'acquitune granderenomméepar d'éloquents sermons,tousempreints d'unesuavesensibilitéetd'unedouce persuasion. N'ayant pas ànousoccuper ici descentvingt-neuf ouvrages théo- lugiques, ascétiques ou polémiques qu'ila publiés, nous citeronsseulementle livre qui afondé sa gloire, livre si
universellement connu et estimé sousletitrede :Essais physiognomoniques.
C'est la révélation de touteunescience qui permet de jugerlecaractèrehumainparl'aspectdestraitsduvisage, fidèles traducteurs des sentiments habituels. Cette pré- cieusedécouverte,faite parlesanciens,et dontAristote a expliqué la théorie, doit son illustration à Lavater. Il a appliquéal'étudede laphysiognomonieun ingénieux es-
pritd'observation, une admirable sagacité, el uneactivité infatigable.
Nous ne connaissons pas de but plus noble que celui ques*estproposélepasteur de Zurich. Ille résumeainsi lui-même:
« Faireconnaître auxhommes leurssemblables etleur
« divin Créateur;
« Appelerl'admiration et lapieuse reconnaissance des
" mortels sur l'œuvre de Dieu;
« Créerunesourcede jouissances pures, dignes de la
« nature humaine;
« Propagerlerespectpourcettenature, ladouleurpour
« sa dégradation,l'amourpourlesêtres privilégiés, etla
« vénérationpourl'auteur detoute perfection. »
MalheureusementlesEssaisphysiognomoniques,ainsi quel'indiqueleurtitre,neforment pointun système com- pletetraisonné. Lavateraléguéce travailàses disciples:
mais,nous avonsleregretdel'avouer,aucund'euxnes'esl
montrédigne du maître.
Chaleureuxpartisandela révolution, Lavater ne cessa d'endéplorerles excès.Seseffortspourlesréprimerle ti- rentdéporter à Bàle en 1796. Quelques moisaprès, ilput rentrer aZurichdanssesanciennesfonctions,etcontinuer d'ydéployer autantde zèle que decharité. A la prise de Zurichpar Masséna, en 1799, Lavater prodiguases soins aux blessés.Unsoldatrépublicain,qu'ilavaitsauvé de la mort,l'ayantentendu appeleraristocrateparune populace endélire, luitirauncoup defusildanslebas-ventre.La- vater survécut quinze moisà cette blessure, et ilmourut
lei janvier1801, sans avoirvoulu dénoncer sonassassin.
LE PETIT
LAYATER FRANÇAIS
DE LA PHYSIOGNOMONIE.
o-j7!;,nalure; yvouov, indication.
Lecœurdel'homme changele visageetlerendbon oumauvais oncunnaitunepersonneàlavue
et (m discerne à l'airdu visage l'hommedebonsens.
/iclés,xm,31;\i\. 26
La Physiognomonie est la science de connaître l'intérieurde
l'homme
parsonextérieur,etd'aper- cevoir,dans certains indices naturels, ce qui ne frappe pasimmédiatement
les sens. Or, la phy- siognomonie révèle les rapports delasurface vi-1
sibleavecce qu'elleembrasse d'invisible; (jeuxde la matière
animée
et perceptible avecleprincipenon
perceptible qui luiimprime
ce caractère de vie,ceux enfin del'effet manifesté avec la force cachée quile produit.L'homme
seprésente sous des points devue si variés,dontchacunpeutêtreexaminéettraduiten particulier, qu'il résulteun nombre
infinideclas- ses de physionomies quienfont autant d'espèces de physiognomonies.Toutefois, pourfaciliter ces différentes études,
siintéressantes et si précieuses,la science dela physiognomonieaété diviséeenquatreclasses.
La qualité
du
sang,la constitution,lachaleurou lafroideurdu
tempérament, la grossièretéou
la délicatesse des organes, l'humidité,lasécheresse, la flexibilité, l'irritabilitédel'homme
forment au- tantdesujets particuliers d'observations, compris danslaPhysiognomonie de tempérament.Les facultés del'esprit
humain
quisemanifes- tent par la conformation, la figure, le teint, lesmouvements,
et,en général,tout l'extérieur, for-ment
la Physiognomonieintellectuelle.Lesinclinations del'homme, sa propension
au
bienou au
mai, et la faculté qu'il a de fairele bienou
de supporter le mal, se découvrent danslaPhysiognomonie morah.
Les signes delasantéet dela maladie,visibles surle corps
humain,
rentrent dans la Physiogno- monie médicinale.La
physionomieestl'âme denos jugements, de nosefforts, denosactions,de notreattente, de noscraintes et de nos espérances, de toutes nos sensa- tions agréables
ou
désagréables, causées par les objets existant hors de nous.Elle estnotreguideetla règlede notre conduite depuisleberceau jusqu'aucercueil,dans toutesles conditions, danstouslesâgesetchez touteslesna- tions,depuis
Adam
jusqu'àl'homme
quimourra
le dernier; elleremonte depuisl'insecte,écrasésous nos pieds,jusqu'au plussublimedes philosophes, etpourquoipasjusqu'auxAnges
etjusqu'à Jésus- Christlui-même?
Chaque
insecte connaît sonami
etsonennemi;
chaqueenfant
aime
oucraintsans savoirpourquoi, etuniquement
parun
tact physiognomonique. Iln'yapersonne surla terre qui ne se laisse diri- gerparlaphysionomie, personneàquion nepuisse dessiner
un
visage quilui semblerait aimableou
repoussant,personne qui, plusou moins, nocon- sidère, ne mesure, ne compareetne juged'aprèsla physionomie
un homme
qu'il voit pourlapre- mièrefois,quand même
iln'auraitjamais entendu prononcerlemot
dephysionomie, personneenfin qui ne juge ainsitous les objets qui lui passent sous les yeux, en appréciant leur valeur intrin- sèque d'aprèsleur extérieur.Tant d'exemples irrécusables, et tant d'autres encore,carilen est àl'infini, quisontconnus de tous, prouventassez l'influence
immense
et posi- tive delaphysionomiesurl'homme.C'estleguide journalier de toute créature vivante, et il n'en existe pasune
qui,sciemment
ou à soninsu, netire desconséquences déterminantes,
du
moins àsa manière, de l'extérieur àl'intérieur, etquine juge, d'après ce qui frappe les sens, les objets inaccessiblesaux sens.
Cettevérité universelle quel'extérieur,levisi- ble, lasurfacede tousles objetsaniméset inani-
més
indiquentleur intérieuretleur propriété;que
tout signe extérieur est l'expression des qualités intérieures, n'est-elle pas décisive,et ne prouve-t-elle pasl'importancedela
pbysiognomonie?
Il
MERVEILLES DE LA PHYSIONOMIE HUMAINE.
Quelle
main
pourra saisircette substance logée dansla tête etsouslecrânedel'homme? Un
doigt dechairetdesangpourra-t-ilatteindrecetabîme
defacultéset deforcesinternes quifermententou se reposent?Dieului-même
aprissoinde couvrir cesommet
sacré, ceLiban de notrecorps, séjour et atelier des opérations les plus secrètes, d'une forêtde cheveux,emblème
desforêtsquicouvrentlesmystères desa création.
On
estsaisi de terreur religieuse à l'idée de ce globeombragé
quiren-fermedes éclairs,dont
un
seul,échappédu
chaos, peutéclairer, embellirou
dévasteretdétruireun monde.
Qu'elle est significative la forêt de cetOlympe,
sacroissance naturelle, la manière dontlachevelure s'arrange, descend,separtage
ou
s'en- tremêle! Puis,parcetétroitpassage,qu'onappelle oreille,par cette porte quia reçu lenom
d'œil, deuxmondes
miraculeux de sonetdelumièrepé- nètrent dansle ciel denos pensées et de nosfa- cultés.Le cou, surlequel latête est appuyée, montre,
non
cequi est dansl'intérieur del'homme, mais ce qu'ilveut exprimer;il désigne lafermeté et la liberté,ou bienlamollesse et ladouce flexibilité.Tantôt son attitude noble et dégagée annoncela dignitéde la condition, tantôt en se courbant, il
exprime la résignationdu martyr, et tantôt c'est
une
colonne,emblème
dela force.Enfin,ses dif- formités, sonenfoncement dans les épaules sont encore des signescaractéristiquesetpleinsde vé- rité.Passons an visage
humain,
tableau de l'càme, image de Dieu.Lefront estlesiège de lasérénité,delajoie,
du
noir chagrin, de l'angoisse, de la stupidité, de l'ignorance et dela méchanceté. C'estune
table d'airainoù
tous les sentiments se gravent en ca- ractèresdefeu.A
l'endroitoù
ils'abaisse, l'enten-dement
parait se confondre avecla volonté. C'est icioù
l'âme se concentre et rassemble des forces poursepréparer àlarésistance.Au-dessous
du
frontcommence
sa belle fron-tière:lesourcil, arc-en-cielde paix,dans sadou- ceur, arc tendu de la discorde, dans sa colère, ainsi c'esttoujours le signe annonciateur des af- fections.Le nez
met un
ensemble à tous lestraitsdu
visage; c'est lamontagne
quisépare deuxval- léesopposées.La
racinedu
nez,sondos, sa pointe, soncartilage, les narines,par lesquellesilrespire lavie, que de signes expressifs del'esprit etdu
caractère!Les yeux, àn'enjuger
même
queparl'attouche- ment,sont,dansleurforme,lesfenêtres del'Ame, des globes diaphanes, des sources de lumière etde vie. Le simpletact découvre queleurformeartis- tement arrondie, leur coupe et leur grandeur ne sontpas des objetsindifférents.En
général, laré- gionoù
serassemblentles rapportsmutuelsentre lessourcils, lesyeux
et le nez,est celleoù
l'âme se manifeste sur le visage, c'est la région de la volontéet del'activité.Le sens noble,profondetoccultedel'ouïeaété placéaux côtés dela tète, où ilest caché àdemi.
l'homme
devait ouïrpourlui-même;aussil'oreille est-elledénuéed'ornements.La
délicatesse,le fini, laprofondeur,voilà sa parure.J'arriveàlapartieinférieuredelaface
humaine
que Dieuaenvironnée d'unnuage
danslesmâles, etsans doute,pourvoilerchezl'homme
les traitsde sensualité qui se développent sur cettepartie
du
visage.Chacun
saitcombien
lalèvre supérieure caractérise legoût,les penchants, les appétits, lesentimentdel'amour;
combien
l'orgueil etla co- lère lacourbent, la finesse l'aiguise, la bontél'ar-rendit, le libertinage L'énervé etlaflétrit;jusqu'à quel pointl'amouret ledésir s'yattachentpar
un
attraitinexprimable.L'usage delalèvreinférieure estdelui servirde support, semblable
au
coussin d'écarlate sur lequel repose la couronne, signe instinctifdu
pouvoir.Une
bouche délicate etpure est peut-êtreune
des plus belles recommandations. La beautédu
portailannonceladignitéde l'hôtequiva sortir :
lajvoix,interprète
du cœur
et del'âme!La
bou- che,c'est lecalicedelavérité, lacoupe de l'amour etdel'amitié.Que
debeautéou que
delaideur physique et morale dans la conformation des joues! Lalèvre inférieurecommence
à formerlementon, et l'os de lamâchoirequidescend desdeux côtésleter- mine.Comme
ilarrondittoutel'ellipsedu
visage,il peut être regardé
comme
la véritable clef de voûtede l'édifice.m
L•H
M M
E.
De
tousles êtresdelaterre,l'homme
est leplus parfaitet le plus vivant.Chaque
grain desable estune
immensité, cha- quefeuilleun monde,
chaqueinsecteun
assem- blage de mystères. Et qui pourrait compter les degrés intermédiaires depuis l'insecte jusqu'àl'homme
?Dans l'homme
se réunissent toutes les forces dela nature. C'est lerésumé
dela création; ilest àla fuis lefils et le souveraindelaterre; lesom-
maireetlecentrede toutesles existences, detou- tes les forcesdu
globequ'il habite.Des divers êtres organiques, révélés par les sens, il n'en est
aucun
chezqui se rassemblent dela manière la plus merveilleuse trois espèces devies si différentes l'unedel'autre : la vie ani- male, la vie intellectuelle et lavie morale, dont chacune se compose des forces les plus diverses et cependant les plusharmoniques.Connaître, désirer, agir
ou
bien regarder et penser;sentir etsepassionner; semouvoir
etré-sistpr, voilà ce qui rend
l'homme un
êtrephysi- que,moralet intellectuel-.L'homme
doué de ces facultés, de cette triple vie estpourlui-même
l'objetleplusdigne d'être observé,comme
il estaussi l'observateur le plus digne.De
quelque côtéqu'onveuille le considé- rer, riennemérite àun
plus haut degré l'atten- iion.Chaque
espèce de vie se manifeste en lui séparément, mais jamaison ne pourra leconnaî- tre dans satotalitécomplète cruepar des manifes- tations extérieures,parsoncorps, par sa surface.Toute spirituelle, tout immatérielle
que
soit sa nature intime, au-dessus de la portéedessens, ildevient
néanmoins
visible et perceptible parson indissolubleallianceavec le corpsoù ilréside,où
ilse
meut comme
dans son élément. Cetélément matériel devientun
sujetd'observations,ettoutce quiest dansl'homme
peut êtreconnu
parl'inter- médiairedessens.Cettetriple vie, qu'on ne sauraitméconnaître dansl'homme, ne devient pour lui
un
objetd'é- tudes et de recherches queparcette seule raison qu'elle semanifesteparle corps en cotés visibles et perceptibles. 11 n'est point d'objet dans l'uni- vers dont lespropriétés et lesvertus nous soient autrement connues que par des signes extérieurs etaccessiblesauxsens. Surces signesexternes re- posent le caractéristique des êtres et la base de tout le savoirhumain. L'homme
serait réduit à l'ignorance de tout ce qui l'environne etde lui-même,
si chaque force, chaquevie nerésidaient pasdansun
extérieur sensible, si chaque chose10
no révélaitpas sa nature et sonétendue, sonca- ractèrepropreannonçant ce qu'elleest, et la fai- sant distinguerdecequin'estpas elle.
Nous
neconnaissons point deformeplus noble, plus sublime, plus majestueuse,etqui renferme desfacultésaussinombreuses, autant d'espèces de vie,deforce et d'action.D'un pas ferme,
l'homme
touche la surfacedela terre; sa tète s'élèveversle ciel; sonregardse porte
au
loin, sesmouvements,
sesactes s'accom- plissent avecune
promptitude etune
facilité in- concevables. Qui pourrait compter et décrire lamultitudedesesactes"? Dans
un même
instant, ilpeutagiret souffririnfiniment plusquetouteau- tre créature. 11joint la souplesse à la fermeté, l'adresse à la force, l'activité
au
repos. Nuln'est plus capable de flexibilitéou
de résistance;on ne trouve pointailleursune
telle diversité,une
telleharmonie danslesforces. Les facultésde
l'homme
sontuniquesainsiquesa figure.Etcettefigure n'est-ellepasbienplus admirable, plus attrayantelorsquelesfacultés lesplus nobles, actives et passives, en
émanent?
Elle ne se rap- proche de la forme des brutesque
danslespar- ties, siège des forces animales. Mais combienelleen diffère dans les parties
où
agissent desforces d'unordre supérieur, cellesdel'activité etdel'es- prit!La forme, les proportions de l'homme, sa sta- ture élevéeet
néanmoins
susceptible detant d'at- titudes et demouvements
divers, toutannonce à l'observateur impartialune
force éminente et laIl
plus étonnante mobilité; tout lui démontre
au
premiercoup d'œil l'excellencede la naturehu-
maine,del'unité organique.La
tète, et surtout le visage, la conformation des os, comparée à celle desosde tout autre ani- mal, découvrentàl'observateurprofondqui possède le sentimentdelavérité, laprééminence etlasu- blimité des facultés intellectuelles.L'œil, leregard,labouche,lesjoues,lasurface
du
front,considéréssoitdansun
repos absolu,soitdans lesinnombrables variationsdeleurs
mouve-
ments, enun mot
tout cequ'onappelle physiono- mie,estl'expression laplus vive, laplus parlantedu
sentiment intérieur,des désirs, des passions, dela volonté, enfinde toutce quiconstitue lavie morale si supérieureàla vieanimale.Quoique
la vieorganique,intellectuelle etmo-
rale de l'homme, avec toutes les forcesqui leur sontsubordonnées,s'unissentadmirablement pour ne former qu'uneseuleet
même
substance;quoi- que ces troisespècesdevien'occupentpas,comme
troisdifférentes familles, chacune
un
étage parti- culierdu
corpshumain,
mais qu'elles coexistent danschaque point del'organisme et formentun
ensemble parfait,ilestcependant vraique chaque espèce deces forces vitalesaun
siège distinctoù
elleagitetsemanifeste de préférence.
On
ne saurait nierque laforce physique, bien qu'elle s'exercepar toutle corps,surtoutdansles parties animales, ne soit plus remarquable danslebras, depuis saracine jusqu'àl'extrémité des doigts.
12
11 n'est pas
moins
évident que la vie intellec- tuelle, l'entendementetl'esprithumain
semani-
festentprincipalement danslaconformation dela tète, et plus spécialement
du
front, quoiqu'auxyeux
d'unobservateurattentif, elles soient sensi- bles dans chaquepointdu
corpshumain,
à cause de sonharmonie
etdeson homogénéité.Quant
àlaviemorale del'homme,
ellerayonne dansles traitssi mobilesdu
visage. Lasomme
de ses forces morales et sensitives, son irritabilité, ses sympathies et sesantipathies,la puissance de saisir et de repousser les objets extérieurs, tout celas'exprime surlevisage àl'étatderepos. Etle troubledes passionsirritées se peintdansl'agita-*tion des traits, toujours combinée avecles batte-
ments du
cœur, demême
qu'àla placiditédu
vi- sagesejointle reposdu cœur
etdelapoitrine.Nous
avonsditque
cette triple vie del'homme
estintimement unie dans chaquepoint
du
corps;on peuttoutefois la diviseretla localiser.
Lavie animale, par exemple,laplusbasseetla plus prèsdelaterre, se placeraitdansle ventreet s'étendrait jusqu'aux organes de la génération, quien seraient lefoyer.
La
viemoyenne ou mo-
rale résideraitdanslapoitrine;elleauraitle
cœur
pour centre et interprète.La
vie intellectuelle,comme
la plusélevée, siégerait dans la tête, et l'œil serait son foyer.Ajoutons que le visage est le représentant de ces trois divisions : le front jusqu'aux sourcils, miroirde l'intelligence;lenezetlesjoues, miroir delaviemoraleetsensitive; labouche et le
men-
13
ton,miroir dela vieanimale,tandisque l'œil est
lecentre de toutes ces existences. Mais nous ne saurions trop répéterque ces trois vies se retrou- vent danstoutes lesparties
du
corpsety ont par- tout aussileur expression.Toutelascience physiognomonique,prise dans
le sensle plusétendu
ou
leplusrestreint,repose sanscontreditsurcesprincipesgénérauxet incon- testables.Écoutons maintenantl'éloquentBuffon :
« Tout, dans l'homme, annoncelemaître de la terre;tout
marque
dans l'homme,même
àl'exté- rieur, sa supérioritésur tous les êtresvivants. 11se soutientdroitetélevé,sonattitude est celle
du commandement
; sa têteregardele ciel etprésenteune
faceaugustesur laquelleestimprimé
le ca- ractèredesa dignité. L'image de l'âmey
estpré- sentée parlaphysionomie, l'excellencedesa na- ture perce à travers ses organes matériels, etanime
d'unfeu divinlestraitsde sonvisage.Son portmajestueux, sadémarche
fermeet hardiean- noncent sa noblesse et son rang. Ilne touche la terreque
par sesextrémités lesplus éloignées,ilnelavoitquedeloin etsembleladédaigner. »
Terminons
en donnant laparole àBernardin de Saint-Pierre :«
La
nature a rassemblé dans la figure de l'humine ce queles couleurs et les formesont de plus aimable par leursconsonnances etparleurs14
contrastes. Elleyajoint les
mouvements
lesplus majestueux et les plus doux. Elle a réuni dansl'homme
tousles genres de beauté,eten aforméun
assemblage si merveilleuxque
tous les ani-maux,
dans leurétatnaturel, sontfrappés àsavued'amour
etde crainte.a
Remarquez que
la forme de latèteapproche de la sphérique. Jenecroispasque
cetteconfigu- ration luisoitcommune
avec celle d'aucun ani- mal. Sur sa partieantérieure est tracé l'ovaledu
visage,terminépar letriangle
du
nez,et entouré despartiesradiéesdela chevelure.La
tète est de plus supportée parun
cou quiabeaucoupmoins
dediamètre qu'elle, ce quila détachedu
corps parune
partieconcave.« Cesformesne sontpastracéesd'une manière sècheetgéométrique; maisellesparticipent
Tune
del'autre,ens'amalgamantmutuellementcomme
il convenaitauxpartiesd'untout. Ainsi, lesche- veux nesont pas droits
comme
des lignes, maisils s'harmonientpar leurs boucles avecl'ovale
du
visage. Letriangle
du
nezn'estni aigu nià angle droit; mais, par le renflement onduleux des na- rines, il s'accorde avec la forme encœur
de la bouche, et, s'évidantprèsdu
front,ils'unitaveclescavités desyeux. Le sphéroïdede la tète s'a-
malgame
demême
avec l'ovaledu
visage. 11 en est ainsi des autresparties, la natureemployant, pour lesjoindreensemble, lesarrondissementsdu
front,des joues,
du menton
etdu
cou,c'est-à-dire lesportions de la plus belledes expressions har- moniques, quiestla sphère.«. 11 y;i encore plusieurs proportionsremarqua- blesqui forment entreelles des harmoniesetdes contrastes très-agréables; telle est celle
du
front qui présenteun
quadrilatère en opposition avecletriangleforméparles
yeux
et parlabouche,et celle des oreilles formées de courhes acoustiques très-ingénieuses, quineserencontrent pointdans l'organeauditifdes animaux, parce qu'il nedoit pas recueillir,comme
celui de l'homme, toutes lesmodulations de la parole; maisje m'arrête- rai aux formes charmantes dontla nature a dé- terminéla bouche et lesyeux, qu'elleamis danslaplusgrande évidence, parcequ'ilssontlesdeux organesactifs de l'âme.
«
La
bouche estcomposéede deuxlèvres, dont lasupérieureest découpée en cœur, cette forme est siagréable quesabeautéa passéenproverbe, etdontl'inférieure est arrondieenportiondemi- cylindrique.On
entrevoitau milieu des lèvres le quadrilatère des dents, dont les lignes perpendi- culairesetparallèlescontrastenttrès-agréablement aveclesformesrondes quilesavoisinent.a Les
mêmes
rapports se trouvent dans lesyeux : ce sont deux globes bordésaux paupières de cilsrayonnants
comme
des pinceaux qui for-ment
entre euxun
contraste ravissant, etprésen- tentune
consonnance admirable avec le soleil, sur lequelilssemblentmodelés, étantcomme
lui defigure ronde,ayantdesrayons divergentsdans leurscils, desmouvements
de rotation sur eux-mêmes,
etpouvant,comme
l'astredu
jour,sevoi- lerde nuagesau moyen
des paupières.16
« 11y a, dansle visage,
du
blanc tout pur,aux dentset aux yeux,puis desnuancesdejaunequi entrentdans la carnation; ensuitele rouge,cet' couleur par excellence, qui éclate aux lèvres et aux joues.
On
yremarque
de plus le bleu des veines, et quelquefoiscelui de? prunelles; enfin le noir de la chevelure qui, par son opposition, fait sortir les couleursdu
visage,comme
le vid»du
cou détacheles formesdela tète. »IV
PARALLÈLE DE L'HOMME ET DE LA FEMME.
Chezles
femmes,
la physionomie n'est jamais entièrement reposée. Les musclesde la face, ces faisceaux élégantsdontlemouvement
rapideet le jeu sianimé
expriment toutes les nuancesdu
sentiment et de lapensée, ont plusd'actionque
devolume; les traitsdu
visage n'ont pointun
ca- ractère permanent,comme
dansl'homme,
et ne révèlent pasavec autant de franchise ladirection del'esprit et lanature des sentiments.L'agitation qui succèdeeffacelestracesdecellequia précédé etqui n'estpasassezprolongéepourimprimerun
caractère durable : lanature
même
del'organisa- tionde lafemme
contribue àcettedifférence.Ce sont les angles, les saillies, les contours, fortementprononcés, qui font les traits physio-
gnomoniques
: cbez lafemme,
tout est arrondi,du moins
pendant la jeunesse;un
tissu délicat, expansible, élastique, effacetous les angles,unit toutelespartiesparlestransitions lesplus douces.Les muscles sout d'ailleurs plus mobiles,
moins
longtempslivrésàlamême
contraction,etnemo-
difient pas assez fortement la physionomie pour lui donner cette expression habituellequipermet de découvrirlapassiondominante, la nature des penchants, l'emploi des facultés,les directions
du cœur
etde l'esprit.En
général,lafemme
estinfiniment plus pure, plusdélicate, plusfine,plusimpressionnable, plus sensible,plusaiséeàdiriger, plusfaitepoursouf- frirque l'homme.Le principe de sa substanceestplus
mou,
plus irritable,plus élastique quele notre.La femme
estformée pour la douceur, la ten- dresse maternelle; sesorganes sont tendres, flexi- bles, facilesàblesser, susceptiblesetsensuels.Entre mille
femmes
ils'entrouve à peineune
quineporteces attributsde son sexe : lamollesse, la rondeur et l'irritabilité.La femme
estle refletdel'homme;
elleest prise delui pourluiêtresoumise,pourl'assistercomme un
ange gardien, etpouralléger ses souffrances.Son
bonheur
c'est de créer des enfants,et deles façonner àla foi, à l'espérance et àl'amour.9
18
La délicatesse,la mobilité sensible de ses libres et îleses organes, sanatureflexiblelarendentdo- cile, impressionnable, prompte à céder à
un
plus fort, quoique ses cbarmes séduisants l'emportent surle prestigede laforce del'homme.L'homme
n'apasétéséduitlepremier, maisbienla
femme
;puis
l'homme
a été séduit parlafemme.
Cependant si les
femmes
sontentraînées ver-laséduction; ellessont très-facilesaussiàfaire écla- ter
une
vertu pure, noble, angélique, ainsi que tout ce qui peut nous charmer et mériter nos éloges.Les
femmes
ontune
délicatesse inouïe pourla propreté, labeauté,lasymétrie,mettantcesquali- tésextérieures au-dessusde leur essence, de leur nature vivante etpérissable.A
lafemme
le fruit de l'arbre sembla bon àmanger
et agréableà voir; l'arbre lui plut, parce qu'il donnait la science, et ellemangea
de sonfruit.
L'âme
de lafemme
pense peu; la pensée fait la forcedel'homme.La femme
estavant tout sen- sible; sa force c'est lesentiment.Souvent les
femmes
régnent plus absolument que leshommes,
sanscependantexercer ce pou- voir par violence ni par emportement.Quand
elles
dominent
en despotes,elles ne sontplus des femmes, maisdes monstres.L'empire des
femmes
naît d'unregard, d'une larme,d'un soupir.Elles sont susceptibles de la sensibilité laplus pure,de la tendresse la plusprofonde, dessenti-
19
ments les plus essentiels, d'un
dévouement
extrême.Leur physionomie reflète
une
sainteté,une
in- violabilitéque
respecte touthomme
d'honneur.Cette
marque
enfantesouventdesmétamorphoses
extraordinaires.
Les
femmes
ont des nerfstrès-irritables; elles sont peu capables de penser, deraisonner, d'ob- server, et si portées à suivre letorrentdu
senti- ment,quelorsque l'enthousiasmes'empared'elles, elles deviennent fanatiques, à tel pointmême
qu'ellesne peuventrevenir à
un
étatnormal.Leur
amour,
telintenseetprofondqu'ilsoit,est essentiellement inconstant, tandis queleurhaine semontre presquetoujours implacable. L'influence d'unamour doux
et caressantpeut seule ladissi- per.Les
hommes
agissentsurlesprofondeurs,et lesfemmes
surles élévations del'édifice social.L'homme
aime à saisir l'ensemble, lafemme
voit plutôtles détails, etse plaît àdécomposerles infinimentpetits.
L'homme
contempleun
ciel sombreet chargé d'orage; sonâme
se dilatequand
le tonnerre gronde etquelesnuagess'abîment sursa tète en torrents de pluie.La femme, au
contraire, fris-sonneàlavue del'éclair et àl'approche delafou- dre; elle se replieavec effroi surelle-même ou se jetteen tremblant danslesbras del'homme.
Dansl'arc-en-ciel,
l'homme
voituniquement un
rayon de soleil, lafemme
s'y joue avec les sept couleurs.Ellefaitun
toutdecesymbole delapaix.2(1
tandis
que l'homme
en recherche les rayons in- finisdansledemi-cercle où ils se balancent.Où l'homme
sourit, lafemme
rit aux éclats;ellepleure
quand
il estsilencieux; elleselamentequand
ilpleure; ets'ilselamente, elle se désole, et pourtant safoi souventest plusforte quecelle del'homme
!Un homme
sans religionressembleau
malade qui chercheàsepersuaderqu'il estbienportantetque
toutmédecin
estinutile.Une femme
sansre- ligion estune
créature furibondeetexécrable; elle est pis encorequand
elle joue l'esprit fort, car dans son essence semeuvent
la dévotion et la piété. C'estauxfemmes
quele Seigneurressuscité apparut d'abord, et il voulut tempérer leur zèle trop empressé, en leur disant : «Ne me
touchez pas. »Les
femmes
sontpromptement
égarées par lanouveauté et l'extraordinaire.
Elles sont inconséquentes vis à vis de ceux qu'ellesaiment.
Susceptiblesdelapinsprofondemélancolie, leurs jouissanceslespoussentsouvent jusqu'àl'extase.
Le sentiment de
l'homme
gît dans l'imagina- tion, celuidesfemmes
dansle cœur.Leur franchise est plus sincère que celle des
hommes;
leur réserve plusentière.Ellessont plus patientes,plus indulgentes, plus croyantes, plus charitables et plus pudiques
que
nous.La
femme
esth
seconde page ajoutée au livre de l'humanité.L'homme
seul n'est pourainsi dire quelamoi-tié d'unêtre
humain;
c'estun
roi sansroyaume.La
femme ne
vit et n'agit que par l'homme,quand
elle ne se révolte pas contre sa véritable destination.Enfin,
l'homme
n'estqueparlafemme
ce qu'il peutet doit être. Aussil'homme
nepeut-il vivre seul.PHYSIONOMIE DES RACES.
Nous
allons soumettre à noslecteurslespassa- ges les plus remarquables d'une dissertationdu
professeurKant, de Kœnigsberg :«
L'homme
devant être soumis à tous les cli-mats et à toutes les natures
du
sol, il luia étédonné
diverses dispositions naturelles,propres à être développées ou restreintes selon l'occasion, pourqu'iloccupâtconvenablement danslemonde
la placepourlaquelleilaété créé.
« L'air et le soleil exercent l'influence la plus immédiate sur la faculté génératrice, activent,
augmentent
les germes et fondentune
race.De
son cùté,
une
nourriture choisie contribue à en- fanterdeshommes
dont lesqualités s'étiolentpar les transplantations.Ce
qui influe sur lafaculté génératrice doit provenir de la sourcede la vie, soitdes principes organisateurs. Souslazonegla- ciale, sil'homme
dégénèrepeu
àpeu
entaille, c'est que,tout en conservant laforcedu
cœur, lesang circule rapidement, le pouls a
une
grande vitesse et lachaleurdu
sangestextrême. 11existemême,
chezles peuplesdu
Nord,une
dispropor- tion très-prononcée entre la hauteurdu
corpset lapetitessedesjambes,parceque ces partiessont exposées davantage àun
froid intense, par rap- portàla distance qui les séparedu
cœur.Natu- rellement aussi, il se produit dans les parties saillantesdu
visage, qu'ilest difficile de couvrir,un
aplatissement qui, ausurplus,contribue à leur conservation. Desyeux
bouffis ou presque clos semblent avoirétéfaitsainsi afindemieux
sedé- fendre contre l'air froidet desséchant, et contre l'éclat de la neige, bien que cependanton
ren- contredetelsyeux,mais enmoins
grandnombre,
dans certainescontréesméridionales.« Ainsi,
comme
signesdistinctifsdelarace kal-mouque
qui, de génération en génération, s'est perpétuéedanslemême
climat,ondistingue :un
visage aplati,un
nez écrasé, des lèvres minces,un mentun
imberbe, desyeuxclignotants,un
teint brun-rouxetune
noirechevelure.« Le brun-roux, provenant de l'acide atmos- phérique, se manifestedans les régions froides,
comme
lebrun-olivâtre, résultat de l'alcalin des23
sèves, se remarque dans les ûontrées chaudes.
«Sous l'actiond'unclimatchaud et humide,se dilatentlesparties spongieuses
du
corpshumain
;telle estl'origine des lèvres épaisses, des nezgros etretroussés.
Pour
tempérerla force desévapora- tionset s'opposer à l'absorption nuisible d'un air malsain, lapeau
se trouve huilée.La
quantité ferrugineusedu
sang, plus importante chez les nègres par suite des exhalaisons de l'acidephos- phorique, teintde noir l'épiderme et donneune
vigueurindispensable.En
résumé,lachaleurhu- mide
développepuissamment
l'organisme de tous lesanimaux.«Leprincipedelaconformationpeutseuldéter- miner
un
caractèrederace, et,une
fois établi, ilne sauraitplus setransformer,carils'estimmiscé dansla facultégénératrice etily domine. »
VI
PHYSIONOMIE DES NATIONS.
L'histoirenaturelledes figuresnationalesforme l'un des fondements inébranlables et éternelsde la physiognomonie.
Partout peuventhabiterlaprobité etlasagesse,
sous chaqueclimat
comme
sous chaque extérieur national,car Dieu neconsidère nila personne, ni leclimat, et celui qui le respecte etl'honore lui estagréable, à quelque peupleou
à quelque cli-mat
qu'ilappartienne; mais il estévident que la liberté toute libre de Dieu,au moyen
des causes médiatrices qui existent et opèrent dans chaque climat d'une manière déterminée quelconque,y
crée,engénéral, des caractèrestelsqu'ilsdiffèrent d'autres caractèresdansd'autres climats, el qu'a- percevoir, d'unseul regard, ce concertauxmille voixde toutes les physionomies nationales,doit être pourlui,
comme
pourtout être raisonnable,un
spectaclehautement
intéressant.Cettediversité infinie,maisaboutissantcepen- dantà
un
seul etmême
but,durera etdoitnéces- sairement durer éternellement.De
quelquema-
nière que tout s'ennoblisse, se transforme et se divinise,chaquechose ne s'ennoblira,nese trans- formera etne se divinisera toujours que d'après sa nature particulière et les conditions particu- lièresde son développement,demême
que, pour les individus, c'estune
grâce divine et le gage d'unegrâce éternelle, d'avoir reçuune
physiono-mie
plus intelligente etplusheureuse que d'au- tres individus, demême
aussi c'estun
libre acte de grâce pour des nations entières d'avoirreçu leur existenceet leur développement sousun
cli-mat
heureux, acte qui prépare à son auteurun
culte éternel d'adorationetdereconnaissance.Ce- pendant lesproduits les plus infimes deL'huma- niténedoiventjamaisdésespérer; eux aussisont
lesenfanls
du
Père de tous3 et 1aîné de tousles frères estleur frère à eux aussi; leur frèrequi, panaitoutes les races, toutes les nations élit et élira lescompagnons
de son règne.Quelle riche et curieuse
mine
d'observations n'offrent pas les physionomies si variées,si dis- tinctes, si spéciales des diverses nations! Il ne nous est pas permis d'en explorer tous lesnom-
breuxfilons;que de nuances, eneffet,depuisl'Es-
quimau
jusqu'auFrançais!... Cependant nousal- lonsexposerune
collection des portraitslesplus saillantsetlesplus caractéristiques.Galerieàpeu
près complète, quirenferme tousles types natio-naux
quelephysionomistene sauraitnégliger.En
parcourantla surfacedela terre,et encom- mençant
par le Nord, on trouve, en Laponie,et sur les côtes septentrionales de laTartarie,une
raced'hommes
de petite structure,d'une figure bizarre,dontlaphysionomieestaussisauvagequeles
mœurs.
Ceshommes,
qui paraissent avoir dé- généré de l'espècehumaine,
nelaissentpas que d'êtrenombreux
et d'occuper de très-vastes con- trées. Les Lapons danois, suédois, moscovites et indépendants, les Jembliers, les Borandiens, lesSamoiëdes, les Tartares septentrionaux, et peut- être les Ostiaques, dans l'ancien continent; les GroënlandaisetlesSauvages,
au
norddes Esqui-maux,
dans l'autre continent, semblentêtretous delamême
race quis'est étendueetmultipliéele long descôtesdesmers
septentrionales, dansdes déserts et sousun
climatinhabitable pourtoutes les autres nations. Tous cespeuples ontlevisage26
largeet plat, lenez
camus
et écrasé,l'irisde l'œil jaune-brunet tirant surle noir,lespaupièresre- tiréesversles tempes, lesjouesextrêmement
éle- vées, la bouche très-grande, le basdu
visage étroit, leslèvres grossesetrelevées, la voixgrêle, latète grosse, les cheveux noirs etlisses, lapeau basanée; ils sont très-petits, trapus, quoique maigres, la plupart n'ont que quatre pieds de hauteur, etlesplus grands n'enontque quatreetdemi. Cette race est,
comme
l'on voit,biendiffé- rentedes autres; ilsemble quece soit*uneespèce particulière,dont tous les individus ne sont que des avortons, car,s'ilva
des différences parmi cespeuples, elles ne tombent que surle plusoule
moins
de difformités. Par exemple, lesBoran- diens sont encore plus petits queles Lapons, ilsont l'iris de l'œil de la
même
couleur,mais le blancestd'un jauneplus rougeàtre; ilssont aussi plusbasanéset ilsont lesjambes
grosses,au
lieuque
les Lapons les ontmenues.
Les Samoiëdes sontplus trapus que les Lapons, ils ont la tète plus grosse,le nez pluslargeet le teintplus obs- cur, lesjambes
plus courtes, lesgenoux
plusen dehors, lescheveuxplus longsetmoins
de barbe.Les Groènlandais ont la peauplusbasanéequ'au- cun desautres,ilssont couleur d'olivefoncée;on prétend
même
qu'il y ena d'aussi noirsque
les Éthiopiens. Chez tous ces peuples, lesfemmes
sont aussi laides queles
hommes.
Cellesdu
Groen- land sont de fort petite taille, mais elles ont le corpsbien proportionné,•ellesontlescheveuxplus noirs et la peaumoins
douce que lesfemme
moiëdes, leurs mamelles sont molles, et si Lon- gues qu'elles donnent à teterà leursenfants par- dessusl'épaule; le bout decesmamelles estnoir
comme du
charbon, et la peau de leurcorpsest couleur olivâtre très-foncée. Elles ont le visage large,lesyeux
petits, très-noirs et très-vifs,les pieds courtsaussibiencruelesmains;etellesres- semblent, pour le reste, auxfemmes
samoiëdes.LesSauvages,
au
nord des Esquimaux, etmême
dans la partie septentrionale de l'île de Terre- Neuve, ressemblent à ces Groënlandais; ils sont,
comme
eux, detrès-petite stature;leur visageest large etplat; ils ont lenezcamus,
maislesyeux plus gros que lesLapons.Non-seulementtousces peuples seressemblent parlalaideur, la petitesse dela taille, la couleur des cheveux et des yeux, maisils ont aussi tous àpeu
près lesmêmes
in- clinations et lesmêmes mœurs
;ilssonttous éga- lementgrossiers, superstitieux, stupides,etn'ont, pourainsi dire,aucune
idée de religionnid'un Être suprême; la plupart sont idolâtres et tous sont très-superstitieux.En
examinant tous les peuples voisins de cette longue bande de terre qu'occupelaracelapone, ontrouvera qu'ilsn'ontaucun
rapport aveccette race. 11 n'y a que les ostiaqueset les Tonguses qui leur ressemblent.Les Samoiëdes et les Borandiens ne ressemblent point aux Russes; les Lapons ne ressemblent en aucune façon aux Finnois, aux Gotbs, aux Danois, aux Norvégiens; les Groënlandais sont tout aussi différentsdes Sauvages
du
Canada. Ces autres peuples sont grands et bien faits, et quoi-2N
qu'ils soienl assez différents entreeux,ils le sont infiniment plus des Lapons. Mais les Ostiaques semblent être des Samoièdes
un
peumoins
laids et moins raccourcisqueles autres, carilssont pe- titsetmal
faits.Les peuples de laTartarieont le haut
du
visage fortlarge et ridé,même
dansleurjeunesse,lenez courtet gros,lesyeux
petits et enfoncés,lesjoues fort élevées,le basdu
visage étroit, lementon
longetavancé,la mâchoire supérieure enfoncée, lesdents longuesetséparées,les sourcilsgros qui leur couvrentles yeux,les paupièresépaisses; la face plate,le teintbasané et olivâtre,les cheveux noirs. Ils sontdestature médiocre,maistrès-forts et très-robustes; ils n'ont que peu de harbe, et elle est par petitsépis,comme
celledes Chinois.Ils ontles cuisses grosses et les
jambes
courtes.Les
Kalmuques
qui habitent dans le voisinage de lamer
Caspienne, entre les Moscovites et lesgrandsTartares, sont,selonTavernier, des
hommes
robustes mais lesplus laidset les plus difformes quisoient sousle ciel: ilsont levisage si platet si large que d'un œil à l'autreil
y
al'espacede cinq à sixdoigts. Leursyeux
sont extraordinaire-ment
petits, et lepeuqu'ils ontde nezest si plat qu'onn'yvoitque deuxtrousau
lieude narines.Ilsont les genoux tournés en dehors et les pieds endedans. Les Tartares
du
Daghestansont, après lesKalmuques,lesplus laidsde touslesTartares.LespetitsTartares,
ou
Tartares-Nogais,ontperduune
partie de leur laideur parce qu'ils se sont mêlésavec lesCircassiens;àmesure
qu'onavance29
versl'Orient, dans la Tartarie indépendante, les traitsdes Tartares se radoucissent
un
peu, mais lescaractèresessentielsàleur racerestenttoujours, etenfinles Tartares-Mongoux, qui ont conquis la Chine,etqui,detous cespeuples,étaient lesplus pulicés,sont encore aujourd'huiceuxqui sontles moinslaidset lesmoins mal
faits; ilsont cepen- dant,comme
touslesautres,lesyeuxpetits,le vi- sage large et plat,peu
de barbe, mais toujours noireou
rousse,lenez écraséet court.Parmi
les Tartares-Kergissi et Tcheremissi, ily
aun
peuple entier dont leshommes
etlesfemmes
sontd'une beauté singulière (1).Le sang tartare s'est
mêlé
d'uncùté avec les Chinois et de l'autre avec les Russesorientaux, etcemélangen'a pasfaitdisparaîtreenentierles traitsdecette race,caril y a, parmi les Mosco- vites, beaucoupde visagestartares; et quoiqu'en général cette nation soitdu même
sang queles autres nations européennes, ony
trouve cepen- dantbeaucoup d'individus qui ont la formedu
corps carrée, les cuisses grosses et lesjambes
courtescomme
les Tartares.Les Chinois nesont pas,à
beaucoup
près,aussi différentsdes Tartares que lesont les Moscovites.Iln'est pas
même
sûr qu'ils soient d'une autre race; la seule chose qui pourrait le faire croire, c'estla différence totaledu
naturel,desmœurs
et descoutumes
decesdeuxpeuples.LesTartares,en général, sont naturellement fiers, belliqueux,(i)Cesontleskabanlinski.
30
chasseurs;ilsaimentlafatigueetl'indépendance;
ilssont dursetgrossiers jusqu'à labrutalité. Les Chinois ont des
mœurs
tout opposées;cesontdes peuplesmous,
pacifiques,indolents,superstitieux, soumis, dépendants jusqu'à l'esclavage^ cérémo- nieux, complimenteurs jusqu'à la fadeur et à l'excès. Mais sionlescompare aux Tartaresparles figures et les traits, on y trouve des caractères d'une ressemblancenon
équivoque. Ainsi, les Chinois ont lesmembres
très-proportionnés,ilssont gros et gras; ils ontle visage large etrond, les yeuxpetits, les sourcils grands, les paupières élevées,le nezpetit et écrasé; ilsn'ont quesept
ou
huitépisdebarbe noire àchaquelèvre etfortpeu
au
menton.Les habitants de la côte de la Nouvelle-Hol- lande, à 16 degrés i'ô minutes de latitudeméri- dionaleet
au
midi del'îlede Timor,sont peut-être les gensdu monde
lesplus misérables, et ceux de tousleshumains
quiapprochentleplus desbrutes.Ils sont grands,droits et
menus;
ils ontlesmem-
bres longset déliés,la tète grosse, lefront rond, les sourcilsépais; leurspaupières sont toujours à
demi
fermées, habitude qu'ils prennentdès leur enfancepourgarantir leursyeux
desmoucherons, qui lesincommodent
beaucoup, et,comme
ilsn'ouvrent jamais les yeux, ils ne sauraient voir deloin, à
moins
qu'ils ne lèvent la tète,comme
s'ilsvoulaient regarder quelque chose au-dessus d'eux. Ilsont le nez gros,les lèvres grosseset la
bouche grande; ils s'arrachent
apparemment
lesdeuxdents
du
devant de la mâchoireinférieure,.'il
car elles
manquent
à tons, tant auxhommes
qu'auxfemmes,
aux jeunes etauxvieux.Ilsn'ont pas de barbe; leur visage est long, d'un aspect très-désagréable, sansun
seul trait qui puisse plaire; leurs cheveux ne sont pas longset lissescomme
ceux de presquetous les Indous, mais ilssont courts, noirs et crépus
comme
ceuxdesNè- gresde Guinée.11 y a autant devariétésdansla rate des noirs que dans celle des blancs.
Ceux
de Guinée sontextrêmement
laidsetontune
odeurinsupportable.Ceux
de Sofala et deMozambique
sont beauxet n'ontaucune
mauvaise odeur. 11 estdoncnéces- sairedediviserlesnoirs endifférentes races,eton peutlesréduire à deuxprincipales :lesNègres et les Caffres. Ces deux espècesd'hommes
noirs se ressemblent plus parla couleurque parles traitsdu
visage; leurs cheveux, leur peau, l'odeurde leur corps, leursmœurs
etleurnaturel sont aussi très-différents.En
examinantlespeuples quicom-
posent chacune deces racesnoires,ony
voitau-tantdevariétésque danslesracesblanches,eton y rencontre toutes les nuances
du brun
au noir,comme
l'ontrouve,danslesracesblanches,toutes lesnuancesdu brun au
blanc.On
préfère lesNè- gresd'Angolaàceuxdu
Cap-Vertpourlaforcedu
corps,maisles derniers n'ont pas
une
odeuraussi mauvaise, à beaucoup prèsque
les premiers, et ils ont aussi la peau plus belle et plus noire,le corpsmieux
fait,lestraitsdu
visagemoins
durs, le naturel plusdoux etla tailleplusavantageuse.Les Sénégaloissont, detousles Nègres, les