• Aucun résultat trouvé

Les malades d’Alzheimer (MA) souffrent de troubles du langage verbal (par exemple, aphasie, mutisme, itérations phonémiques) et non verbal (par exemple, apraxies, agnosies).

Ces troubles importants affectent le MA de telle manière que les proches et les soignants ont l’impression qu’il ne communique plus. Le MA est ainsi perçu en fonction des déficits de sa communication ce qui engendre de la part de son environnement humain un éloignement physique et affectif qui s’accroît au fur et à mesure de l’évolution de la démence. Cette manière d’appréhender le MA est également renforcée par l’approche psychiatrique qui tend à réduire l’individu aux symptômes dont il souffre. Mais une autre façon d’aborder les troubles de la communication a été apportée par Tinbergen et Tinbergen (1972). Cette perspective éthologique est devenue, de par son modèle théorique et son application thérapeutique, le paradigme de l’autisme infantile. Alors que la psychiatrie traditionnelle envisageait le syndrome de l’autisme (description de Kanner) par le biais des déficits communicationnels et intellectuels, le point de vue éthologique de Tinbergen et Tinbergen a permis de considérer l’enfant autistique en fonction de ce qu’il est capable d’effectuer et de sa manière d’entrer en communication avec son environnement. De même, le MA peut être reconsidéré en fonction des capacités communicationnelles encore présentes et cela malgré ses atteintes cognitives et

non cognitives. A partir de leurs impressions cliniques, des auteurs se sont positionnés en soutenant l’hypothèse du maintien de la CNV (ou une partie de celle-ci) et qui serait présente jusque dans les derniers stades de la maladie. Derouesné (1994) affirme que « la communication non verbale, par les gestes, la mimique est en revanche peu modifiée ce qui permet la persistance d’une communication affective avec les proches, même à un stade avancé de la maladie » (p. 62).

Lawton (1983 ; 1994), pionnier dans le domaine de l’étude des émotions et de la communication non verbale chez les personnes âgées et souffrant de démence, a créé une échelle d’évaluation du flux comportemental et des états affectifs chez les personnes souffrant de démence (1999). Outre l’évaluation des affects positifs et négatifs, cette échelle permet également d’être corrélée avec la qualité de vie des personnes atteintes de troubles cognitifs.

A partir d’une réflexion sur la prise en charge de la démence issue de sa pratique, Alla (1987) souligne que la CNV représente un outil de communication permettant de comprendre les personnes qui ont des troubles du langage conséquents. L’auteur constate que les besoins affectifs des personnes démentifiées sont intacts, malgré le fait que leurs compétences pour les exprimer soient partiellement ou totalement annulées. A partir d’une approche socio-linguistique, Hamilton Ehernberger (1994) a analysé l’évolution des productions verbales et accessoirement non verbales d’une MA sur une période de cinq ans. Cette étude de cas effectuée en milieu naturel, a mis en évidence qu’au dernier stade de la démence, la MA a maintenu le contact grâce à des actions et des vocalises qu’elle exprimait au cours de l’interaction. En corroboration à d’autres études, l’auteur indique que le MA est sensible aux aspects paralinguistiques de la communication tels la vitesse, la hauteur du son, le volume et l’intonation, surtout s’ils véhiculent des émotions et des affects. Le maintien de la CNV jusqu’au dernier stade de la maladie d’Alzheimer ne représente à ce jour qu’une hypothèse qui pourrait être confirmée si les mécanismes neuronaux sous-jacents aux systèmes de communication verbale et non verbale pouvaient être considérés comme indépendants. Un débat met en jeu deux approches théoriques divergentes concernant les processus sous-jacents à la communication verbale et non verbale ; la première tente de démontrer l’existence d’une association entre les systèmes de contrôle de la production verbale et non verbale (McNeill, 1987, 2005). La deuxième suggère au contraire la distinction entre ces deux systèmes de communication (Feyereisen, 1987, 1993; Feyereisen & de Lannoy, 1991). Selon Feyereisen et de Lannoy (1991), la CNV pourrait être une forme de compensation aux déficits de la communication verbale.

Au-delà des considérations théoriques issues de l’approche cognitive de Feyereisen (1987 ; 1993) et McNeill (1987 ; 2005), des recherches se sont centrées sur les aspects morphologiques et fonctionnels de la CNV des MA, des malades de type Alzheimer et des malades de Pick. A partir d’une perspective éthologique, de Lannoy, Cedraschi & Roessli (1989) ont relevé les comportements non verbaux des malades, afin de les associer avec leur diagnostic et de savoir s’ils pouvaient offrir une source d’information sur ceux-ci. Les auteurs se sont surtout centrés sur les comportements qui ont subi un processus de ritualisation ontogénétique, c’est-à-dire qu’ils ont été détournés de leur fonction première pour acquérir une fonction de communication au cours de l’ontogenèse. De Lannoy et al. émettent l’hypothèse que chez les malades âgés qui ne communiquent presque plus verbalement « […]

des modes de communication gestuelle dont l’élaboration a été lente et prolongée vont persister : gestes et mouvements qui sont l’aboutissement d’un processus de ritualisation ontogénétique » (p.138). Ainsi les gestes d’auto-contacts sont à considérer comme des gestes qui ont une valeur communicative, en l’occurrence ils signaleraient l’état interne du sujet (motivation, attention, fluctuation du niveau d’activation). Renforçant ce point de vue, Massaia et al. (2001) suggèrent que l’ensemble des symptômes comportementaux chez les MA, dont les gestes d’auto-contacts sont influencés par des facteurs psychologiques et environnementaux.

Néanmoins, les hypothèses soulignant l’influence des états internes et des stimuli externes sur les mouvements anormaux ne soustraient pas la perspective neurobiologique invoquée notamment par Levy, Cummings et Kahn-Rose (1999) qui associent ces mouvements stéréotypiques à des déficits neurochimiques et neurologiques. Bathgate, Snowden, Varma, Balckshaw et Neary (2001) indiquent trois domaines qui permettent de discriminer la démence du type frontale (FTD) par rapport à la démence d’Alzheimer et la démence cérébro-vasculaire : les affects, les comportements oraux, ainsi que les comportements ritualisés et stéréotypés. En effet, les personnes souffrant de FDT ont une capacité réduite d’exprimer des émotions primaires et manifestent une plus grande fréquence de comportements moteurs répétitifs. De même et à partir d’une approche neuropsychologique effectuée sur la base d’échelles et de tests cognitifs et non cognitifs, Nyastanza et al. (2003) montrent que les comportements ritualisés et stéréotypés sont plus fréquents chez les personnes atteintes de démence sémantique et d’allure fronto-temporale à variante frontale (fvFTD) par rapport à la démence d’Alzheimer. Toutefois, la sévérité des stéréotypies n’est pas corrélée avec la sévérité de la démence chez les patients fvFTD.

Sur la base d’observations cliniques, Richard, Contandinis et Bouras (1988) indiquent que des stéréotypies bucco-linguo-facial apparaisssent en tant que concomitants neurologiques : l’ouverture de la bouche, la protrusion de la langue et des lèvres, les mouvements de mastication du maxillaire inférieure ou encore le clapotis buccal.

A partir de l’analyse de la CNV des malades démentifiés, de Lannoy, Cedraschi et Roessli (1989) ont également pu distinguer différents sous-groupes de sujets, alors qu’ils ont été regroupés dans une même catégorie diagnostique. Ces résultats indiquent une hétérogénéité comportementale qui rejoint l’idée d’une hétérogénéité cognitive, neuropathologique et génétique au sein de la population des MA (par exemple, Cummings, 2000; Khachaturian, 1992) dont la base neurobiologique n’a pas encore été démontrée. L’étude de de Lannoy et Seguinot (1996) effectuée sur le même type de population soutient en outre l’idée d’une distinction entre les mouvements de la main gauche et de la main droite ; alors que les mouvements de la main droite auraient une fonction de communication, ceux de la main gauche privilégiant les auto-contacts seraient liés à l’état interne et émotionnel du malade. Les auteurs concluent en indiquant que la CNV pourrait jouer un rôle de régulation au sein des interactions sociales.

Dans son étude sur la reconnaissance sociale chez les malades atteints de démence du type Alzheimer, Feyereisen (1994) s’est basé sur des items de communication verbale et non verbale afin d’y découvrir les indices impliqués dans les effets de familiarité au sein d’interactions interindividuelles. Le prélèvement des données a été effectué à partir de deux situations de conversation libre, l’une avec une personne familière et l’autre avec un étranger.

Plusieurs comportements verbaux et non verbaux ont été mesurés, notamment le discours, l’orientation de la tête (indicateur du regard) et les gestes d’auto-contacts. Les résultats de cette étude indiquent que les malades et les sujets contrôles ont tendance à parler plus longtemps avec une personne étrangère par rapport à la personne familière. Concernant la durée d’orientation de la tête, les sujets contrôle ont orienté la tête vers leur interlocuteur lorsqu’ils écoutaient plutôt que lorsqu’ils parlaient, alors que les sujets atteints de démence ont autant orienté la tête vers leur interlocuteur dans les deux cas. Etant donné que la direction du regard (matérialisé par l’orientation de la tête) est un signal qui revêt différentes fonctions au sein de l’interaction sociale, comme la récolte de données visuelles, la régulation des tours de parole ou encore l’attention individuelle, le résultat concernant les sujets déments n’a pu trouver une interprétation définitive.

Plus rares sont les études sur les expressions faciales des personnes souffrant de démences.

Quelques recherches montrent que leurs expressions faciales sont dispersées et peu claires (Asplund, Norberg, Adolfsson, & Waxman, 1991; Sulkava, 1982) et le contact visuel peu fréquent (Obler & Albert, 1981). A partir d’un échantillon de quatre sujets, l’étude de Asplund, Norberg, Adolfsson de Waxman (1991) compare deux méthodes de codage et d’analyse des expressions faciales : le Facial Action Coding System ([FACS], Ekman &

Friesen, 1978) et la méthode de l’évaluation naturaliste non structurée ([UNM], Jansson, Norberg, Sandman, Asplund, & Athlin, 1993). Les résultats indiquent que la l’UNM permet d’identifier des émotions spécifiques que le FACS ne peut mettre en évidence étant donné que les personnes démentifiées expriment des expressions faciales relativement ambiguës. Outre ces considérations méthodologiques, cette recherche montre que les unités d’action30 (AU) les plus fréquemment codées sont les mouvements des lèvres (AU 25), les mouvements des mâchoires (AU 26) et le clignement des paupières (AU 45). Plus récente, l’étude de Re (2003) analyse les expressions faciales de neuf personnes sévèrement atteintes de démence au moyen de la méthode FACS. Contrairement aux études mentionnées en amont, les résultats montrent que les personnes démentifiées expriment des expressions faciales complexes, ainsi que des patterns idiosyncrasiques concernant ces mêmes mimiques faciales. Re mentionne néanmoins que le FACS ne permet pas de coder des mimiques fréquentes et répétitives effectuées par la zone orale telles que le mâchonnement, le claquement de la langue ou de la joue et le sucement des lèvres.

Force est de constater que peu d’études se sont centrées sur la CNV chez les MA. D’un point de vue heuristique, la CNV peut représenter un objet d’étude en tant que tel ou être utilisée comme indicateur, notamment en vue de mesurer la possible dissociation entre les langages verbal et non verbal. D’un point de vue clinique, cette forme de communication pourrait représenter un outil d’évaluation de la capacité d’adaptation du MA à son environnement. Sur le plan relationnel, la CNV représente bien souvent pour ces malades le seul moyen de communication avec leur environnement ; nous pensons qu’une sensibilisation des proches et des soignants aux comportements des MA et à leur modification serait bénéfique à leur socialisation et au prolongement de leur fonctionnement cognitif.

30 Le système de codage FACS et ses unités d’action sont expliqués plus en détails dans le paragraphe sur le sourire et le rire.

4. METHODES DANALYSE DE LA COMMUNICATION NON VERBALE

L’étude de la communication non verbale (CNV) confronte le chercheur à des difficultés telles que nous ne pouvions en faire l’économie dans ce chapitre. L’étude de la CNV soulève un certain nombre de problèmes conceptuels et théoriques qui rendent son étude complexe.

De manière générale, les difficultés portent sur trois caractéristiques qui sont par ailleurs intimement liées ; premièrement la définition même de la CNV, deuxièmement son objet d’étude et troisièmement les méthodes qui sont appliquées. La définition de la CNV n’est pas établie de manière définitive et exhaustive, ce qui contraint les auteurs à spécifier d’emblée les caractéristiques et les limites des catégories non verbales dont ils font usage dans leurs études. Plusieurs tentatives ont été réalisées dans le but de créer un répertoire unique et exhaustif des comportements chez l’homo sapiens, et plus spécifiquement chez les enfants d’âge préscolaire (McGrew, 1972). Ces tentatives ont échoué, notamment en raison des critères de définitions des comportements qui peuvent tout autant porter sur l’aspect fonctionnel que morphologique du mouvement. En outre, l’organisation hiérarchique des comportements implique une segmentation du mouvement sur différents niveaux. En ce qui concerne la notion plus spécifique de « gestuelle », Feyereisen et de Lannoy (1991) constatent que deux définitions peuvent être envisagées : au sens étroit, la gestuelle se rapporte uniquement aux gestes symboliques des mains. A l’autre extrême sont englobés sous cette notion, tous les comportements non verbaux qui sont en contingence ou qui accompagnent le langage verbal. Corraze (2001) remet même en question l’unicité de la CNV et affirme qu’il existe non pas une mais des communications non verbales qui sont étendues à diverses disciplines telles, l’anthropologie, l’éthologie et la psychologie des affects et elles peuvent être appliquées aussi bien à un niveau cellulaire qu’à celui plus macroscopique du langage humain. Selon Corraze :

Les communications non verbales ne se limitent pas au langage verbal et non verbal, elles usent de différents canaux sensoriels, comme autant de moyen qu’elles organisent. Les médias chimiques, les récepteurs cutanés ou encore la vision et les expressions faciales qui dans une perspective évolutionniste s’est épanoui chez les primates. (p. 10)

Plus axés sur des problèmes épistémologiques liés aux relations entre la CNV et verbale, Cosnier et Brossard (1984) mettent en évidence les problèmes suscités par les aspects plurimodaux et multifonctionels de la CNV. Deux individus qui interagissent émettent et reçoivent « […] un énoncé total, hétérogène, résultant de la combinaison généralement

synergique de plusieurs éléments » (p.5) : voco-acoustiques, visuels, olfactifs tactiles et thermiques. Ces auteurs évoquent également les difficultés liées aux données, plus spécifiquement à leur prélèvement, à leur description et à leur traitement.

En ce qui concerne le choix de l’objet d’étude, Scherer et Ekman (1982) indiquent que les recherches sur la CNV peuvent être classées en deux grandes catégories et cela en fonction de leur centre d’intérêt : l’individu ou l’interaction interindividuelle. A ces deux orientations de recherche s’ajoute celle du choix de la méthode. Au-delà du débat de l’inné et de l’acquis, le choix de l’objet d’étude est souvent le reflet de l’appartenance à une tradition philosophique et scientifique du chercheur. Bien que le psychologue se focalise en général sur les comportements individuels et utilise des données quantitatives et la méthode expérimentale, cette orientation méthodologique n’est en aucun cas péremptoire, ni dogmatique. Nombre de recherches qui tentent de mettre à jour l’organisation des patterns comportementaux au sein des interactions interindividuelles utilisent des méthodes empiriques (par exemple, Duncan &

Fiske, 1977; Fivaz-Depeursinge & Corboz-Warnery, 2002; Kendon, 1977; Scheflen, 1966).

Ainsi Scherer et Ekman soulignent:

Just as there is no logical necessity for choosing a particular method given a particular focus of research interest, there is no logical necessity for keeping these two focuses of research [experimental and qualitative] apart or, worse, for considering them as antithetical. Clearly, both are legitimate and important, and it is hardly possible to make a reasonable judgment about the greater urgency or validity of either of them. (p. 8)

Depuis plus d’un siècle, les recherches sur l’expression des comportements individuels et sociaux (Darwin, 1872/1998) et sur les interactions sociales (Duncan & Fiske, 1977;

Goffman, 1973) ont contribué à l’élaboration des méthodologies qui ont permis de mettre à jour et d’analyser les processus comportementaux qui se manifestent lorsque deux ou plusieurs individus interagissent. Plus spécifiquement, l’analyse des interactions en face à face a favorisé le développement de méthodes qualitatives peu élaborées au départ, mais qui ont évolué au fur et à mesure des recherches et de leurs objectifs. Pionnier de l’analyse rigoureuse et détaillée des comportements non verbaux au sein de l’interaction, Birdwhistell (1952) a appliqué les méthodes et les règles de linguistique structurale à l’étude des mouvements corporels nommée « kinésique ». Selon cet auteur, le comportement non verbal est organisé sous la forme de patterns qui contiennent des items de comportement récurrents.

Ces derniers se produisent au sein de configurations construites à partir de règles qui seraient

similaires à celles qui régissent la morphologie et la syntaxe de la langue. Birdwhistell a eu une influence majeure sur l’étude de la CNV et cela malgré les faiblesses théoriques de son système, notamment l’étude distincte du langage verbal et non verbal et l’analyse des comportements de l’individu isolément. Deux points fondamentaux peuvent être relevés, d’une part l’idée paradigmatique que les unités non verbales utilisées par les individus appartiennent à un répertoire de patterns comportementaux communs à une même culture (déjà révélée par Efron, 1942/1972) et d’autre part que l’étude du comportement non verbal peut être libérée d’une approche strictement psychologique.

Condon et Ogston (1967) ont tenté de dépasser les difficultés liées au modèle de Birdwhistell.

Ces auteurs considèrent que l’analyse du comportement a pour objectif principal de découvrir les unités de comportements, leur organisation et leur validation empirique. Dans leur étude sur la segmentation du comportement, ils se sont basés sur l’approche « search-check » utilisée en linguistique (Stetson, 1951, cité par Condon & Ogston, 1967) et qui comprend notamment des procédures de segmentation phonétique du flux langagier en unités minimales.

Condon & Ogston ont entrepris de découvrir la structure linguistico-kinésique des comportements et leur interrelations au sein d’interactions sociales filmées (psychothérapie, discussion libre). A partir de la microanalyse, c’est-à-dire du prélèvement image par image des unités du comportement verbal et non verbal des participants, Condon et Ogston ont montré l’existence d’un isomorphisme synchronique entre le langage verbal et les comportements corporels. Cette synchronie entre le langage verbal et non verbal est présente au niveau individuel, mais également entre les individus en interaction. Selon Duncan et Fiske (1977), les interactions sont gouvernées par des règles qui engendrent les régularités (patterns) observées dans les comportements des participants. Ces auteurs soulignent que la compréhension de l’interaction en face à face représente la composante principale de l’étude et de la conceptualisation des conduites sociales humaines. Afin de comprendre cet événement social, deux caractéristiques doivent être prises en compte : la structure et l’individu qui agit au sein de celle-ci. Duncan souligne que la force centrale de ce type d’étude réside dans la description détaillée et précise de l’interaction. D’un point de vue méthodologique, Duncan et Fiske constatent que

[…] research on face to face interaction would be best served by exploratory studies based on careful, wide-ranging observation of behavior and subsequent analysis. In time it may be possible to develop, through sound exploratory findings, fruitful hypotheses for experimental studies. (p.30)

Deux chercheurs en particulier, d’abord Scheflen (1966) puis Kendon (1982), ont décrit avec précision les étapes qui permettent d’identifier l’organisation structurale des patterns de comportements. Cette méthode d’analyse des comportements et de leur structure au sein des interactions sociales est nommée analyse structurale. L’analyse structurale représente une synthèse de concepts issus de différentes disciplines, l’anthropologie, la linguistique structurale, la kinésique, la théorie de l’information, la psychiatrie et l’éthologie. Cette approche est utilisée dans le cadre de notre étude et par conséquent les principales caractéristiques qui la constituent sont présentées par la suite en lien avec l’approche éthologique.

4.1 L’analyse structurale

4.1 L’analyse structurale