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Sur l’origine des radiations émises par le ciel nocturne
dans l’intervalle spectral 5 000-8 000 Å
Jean Cabannes
To cite this version:
SUR L’ORIGINE DES RADIATIONS
ÉMISES
PAR LE CIEL NOCTURNE DANS L’INTERVALLE SPECTRAL 5 000-8 000 ÅPar JEAN CABANNES.
(Faculté
des Sciences deMontpellier).
Sommaire. 2014Ce travail fait partie d’une série de recherches sur la composition spectrale de la lumière du ciel nocturne entreprises à Lyon, à Montpellier et au Pic du Midi avec la collaboration de MM. Dufay, Garrigue et Gauzit. J’analyse ici la partie la moins réfrangible du spectre, de 5 000 à 8 000 Å. On y trouve un spectre discontinu d’origine atmosphérique, identique à celui des aurores boréales avec
prédominance des radiations 5 577 et 6 314 Å, communément appelées raies verte et rouge des aurores.
En dehors de la raie 5 577 attribuée à l’atome O I, ce spectre paraît essentiellement constitué par le
premier système positif de l’azote, les bandes telluriques de l’oxygène et le spectre de vibration de la molécule H2O. J’explique théoriquement les principales particularités de ce spectre.
!. Introduction. - Dans une
note (~) communiquée
le 11
juin
dernier à l’Académie desSciences,
j’ai déjà
publié
la liste des radiations quej’ai
pu observer dans la lumière du ciel nocturne entre 5 000 et 8 00 À et donnéquelques
indications sur leurorigine probable.
Le ~lecteur trouvera ici un
exposé
plus complet
de cesobservations et une étude
critique
des résultatsqu’on
peut
en tirer.Depuis longtemps déjà,
la radiation delongueur
d’onde 5577 1, communément
appelée
raie verte desaurores
polaires
ouplus
simplement
encore raie del’aurore,
a été retrouvée etsystématiquement
étudiée dans la lumière du ciel nocturne. Lespremières
obser-vations de cette raie datent de(180~)
et elles ont été continuéesplus
tard parCampbell,
LordRay-leigh, Slipher,
Babcock,
Mie Lennan etGarrigue.
En1929,
Slipher (3)
annonça deFlagstall
la décou-verte de nouveaux groupes de radiations dans lesré-gions
orangée
et rouge duspectre,
jusqu’alors
inexplo-rées ;
il mesura leslongueurs
d’onde desplus
intenses d’entr’elleset leur attribua un~e
origine
atmosphérique.
Dufay (,)
retrouva à
Lyon,
en1932,
les radiations à 892 et 6 315Âet découvrit deux nouvelles raies vertes en 5316 et 5 662 À. Mais la
précision
de toutes ces mesures étaitinsuffisante pour
permettre
l’identilication ,des raies oubandes observées.
Les résultats les
plus importants j
jusqu’ici
sont veuxde Sommer
(~) qui
obtint au montWilson,
ensep-tembre
i929,
deuxphotographias
surlesquelles
ilput
mesurer 33 raies entre 512#a.) et 7 28O Á. Une
vi-ngtaiiwe
d’entre P-IIes sont t dOOlnoos comme certaines . L’intervallespectral
5 2G5-7 ~80 occupe unelongueurs
de4,9
mm surles clichés de Sommer et les raies y sont
pointées
à>1 y
près,
cequi correspondrait
à uneprécision
d-e 11envi-ron dans la mesure des
longueurs
d’onde. Enréalité,
l’erreur,
dans ces mesures, neparaît
pasdépasser
unassez
petit
nombred’angstrôms,
cequi
est excellent. 2. Nouvelles observations. - Il est bien évident que les deux seuls clichés de Sommer étaient insuffi-sants pourpermettre
une conclusion définitive surl’origine
des radiations émises. J’ai doncrepris
cesrecherches avec un nouveau
spectrographe que
J.Coj an ,
Directeurtechnique
de la Sociétégénérale
d’Optique
àParis,
a bien voulu construire à ma demande pourl’étude du ciel nocturne. Ce
spectrographe
estplus
lumineux,
mais un peu moinsdispersif
que celui deSommer;
l’étenduespectrale précédemment
envisagée.
occupe sur les clichés4,6
mm au lieu de4,9
mm.L’ap-pareil
adéjà
été brièvement décrit parDufay
et moi dans une note à 1"Académie des Sciences(6) ;
plus
ré-celnment,
à l’une des réunions de l’Institutd’Optique
deCojan, après
une étudecritique
desspec-trographes à grande
luminositédéjà
construits enAn-gleterre
et enAmérique,
a montré comment il était arrivé à la solution actuelle duproblème.
Je reviendrai moi-mêmeplus longuement
dans un article ultérieursur la
description
de monspectrographe,
sesqualités
optiques
et les servicesqu’il
m’adéjà
rendus. Je ne yeuxindiquer
dans cet article que lespoints
essentiels. Cespectrographe
est caractérisé non seulement parla
grande
ouverture relative(/?jO,7),
maïs encore parles
grandes
dimensions(F =
80mm)
del’objectif
de chambre. Un seulprisme
de 60° en flint extradense(~=i, 6 803,~== 3~, I )
donne dans ces conditionsune
dispersion
suffisante et l’on évite dans unecer-taine mesure la courbure du
champ
del’image
que feraitapparaître
uneaugmentation
de ladispersion
Naturellement,
les dimensions duprisme
sontgrandes (ld5
mm de hauteur’et 205 mm debase),
mais la naison Parra-Mantois fournit actuellementsans difficulté de grosses
pièces
de verre Dienhomo-gène.
Etant donné sesgrandes dimensions,
l’objectif
de chambre doit être
particulièrement
bienooi’rigé :
en40.
effet,
les aberrations zonales résiduelles sont propor-tionnelles à la distance focale et iln’y
aurait évidem-ment aucun intérêt àaugmenter
la distance focale si l’on diminuait en mêmetemps
la netteté del’image ;
la netteté doit être aussi bonnequ’avec
unobjectif
de distance focaleplus
courte. Pour la radiation 6 500 À, l’aberration zonalerésiduelle,
calculée parCojan,
nedépasse
pas1,’800
de la distancefocale,
cequi
donne,
pour
l’image
d’une fente infiniment fine éclairée par unelumière
rigoureusement
monochromatique,
unelargeur
totale de X
1/800 == j /7
mm. Enréalité,
le pou-voir derésolution,
limité dans cespectrographe
parles aberrations de
l’objectif,
est environcinq
foisplus
grand (on
peut séparer
deux raies distantes sur le cli-ché de oui/40
demm) ;
on en conclut que lesrayons
marginaux
n’interviennent pas dans l’éclaire-ment del’image,
ou encore quel’objectif
travaille enréalité avec une ouverture un inférieure à
L’appareil
a été étalonné avec lesspectres
du fer et du néon. Lalongueur
d’onde ’).(en
angÇtrüms)
d’une raite de l’intervalle 5000 8000 À est donnée en fonction Ide sa distance n(en millimètres)
à la raie du néon5 853 À par la formule
Cette formule donne immédiatement la distance de ~a raie de l’aurore 5 577 à la raie 5853. Dès
lors,
pour ’la détermination des radiations du cielnocturne,
il n’estplus
nécessaire de superposerchaque
fois unspectre
decomparaison
auspectre
à étudier : il suffit de mesurer les distances dechaque
nouvelle raie duciel à la raie de l’aurore pour avoir leurs
longueurs
d’onde.
Les
pointés
ont étéfaits,
soit directement sur le -cliché avec uncomparateur Beaudoin,
soitaprès
enre-gistrement
aumicrophotomètre
Zeiss. Surl’enregistre-ment, les distances des raies sont
multipliées
parvingt,
mais elles nepeuvent
être déterminéesqu’à
undixième de millimètre
près :
laprécision
des mesuresfaites sur
l’enregistrement paraît
donc un peu moinsbonne que celle des mesures directes sur le
cliché,
où l’on arrive àpointer
une raie à un ou deux micronsprès.
Mais surl’enregistrement
apparaissent
des détails que ne donne pas l’étude directe du cliché aumicros-cope et l’on sait mieux ce que l’on
pointe.
En outre, il est bon depouvoir
comparer d’un coup d’oeil les diffé-rentsspectres
obtenus au cours de différentes nuits,pour
justifier,
parexemple,
l’existence d’une raiedou-teuse,
et cettecomparaison
exige
desenregistrements
trèsamplifiés.
Endéfinitive,
sur 70 raies observées et mesurés de 50i5 et 8330Á,
je
n’en ai obtenu que 25au
comparateur;
cesont,
il estvrai,
lesplus
impor-tantes et les
plus
sûres.A
partir
de la formule donnéeplus
haut,
en admet-tant que laprécision
despointés
et lalargeur
occupée
parchaque
raie restent constantes dans tout lespectre,
il est facile de
calculer,
pourchaque région
duspectre,
l’erreur commise dans la mesure des
longueurs
d’ondeet le
plus
petit
intervallespectral
résoluble. On trouve que l’incertitude des mesures passe dequelques
angs- , /trôms à
quelques
dizainesd’angstrôms
du vert à l’infra-rouge.Quant
aupouvoir
derésolution,
il varie dans lemême intervalle due 5 à 40 À environ.
Telles sont les conditions dans
lesquelles
j’ai
pris
cinq
clichés. Lepremier
(P. 15)
a été obtenu au Pic duMidi,
en collaboration avecDufay,
surplaque
crypta
Guilleminot,
en 16 h. 55 m., du 17 au 20 août 1933.On sait que les
plaques crypta
sont sensibles auxradiations du
proche
infrarouge jusque
vers 9 000 A :la
plus grande longueur
d’onde mesurée sur le cliché P. 15 est 8 330 À. Cesplaques
sont d’ailleurs caracté-risées par trois maxima de sensibilitévers 4500,
5 550 et 7 500
3+,
avec une énorme diminution de la sensibilité de 5 900 à 62uO :j’ai cependant
obtenu surle cliché P. f 5 les
principales
radiations rouges émises par le ciel dans l’intervalle de faiblesensibilité,
cequi
montre combien ces radiations sont intenses. Les autres poses ont été faites àMontpellier
surplaques
hypersensitives
Ilford,
sensibles auvert,
aujaune
et au rouge. En voici l’énumération :durée de pose : -.
Toutes ces
photographies
ont étéprises
par très beautemps.
C’est le cliché ~1.52qui
a fourni lemeilleur
spectre.
Etant donné que
l’objectif photographique
à causede ses aberrations
donne,
d’une fente infinimentfine,
une tache de diffraction de
largeur finie,
onaugmente
l’intensité lumineuse en
chaque
point
de cette tache enprenant
une fente relativementlarge.
J’aiadopté
unelargeur
de0,2
mm : le collimateurayant
une distancefocale de 600 mm, cette
largeur
est réduiteà 2711-
dans leplan
focal del’objectif
de chambre.3. Résultats. - Le
simple
examen desspectres
àla
loupe
donne desrenseignements
intéressants : onne voit pas de
fond
niais seulement unpetit
nOlnbre de groupes de raies oit bandes d’éritissioii. Sur
plaques
crypta apparaissent
àpremière
vue, outre la raie verte 5577,
deux fortes bandes dans l’extrême rouge vers 7250 et 7 400 Â et une bandeplus
faible vers 5 670. Surplaque hypersensitive,
la raie 5577 estsuivie,
du côté desgrandes longueurs
d’onde,
de la faible bande5670,
puis
d’unpremier
groupe de deux bandes vers 5 890-5975,
enfin d’un second groupe de deux bandes vers 6 31~-6 523. Les radiations visibles lesplus
intenses dans le ciel ont pourlongueurs
d’onde 5 577 et 6314 ;
on sait que ce sont aussi les deux radiationscaractéristiques
verte et rouge desaurores boréales
découvertes,
lapremière
parAngstrom
en
1867,
la seconde par Zôllner en 1876. Il existed’ailleurs entre elles une
remarquable
différenceraie
fine.
Toutes les autres radiations sontfloues,
et le contraste estfrappant.
Pour obtenir des
spectrogrammes
avec des posesaussi courtes
j’ai
dûdévelopper
lesplaques
à fond dans un révélateur à base de soudecaustique.
Ce-pendant,
dans l’examen sommaire à laloupe,
lesprin-cipales
raies ou bandesn’apparaissent
que trèsfai-blement sur le voile
chimique
général.
Aussi faut-il insister ici sur les bons résultats que m’adonnés,
malgré l’imperfection
desclichés,
leurenregistrement
au
microphotomètre
Zeiss.La
figure
1reproduit
unepartie
d’unenregistre-ment du
spectre M.53,
fait en mai.J’y
ai inscrit leslongueurs
d’ondes desprincipales
radiations. Les dis-tances entre les raiesspectrales
sont exactementmul-tipliées
par 20 surl’enregistrement original ;
enoutre,
pour lareproduction,
cetenregistrement
a étéagrandi
environ
1,7
fois. On y voitapparaître
de nombreux détails que ne donnait pas l’examen direct du cliché aumicroscope.
Fig. 2.
On
peut
encore accentuer lesprincipaux
détails enenregistrant
les clichés avec une moindreamplifi-cation
(7,
parexemple,
au lieu de20)
et enagran-dissant
davantage
l’enregistrement
obtenu. C’est ainsiqu’on
est arrivé à lafigure
2,
àpartir
d’un nouvelenregistrement
duspectre
M.53, fait en octobre. Les raiescaractéristiques
verte et rouge du ciel et desaurores y sont très belles. Les deux
enregistrements
ont été faits dans des conditions de sensibilitéana-logues ;
la lente dumicrophotomètre
éclairait dans lespeotre
une intervalle de25p.
(fig. 1)
et de30Ni
(fig. 2).
Parmi les accidents des courbes
enregistrées,
cer-tains sont dus à de
légers
défauts du cliché ou à ladistribution
irrégulière
desgrains d’argent réduit ;
mais lacomparaison
deplusieurs
courbes obtenues dans des conditions variées àpartir
d’un mêmespectre,
et celle de courbesprovenant
de différentsspectres,
montrentgénéralement
assezbien, parmi
cesaccidents,
ceux
qui
proviennent
réellement d’une raiespectrale.
TABLEAU 1.Radiations observées dans l’intervalle 5000-8,100 Á.
L’examen direct des clichés au
microscope
et leur étude aumicrophotomètre
ont donné leslongueurs
d’onde contenues dans le tableau I. Elles diffèrent très peu de celles quej’avais déjà
publiées
(t),
après
une première
étude.J’y
aigrossièrement
numéroté les intensités de 0 à 20. Une accolade réunit les radiationsqui
forment un groupecaractéristique.
Les groupes lesplus
intenses sontindiqués
par une double accolade. Le tableau II montre la concordance de mes mesures avec celles de Sommer. Les radiations lesplus
in-tenses ont été trouvées au mont Wilson en 1929 et àMontpellier
en 1934 avec deslongueurs
d’onde assezvoisines. Il y a
cependant quelques
différencesno-tables entre
,)es
deux séries de résultats : les raies5646-56981 ont été données par Sommer en
5682-5716 ;
d’autre
part
je
ne trouve pas chez Sommer les raies6269, 6802,
7134auxquelles j’ai
attribué les intensités3, 2
et 4. Enfinje
n’observe pas la forte raie 6860(6)
de Sommer. Mais la différence la
plus importante
est relative à la radiation rouge des aurorespolaires.
6 363
(2) qui
soit celles de l’atomed’oxygène
IP2
--1 D2
et Orje
ne trouve rien en6363; quant
à la raie 6
300,
àlaquelle ..j’attribue
un peuarbitrai-rement l’intensité
4,
elle sedistingue
mal sur mesclichés d’une bande
large
etplus
intense dont le maximum est en 6 314. Cemaximum,
dontj’ai
pudé-terminer la
longueur
d’onde avec soin àpartir
de la raie5577,
est bien visible sur lesfigures
I. et 2.TABLEAU II. - des
nïesîtî-es actuelles et des de Sornmer.
Il est
particulièrement
important
de comparer lespectre
du ciel nocturne à celui des aurorespolaires.
Nous avons pour cela une
analyse
spectroscopique
déjà
ancienne de la lumière des aurores boréales parGyllenskiôld
(8)
et des observationsbeaucoup
plus
récentes deVégard (°)
et deVégard
etHarang
(1°).
Dans le tableauIII,
enregard
des radiations du cielnocturne,
on trouvera celles des aurores, Lespre-mières sont dans les colonnes
C ;
les secondes dansles colonnes G
(Gyllenskiôld)
et VH(Végard
etHarang).
Larégion 6800-7200 l
neparaît
pas avoir étéétudiée par
Végard :
il mesura leslongueurs
d’onde inférieures surplaques panchromatiques,
leslongueur
d’onde
supérieures
surplaques
sensibles à l’infra-rouge etnégligea
l’intervalle enquestion.
Mais,
cet intervallemis 4
part,
le tableau III montrel’identité
desradiations
émises par le ciel et par les auroresboréales. Une
analyse
spectrale
approfondie
n’était
d’ailleurs pas nécessaire pour étublir laparenté
des deuxspectres
dans lejaune
et dans le rouge. Une ra.,pide inspection
desspectres
duçiel
révèle unpetit
nombre de groupes
caractéristiques retrouvés par
lesdifférents chercheurs :
Or,
d’après Végard
les maxima lesplus importants
duspectre
des aurores sont situés versIls semblent bien coïncider avec les groupes de
bandes
trouvés dans lespectre
du ciel.TABLEAU III.
Gomparaison
du ciel iiocturne et des auréolesboréales.
Les nombres entre
crochets,
qui
avaient été donnés antérieurement parVégard,
ne se retrouvent pas 4ansl’article
(1°)
deVégard
etHarang.
Cette
parenté
des deuxspectres
est d’ailleurs beau-coupplus
lointaine dans le bleu et le violet où l’inten-sité dusystème négatif
des bandes del’azote, qu’on
neretrouve que très affaiblies dens le
ciel,
donne auspectre
des aurores un caractèreparticulier.
4.
Origine
atmosphérique
de la lumière rouge du ciel nocturne. - De 1922 à 19~~, au cours de sespremières
recherches sur la lumière du cielnoc-turne
(12), Dufay
obtint une dizaine despectrogrammes
montrant
tous,
de 3000 à~ 8~0 ~,
unspectre
continucoupé
par les raies sombres de Frauenhofer. Il enconclut que la
lumière
duciel
nocturne était due à une diffusion des rayons du soleil par desparticules
interplanétaires ;
des mesures depolarisation
coufir-maient cette manière de voir.D’autre
part,
opérant
avec desplaques
photogra-phiques
sensibilisées àl’érythrosine,
Dufay
enregistra
régulièrement
la raie verte 577 etput
faire sur cetteraie de bonnes mesures
photométriques :
i il trouvatrans-portée
par lerayonnement
continu entre 4 62 et6000Â,
etqu’elle
intervient pour une valeurcomprise
entre
0,06
et dans la brillance visuelle du ciel nocturne. MaisDufay n’aperçut à
cetteépoque
aucuneautre raie ou bande d’émission.
Cependant
un de mesuresJJhotonté-triques
au visuelles à travers desfiltres
colorés per-meltr1ientdéja
depôîzser
que la rouge du ciel n’avait pas la mêmeorigine
que lespectre
bleu obseruë parDu fay.
Isolant avec desfiltres,
d’unepart
le rouge, d’autrepart
la raie verte 5577,
LordRayleigh (11)
trouva une certaine corrélation entre les variations dintensité,
d’une nuit àl’autre,
de la lumière rouge etde la raie verte : le coefficient de corrélation était de
0,70.
Il y avait là l’indice d’une excitation communeet la
première
preuve del’origine atmosphérique
des radiations rouges du ciel nocturne.Pendant ce
temps
Dufay
(11),
au cours d’unelongue
série derecherches
photométriques
trèsprécises,
com-parait
larépartition
des intensités dans la lumière du ciel nocturne et dans celle du ciellunaire,
et trouvait lapremière beaucoup
plus
riche en radiations rouge·,comme le montre le tableau suivant :
Ce
qui
élève lesrapports
1,70
et2,10,
c’est,
commel’avait
déjà
remarqué
Dufay,
laprésence
de la radia-tion 5 577, que laissent passerpartiellement
les deuxfiltres,
surtout le second.Quant
au dernierrapport
2,78
qui
est encoreplus
élevé,
il révèle une anomalie dontl’explication
laplus simple
est celle d’une émis-sion sélectiveparticulièrement
intense dans le rouge,qui
sesuperposerait
à ladiffusion
des rayons du Soleilpar les
particules interplanétaires.
Effectivement surmes
spectres, pourtant
peudispersés,
le fond continun’apparaît
t pas; il est donc faible vis-à-vis duspectre
discontinu.La
parenté
de cespectre
discontinu avec celzci desaurores
polaires
est une nouvelle preuve de sonorigine
atmosphérique.
N’y
aurait-il pascependant quelques
raies
d’origine plus
lointaine?Ohman
a examiné lesconditions d’émission par le calcium interstellaire et eoncln à la
possibilité
d’observer le doublet 7 293-7 32H Á du calciumionisé ;
je
l’ai cherché dans messpectres :
on y trouve bien une raie 7 278 assez voisinede la
première
composante
de cedoublet,
mais ilc2’y
a rien dans le ciel vers 7 326 À.
Dufay
apensé
aussiaux raies D du sodium
répandu
dans lagalaxie ;
on les a observées dans certaines étoiles lointaines de la classe1J;
or il n’est paspossible
d’identifier
avec lesraies D du sodi2crcc la
large
bande 5 8 8 8qu’on
observe dans messpectres;
elle a certainement une autreorigine
et nepeut
que masquer les raiesD,
si elles existent.Dufay
avait d’ailleursremarqué
que les varia-tions d’intensité de la radiation 5 892 clans le cielnocturne
témoiânaient
t en faveur de sonorigine
atmosphérique,.
Cette émission discontinue
d’origine
atmosphérique,
que nous avons récemment observée dans lebleu,
Dufay
etmoi,
et queje
retrouve,
plus
intense encoredans le rouge, résoud
peut être
les difficultésaux-quelles
s’était heurtéDufay
en 1928lorsqu’il
n’envi-sageait
pas autre chosequ’une
diffusion de la lumière du Soleil par desparticules
interplanétaires.
Le ciel nocturne étaittrop
rouge pour une diffusion par lesmolécules d’un gaz
raréfié ;
il n’était pas assezpolarisé
pour une diffusion par des électrons libres.
Mais,
siune émission
discontinue,
d’origine
atmosphérique,
non
polarisée
et riche surtout en radiations rouges,vient
s’ajouter
à la diffusioninterplanétaire,
touts’explique
aisément et l’une ou l’autre des deuxhypo-thèses de
Dufay
(molécules
ouélectrons)
peut
êtrereprise
en considération.Admettons,
parexemple,
dansl’hypothèse
d’un gazinterplanétaire,
que la couleur du ciel nocturne seraitidentique
àcelle
du ciel diurne si la diffusion molécu-laire des rayons du Soleil intervenait seule.Dufay
acalculé,
pour différents intervallesspectraux,
lerap-port
entre l’intensité réelle du ciel nocturne et celle du cieldiurne ;
il a trouvé :A limites 3800-i6oO k330-5300 ~~J00-~800 4800-6000 6150-7000
On en conclut que. dans te rouge, le
spectre
discon-tinu
d’origine atnlosphérique
est ait moins troisfois
plus
intense que lespectre
continud’origine
planétaire.
5. Le
premier système positif
des bandes de la molécule d’azote dans la lumière du cielnoc-turne. - La
figure
3rappelle
sommairement les étatsélectroniques
de la moléculed’azote,
leurpotentiel
d’excitation et les transitionscorrespondant
auxprin-cipaux systèmes
de bandes(13).
Le
premier
groupepositif (ou
mieuxpremier systérjze
positif) apparaît
entre 5 000 et 15 000,k dans la lumièrepositive
d’un tube deGeissler ;
on le retrouve dans laphosphorescence
de l’azoteactif;
les bandes sontdégradées
vers les courteslongueurs
d’ondes. L’émis-sion de cepremier système
positif
accompagne latransition B->- A. Le niveau B est
triple,
mais nousn’insistons pas ici sur cette
complication.
Soit donc v’ et v" lesquanta
de vibration d’une molécule à l’état inilial B et à l’état finalA,
la formule deBirge
permet
de calculer les nombres d’ondes’} relatifs auxtêtes de bande les moins
réfrangibles.
Le tableau IV donne la
longneur
d’onde dans le videentre 5 000 et 9 000.Â. Pour
chaque
valeur de v’ les bandessoulignées
sont lesplus
intensesd’après
la loi deFranck-Condon; j’ai ajouté
au tableauquelques
bandes(entre crochets)
qui
n’ont pas encore étéobte-nues au laboratoire. La
disposition adoptée
fait immé-diatement connaître les bandes émises àpartir
dechaque quantum
initial v’(sur
une mêmeligne
dutableau)
et laplace qu’occupent
dans lespectre
les différentes suites ~1v -6,
0,
4,...
(chaque
colonnereprésentant
une suite debandes).
Fig. 3.
’
On voit que ces
bandes,
très nombreuses etrépar-ties assez
uniformément,
seront difficiles à mettre enévidence dans un
spectre
aussicomplexe
et aussi peudispersé
que messpectres
du ciel nocturne. Vais la difficulté est encoreplus grande
qu’il
neparaît
àpremière
vue. En effet larépartition
desintensités,
dans les suites de bandes dupremier système positif
del’azote,
varie tellement suivant le mode d’excitationqu’on
n’a pu reconnaitre l’identité des différents spec-tres obtenus au laboratoirequ’avec
delongues
poseset une
grande dispersion.
Aplus
forte raison sera-t-il difficile de retrouver en toute certitude les bandes del’azote dans le ciel.
1° On sait
qu’une
décharge
électrique
non condensée faitapparaître
dans le lumièrepositive
les bandes 11-6 et 10-5 de la peuinlenses ;
lesbandes
1~-8,1I-7,
10-6.9-5,
8-4, 7-3,
6-2 et 5-1 de la suite 3v =4,
intenses de 12-8 à9-5;
enfin les bandes12-9, 11-8,
10-7,
9-6, 8-5,
7-4,6-3,
5-2 et 4-1 de la suite à v =3,
très intenses de 9-6 à 5-2. Avec unefaible
dispersion
on observera donc un groupe vertassez
faible,
avec maximumvers 54401;
un groupejaune
intense,
de 5 750 à6 070,
avec maximum vers5850 ; et
un groupe rougeplus
intense etplus étendu,
de 6 250 à 6 700.TABLEAU IV.
Têtes des bandes dit
système
I)ositif
de 1"azote.2° Fowler et Lord
Rayleigh
ont montré que le spec-tre dephosphorescence
de l’azote actif était constitué par une sélection de bandes dupremier système
positif
de l’azote. En réalité on y trouve bien toutes les ban-des de cesystème,
mais unpetit
nombre d’entre ellesapparaissent
avec uneremarquable intensité;
ce sont les bandes 12-6 et 11 5 de lasuite Av - 6; 12-7,
11-6 et 10-5 de la suite
~1 v = ~ ;
12-8 11-7 et 10-6 de la suite Av - 4; enfin, d’unepart i2-9,
11-8 et10-7,
d’autrepart
7-4 et 6-3 de la suite 3v = 3. Dans unspectre
peudispersé
on observera donc un intense groupe vert avec maximum400 A,
un groupejaune
avec maximum vers 5 800 et un grouperouge
avec deux maxima vers 6 250 et 6 62 1. A basse
tempé-rature la sélection est encore
plus nette;
l’on ne trouveplus
pour v’ que les valeurs12,
11 et 6, cequi
diminue lalargeur
des groupes vert.jaune
et rouge etdépla ce
leurs maxima vers lespetites longueurs
d’onde.3°
Si,
comme l’ont fait LordRayleigh
(11)
puis
McLennan(11),
onajoute
un gaz inerte à l’azoteactif,
larépartition
des intensités dans lespectre
de l’azotechange
encore. On observe undéplacement
des maximavers
l’infrarouge
d’autantplus grand
que lapression
partielle
de l’azote estplus
réduite. Lequantum
initialvaleurs
de plus
enplus faibles,
~10, 9, 8
et 7.Lorsqu’on
ajoute
del’hélium,
parexemple,
la bandejaune
laplus
intense est d’abord5804,
puis
~8~~,
enfin5906 ;
dans le rouge, le maximumprincipal
passe de 6252 à 6469. Unmélange
contenant~,~’7
d’azote et0,83
d’hélium émet surtout les bandes5407, 5804,
5855 et 6322 À.Il
s’agit
maintenant de comparer lespectre
du ciel nocturne à celui de la molécule d’azote. Trouve-t-on dans le ciel les bandes de l’azote~ Dansl’affirmative,
y trouve-t-on autre chose que les bandes de l’azote? La recherche sepoursuivra
de la manière suivante : oncherchera d’abord les radiations du ciel dont la lon-gueur d’onde coïncide avec celle d’une bande cle
l’azote,
compte
tenu del’imprécision
des mesures dans le ciel et de l’incertitude sur laposition
réelle du centre degravité
des bandes de l’azote.On contrôlera ensuite l’identification des bandes observées à la fois dans le ciel et au laboratoire en étu-diant leurs intensités relatives dans les deux
spectres;
enfin,
si certaines radiations du cieléchappent
à cetteclassification,
l’on en chercheral’origine.
On sait que le
spectre
des aurorespolaires
estessen-tiellement constitué par la raie 5577 de l’atome
d’oxy-gène
et lesprincipales
bandesnégatives
de la molécule d’azote(3914, 278
et 4709-~).
On a donc été conduit à y chercher aussi les bandespositives
del’azote;
laprésence
du deuxiéme groupepositif paraît
nettement établie(3160, 3371,
3578,3806,
4058 et 4346A),
et l’onpeut
alors admettre avecVégard
que lapartie
jaune,
rouge et
infrarouge
duspectre
des aurores est duesur-tout au
premier
groupepositif.
Or la ressemblance estfrappante,
de 5000 à 8000Á,
entre lespectre
du ciel et celui des aurores. Il est donclégitime
de chercher dans lespectre
du ciel lepremier
groupepositif
del’azote,
malgré
les conclusions de Sommerqui
trouve une toute autreorigine
aux radiations émises par le ciel nocturne entre 5000 et 7000 1.Supposons qu’on puisse
attribuer à la molécule d’azote les groupes intenses etcaractéristiques
du ciel nocturnequi
ont été observés en5890-5975, 6315,
65,25,
7t70 et 7400 -. Dans lepremier
de ces groupesont
comprises
les bandes de l’azoteet
Avecle second groupe coïncident les bandes et
Avec le
troisième,
les bandeset
Avec le
quatrième
et lecinquième,
les bandesLa loi
théorique
de Franck-Condon sur laprobabilité
des transitions
électroniques,vérifiée
par desexpérien-ces de
laboratoire,
va nouspermettre
de contrôler cesattributions
possibles.
En effet nous connaissons apriori,
parapplication
de cetteloi,
l’intensité relative des bandes émises àpartir
d’unquantum
de vibration initial v’ et nous pouvons essayer de retrouver cetterépartition
dans leciel,
Nous venons de voir que les radiations
caractéristi-ques du ciel nocturne
pouvaient
être identifiées avecles bandes
1 a-1~,16-1~
et16-13, 15-12, 1l~-1~, 13-~1
oules bandes 10-7 et
10-6,
9-5 et9-6,
8-5 et8-4,
7-4,
6-4 et6-3,
5-3,
4-2,
cequi
donne,
pour lequantum
initialde la molécule d’azote à l’état B dans le
ciel,
les valeursv’ =17, 16, 15, 14, 13
ouv’ =1(~,
9,
8,
7,
6, 5,
4. Or laprésence
de la bande 5869(17-1~)
entraîne. celle de la bande 5527(17-13)
avec une intensitéplus
grande
encore : cette dernière bande coïncidepeut-être
avec la bande 5505 du ciel. De
même,
àpartir
du quan-tum v’=16,
nous devons trouver avec une intensité décroissante les bandes 5571(16-12),
5929(16-13)
et b330(16-14);
il est inutile de chercher lapremière
qui
est cachée par la forte raie5577,
mais il reste àexpli-quer
pourquoi,
dans leciel,
la bande 6314 estplus
intense que 5919. Apartir
duquantum
v’ =1~,
la bande(15-11)
devrait êtreplus
intense que la ban-de 5990(15-12),
mais elle estpeut
être elle aussiplus
ou moins cachée dans mes
spectres
par la raie5577 ;
la bande 5275(15-10)
serait dans le ciel en ~233. Avec la bande 6496(14-12)
doiventapparaître
6053(14-11)
et surtout 56t)1(14-10) :
cette dernière bande se confon-drait avec la radiation observée dans le ciel en5646,
mais au
voisinage
de 6053 on ne voit rien dans le cielqu’une
émission faible et douteuse en 0041.En résumé rien
n’empêche
d’attribuer une bonnepart
de la lumière du ciel nocturne à des moléculesd’azote
B ayant
unquantum
initial v’compris
entre 17 et14,
mais cettehypothèse n’explique
ni lagrande
intensité du groupe6315,
ni laprésence
des groupes 72.70 et 7400.Avec un
quantum
initialcompris
entre 10 et5,
onretrouve la bande 7270
(attribuable
d’ailleurs à lava-peur
d’eau,
comme nous le verronsplus
loin)
et la ban-de 7400(qui
nepeut guère
avoir d’autreorigine
quel’azote);
laprésence
de 9-5 et de 9-6 entraîne alors celle de 94qu’on
observerait dans le ciel en5475;
laprésence
de 6-3 et de 5 3 entraîne celle de 6-2 et de 5-2qu’on
observeraitpeut-être
en 6t)73 et en 6703.Nous avons donc le choix entre trois
hypothèses :
émission par des molécules d’azote à l’état Ilayant
unquantum
initial de vibrationcompris
entre 17 et14;
émissionpar des
moléculesayant
unquantum
compris
entre 10 et
5 ;
émission simultanée par les deux sortes de molécules. Seule cette troisièmehypothèse
rend biencompte
des faits observés. Parmi les nombreuses radiations émises par le ciel et identifiables avec desappa-raissent là où des bandes v’
t7,
16, 1.1,
I ~ sesuper-posent
à des bandes v’ =10, 9,
8,
7,
(;,5, et
cettedou-ble
origine peut
expliquer
leurexceptionnelle
intensi-sité. Les d’éntission dans lespectre
du ciel nocturne, 5000 et 8000 A.feraient
par-tie dupremier système positif de
l’azote et leur intensité résu Iterait de lasuperposition
de bandesà suites
différentes.
©il
peut
construire ungraphique
donnant,
pourcha-que
quantum
v’,
la somme des nombresqui
mesurent dans le ciel les intensités des bandes obtenues à,partir
de cequantum
initial(fig. 4).
Ces nombres ont étépris
dans le tableauI ; lorsqu’une
radiationpouvait
être attribuée à deux transitionsdifférentes,
comme la ban-de 6315 aux deux transitions 16-14 et10-7,
j’ai
affectéun peu arbitrairement la moitié de l’intensité à
chacu-ne des deux bandes
correspondantes,
c’est-à-dire,
dans le casactuel, 5
à la bande 16-14 et 5 à la bande 10-7. Les intensitésayant
étéindiquées
de cette manière surle
graphique,
nous pouvonsconstruire,
en nous aidant despoints
obtenus,
une courberégulière
Ci C2 qui
mon-tre que la
plupart
des molécules d’azote excitées à l’état B ont unquantum
devibration,
soit voisin de15,
soit voisin de 7.
Fi g. 4.
Cette
répartition
des intensités dans lespectre
émis par l’azote de la hauteatmosphère distingue
cespectre
de celui que donne une
décharge
électrique
etrappelle
plutôt,
par l’intensitéexceptionnelle
d unpetit
nornb1"ede
bandes,
lesspectres
dephosphorescence
de l’azote. Ce n’est d’ailleurs pas lespectre
dephosphorescence
ordinairequ’on
trouve dans leciel,
maisplutôt
celui de l’azote très dilué dans un gaz inerte(0’
voisin de7)
ou celui
qu’a
obtenu récemmentKaplan
(11)
en étu-diant auphosphoroscope
la lumièrequ’émet
un tube à azote parcouru par un courantélectrique
aussi faible quepossible
(v’
voisin de16).
Lesparticules
1ului-neuses dans le ciel sont des nîolécitles d’azote très
raré-f cées
etpréalablement
au niveau B avec unquantunt
de vibration voisin de ~5 ou de 7.Nous venons de classer ainsi une
cinquantaine
de bandes du ciel nocturne sur 70 observées,. Mais les attributions que nous venons de faire ne sontpeut-être
pas à l’abri de toutecritique.
D’unepart,
eneffet,
lesbandes 6-3 et 8-4
qui
devraientapparaître
avec unegrande
intensité sont douteuses etpeut
être cachées p ~r une émissionplus
intensed’origine
différente.D’autre
part,
les radiations du ciel 6 et 7405,
quenous avons identifiées avec les bandes 7-l~ et 5-2 de
l’azote,
ont t une intensité anormale dont il faut cher-cherl’origine
ailleurs. Nous sommes ainsi conduits àreprendre
l’hypothèse
de Sommer sur laprésence
dans le cielnocturne,
C011une bandesd’énlission,
des bandestelluriques
de la vapeur d’eau et del’oxygène.
6. Les ban-des de ta vapeur d’eau dans le
spectre
d émission du ciel nocturne. - Lespectre
de vibration de la molécule d’eau estaujourd’hui
bien connu; Jlecke et ses coLlnborateurse 7)
paraissent
avoir réussi à classer définitivement 10s
plus
impor-tantes des bandes de ce
spectre.
On sait quel’énergie
0
de vibration d’une molécule
angulaire
1’,
estcom-lI 11
plètemént
définie par 3 nombresquantiques
v-,v;) ;
nous la
représenterons
par lesymbole (v~,
vo:,Vx),
lesymbole
(0,
0,
0)
représentant
le niveauénergétique
normal. Les bandesd’absorption
de la vapeur d’eauaccompagnent
le passage du niveau normal au niveauplus
élevé(v~,
vs).
Le zéro d’une bande a pourfré-quence
avec
TABLEAU V. - Bandes de vibration de la molécule 1110.
(Bandes
telluriques.)
antisymétrique T
(1 :0,. 0).
Dans lespectre
d’absorption
visible etinfrarouge
on a, au contraire, peu de bandessymétriques,
bien que, la molécule étantangulaire,
cesbandes
n’y
soient pas interdites : on netrouve,
commebandes
symétriques,
que~0~,
O, §j
et(0,
0,
2). (Voir
tableau
~r).
Parmi les bandes de vibration de la vapeur
d’eaa,
celles
qui
nous intéressent ici sont les bandestel-luriques comprises
entre 5 000 et 10 0~ ~. Dans l’in-tervaUe 10 000-7 000 À duspectre
solaire+
qui
contient 2 221i raies deFraueiiholer, 1
132 de ces raies sontd*origine
telluriques
et toutes celles cipeuvent
êtreattri-buées à la vapeurd’eau,
sauf 54 raies de la moléculed’oxygène
auvoisinage
de 7 600,À. Mecke a classé les 326 raies lesplus
intenses de la vapeur d’eau dans les bandes 9420,
9060, 8
227 et 7 227 Â.Dans l’intervalle 7 000-5 700 Â, si l’on met à
part
les bandes de
l’oxygène,
il reste 825 raiestelluriques
attribnables à la vapeur d’eau. Mecke a classé les 359 raies lesplus
intenses dans les bandes 69a4,
6524,
6
3’’~~, ~
95f et 5 9i4 A. Les deux dernières de cesbandes forment ensemble ce
qu’on
aappelé
la de lapluie.
Mecke n’a pas encorepoussé
son étudeau-dessous de 5 900 À.
Fig. 5.
La
figure
5,
tirée d’un des mémoires deMecke,
représente
le nombre des raies de la vapeur d’eauqu’on
rencontre danschaque
intervalle de 50 angs-trôms entre 5 80Ü et 10 000 A. Cegraphique
donne uneidée de
l’aspect
qu’auraient
les bandestelluriques
dela vapeur d’eau avec un
spectrographe
à faiblepou-voir de résolution, Dans le tableau suivant
j’ai
indi-qué,
pourchaque
bande duspectre visible,
les raies extrêmes et la raie zéro;j’y ai
indiqué ensuite
approxi-mativement les limites de la bande telles
qu’on
les observe dans lespectre
solaire avec unspectroscope
àprisme
insuffisant pour larésoudre ;
enfin,
dans les deux dernièrescolonnes,
j’ai
inscrit l’intensité de la banded’absorption
etrappelé
le niveauénergétique
finalqui
luicorrespond :
On remarquera que
je
n’ai pas introduit dans le tableau les bandesinfrarouges
de la vapeur d’eau 8 270 À(forte)
et 7 960 À(faible)
qui produisent
dan>’, lespectre
solaire une intenseabsorption
de 8 560 à 7 840 Â avec maximum vers 8 140 i. Eneffet,
le ciel nocturne et l’aurore boréale n’ont pas encore été suf-fisamment étudiés dans cetterégion
peudispersée
etl’attr~bution
des bandesqu’on y
observe reste dou-teuse.Mais,
dans lejaune
et le rouge, lacomparaison
desspectres
du ciel nocturne et des aurorespolaires
aveccelui de la vapeur d’eau
peut
êtrepoussée
plus
loin. Nous avonsindiqué (fig. 3)
par des hachures lesgrandes
bandes d’émission du ciel nocturne etmarqué
par une flèche le centre degravité
dechaque
bande.On observera
qu’à chaque
bande de la vapeur d’eaucorrespond
très exactement une bande du ciel. Le tableau decorrespondance
est le suivant :Peut-on attribuer une autre
origine
à chacune des bandes du ciel que nous faisons icicorrespondre
auxbandes
telluriques
de la vapeur d’eau# Nous savonsdéjà
que, dans le groupe 5990-5861 Â,il y
a sansdoute les bandes 6013
(7-3),
5959(8-4),
5906(9-5),
de l’azote etprobablement
aussi 5869(n-14),
5929(16-13), 5990(15-12);
mais laprésence
de ces bandes nesuffit pas à
expliquer
le maximum très net observé en5888 À : si en effet ce maximum
provenait uniquement
de la transition 9-5 de la moléculed’azote,
on devrait retrouver avec la même intensité dans le ciel la bandeproduite
par la transition 9-4qui
est aussiprobable
que laprécédente.
est en 6314. Sans doute la bande
tellurique
de l’eau(3,
1,
1) qui
aprécisément
son zéro en est l’une des moins intenses dans lespectre
solaire,
mais nous savonsque les
intensités relatives des bandespeuvent
être bien différentes en émission et en
absorption,
et la bande6324,
faible dans lespectre d’absorption
du cieldiurne,
peut
être fortement émise par le cielnoc-turne. En effet l’intensité d’une bande ne
dépend
passeulement de la
probabilité
de la transition correspon-dante x .. y mais aussi du nombre des moléculesqui
se trouvent à l’état initial. Dans le ciel
diurne,
toutes les molécules absorbantes étant à l’état x(0,
0,
0),
l’intensité d’une bande
d’absorption
nedépend
que dela
probabilité
de la transition x -~- y, et il se trouve que la transition x(0,
0,
0)
- y(3,
1,
1)
est une des moinsprobables.
Mais supposons que, dans la hauteatmosphère,
une excitation extérieureporte
d’abord laplupart
des molécules d’eau à l’état y(3,
1,
1) :
c’est évidemment la bande y
(3, 1, 1)
-~x (0, 0, 0)
qui
sera émise avec le
plus
d’intensité par le cielnoc-turne.
Nous verrons
plus
loinqu’il
existeaussi,
dans lamême
région spectrale
6315 lune bandetellurique
dela molécule
d’oxygène.
Il est difficile de faire lapart
des moléculesd’azote,
d’oxygène
et de vapeurd’eau,
mais il estpossible
que ces troisespèces
de moléculesinterviennent,
et même les atomesd’oxygene
avec laraie 6303 À
(3P2
-Le groupe suivant du ciel nocturne 6607-6468 coïn-cide aussi avec une bande de la vapeur d’eau. On
peut
y voir sans doute les bandes de l’azote 6623
(6-3)
et6545
(7-4),
mais on nes’expliquerait
pas la différenceentre les intensités des bandes
correspondantes
6607 et 6525 dans le ciel si l’on n’admettait en 6525 uneémission
d’origine
différentesuperposée
à la pre-mière : or le centre de la bandetellurique
C de la vapeur d’eau estprécisément
en 6525.A la bande 6966-6877 du ciel
nocturne,
qu’on
n’a pas encore observée dans les auroresboréales,
on nepeut guère
attribuer d’autreorigine
que la transition(3,
1,0)
~(0, 0,
0)
de la moléculeH2U ;
on ne connaîtpas de bande de l’azote dans cette
région.
En7278-7200,
il y a sans doutesuperposition
de la bande(1,
3,
0)
de l’eau et de la bande(6-4)
de l’azote. En résuméje
retrouve,après
Sommer, dans la lumière énzise par le ciel lesprincipales
bandestell2c-riques
de la vapeur d’eau a,C,
(J., D. Peut-être faut-il yvoir aussi les bandes
telluriques
moins intenses 1et ~,
mais dans cesrégions
spectrales
il semble bienqu’on
doive surtout chercher aulre
chose,
comme les bandesentre 53~4 et 5532 A, d’un côté de la raie verte
5577,
et,
de l’autrecôté,
entre 5646 et 5775À,
la suite Av === 4 de l’azote et les bandes del’oxygène.
Le meilleur
argument
en faveur d’une émission parles molécules de vapeur d’eau est l’exacte coïncidence
(étendue
de l’intervalle et centre degravité)
des bandes6966-6877, 6607-6468 et 699U-68(13 du ciel nocturne
avec les bandes a, C et D de la vapeur d’eau.
-7. Les bandes
telluriques
del’oxygène
dans lespectre
d’émission du ciel nocturne. - L’émis-sion de ces bandes accompagnc le retour à l’état stable 3i(v"
-0)
de la molécule métastable~~ (v’
= 0, ~l,
2,
3,
1.).
Les bandesd’absorption correspondantes
ont été mesurées dans lespectre
solaire et classées par Dieke et Babcock(’ 8) ;
chacune d’elles a deux maximacl’intensité,
l’uncorrespondant
aux branches P et PQ;
l’autre,
aux branches et RQ.
J’indique
dans le tableauci-après
leslongueurs
d’onde des limites dechaque bande,
celles des maxima d’intensité et celle du zéro. Les bandes sontdégradées
versl’infra-rouge.
Les
longueurs
d’onde limites ne sont t donnéesqu’à
titre d’indication. Pour les zérosj’ai pris
leslongueurs
d’onde dans le vide~,,,
-1/’, :
il est bien inutile de les ramener à la valeurinternationale,
étant donné l’in-certitude de mes mesures sur le ciel nocturne.Mes
spectres
confirment
l’opinion
de Soiiiiiierqui
a reconnu la
présence
de ce~~ baïides dans lespectre
d’émission du ciel nocturne. Le ciel émet en effet une une bande intense vers 7 600 où
j’ai
crudistinguer
troismaxima en 763a
(0),
7 608(5)
et 7 530(3) ;
il estdiffi-cile de ne pas voir dans cette radiation autre chose que
la bande 7628
(3
-1)
del’azote,
et la coïncidence est très bonne avec la bande A del’oxygène.
Plusloin,
j’ai
trouvé dans le ciel une bande intense au
voisinage
de 6 900 1 avec trois maxima en 6966(4),
fi 907(4)
et6877 (2) ;
lepremier
adéjà
été attribué à la vapeurd’eau ;
dans les deux autres, on retrouve les maximade la bande B de
l’oxygène ;
peut-être
la bande 6875(3
-0)
de l’azote sesuperpose-t-elle
au dernier. La bande a se retrouve dans messpectres
en 6300(4)
et 6261(3),
La bande a’ se confondpeut-être
avec labande du ciel li 775
(3),
trop
intense pourpouvoir
êtreuniquement
attribuée à l’azote(11 - i;. Quant
à la bandeo~ ,
saprésence
est encore douteusedans
nosspectres
du ciel. Sommerpensait
la trouver en 5360dans ses
spectres.
8. Tableau
récapitulatif. -
Il est commode de grouper les résultats de cette discussion un peulongue
en un tableaudonnant,
à côté dechaque
radiation duciel,
sonorigine
probable :
ce sera le tableau VI.9. Conclusion. - Au Jours de cette
analyse,
nousavons observée
trop
de coïncidences entre les radiations émises par le ciel d’unepart
et les bandes del’azote,
del’oxygène
et de la vapeur d’eau d’autrepart
pour nepas conclure à la