Lycée Ste-Marie Fénelon – la Plaine Monceau Classe de MP
Année 2018-2019 Mathématiques
Devoir maison n ◦ 7
À rendre le lundi 26 novembre
Durée : 2 heures pour le premier jet – parties 1 et 2 obligatoires Toute calculatrice interdite
Dans tout le problème, E = R[X] et L(E) désigne l’algèbre des endomorphismes de E muni de ses opérations usuelles. Soit n ∈ N∗. L’ensemble des polynômes à coefficients réels et de degré inférieur ou égal à n sera noté En=Rn[X].
L’endomorphisme identité deE est notée, l’endomorphisme nulθ. Lorsque l’on est dans l’espace vectorielEn, on notera respectivement ces endomorphismesen et θn.
On rappelle que sif est un endomorphisme deE,f0=eet
∀m∈N∗, fm = f◦fm−1.
Lorsquef est un endomorphisme deEn, on noteχf son polynôme caractéristique etπf son polynôme minimal.
Soientuet vles applications définies surE paru(P) =P0 etv(P) =RoùR(X) =P(X+ 1).
Partie 1 (obligatoire) : quelques propriétés des endomorphismes u et v.
1.Rappeler la dimension deEn. En donner une base usuelle.
2.Montrer queuetv sont des endomorphismes deE qui laissent stableEn. 3.Écrire les matricesUn etVn deun et vn dans la base canonique deEn. 4.Préciser le noyau et l’image de chacun de ces endomorphismes.
5.Les endomorphismesun etvn commutent-ils ?
6.Quel est le polynôme caractéristique deun?un est-il diagonalisable ? 7.Quel est le polynôme caractéristique devn?vn est-il diagonalisable ? 8.On note wn =vn−en et on pose :
Q0 = 1, ∀k∈ {1, . . . , n}, Qk = 1 k!
k−1
Y
j=0
(X−j).
8.1.Vérifier que la familleB= (Qk)0≤k≤n. est une base deEn.
8.2.Déterminerwn(Q0). Montrer que pour toutk≥1, il existe un réelαk non nul, tel que : wn(Qk) = αkQk−1.
8.3.Écrire la matriceWn dewn dans la baseB.
8.4.Donner une base deKer (wn)ainsi que deIm (wn).
8.5.Calculer, pourj∈Net k∈ {0, . . . , n},wjn(Qk).
On rappelle quewnj =wn◦wn◦ · · · ◦wn (j facteurs).
9.Détermination des composantes d’un polynôme deEn dans la baseB.
9.1.SoitP∈En.
Justifier l’existence et l’unicité de scalaires(βk)0≤k≤n tels que : P=
n
XβkQk.
9.2.Calculerwnj(P)(0)pourj∈N.
9.3.Exprimer alors les composantes deP dans la baseB.
9.4. Déterminer la base duale de la base B. En d’autres termes, déterminer la base B∗ = (Q∗k)0≤k≤n de l’espace E∗=L(E,R)des formes linéaires surE, qui vérifie : ∀(i, j)∈ {0, . . . , n}2, Q∗i(Qj) =δi,j (symbole de Kronecker).
10.Calculerwn+1n et wnn(Qn).
Partie 2 (obligatoire) : recherche de quelques polynômes minimaux.
1.Soitf ∈ L(En). Justifier que le polynôme minimal πf divise le polynôme caractéristiqueχf. 2.Recherche deπun.
2.1.Déterminerun+1n . 2.2.Calculerunn(Xn).
2.3.Conclure.
2.4.De même, déterminer le polynôme minimal dewn. 3.Recherche deπvn.
3.1.Montrer qu’il existem∈ {1, . . . , n+ 1}tel que πvn= (X−1)m. 3.2.Prouver que : m=n+ 1.
4.Polynômes annulateurs deu.
SoitP un polynôme de degré m∈Nécrit : P =
m
X
j=0
ajXj. 4.1.Que sait-on deam?
4.2.On noterl’endomorphismeP(u). Déterminerr Xm
m!
. 4.3.Déterminer l’ensemble des polynômes annulateurs deu.
5.Polynômes annulateurs dev.
SoitP un polynôme annulateur non nul de v.
5.1.Montrer que : pour toutn∈N∗, (X−1)n+1 diviseP.
5.2.Déterminer l’ensemble des polynômes annulateurs dev.
6.Soitsl’endomorphisme de Equi à tout polynôme P associe le polynôme Qdéfini par : Q(X) = P(1−X).
6.1.Vérifier quesest bien une involution deE.
6.2.Déterminer l’ensemble des polynômes annulateurs des.
Partie 3. Facultative.
Soitf un endomorphisme de l’espace vectorielEn. On rappelle que : exp(f) =
+∞
X
m=0
fm
m! = lim
N→+∞
N
X
m=0
fm m!. 1.Montrer que l’on a la relation : vn= exp(un).
2.On va démontrer dans cette question que : un=
+∞
X
m=1
(−1)m+1
m (vn−en)m. 2.1. Prouver que : ∀k ∈ {0, . . . , n}, un(Qk) =
k
X
m=0
un(Qm)(0)Qk−m. On pourra utiliser la question 9.3. de la partie1.
2.2.Calculer pour toutm∈ {0, . . . , n}, un(Qm)(0).
2.3.Conclure.
Bon courage !
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Année 2018-2019 Mathématiques
Devoir maison n ◦ 7 – éléments de correction
d’après le problème d’Algèbre de E3A 2008 MP maths A
Partie 1 : quelques propriétés des endomorphismes u et v.
1.On a dim(En) =n+ 1et une base est(Xk)k∈[[0,n]].
2. • Il est clair que u est bien à valeurs dans E. Par ailleurs par linéarité de la dérivation : u est linéaire. Ainsi u∈ L(E).
De plus, sideg(P)6= 0alorsdeg(P0) = deg(P)−1; et sideg(P) = 0, alorsdeg(P0) =−∞. Il s’ensuit que u(En)⊂En .
•Il est clair quev est bien à valeurs dansE. Par ailleurs, pourP etQdansE etλ∈R:
v(λP +µQ) = (λP +µQ)(X+ 1) = λP(X+ 1) +µQ(X+ 1) = λv(P) +µv(Q),
ce qui permet d’affirmer que v∈ L(E). Par ailleurs si P =
n
X
k=0
akXk alors v(P) = Pn
k=0ak(X + 1)k est une combinaison linéaire de polynômes de degré inférieur ou égal àn, donc est dansEn. D’où v(En)⊂En .
3.D’une partu(1) = 0, d’autre partu(Xk) =k Xk−1pour toutk∈N∗. D’autre partv(Xk) = (X+ 1)k =
k
X
i=0
k i
Xi pour tout entierk. On en déduit que :
Un =
0 1 0 · · · 0 0 0 2 . .. ... ... . .. . .. . .. 0 ... . .. . .. n 0 · · · 0 0
∈ Mn+1(R), Vn =
1 1 · · · 1 0 1 21
· · · n1 ... . .. . .. . .. n
2
... . .. . .. . .. ... ... . .. . .. n
n−1
0 · · · 0 1
∈ Mn+1(R).
4. • On remarque que P0 = 0 si et seulement si P est constant. Par conséquent Ker (un) =E0 et Im (un) = Vect un(1), un(X), . . . , un(Xn)) = Vect (0,1, . . . , nXn−1)donc Im (un) =En−1 .
•Il vientdet(vn) = det(Vn) = 16= 0doncvn est un automorphisme deEn et ainsi Ker (vn) ={0} et Im (vn) =En . 5.SoitP ∈E, alorsu◦v(P) = (P(X+ 1))0=P0(X+ 1) =v◦u(P). Il s’ensuit que un etvn commutent .
6.• On aχun=χUn donc χun =Xn+1 .
•On en déduit que0est valeur propre de multiplicitén+1et l’espace propre associé estE0(un) = Ker (un) =E06=En, carn∈N∗. Ainsi un n’est pas diagonalisable .
7.On aχvn=χVndonc χvn= (X−1)n+1 . Par conséquentSp(vn) ={1}et sivnétait diagonalisable sa matrice dans une base de diagonalisation seraitIn+1, d’oùvnserait l’identité : absurde. On en déduit que vn n’est pas diagonalisable . 8.1. Remarquons que deg(Qk) = k pour tout k ∈[[0, n]], donc la famille (Qk)0≤k≤n est échelonnée en degré. Étant donné que cette famille est de cardinal n+ 1 = dim(En), il s’ensuit que (Qk)0≤k≤n est une base deEn .
8.2.•Puisque le polynômeQ0 est constant :wn(Q0) =vn(Q0)−Q0=Q0−Q0. Ainsi wn(Q0) = 0.
• Soitk≥2. Alors
wn(Qk) = vn(Qk)−Qk = 1 k!
k−1
Y
j=0
(X+ 1−j)− 1 k!
k−1
Y
j=0
(X−j) = 1 k!
k−2
Y
j=−1
(X−j)− 1 k!
k−1
Y
j=0
(X−j)
= 1
k!
k−2
Y
j=0
(X−j)
(X+ 1)−(X−k+ 1)
= k k!
k−2
Y
j=0
(X−j) = 1 (k−1)!
k−2
Y
j=0
(X−j).
Enfin pourk= 1:wn(Q1) = (X+ 1)−X = 1 =Q0. Finalement : ∀k≥1,wn(Qk) =Qk−1.
8.3.Wn=
0 1 0 · · · 0 0 0 1 . .. ... ... . .. . .. 0
... . .. 1
0 · · · 0 0
∈ Mn+1(R).
8.4.On lit sur la matrice Wn : rg (Wn) =n,Q0∈Ker (wn). De plus∀k∈[[0, n−1]], Qk ∈Im (wn). Par conséquent Ker (wn) =R·Q0et Im (wn) = Vect (Qk)0≤k≤n−1.
8.5.Par récurrence immédiate surj, il vient wjn(Qk) =
( Qk−j si j≤k 0 si j > k .
9.1.Puisque Best une base de En, on en déduit que pour toutP ∈En, il existe une unique famille (βk)0≤k≤n telle que P =
n
X
k=0
βkQk .
9.1.On awjn(P) =
n
X
k=0
βkwjn(Qk) = ( Pn
k=jβkQk−j si j≤n
0 si j > n De plusQi(0) =
( 1 si i= 0
0 si i≥1 . Par conséquent wjn(P)(0) =
( βj si j≤n 0 si j > n .
9.3. Ainsi : ∀k ∈[[0, n]], βk =wkn(P)(0). D’après la formule du binôme de Newton, puisque vn et en commutent : wkn= (vn−en)k =
k
X
j=0
(−1)k−j k
i
vnj. Par ailleurs, par récurrence immédiate :vjn(P)(X) =P(X+j). On en déduit que
wkn(P)(X) =
k
X
j=0
(−1)k−j k
j
P(X+j). En évaluant en0, on obtient donc : ∀k∈[[0, n]],βk=
k
X
j=0
(−1)k−j k
i
P(j).
9.4.Et donc la base duale deBest B∗= (Q∗k)0≤k≤n avecQ∗k(P) =wkn(P)(0) =
k
X
j=0
(−1)k−j k
i
P(j).
10.•D’après la question8.5:∀k∈[[0, n]],wnn+1(Qk) = 0. Ainsi wn+1n =θn .
• De la même question on tire wnn(Qn) =Q0.
Partie 2 : recherche de quelques polynômes minimaux.
1.Le théorème de Cayley-Hamilton donneχf ∈Jf donc πf|χf .
2.1. Par récurrence immédiate sur k : ∀P ∈ E, uk(P) = P(k). Or pour tout P ∈ En on a deg(P) < n+ 1, donc P(n+1)= 0. Ainsi un+1n =θn .
2.2.De même unn(Xn) =n! en dérivantnfois.
2.3.D’après 1: un+1n =θn. On en déduit Xn+1 ∈Jun doncπun|Xn+1. Par conséquent il existem≤n+ 1tel que πun=Xm. Si on avaitm≤nalorsπun|Xndoncunn=θn; mais ceci est faux d’après2.2. Finalement : πun =Xn+1 . 2.4.D’aprèsI.10, on awn+1n =θn etwnn 6=θn. D’où comme ci-dessus : πwn=Xn+1.
3.1.On remarque queπvn|χvn=χVn= (X−1)n+1, d’où l’ existence dem∈[[1, n+ 1]]tel que πvn= (X−1)m. 3.2. La question précédente permet d’affirmer que (vn −en)m = θn, soit wmn = θn, puis πwn | Xm. D’après la question 2.4: m=n+ 1 .
4.1.Puisquedeg(P) =m, on obtient am6= 0 . 4.2.On constate que :
r Xm
m!
=
m
X
j=0
ajuj Xm
m!
=
m
X
j=0
aj
m!uj(Xm) =
m
X
j=0
aj
m!(Xm)(j)
=
m
X
j=0
aj
m!m(m−1)· · ·(m−j+ 1)Xm−j =
m
X
j=0
aj
m!
m!
(m−j)!Xm−j
donc r Xm
m!
=
m
X
j=0
aj
(m−j)!Xm−j .
4.3.On déduit de la question précédente quer Xm!m
6= 0donc r6=θ, puis :∀P ∈R[X]\ {0}, P(u)6=θ. Il s’ensuit que l’idéal des polynômes annulateurs deuest Ju={0}.
5.1. SoitP ∈Jv. AlorsP(v) = θ donc, par restriction à l’espace En stable par v : P(vn) = θn. On en déduit que πvn|P. Ceci donne bien, avec le résultat de 3.2: ∀n∈N∗,(X−1)n+1|P .
5.2. Ainsi pour tout entier n ∈ N∗, il existe Qn ∈ E tel que P = (X −1)n+1Qn. On en déduit que deg(P) = n+ 1 + deg(Qn). En prenantn≥deg(P), ceci donnedeg(Qn) =−∞doncP = 0. Par conséquent Jv ={0} . 6.1. L’application s est clairement linéaire. D’autre part pour tout P ∈ E : s2(P) = s(s(P)) = s(P(1−X)) = P(1−(1−X)) =P(X), d’où s2=ec’est-à-diresest bien une involution .
6.2.On a doncX2−1∈Js etJs6={0}. Ainsisadmet un polynôme minimalπs etπs∈ {X+ 1, X−1, X2−1}. Or s6=ecars(X) = 1−X6=X et, de même,s6=−e. Il vient finalement que πs=X2−1et Js= (X2−1)·R[X] .
Partie 3.
1. Par définition et d’aprèsII.2.1, il vientexp(un) =
+∞
X
m=0
umn m! =
n
X
m=0
umn
m!. On peut maintenant donner deux démons- trations de l’égalité demandée :
• Première démonstration :
Montrons queexp(un)et vn coïncident sur la base canonique(Xk)0≤k≤n. Pour toutk∈[[0, n]]: vn(Xk) = (X+ 1)k =
k
X
j=0
k j
Xk−j
exp(un)(Xk) =
n
X
m=0
umn(Xk) m! =
k
X
m=0
k!
m!(k−m)!Xm−k d’aprèsII.4.2.
Ceci nous permet d’affirmer que vn= exp(un).
• Deuxième démonstration :
La formule de Taylor pour les polynômes appliquée à P ∈ E donne P(X+h) =
+∞
X
m=0
P(m)(X)
m! hm. En prenant h= 1, on obtientP(X+ 1) =
+∞
XP(m)(X) m! =
+∞
X umn(P)
m! , soit vn= exp(un).
2.1.D’aprèsI.9.3., on a pour toutk∈[[0, n]]: un(Qk) =
n
X
j=0
wjn(un(Qk)) (0)Qj. Or un et vn commutent (cf.I.1.5.) doncun et wn=vn−en également, d’où :
wjn(un(Qk)) = un wjn(Qk)
=
( un(Qk−j) si j≤k un(0) si j > k d’aprèsI.8.5. Ceci donne :
∀k∈[[0, n]], un(Qk) =
k
X
j=0
un(Qk−j) (0)Qj
soit : ∀k∈[[0, n]],un(Qk) =
k
X
m=0
un(Qm) (0)Qk−m.
2.2.Il vientun(Qm) (0) =Q0m(0) = lim
X→0X6=0
Qm(X)−Qm(0)
X oùQm(X)−Qm(0)
X =
( 0 si m= 0
1 m!
Qm−1
j=1 (X−j) si m≥1 . Finalement un(Qm) (0) =
( 0 si m= 0
(−1)m−1
m si m≥1 . 2.3.Ainsi, pour toutk∈[[0, n]]:un(Qk) =
k
X
m=1
(−1)m−1
m Qk−m. D’autre part :
+∞
X
m=1
(−1)m−1
m (vn−en)m
!
(Qk) =
+∞
X
m=1
(−1)m−1
m wmn(Qk) =
k
X
m=1
(−1)m−1
m Qk−m d’aprèsI.8.5.
Les deux endomorphismes un et
+∞
X
m=1
(−1)m−1
m (vn −en)m de En coïncident sur la base B, donc ils sont égaux : un=
+∞
X
m=1
(−1)m−1
m (vn−en)m.