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Submitted on 1 Jan 1879
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M. Thollon
To cite this version:
M. Thollon. Spectroscopes à vision directe et à grande dispersion. J. Phys. Theor. Appl., 1879, 8
(1), pp.73-77. �10.1051/jphystap:01879008007300�. �jpa-00237591�
73
SPECTROSCOPES A VISION DIRECTE ET A GRANDE DISPERSION;
PAR M. THOLLON.
Le Tome VII du Journal de
Physique ( p. I4I)
contient la théo- rie et ladescription
d’un nouveauspectroscope
à vision directe.L’instrument
qui
fut alorsprésenté
à l’Académie et à la Société dePhysique
n’étaitqu’un
modèletrès-imparfait
sous tous les rap-ports ;
c’était uneprern-ière
ébauche destinée à vérifier une théorie, nouvelle. Les résultats obtenus ont été desplus
satisfaisants. Lessavants
qui
ont bien voulul’expérimenter
ont étéfrappés
de l’é-uendue et de la netteté du
spectre obtenu,
et enparticulier
de laconstance de mise au
point
de lalunette ;
ils m’ont tousencouragé
à
persévérer
dans mon travail.Désirant à la fois obtenir une
grande di spersion et une grande pré-
cision de
mesure, j’ai cherché, d’après
les conseils de MM.Brünner,
à réduire à deux le nombre des
pièces mobiles, qui
était dequatre
dans lepremier
modèle. Pour ne rienperdre
endispehsion, j’ai imaginé
d’avoir recours à desprismes composés qui
ne sontqu’une
modif cation du
prisme
d’Amici. Si l’on suit dans ce dernier la marche du rayonlumineux,
il est aisé de se conv aincre que les faces d’entrée et de sortieagissent
en sens inverse duprisme
in-térieur. La déviation est
détruite,
en mêmetemps qu’une grande partie
de ladispersion
estperdue.
En diminuant lesangles
descrowns, le
prisme
cesse d’être à visiondirecte,
cequi
n’a aucuninconvénient dans le cas
actuel,
et ladispersion
croît d’une manière considérable.Ayant, d’après
cesdonnées, soigneusement
calculéles
angles
du flint et des crowns pour avoir ladispersion
queje
désirais obtenir sans incidences ni
émergences exagérées, je priai
M. Laurent de me construire deux
prismes composés
danslesquels l’angle
du flint était de90°
et ceux des chowns de I8°. Cesprismes, essayés
dans lephotomètre
de M.Gouy,
me donnèrent exactementles résultats que
j’avais
calculés. Grâce à laperfection
dessurfaces,
les raiesspectrales
étaient d’une nettetéqui
ne laissaitrien à désirer. La
dispersion
de chacun de cesprismes
était exacte-ment
équivalente
à celle d’unprisme
à sulfure de carbone de 6o°.Il convient
d’ajouter
que, au moment où M. Laurent venait d’achc-J. de Ph,ys., t. VIII. (Mars 1879.) 6
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:01879008007300
prismes composés,
dans la vitrine de M. Grubh à
l’Exposition.
Ces derniersparaissent
avoir été calculés seulement au
point
de vue du redressement desraies; quoi qu’il
ensoit,
lapriorité
nem’appartient
pas.En substituant ces nouveaux
prismes
à ceuxqui
étaient dansmon
premier modèle,
M. Laurent a fait un instrumentqui
ré-pond
de toutpoint
à ce queje
désirais obtenir. Lalongueur
appa-rente du
spectre
est d’environ¡m,80;
la distanceangulaire
desraies D est de
I’3o’’:
c’est à peuprès
la moitié de ladispersion
obtenue par M. Gassiot dans son
spectroscope
à onzeprismes
àsulfure de carbone. Une vis
tangente
à tête divisée fait mouvoir lesprismes
et tourner un tambour divisé.Chaque
division du tambourcorrespond
à un tour de lavis ;
les fractions de tour selisent sur la tête de la vis elle-même. En amenant une raie sur le réticule
qui
se trouve dansl’oculaire,
et notant le nombre de toursFig. i .
qu’a
faits lavais et les fractions de tour, laposition
de cette raie estdéterminée avec la même
précision qu’Angstrôm
a mise à mesurerles
longueurs
d’onde desprincipales
raies de Fraunhofer. La sim-plicité
et lasymétrie
de forme de cet instrument le rendentparticu-
lièrement propre à être
adapté
à une lunette pour l’étude du So- leil. Il convientégalement
bien pour observer l’étincelleélectrique
et l’arc
voltaïque,
mais sadispersion
esttrop grande
pour lesopé-
rations ordinaires de la Chimie.
L’étude que
j’ai
faite desprismes composés
m’a conduit à l’idéed’y remplacer
le flint par le sulfure de carbone.Ayant
calculé ladispersion qu’il
seraitpossible
d’obtenir par cettesubstitution,
j’arrivai
à un résultat tellementsurprenant,
queje
crus d’abord à75
une erreur de calcul.
Après
m’être assuré queje
ne m’étaispoint trompé, je
fis construire par M.L’aurent
unprisme
d’essai. Ladispersion qu’il
donna fut exactement celle quej’avais
calculée. Ladistance
angulaire
des raies D était de 2’. Il fautajouter
à cela que,l’absorption
étant à peuprès nulle,
lespectre
avait un éclat re-marquable
dans toute son étendue.Encouragé
par cepremier essai, je
me décidai à construire uninstrument dont le
pouvoir dispersif dépasserait
celuiqui
a été ob-tenu
jusqu’à
cejour.
Enconséquence,
M. Laurent me fit deuxprismes
et deuxdemi-prismes
avec retour; il les montaprovisoire-
men t sur une
planchette
àdessin, d"après
le mode décrit au tmne VII du J oltrnal dePhysique,
maisqu’il modifia ;
il ne laissaqu’un
levieret
ajouta
un engrenage. De forts ressortsantagonistes,
convenable-ment
placés,
évitaienttout jeu.
Lesystème,
traversé deux fois par le rayonlumineux,
estéquivalent
à sixprismes composées ;
il est misen mouvement par une vis de
rappel,
et tout rayonqui
passe du col- limateur dans la lunette a traversé tous lesprismes
au minimum dedéviation. La distance
angulaire
des raies D est deI2’,
leur distanceapparente
est de I5mmenviron,
lalongueur
duspectre
est de l 5m.J’ai
profité
dequelques jours
de soleil pourfaire,
sinon desétudes,
au moins des essais de monappareil.
Lesfigures ci-jointes
Fig. 2.
donneront une idée de
l’aspect
queprésentent
certains groupes et des dimensions que doit avoir lespectre.
Voici le résumé des ob- servations quej’ai
pu fairejusqu’à
cejour :
10 Dans le
spectre solaire,
le nombre des raies s’accroît consi- dérablement avec ladispersion,
mais il est loin de croître propor- tionnellement à cettedispersion.
6.
grand s’élargissent,
que d’autresrestent d’une finesse extrême.’
30
Beaucoup
deraies,
dessinées coinmesimples
dans les Tablesd’Angstr5m,
se dédoublent : telles sontb3, b,,
la moinsréfrangible
du groupe E et la célèbre raie de la couronne
1474
de Kirchhofl’.Toutes les raies que
j’ai
vues se dédoublerappartiennent
à deuxsubstances.
40
Les raiesD1, D2 ( fig. I), b1, b2
etb4 (fig. 2)
sont constituées par un noyau noir sedégradant
depart
etd’autre,
et d’une manièresymétrique,
en une nébulositéqui
seperd
insensiblement dans le fond brillant duspectre.
5° La raie F est une
large
nébulosité sans noyau, tandis que la raie C semble tenir le milieu entre la raie ordinaire et la nébulo-sité ;
elle estlarge
etprésente
dans son intérieurquelque
chosed’indécis et
qu’il
est difficile de définir.Fig. 3.
6° Le
spectre
de l’arcélectrique présente
un fond tout strié deraies
innombrables,
surlequel
se détachent en certains endroitsdes groupes de raies d’éclat différent et
disposés
avec une certainerégularité.
C’est lespectre
ducarbone,
surlequel
on voit se dessineravec éclat les raies des divers métaux contenus dans les charbons.
70 Enfin, pensant
que l’énormedispersion
de monappareil
mepermettrait
de vérifier aisément lesdéplacements
de raies dus aumouvement de rotation du
Soleil, j’ai disposé
uneexpérience
de lamanière suivante. Un faisceau de lumière
solaire,
rendu horizontalet maintenu dans l’axe du collimateur par un
héliostat,
était reçu surun
objectif
de lunette et formait sur la fente uneimage
du Soleil.Deux
prismes à
réflexion totale et accolés par leurs faceshypo-
77 ténuses étaient encastrés dans une monture tournante à axe lori- zontal et
disposés
entrel’objectif’
et l’héliostat de manière que l’axe du rayon lumineuxpassàt
par les faceshypoténuses
perpen- diculairement aux arêtes desangles
droits. Les deux moitiés dufaisceau,
en traversant lesprismes,
se réfléchissaient sur les facesen contact et allaient former sur la fente deux
images qui
se su-perposaient.
En introduisant entre les deuxprismes
unepetite
bande de
papier, j’ai séparé
les deuximages
etj’ai
réussi à lesrendre tangentes. J’ai fait tourner les
prismes
de manière à rendretangentes
les deux extrémités du diamètreéquatorial
etj’ai
pro-jeté
cepoint
sur le milieu de lafente ;
lespectre,
alors,paraissait coupé
horizontalement par unepetite
ombre. A leur passage danscette
ombre,
les raieséprouvaient
unebrusque
déviation et lapartie
inférieure n’était
plus
sur leprolongement
de lapartie supérieure.
Les raies
telluriques n’éprouvaient
aucune déviation etpermettaient
de constater avec une
remarquable
netteté lesdéplacements éprou-
vés par les raies
métalliques
voisines. Lesdéplacements
observésse
rapportent
très-sensiblement à ceux que donne lecalcul;
ilssont, pour mon
instrument, de 1 5
de millimètre dans larégion
D.Ces divers
essais,
faits à la hâte et dans des conditions désavan-tageuses,
n’avaient d’autre but que de vérifier la valeur de monappareil.
Sans m’arrêter à tirer des faits observés des conclusionsqui pourraient
semblertéméraires,
il m’estpermis d’espérer
quece nouveau
spectroscope
rendraquelques
services à laScience,
endonnant la
possibilité
soit de rectifier certaines erreurstrop géné-
ralement
répandues,
soit d’étudier la constitution intime des raiesspectrales
et des bandesrésoluhles,
soit enfin d’observer sur unegrande
échelle lesphénomènes qui
seproduisent
dans les tacheset les
protubérances
du Soleil.Il est bon
d’ajouter
que lesprismes composés
décrits ci-dessusne donnent d’excellents résultats
qu’à
la condition d’êtreparfaite-
ment construits. En étudiant la manière dont ils réfractent le rayon
lumineux,
on voit que les faces de sortiemultiplient
successive-ment par des facteurs
plus grands
que l’unité l’action des facesct’entrée ;
les déviationsirrégulières
se trouvent doncamplifiée
comme la
dispersion.
Leur confectionexige
une étudespéciale
etdes soins tout