M ATHÉMATIQUES ET SCIENCES HUMAINES
G. K REWERAS
Dénombrements systématiques de relations binaires externes
Mathématiques et sciences humaines, tome 26 (1969), p. 5-15
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DÉNOMBREMEMTS SYSTÉMATIQUES
DE RELATIONS BINAIRES EXTERNES
par G. KREWERAS
1. - INTRODUCTION.
Les relations binaires externes sont
parmi
les êtres de raison lesplus fréquemment
rencontrésdans de nombreuses branches de la réflexion
mathématique appliquée ;
nementionnons,
à titred’exemples,
que lesdescriptions qui
visentl’aptitude
de certains ouvriers à certainestâches,
lesréponses
affirmatives ounégatives
auxrubriques (cc
items»)
d’unquestionnaire,
lapossession
de certains caractères par telle ou telleespèce biologique,
les nomenclatures d’articlesfabriqués
ou non par diversesentreprises,
etc.Les deux
représentations
visuelles lesplus
familières d’une relation binaire entre deux ensembles finis M et N sont :1)
le tableaurectangulaire (produit
cartésien M XN,
avec M ensemble deslignes
etN des
colonnes)
dont les cases sontmarquées
1 ou 0 suivant que la relation est satisfaite ou non ;2)
legraphe biparti
danslequel
M et N sont deux ensembles de sommets, la relation étant définie par un ensemble d’arêtes dont chacune a une extrémité dans M et l’autre dans N.Nous utiliserons en
général
dans cequi
suit lapremière
de cesreprésentations,
enappelant
Tle tableau
(de m lignes
et ncolonnes),
en utilisant le mot «rangée
» pour «ligne
ou colonne », et enqualifiant
unerangée
de « nulle », d’ « unitaire » ou de « constante » dans les casrespectifs
où les casesdont elle se compose sont
marquées
toutes0,
toutes1,
ou toutes de même manière.Admettant
qu’il
estparfois
utile de dénombrercombien, parmi
les relations entre deux ensembles donnés M etN, possèdent
unepropriété
donnée(affirmation qui
nemanquerait
pas dejustifications
sielle venait à être mise en
doute),
nous nous poseronsci-après méthodiquement quelques problèmes
relatifs aux
propriétés
suivantes :a)
pas deligne nulle ; b)
pas deligne
constante ;c)
pas derangée nulle ;
d)
niligne
nulle ni colonneunitaire ; e)
pas derangée
constante ;f )
pas deligne répétée ; g)
pas derangée répétée ;
h)
nirangée
nulle nirangée répétée ; i)
nirangée
nulle niligne répétée ;
j)
connexité(possibilité de joindre
deux cases unitairesquelconques
par une chaîne de casesunitaires telles que deux cases consécutives soient sur une même
rangée) ;
~)
connexité sansrangée
nulle.Les
réponses
à cesproblèmes
serontdésignées
par des lettresqui rappelleront l’étiquetage
ci-dessus.
Le tableau T a mn cases et
chaque
manière de leremplir
revient à définir unepartie
de cetensemble de m cases, celle dont les cases seront
marquées 1 ;
si donc onn’impose
aucune restrictionparticulière,
le nombre total de tableaux est :Mais T définit
aussi,
si l’on veut, uneapplication
T :M -> ID (N)
pourlaquelle
T(x)
est l’ensembledes éléments de N
qui
sont « dans la relation T » avec oc.Imposer
auxlignes
den’être jamais
nulles(resp. unitaires)
revient àimposer
à T(oc)
den’être jamais
lapartie
vide(resp. pleine)
deN ;
T doitalors
appliquer
M nonplus
dans/J (N), qui
est de cardinal2n,
mais dansp (N)
- { 0 } ou dans/J (N)
- ~N ~, qui
sont de cardinal 2n - 1.On voit ainsi immédiatement que :
Bien entendu si l’on interdit à la fois la
partie
vide et lapartie pleine
deID (N)
commeimages
de oc E
M,
on trouve :Plus intéressant est le calcul de c
(m, n),
nombre de tableauxauxquels
onimpose
de n’avoir niligne
ni colonnenulle ;
c’est enquelque
sorte le nombre de relations binaires « propres » entre M etN,
c’est-à-dire de cellesauxquelles
aucun élément de M ni de N n’est en fait «étranger
». Il est clair quec
(m, n)
sera une fonctionsymétrique
des arguments m et n ; il sera commode de poser par conventionc
(0, n)
= 0 pour tout n >1,
mais c(0, 0)
=1 ;
on utilisera en outre constamment dans cequi
suit laconvention 0° = 1.
Cela
posé,
il est clair que les(2m - l)n
tableauxqui
n’ont aucune cotonne nulle peuvent se classer suivant le cardinal du nombre delignes
nullesqu’ils présentent ;
on voit ainsi que :d’où,
par leprocédé classique
d’inversion :Dans la mesure
où,
pour mdonné,
cetteexpression
est une combinaison linéaire depuis-
sances nièmes de nombres
fixes,
nousl’appellerons
une «expression spectrale » ;
le spectre sera ici la suite :et les
coefficient
seront les binomiaux alternés.Mais il
peut
être intéressant de donner de c(m, n)
une «expression symétrique »
en m et n ; ontrouve
ici,
endéveloppant
chacune des différences élevées à lapuissance n
par la formule du binôme :Enfin,
pour faciliter la formation deproche
enproche
du tableaunumérique
des c(m, n),
donnéci-dessous pour m + n
9,
on peut avoir intérêt à se servir d’une récurrence purement additive au lieu desexpressions
àsignes
alternés. Une récurrence utilisable ici est la suivante :Elle s’obtient en classant les
c(m, n)
tableaux suivant le nombre delignes
nullesqui
yapparaissent lorsqu’on
ysupprime
la dernière colonne.1
Le cas où l’on
impose qu’il n’y
ait niligne
nulle ni colonne unitaire se traite immédiatement àpartir
de la remarque suivante. Si l’onimpose qu’il
y ait au moins uneligne nulle,
le nombre depossi-
bilités est :
De même si l’on
impose qu’il
y ait au moins une colonneunitaire,
le calcul est le même que si l’onimposait
au moins une colonnenulle,
et le nombre depossibilités
est :Mais
puisqu’une ligne
nulle et une colonne unitaire sontincompatibles,
on obtient parsimple
addition le nombre de cas où il existe au moins une
ligne
nulle ou une colonne unitaire. En retranchant de2mn,
on trouve enfin le nombred(m, n)
de cas où iln’y
a niligne
nulle ni colonneunitaire ;
d’oùl’expression symétrique :
Une
expression spectrale
s’obtient immédiatement pardéveloppement
binomial de(2n -1) ~ ~
on a ainsi pour spectre :
avec, comme
coefficients,
les binomiaux alternés.Enfin,
pour le calculnumérique
du tableaud(m, n) ci-dessous,
il peut êtreéconomique
de seservir de la récurrence additive :
que l’on
justifie
aisément enappelant
m - 7~ le nombre delignes
dont tous les termes, sauf ledernier,
sont nuls.
Pour traiter le cas où l’on
impose qu’il n’y
ait aucunerangée
constante, leplus simple
est dereprésenter,
sur undiagramme
deVenn,
les quatre ensemblesLo, Li, Ko, KI
définis comme les ensembles de tableaux ayant :Lo :
au moins uneligne nulle, LI :
au moins uneligne unitaire, Ko :
au moins une colonnenulle, K, :
au moins une colonne unitaire.Évidemment Lo
etKI
ont une intersectionvide,
de même queLI
etKo,
d’où lafigure ci-dessous,
dans
laquelle
on adésigné
les intersections non-vides par :(Test
E, complémentaire
de la réunionLo U LI U Ko U Ki,
dont on cherche le cardinale(m, n).
Mais on connaît le cardinal
c(m, n)
ducomplémentaire
de la réunionLo
UKo ;
on peut donc écrire :D’autre
part,
on établit aisément que :et enfin que :
d’où, finalement, compte
tenu desexpressions
trouvéesprécédemment
pour a etb, l’expression symétrique :
L’expression spectrale correspondante
peut se calculer àpartir
delà,
mais n’est pasparticu-
lièrement intéressante ; le spectre
comprend,
outre les deuxplus grandes
valeurs 2~ - 2 et2~-1- l,
tous les nombres 2m-À et 2m-À - 1 pour x
e j 2, 3,
..., Tît } ; à noter que le nombre 1apparaît
ainsideux
fois,
une fois comme 21-1 et une autre comme2°,
cequi
donne au coefficientcorrespondant
une apparence
d’irrégularité (le lecteur intéressé
parl’expression complète
peut la calculer sans aucunepeine ;
à titred’exemple : e(4, n)
=14n -~.7~+12.4~+12.3~
- 24. 2n +6.1~).
Il ne semble pas y avoir de récurrence additive
particulièrement simple. Cependant
le tableau ci-dessous se forme sans trop de difficultés :3. - CONDITIONS DE
NON-RÉPÉTITION
DERANGÉES.
L’étude des cas
qui
font intervenir des conditions denon-répétition
amènera à dénombrer nonplus
desapplications quelconques
mais desapplications injectives,
c’est-à-dire fera intervenir les« sous-exposants » de la notation de Vandermonde :
Ainsi,
si l’onimpose
au tableau T de n’avoir aucuneligne répétée,
c’est-à-dire de n’avoir pas deuxlignes remplies
de la mêmemanière,
comme l’ensemble de toutes leslignes possibles
est decardinal
2n,
on trouve immédiatementl’expression (non symétrique) :
Il y a lieu de noter, en passant,
qu’il
existel’expression spectrale correspondante,
que l’on obtient endéveloppant
leproduit
des m facteurs2n,
2n- 1,
..., 2n -~ m-~-
1. Le spectre est 2m 2--l 2 m-2 ... 42,
et les coefficientcorrespondants
sont les nombres deStirling
depremière espèce,
avecsignes
alternés :Q â
peut se définir comme la somme desproduits x
à X desnombres { 0, 1, 2,
..., m -1 }.(Il
estbien connu que ces nombres interviennent dans l’inversion des formules où
apparaît
le nombre departitions Pk
d’un ensemble de k éléments en 1 classesnon-vides ;
lesPk
sont les nombres deStirling
de deuxième
espèce.
Plusprécisément,
on a,chaque
fois que 0 1 k : -.la somme du
premier
membrecomprend
en droit 1~ termes, dont en fait seuls k- 1 +
1 sontnuls, puisque
les P s’annulentquand
leur indice du haut devient inférieur à1).
Mais il faut noter que
f(n, m), qui
estégal
à(2~)n,
n’a pasd’expression spectrale
proprement ditepuisque (2m)n
n’est paségal,
pour mdonné,
à une combinaison linéaire depuissances
noèmes denombres fixes. Nous utiliserons
cependant plus
loin desexpressions
que nous nommerons « sub-spectrales
», où l’on aura nonplus
des exposants, mais des sous-exposantségaux
à n.Pour rechercher le nombre
g(m, n)
de tableauxauxquels
onimpose
de n’avoir ni deuxlignes identiques,
ni deux colonnesidentiques, considérons,
dans l’unquelconque
T des 2 ~n tableaux apriori possibles,
une classecomplète
L delignes identiques
et une classecomplète
K de colonnesidentiques.
Il est clair que le sous-tableau
T(L, K)
de T formé de toutes les cases définies par uneligne
de L etune colonne de K est
rempli
soit tout entier par deszéros,
soit tout entier par des unités.Or les relations « identité de deux
lignes »
et « identité de deux colonnes »définissent,
respec- tivement sur M etN,
despartitions
enclasses,
p.e. en i classes non-vides pour M eten j
classes non-vides pour N. Il y aura ainsiij
sous-tableauxanalogues
àT(L, K),
et chacun sera ou « nul » ou « unitaire » : la chose estparticulièrement
facile à sereprésenter
si toutes les classes L sont des « paquets » delignes
et toutes les classes K des « paquets » de colonnes. De
plus,
il est exclu que deux «lignes
de sous-tableaux », définies par deux classes distinctes L et
L’,
soientidentiques ;
car s’il en étaitainsi,
lesclasses L et L’
pourraient
se réunir en une classeunique,
contrairement àl’hypothèse qu’il s’agit
declasses
complètes.
De même pour les colonnes.T
apparaît
alors comme un « tableau de sous-tableaux », à 1 «lignes
»et j
« colonnes o, et lenombre de manières dont ces sous-tableaux peuvent se
répartir
en nuls et unitaires estprécisément égal
àg(i, j).
D’où la relation :puisqu’il
y aP’P partitions
de M en i classes etpn partitions
de Nen j
classes.Il suffit de combiner linéairement des relations
(2),
en tenant compte de la formule d’inversion(1),
pour trouver d’abord
et ensuite :
on a donc
l’expression sub-spectrale :
L’expression symétrique
s’établit sanspeine
parre-developpement
desexpressions
factorielles(2m-i)n ;
on trouve :
étant entendu que
QW
=Q~
= 1 et que la sommation se faitpour
1On peut aisément se passer d’une récurrence additive pour former le tableau
numérique :
Si,
outre lesrépétitions
derangées,
on interdit lesrangées nulles,
le nombre depossibilités h(m, n)
est donné parl’expression sub-spectrale :
Une manière de l’établir est de s’intéresser d’abord au nombre de
possibilités h’(m, n)
corres-pondant
au cas où l’on interdit seulement les colonnesnulles ;
il est alors facile de voir que l’on a :d’où par inversion
l’expression sub-spectrale :
Or,
on doit d’autre part avoir :le facteur m étant le nombre de
positions
quepourrait
occuper uneligne qui
serait effectivement nulle.L’équation (4),
oùh’(m, n)
est connu, est alors uneéquation
de récurrence enh(m, n),
dont il est facilede s’assurer que
l’expression
encadrée est bien unesolution;
le calcul utilise la relation bien évidenteentre nombres de
Stirling
depremière espèce : Q"1+1
=Q7
+mQ7 -1.
Par
développement
des binômes à sous-exposant n, on trouveégalement l’expression symétrique :
la sommation s’étendant à 0 i m et
0 j n.
On obtient cette fois le tableau :
Au nombre
i(m, n)
de tableaux sansligne répétée
nirangée
nulle se rattache unproblème qu’il
peut être utile de savoir résoudre
rapidement :
étant donné un ensemble N de cardinal n, de combien de manières peut-on le recouvrir à l’aide d’unefamille
de mparties
non-vides ? Si l’on énumère ces mparties
en un tableau de mlignes,
en notant1,
dans chacuned’elles,
les éléments de Nqu’elle comprend,
et 0 les autres, le fait que les
parties
soient non-videss’exprime
par la conditionqu’aucune ligne
ne soitnulle,
et le recouvrement de N par la conditionqu’aucune
colonne ne soitnulle;
enfin le faitqu’il s’agisse
d’une famille de
parties
distinctess’exprime
par lanon-répétition
deslignes.
Si le nombre de tels recou-vrements est
io(m, n),
on a évidemment :Nous donnerons donc
ci-après
le tableau des nombresio(m, n), lesquels
sontplus
vite calculésque les
i(m, n) puisque plus petits.
Quant
au calcul dei(m, n),
il peut se conduire en introduisant comme intermédiaire le nombrei’(m, n)
que l’on obtient en ne tenant d’abord pas compte de la condition « pas deligne nulle »,
maisseulement des conditions « pas de colonne nulle » et « pas de
ligne répétée;
on voit ainsi que :puis
par inversion(expression spectrale) :
..L , ¿""’u . , L
En tenant compte ensuite de :
on trouve, par une démarche
qui
achèvel’analogie
avec ce que l’on avait fait pourjustifier l’expression sub-spectrale
deh(m, n) :
Quant
au nombresio(m, n),
on peut en former le tableau en faisantappel
à la récurrence additive que voici :Pour la
justifier,
on peut examiner cequi
restelorsque,
étant donné un recouvrement R de N ={ 1, 2,
..., n } à l’aide d’une famille de nparties non-vides,
onsupprime
l’élément n dans chacunedes
parties qui
le contiennent.a)
Si cequi
reste est un recouvrement R’de { 1, 2,
..., n-1 }
à l’aide d’une famille de mparties
distinctes et
non-vides,
on peut reconstituer R enprécisant auxquelles
de ces mparties
on rattacheégalement l’élément n ;
il faut rattacher n au moins à l’une d’entre elles pour que R soit bien un recou- vrement de n, cequi justifie
lepremier
terme de la formule ci-dessus.b)
Dans le cascontraire,
les mparties
de R ont pour tracessur { 1, 2, ..., n - 1 }
desparties
dont m - ~ seulement forment une famille F de
parties
distinctes etnon-vides,
les À autres étantconstituées soit par la
répétition
de À des membres deF,
soit par lapartie
vide et larépétition
de 7~ - 1des membres de F.
Une fois fixé l’une des
io(m
-~, n -1)
familles Fpossibles,
il estobligatoire,
pour reconstituerR,
de rattacher n une fois à chacune des
parties répétées (et
à lapartie
vide si elle estprésente)
et il estfacultatif de rattacher n
également
à certaines desparties non-répétées
deF ;
les nombres depossibilités
sont donc :
ce
qui
achève dejustifier
la formule annoncée.Le tableau des
io(m, n)
est :Les deux derniers
problèmes
abordésci-après
font intervenir la notion de connexité d’une relation binaire externe, notionqui
estspécialement
intuitive dans lelangage
desgraphes bipartis :
elle corres-pond
au cas où l’ensemble des arêtes est d’un seul tenant. En termes de tableauxT,
la connexité consisteen ce que deux cases unitaires
quelconques
du tableaupeuvent être jointes
par une chaîne de cases unitaires telles que deux cases consécutives de la chaîne soient dans une mêmerangée (qui
sera bienentendu alternativement
ligne
etcolonne).
Nous nous intéresserons à la fois aunombre j(m, n)
de tableauxconnexes au sens ci-dessus et au nombre
k(m, n)
de tableaux connexesassujettis
en outre à avoir aumoins une case unitaire dans
chaque rangée.
Nous commencerons par le calcul dek(m, n), qui
est leplus intéressant,
sanscependant
donner ici les démonstrationscomplètes
de certainesétapes
intermédiaires.
Nous utiliserons notamment :
a)
La définition et lespropriétés
élémentaires des suites deYoung (cf. [1]) :
une suite deYoung
X =
(xl x2 ...)
est une suite ’ illimitée non-croissante d’entiersnon-négatifs
dont seuls un nombre finisont non-nuls. Si la suite comporte h entiers non-nuls et que la somme de ceux-ci soit m, on écrira que X E
[m, h] (on
ditparfois
que X est unh-partage
de l’entierpositif m).
Si la suite Xcomprend
sp termeségaux
à p( p = 1, 2, ...),
on posera :~,(X)
est le nombre departitions (ou
relationsd’équivalence)
« de type X » que l’onpeut
définir sur un ensemble de m éléments.b)
la notion de permanent d’ordre h(cf. [2]) :
siy(x, y)
est un tableau de nombres à deuxindices,
avec 1 _ x h et
1::; Y ::; h,
et siJ = ( jl j2
...j1l,)
est unepermutation
arbitraire de(12
...h),
on
appelle permanent
la somme ci-dessous de h !produits :
c)
un théorème d’inversion(cf. [3]),
que nousénonçons ci-après
sans démonstration : si X =(Xi
x2 ... xf
...)
et Y =(YIY2
... YI...)
sont deux suites deYoung
telles que X E[m, ho
et Y E[n, h],
onfait
correspondre
à toute fonctionnumérique
de deuxarguments
entierspositifs,
Y(x, y),
la fonctionnumérique :
le permanent étant d’ordre h. Dans ces conditions le théorème énonce
l’équivatence
des deuxaffirmation (5)
et
(6)
ci-dessous :Pour utiliser ces résultats en vue du calcul de
k(m, n),
nous remarquerons que si dans(5)
onremplace oc(x, y)
park(x, y),
et parconséquent o~(X, Y)
park(X, Y),
lep(m, n)
fourni par lepremier
membre de
(5)
se trouve êtreégal
à ce que nous avonsappelé plus
hautc(m, n),
nombre de tableaux sans aucunerangée
nulle. Eneffet,
tout tableau sansrangée
nulle peut être examiné dupoint
de vue de laconnexité ;
s’il n’est pas connexe il définit despartitions
des deux ensembles M et N(lignes
etcolonnes)
en un même nombre h de « composantes connexes », et X et Y sont les types
respectifs
de cespartitions.
Une fois fixés les types X et
Y,
il y afl(X) fl(Y)
manières de définir uncouple
departitions
de M et Nsuivant ces types, et pour
chaque couple
departitions
il y a h ! manièresd’accoupler
lesparties
corres-pondantes ;
chacune de ces h ! manières donneévidemment,
pour les h composantes connexes, un nombre depossibilités qui
sera l’un des h !produits
dont la somme constitue le permanentk(X, Y).
En sommanttout cela pour X E
[m, h]
et Y E[n, h], puis
en faisant varier h de 1 auplus petit
des deux entiers m et n,on dénombre bien la totalité des
c(m, n)
tableaux sansrangée
nulle.On a
alors,
en vertu du théorème d’inversion :expression
que l’on peut mettre sous une formeparticulièrement
maniable en se servant del’expression spectrale
dec(x, y) précédemment
établie :Nous ne donnons pas ici le calcul
complet
dek(m, n), qui s’appuie
sur deschangements adéquats
d’ordre de sommation et sur des groupements de termes
qui
donnent des sommespartielles
nulles. Nous donnons seulement le résultat assezremarquable
relatif àk(m, n)
sous saforme spectrale : si,
pour une suite deYoung,
Z =(z,
Z2...),
on posew(Z) _ (2z- - 1)
+(2z> -1)
+..., le spectre dek(m, n)
estformé de tous les
w(Z)
des suites deYoung
Z telles que z, -~- z, -~- ... = m, et les coefficients correspon- dants sontégaux
à(- 1)hz-l {JL(Z) (où hZ désigne
le nombre de termes non nuls deZ).
Exemple:
pour m =4,
il y acinq
suites deYoung,
dont le tableau ci-dessous donne la liste avec les valeurscorrespondantes
du spectre et le calcul des coefficients :On a ainsi :
Le tableau
numérique
desk(m, n)
est donné ci-dessous :A
partir
de là il est facile de calculerj(m, n),
nombre de tableaux connexes danslesquels
onn’impose plus
l’absence derangées
nulles : il estclair, en effet,
que :mode de calcul
qui
suppose la convention de ne pas compter comme connexe un tableau entièrementrempli
de zéros(relation «
vide»).
On trouve ainsi le tableaunumérique :
BIBLIOGRAPHIE
[1]
KREWERAS G. 2014 « Sur une classe deproblèmes
de dénombrement liés au treillis despartitions
desentiers»,
Cahiers du B.U.R.O.,
n° 6(1965),
Paris.[2]
MARCUS M. et MINCH. 2014«Permanents »,
Amer. Math.Monthly,
72(1965),
pp. 577-591.[3]
KREWERAS G. 2014 « Inversion despolynômes
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C.R. Ac.Sc., Paris,
t.268,
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