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FAG SIMILE
TESTAMENT DE LOUTS XVI.
Seule edition autoriseepar son ExcellenceleMimstre de lapolice geucrale,
comme
conforuie acelle faite sur Forigiual5Grave par PIERRE PICQUET;
Charge parS.Ex.<K- la ^ra\uredt6exemplairts dtslriL»ua>au iiomduRoi.
On
y a joint leFac
simile d'unfragment
d'ecritde madame Elisabeth
,EI des signatures
De la reine Marie-Antoinette
etdu
jeuneLouis XVII;
Accompagnesd'une Notice liistorique, conlenant des details tres-interf.ssans et inconmis jusqua ce jour , sur le Testament du Roi Louis X\l, et sun i/origine du testament de la Reine.
Par
L. E.AUDOT.
On vend
aux adrcsses ci-dessous, le fac simile duTestament
de la ReineEn vertu dune
autorisation speciale,
lesediteurs feront saisir Jes
contrefa^ons
de
toutou de
partiedes
piecescon-
tenues dans
ce recueil.m
NOTICE HISTORIQUE
SUR
LE TESTAMENT DE LOUIS XVI,
NE LE
23AOUT 1754/ MORT LE
21JANVIER
179?^Uepuis
long-temps la Providence a permisque
lcs derni&res penslesdu
meilieur des Rois fussent offertes k son peuple* Depuis long-temps on
a reconnu, empreiutes dans leTestament
do LouisXVI
, cette grandeurd'Ame
, cette sagesse profonde, cette resignation inalterable, cette bont£infinieque
toutes les puissancesdu
crime n'ontpu
vaincre,que
des juges cruelsn
ontpu com-
prendre, mais qu'ilsont voulu punir. Depuis long-temps enfin let vrais Francais conservent dansleur mljnoire tous les traits tou-chans de ce
monument
de vertu , deventi v£n£rable parVamour
de toutun
peuplepour
ses Souverains legitimes.Mais
h present ce n'est pas assez d'y voir a d^couvertVAme
d'un excellent prince,on
veut encore connaltre par quels traits samain nous
Fa pekite,
et
Ton
est dans l'impatience de poss^der l'original de ce pr£cieux -Testament, relique sacr^c d'un Boi -martyr, prtaenlee, sous les auspices de son fr£re, dansun fac
simile,ou
dansune
imitation parfaite,Mais
par quels miracles est-ilparvenu
jusqu'anous
,quand
Tira-pi^tti a detruit tantde clioses bien
moins
digncs de sa colore?Com- ment
les barbares qui arrachaient la vie & leurmaitre n'ont-ils pasfaitdisparaltre aussilepardon
qu'ii leur accordait? C'estceque nous nous
proposons defaire connaltre icien peu
demots.Dans
les jours qui pr£c£d&rent la f&te deNoel
, le projet £taitform^
dansla convention de cbnduire le Roiaux
Feuillanspour
lejuger sans
d£semparer
, et cette resolution £tantbienconnue
, il se d£cida a £crire ses derni^res pens£es. «Ce
fut lejour de Noel, dit a C16ry,que Sa
Majesty 6crivit sontestament;ilfutremisau
conseil«
du Temple
: il £tait exrit entitlement de lamain du
Roi, avec a des ratures(i). »Mais
le displacementdu
Roin
eut pas lieu, et il(i)Quelquespersonnes pensentque S.M. TEmpereurde Russiepossede un
testament(5critdela main de Louis
XYI
: ce fait nousparaitdouteux; mais l'exemplaire qui exisle aux archives,et dont nous esquissons Thistolre, est bien celui dont parle Clery. 11porte bien la date du jour qu'ii le lui a vu ecrire ,et on le reconnaltrait aux ratures qui yexistent, quand ilne serait pasparaphe parleconseil-generaldelaCommune*
Poursatisfairelespersonnesquine pourraientpasliresur lefac simile ce que couvre la grande raturedelatroisieme page,nousl'indiquonsici*
MOTS RATURES :
S'ils avaicnt le malheur de perdreleur m&re.
(3>
garda sontestament, puisque, le ao Janvier, aussit&tqu'ilse trouva seul avec
M. Edgeworth
deFirmont,
le digne confesseurde son,
choix , il tira de sa
poche
cem&me
testament cachete , dont il rompitle sceau,eirlui disant :Void
unecritque
je suis bien aise devous
communiquer. «Tous
ceux qui ojit lu celte pi£ce int^res-1 a santeet si digne d'un Roi chr£tien, ajouteM.
deFirmont
, juge-« ront aisement de l'impression profonde quelle dut faire sur moi.
a
Mais
ce quiles £tonnera sans doute, c'estque
ce prince eut la« force de la lire
lui-mgme
, et de la lireJusqu'fedeux
Ibis.Sa
a voix £tait ferme , et il
ne
paraissait d'alteration sur son visage«
que
lorsqu'il rencontrait des nortis qui lui &aient chers. Alors« toute sa tendresse se r£veillait, il £tait oblig£ de s'arr&ler
un
a
moment,
et ses larmes coulaient malgr£ lui; mais, lorsqu'il« n'£tait question
que
de lui-m6me*et de ses malheurs , ilnen
<c paraissait pas plus
emu que ne
le sontcommun£ment
les autres«
homines
lorsqu'ils entendent le r^citdesmaux
d'autrui.»
*
.
Le
3i Janvier,aumoment
de quitter leTemple pour
laderniere fois,leRoi , s'adressant h ceux qui l'entouraient , leur dit:Y
a-t-ilparmi vous
quelquemembre
de laCommune
?Je
le charge d'jr deposer cet ecrit.Sur
leur r^ponse, il l'offrit d'abord hun muni-
cipal , qui le refusa avec duret£ , et ensuite h
un
autre,nomm6
Gobeau
,en
lui ajoutant, ditCl£ry: « Remettez ce papier,je vous« prie, hla Reine. . . ., a
ma femme
: vous pourrez en prendrecc lecture ; il
y
a des disppsitiopsque
je desireque
laCommune
«c connaisse. »
H
parattque
ce testament fiat remis assezpromptement
h laCommune
, puisqueYon
trouve, sur le registre <Je ses stances,
qu'il fut
annonc£
le 21 Janvier d&s onzeheures,du
matin.En
effet,on
lit dans le proc&s-verbal de la stance de ce jour 2 «A
onze« heures
du
matin,un membre
faitpart qu'ilarrivedu Temple
, et«
que
lesmembres
de lacommission
l'ont charg£ de pr&venir le« conseil qu'ils avaient
un
paquet importantk communiquer
, et(4)
« qu'ils invitaient
k ne
pas lever la stance]avant qu'ils Feussenl« envoys.
»
En
consequence de cet avisune
decision est prise aussitdt, et elleestconsigneesurle registreen
ces termes :cc
Le
conseil-g6n£ral arr£te qu*il seraenvoys &
l'instantune
«
ordonnance
k la commissiondu Temple, pour
la prier d*en~cc voyer
au
conseil lapi&ce qu'ellea
fait annoncer. »L'on peut voir par ce quisuit
que
leTestament
futenvoy
6 attfr- sit6t. C'est encoreun
relevidu
registrepour
lastancedu
ax.a
Le
conseil-g£n£ral entend lecturedu Testament
de LouisXVL
« II
ordonne que
led£pdten
serafaitentrelesmains du
secretaire-« greffier, qui sera tenu <Ten faire passer l'original
au
conseilcc ex^cutif, et d'en consigner
une
copie collationn^eau
proc&s-« verbal.
<(
La
stance est lev£e hune
heure et demie. » ^Enfinvoici l'extrait
du
proc&s-verbal de la stancedu
22.«
Le
secr£taire-greffier de la municipality",en
vertu d'un arr£t£«
du
conseil-g£n£ralde laCommune
, a adress£au
conseil ex^cutif a provisoire leTestament
olographedu
Roi.Le
conseil ex£cutif« a
annonc£
ce d£p6tau
president dela Convention. »C'est
probablement
h la publicityque donna
h cette pi£ceVan- nonce
quien
rut faiteau
president de la Convention,que Ton en
dut la connaissance; carautr&nenton ne
pourrait expliquercom- ment
elle fut ins£r£e tout enti&re dans le Moniteurdu
28Janvierf sept jours apres lamort du
Roi.En
effet, siTon
penseau*
senlimcns exprim<?s dans ce Testament, et h l'effet qu'il dut
(5)
produire sur la partie saine de la nation,
on
devra s'&onnerde Fimprudence
des roeneurs qui le publiaient; mais siTon
se re^pr^senle ces jours oil
Ton
venaitdc commettre
legrand
crime$on
Terra cesm£mes meneurs/
£pouvant£s de leur propre fon- fait, se m£fier les uns des autres , se preparer des erab&ches,et
Ton
concevra quel danger ily
avaitpour
quelque*-uns h cacheraux
autresune
pareille pi&ce. Ainsi ellene
futdone pu- blic que
parce qu'on craignaitbien plus la trahison descomplicesque
lebl&me
g£n£ral.Mais,
en la publiant, ceshommes
pervers crurent devoir la faircaccompagner
d'uncommentaire
k leurmaniere
, parceque
, dans leur affreuse logique, ils voulaienty
faire trouver la preuve
que Vex
-Roi
deFrance
etait mort dansT
impenitence finale dela hainecontre la liberie et Vegalite, etc.Quoi
[qu'ilen
soit, les registres publicsne
pr£scntent plus rien quiy
soit relatif, jusqu'au4
avrilde
lam&me
ann£e, et e'estau
conseil ex£cutif
que Ton
trouve , sous cette date, Farr6t£ suivant:
«
Le
conseil ex£cutif provisoire, consid^rantque
ses archives ane
sont pas assez sArespour
conserver des pieces qui sontdun
c< int£r£tgen6ral
pour
la nation, aordonn6
Fenvoidu
Testament«
du
Roiaux
archives nationales. »Enfin, la lettre d'envoi
du
conseil ex£cutifn'est dat£eque du
isjuin, et le r£c£piss£ d£livr£ par Farchiviste estdu
i5 juin 1793.Ce
n'estdone que
depuis lorsque
Foriginal, £crilde
la
main du
Roi , dontnous
offirons le fac.simile, se trouveaux
archives.
On
verra, en lisantce qui est relatifau
Testament de la Reine,que
S.M. Louis XVIII
aordonn£
qu'ilen
soitd£livr£un fac
simileaux Membres
desChambres,
et, dans sa bienveillance, il a voulu(6)
ajouter encoreh celte faveuren faisant ex^cuter celui de son infbr- tun£ fr&re. C'est Ji.cette tendre sollicitude de notre
bon
Roipour
tout ce qui peut faire le
bonheur
de ses sujets,que
chacun denous
devra l'avantage de pouvoir transmettre a ses descendansune
representation fidele de cesdeux
pieces originates.^
^NOTICE HISTORIQUE
SUR
LE TESTAMENT DE LA REINE
MARIE-ANTOINETTE D'AUTRICHE,
n£e L£
aNOVEMBRE ^55, MORTE LE
16 OCTOBRE
179?*ii ou$
avons explique ,en
parlantdu
Testament de LouisXVI,
comment
il avait 6\6connu
presqu'aussitAt lamort
de ce prince.Ce
qu
?il convient deremarquer
ici, c'estque
toutes les circonstances qui le firent connaitre, etqui oblig&rent de le publier alors, trou- v&rent leur source dansun
reste de res|>ect et de libertyque Ton
n
avait pas ose refuserau
chefde la nationen
le faisant p£rir...U n en
est pasde m^me du Testament
de laReme. Tout-Mait
ignore"
pendant
hien des ann£es/ il n'a 6t6coenu
, k son origine,que
de quelques-uns desliommes
qui osereot soutenir la vue de eette auguste Princesse sur lebanc
des criminels.Mais
siTon ne
craint pas
de
reporter ses regards sur oestemps
d'horreur,on conyiendm cpe
, quoiqu'iln
aitpas 6t&connu
alors,on ne
devraitrieri
en
induirecontre son authenticity,quand
desnoms
hideuxne
l'attesteraient pas(r).
Neuf mais
seulenieat s'6taient £poul£s depuis lamort du
fi<», lorsqpie la Reiae l'£crivit; mais d6]h lestemps
£taient bien changes:
on
4tait bice plus avanc6 dans lechemin
de labarbarie ;on
avait bienplus d'exp&rience dans le crime : les divinit£s de93
avaient tout-&-fait 6tablileur puissance. Aussi, par respectpour
I'egalite,le plus vil deshommes
pouvaitimpun6ment
faire souffrir k la Souveraine de la nation les traitemens les plus affreux , Paccabler d'injures grossi&res et d'insultejvignobles
,
afin del'abaisserjusqu'k lui.
Par hommage
& la liberie,on
pouvait la retenir dansune
Stroke prison, sans v£temens, presque sans alimens, entour^eincessamment
de soldats, donton
punissait les£gards,
ou
donton
r£compensaitlabrutality,Cest au
milieude cet itat de chosesque
laHeinedeFrance
subit cequon
£taitconvenu
alors d'appeler
un
jugemcnt.Queiques
jourssuffirentpour
le ter-miner
, parceque
le rlsultaten
etait pr£par£ d'avance ; mais ce qui est lecomble
de la sc£16ratesse, c'estque
,pendant
lepeu de temps
qui! dura,on
la privaitd'alimens, afinque
sa faiblesse ffttprise par le peuple
pour du d£couragement
et de la lAchet£.On
(1) Lessignaturesdes membres du tribunal reyolutionnaire se trouvent a la fin deForiginal.L'borreur quelles inspirentauraitdiminue*, a'il avait ete*
possible , notre veneration pour la Lettre de Finfortunee Marie-Antoinette
;
c'estpourquoiTonn'apas du les laisserfigurer sur \ejac simile; mais nous pensonsque,placees ici en regarddecette note, elles pourront satisfaire la curiositydeslecteurs, tout on prouvant Fauthcnticite' de la piece dont nou*
tracon*Fhisioire*
(9)
iui refusait toute esp&cedenottrritore depuis
neuf
heuresdu matin
jusque fort pvant dans la nuitque
se terminaient les stances.Le
croirait-on? sa grandeAme
n'apa
Atre accabl£ede
tant de .maux; elleconserva tout le calme del'innocence, toute la dignitydu
vrai courage. Sesresponsesfurent toujoursprecises; sa presence d'esprit deconcertait ses juges; mais jamais sesenuemis
n'y trou^- v&rentque de
l'iodulgence, et pasun
de ses serviteurs fidMes n'en Aitcompromis.
C'est dans la nuit qui suivit le 15
octobreque
lejugement
setermina.Un
jury,compost
hl'unissondes juges,donna k r
unanimity des conclusions qui entrainaient la peine demort
;
et (dit
M. Montjoye
) «Finfortun^eMarie-Antoinette,en
entendantcc cet arr6t
que
deshomines
injustes et£6roces prononcaient contre a elle,ne donna aucun
signe <Teflroi.D ne
parut sur son visage«
aucune marque
d'Amotion : elle 6taitcalme
, eton
lisait dans« ses
yeux
quelle pardonnait encorek
ses l&ches et impkoyables« pers£cuteurs ce dernier outrage, »
II itait plus de quatre heures
du
matin, et laReine &ait arcca- bl£e de fatigue et de £roid lorsquelle rentradans
sa prisonpour
la derni&refois. C'estalors
qu
elle 6crivit cette lqttreque nous
avonsle
bonheur
de poss^der.Mais
e'esticiqu'ilsepr£sentepour nous
plusieurs difficutl£s.Com
ment
s'est-elleprocure de quoi ^crire?En
queltemps
6crivit-elle,
puisque, suivant
M. Montjoye
,elle s'endormiten
rentrantdu
tribu- nal, etne
fut r£veill6e qu'k sixheures par le pr&tre Girard?Nous avons
cherch£ knous
procurer des renseignemens sur cesdeux
points,etnous
croyonsen
avoirtrouv6 quine
laissentrienad£sirer»L'on vavoir
que
siM. Montjoye
avait £t6 aussiscrupuieuxque nous dans
ses recherches, il aurait £vit6de
faire Terreur gravequinous a
le plus embarrasses.Le
concierge Richard avait iti renvoyede
la conciergerie, victime de sondevourment pour
la Reind. 11 futrem
place parC'o)
un
nomine* Bault, qui conserva tous les Igardsque Ton
pouvait hazarder dans cette circonstance, mais quine
pouvait approcher sa prisonni&re, qu'acconipagn£de deux gendarmes
; il£tait la seule personne de la conciergerie qui l'approchdt.Or,
le 16 octobre>aussit6t
que
laReine fbtrentr£edu
tribunal,et il£taitquatreheures etdemie du
matin, elledemanda
Bault, afin d'obtenir ce qui lui itaitn£cessairepour
£crire. II lui apportabient6t cequ'elle d6sirait,
etillalaissaseule.
Voilk
done
la Reine deFrance
occup£e h £crire kmadame
Elisabeth
une
lettreque
celle-cine
devait point connattre.La
yoilkdope
seule avecDieu
, se reposanten
quelque sorte desfatiguesdu malheur
, parce qu'elle voyaitun
terme h ses infortunes.La
\o\\h libre enfin; ellene
craint plus sesbourreaux,elle laisse parlerson coeur, et nous allons connattre toutes ses pensies k sa derni&re heure.Aussitdt
que
la Reine eut fini d'&xire, Bault fut rapped. Elle le chargea d'une lettreMais
il n'avaitpu
rentrer'sans lesdeux gendarmes
, et ilfallutremettreau
comit£ r£volutionnaire ce qu'unemain
bien chere derait conserver; Helas I dit Bault k son Ipouse (i)en
rentrant chez lui, ta pauvre Reinea
ecrit, ellem
Ja
donne sa lettre,maisfe rfaipu
la remettrea
son adressej
ilafallu laportera
Fouquier. Voila des faitspeu
connus, mais dontnous sommes
certains et quiprouventjnsqu'k l'^vidence Fauthenticit£d»
Testament
de la Reine.Comment en
effetne
pas reconnahre ce Testament dans la lettre remise k Bault et port£e & Fouquier ?Voyons
ce quelle derint ensuite-(i)LaveuveBault, quinous a fourni tous cesdetails,nepouvaitapprocher dela ReinefmaisBault, connaissant toutesaveneration pourcette princess*
infortun^e, nelui enparlaitjamaisenparticulier
quen
la Jcsignani pasces»mots: Tapauvre Rtine!
(»)
On
pense bienque
lesmembres du
tribunal r6volutionnaire n*£taientpas despersonnages assez £lev£spour
qu'illeurfi.itpermisde
garderune
pi&ce de cette importance. Aussine
firent-ildque
la signer, et elle fut remise k Robespierre, parce qu'il £tait le digne souverain d'alors.Mais
ilne
garda pas long-temps ce tr£sor de douleur:neuf mois apr&s lamort
delaHeine,.son tour vintd'expier ses forfaits, etc'esten
cherchant dans lespapiersdu
dictateurpour y
trouver des preuvesde sespretentions k lapuissance souveraine,
que
les|vainqueursdu 9
thermidor firenttrouver leTestament
de cette princesse.Le
constitutionnel Courtois fut charged de la re- cherche et parune
infid6lit£ digne de cestemps
etde ceshommes
\et dont nous profitons aujourd'hui, il cru devoir se Fapproprier. 11 le garda avectoutle soin qu'ilm£ritait, et peut-6tre avec tout l'in- t6r6t
du
repentir,pendant
pr&s de vingt-dcux ans (1).Enfin il 6tait r£serv£ k la loi
du
12 Janvier 18 16,en
assuraat notre repospour
Favenir, denous
procurer aussi Favantage de(1) Depuis quece passageest e\srit, il a para, sur l'objetquinous occupe,
v&ricitfidbleetcompkt,
qw
,s"ilremplissaitsontitre, devraitdetailler ce que nousnefaisonsquindiquerici.Nous avonsdunous etonner denetrouver, a la place des faits positifsque nousrapportons, quedes hypothesessur unepre- tendue violence qui a empeVshe*laReinedesigner sontestament.Nousaurionspudonnerdesdetailssurunbilletadresse*a
Madame
Royalepar Marie-Antoinette, sur un gant duDauphin et surune houclede cheveuxdela Reine,tousobjetstrouveschezCourtoisavecle testament. Nous aurions pu
aussiindiquercommentle
meme
Courtoisoffrait,par unelettrcadressee a unconseiller-d'e'tat,etdontbeaucoup dedeputes ont euconnaissance,de mettre ces precieux gagesaux pieds du Rot, en s'excusant tres-maladroitementde ne lavoir pas faitplus tot;lettre et ofire qui n'ont point eud'elfet, puisque,
dansle
meme moment
, tout e*tait dejasaisi et misaupouvoirde SaMajeste*,
graces auxsoins et a Fextrenae vigilance de M. le comte de Caze , ministre de la police generate, qui a su, pour ainsi dire, deviner un depot siinte- ressant.
Maisnousnavons voulufairequunenoticejUhle, etnonunricitcomplete
<«)
poss&ler
nne
lettre pr^cieose,derni£re oeuvred'une grandeRente,^t qui atteste autant sa candeur et
son
innocenceque
son amotjrpour
les Francais, etsa tendressepour
safemille.Le
22 f&vrier,on
s'occupait k lachambre
des d£put6s de la loi sur les Elections.MM.
les Ministres des affaires £trang£res et de la police g6n£rale avaient 6t& introduitspendant que M.
Serres£taitkla tribune ; apr&s le discours dece
membre
,M.
leMinistre dela police g£n£raledemande
k £tre entendu; ilmonte
a la tribune, etdu
tonquiannoncaitAmotion
profondequ
ilallaitcommuniquer,
d'une voix sensiblement alt£r6e, il s'estexprim6 k-peu-pr&s en
cestermes :« Messieurs, le Roi
nous
a charges de vous faireune communi-
« cation qui doit toucher vivement vos coeurs »
Un
profond silence s'6tablit : lachambre
semble pressentir l'objet de lacom-
munication :un
sentimentdemotion
est empreint sur toules le3physionomies ... «
La mort du
juste nest jamais perduepour
« la post£rit£: elle
donne
toujours de graves et salutaires lecons;
« laProvidence avait permis qu'il resist
une
trace £crite des der-« nitrespens£e£,des derniersvoeux
que
formaitun monarque
dont« le
nom
estk jamais consacr£ dansle souvenir deshommes;
elle« avaitpermis qu'ilexist&t
un
Testament de LouisXVI.
«
Mais
cette consolationne
nous avaitpoint £t£ accord^epour
tr la Reine.
Parmi
les touchans souvenirsque
laissait laplus auguste« et laplus inforlun£e des m£res, des Spouses et desreines, lafille
« de
Marie
Th&r&se, cette princesse <Jignedu
fils de Saint Louis,« digne
de
partager sa couronne, et son martyre,Dieu
seul avait« entendu la voix de la Reine
mourante
: son auguste fillen
avait« pas recueilli Fexpression de ses derniers vccux. Vingt-trois ansse
« sont ecoutes depuis
que
cet £crit a £t£ trac£ k llieure derni&re« dela plus
aim^e
,comme
delaplusmalheureuse des souveraines.<c Enfin la Providence a permis quilpftt 6tre pr£sent£ k l'auguste
« fille de nos Rois; etporter quelqu'adoucissementk sesdouleurs
,
OS)
«
alorsm£me
qu'il las renouvelle. Cette lettre est reconnaissable«c par Fempreinte de l'&riture dela Heine, dont les caracteres
ne
a sontnulle parttracesd'unemain
plus ferme etplus sAre,comme
«
pour montrer
lecalme de
sonAme en
cet aflreuxmoment.
Elle u n'estpas sign£e;mais
l'authenticit£en
estgarantieparun
t£moi- agnage
qui inspire FfaorreurLe Testament
de la victime« est sign£ par ses bourreaux.»
«
Ce Testament
respirelatendressed'unemfere,d'unesoeuretd'une aamie
, la dignity d'une reine, la fermet£dun
sage : il est dignecc d'etre entendu k cdt«S de cetestamentaugusteet saint qui mcirita
« d'etreludanslachaire devcSritcS} apres laparolede Dieu. »
M.
lecomte
deCaze donne
icilecture de lalettre de la Reinede
France, Marie-Antoinette, k sa soeurmadame
Elisabeth..
Apres
celte lecture, leMinistreestlong-tempssanspouvoirpour- auivre; l'¬ion de 1'assemblcSe et la siennene
le lui permettent pas; des pleurs sontdans tous lesyeux
: cen'est qu'apr£sun
long silenceque
le Ministre peut reprendre laparole.ccMessieurs, dit
M.
lecomte
deCaze
,.le Roi,en nous
chargeanta de cetteauguste
communication
, a bien voulunous
autoriserk
« vousdire, qu'en faisant
tomber
sonchoix surnous, c'&ait autant w le deputeque
le ministre qu'il avaitvoulu honorer. S.M.
ad£sir6« aussi
que
vousvissiez dans cettecommunication une
preuvedu
« besoin qu'elle £prouve de confondretous sessentimens dans
ceux
<* de son peuple, et de vous faire partager les consolationsquelle
cc recoit
comme
ellepartage nos esp&rances et nosmaux.
« Te deposesur le
bureau une
copie certifieddu
testamentde la« Reine
Marie
-Antoinette : S.M. m'a
charge* de vousannoncer
«
qu
elleavaitordonn£
qu'ilen
flit faitun
facsimiledontune
expe-ct dition serad£livr£ek
chacun
desmembres
de lachambre.
»A
cesmots
l'assembl£eenti&re se i&veaux
oris deVive
leRoil( "4 )
M.
Laine. « Messieurs,qu
elle touchante diversionfaitk
nos di*-« cussions politiques, la communicatioii quivient defaire tressaillir
<c vos coeurs, et
que nous
avons bienraison de vouloir mettreun
« frein k ces passions qui renversent les Etats, etont fait
tomber
<c sur la
France
les calamites dont lalecture de. cette royale lettre« rappelle Je souvenir!
Une
trop. vive Amotionne me permet
pas« de
donner
coursk cette idie.Cependant
Texpressiondes derniers« sentimens denotre Reine
nous Hhve
kdespens6esplushautesen-cc core
que
lapolitique; elle £16ve nosAmes
vers la religion,etnous
« rappelle
que
lareligionseulepourrait 6trele plus puissantmoyen
« de gouvernement. Quelle s6curit6
pour
les peuplesquand
elle a remplit lecoeurdes Rois ! Quelle paix, quelbonheur pour
les u souverains, si elle p£n&lre dansl'&medu
peuplecomme
dans les«
Ames
royales !Mais
je m'apercoisque
j'anticipe sur Fexpressioncc de vos sentimens : ilfaut 6tre
moins imu
etavoir plus detemps
•c
pour
lesexprimer dignement. Je propose, messieurs ,qu
il soit« fait
une humble
adresseau
Roi, laquelle, s'il lepermet
, luisera* port£e par
une
deputationde
a5membres.
Sil'£lan de vos coeurs« avait besoin d'un
exemple
, je vous dirais, et je viens d'en 6tre« ins trait,
que
lachambre
des pairs a vot£une
adresseau
Roi qui« doitlui 6tre pr£sent£e par
une
grande deputation. »Un
crig6n6rals'£l£ve :aux
voix !aux
voix !•'.. Bient6t l'assem- h\6e enti&reestdebout.La
propositiondeM.
Lain£ estaccueillie parun
suffrageunanime
et
aux
crisdeVive
leRoil
La
deputation choisie a k\k pr£sent£e le soirmime au
Roi, etM.
Lain£ portantlaparole, a dit:
cc Sire, apr£slaprofonde douleur
que nous
a causae lacommu-
« aication
que V. M.
a daign£ fairek lachambre
, notre premiere« pens£e est d'admirer la Providence qui a permis
au temps de
« notfs r£v£ler les dernierssentimensde notreprincesse.
Pourquoi
« fcut-il
que
latombe
seule soit inexorable et retienne k jamais(i5).
« Faugustevictime
que
nouspleurons!Mais
elle'n'estpaspour
nous<<
morte
toute enti&re.Son Ame
religieuse et royale s'estr£pandue
« dans cette lettre qui
semble
ajouter quelque choseau
testament« tjuivous a l£gu6 des vertus plus qu'h£roiques, parcequ'elles sont
« chr£tiennes.
«
Nous
vous remercions, Sire,du don que
votre bont£ afait a«
chacun
denous
, de la lettredont Fart reproduit les Iraits origi-«
naux
, maisoh
notreAme
d^couvre bienmieux Fimage du
coeur«
de Marie
-Antoinette, reine deFrance
et de Navarre;nous
la« transmettrons cette lettre
en
heritage knos enfans; elle leur ap-« prendraqu'il est des vertus sup£rieures
aux Igaremens
des si&-« cles, et
que
la religion, quiinspire ces vertus, estfdans le coeur« des Rois, legageleplusstir
du bonheur du
peuple. »Le Roi
ar£pondu
: « Je suis sensibleaux
sentimensque
m'ex-«
prime
lachambre
des d£put£s hFoccasion delacommunication
«
que
jelui aifaite.Aucun 6v£nement ne m'a
plusprofond£men€
« touch£
que
cette d^couverte.Pen
rends graces h la Providence« qui a vouhir£v£ler les vertus
de
celledontje fuslesujet, lefr£re« et j'ose dire Fami. Je suis s&r
que chacun
de vous conservera« avec soinlepresent
que
jeluifais,et letransmettra knosneveux
,
« et
comme nous,
ilsrendront justice a celle h qui elle fut sipeu
« rendue de son vivant. »
En prononcant
ees derniersmots, la voix deSa
Majesty &ait sensiblement alt£r£e~La commission
ademands
h S.M.
, par Porgane de son presi- dent, lapermission,conform^ment
auxlois, de se presenter che*Madame.
Cette princesse Faadmise
, quoiqu'il fAt dej^ fort tard.M*
Lainladk
:«
Madame
r«
Le
Roivientdenous
permettre d'exprimerh votre altesseroyale« lessentimens
qua
faitnaitre la lettre de votre auguste tnkre.Ces
« nobles caract&res out r£veiU£
en
nouslavivedeuleurque
letemps
(i6)
« a fait taire sans l'affaiblir.
Mais
cette douleursetempore
klavue« de votre altesse royale;
nous nous
disonsque
Marie-Antoinettecc revit
en
Marie-Th£r£se; ce sont lesmdmes
vertus, c'est lem6me
« courage,
eten
voyant brilleren
vous,Madame,
les sentiment« religieux de
deux
princesses, les coeurs apais£s se rouvreot a a Pesp6ranceetaux
consolations. »Madame
ar^pondu
:
•c Je suisvivement touch£e
de
votred-marche.Les
souvenirsque
«
me
tappelle la lettre miraculeusement conservee et 6crite par* une main
si ch&re>me
causentune Amotion
trop grandepour
« r^pondre
comme
je levoudrais a votre empressement. »Tels sont les renseignemens
que nous
avonspu
rassembler k la hdte surThistoiredesdeux
piecespr£cieusesdont nous
oflronsune
imitationau
public.Le temps en
ferapeut-6tre d£couvrir quekjuet autres, mais il faut nous contenter de ceux-cipour
le present:
nous sommes
si pr&s des£v£nemens
, qu'ilseraitpeut6tre trop r6- roltant detoutsavoir ! B£nissons plutdt mille foislaProvidence quinous
a conserve ces leconsde
toutesles vertus£crites sur lesauteU du
crime, etsouslesyeux m&nes
desm6chans.
Relisonssanscesse cesTestamens
pr£cieux, si dignes de loute noire v£n6ratk>n, etnous y
puiseronschaque
jour plus d'horreurpour
lestemps
dontnous
sortons, plusd'esp&encespour
l'avenir, et plusd'amour pour
nos souverains legitimes*DE L'IMPRIMERIE DE GILLtf,
RUE
SA1NT-JEAN-DE-BEAUVAIS,K.Q 18.'<dj* /vantnt cfiwuit
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Signature de la Heine.
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MONSIEUR,
parMadame
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Plancher, rue Serpente, N.°
14.1816.
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On trouve aux memes ad?
esses:Le Testament de Louis XVI
,en tableau
surune
demi-feuillede papier
Jesus velin,orne dune
bellebordure
k fleursde
lis, et
du Saule Pleureur.
Idem de
laReine, meme dimension.
Idem de Louis XVI
, in-8.°,grand papier v&in.
Idem de
laReine, grand
in-8.°Idem du Roi
etde
laReine,
in-8.°orne de
leurs portraits.Idefn du Roi
etde
laReine,
in-18orne dune
joliegravure en
taille -douce
,representant
laReligion
apparaissant aLouis XVI
sortantde son tombeau
, etprononcant
ces paroles :Je pardonne de
toutmon caeur a ceux qui
sesont
failsmes ennemis sans que je leur en
aiedonnt aucun
sujet.La Mort de Louis XVI
, trag^die in-8,°Idem de
laReine.
Idem de Madame
Elisabeth.L'Esprit de Henri IV,
i vol. in-12,orn£ de son
portrait etd une
jplie vignette.Get ouvrage
estaugment^ de
lelogede
cePrince, par de Laharpe.
c