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Mémoire de licence

La formation professionnelle duale comme alternative éducative pour les enfants péruviens qui travaillent

- volontés, enjeux et barrières -

Dana Torres Carmen Vulliet

Commission de mémoire

Directeur de Mémoire : M. Siegfried Hanhart Membres du Jury : Mme Soledad Pérez

Mme Marie-Noelle Schurmans

Novembre 2001

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Table des Matières

INTRODUCTION... 6

I. PLAN DE TRAVAIL...9

II. DÉMARCHEETLIMITESDELARECHERCHE...11

III. ENBREF : OBJECTIF, HYPOTHÈSEGÉNÉRALEETQUESTIONDERECHERCHE...12

1. Objectif :...12

2. Hypothèse générale :...12

3. Question de recherche :...12

IV. ENPRATIQUE : L’ETUDEDETERRAIN...13

V. DIFFICULTESRENCONTREES...15

VI. REMERCIEMENTS...15

PREMIERE PARTIE : MISE EN CONTEXTE PREMIER CHAPITRE :LES ENFANTS AU TRAVAIL : ESQUISSE DE LA PROBLÉMATIQUE I. VISIONHISTORIQUE...17

II. TYPOLOGIE...19

III. LECADREINSTITUTIONNEL...25

1. Les normes internationales...25

2. Les législations nationales...26

3. Le milieu associatif...27

4. Les opinions publiques...28

5. Les médias...28

IV. LESACTEURSSOCIAUX...28

1. Les enfants...29

2. Les parents...30

3. Les employeurs...31

V. LETRAVAIL, LAFORMATIONETLASCOLARITÉ...31

VI. CONCLUSIONS...32

DEUXIEME CHAPITRE :LE PÉROU : CONTEXTE GENERAL ET POLITIQUE DE L’ETAT À L’EGARD DU TRAVAIL DES ENFANTS I. POINTSDEREPERESHISTORIQUES...36

II. DIVERSITEGEOGRAPHIQUE...37

III. DIVERSITECULTURELLE...38

IV. DEVELOPPEMENTECONOMIQUE ETSOCIAL...38

V. DEVELOPPEMENTSOCIOPOLITIQUE...41

VI. EDUCATIONETPAUVRETE...42

VII. POLITIQUEETCADREINSTITUTIONNELPOURLESENFANTSQUITRAVAILLENT...44

VIII.CONCLUSIONS...46

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TROISIEME CHAPITRE :COÛTS ET FINANCEMENT DE L’EDUCATION PUBLIQUE

I. LESDÉPENSESPUBLIQUESENÉDUCATION...49

II. LES DÉPENSESDESFAMILLESETDELACOMMUNAUTÉDANSLÉDUCATIONPUBLIQUE...51

III. LACOOPÉRATIONINTERNATIONALEETLÉDUCATIONPUBLIQUE...53

IV. CONCLUSIONSSURLEFINANCEMENTDELÉDUCATION...54

QUATRIEME CHAPITRE :ORGANISATION ET FINANCEMENT DE LA FORMATION TECHNIQUE ET PROFESSIONNELLE DANS DIFFERENTS CONTEXTES SOCIOECONOMIQUES I. LAFORMATIONTECHNIQUEETPROFESIONNELLEAU PÉROU...55

II. LAFORMATIONPROFESSIONNELLEAUBRESIL...58

1. Le SENAI : la formule bipartite de formation technique et professionnelle...59

a). Organisation... 59

b). Financement... 59

2. La formation professionnelle des enfants au travail : l’exemple du CESAM...61

III. LAFORMATIONDUALEEN SUISSE...62

1. Les acteurs institutionnels...63

2. Les acteurs sociaux participant à la formation en apprentissage dual...64

a). Le conseiller en formation...64

b). Le maître d’apprentissage...64

c). Les commissaires d’apprentissage...65

d). L’expert... 65

e). Les enseignants...65

IV. CONCLUSION...66

CINQUIEME CHAPITRE :COUTS ET AVANTAGES DE LA FORMATION EN APPRENTISSAGE : OPTIQUE DE L’ENFANT TRAVAILLEUR PERUVIEN I. LESCOUTSMONETAIRES...67

II. LECOUTD'OPPORTUNITE...72

III. LETOTALDESCOÛTSDEFORMATION...75

IV. LETOTALDESREVENUSGAGNÉSDURANTLAVIEACTIVE...77

V. CONCLUSIONSURLERENDEMENTMONÉTAIREDELÉDUCATION...82

CONCLUSIONS DE LA PREMIERE PARTIE...85

PARENTHESE D’INTRODUCTION A LA DEUXIEME PARTIE : LE CADRE CONCEPTUEL 1. L’ACTION COLLECTIVE...87

a). Dimension socioculturelle...87

b). Dimension socio-économique...90

c). Dimension politique et organisationnelle...92

2. DEVELOPPEMENT REGIONAL ENDOGENE...95

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DEUXIEME PARTIE : ETUDE DE TERRAIN

PREMIER CHAPITRE :LA SITUATION RÉGIONALE : LA PROVINCE DE TRUJILLO - DEPARTEMENT DE LA LIBERTAD

I. POPULATIONECONOMIQUEMENTACTIVEETEMPLOI...101

II. EDUCATION...102

III. PROFIL PROFESIONNEL DES ENFANTS ET ADOLESCENTS AU TRAVAIL (NATS - NIÑOS Y ADOLESCENTESTRABAJADORES)...103

1. Description...103

2. Aproximation statistique...104

IV. CONCLUSIONS...110

DEUXIÈME CHAPITRE :LES ENFANTS AU TRAVAIL ET LE CHOIX DE LA FILIÈRE DE FORMATION I. L’OFFREEDUCATIVEOFFICIELLE...112

II. LES ENSEIGNANTS...113

III. LESPARENTS...116

IV. LESENFANTS...120

V. CONCLUSIONS...124

TROISIEME CHAPITRE :LA PARTICIPATION DES PMES A LA FORMATION PROFESSIONNELLE DE TYPE DUAL DES ENFANTS QUI TRAVAILLENT I. PERCEPTIONDELAFORMATION...125

a). L’école obligatoire...125

b). La formation technique et professionnelle...126

c). Besoin de qualification dans le secteur d’activité...127

II. PARTICIPATION À LA FORMATION PROFESSIONNELLE DUALE ADRESSÉE AUX ENFANTS QUI ONT BESOINDETRAVAILLER...127

a). Avantages et inconvénients d’accueillir des apprentis...128

b). Population choisie, types d’activités proposées et conditions d’engagement des apprentis...128

III. NIVEAUDEQUALIFICATIONDESENTREPRENEURS...129

IV. CONCLUSIONS...130

QUATRIEME CHAPITRE :POSSIBILITÉS ET OBSTACLES DANS L’ÉTABLISSEMENT DU PARTENARIAT ENTRE L’ÉCOLE ET L’ENTREPRISE I. LESPOUVOIRSPUBLICS...131

1. Le Ministère de l’education...131

2. Le Ministère du travail et de la promotion sociale...137

II. LESECTEURDESENTREPRISES...138

1. La Chambre de commerce et d’industrie...138

2. Les Associations professionnelles...140

a). L’association des guides de tourisme...140

b). L’association des producteurs de chaussures...141

c). Les entrepreneurs...142

III. CONCLUSIONS...143

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CINQUIÈME CHAPITRE :CONDITIONS POUR L’EMERGENCE DE GROUPES ORGANISÉS ET SEMI ORGANISES DES ENFANTS AU TRAVAIL

I. LESINSTITUTIONSOFFICIELLESDEFENDANTLESDROITSDESENFANTS...145

1. PROMUDEH - INABIF...145

2. La DEMUNA...148

II. LES ORGANISATIONSDEFENDANTLESDROITSDESENFANTS...149

1. Le CAEF...149

2. MANTHOC (Movimiento de Adolescentes y de Niños Trabajadores, Hijos de Obreros Cristianos)...151

III. LESENFANTSTRAVAILLEURSETLEURSPARENTS...152

1. Les enfants...152

2. Les parents...156

IV. CONCLUSIONS...158

CONCLUSIONS DE LA DEUXIÈME PARTIE...160

CONCLUSIONS GÉNÉRALES...162

ANNEXES... 167

BIBLIOGRAPHIE...188

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INTRODUCTION

En arrivant au village d’Ollantaytambo (Cuzco-Pérou), un groupe d’enfants âgés de 7 à 12 ans s’approcha pour nous offrir leurs services de guide. Ils se disputaient le poste entre eux. Nous choisîmes un des plus petits qui avait l’air sérieux. Il disparut et quelques minutes plus tard réapparut habillé en costume typique, un livre sous le bras et tenant une baguette de professeur. En s’exprimant dans un espagnol presque incompréhensible et en mélangeant la tradition populaire aux faits historiques et à sa propre fantaisie, il nous raconta l’histoire de ces ruines incas. Il chanta en sa langue (le quechua), dansa, nous montra des photos du livre dont il se servait pour rendre crédible son histoire. Ce fut un spectacle formidable.

Nous ne savons rien sur cet enfant, s’il était un enfant de la rue, s’il avait une famille, s’il allait à l’école. Mais il y a deux choses qui nous ont frappées de cette rencontre. Tout d’abord, voir un enfant de son âge travailler en marge de tout cadre légal, cadre qui pourrait, d’une certaine manière, lui assurer la jouissance de ses droits fondamentaux. Ensuite, la façon dont il assumait son travail : il aimait ce qu’il faisait et le plus important, il se formait lui-même pour le faire sérieusement.

Nous avons toujours gardé l’image de cet enfant dans notre esprit et lors de choisir notre sujet de mémoire nous n’avions qu’une certitude : essayer d’approcher la réalité des enfants qui travaillent et de mener une réflexion sur le rôle de l’éducation et des différents acteurs sociaux et institutionnels s’y rapportant.

Domaine et intérêt de l’étude

Après une phase de croissance économique basée sur une stratégie d’industrialisation par substitution aux importations, durant les années 80, l’Amérique Latine a traversé une période de dégradation profonde des conditions économiques et sociales.

En effet, la dynamique économique, essentiellement interne aux pays, conduisit au développement de la classe moyenne et à la salarisation d’une partie importante de la force de travail; toutefois, elle généra également des déséquilibres : inflation, déficit budgétaire, déficit de la balance commerciale, endettement extérieur. L’aggravation de ces déséquilibres et la crise financière qui en résulta, ainsi que le besoin d’adapter la structure économique aux nouvelles conditions de production et de concurrence du marché international imposèrent la mise en œuvre de programmes de stabilisation et d’ajustement structurel parfois drastiques. L’adoption de ces nouveaux programmes, loin de favoriser le développement économique, ont plutôt aggravée la crise déjà existante : apparition d’une hyper-inflation, gonflement de la sphère spéculative, tendance à la désindustrialisation. Ainsi, durant ces deux dernières décennies, la misère et la pauvreté ont pris une ampleur considérable.

Au niveau social, une des conséquences les plus directes et flagrantes de cette crise économique est le recours au travail des enfants. Certes, la pauvreté n’est pas la seule raison pour laquelle une famille fait appel au travail des enfants mais elle en est sans doute la cause

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principale (OIT, INTERDEP/CL/1993/2, p.2). A l’heure actuelle, malgré tous les accords internationaux de défense des droits des enfants, de plus en plus, les familles pauvres doivent compter sur le travail de leurs enfants pour essayer d’obtenir les ressources nécessaires à leur survie. Dans ce contexte, les entreprises, les entrepreneurs informels et les artisans, par exemple, utilisent les enfants comme main-d’œuvre bon marché, dans le but de mieux rentabiliser leurs investissements. Ce faisant, ils tirent leur profit des besoins des plus pauvres.

En ce qui concerne les conditions de travail, la plupart des enfants qui travaillent n’ont aucune protection sociale. Ils sont parfois l’objet d’une véritable exploitation et leurs activités se déroulent dans des conditions qui attentent souvent à leur sécurité et leur santé (OIT, INTERDEP/CL/1993/2). En particulier, il est un fait que l’incorporation précoce des enfants au marché du travail limite leur accès à l’éducation. En effet, la grande majorité n’aura pas la possibilité de suivre une formation complète, qu’elle soit scolaire ou technique, car il n’existe pas de formation adaptée à leur spécificité d’enfants qui travaillent et à leurs horaires (UNICEF, Estado Mundial de la Infancia 1999 : Education, p. 47). Sans aucune formation adéquate, dans leur vie d’adulte, ils n’auront accès qu’à des travaux sans qualification; la probabilité de trouver un emploi salarié sera donc presque inexistante.

Si comme nous l’avons vu, la pauvreté est la cause principale du travail des enfants et de leurs mauvaises conditions de travail, il s’agit d’une force si puissante que la lutte directe contre celle- ci est sans espoir. Il s’avère donc nécessaire de chercher de nouvelles pistes pour essayer de mieux aider les enfants qui travaillent à sortir de l’impasse dans laquelle ils se trouvent.

Une des approches envisageables est de mieux articuler le travail et la formation, en reconnaissant certaines formes de travail infantile. La promotion des activités génératrices de revenu depuis les écoles, permettrait aux enfants de combiner des contenus pédagogiques avec une formation professionnelle sur le tas. Ainsi, à travers l’éducation, les enfants au travail auraient la possibilité d’une certaine amélioration sociale à moyen terme, et en même temps, celle de répondre à l’urgence économique d’augmenter les revenus familiaux à court terme (ALARCON, cité dans OIT, INTERDEP/CL/1993/2). En particulier, l’idée d’une formation professionnelle sous forme d’un d’apprentissage adapté à leur situation particulière serait une alternative pour ces enfants car il s’agit d’une formation alternant travail rémunérateur et enseignement.

Dans certains pays européens, l’apprentissage, en tant que formation duale, est un dispositif éducatif qui rapproche l’univers de l’école et celui du travail. Ce type de formation offre aux jeunes travailleurs la possibilité de suivre une formation théorique et pratique en vue de l’obtention d’une qualification professionnelle sanctionnée par un diplôme de l’enseignement technique. Dans le cas européen, l’apprentissage est une filière de formation complète qui suit la scolarité obligatoire. Il demande donc certaines connaissances de base et fixe l’âge minimum d’entrée à 15 ou 16 ans. Ces deux caractéristiques font de l’apprentissage européen une alternative totalement inadaptée aux enfants obligés à travailler dans les pays du tiers monde.

Ayant la plupart entre 6 et 16 ans (OIT, INTERDEP/CL/1993/2), ces enfants n’ont ni l’âge - et beaucoup d’entre eux - ni la possibilité matérielle de finir une formation scolaire générale préalable.

D’autre part, cette modalité éducative, étant organisée sous forme de partenariat1 entre l’entreprise et l’établissement scolaire, fonctionne dans le cadre d’une économie formelle qui lui confère son caractère légal. Dans les pays du Tiers Monde où l’activité économique repose

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essentiellement sur le secteur informel2 - secteur où l’on retrouve la grande majorité des enfants au travail -, une telle légitimité ne peut lui être accordée (BACHELARD et ODUNLAMI, 1997, p. 9).

Toutefois, d’une manière générale, la formation professionnelle, quelle que soit l’organisation qui l’encadre, est considérée à l’heure actuelle comme un facteur décisif d’évolution de la qualification du marché du travail et un régulateur essentiel des rapports sociaux (MERLIN, 1995, cité dans POUPARD, LICHTENBERGER, LUTTRINGER & MERLIN, p. 153). Du point de vue de l’éducation, la formation en « alternance sous statut scolaire » - initiale et continue - représente le premier enjeu de la modernisation du système d’enseignement professionnel (MATHEY- PIERRE, 1994, pp. 60-62).

De ce fait, nous nous demandons dans notre étude, quelles sont les possibilités d’introduire un type de formation duale comparable au système de l’apprentissage, dans le contexte péruvien, et plus particulièrement adapté au cas des jeunes enfants qui sont obligés de travailler.

Cette idée est suggérée par le constat suivant : la formation obligatoire, tel qu’elle est organisée actuellement, n’offre pas aux enfants qui travaillent la possibilité de profiter de leur expérience pour obtenir une qualification professionnelle dans le métier qu’ils ont exercé (ou un autre), et avoir ainsi de meilleures chances d’évolution socioprofessionnelle.

La formation professionnelle duale en apprentissage, exige de façon fondamentale l’établissement de partenariats entre les différentes acteurs institutionnelles concernés : Etat, pouvoirs publics, école, entreprises, organisations professionnelles. Ces partenariats doivent répondre à un intérêt commun identifié. L’objectif de ce travail est donc d’analyser les possibilités d’établir des partenariats entre les différents acteurs institutionnels concernés pour offrir aux enfants qui travaillent une formation alternative, sous forme d’apprentissage dual, adaptée à leur spécificité, et qui garantisse leur sécurité et leur développement physique, psychologique et social.

Les enjeux sont considérables si l’on tient compte que le développement d’un pays ou d’une région est étroitement dépendant du développement de ses systèmes de formation. Le processus conduisant à un tel changement est difficile et comporte plusieurs aspects :

 sur le plan socioculturel : la prise de conscience de la problématique des enfants au travail, de l’environnement socio-économique de la région et de la possibilité de concevoir un projet collectif de formation;

 sur le plan politique et organisationnel : le remaniement des relations entre les différents acteurs institutionnels et sociaux pour rendre possible la mise en place d’un programme de formation duale, malgré l’existence d’intérêts spécifique différents - ex. logique de production, logique de formation;

 sur le plan socio-économique : le développement de nouvelles formes de participation pour résoudre des problèmes jusqu’alors considérés comme hors de portée, tel que l’autofinancement du nouveau système.

2 Le secteur informel est constitué par des unités de production qui se trouvent en dehors du cadre légal, qui travaillent avec peu de dynamisme et qui n’ont pas accès au capital. Il absorbe l’excédent de la force de travail qui ne peut pas être placée à l’intérieur du secteur moderne de l’économie.

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I. PLAN DE TRAVAIL

Pour bien mener notre étude, nous allons la diviser en deux parties : la première sera une mise en contexte général de la problématique des enfants travailleurs et de la réalité péruvienne, et s’attachera à démontrer l’importance de créer une formation en apprentissage pour les enfants péruviens qui travaillent; la deuxième, une étude du terrain pour évaluer les possibilités de mettre en place cette formation duale dans une région particulière du pays. Pour tenter de vérifier notre hypothèse générale, nous avons choisi la province de Trujillo, département de La Libertad, car elle présente toutes les caractéristiques du contexte national dans une zone géographique plus limitée et, en même temps, permet d’analyser les possibilités de décentralisation des pouvoirs administratifs.

La première partie comporte cinq chapitres. Le premier essaie de décrire la problématique générale des enfants au travail à travers l’histoire de cette pratique sociale, de la typologie des enfants travailleurs, de l’identification des acteurs institutionnels et sociaux y prenant part, et enfin, de la relation entre le travail, la formation et la scolarité.

Pour essayer de comprendre la réalité des enfants travailleurs péruviens, nous allons présenter dans le deuxième chapitre, l’évolution historique du Pérou, sa diversité géographique et culturelle et son développement socio-économique et sociopolitique. Nous allons aussi considérer la relation entre l’éducation et la pauvreté ainsi que les objectifs et les instruments de la politique nationale à l’égard du travail des enfants.

Nous allons présenter dans le troisième chapitre, le modèle de financement de l’éducation publique péruvienne et le niveau de participation de l’Etat, des familles et de la communauté locale et internationale aux dépenses en éducation, ceci pour comprendre l’importance de trouver de nouvelles sources locales de financement pour la formation professionnelle, dans le but de décentraliser le pouvoir de décision budgétaire.

Pour chercher de nouvelles approches de solution aux problèmes confrontés par la formation professionnelle au Pérou, nous allons présenter dans le quatrième chapitre l’évolution de la formation professionnelle dans ce pays, le financement de la formation professionnelle au Brésil et l’organisation de la formation professionnelle en Suisse. Pour le financement de la formation, nous avons choisi le cas du Brésil car il présente les mêmes caractéristiques socio- économiques que le Pérou. Au niveau de l’organisation, la Suisse est un exemple du bon fonctionnement du système dual.

Pour essayer de déterminer les possibles avantages que peuvent tirer les enfants au travail de la formation professionnelle duale, dans le cinquième chapitre, nous allons effectuer une analyse comparative coût-bénéfice pour les enfants qui travaillent, d’une formation scolaire traditionnelle et d’une formation en apprentissage.

La première partie nous conduit donc à mettre en évidence en quoi un système dual d’apprentissage pourrait constituer une bonne alternative dans le contexte étudié.

Pour bien expliquer les orientations adoptées pour la démarche de la seconde partie, l’étude de terrain, nous allons d’abord faire une parenthèse théorique mettant en place le cadre conceptuel qui nous a guidé. Les deux axes thématiques sur lesquels nous allons travailler sont : l’action collective et le développement régional endogène. La possibilité d’entreprendre une action

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et organisationnelle (chapitres 2, 3 et 4); tandis que le développement régional est étudié au travers du niveau de participation des groupes de base, enfants et parents, dans les projets qui concernent les enfants (chapitre 5).

La deuxième partie est donc constituée de cinq chapitres. Le premier décrit brièvement les caractéristiques communes au contexte national et régional et essaie de mettre en évidence les facteurs de dysfonctionnement entre l’offre et la demande de formation au travers de l’analyse de la population économiquement active et de l’emploi local ainsi que les tendances en matière d’éducation. Nous allons compléter cette analyse avec la présentation du profil des enfants et adolescents qui travaillent dans cette région.

Pour analyser la reconnaissance sociale (dimension socioculturelle) de la formation professionnelle, nous allons présenter dans le deuxième chapitre, les orientations de la nouvelle politique éducative, et les résultats des questionnaires passés aux professeurs, aux parents et aux enfants au travail. Il s’agit ici de connaître la perception de ces différents acteurs à l’égard de la formation générale, la formation technique et professionnelle et l’apprentissage dual.

Le troisième chapitre étudie l’aspect socio-économique de la formation professionnelle duale au travers du niveau d’acceptation du projet de formation pour les enfants travailleurs et les conditions de participation des petites et moyennes entreprises ainsi que les ressources humaines dont ces entreprises disposent pour développer ce type de formation. Pour y parvenir nous allons analyser l’opinion que les entrepreneurs se font de l’école obligatoire, la formation technique et professionnelle, le besoin de qualification dans leur secteur d’activité, la formation duale, les avantages et inconvénients d’accueillir des apprentis, le type d’activités qu’ils proposent et les conditions d’engagement des apprentis, et enfin, le niveau de qualification professionnelle des entrepreneurs et de leurs collaborateurs.

Le quatrième chapitre se rapporte au niveau d’organisation de la région pour développer des relations partenariales entre les acteurs institutionnels prenant partie dans la formation professionnelle en apprentissage dual. Nous allons analyser ici les actions entreprises par les différentes institutions offrant des programmes de formation professionnelle et les possibilités de créer un réseau d’interaction entre celles-ci. Les institutions prises en considération sont : le ministère de l’éducation, le ministère du travail et de la promotion sociale, la chambre de commerce et les associations professionnelles. Pour mesurer le degré d’acceptation du projet au niveau des acteurs sociaux représentant ces institutions, nous allons aussi tenir compte de l’opinion des enseignants et des entrepreneurs concernant la participation de l’entreprise dans la formation, et concernant le problème des enfants qui ont besoin de travailler.

Pour suivre la logique du développement régional endogène, ou auto-développement, le cinquième chapitre tente d’examiner le degré de représentativité des parents et des enfants dans les différentes institutions qui sont censées défendre les droits des enfants. A cet effet, nous allons présenter la position de quatre institutions à l’égard du travail des enfants et de leur formation, et vérifier dans quelle mesure les programmes et dispositions adoptés par ces institutions répondent aux attentes des enfants qui travaillent, et de leurs parents.

Les deux parties de notre travail comportent leurs conclusions respectives. Pour finir, en guise de conclusion générale, nous essaierons de dégager les difficultés identifiées pour la mise en place d’une formation en apprentissage et les perspectives dans la région étudiée. Enfin nous apporterons d’éventuelles propositions ainsi que d’autres pistes de recherche.

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II. DÉMARCHE ET LIMITES DE LA RECHERCHE

Dans notre étude nous essaierons, dans un premier temps, de faire comprendre la problématique des enfants qui travaillent et celle de l’éducation dans le contexte péruvien ; et ensuite, à travers une étude sur le terrain, nous tenterons de mettre en évidence les difficultés à surmonter pour mettre en place un programme de formation adapté aux enfants qui ont besoin de travailler. Ainsi, pour rendre compte des différents aspects que nous considérons comme étant essentiels lors de la mise en place d’un projet de formation professionnelle en apprentissage dual, nous privilégierons la présentation globale de ces différents aspects au détriment de l’étude approfondie d’un seul. Bien que les possibilités de mesure de cette problématique complexe soient multiples, en raison des limitations logistiques et économiques ainsi que du cadre dans lequel cette recherche s’inscrit (mémoire de licence), nous avons choisi les indicateurs suivants :

 la reconnaissance sociale de la formation duale dans la communauté en question, analysée en comparant la valeur accordée à trois types de formation : l’éducation générale et technique de base, la formation professionnelle et technique et la formation duale.

 Le niveau de participation des PMEs locales dans la formation, analysée à travers l’intérêt porté par les entrepreneurs à former des apprentis et les conditions d’engagement proposées.

 La capacité pédagogique des PMEs, mesurée au travers du niveau éducatif des entrepreneurs et de leurs collaborateurs. Même si le développement technologique et la capacité installée de l’entreprise sont des facteurs déterminants pour mettre en place une formation sous forme d’apprentissage, nous ne les avons pas pris en compte dans le cadre de ce travail, car ils méritent une recherche plus approfondie qui sort de notre propos.

 Le niveau d’organisation de la communauté, évalué à travers le niveau d’interaction des institutions concernées dans la formation professionnelle duale.

 Le niveau d’organisation des enfants, évalué à travers du niveau de représentativité des enfants dans les institutions censées défendre leurs droits.

Pour évaluer les possibles avantages d’une formation en apprentissage dual pour les enfants au travail, nous allons réaliser une analyse coût-bénéfice pour l’élève, de la formation en apprentissage, selon l’optique de l’enfant travailleur. Cependant, cette analyse est approximative car les données économiques correspondent à un cas particulier et non à des statistiques officielles. L’analyse coût-bénéfice pour l’entreprise n’est pas prise en compte dans ce travail car il est très difficile de mesurer ce qui n’existe pas (il n’y a actuellement pas de formation en apprentissage en entreprise).

Dans notre étude, le mot enfant désigne les garçons et les filles en dessous de 16 ans, à la différence de la Convention de droits de l’enfant qui prend comme limite supérieure de l’enfance l’âge de 18 ans. L’enfant travailleur est pour nous tout enfant qui participe à des tâches productives, qu’elles soient rémunérées ou non.

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III. EN BREF : OBJECTIF, HYPOTHÈSE GÉNÉRALE ET QUESTION DE RECHERCHE

1. Objectif :

L’objectif principal de notre recherche est d’analyser la possibilité de trouver une solution partielle au problème - légalement très délicat - des enfants qui travaillent au Pérou, par la mise en place d’un système de formation alternée inspiré de l’apprentissage. Cette mise en place se ferait grâce à un partenariat entre les acteurs sociaux et institutionnels concernés (enfants, parents, entreprises, école, Etat) dans une logique de développement régional endogène.

2. Hypothèse générale :

Compte tenu de l’énorme pression socio-économique qui est à l’origine de la situation illégale des enfants au travail, toute action visant à supprimer cet état de fait ne pourrait avoir qu’un effet très limité. La seule façon de tenter d’apporter un certain secours à ces enfants est de reconnaître la situation comme inévitable, malgré son caractère illégal, et de proposer des solutions compatibles avec le travail infantile. L’amélioration de la formation de ces enfants ne peut donc se faire que sous une forme leur permettant de continuer à travailler. La formation alternée entre une entreprise et l’école, similaire à ce qui se pratique sous forme d’apprentissage dans beaucoup de pays (mais à un autre niveau d’âge et d’éducation) est une solution qui semble correspondre à la problématique péruvienne.

Cependant les conditions qui permettraient l'introduction de ce type de formation ne sont pas réunies :

 Il existe un rejet d’origine socioculturelle de ce type d’éducation.

 Les faibles ressources économiques, que ce soit des enfants et de leurs parents, des entreprises concernées, ou des institutions (Etat, Ecole) sont un obstacle majeur à l’établissement de ce type de programme.

 L’environnement organisationnel présent rend très difficile les négociations nécessaires pour ce genre de projet.

 L’existence même d’un groupe de base qualifié représentant les enfants n’est pas garantie.

Ainsi, la mise en place de négociations entre différentes parties pour l’établissement de partenariats visant à instaurer des formations en apprentissage, est rendue très difficile par des raisons non seulement légales, mais aussi d’ordre culturel, économique, social et organisationnel. Cette hypothèse sera détaillée juste avant la deuxième partie.

3. Question de recherche :

Quelles sont les mesures qui permettraient de surmonter, au moins partiellement, les facteurs limitant ou empêchant au Pérou l’établissement de partenariats entre les écoles, les entreprises, les pouvoirs publics et les associations professionnelles et communautaires pour mettre en place un programme de formation professionnelle, de type dual, adressé aux jeunes enfants qui sont obligés à travailler?

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IV. EN PRATIQUE : L’ETUDE DE TERRAIN

Pour essayer de répondre aux différentes sous-questions de recherche qui seront posées lors de la présentation du cadre conceptuel, nous avons procédé comme suit :

1. Pour analyser la perception sociale de la formation en apprentissage, nous avons adressé des questionnaires semi-ouverts à 20 enseignants, 28 parents d’enfants travailleurs et 28 enfants au travail. Les questions se rapportent à la valeur accordée à l’école et aux différentes filières de formation en place, ainsi qu’à la possibilité de créer un programme de formation professionnelle de type dual pour les enfants qui travaillent.

Pour couvrir les différents niveaux éducatifs des enfants, nous avons décidé d’interroger 10 enseignants du niveau primaire, 5 du secondaire général et 5 du secondaire technique.

Quant aux parents interviewés, il s’agit de 13 hommes et 15 femmes dont 19 ont entre 20 et 39 ans et 9 de 40 à 59 ans. La distribution des parents selon le secteur d’activité est la suivante : 6 pères et 13 mères travaillent dans le commerce et les services; 5 et 2 pères dans l’industrie et le service technique respectivement; et 2 mères sont des femmes au foyer. De plus 10 n’ont pas fini l’école primaire (dont 8 provenant du secteur commerce et service) et 6 sont analphabètes. Des 5 ayant fini l’école secondaire, 4 sont des hommes repartis dans les trois secteurs économiques indiqués. Ces caractéristiques n’ont pas été prises en considération préalablement au choix des interviewés, elles ressortent des informations fournies par les parents, et nous ont paru confirmer la représentativité du groupe étudié.

En ce qui concerne les enfants, nous avons choisi 12 filles et 16 garçons ayant entre 6 et 17 ans : 2 entre 6 et 8 ans, 23 entre 9 et 14 ans, et 3 entre 15 et 17 ans. Bien que le programme de formation duale envisagé s’adresserait principalement au enfants de moins de 16 ans, nous avons aussi prévu d’interroger 3 jeunes de plus de 16 ans pour comparer leur avis sur la scolarité obligatoire (en supposant qu’ils ont déjà fini l’école) avec celle des enfants encore en formation. Il nous faut signaler que 15 enfants travaillent dans la vente ambulante d’articles divers (glaces, journaux, nourriture, bonbons, fleurs, etc), 2 font de ménages, 1 aide dans un restaurant, 1 s’occupe de la vente dans un magasin, 1 est employée comme bonne à tout faire, 2 travaillent dans la réparation de chaussures, 2 en menuiserie, 2 dans la fabrication des produits artisanaux, 2 dans le service technique et 1 dans un atelier de couture.

Les questionnaires ont été complétés sur les lieux de travail des personnes interrogées. Les zones prises en considération sont les districts urbains marginaux de El Porvenir, La Esperanza, Florencia de Mora, ainsi que le centre de Trujillo.

2. Pour mesurer le degré d’adhésion de l’entreprise au projet de formation duale pour les enfants au travail, nous avons passé 20 questionnaires semi-ouverts à 14 entrepreneurs du secteur formel et 6 du secteur informel. La distribution selon la taille de l’entreprise est la suivante : 2 micro entreprises formelles et 2 informelles; 8 petites entreprises formelles et 4 informelles; et 4 entreprises de taille moyenne formelles et 4 informelles. La dénomination de micro petite et moyenne entreprise correspond ici respectivement aux entreprises ayant 2 travailleurs, de 3 à 5 travailleurs, et de 6 à 10 travailleurs. Les secteurs pris en considération sont : 6 du secteur industriel (3 fabriques de chaussures, 1 boulangerie, 1 menuiserie, 1

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9 à la vente d’articles divers -fruits, légumes, matériels pour la fabrication des chaussures, chaussures, etc.), et 1 du secteur des services technique (réparation de chaînes hi-fi). Nous avons essayé de couvrir certains secteurs considérés comme importants dans l’économie régionale.

Les questions posées aux entrepreneurs se rapportent à la valeur accordée aux différents types de formation, aux besoins de main d’œuvre qualifiée dans leurs secteurs d’activités, à la perception de la formation duale ainsi qu’aux avantages et inconvénients de former des apprentis. Nous avons aussi tenu compte du niveau et du type de formation autant des entrepreneurs que des travailleurs pour estimer les entreprises qui pourraient disposer d’éventuels maîtres d’apprentissage.

3. Pour évaluer l’interaction entre les institutions prenant part dans la formation professionnelle, nous avons interviewé plusieurs représentants du secteur public et privé. Les points traités dans les entretiens sont : la problématique de l’enfant qui travaille, la formation professionnelle, la participation du secteur privé dans la formation, le besoin de main d’œuvre qualifiée dans la région, la possibilité d’élaborer un projet commun de formation en apprentissage pour les enfant qui ont besoin de travailler, ainsi que le type de relations entretenues entre les différentes institutions. Pour mesurer le degré d’identification des acteurs sociaux avec les politiques institutionnelles, nous avons aussi interrogé sur ces mêmes points les enseignants et entrepreneurs au travers des questionnaires.

Les autorités et dirigeants régionaux interviewés sont :

- Prof. Ramiro Guevara, Spécialiste en éducation, Direction Technique et Pédagogique du Ministère de l’Education;

- Ing. Otto Vargas, Chef d’Inspection d’Hygiène et Sécurité (occupationnel) du Ministère du Travail;

- Ing. Jorge Alcantara, Coordinateur régional du programme PROJOVEN;

- M. Luis Alor, Codirecteur du programme PASE;

- M. Ricardo Albújar, Administrateur de la Chambre de commerce et de l’industrie de Trujillo;

- M. Carlos Seijas, Directeur des Associations Professionnelles des Services Spécialisés de la Chambre de commerce de Trujillo;

- M. Luis Ocas, Président d’une Association des guides officiels de tourisme;

- Mme Yolanda Pagador, Présidente d’une Association de fabricant de chaussures;

- M. Manuel Torres, Coordinateur du programme de formation des informateurs de tourisme.

4. Pour analyser le degré d’organisation des enfants au travail et la possibilité de compter sur un groupe semi-organisé défendant ses droit à l’éducation et au travail au travers d’une formation en apprentissage, nous avons rencontré des coordinateurs, régionaux et nationaux, de diverses institutions censées défendre les droits des enfants. Nous avons orienté l’entretien sur les actions entreprises par ces différentes institutions dans le but de garantir le droit à l’éducation et au travail des enfants travailleurs. Les personnes interviewées sont :

- Mme Lily Llap, Directrice du Bureau Municipal de la Défense de l’Enfant et de l’Adolescent (DEMUNA-Trujillo);

- Mme Zoila Taboada, Coordinatrice du programme d’éducateurs des enfants de la rue de l’Institut National du Bien-être Familial (INABIF-Trujillo);

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- Mme Judith Villalobos, Directrice du Centre d’Adaptation et d’Education Familiale (CAEF), ONG Trujillo;

- Mlle María José Meléndez, Assistante sociale du CAEF;

- Mlles Nancy Huamán et Patricia Rivera, Responsables Nationales des délégués du Movimiento de Adolescentes y Niños Trabajadores Hijos de Obreros Cristianos (MANTHOC-Lima);

- M. Moisés Bazán, Coordinateur Géneral de l’Ecole de MANTHOC (Lima);

- M. Luis Rodríguez, Membre de l’équipe du programme de formation professionnelle des NATs (MANTHOC- Lima).

Afin de déterminer si la position idéologique de ces institutions et le projet de formation duale répondent aux attentes des enfants et de leurs parents, nous avons aussi interrogé ces deux acteurs au sujet du travail des enfants et du besoin d’une offre éducative adaptée à leur spécificité. Leur opinion étant à notre avis fondamentale car il ne servirait à rien d’élaborer un projet qui ne soit pas validé par la population directement bénéficiaire.

V. DIFFICULTES RENCONTREES

1. Il fut très difficile d’accéder à l’information dont nous avions besoin, car la bureaucratie péruvienne est un obstacle important, surtout pour des péruviennes ! (il nous fut parfois nécessaire de demander des rendez-vous en utilisant un nom de famille étranger).

Notamment l’instabilité politique totale dans le pays, provoquée par la fuite au Japon de l’ancien président, le climat de méfiance qui régnait lors de notre étude de terrain, exacerbé par la découverte d’un gigantesque réseau de corruption à l’intérieur du gouvernement et de la société en général, et la situation de confrontation politique propre aux campagnes présidentielles, n’ont pas facilité nos efforts !

2. L’information à laquelle nous avons eu accès manque parfois de transparence et de congruence. Dès que la question des ressources financières et des coûts des différents programmes visités apparaissait, nous nous sommes heurtées à une réluctance très forte à donner des chiffres.

VI. REMERCIEMENTS

Nous tenons à remercier toutes les personnes qui ont collaboré aimablement avec nous, en nous accordant leur temps pour répondre à nos questions ; et de manière spéciale les enfants travailleurs, qui nous montrent chaque jour un exemple de courage et d’enthousiasme. Un grand merci aussi à M. Hanhart, Mme Schurmans et Mme Pérez par leurs conseils pédagogiques; et à Maria José pour la passation des questionnaires.

Nous remercions également de tout cœur Véronique, pour sa précieuse aide en conseils et dans la correction de ce travail ainsi que pour le soutien qu’elle nous a accordé tout au long de notre formation.

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PREMIERE PARTIE :

MISE EN CONTEXTE

« Ne fait pas cadeau de poisson à ton prochain, mais apprend lui à pêcher ».

Confucius

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PREMIER CHAPITRE :

LES ENFANTS AU TRAVAIL : ESQUISSE DE LA PROBLÉMATIQUE

Le travail des enfants demeure un phénomène répandu dans le monde entier. Pour nombre d’enfants, le travail est une véritable exploitation, une épreuve difficile, et une source de souffrance. Il constitue aussi une violation majeure des droits de l’homme. Il porte souvent préjudice à l’instruction, à la santé et au développement de l’enfant, et se solde par un handicap social.

Pourtant, le travail peut constituer pour les enfants un élément important de leur croissance car il effectue une transition entre l’enfance et l’âge adulte. Il peut aussi s’avérer indispensable à la survie de la famille. Le travail des enfants est par conséquent un problème à multiples facettes que nous allons essayer d’analyser dans les pages qui suivent.

I. VISION HISTORIQUE

A l’origine, toute la vie de la communauté était centrée sur un contact direct avec la nature. Les activités économiques étant essentiellement la chasse, la pêche et une agriculture très primitive, la participation de tous les enfants était une nécessité pour vivre. Cette nécessité constituait la norme de l’éducation et la garantie de survie tant des individus que de la communauté.

Au cours des siècles, la pression de cet impératif de survie s’allège pour certaines populations et permet une division des tâches de la communauté, les enfants ne recevant que certaines responsabilités précises. Les tâches attribuées aux enfants sont considérées alors soit comme légères, c’est-à-dire adaptées à leurs forces physiques et mentales, soit comme moins urgentes que celles revenant aux adultes - par exemple, l’entretien de la maison, les soins des plus petits, le transport de l’eau, le recueil du bois de cuisson, etc.

Dans le cadre de la vie en forêt ou de la vie rurale en petits villages, les enfants au fur et à mesure de leur croissance, participent plus ou moins aux travaux de l’entourage - garde de bêtes, cueillette, irrigation, transport. Tout en étant un appoint à la vie économique de la famille et de la communauté, le travail est pour ces enfants surtout un moyen d’initiation; on le considère à la fois méthode d’apprentissage et processus de socialisation (Bonnet, 1998, pp. 34- 41). Ainsi, aujourd’hui comme hier, des dizaines de millions d’enfants consacrent l’essentiel de leurs journées à des travaux domestiques et agricoles qui, sauf exception, seront le lot de toute leur vie.

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l’artisanat (tisserands, brodeurs, sculpteurs sur bois, sur pierre, sur corne, potiers tailleurs de pierres précieuses, orfèvres, etc.). Dans les familles d’artisans, au moins un des enfants est retiré des travaux domestiques pour être consacré tout jeune, parfois dès l’âge de 4 à 5 ans, au métier du chef de famille afin de prendre la relève après de nombreuse années d’apprentissage. Même si progressivement, l’enfant peut assumer la responsabilité d’une partie de la production et augmenter ainsi le revenu familial, en fait sa véritable valeur économique se calcule sur le long terme, dans sa capacité à agrandir l’atelier familial et à subvenir aux besoins des vieux parents.

Dans certains pays, tout au long des siècles, la gigantesque demande provenant des grands travaux de construction a poussé à la mise en place d’une importante industrie du bois, de la brique et de la pierre qui repose sur une population active spécialisée. Toute la famille travaille et vit sur les chantiers de la naissance à la mort; les enfants y sont dès l’âge de 6 ou 7 ans des travailleurs à plein temps. Depuis des siècles et de façon immuable, des enfants pakistanais, par exemple, fabriquent les mêmes briques, cassent les pierres avec les mêmes outils, les mêmes techniques et les mêmes matériaux que leurs ancêtres.

Dans de nombreux autres pays les conquêtes coloniales ont eu une incidence sur la participation des enfants au travail. La réorganisation de la structure sociale de pays entiers en fonction de l’exploitation maximale de leur richesse amène aux limites de la famine une partie importante de la population. Ainsi, pour les classes sociales les plus fragiles le travail des enfants devient une nécessité pour survivre et non une participation progressive à la vie de la communauté.

Un changement ayant un effet immédiat sur le travail des enfants est l’apparition dans l’agriculture du système des plantations et des grandes fermes spécialisées dans la production commerciale. Les enfants y sont employés soit indirectement pour permettre aux parents d’atteindre le taux de production fixé, soit directement comme salariés ayant leur propre rendement à assurer. Avec certaines différences selon les pays, les enfants font l’expérience d’une vie de travail très dure sous le contrôle brutal des forces de l’ordre, que ce soit l’armée, la police officielle ou les milices privées.

Un autre changement crucial influençant le travail des enfants est l’introduction de machines et de procédés nouveaux dans la production industrielle, notamment au XIX siècle. Avec le développement technique de ces cents dernières années, les machines et procédés d’autrefois sont tombés en désuétude. Toutefois, ils continuent à être utilisés par les entreprises d’un secteur industriel classé comme secteur informel. Pour ces petites entreprises, dont le champ d’activité est généralement un marché concurrentiel, souvent très instable et saisonnier, le travail des enfants présente quelques avantages sur celui des adultes : il convient mieux à la demande fluctuante de l’emploi, il coûte moins cher que le travail des adultes, les enfants ne peuvent s’affilier à un syndicat et n’ont aucun droit en tant que travailleurs.

Dans les régions où la main d’oeuvre est surabondante, les travailleurs enfants peuvent constituer aussi une partie considérable de la main-d’oeuvre migrante. Le travail migrant revêt plusieurs formes : il peut être saisonnier - c’est le cas de l’extraction de l’or au Pérou -, ou plus ou moins permanent - comme dans les fabriques de tapis de Varasi -, en Inde (Bequele et Boyden, 1990). Si certains enfants migrent en compagnie de membres de leur famille, d’autres s’en vont tous seuls. En général, les enfants migrants se heurtent à de nombreuses difficultés et ont grand besoin de services communautaires. En étant complètement séparés de leur famille et de leur communauté, ils souffrent de carences alimentaires et affectives, et sont exposés à toutes sortes d’abus.

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Etat actuel de la question

De nos jours, mis à part le travail agricole - secteur traditionnel utilisant la main d’oeuvre enfantine -, la majorité des emplois sont concentrés dans les zones urbaine, et il apparaît clairement que dans les villes de certains pays, le nombre des travailleurs enfants a considérablement augmenté au cours de ces dernières décennies.

L’implication des travailleurs enfants dans l’économie, la nature des tâches qu’ils exécutent et les conditions dans lesquelles ils sont souvent employés les soumettent à d’importants risques pour leur santé et leur sécurité. La vulnérabilité physique des enfants, notamment ceux de très jeune age, fait que leurs possibilités et leurs besoins sont très différents de ceux des adultes (évidence rarement prise en compte par les employeurs). Toutefois, bien que de nombreuses tâches ne soient absolument pas adaptées aux travailleurs enfants, ils sont parfois très recherchés dans certaines activités, en raison des avantages que leurs aptitudes offrent aux employeurs. Cela s’applique notamment aux industries qui utilisent des techniques simples et dont la production dépend d’une main-d’oeuvre abondante. On estime que les enfants sont plus aptes que les adultes au tissage des tapis, par exemple, car ils ont une meilleure vue et ils sont plus rapides et plus habiles. Malheureusement, à long terme, ce travail peut gravement altérer leur santé.

D’une manière générale, la grande majorité d’enfants qui travaillent sont confrontés à des problèmes et dangers similaires. Ils sont victimes de sous-alimentation et d’autres problèmes de santé, ils sont le plus souvent exploités au travail et même soumis à de mauvais traitements par leurs pairs et par les adultes. Leur travail est médiocrement organisé et mal payé et leurs longues journées de travail perturbent leur instruction et compromettent leur avenir. Bien qu’un nombre étonnamment élevé d’enfants aille à l’école, la majorité n’y va pas; lorsqu’ils la fréquentent, c’est d’une manière si irrégulière que bien peu apprennent à lire et à écrire. Ceux qui travaillent dans les rues sont aussi exposés à d’autres risques physiques et sociaux : sous la direction de bandes d’adultes organisées ou de groupes antisociaux, beaucoup d’entre eux se livrent à des activités illicites allant jusqu’à la prostitution ou la criminalité. Nombre d’enfants vivent aussi sous la constante menace de la violence, qui est parfois même le fait des autorités.

Une enquête menée auprès des enfants de la rue au Brésil a ainsi révélé que la violence est ce qu’ils craignent par-dessus tout. Il est donc pratiquement inévitable que des enfants qui grandissent dans de telles conditions subissent des dommages psychoaffectifs irréversibles (Bequele et Boyden, 1990, p. 25).

II. TYPOLOGIE

Abdel-Wahab Bouhdiba (Bonnet, 1998, pp. 44-60) fait une typologie des travailleurs enfants en prenant comme critère la relation plus ou moins flexible établie entre l’enfant et la famille par le travail. Il propose de faire une distinction entre les enfants au travail dans le cadre familial et ceux travaillant hors de ce cadre, avec dans chaque cas une nouvelle distinction selon qu’il y a ou non des intermédiaires entre l’enfant et la famille. Il ajoute trois situations particulières qu’il

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formes d’emploi par le jeu des divers acteurs sociaux - est laissée à elle-même. Voici le tableau de classement de Bouhdiba :

Tableau N°1 : TYPOLOGIE DES TRAVAILLEURS ENFANTS

I.TRAVAIL RÉALISÉ EN FAMILLE a). Sans intermédiaires :

1. Agriculture familiale 2. Artisanat familial b). Avec intermédiaires : 3. Artisanat réalisé à la tâche

II. TRAVAIL RÉALISÉ EN DEHORS DE LA FAMILLE a). Sans intermédiaires :

4. Menus travaux pour son propre compte b). Avec intermédiaires :

5. Menus travaux pour le compte d’un tiers 6. Saisonniers dans l’agriculture

7. Apprentissage 8. Système Sweatshop

III. CAS D’ESPÈCE 9. Bonnes à tout faire 10. Servitude pour dettes 11. Prostitution enfantine

Source : Bonnet M., 1998, Regards sur les enfants travailleurs, p. 45.

1. Agriculture familiale

Dans leur très grande majorité les enfants au travail se trouvent en milieu rural et principalement dans l’agriculture. Cela vient du fait que malgré les flux migratoires et le développement extrêmement rapide des centres urbains, les pays en développement restent marqués non seulement par un poids considérable des populations rurales, mais également par des populations rurales dont la famille est la cellule de base pour travailler. La pauvreté des populations rurales ainsi que l’insuffisance des services sociaux et éducatifs mis à leur disposition oblige les enfants à participer à toutes les activités familiales.

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Les travaux confiés aux enfants sont de deux sortes. Tout d’abord l’aide aux activités domestiques, aide à la maman : nettoyage de la maison et des alentours, vaisselle, lessive, transport de l’eau et du combustible. L’enfant, notamment la fillette va progressivement prendre la place de la mère, la libérant ainsi pour des activités plus directement rémunératrices. Ensuite les travaux agricoles proprement dit, qui suivent par ailleurs, la différenciation sexuelle des tâches : cueillette, transport et tri des fruits, légumes ou céréales, irrigation et nettoyage des champs et surtout gardinnage des bêtes.

Deux éléments importants ressortent du travail des enfants au milieu rural tel qu’il existe de nos jours. Premièrement, la pénibilité des conditions de travail propre au milieu rural (conditions climatiques dures, agressions extérieures au travers des animaux, outils archaïques pour travailler la terre, longues distances à parcourir, heures de travail nombreuses, etc.) habitue l’enfant, dès son jeune âge, à une vie dure. En second lieu, l’enfant est attiré irrésistiblement par une vie différente, moins dure, qu’il croît pouvoir trouver quittant le milieu familial rural pour aller en ville. De ce fait, même après avoir fait l’expérience de conditions de vie qu’on juge inacceptables dans les rues et bidonvilles des métropoles, souvent, les enfants les préfèrent à celles du monde rural.

2. L’artisanat familial

L’artisan, pour notre propos, est un ouvrier qui fabrique un objet avec la maîtrise de tout le procès de production et répond aux besoins immédiats de la population environnante. Du fait que les populations sont pauvres et donc n’investissent que pour répondre à leurs besoins essentiels, les produits de l’artisanat sont traditionnels et évoluent peu. Les enfants vont se trouver au travail surtout dans la poterie, la vannerie, le tissage, la broderie, le travail du cuir, une certaine ferblanterie, et un peu de menuiserie. Ce travail vient souvent s’ajouter, selon les saisons et les besoins de la famille, aux travaux domestiques et agricoles. Comme dans l’agriculture, il s’agit d’une activité à laquelle participe toute la famille et dont la valeur en tant que processus d’apprentissage et de socialisation est traditionnellement et universellement reconnue.

La production artisanale traditionnelle devient de plus en plus vulnérable à la pression du marché à cause de la prolifération des produits de fabrication moderne, souvent accompagné d’une déviation de l’artisanat vers la demande du tourisme. En effet, l’appauvrissement des couches les plus pauvres de la population les oblige à se procurer au moindre coût les objets de première nécessité. D’autre part, en transformant les objets traditionnels en “souvenirs”, le tourisme crée une tendance à transformer le système en vue d’une production de masse, ce qui fait sortir l’artisanat de la sphère familiale.

3. Artisanat réalisé à la tâche

La différence entre cette catégorie et la précédente est l’existence d’un intermédiaire dans le processus de production. Cet intermédiaire possède un certain capital et le monopole du circuit commercial pour un produit donné. Il fournit à la famille la matière première et assure l’écoulement du produit.

Dans l’artisanat à la tâche s’opère la transformation de l’atelier familial en entreprise de production dont l’aboutissement est la grande firme industrielle. La dissémination de la production dans des ateliers dispersés dans la campagne ou dans des bidonvilles de centres

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commerciaux. Ainsi, à l’encontre de l’image traditionnelle de l’artisan, il y a des millions de travailleurs, dont les enfants, qui assurent la marche de secteurs industriels importants camouflés par la définition d’entreprise familiale –p.ex. le tissage de tapis en Inde et la fabrication des ballons au Pakistan..

4. Menus travaux pour son propre compte

Du point de vue de l’enfant, se mettre à son propre compte, même si cela ne signifie pas une vie plus facile, représente une sorte de libération de la pression familiale et, par rapport aux autres enfants qui travaillent, une promotion sociale. Les travaux correspondants à cette situation sont les plus divers possibles, il n’y a souvent rien de bien fixé de façon permanente : laver des voiture, cirer des chaussures, porter des bagages, trier des fruits et légumes pour revendre les bonnes parties, etc. Ces activités sont rarement dans le secteur de la production mais plutôt dans le commerce et les services.

Ces enfants travailleurs « indépendants » sont en fait une minorité car, même si extérieurement ils paraissent isolés pour mener une activité, il y a souvent dans leur entourage la présence plus ou moins occulte d’un adulte qui contrôle et tire profit de leur travail. Toutefois, l’activité menée pour son propre compte permet à l’enfant au travail de camoufler sa dépendance vis-à-vis des adultes ou de la famille.

5. Menus travaux pour le compte d’un tiers

Ce type d’enfant travailleur se rencontre davantage en ville qu’à la campagne. Ils sont surtout dans les petits commerces ou accompagnent un adulte dans un travail principalement mené dans la rue : porteur, coiffeur balayer, saltimbanque, montreur d’animaux, etc.. La liste des occupations réalisées par les enfants dans un tel cadre peut comporter plus de 150 titres. De plus, même si la mendicité n’existe plus avec l’ampleur et l’organisation d’autrefois, dans certains pays du Tiers Monde, elle continue d’occuper un certain nombre d’enfants et prend des formes plus sophistiquées comme par exemple, la vente de billets de loterie.

On voit habituellement les enfants travaillant de façon isolée ou avec un adulte, et cela donne l’impression qu’il s’agit de métiers proches de l’artisanat ou du compagnonnage. Or, la dépendance vis-à-vis d’un adulte tourne très rapidement à l’exploitation car d’une part, toute l’activité est organisée en fonction des habitudes de l’adulte et selon sa volonté, et d’autre part, la répartition du revenu tiré de l’activité est loin d’être égale.

6. Saisonniers dans l’agriculture

Le travail de saisonnier est un élément traditionnel et universel de la vie en milieu rural. Il dépend des cultures et des saisons. Certaines récoltes demandent à être réalisées en un laps de temps limité, ce qui pousse les communautés à mobiliser toutes les forces de travail y compris les enfants. Dans certaines régions, les vacances scolaires sont fixées en fonction des besoins de l’agriculture, mais le plus souvent, il y a une entente tacite entre le maître d’école et la communauté villageoise pour concilier la récolte et la scolarité. Parfois, même les enfants partis en ville retournent à la campagne pour un travail saisonnier.

Quant au travail des enfants dans les plantations et les grandes fermes spécialisées dans l’agriculture pour l’exportation, les enfants vivent habituellement avec leur famille sur le lieu de

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travail. Ils sont rarement employés directement et à plein temps par le propriétaire. En général, ils aident leurs parents à atteindre le rendement fixé comme minimum pour toucher leur salaire, mais pendant les périodes de travail intensif, ils peuvent être employés à la journée et toucher ainsi leur propre salaire au rendement. La situation des ces enfants est particulièrement dure dans certains cas, car ils subissent les effets de l’emploi massif d’engrais et de pesticides.

7. Apprentissage

Deux grands systèmes d’apprentissage sont à distinguer : l’un officiellement contrôlé, se fait à travers de centres spécialisés de type scolaire ou sous la forme d’unités de production agréées pour la formation, parfois avec alternance entre les deux; l’autre, qui fait partie intégrante de l’économie populaire, consiste à engager un enfant dans une unité de production, souvent considérée comme une entreprise familiale, et à lui enseigner le métier du patron en le faisant travailler. C’est de ce second type dont il est question dans ce point.

La famille tient habituellement une place capitale dans le choix du métier et surtout de l’employeur; elle conclut le contrat d’apprentissage et assure une certaine surveillance. En fait, vu les difficultés grandissantes pour trouver un emploi, les familles sont de moins en moins regardantes quand à la façon dont se passe l’apprentissage, ce qui ouvre la porte à de nombreux abus. En général, l’employeur tient à accorder plus d’importance à l’aide fournie par l’enfant qu’à la formation, le prenant même comme simple domestique surtout quand il est jeune. Une autre tendance de l’employeur est de repousser la sortie de l’apprentissage avec reconnaissance de la qualification professionnelle du travailleur, ceci parfois jusqu’à un âge avancé.

Le fait d’être reconnu apprenti place l’enfant dans un statut particulier par rapport aux autres enfants travailleurs. Lors de l’entrée en apprentissage, la famille transmet à l’employeur tous ses droit quand à l’éducation de l’enfant, ce faisant, elle enlève à l’enfant la possibilité de revendiquer le respect de ses droits en tant que travailleur.

Si comme vu plus haut, l’artisanat à la tâche représente un des lieux stratégiques où se croisent les aspects positifs et négatifs du travail des enfants, l’apprentissage, lui, fait apparaître jusqu’au niveau de droit (voir les nombreuses lois sur l’apprentissage dans tous les pays) l’amalgame entre famille et entreprise, de nouveau pour le meilleur et pour le pire.

8. Sweatshop system« »

Bien que le nombre d’enfants concerné ne représente qu’environ 10% du total des enfants travailleurs, la « boutique à sueur », symbole de l’exploitation des ouvriers au moment de la révolution industrielle, est devenu le symbole de l’exploitation du travail des enfants dans les pays en voie de développement. Des centaines de milliers d’ateliers et d’usines se consacrent de plus en plus à la production pour l’exportation en travaillant en sous-traitance pour les grandes entreprises parfois multinationales. La recherche permanente de l’abaissement des coûts de production pour rester concurrentielles et les délais de production très courts imposés par les grandes firmes, conduisent les petites entreprises à recourir au travail des enfants. Elles en trouvent des avantages considérables : à travail égal, la rémunération des enfants sera nettement inférieure à celle des adultes; de plus, la docilité des enfants est assuré par la situation illégale de l’emploi et par la force de l’employeur adulte vis à vis de la faiblesse de

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Dans la plupart des cas, la priorité donné au profit immédiat va conduire ces entreprises à enfermer l’enfant dans un processus irréversible (sauf intervention extérieure) de détérioration de sa santé.

9. Les bonnes à tout faire

Mise à part l’agriculture, le travail comme domestique dans une maison privée est sans doute la forme de travail d’enfant la plus répandu dans le monde, même si, faute de statistiques, seuls quelques sondages permettent de soutenir cette affirmation. Dans certains milieux urbains, les domestiques représentent jusqu’à 50% des enfants travailleurs, la plupart étant des migrants de la campagne vers la ville, soit en famille, soit de façon indépendante. La grande majorité sont des filles.

Les conditions de vie de ces enfants sont quelquefois proche de l’esclavage : aucun respect d’un minimum de temps de repos, nourriture insuffisante, mauvais traitement sous forme de coups et de punitions corporelles, agressions sexuelles de la part des membres de la famille de l’employeur, etc.

Les enfants domestiques sont particulièrement difficiles à protéger car ils sont complètement isolés dans le domicile privé de l’employeur. Parfois, ils ne parlent même pas la langue de la région et ne sachant pas dans quelle ville ou quel quartier ils se trouvent, il leur est impossible de s’enfuir.

Plusieurs facteurs facilitent ce type d’emploi. Tout d’abord, les travaux domestiques chez un tiers changent peu par rapport aux travaux d’aide à la mère dans leur propre famille, il n’y a pas d’apprentissage, et les adultes concernés ont l’alibi que c’est un travail en famille. Ensuite, l’accroissement des populations urbaines, avec une certaine amélioration du niveau de vie et une croissance de l’emploi des femmes, pousse à chercher une domesticité bon marché sans les exigences posées par une employée de maison adulte. Enfin, dans de nombreux pays, les familles pauvres confient traditionnellement un enfant à une famille plus aisée, celle-ci le prenant en charge tout en lui demandant le même travail que dans sa propre famille.

10. La servitude pour dettes

Il s’agit de situations qui en pratique sont similaires aux précédentes, mais qui ont pour origine un contrat entre une famille et un employeur dans lequel il est prévu qu’un prêt financier sera payé par le travail d’un enfant. Le genre des travaux demandés à l’enfant n’est pas spécifié et, de ce fait, l’employeur agit comme le propriétaire de l’enfant. De plus, la rémunération du travail n’étant pas indiquée dans le contrat, l’employeur peut prolonger indéfiniment la durée du travail.

D’autres artifices peuvent aussi être utilisés pour gonfler la dette initiale : paiement de soins médicaux surfacturés, remboursement de dommages causés, amendes pour fautes commises, etc.; le tout augmentant régulièrement avec des intérêts souvent exorbitants.

Ce système est particulièrement connu en milieu rural mais se répand depuis une vingtaine d’années dans certains types d’entreprises. Il est bien étudié pour ce qui a trait à l’Inde, au Pakistan, au Népal et au Brésil, mais on découvre actuellement, au fur et à mesure que les recherches sont lancées, qu’il existe aussi dans de nombreux autres pays.

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