Equations aux d´ ´ eriv´ ees partielles
Chapitre 5 : La m´ethode des ´el´ements finis pour le laplacien
Lucie Le Briquer
Sommaire
1 Formulation variationelle 1
2 La m´ethode des ´el´ements finis 3
2.1 Triangulation d’un ouvert polygonal . . . 3 3 Existence de solution pour le probl`eme continu 4
4 Estimation d’erreur 6
On se donne un ouvert born´e et polygonal Ω⊂Rn et on s’int´eresse `a la r´esolution du probl`eme suivant :
Trouveru: Ω−→Rtel que :
( −∆u=f dans Ω
u= 0 sur∂Ω (1)
Ici,f (`a valeurs r´eelles) est donn´ee.
1 Formulation variationelle
Etant donn´´ e deux fonctions r´eguli`eresφetψsurRnet Ω un ouvert r´egulier (i.e. ouvert dont la fronti`ere est une fonction r´eguli`ere) deRn, on a :
∀i∈ {1, ..., n}, Z
Ω
φ∂ψ
∂xi +ψ∂φ
∂xi
dxi= Z
∂Ω
φψnidΓ Th´eor`eme 1 (Green)
– Pla¸cons nous `a la fronti`ere de Ω. On se place au voisinage d’un point. On d´efinit alors ~n le vecteur normal unitaire orient´e vers l’ext´erieur (de la surface) : ~n= (n1, ..., nn).
– dΓ est un ´el´ement de surface infinit´esimal (exemple du cercle en dimension 2 en coordonn´ees polaires : dΓ =Rdθ)
Ce que l’on va faire ici, c’est consid´erer la surface parall`ele `a la fronti`ere translat´ee d’une ´epaisseur dξ(vers l’ext´erieur). L’id´ee est de factoriser la mesure de Lebesgue en deux facteurs : dx1...dxn= dΓdξ(en dimension 3,dΓ serait un ´el´ement de surface infinit´esimal etdξ un ´el´ement de longueur caract´erisant l’´epaisseur).
Preuve.
Dans le casn= 1 et Ω =]a, b[
Z
Ω
φ∂ψ
∂x +ψ∂φ
∂x
dx= [φψ]ba
= (φψ)(a)−(φψ)(b)
= (φψ)(a)n(a) + (φψ)(b)n(b)
On peut alors voir le th´eor`eme de Green comme la g´en´eralisation de l’IPP aux dimensions sup´erieures.
Remarque.
Le th´eor`eme de Green-Ostrogradski vu en sp´e `a savoir : Z
Ω
divU dx= Z
∂Ω
U.ndΓ
est un corollaire de la formule de Green dans le casφ= 1.
Exemple.
Soitv:Rn−→R. On ´etudie :
− Z
Ω
(∆u)vdx= Z
Ω
f vdx
(c’est le probl`eme (1) multipli´e parv et int´egr´e).
Siv= 0 sur ∂Ω, alors par la formule de Green, on a : Z
Ω
u0 ∂v
∂xi +v∂u0
∂xi
dxi= 0 En appliquant la formule ce-dessus avecu0 =∂x∂u
i pour touti, on fait r´eapparaˆıtre (en sommant suri) le laplacien et on obtient :
∀v:Rn −→Ravecv= 0 sur ∂Ω, on a : Z
Ω
(∇u)(∇v)dx= Z
Ω
f vdx
L’´equation ci-dessus est une formulation variationnelle de (1).
2 La m´ ethode des ´ el´ ements finis
On consid`ere `a nouveau :
Z
Ω
(∇u)(∇h)dx= Z
Ω
f hdx
pourhnulle sur∂Ω.
Cette ´equation est d’inconnueuet de donn´ees (Ω, f). hest dans un espace vectoriel de dimension infinie. On va construire un espace vectoriel Vh de dimension finie (M = dimVh) form´e de fonctions d´efinies sur Ω et nulles sur le bord de Ω.
On prend (vm)1≤m≤M une base deVh. On ´etudie alors le probl`eme suivant : Trouver uh∈Vh telle que ∀m,
Z
Ω
(∇uh)(∇vm)dx= Z
Ω
f vmdx (2)
C’est lam´ethode de Galerkin. On appelle les (vm) les fonctions test.
Exemple.
Si on ´etudieL2(0,2π), on pose, si l’on veut obtenir les coefficients de Fourier :
∀m, vm(x) =eimx
La base de Vh se trouve bien sur un segment, sur le carr´e, mais ¸ca devient beaucoup plus compliqu´e sur le triangle. On remarque que le syst`eme deM ´equations que l’on obtient peut se mettre sous la forme d’une ´equation matricielleAx=b.
Exemple.
Supposons quen= 1. On prend Ω =]a, b[ et on d´ecoupe le segment enM pointsx1, ..., xM. On prend aors pour (vi)i les fonctions triangles.
vi:
]a, b[ −→ R x 7−→
0 si x∈Ω\[xi−1, xi+1] 1 en xi
les pentes sont affines
Les (vi)i v´erifient la condition (2) et les relations entre lesui =uh(xi) sont donn´ees par : pour ifix´e on obtientui en fonction deui−1 etui+1- ce qui assure sous forme matricielle l’obtention d’une matriceAtridiagonale (la plus simple des matrices bandes non diagonale).
2.1 Triangulation d’un ouvert polygonal
On note T cet ouvert. Ω = ∪
T∈TT et on impose CardT < +∞. Les T sont des triangles et Ti∩Tj ne peut ˆetre que :
– vide
– r´eduit `a un des sommets de Ti et Tj
– r´eduit `a une arˆete commune deTi etTj
– ´egale `aTi=Tj
On pose (Si)i∈I l’ensemble des sommets. On d´efinitI0comme suit : i∈I0⇔Si∈∂Ω
On pose aussiJ =I\I0et N = CardJ.
Pour trouver les (vi)i on s’appuie sur la propri´et´e suivante.
Pour touti∈I, il existe un uniquevi te que : – (vi)|T est affine
– pour toutj : vi(Si) = 1 etvi(Sj) = 0 si j6=i Proposition 2
SoitVh l’espace vectoriel engendr´e par les (vi)i∈J (trouv´es par la proposition pr´ec´edente).
dimVh=N Proposition 3
On utilise alos la m´ethode de Galerkin avecVh :
∀v∈Vh,X
T∈T
Z
T
(∇uh)(∇v)dx= Z
Ω
f vdx (3)
v est affine par triangle (par morceaux). On prouve que∇v∈L2(Ω) et∇v∇w∈L1(Ω).
R´esoudre (3) revient `a r´esoudre la mˆeme propri´et´e uniquement pour les (vm)m. On aboutit `a la r´esolution d’un syst`emematricielAx=b. On a :
Ai,j= Z
Ω
∇vi∇vjdx
Aest sym´etrique d´efinie positive.
Proposition 4
3 Existence de solution pour le probl` eme continu
Ω ouvert born´e r´egulier. Soit :
D(Ω) ={ϕ∈ C∞(Rn),Supp(ϕ)⊂Ω}
ϕ7−→ R
Ω|∇ϕ|2dx1/2
est une norme surD(Ω) Lemme 5
Preuve.
On a clairement une semi-norme. Il reste `a montrer queR
Ω|∇ϕ|2dx= 0⇒ϕ= 0.
Soit Ω = Ω1∪...∪Ωp,p <+∞, les composantes connexes de Ω.
R
Ωi|∇ϕ|2dx= 0⇒ϕ=Ci sur Ωi. Doncϕ= 0 sur ∂Ωi. Or∂Ω =S
i∂Ωi. DoncCi= 0∀i.
D(Ω) n’est pas complet pour la norme :
kϕk= sZ
Ω
|∇ϕ|2dx Propri´et´e 6
Preuve.
Exercice classique inspir´e deD(Ω) est dense dansL2(Ω) pour la norme|.|0o`u :
|a|0= Z
Ω
a2dx 1/2
D´efinissonsH01(Ω) = le compl´et´e deD(Ω) pour la normek.k. D(Ω)⊂H01(Ω) complet.
H01(Ω) est un espace de Hilbert avec comme produit scalaire : ((ϕ, ψ)) =
Z
Ω
∇ϕ∇ψdx
Sur un espace de HilbertH on a leth´eor`eme de repr´esentation de Riesz :
∀l∈H0 =L(H, R),∃!L∈H tq ∀v∈H,((L, v)) =l(v)
Remarque.
klkH0 =kLkH
Revenons `a notre preuve :
∀f ∈L2(Ω),∃!u tq ∀v∈H01(Ω), ((u, v)) = Z
Ω
f vdx
Si ? v7−→R
Ωf vdxlorsque f ∈ L2(Ω),∈H01(Ω)0 =H0 alors ok.
∃ctq Z
Ω
f vdx
≤ Z
Ω
f2dx
1/2 Z
Ω
v2dx 1/2
≤c(RΩ|∇v|2dx)1/2
Soit Ω⊂]a, b| ×Rn−1apr`es rotation des coordonn´ees. Alors :
∀ϕ∈ D(Ω), |ϕ|2dx1/2
≤(b−a) Z
Ω
|∇v|2dx 1/2
Propri´et´e 7(in´egalit´e de Poincar´e)
Preuve.
Soita≤x1≤b.
|ϕ(x1, x0)|2≤ Z x1
a
∂ϕ
∂x1(s, x0)
2
ds≤ Z x1
a
1ds
≤b−a
Z x1
a
∂ϕ
∂x1 2
(s, x0)ds
!
Z
Ω
ϕ2(x1, x0)dx0≤(b−a)2 Z
Ω
∂ϕ
∂x1 2
(s, x0)dsdx≤(b−a)2 Z
Ω
|∇ϕ|2dx Finir la preuve.
4 Estimation d’erreur
(i)uh MEF P1
(ii)uanalyse fonctionnelle
ku−uhk?
((uh, v)) = Z
Ω
f vdx,∀v∈Vh
((u, v)) = Z
Ω
f vdx,∀v∈V
⇒((u−uh, v)) = 0 ∀v∈Vh (∗)
ku−uhk= inf
vh∈Vhku−vhk Th´eor`eme 8 (lemme de C´ea)
Preuve.
ku−uhk2= ((u−uh, u−uh))
= ((u−vh+ vh−uh
∈Vhdonc(∗)
, u−uh))
≤ ku−uhkku−vhk
La fin de l’histoire :
Interpolation. w∈H01(Ω),Πhw
Πh: C(Ω) −→ Vh
x 7−→ (Πhw)(x) =P
i∈Iw(si)vsi(x) Preuve.
Preuve incompl`ete.
ku−uhk ≤ ku−Πhuk ≤C(u)h faux en dim 2
Pour un triangleT, on notehT la longueur du plus grand cˆot´e de T etρT le diam`etre du cercle inscrit dansT.
hT ρT
≤ 2 sinθT
o`u θT est le plus petit angle.
On dit que la famille de triangulation (Th) de Ω est r´eguli`ere si∃C tel que hρT
T ≤C quand h→0
D´efinition 2(famille de triangulation r´eguli`ere)
Soit (Th) une famille r´eguli`ere de triangulation.
∃ctq∀w∈ C2(Ω), Z
Ω
|∇(w−Πhw)|2dx 1/2
≤c Z
Ω
|∇2w|2dx 1/2
h Th´eor`eme 9 (Raviant-Thomas Masson)
Si u∈H2(Ω),∃C(u,Ω) telle que :
ku−uhk ≤C(u,Ω)h Corollaire 10
Remarques.
– P1 est convergente d’ordre 1 – P2 est convergente d’ordre 2 Bonus.
( −∂∂x2u2 +∂x∂y∂2u −∂∂y2u2 =f u= 0 sur∂Ω
Par FV on obtient : Z
Ω
∂u
∂x
∂v
∂x −∂u
∂x
∂v
∂y +∂u
∂y
∂v
∂y
dxdy= Z
Ω
f vdxdy, v= 0 sur∂Ω Pourv=u, en notantX = ∂u∂x,Y =∂u∂y, on se ram`ene `a :
Z
Ω
(X2−XY +Y2)dxdy≥ X2+Y2 2 .
Notons :
a(u, v) = Z
Ω
∂u
∂x
∂v
∂x−∂u
∂x
∂v
∂y +∂u
∂y
∂v
∂y
dxdy
On a :
a(u, u)≥ 1
2kuk2= 1 2
Z
Ω
|∇u|2dx coercivit´e Notations :
(i)H Hilbert, ((., .)),k.k (ii)a:g.b, c.,a:H×H −→R
∃c,|a(u, v)| ≤ckukkvk ∀u, v (iii)aest coercive si∃α >0 tq :
a(u, u)≥α.kuk2 ∀u∈H
∀l∈H0,∃!u∈H tqa(u, v) =l(v) ∀v∈H Th´eor`eme 11(Lax-Milgram)