G ERGONNE
Arithmétique. Théorie de la règle de trois
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 7 (1816-1817), p. 117-122
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II7
ARITHMETIQUE.
Théorie de la règle de trois ;
Par M. G E R C O N N E.
DÉFINITION
I.J’appelle effet
tout cequi
est oupeut être
considéré comme
produit,
tout cequi
ne renferme pasuniquement
en soi la raison de son existence.
Définition
Il.J’appelle
cause tout cequi produit
ou concourta
produire
un effet.Ainsi,
parexemple,
une sommed’argent
queje reçois
d’unbanquier
est uneffet , qui peut -
à lafois,
avoir pour causerun
capital
antérieurementplacé
entre sesmains,
letemps qu’il
yest
demeuré,
et l’intérêt dontje
suis- convenu avec lui.Définition
III Un effet est ditsimple lorsqu’il
résulte ouqu’il
est considéré comme résultant d’une cause
unique.
Dans le cas con-traire,
l’effet est ditcomposé.
Il est bien peu d’effets dans la nature
qui ,
àproprement parler, puissent
êtreréputés simples ;
mais onregarde
souvent comme tels.des effets
composés
dont une seule causevarie,
tandis que toutes les autres sontsupposées
demeurer constammentles
, mêmes.Ainsi,
par
exemple, quoique
laquantité d’argent qu’il
faut donner pour obtenir un morceau dedrap d’une
certainelongueur
nedépende
pas seulement de cette
longueur ;
mais encore de lalargeur,
et,de la
qualité
dudrap ,
on considère néanmoins communément cettequantité d’argent
commedépendant uniquement
de lalongueur’
duTome VII. I6
II8
RÈGLE
morceau de
drap ;
parcequ’on
supposetacitement que
salargeur
et sa
qualité demeurent
invariables.Définition
IV. On ditqu’un
effet est en raison directe de sacause , ou de l’une de ses causes,
lorsque
toutes choseségales d’ailleurs ,
la cause devenant un certain nombre de foisplus grande
ou
plus petite,
l’effet devientprécisément
le même nombre de foisplus grand
ouplus petit.
C’est dans ce sens , par
exemple ,
que l’on dit que leprix qu’on
donne d’une denrée est en raison directe de la
quantité qu’on
en achète-Définition
V. On ditqu’un
effet est en raison inverse de . sacause , ou de l’une de ses causes ,
lorsque ,
toutes choseségales d’ailleurs,
la cause devenant un certain nombre de foisplus grande
ou
plus petite ,
l’effetdevient précisément
le même nombre de fois:plus petit
ouplus grand.
C’est dans ce sens , par
exemple ,
que l’on dit que letemps
yqu’un
hommeemploie
àparcourir
une route d’unelongueur
déter-minée est en raison inverse de la vitesse avec
laquelle
il laparcourt.
PROBLÈME
1. Une causeunique
aayant produit
uneffet
e ,déterminer
l’effet que produira
une autre causea’, homogène
avec a ?
Solution, Soit el l’effet
cherché ;
cet effetdevant
êtrehomogène
avec e, devra
conséquemment
êtreégal à e multiplié
par unnombre
abstrait(*) , lequel
ne pourra êtrequ’une
fonction de a etal;
et ,comme on ne
peut
faire un nombre abstrait avec a et alqu’en
les divisant
l’un parl’autre,
nous pourrons écrireCela
posé,
ilpeut
seprésenter
deux cas : epeut
être en raisondirecte
de a , ou bien ilpeut
être en raison inverse de cettequantité.
(*) Je dis
multiplié,
et non pasmultiplié
oudivisé,
parce que toute division peut être mise sous forme demultiplication.
I.er
Cas.Si
l’on suppose e, en raison dircete de a , il faudra(Déf. IV) qu’en supposant a’=ma, on ait aussi
e’=me. La subs- titution de ces valeurs dansl’équation
ci-dessusdonnera,
ensim-’
plifiant
etrenversant
,F(m)=m;
et
conséquemment,
enchangeant
mdonc
2.me Cas. Si l’on suppose au contraire que e est en raison in-
verse
de a ;
ilfaudra (Déf. V) qu’en supposant
a’=ma on aite’=e m.
Lasubstitution
de ces valeurs dans notreéquation donne,
ensimplifiant
et renversant,ou, en
changeant m en a’ e,
donc
PROBLÈME
Il. Uneffet
eproduit
par le concours deplusieurs
causes, est en raison directe de
quelques-unes
a ,b ,
c,.... de
ces causes , et en raison inverse des autres 03B1, 03B2, 03B3,... on suppose que d’autres causes
a’, b’, c’,
...,03B1’, 03B2’,
03B3’, ...respectivement homogènes
auxpremières,
doivent concourir à laproduction
d’un secondeffet , homogène à
e ; et l’on demandel’expression
de ce nouveleffet?
I20
RÈGLE
-Solution. Soit
e’l’effet cherché ;
ceteffet devant
êtrehomogène
avec e,
devra conséquement
êLreégal
à emultiplié
par un nombreabstrait , lequel
ne pourra êtrequ’une
fonction des autres données a ,b , c , ... 03B1, 03B2, 03B3,...a’,b’,c’, ...03B1’,03B2’, 03B3’
du
problème ;
et, comme on nepeut
faire des nombres abstraitsavec ces données
qu’en divisant, respectivement
les unespar
les- autres, cellesqui
sont de même nature, on doit avoirOr,
si l’onsupposait
toutes les causescorrespondantes, excepté a
et
a’, égales
depart
etdiantre ;
ondevrait avoir ( Probl.1)
donc,
dans le cascontraire ,
ondoit
avoiret, comme ce
qu’on
dit icide a
et alpeut
sedire également de
b et b’, c et c’, ...;
onaura
Présentement,
si l’onsuppose
toutes les causescorrespondantes, excepté 03B1 et 03B1’, égales de part
etd’autre, on devra avoir ( Prob. 1)
donc, dans l’hypothèse contraire, on doit avoir
et, comme ce
qu’on
dit ici de 03B1 et 03B1’peut s’appliquer également
à 03B2 et 03B2’,
03B3 et03B3’,
...; il s’ensuitqu’on
a finalementRemarque.
Leproblème
que nous venons de nousproposer
est-connu
vulgairement
sous le nom deRègle
de troiscomposée ,
etrenferme,
comme casparticulier,
laRègle
de troissimple.
Dansces sortes de
questions,
iln’y
ajamais qu’une
seuleinconnue
est les
données,
au nombre de trois aumoins, sont toujours
eunombre impair. Une
seule de ces données est de mêmeespèce que
l’inconnue,
et les autresdonnées, toujours
ennombre, pair;
sontdeux à
deuxde
mêmeespèce. La manière
derésoudre
ces sortes. de
questions
se trouve doncrenfermée
dans larègle pratique
quevoici ;
L’inconnue
estégale à
la seulequantité
connue de mêmeespèce qu’clle, multipliée
par une suitede fractions
dont les termes res-pectifs
sont lesquantités
connues de mêmeespèce.
Il ne restera donc
plus
d’embarras que poursavoir , relativement
àchaque fraction, quel terme doit
êtrenumérateur
etquel
termedoit être
dénomipateur;
c’est cequ’on parviendra
facilement à dé-couvrir,
au moyen de la seconderègle
que voici :Le numérateur de
chacune
desfractions
parlesquelles
on doitmultiplier le
nombre connu de mêmeespèce
que celuiqu’on cherche,
pour
en conclurecelui-ci,
doit êtreplus grand
ouplus petit
queson
dénominateur, suivant qu’en supposant égaux
entre eux lesdeux
termes de toutes les autresfractions, c’est-à-dire,
en sup-posant la règle
deirois simple
le nombre cherchédevrait être
I22 RÈGLE
plus grand
ouplus petit que
lenombre
connude même espèce
que
lui.On
peut ,
ausurplus
, dès les ëlémensd’arithmétique, parvenir
à
cesrègles pratiques,
par la discussion dequelques questions
par-ticulières; et c’est
ainsi quej’en
usedepuis long-temps ,
en écartantabsolument
la théorie desproportions ;
théorie devenueaujourd’hui
tout-à-fait superflue ;
etqui,
il fautl’espérer,
finira par neplus appartenir uniquement qu’à
rhistoire de la science.En
général,
soit x l’inconnue d’unproblème ;
et soientX, X’, X",
... lesquantités
connues de mêmeespèce qu’elle,
ondevra
nécessairement avoir
a, a’, a’,...
étant des nombres abstraits fonctions des autres’données
de ceproblèmes Ces
donnéesdoivent
donc être de natureà se combiner entre elles de manière à former des nombres abs- traits. Il serait