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Analyse structurale et éthologique des interactions entre le malade d'Alzheimer, le bénévole et son chien dans le cadre de la thérapie assistée par l'animal

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Academic year: 2022

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Thesis

Reference

Analyse structurale et éthologique des interactions entre le malade d'Alzheimer, le bénévole et son chien dans le cadre de la thérapie

assistée par l'animal

BASSAL, Catherine

Abstract

A partir d'une approche structurale et éthologique, les comportements de neuf malades d'Alzheimer (MA), de quatre bénévoles et de leur chienne sont décrits et analysés dans le contexte de la thérapie assistée par l'animal. Les résultats montrent une plus grande fréquence et durée de regards, de contacts tactiles et de sourires des MA dirigés vers le chien par rapport à la bénévole. En outre, le regard peut être considéré comme un comportement clef dans les processus d'initiation de maintien et de coupure au sein de l'interaction triadique intra- et inter-espèce. Malgré leurs troubles cognitifs les MA effectuent des sourires et des rires indiquant qu'ils sont aptes à exprimer des affects positifs ou négatifs. Enfin, l'analyse des patterns triadiques révèle que les bénévoles, de leurs comportements communicatifs dirigés vers le chien, jouent un rôle primordial en tant que "facilitateur" de l'interaction entre le MA et le chien.

BASSAL, Catherine. Analyse structurale et éthologique des interactions entre le malade d'Alzheimer, le bénévole et son chien dans le cadre de la thérapie assistée par l'animal. Thèse de doctorat : Univ. Genève, 2008, no. FPSE 414

URN : urn:nbn:ch:unige-14766

DOI : 10.13097/archive-ouverte/unige:1476

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:1476

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UNIVERSITE DE GENEVE FACULTE DE PSYCHOLOGIE ET DES SCIENCES DE L’EDUCATION Section de psychologie

Sous la direction de Madame la Professeure Susanne Kaiser

Analyse structurale et éthologique des interactions entre le malade d’Alzheimer, le bénévole et son chien dans le cadre de la thérapie assistée par l’animal

THESE

Présentée à la

Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation de l’Université de Genève

pour obtenir le grade de Docteur en Psychologie

par

Catherine Bassal

De

Lausanne

Thèse No 414

GENEVE

Novembre 2008

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RÉSUMÉ

Les études précédentes qui portent sur les interactions entre le malade d’Alzheimer (MA) et l’animal de compagnie dans le cadre de la thérapie assistée par l’animal (TAA) montrent des résultats positifs concernant la communication non verbale (CNV) du MA. En effet, les items non verbaux à connotation positive tels que le sourire et le toucher augmentent et les items à connotation négative comme le stress, l’agression et l’anxiété diminuent. Mais ces études se focalisent sur le comportement du MA et ne tiennent pas compte du comportement des autres partenaires de l’interaction, à savoir le chien et l’être humain qui l’accompagne. A partir d’une approche structurale et éthologique, nous nous proposons de décrire et d’analyser les comportements du MA, du chien et de son maître. Notre étude longitudinale a pour but d’identifier la structure et l’organisation temporelle des patterns comportementaux, afin de comprendre les mécanismes et la fonction des comportements en jeu dans les interactions au sein de la TAA. Afin de réaliser cet objectif, nous avons exposé neuf MA à des séances de TAA effectuée par quatre équipes (bénévole et chien). Chaque MA a participé à au moins trois séances de TAA effectuées par une même équipe à raison d’une séance toutes les deux semaines environ. Etant donné que chaque MA est son propre sujet contrôle, il a également participé à deux séances de conversation libre, avant et après la TAA, considérées comme des situations d’évaluation de son comportement non verbal (baseline). Des analyses statistiques descriptives et non paramétriques ont permis de mesurer l’évolution des comportements regroupés et intra-sujets. Une analyse de la séquence temporelle des t-patterns a également été effectuée afin de découvrir l’organisation et la structure hiérarchique des comportements. Les résultats montrent une plus grande fréquence de comportements communicatifs des MA dirigés vers le chien par rapport à la bénévole et que le chien représente également le focus majeur d’attention visuelle des MA. En dépit de leur troubles cognitifs et non cognitifs, les MA montrent des sourires et des rires indiquant qu’ils sont aptes à exprimer des affects positifs ou négatifs. En outre, le regard peut être considéré comme un comportement essentiel dans les processus d’initiation de maintien et de coupure au sein de l’interaction triadique quelle que soit l’espèce concernée. Enfin, l’analyse des t-patterns triadiques révèle que les bénévoles, de par leurs comportements communicatifs dirigés vers le chien, jouent un rôle primordial et apparaissent ainsi comme des « facilitateurs » ou des « médiateurs » entre le MA et le chien au sein de l’interaction triadique.

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REMERCIEMENTS

Ce travail de doctorat a pu être mené à bien grâce à la participation et au soutien de nombreuses personnes qui m’ont guidée et accompagnée tout au long de ces années. Recevez toute ma gratitude pour l’attention et l’aide que vous m’avez apportée au cours de cette période.

Je remercie tout particulièrement :

Ma directrice de thèse, la Professeure Susanne Kaiser, qui a accepté de diriger ce travail en respectant le choix de mon sujet et la manière de le traiter. Ses conseils constructifs, sa disponibilité et ses encouragements ont été très précieux dans les moments les plus difficiles.

Feu le Professeur Jacques de Lannoy qui, de par son enseignement et ses recherches, a inspiré et stimulé la perspective éthologique de ce travail.

La Professeure Christiane Gilliéron qui a accepté de rejoindre spontanément et tardivement la commission de thèse. Merci pour ses précieux conseils méthodologiques et l’espace temporel qu’elle m’a accordé au sein d’un emploi du temps surchargé. Je remercie également ses collaborateurs, Dominique Desbiez-Piat et Judith Czellar toujours disponibles pour m’éclairer de leurs connaissances méthodologiques et m’accorder leur sympathie.

Le Professeur Klaus Scherer pour avoir accepté de faire partie de la commission de thèse et pour ses conseils enrichissants.

Le Professeur Magnus Magnusson pour ses conseils judicieux et pour toutes les heures de conversation à distance qu’il m’a consacrées.

Katia Schenkel, qui m’a encouragée et soutenue moralement au moment où j’en avais le plus besoin. Merci pour sa patience, son écoute et son réconfort à tout moment.

Tanja Wranik Odehnal pour sa formule sans cesse répétée Just do it ! et Elise Dan-Glauser : à toutes deux merci pour leurs conseils, leur soutien et leurs encouragements sincères.

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Véronique Haynal pour son appui, ses conseils sur la communication non verbale et ses corrections.

Evelyne Teroni pour ses connaissances sur les canidés qui ont éclairé de manière pertinente cette recherche. Sa passion pour les chiens est stimulante !

Tous mes collègues de l’équipe des sciences affectives, ainsi que Blandine Mouron pour sa gentillesse et son aide spontanée.

Cette thèse n’aurait pu voir le jour sans les nombreuses personnes qui ont accepté de participer à la recherche en tant que protagoniste ou facilitateur des démarches que j’ai entreprises :

Je remercie Christian Weiler qui a accepté de collaborer à ce projet et qui m’a fait confiance en me permettant d’effectuer cette recherche dans son institution. Merci encore à Daniela et Sybille, ainsi qu’à toute l’équipe des soignants. Leur accompagnement quotidien des personnes âgées souffrant de troubles cognitifs représente une tâche extraordinaire.

Toute ma gratitude à Francine Joseph-Murphy, présidente de l’association « Pattes Tendues », qui m’a offert sans compter la collaboration de ses bénévoles et de leurs chiennes. Merci aux tandems et à leur précieux travail: Sally et Gemma, Michèle et Gudule, Margarita et Lolita, Patricia et Twisty. Sans elles, cette recherche n’aurait pas pu être réalisée.

Je remercie également toutes les personnes âgées qui ont participé à cette recherche et leur famille qui m’ont accordé leur confiance.

Je remercie enfin ma mère pour m’avoir écoutée, soutenue et encouragée inconditionnellement jusqu’à la dernière minute dans ce travail de longue haleine. Merci Maman !

Et sans oublier...tous les compagnons à quatre pattes qui m’ont « supportée » au cours de ce travail en me prodiguant leurs vertus thérapeutiques.

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Introduction ... 13

PREMIÈRE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES... 15

1. Orientation des recherches sur les relations entre l’être humain et l’animal... 17

1.1 Les effets thérapeutiques liés aux interactions entre l’animal et l’être humain 18 1.1.1Les prémices ... 18

L’enfant, le psychothérapeute et l’animal « co-thérapeute » ... 19

Troubles mentaux et animal thérapeute... 19

1.2 Les interactions entre l’animal et le malade d’Alzheimer ... 21

1.2.1 Effets de la Thérapie assistée par l’animal individuelle ... 21

Stress et socialisation... 21

Syndrome du crépuscule ... 22

1.2.2 Effets de la Thérapie assistée par l’animal en groupe... 22

1.3 Effets issus de l’interaction régulière avec un animal ... 23

1.4 L’Umwelt du chien ... 24

1.4.1 La vision... 26

L’acuité visuelle ... 27

Vision nocturne, vision des couleurs et détection de mouvement ... 27

Vision mono et binoculaire : le champ visuel du chien ... 28

1.4.2 L’audition : sensibilité auditive et localisation ... 30

Localisation des sons... 31

1.4.3 L’olfaction... 31

La capacité de détection et de différenciation des odeurs ... 33

L’organe voméro-nasal... 34

1.4.4 Le toucher ... 35

2. La communication inter-espèce : humains et chiens ... 38

2.1 Les interactions entre l’être humain et le chien ... 40

2.1.1 Indices comportementaux humains et attention conjointe ... 40

2.1.2 Les patterns détectés au sein de la relation humain-chien ... 42

3. La communication non verbale et verbale chez les malades d’Alzheimer... 43

4. Méthodes d’analyse de la communication non verbale... 48

4.1 L’analyse structurale... 51

5. Les catégories de comportements... 54

5.1 Les communicatifs et les extracommunicatifs... 54

5.1.1 Le sourire et le rire ... 56

Le rire ... 57

Le sourire et sa relation aux émotions... 58

La fonction du sourire ... 59

5.1.2 Le regard ... 60

(11)

Regard et psychopathologie ... 62

Regards mutuels ... 63

Regard et attention conjointe... 64

Le concept de F-formation et la participation visuelle... 65

5.1.3 Les activités de déplacement... 66

5.1.4 La fonction des activités d’épouillage ... 70

L’épouillage chez les primates infra-humains... 72

Neurobiologie des comportements d’épouillage ... 71

5.1.5 Les activités de déplacement chez l’homme... 72

Activités de déplacement, régulation des affects et processus cognitifs ... 74

5.1.6 Les activités de déplacement chez le chien... 77

DEUXIÈME PARTIE : OBJECTIFS ET METHODE ... 83

6. Objectifs ... 85

6.1 Questions de recherche ... 87

7. Méthode ... 88

7.1 Les participants ... 88

Les malades ... 88

Les équipes de TAA : les maîtres et leur chien ... 89

La soignante ... 89

7.2 Procédure ... 89

7.2.1 Baseline ... 90

Evaluation des symptômes non cognitifs ... 90

Séances d’interactions sociales ... 90

7.2.2 Séances de thérapie assistée par l’animal ... 91

7.3 Analyse ... 93

7.3.1 Elaboration des catégories de comportement... 93

7.3.2 Codage ... 94

7.3.3 Fidélité inter-juge ... 95

7.4 Traitement des données ... 96

7.4.1 Analyses statistiques descriptives et inférentielles ... 96

7.4.2 Analyse structurale et temporelle des patterns de comportement... 97

Reconnaissance des patterns : Approche discriminante et structurale ... 98

Le modèle de détection des patterns selon Magnusson (1996, 2000) ... 99

Définition d’un t-pattern... 100

Algorithme de détection des t-patterns et intervalle critique ... 101

Recherche et construction des patterns ... 105

Compétition et complétude ... 105

Procédure de randomisation ... 106

(12)

TROISIÈME PARTIE : RÉSULTATS... 109

8. Résultats de la baseline... 111

8.1 Sujet MA1... 113

Observation flottante des séances d’IS... 113

Fréquence, durée et relation entre les comportements ... 114

Evaluation des symptômes neuropsychiatriques ... 115

Détection des t-patterns ... 115

Fréquence des comportements et des t-patterns ... 116

Conclusion... 117

8.2 Sujet MA8... 118

Observation flottante des séances d’IS... 118

Fréquence, durée et relation entre les comportements ... 119

Evaluation des symptômes neuropsychiatriques ... 120

Détection des t-patterns ... 121

Fréquence des comportements et des t-patterns ... 121

Conclusion... 122

8.3 Sujet MA2... 122

Synthèse des résultats de IS1 et IS2 ... 122

Conclusion... 124

8.4 Sujet MA3... 125

Synthèse des résultats de IS1 et IS2 ... 125

Conclusion... 127

8.5 Sujet MA4... 128

Synthèse des résultats de IS1 et IS2 ... 128

Conclusion... 130

8.6 Sujet MA5... 130

Synthèse des résultats de IS1 et IS2 ... 130

Conclusion... 132

8.7 Sujet MA6... 133

Synthèse des résultats de IS1 et IS2 ... 133

Conclusion... 135

8.8 Sujet MA7... 136

Synthèse des résultats de IS1 et IS2 ... 136

Conclusion... 137

8.9 Sujet MA9... 138

Synthèse des résultats de IS1 et IS2 ... 138

Conclusion... 140

8.10 Tableaux de synthèse ... 141

(13)

9. Résultats concernant la TAA... 143

Evolution des extracommunicatifs ... 144

Evolution des comportements : résultats intra-individuels ... 145

Association des comportements au sein des t-patterns triadiques... 145

9.1 Répartition des comportements au sein de TAA ... 145

9.1.1 Fréquence des comportements des MA ... 146

9.1.2 Durée des comportements des MA ... 148

9.1.3 Fréquence des comportements des bénévoles... 149

9.1.4 Durée des comportements des bénévoles... 151

9.1.5 Fréquence des comportements des chiens ... 152

9.1.6 Durée des comportements des chiens ... 154

9.1.7 Conclusion ... 155

9.2 Evolution des extracommunicatifs au sein de la TAA ... 156

9.2.1 Conclusion ... 158

9.3. Evolution des comportements au sein de la TAA : Analyse intra-individuelle... 159

9.3.1 Sujet MA1 et équipe 2 ... 159

Evolution de la participation visuelle de la triade ... 159

Regards mutuels, sourires mutuels et attention conjointe ... 160

Associations des catégories de comportement au sein des t-patterns ... 160

9.3.2 Sujet MA2 et équipe 4 ... 163

Evolution de la participation visuelle de la triade ... 163

Regards mutuels, sourires mutuels et attention conjointe ... 163

Associations des catégories de comportement au sein des t-patterns ... 164

9.3.3 Sujet MA3 et équipe 3 ... 165

Evolution de la participation visuelle de la triade ... 165

Regards mutuels, sourires mutuels et attention conjointe ... 166

Associations des catégories de comportement au sein des t-patterns ... 166

9.3.4 Sujet MA4 et équipe 1 ... 168

Evolution de la participation visuelle de la triade ... 168

Regards mutuels, sourires mutuels et attention conjointe ... 168

Associations des catégories de comportement au sein des t-patterns ... 169

9.3.5 Sujet MA5 et équipe 1 ... 170

Evolution de la participation visuelle de la triade ... 170

Regards mutuels, sourires mutuels et attention conjointe ... 170

Associations des catégories de comportement au sein des t-patterns ... 171

9.3.6 Sujet MA6 et équipe 2 ... 172

Evolution de la participation visuelle de la triade ... 172

Regards mutuels, sourires mutuels et attention conjointe ... 172

(14)

Associations des catégories de comportement au sein des t-patterns ... 173

9.3.7 Sujet MA7 et équipe 3 ... 174

Evolution de la participation visuelle de la triade ... 174

Regards mutuels, sourires mutuels et attention conjointe ... 175

Associations des catégories de comportement au sein des t-patterns ... 175

9.3.8 Sujet MA8 et équipe 1 ... 177

Evolution de la participation visuelle de la triade ... 177

Regards mutuels, sourires mutuels et attention conjointe ... 177

Associations des catégories de comportement au sein des t-patterns ... 178

9.3.9 Sujet MA9 et équipe 1 ... 179

Evolution de la participation visuelle de la triade ... 179

Regards mutuels, sourires mutuels et attention conjointe ... 179

Associations des catégories de comportement au sein des t-patterns ... 180

9.3.10 Conclusion ... 181

QUATRIÈME PARTIE : DISCUSSION ET CONCLUSION ... 183

10. Discussion de la baseline... 185

10.1 L’observation flottante... 185

10.2 Evaluation des symptômes non cognitifs... 186

10.3 T-patterns ... 187

11. Discussion des séances de TAA ... 187

11.1 Répartition des comportements au sein de la TAA ... 189

11.1.1 Les comportements des MA ... 189

Regard et sourire des MA... 190

Contact tactile des MA ... 191

Discours verbal des MA ... 192

Comportements extracommunicatifs des MA ... 192

11.1.2 Les comportements des bénévoles ... 192

Regard des bénévoles ... 193

Contact tactile des bénévoles ... 193

Communicatifs envers les MA ... 195

Proxémie des bénévoles ... 197

Extracommunicatifs des bénévoles ... 198

Sourires dirigés vers le chien... 199

11.1.3 Les comportements des chiens... 201

Regard des chiens ... 201

Contacts et proxémie des chiens ... 202

Comportements extracommunicatifs des chiens ... 204

(15)

Vocalises des chiens ... 205

11.2 Evolution des extracommunicatifs au sein de la Baseline et de la TAA ... 206

11.2.1 Evolution des extracommunicatifs des MA au sein de la baseline ... 207

11.2.2 Evolution des extracommunicatifs de la triade au sein de la TAA ... 210

11.3 Evolution des comportements au sein de la TAA : Analyse intra-individuelle.... 212

11.3.1 Evolution de la participation visuelle et des comportements mutuels ... 212

11.3.2 Association des catégories de comportements au sein des t-patterns triadiques ... 214

12. Conclusion ... 216

12.1 Considérations méthodologiques ... 216

12.2 Conclusion et perspectives futures ... 223

RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ... 225

ANNEXES ... 245

(16)

Introduction

La maladie d’Alzheimer est considérée comme la plus fréquente des démences dégénératives1. Depuis plus de deux décennies, elle représente un objet d’étude scientifique investi massivement par des cliniciens et des chercheurs psychologues et médecins. Malgré les progrès notables apportés tant au niveau des aspects neurobiologiques que du diagnostic posé toujours plus précocement, des incertitudes demeurent encore quant à son étiologie. Au- delà de cette difficulté, le personnel médical et les accompagnateurs sont confrontés à la prise en charge des malades d’Alzheimer (MA) qui s’acheminent de jour en jour vers un destin irréversible. Afin d’améliorer la qualité de vie des MA et des personnes souffrant de démences apparentées, des thérapies complémentaires aux traitements traditionnels sont appliquées au sein d’institutions psychogériatriques. Parmi celles-ci, la thérapie assistée par l’animal (TAA) est de plus en plus utilisée, non seulement auprès de MA, mais aussi auprès d’autres populations affectées par des troubles psychiatriques. Selon de nombreux auteurs, la TAA représente un moyen de valorisation des capacités résiduelles du MA, puisque l’animal peut procurer une satisfaction spontanée et favoriser le maintien d’un lien, même ténu, avec la réalité. Pourtant rares sont les études qui portent sur les interactions entre le MA et le chien dans le cadre de la TAA et aucune sur les aspects structuraux et éthologique de cette interaction triadique inter-spécifique.

L’objectif de notre étude est de décrire les interactions au sein de la TAA d’un point de vue comportemental, afin de mieux cerner les processus interactionnels entre le MA, le chien et son maître et ainsi mettre à jour la structure et l’organisation des patterns comportementaux.

Préalablement à une validation de cette forme de thérapie, nous pensons qu’il est nécessaire de procéder à cette étape fondamentale, qui consiste en une description et une analyse détaillée de l’ensemble de la communication générée par les participants au sein de la TAA.

La description et l’analyse des interactions sont envisagées dans une approche structurale et éthologique.

Dans un premier temps, une revue de la littérature présentée rend compte de la complexité et la pluridisciplinarité de notre étude. Les recherches comportementales qui portent sur la TAA appliquée au MA ou aux personnes souffrant de démence dégénérative restent peu

1 En Suisse environ 100’000 personnes souffrent de la maladie d’Alzheimer ou de démences apparentées (Association Alzheimer Suisse, 2008). La maladie d’Alzheimer et les démences apparentées représentent plus de 60% de l’ensemble des démences dégénératives (Diener, 2002)

(17)

nombreuses et de ce fait sont présentées en détail. Les éléments de la communication non verbale (CNV) chez les MA permettent de comprendre le rôle de cette forme de communication chez des individus que l’on n’appréhende souvent qu’en fonction de leurs déficits. L’approche éthologique des comportements humains et des canidés permet une meilleure compréhension de leur fonction et des capacités d’adaptation de chaque espèce à l’environnement. Cette même approche offre un éclairage sur les signaux utilisés par le chien et l’humain pour établir une communication inter-espèce. Les méthodes d’analyse de la CNV et plus spécifiquement l’analyse structurale sont également exposées. Afin de décrire et d’analyser les interactions de la triade, les catégories de comportements communicatifs et extracommunicatifs sont définis en fonction des concepts théoriques qui les sous-tendent.

Dans un second temps, la méthode appliquée et les résultats de la baseline et des séances de TAA sont présentés. Puis chacun des résultats, respectivement de la baseline et de la TAA, est mis à la lumière en fonction des aspects théoriques et des conclusions de recherches antécédentes. Enfin, la conclusion présente d’une part, les considérations méthodologiques liées à notre étude et d’autre part, les perspectives futures ou pistes de réflexion qui permettraient de faire évoluer notre sujet de recherche.

(18)

PREMIÈRE PARTIE : ASPECTS THEORIQUES

« The fidelity of a dog is a precious gift demanding no less binding moral responsibilities than the friendship of a human being »

Lorenz (1954/2002, p. 135)

(19)
(20)

1. ORIENTATION DES RECHERCHES SUR LES RELATIONS ENTRE LETRE HUMAIN ET LANIMAL

La littérature scientifique2 qui s’intéresse aux relations entre l’être humain et l’animal peut être regroupée en fonction des thèmes et des concepts spécifiques qu’elle aborde. Une grande majorité des recherches se focalise sur le concept de lien ou d’attachement entre l’humain et l’animal et explore les processus se rapportant à la nature et à la fonction de cette relation inter-spécifique. Les perspectives sont diverses, entres autres ethnique et historique (Digard, 1998; Serpell, 1986, 2000), psychologique (Collis & McNicholas, 1998; Kidd & Kidd, 1987;

Serpell, 1996) ou éthologique (Kerepesi et al., 2005; Miklósi et al., 2003). Certaines recherches investiguent la nature du lien entre l’animal et son maître (Hart, 1995; Palmer &

Custance, 2008; Prato-Previde, Custance, Spiezio, & Sabatini, 2003). D’autres études abordent la question des effets induits par l’animal sur le bien-être et la santé de son maître (Cutt, Giles-Corti, Knuiman, & Burke, 2007; Serpell, 1991; Wilson & Turner, 1998). Parmi celles-ci, des recherches examinent les effets de l’animal sur les paramètres cardiovasculaires3 chez des adultes (Katcher, Friedmann, Beck, & Linch, 1983; Moody, Fendick, & Blackshaw, 1996) et chez des enfants (Friedmann, Katcher, Thomas, Lynch, & Messent, 1983;

Nagengast, Baun, Faan, & Leibowitz, 1997). Un certain nombre d’études rend compte des résultats liés au recours de l’animal à des fins thérapeutiques dans le cadre de la psychiatrie (Barker, Pandurangi, & Best, 2003; Corson & O’Leary Corson, 1980), de la gérontologie (Levinson, 1972 ; Messent, 1983), et de la psychogériatrie (Batson, McCabe, Baun, &

Wilson, 1998; Crowley-Robinson, Fenwick, & Blackshaw, 1996; Granger & Carter, 1991) ou encore à des fins de réhabilitation des troubles cognitifs (Macauley, 2006). Les effets thérapeutiques de l’animal ont été démontrés sur les enfants de manière générale (Montagner, 2002) et plus spécifiquement sur des enfants atteints de troubles psychiatriques (Arntzen &

Almas, 1997; Levinson, 1969; Servais, 1999). L’animal est également au service de l’être humain et ce rôle essentiel est mis en évidence par plusieurs recherches sur la relation entre l’animal et la personne handicapée (Lane, McNicholas, & Collis, 1998; Mader, Hart, &

Bergin, 1989; Sachs-Ericsson, Hansen, & Fitzgerald, 2002) et en particulier la personne aveugle (Naderi, Miklósi, Dóka, & Csányi, 2001). Enfin un pan de recherches relativement étroit se focalise sur les interactions entre l’être humain et le chien (Canis familiaris) en

2 La revue de la littérature présentée dans ce paragraphe n’est pas exhaustive ; elle a pour but de mettre en lumière l’étendue des recherches effectuée dans ce domaine et leur caractère interdisciplinaire.

3 Notamment la pression artérielle systolique et diastolique et le rythme cardiaque.

(21)

analysant la communication inter-spécifique d’un point de vue éthologique (Filiatre, Millot, &

Montagner, 1986; Soproni, Miklósi, Topál, & Csányi, 2001).

Remarque : Un grand nombre de chercheurs considèrent le loup (Canis lupus) comme l’ancêtre le plus probable du chien, mais désigne plus souvent ce dernier sous l’appellation de Canis familiaris et quelques fois sous celle de Canis lupus familiaris. D’autres chercheurs émettent l’hypothèse que le chien est issus d’une branche proche de celle du loup et qui s’est éteinte (Clutton-Brock, 1984; Olsen,1985). Toutefois Coppinger et Coppinger (2001) et Koler-Matznick (2002) envisagent le chien comme une espèce séparée, qui est le produit d’un événement évolutionnaire distinct. La désignation spécifique du chien est motivée par le domaine de compétence scientifique du chercheur, par exemple un comportementaliste pourrait considérer le chien comme une espèce distincte, car son comportement est différent de celui du loup (R. Coppinger, communication personnelle, 29 juin 2008). Etant donné le manque de consensus concernant la désignation scientifique de cette espèce, nous désignerons le chien par l’appellation de Canis familiaris dans notre écrit.

1.1 Les effets thérapeutiques liés aux interactions entre l’animal et l’être humain Contrairement au foisonnement d’études qui tentent de mettre en lumière la nature des relations entre l’animal et l’être humain, peu de recherches investissent les effets thérapeutiques issus de cette relation et encore plus rares sont celles qui portent sur le malade d’Alzheimer (MA). En partant des premières expériences thérapeutiques entre l’animal et les individus psychiquement perturbés, nous présenterons plus spécifiquement les recherches expérimentales qui se focalisent sur le MA.

1.1.1 Les prémices

La première tentative d’utilisation de l’animal comme outil thérapeutique a été effectuée au milieu du XVIIIe siècle dans un hôpital psychiatrique anglais « The Yeark Retreat“ (Jones, 1955, cité par Levinson, 1969, p. 40). Certains patients avaient pour tâche thérapeutique de prendre soins d’animaux de basse-cour. En impliquant les aliénés auprès d’animaux dépendants, l’institution pensait leur apprendre d’une part, à garder le contrôle d’eux-mêmes et d’autre part, à éveiller leurs sentiments de charité et de sociabilité. Les traces écrites remontant à cette période révèlent que l’expérience a été bénéfique pour ces individus psychiquement perturbés (Levinson, 1972).

(22)

L’enfant, le psychothérapeute et l’animal « co-thérapeute“

Levinson (1969) a été le premier psychologue à rapporter une étude de cas sur un enfant qui souffrait d’autisme et qui devait être interné. La présence fortuite du chien de Levinson au cours de la première séance de psychothérapie de l’enfant s’est révélée déterminante pour la suite du traitement. En effet, l’enfant a commencé à caresser le chien et se blottir contre lui sans être effrayé. A la fin de la séance, l’enfant a exprimé le désir de revenir à nouveau pour jouer avec le chien. Au fur et à mesure des séances, l’enfant a reporté l’affection qu’il avait développée pour le chien sur Levinson et l’a introduit dans leur jeu dyadique. Selon Levinson, le chien a permis d’établir une relation avec l’enfant et par la suite de travailler les problèmes dont il souffrait.

Levinson (1969, 1972) a tenté de développer l’idée que l’animal peut avoir une valeur thérapeutique, mais également permettre d’effectuer une évaluation clinique de l’enfant.

Selon cet auteur, les interactions entre l’enfant et l’animal offrent une situation privilégiée d’observation de la communication verbale et non verbale. De manière générale, l’enfant semble plus détendu et moins attentif au psychothérapeute qui représente, lors de la première séance, l’adulte « étranger » dont il se méfie. Les interactions entre l’enfant et l’animal permettent de révéler les patterns de comportements dont certains peuvent être des indices aidant à poser le diagnostic lié aux troubles de la personnalité et du comportement. Alors que l’instauration d’une alliance thérapeutique entre l’enfant et le psychothérapeute est un processus de longue durée dans un grand nombre de cas, l’animal permet à l’enfant, de par sa nature d’être « naturel », d’exprimer son comportement habituel sans se sentir observé par le thérapeute. Levinson (1969) a émis l’hypothèse que l’animal peut jouer un rôle important dans le maintien de la stabilité émotionnelle. Il souligne que « frequently, a pet is the only remaining link with reality ; albeit a tenuous and sporadic connector » (p. 30).

Troubles mentaux et animal thérapeute

Pionniers en ce domaine puisque leurs études ont débutés à la fin des années cinquante, Corson & O’Leary Corson (1980) suggèrent que l’animal pourrait être un médiateur ou un

« facilitateur » de la CNV au sein du cadre psychothérapeutique. Ces psychiatres nomment cette forme de soins thérapie facilitée par l’animal. Ils ont observé que les personnes atteintes de troubles mentaux, mais aussi les personnes âgées ou handicapées reçoivent des signaux non verbaux « négatifs » de la part des proches et des soignants, y compris le médecin. Ce phénomène a pour conséquence de provoquer leur isolement social à l’origine d’une réaction

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en chaîne d’événements physiologiques et psychologiques qui contribuent à renforcer leur pathologie et leurs stigmates. Par conséquent, les interactions avec leur environnement humain ne peuvent pas restaurer une homéostasie nécessaire à leur bien-être ou à leur guérison. Afin d’enrayer ce processus et favoriser les processus de resocialisation, Corson &

Corson préconisent l’introduction d’animaux de compagnie au sein des institutions psychiatriques, médico-sociales et carcérales. L’animal ne serait pas à considérer comme un substitut des psychotropes ou autre médication, mais un complément « naturel » aux thérapies proposées. Une des recherches pilotes qu’ils ont effectuée, porte sur 50 patients d’un hôpital psychiatrique qui ont répondu négativement à tous les traitements traditionnels de cette époque (psychothérapie, thérapie par électrochoc, pharmacothérapie, etc.). Tous les patients se caractérisent par un retrait social et communicationnel, ainsi que par une centration sur eux-même ; quelques uns ne parlent presque plus et d’autres sont alités. Les résultats, présentés sous la forme d’études de cas, indiquent une amélioration de la communication verbale pour les sujets mutiques et, de manière plus globale, une amélioration de la confiance en soi et du bien être psychique du patient. Corson & O’Leary Corson pensent que l’animal et plus spécifiquement le chien représenterait « a form of nonthreatening nonjudgmental reassuring nonverbal communication and tactile comfort and thus helped break the vicious cycle of loneliness, helplessness and social withdrawal. » (Ibid., p.107). Ainsi l’animal aurait une influence positive sur l’estime de soi et représenterait également un catalyseur social.

A la suite de Corson & O’Leary Corson (1980), plusieurs auteurs se sont penchés sur le rôle de l’animal auprès d’enfants ou d’adulte atteints de troubles mentaux. Zarrouk (1977) montre une baisse des corticostéroïdes chez l’enfant lorsque ce dernier est en présence d’un chien et le caresse ; selon l’auteur, le chien aurait un effet rassurant et apaisant chez l’enfant qui souffre de troubles psychiques. Klosinski (cité par Jonas & Feline, 1981) démontre que l’animal favorise les relations du malade mental avec sa famille et lui permet également de mieux s’intégrer dans la réalité. Jonas & Feline (1981) indiquent que l’animal, de par son rôle de médiateur ou d’agent de liaison entre le thérapeute et le patient, acquiert le rang d’« objet transitionnel », (Winnicott, 1953/1969). A partir d’une perspective psychanalytique, ces auteurs mentionnent la fonction anti-dépressive que l’animal peut jouer surtout pour des personnalités narcissiques et borderline. L’animal peut également représenter un objet anti- psychotique par excellence, afin de palier aux angoisses de morcellement de patients atteints de psychose.

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1.2 Les interactions entre l’animal et le malade d’Alzheimer4

La majeure partie des recherches ont été réalisées avec des malades d’Alzheimer (MA) institutionnalisés et dans le cadre de la thérapie assistée par l’animal (TAA). Ces thérapies ont été effectuées avec des chiens (Canis familiaris). A noter que la TAA représente l’intégration d’un animal entraîné (éduqué) au sein d’un programme d’accompagnement de personne en souffrance psychique ou physique5 (Fine, 2000). La TAA est effectuée par un professionnel de la santé ou une personne formée (bénévole) à cette tâche.

1.2.1 Effets de la Thérapie assistée par l’animal individuelle Stress et socialisation

Batson, McCabe, Baun et Wilson (1998) ont évalué les effets à court-terme de la présence d’un chien thérapeute sur les indicateurs physiologiques du stress et sur la socialisation des MA. Les auteurs ont également tenté de déterminer s’il existe des modifications de la socialisation du malade en fonction du stade de la démence. Cette recherche expérimentale représente après celle de Kongable, Buckwalter et Stolley (1989) une étude pionnière dans l’utilisation des comportements non verbaux du MA comme indices d’évaluation de l’effet du chien thérapeute. Vingt-deux malades d’Alzheimer institutionnalisés, âgés de 62 à 96 ans (M=77.9) ont participé à cette recherche. A partir d’un plan de recherche « mesures intra- sujet », chaque patient a participé à deux séances, une en présence du chien et l’autre sans le chien. Deux expérimentateurs ont été présents lors des séances. Un premier expérimentateur a prélevé les données physiologiques à partir d’instruments qui permettent de mesurer la tension artérielle, la fréquence cardiaque et la température de la peau. Le second expérimentateur a interagi avec le MA en présence du chien (communication verbale minimale) et en son absence. Les résultats indiquent que la présence du chien augmente la communication non verbale du MA. Les résultats statistiques liés aux items regard, sourire, contact tactile et réconfort physique sont significatifs. Les résultats portant sur la relation entre la sévérité de la démence et les comportements de socialisation sont significatifs concernant le sourire et la verbalisation. Les résultats des mesures physiologiques ne sont pas significatifs. Batson, McCabe, Baun et Wilson suggèrent que le chien a des effets positifs sur

4 Etant donné que les auteurs ne précisent pas toujours le diagnostic exact des sujets investigués, la terminologie « maladie d’Alzheimer“ ou

"malade d’Alzheimer" utilisée dans la revue de la littérature peut aussi englober les démences de type Alzheimer ou démences apparentées si aucune autre précision n’est apportée.

5 La plupart des associations qui pratiquent la TAA sont membres de la Delta Society et suivent les règles d’éthiques édictée par cette institution (Standards of Practice in Animal-Assisted Activities and Animal-Assisted Therapy,).

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la socialisation des MA et qu’il pourrait activer une forme élémentaire de communication chez les malades les plus atteints.

Syndrome du crépuscule

L’étude de Churchill, Safaoui, McCabe, Baun (1999) s’est focalisée sur les comportements d’agitation et de socialisation des malades d’Alzheimer et des sujets atteints de démences apparentées (M=83.8 ; SD=4.8). Mais à la différence de Batson, McCabe, Baun et Wilson (1998), l’intérêt de ces auteurs s’est centré sur un phénomène clinique nommé le syndrome du crépuscule (sundown syndrom) (Vitiello, Bliwise, & Prinz, 1992; Volicer, Harper, Manning, Goldstein, & Satlin, 2001). Bien que ce syndrome ne soit pas encore considéré comme une catégorie diagnostique, il peut être rencontré par les soignants qui sont en contact régulier avec des MA. Selon Volicer et Hurley (2003), le syndrome du crépuscule pourrait être défini

« as the appearance or exacerbation of behavioral disturbance associated with the afternoon and/or evening hours. Sundowning may consist of increased motor or verbal activity (agitation) but may also increase resistiveness to care » (p. 839). L’objectif de la recherche expérimentale de Churchill et al. a été de mesurer les effets de la TAA sur les sujets démentifiés au moment du crépuscule. Les résultats indiquent une diminution de l’agitation des sujets et une augmentation (fréquence et durée) des items non verbaux notamment le sourire, le regard et le contact tactile. Néanmoins les résultats concernant la relation entre la sévérité de la démence et les modifications du comportement ne sont pas significatifs. Selon les auteurs, la présence du chien serait bénéfique pour les malades affectés par le syndrome du crépuscule. En complément à d’autres formes de thérapie traditionnelles, la TAA permettrait d’améliorer la qualité de vie des malades démentifiés.

1.2.2 Effets de la Thérapie assistée par l’animal en groupe

Kanamuri et al. (2001) ont évalué les effets de la TAA en groupe avec cinq personnes atteintes de démence du type Alzheimer et deux sujets souffrant de démence vasculaire. Les méthodes d’évaluation ont porté notamment sur le score d’une échelle comportementale, BEHAVE-AD (Reisberg et al., 1987) et des mesures physiologiques du stress endocrinien au moyen du prélèvement de la chromogranine A salivaire. Le groupe expérimental (M = 79.4 ; SD = 6.0) a reçu six séances de TAA en groupe à raison de deux séances par semaine. Le groupe de contrôle comprenant vingt personnes âgées (M = 83.4 ; SD = 7.2) n’a reçu aucune séance de TAA. Les résultats indiquent que les comportements d’agressivité, d’anxiété et de phobie ont diminué chez les sujets expérimentaux. La quantité de chromogranine A a

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relativement diminué, mais essentiellement lors de la dernière séance de TAA. Kanamuri et al. soulignent avec prudence qu’il est difficile de déterminer si la TAA est la cause directe des modifications de comportement, car les sujets effectuent d’autres activités d’animation au sein de l’institution.

1.3 Effets issus de l’interaction régulière avec un animal

Fritz, Farver, Hart et Kass (1996) ont mesuré les effets de l’association régulière du malade d’Alzheimer avec un animal sur l’évolution du déclin cognitif et sur l’expression concomitante des symptômes non cognitifs. L’évaluation des symptômes non cognitifs de 64 sujets, vivant à domicile avec et sans animal, a été effectuée par des questionnaires auxquels des soignants et des aidants naturels ont répondu. Ces derniers ont donné des informations sur les caractéristiques de l’animal et les soins prodigués par le malade ; ils ont également évalué les symptômes non cognitifs du malade à partir d’une liste de psychopathologies comprenant les troubles de l’humeur, les troubles psychiatriques, végétatifs et moteurs. Les résultats indiquent une différence significative en ce qui concerne les symptômes non cognitifs

« agression verbale » et « agitation » des MA en contact régulier avec un animal. Les sujets qui n’ont pas de troubles d’anxiété, d’hyperactivité, d’agression verbale et d’hallucination interagissent plus longtemps avec l’animal. Il n’y a pas de différence significative concernant l’évolution des troubles cognitifs des malades en contact régulier avec un animal par rapport à ceux qui ne le sont pas. Pour conclure cette étude, les auteurs émettent l’hypothèse que l’animal tempère l’expression des comportements d’agitation et d’agression chez les MA et qu’il permet également d’éviter le phénomène de « retrait » des interactions sociales qui caractérisent si souvent les personnes démentifiées.

Remarque : Les recherches expérimentales qui mesurent les effets de la TAA sur les MA ou les personnes atteintes de démence apparentée engendrent un certain nombre de questions concernant la méthodologie appliquée. Ces études mesurent les effets de la TAA, notamment au moyen de la modification des comportements des MA, et ne tiennent pas compte des comportements des autres participants de l’interaction. En effet, la TAA est toujours administré en présence du maître de l’animal, même si ce dernier doit se tenir en retrait de l’interaction entre le MA et l’animal. Dans le setting des recherches mentionnées, l’animal représente la variable indépendante qui agit sur les variables dépendantes, en l’occurrence les comportements sociaux du MA. L’être humain qui l’accompagne et qui le guide au cours de la séance de TAA n’est pas considéré comme un facteur déterminant ; de même les

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comportements de l’animal ne sont pas pris en compte. Comment en ce cas attribuer les modifications des comportements du MA à la seule présence du chien ? Cette question remet en cause la validité interne de ces recherches. Envisager de ne mesurer que les comportements du MA relève d’une perspective linéaire de la communication entre protagonistes et cela n’est pas compatible avec le modèle circulaire qui a été adopté par l’ensemble des recherches sur les interactions sociales. Nous pensons que la difficulté majeure de l’ensemble des études sur la TAA réside dans l’attribution causale des modifications du comportement du malade : sont- elles le produit de l’interaction entre le malade et l’animal, est-ce l’influence conjointe du comportement du bénévole et de son animal ou de tout autre facteur confondu qui induisent les effets mesurés ? Afin de pouvoir apporter un élément de réponse à ces questions, il nous semble nécessaire de réaliser une analyse des processus comportementaux qui s’expriment entre les trois participants de cet événement social. Ce type de recherche, nommée analyse structurale (Kendon, 1982) et process research (Kazdin, 1980) en psychologie clinique, a pour objectif d’identifier les patterns comportementaux et leur modification au moment où ils se produisent. L’analyse structurale ne s’oppose pas aux recherches dont le but est de mesurer les performances d’un traitement (outcome research). Bien au contraire l’analyse des processus interactionnels tend à mettre en lumière des comportements ou des patterns de comportements qui pourront être testés par la suite.

Afin de décrire, d’analyser et de comprendre les comportements du chien au sein de l’interaction triadique que représente la TAA, le chapitre suivant rend compte des compétences d’adaptation et d’évolution du chien dans son environnement. Cette approche est envisagée en fonction d’un concept fondamental en éthologie : l’Umwelt (Uexküll, 1956/1965).

1.4 L’Umwelt du chien

La notion d’Umwelt (monde subjectif) est un concept élaboré par Uexküll (1956/1965). Des recherches plus récentes ont permis de faire évoluer ce concept ancré au départ dans des cycles fonctionnels plus rigides, propres à une espèce donnée, vers une perspective où l’organisme a une influence sur son Umwelt en fonction des caractéristiques qu’il lui attribue (effet de renforcement). Ainsi « le comportement est plutôt l’expression dynamique des relations dialectiques entre l’animal et son monde » (Campan, 1980, p. 21). L’Umwelt peut être défini comme la manière dont un organisme perçoit l’environnement physique et social en fonction de ses organes sensoriel, ainsi que l’impact de ses réponses sur ses propres

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Récepteur

Monde intérieur de l’interactant

Récepteur central Monde

intérieur du sujet

Effecteur

Effecteur central

Récepteur Effecteur

Effecteur central

Récepteur central

perceptions et sur l’environnement (Partan & Marler, 2002). Cette nouvelle perspecptive tente d’appréhender d’un point de vue statique et dynamique la complexité des relations entre un organisme et le milieu dans lequel il évolue (Figure 1).

Figure 1. Cycle fonctionnel de Uexküll (1956/1965) reformulé par Partan et Marler (2002). Les auteurs élargissent le rôle de l’interactant (flèche blanche) en atténuant le rôle central du sujet qui est présent dans le modèle originel. Ils mettent ainsi l’accent sur la nature cyclique de l’interaction, c’est-à-dire sur les effets que produit chaque partenaire sur l’autre.

Selon Partan et Marler (2002), plusieurs aspects sont intégrés dans l’Umwelt d’un individu : The physical environment, the social environment, and what we would like to call the personal environment, including both the physical equipment for producing and sensing communication signals and the microenvironment of the signal in the context of the rest of the signaler’s body. This last factor includes concurrent cues meaning from an animal during signal production, such as body posture or chemical pheromones that may accompany an acoustic signal. (p.117)

Dans le cadre de notre étude, le contexte dans lequel se produit l’interaction entre le malade d’Alzheimer, la bénévole et le chien, une salle de l’établissement médico-social est considéré comme l’environnement physique dans lequel le chien évolue, même s’il ne représente pas le milieu habituel du chien. Les partenaires de l’interaction, le MA et la bénévole représentent quant à eux le contexte social. Le chien est ainsi exposé à des stimuli olfactifs, visuels, tactiles, gustatifs et auditifs particuliers pendant les quelques minutes que dure l’interaction triadique et les comportements qu’il produit sont directement ou indirectement induits par ces stimulations. Afin d’appréhender les capacités communicationnelles du chien dans le contexte de la TAA, il est nécessaire d’exposer brièvement quelques caractéristiques des compétences sensorielles relatives à son espèce.

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L’équipement sensoriel et somesthésique des canidés a évolué phylogénétiquement afin de leur permettre une adaptation à leur environnement (Soproni, Miklósi, Topál, & Csányi, 2001). Néanmoins le processus de domestication a soustrait le chien de la sélection naturelle qui a poursuivi son travail de modelage de la structure physique et de l’organisation interne de leurs cousins, les canidés sauvages (Bradshaw, 1992). De fait, certaines structures physiques et leurs fonctions respectives ont pu perdre leur importance dans le contexte humain au sein duquel le chien moderne a évolué. La sélection artificielle opérée par les éleveurs a considérablement modifié le squelette du chien (par exemple, Leonberg et Yorkshire), mais le potentiel génétique est demeuré cependant semblable d’un point de vue quantitatif (Fogle, 1990).

Globalement trois catégories d’habilités sensorielles sont utilisées par le chien (Lindsay, 2000) et permettent de détecter la nature du stimulus, son intensité et sa localisation6. Premièrement l’extéroception qui correspond à la perception des stimuli de l’environnement extérieur qui sont captés par les récepteurs de la vision, de l’audition, du goût, de l’odorat et du toucher. La lumière, le son, la température, la pression atmosphérique et les molécules chimiques représentent les stimuli extéroceptifs. Deuxièmement, l’intéroception qui correspond à la perception de l’environnement interne de l’organisme ; les sensations musculaires ou les émotions sont ainsi captées par les récepteurs intéroceptifs. Enfin la proprioception représente la perception des parties du corps, de leur position et de leur mouvement dans l'espace ; elle s’effectue au moyen des propriocepteurs qui coordonnent les sensations kinesthésiques et les réflexes corporels. La compréhension de l’Umwelt du chien s’effectue notamment grâce à la connaissance des mécanismes de perception propres aux canidés.

1.4.1 La vision

La vision joue un rôle essentiel dans la communication inter et intra-spécifique du chien.

Teroni & Cattet (2000) soulignent l’importance de la vision, notamment dans la communication proximale du chien ; la perception visuelle des expressions faciales, comme le mouvement des babines ou de la gueule, la dilatation des pupilles, la posture des oreilles, représentent des signaux indicateurs de l’état interne ou émotionnel du conspécifique. Par ailleurs, la détection et le décodage de ces signaux permettent au chien d’adopter le

6 La détection de la direction se rapporte plus spécifiquement aux stimuli auditifs et olfactifs.

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comportement le plus adéquat pour sa survie et contribuent ainsi à réguler les interactions sociales au sein d’une meute ou dans tout autre contexte social. La vision représente également une fonction déterminante dans la communication entre humain et canidé ; selon Lindsay (2000) « much of the close social exchange that occurs between dogs and people depends on the visual recognition of subtle gestures and postural signals. This visual information provides a sensory foundation for socially significant communication and harmonious interaction » (p.128).

L’acuité visuelle

A courte distance, l’acuité visuelle7 du chien est moins performante que celle de l’être humain (Fogle, 1990; Lindsay, 2000). En se basant sur l’échelle des mesures de Snellen8 (ou fraction Snellen), le chien est apte à distinguer les détails d’un objet à une distance d’environ 6 mètres (m) alors qu’un être humain peut percevoir ces mêmes détails à une distance d’environ 23 m (Miller & Murphy, 1995). D’autres caractéristiques de l’acuité visuelle sont à relever, notamment des capacités d’accommodation plus limitée que chez l’humain et des anomalies visuelles comme la myopie9 et la presbytie10. Murphy, Zadnick & Mannis (1992) ont découvert que trois races , parmi onze races de chiens investiguées, ont une prédisposition à la myopie : les bergers allemand, les Rottweilers et les Schnauzers miniatures.

Vision nocturne, vision des couleurs et détection de mouvement

La vision nocturne du chien et dans des conditions de faible intensité lumineuse est remarquable ; elle s’effectue au moyen de bâtonnets et de cellules réfléchissantes, nommées tapetum lucidum, localisées derrière la rétine. Concernant la vision des couleurs, les chercheurs ont longtemps pensé que le chien n’était peu ou pas apte à discriminer les couleurs, comme le souligne Pavlov (Pavlov, 1927):

In the case of analysis of various colours the results obtained were quite different. Dr.

Orbeli in a first series of experiments was unable to detect any differentiation of colours on the part of his dogs. In a second series of experiments, however, positive results were obtained in one dog, but only with great difficulty, and even in this case the experiments were still open to criticism. The results obtained by other investigators, both Russian

7 L’acuité visuelle, ou limite de résolution spatiale, est la mesure du plus petit angle visuel qui permet de juste discriminer deux points ou deux barres. ("Grand dictionnaire de la psychologie", 1991, p.14)

8 L’acuité visuelle d’un humain sera dite « normale » (20/20), s’il et capable de lire la dernière ligne (lettres ou de l’échelle de Snellen à une distance de 20 pieds (soit environ 6 mètres).

9 Anomalie de la réfraction des milieux transparents de l’œil dans laquelle l’image se forme en avant de la rétine. ("Petit Larousse de la médecine", 1989, p.511)

10 Inaptitude à distinguer des objets rapprochés. ("Petit Larousse de la médecine", 1989, p.629)

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and foreign, lead to the conclusion that colour vision in dogs, if present, is only of a very rudimentary form, and that in most dogs it cannot be detected at all. (p.132-133)

Des études plus récentes ont montré que le chien11 a la capacité de percevoir et d’utiliser les couleurs de son environnement. A la différence de l’humain dont la vision des couleurs est trichromatique, le chien a une vision des couleurs dichromatiques (Jacobs, Deegan, Crognale,

& Fenwick, 1993; Neitz, Geist, & Jacobs, 1989). Les études de Miller & Murphy (1995) ont mis en évidence que les cellules rétiniennes du chien qui permettent de capter les couleurs (cônes12) sont capables d’absorber des longueurs d’onde comprises entre le violet-bleu (spectre compris entre 429 et 435 nanomètre [nm]) et le jaune (spectre d’environ 555 nm) ; chez l’être humain ce spectre est compris entre ~400 nm et ~700 nm. En outre, le chien n’est pas capable de discriminer entre l’orange, le rouge et le vert qu’il perçoit probablement comme des teintes de jaune ou de bleu. Toutefois il est capable de différencier avec exactitude des nuances de gris et de détecter des rayons lumineux à un seuil plus bas que ceux captés par l’humain. La question de la perception des couleurs par le chien est pertinente d’un point de vue adaptatif et de la survie. Neitz, Geist & Jacobs (1989) soulignent ainsi que « color vision for the dog is not simply a laboratory curiosity, but rather may provide a useful source of environmental information » (p.124).

Le chien est également très sensible à la détection des mouvements13 dans son champ de vision périphérique (Fogle, 1990; Miller & Murphy, 1995) et ceux produits à de grandes distances ; il peut ainsi repérer une main levée en mouvement jusqu’à 1.6 kilomètres (Messent, 1979). Dans une perspective évolutionniste, ces compétences ont permis aux canidés de pouvoir détecter et capturer des proies évoluant à sa périphérie et plus particulièrement celles qui sont éloignées.

Vision mono et binoculaire : le champ visuel du chien

Le chien et l’humain sont caractérisés par une vision monoculaire (périphérique) et binoculaire qui constitue le champ visuel. En tant qu’habilité visuelle, la vision binoculaire représente la capacité d'utiliser ses deux yeux alternativement ou simultanément de façon à ce que chaque image contribue à la perception finale. En outre, elle participe à plusieurs

11 Les capacités de perception des couleurs sont moins performantes chez le chien par rapport au chat.

12 Les cônes représentent des photorécepteurs contenant des pigments sensibles à des longueurs d’onde spécifiques.

13 Et plus spécifiquement, les mouvements rapides ou inattendus. Cette habilité est liée à un mécanisme physiologique nommé persistance rétinienne.

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fonctions notamment la vision stéréoscopique et la perception de la profondeur (relief). La vision monoculaire correspond à l’étendue de l’espace perçu par un seul œil ("Grand dictionnaire de la psychologie", 1991). La plupart des carnivores, y compris le chien, ont des yeux implantés sur le devant du crâne, afin de leur permettre une vision plus précise et un champ de vision binoculaire plus large (Lindsay, 2000). Par contre, les yeux de leurs proies sont habituellement situés sur la partie la plus latérale du crâne, ce qui leur permet de scanner une vaste partie de l’environnement de façon à repérer un éventuel danger. La disposition des yeux sur le côté du crâne représente ainsi un avantage en terme de vision panoramique, puisque chez le chien elle s’étend jusqu’à environ 250 à 270 degrés (Blackshaw, 1986), à la différence de l’humain qui ne peut étendre son champ de vision au-delà de 180 (Figure 1).

Etant donné que l’anatomie du crâne et de la position des lobes oculaires diffèrent d’une race de chien à l’autre, la vision périphérique est par conséquent variable (Bradshaw, 1992). Les races de chien caractérisées par un museau aplati et les yeux placés latéralement (races brachycéphales,), par exemple, le Pékinois ou le Bulldog anglais, ont une vision périphérique moins performante que les races ayant de long museaux et des yeux placés de manière plus frontale (races mésocéphales), comme le Berger allemand ou le Doberman (Murphy &

Pollock, 1993 cités par Miller, 2001). Quant à la perception de la profondeur, qui représente une des fonctions de la vision binoculaire, elle varie considérablement d’une race de chien à l’autre et s’étend en moyenne de 30° à 60° (Miller & Murphy, 1995) contre 130° environ chez l’humain.

Figure 2: Schématisation de la zone monoculaire ou champ de vision latérale (dessinée en gris clair) et de la zone binoculaire (dessinée en gris foncé) chez un chien de race mésocéphalique (museau allongé), de race brachycéphalique (museau aplati) et chez un humain (dessin tiré de Fogle, 1990, p. 34). La vision binoculaire est plus performante chez l’être humain, mais sa vision périphérique est nettement moins performante par rapport aux chiens.

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Les recherches effectuées sur les capacités visuelles du canidé sont toujours en voie de développement et un certain nombre de scientifiques, dont les auteurs mentionnés plus haut, soulignent la complexité de ce domaine de recherche. Néanmoins, nous pouvons indiquer que la capacité à détecter la lumière et les mouvements, ainsi que l’acquisition d’un champ de vision périphérique relativement large représentent les aspects fondamentaux de la perception visuelle du chien.

1.4.2 L’audition : sensibilité auditive et localisation

De manière générale, les capacités auditives du chien sont plus performantes que celles des humains. Plusieurs aspects sont à considérer dans l’analyse des habilités à percevoir un signal acoustique comme la sensibilité auditive ou encore la localisation du son. Le son, perturbation mécanique qui se propage dans un milieu élastique, est capté par des organes sensoriels spécifiques14, notamment les cellules de Corti qui sont reliés au nerf optique ; ces cellules sensorielles ciliées sont bien plus nombreuses chez le chien que chez l’être humain et de fait induit cette différenciation des capacités auditives. Selon Heffner (1983) l’étendue des niveaux sonores perçue par le chien se situe à une fréquence limite d’environ (~) 47'000 cycles par seconde (cps) ou Herz (Hz), alors que d’autres auteurs situent même cette limite à 65'000 cps (notamment Houpt, 1991, cité in Lindsay, 2000). Les capacités acoustiques de l’humain ont tout de même un certain degré de sensibilité ; le jeune adulte détecte les fréquences d’une étendue de 16 à ~20'000 cps, mais cette capacité diminue avec le vieillissement, de même en ce qui concerne le chien. Par comparaison, d’autres espèces comme le chat (Felis catus) captent les fréquences supérieures jusqu’à ~45'000 cps, la chauve-souris (Chiroptera) jusqu’à ~98'000 cps et le dauphin (Delphinus delphis) jusqu’à 130'000 cps (Fogle, 1990). En outre et à la différence de l’humain, le chien a la capacité de détecter des sons dont la fréquence est inférieure à 16 cps15 (infrasons) (Teroni & Cattet, 2000). Les chiens sont ainsi capables de détecter les ultrasons (fréquence supérieure à 20'000 cps) non perceptibles par l’humain, et les infrasons, mais il est également apte à distinguer des sons qui paraissent similaires pour l’ouïe humaine.

14 Pour une description détaillé de la physiologie de l’audition chez le chien se référer à Lindsay (2000).

15 Fréquence qui correspond à la note la plus basse d’un orgue ; à noter que la fréquence de la voix humaine se situe dans une fourchette comprise en 100 et 35'000 cps (Westen, 2000).

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Localisation des sons

Contrairement à l’humain, le chien est doté d’une capacité supérieure de détection de l’origine spatiale du son, même lorsque ce dernier est issu d’une source distante16. La localisation de la source du son dépend des osselets, organes de l’oreille moyenne qui transforment17 un signal mécanique (son) en un signal électrique (influx nerveux). Des algorithmes complexes sont ensuite effectués par des structures cérébrales spécifiques, dont le volume est supérieur à celles des humains ; ces réseaux de neurones dépendent de la capacité du chien à enregistrer les différences temporelles entre les sons parvenant à chacune de ses oreilles (Lindsay, 2000) et de pallier ainsi à l’asymétrie de la position des oreilles. Cette aptitude de localisation du son se met en place précocement dans le développement ontogénétique du chien. Ashmead, Clifton & Reese (1986) ont montré que des chiots âgés de 16 jours ont déjà la capacité de localiser l’origine d’un son de conspécifique diffusé par haut-parleur. A noter la possibilité pour le chien de n’utiliser qu’une oreille afin de localiser l’origine du son et un potentiel maximal de détection des vibrations sonores lorsque les deux oreilles sont actives.

Les recherches présentées dans les paragraphes précédents ont mis en évidences les capacités remarquables du chien à détecter les vibrations sonores ; cependant il ne faut pas négliger les contextes social et environnemental dans lequel se produisent ces stimulations, puisqu’ils déterminent les réponses quantitatives et qualitatives du chien.

1.4.3 L’olfaction

L’olfaction, comme le goût, appartiennent à la catégorie des sens chimiques, c’est-à-dire qu’ils captent des molécules chimiques qui se fixent sur des cellules sensorielles spécifiques.

Le chien perçoit les odeurs en reniflant et par courtes aspirations l’air passe par les narines alors que la gueule reste fermée (Neuhaus, 1981). Ce procédé permet d’augmenter la concentration des molécules olfactives qui seraient plus diffuses si elles étaient mélangées avec d’autres molécules présentes dans l’air. En outre, le comportement de reniflement améliore les capacités de sensibilité olfactive y compris chez l’être humain (Laing, 1983).

Lorsque le chien renifle une portion de l’air, les molécules chimiques sont dirigées vers les parties postérieures (profondes) des cavités nasales et se déposent sur la muqueuse épithéliale18 constituée de cellules réceptrices sensorielles. L’ensemble de ces éléments

16 Selon Mech (1991), le loup (Canis lupus) est capable de détecter les hurlements de conspécifiques se situant à plus de 10 kilomètres.

17 Ce processus est appelé transduction.

18 La muqueuse épithéliale est composée de nombreuses circonvolutions ou replis qui ont pour fonction d’augmenter la surface de contact entre les molécules chimiques et les cellules olfactives.

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