SUPPLÉMENTATION D’UN RÉGIME COMPLEXE
PAR LA DL MÉTHIONINE DE SYNTHÈSE, CHEZ LE PORC
A. RERAT,
J. LOUGNON
R. PIONE. ENGRAND
Station de Recherches sur
l’L:levage
des Porcins,St
’
ltion centrale de Recherches de Nutrition,
Centre !iatioiial de Reclcerches
zooteclanir l ues, Jouy-erz- J osas (Seirae-et-Oise)
SOMMAIRE
I. - L’addition de r, 5 p. r oco de DL méthionine à un
régime
de basecomplexe (composition:
7
8 p. ioo
d’orge
- I p. roo de tourteau d’arachide --- 4 p. roo de tourteau desoja
-,; p. 100de fa- rine de luzerne - 4 p. roo de levure de distillerie - 2p. ioo de farine depoisson
—2
p. ioo de farine de viande - 3 p. roo de
mélange
minéral etvitaminique)
contenant o,5p. 100à 0,6 p. roo d’acides aminés soufrés et 0,8 p. roo delysine,
se traduit par une amélioration de la vitesse de croissance(
24 p. roo) et de l’indice de consommation (8 p. roo) pour les animaux pesant entre 20 et 60
kg.
Cette amélioration est réduite chez les animaux de
poids supérieur
à 60kg.
L’amélioration de crois-sance peut être attribuée à une consommation
journalière
accrue et à un meilleuréquilibre
entreacides aminés. La
composition corporelle
des animaux n’est pas modifiée, cequi signifie
que les réten- tions azotée etcalorique
ont subi des évolutions semblables.II. - I,’addition de 3 p. 1ooo de DL méthionine se traduit par une amélioration
beaucoup
moins sensible des performances des animaux
(augmentation
de 12 p. roo de la vitesse de crois- sance, diminution de .I p. roo de l’indice deconsommation) pendant
lapremière période
de croissance(
20
à 60 kg). Tout se passe alors comme si un tel apport de méthionine était une source dedéséqui-
libre.
III. -- Compte tenu du fait que les acides aminés soufrés sont les facteurs limitants de ce
régime,
le besoin en ces acides aminés a pu être estimé. Dans nos conditionsexpérimentales,
leur pour- centageoptimum
dans lerégime
est de l’ordre de o,G à 0,7 p. roo pour les animaux de 20à 60kg
etde 0,4à o,! p. roo pour les animaux de 60à roo
kg.
IV. - L’utilisation pour l’alimentation des porcs d’un régime dont le taux azoté répond aux
normes recommandées par divers
organismes scientifiques (Fédération Européenne
de Zootechnie, National Research Council) ne permet pastoujours
de couvrir le besoin en certains acides aminés.INTRODUCTION
I,’obtention,
parsynthèse
ou parextraction,
de certains acides aminés à uneéchelle industrielle et l’abaissement corrélatif de leur
prix
de revientpermet
actuel- lement de reconsidérer leproblème
dessupplémentations
en alimentation animale.Aux
supplémentations interprotéines
utilisées dans lapratique zootechnique,
latendance actuelle est de substituer une
supplémentation
par un ouplusieurs
acidesaminés de synthèse.
F. MARTINNT
Cette tendance se
traduit,
enaviculture,
par l’introduction prescluesystématique
de méthionine dans les
régimes,
introduction d’autantplus justifiée
que le besoin enacides aminés soufrés est
particulièrement
élevé chez les volailles. Pour lePorc,
leproblème
se pose en termes différents en raison de l’incertitude où l’on est sur le niveau exact du besoin en acides aminésindispensables, malgré
les nombreux travaux exé- cutés à cesujet (.-1.LlB IQCIST , IC )59). L’expérience
faisantl’objet
duprésent
articleavait pour but de
préciser
dansquelle
mesure unrégime
à teneur enprotéines
con-forme aux normes recommandées par différents
organismes scientifiques (National
Research
Council,
FédérationEuropéenne
deZootechnie)
étaitcapable
de couvrirle besoin
spécifique
en aminoacides du Porc en croissance.MATÉRIEL
ETMETHODES
A /lill/aux et
)’r!’)H! :
’I’roislots de iz porcs de race Large White provenant de 12
portées
différentes soit constitués suivant ledispositif
des blocs complets (SNF,1)1!(!OR, ig6i) ; au sein d’une même portée, trois animaux sont choisis de même sexe et de mêmepoids
au sevrage et sontrépartis
dans chacun des trois lots.Les régimes distribués en alimentation senzi ad libitum entre le sevrage et le
poids
de rookg
sontles suivants :
- Régime A :
régime
de base conforme aux « normes » azotées de la FédérationEuropéenne
deZootechnie :
- Aliment 1 : r7 p. roo de matières azotées brutes pour les animaux entre 20et 60kg.
- Aliment II : r5 p. roo de matières azotées brutes pour les animaux de
poids supérieur
à 60kg (1)
(tableau
I).-
Régimes
13 et C :régime
de base additionnérespectivement
de r,! p. 1 ooo et 3,o p. i ooo de DL méthionine.Au cours de leur croissance, les animaux sont
pesés
ai intervallesréguliers (tous
les 14jours).
Les
quantités journalières
de nourriture consommées sontenregistrées.
Après abattage,
diverses mesures sont effectuées sur les carcasses(notamment
détermination del’épaisseur du lard doraal et du rapport « morceaux maigres aux &dquo; morceaux gras »).
Méthodes
analytiques:
.’Les
techniques qui
suivent ont été utilisées pouranalyser
lesrégimes :
- Matières azotées totales : méthode de KJELDAIIL.
- Matières
cellulosiques :
méthode dérivée de la méthode dite de la Stationagronomique
deW
EENDE
(B e1V
)JNTWIS1’LE et HUNTER, 1949, H1JNTER, 1948).- Matières minérales
(cendres) :
calcination au four à55 o&dquo;C pendant
6 heures.- Matières grasses : méthode normalisée de l’Institut
professionnel
de Contrôle et RecherchesScientifiques
des Industries de l’Alimentation Animale : extractionsimple
par l’étheréthy- lique
au soxhtetpendant
4 heures,puis
2heures,après mélange
avec sulfate de sodiumanhy-
dre.
- Acides aminées :
-
Hydrolyse :
on utilise l’acidechlorhydrique
6’_V chauffé à reflux au bain d’huile( I2S 0 C),
ce
qui
assure une ébullition très douce. 5oo ml d’acide sont utilisés pourhydrolyser
200 mg d’aliment. Les
hydrolysats
sont cencentrés sous vide àl’évaporateur
rotatif (source chaude à 38-¢o!C, source froide à - r5 - 20°C.-
Séparation
etdosage :
les acides aminés libérés parhydrolyse
acide sontséparés
par chro-matographie
sur colonne selon !IoORE etal.(I g 5 8).
Les fractions obtenues sontanalysées
par la méthode de MooRE et STEIV
( 1954 )
en utilisant i ml de réactif pour des fractions de 1,1 ml.- Méthionine
surajoutée : -
extraction selon la méthode de RortoEVt3t;RG et RosEVrrERc(1 95 6).
-
dosage microbiologique ( T uL’iLLiER
et al., 1954).L’analyse statisti<lue
des résultats estopérée
en utilisant le test de ÏUKEY(L ISON ,
ig;8).RÉSULTATS
1
° COMPOSITIOX CHIMIQUE DUS RÉGIMES
Elle est
rapportée
dans le tableau 2. Le tableau 3 concerne lacomposition
enaminoacides ; l’analyse
n’aporté
que sur l’aliment utilisé au cours de la deuxièmepériode expérimentale (6o-roo kg
depoids vif).
Pour chacun desaliments,
les teneurs enen acides aminés ont, en outre, été calculées en utilisant soit des résultats d’analyse
chromatographique (méthode
de MooRr! etS TEIN )
obtenus dans ce laboratoire(orge, arachide, soja,
farine dehareng
deNorvège, luzerne),
soit des données de lalittérature,
résultats dedosages chromatographiques :
farine de viande(EA STOE
etLoxc, 19 6 0 ),
ou
microbiologiques :
levure de distillerie(H ORN
etal, zg!6
a,b,
Ig4 j re,b,
c ;194 8
a,b,
c ; 1949 a,b,
- STOCKES etal.,
19+5 - I/VMAX etal., 195 6, io 5 8
- B!‘Ir,r,L!n2s,1955).
(’) Soit respectivement I40et 120 g de matièra -Lz!,tée., digestibles par uuité fourragère.
Il y a un bon accord entre les calculs et les résultats de
dosage
pour laplupart
des acides aminés. L’écart constaté pour la valine
( 1 8
p.100 )
etl’isoleucine(i2
p.100 ) peut
avoir deuxexplications : l’hydrolyse
acide en 2Iheures utilisée pour lesdosages chromatographiclues
nepermet
pas leur libérationcomplète
et les résultats desdosages micro biologiques
sont souvent élevés pour ces deux acides aminés. Le chiffre obtenu par le calcul doit être assez voisin de la réalité dans le cas del’isoleucine,
tandisque la teneur en valine doit être intermédiaire entre les deux valeurs obtenues. Un écart
important
estégalement
observé entre résultats dedosage
et résultats de calcul dans le cas des acides aminés soufrés. Cet écartpeut
être dît à la difficulté dudosage
microbiologique
de ces acides aminés(cystine notamment)
et à la variabilité de la teneur encystine
de certainsproduits (orge
enparticulier).
Les chiffres obtenus par ledosage
de l’aliment sont certainement lesplus
valables : les calculs semblent donc surestimer les teneurs en acides aminés soufrés.La
comparaison
des teneurs en acides aminés durégime
témoin A avec cellesdes
protéines
d’oeuf(résultats
dedosage chromatographique
obtenusdans
ce labora-toire),
considérées commeprotéines
de référence par MITCHELLet BLOCK( 194 6)
per- met de mettre en évidence un certain nombre de déficits(tableau 4 ).
Pour l’alimentI
correspondant
à lapremiède période,
les déficits lesplus importants
concernentles acides aminés soufrés
(- 43 ) (méthionine : - 5 8 ; cystine : - 23 )
et lalysine (- 3 6).
Sil’on tient
compte
de la surestimationprobable
des teneurs en aminoacides soufrés due au mode decalcul,
leur déficit estplus
accentué et seraitsupérieur
à 50p. 100. Le déficitprimaire
de l’aliment de la secondepériode (6 0
à iookg) porte
sur les acidesaminés soufrés
(-5 2 )
et le déficit secondaire concerne lalysine (- 42 ).
Les données concernant le
pourcentage
de déficit des acides aminés soufrés parrapport
auxprotéines
d’oeuf dans lesrégimes
B et C sontrapportées
dans le Tableau 5.L’addition de 1,5p. 1000de DI, méthionine au
régime
de base de lapériode
1 réduitle déficit en acides aminés
soufrés,
si l’on tientcompte
de la surestimation de leurs teneurs, à un niveauqui correspond approximativement
au niveau du facteur limi- tantsecondaire ;
cette même addition faitapparaître
lalysine
comme facteur limi- tantprimaire
pour l’aliment de la deuxièmepériode. L’addition
de 3 p. i o0o de DL méthionine aurégime
de base comblepratiquement
le déficit de méthionine par rap-port
auxprotéines d’oeuf,
le déficitglobal
en aminoacides soufrés étant lui-mêmed’importance
minime. Les contrôles effectués sur lesrégimes
B et C ontpermis
deretrouver
quantitativement
les dosesajoutées.
2° CROISSANCE ET CO:!SO:VI1VIATIOB
En raison de la modification de
composition
de l’alimentlorsque
les animauxatteignent
60kg
depoids vif,
les données concernant la croissance et la consommationont été divisées en deux
périodes :
ellesfigurent
dans les tableaux 6 et 8.I,es résultats concernant l’ensemble de la croissance sont
rapportés
dans letableau 9.
a)
Croissance rle 20 ci 60ki f . :
.’Entre 20 et 60
kg
depoids
vif(tableau 6), l’incorporation
(le DI, méthionineau
régime
de base a des effetsbénéfiques
sur lesperformances
des animaux.L’addition
de 1,5 p. z o0o de DI! méthionine a pourconséquence
une améliora-tion hautement
significative
de la vitesse de croissance(2!
p. 100parrapport
au lottémoin),
uneaugmentation
hautementsignificative
de la consommation( 15
p.100 )
et une abaissement hautement
significatif
de l’indice de consommation. C’est surtoutau cours du
premier
moisd’expérience
que l’action de la méthionine a été laplus marquée (tableau 7 ).
L’effet d’une addition de 3 p. i o0o de DL, méthionine est
beaucoup
moins sen-sible : si l’amélioration de croissance
( 12
p. roo parrapport
au lottémoin)
est encoresignificative, l’augmentation
de consommationjournalière (S
p.ioo)
ne l’estplus ;
il en est de même pour l’abaissement de l’indice de consommation
( 4
p.100 ),
Par
rapport
aux animaux recevant lerégime
contenant 1,5p. 1000de DL méthio-nine,
ceux recevant lerégime
à 3 p. 1000de cet acide aminéprésentent
une croissanceabaissée
(de
9 p.100 )
et une consommation diminuée.b)
Croissance de fo à 1007!! (tableau S) :
Entre 60 et 100
k h
depoids vif,
les différences entre animaux des divers lotss’estompent
ou s’annulent. I,a vitesse de croissance des animaux du lot B et leur con-sommation sont
légèrement supérieures
à celles des animaux des autreslots,
mais la différence n’est passignificative.
c)
Croissance de 20 à iookg :
L’addition
de DI, méthionine aurégime
de base a, dans les deux cas, eu des effetsfavorables sur les
performances
desanimaux,
l’amélioration laplus
notable étantenregistrée
pour laplus
faible dose administrée(lot B).
La vitesse de croissance estaccrue dans des
proportions importantes ( 15
p. ioo pour le lotB,
8 p. 100pour le lotC),
les différences
enregistrées
étantsignificatives. L’ingestion journalière
de nourriture estplus importante lorsque
la méthionine estincorporée
aurégime (augmentation significative
pour le lotB).
L’indice de consommation n’est que faiblement amélioré par laprésence
de méthionine. Il en est de même du coefficient d’efficacitéprotidique.
3°
COMPOSITION CORPORELLELes résultats concernant les mensurations effectuées sur les carcasses sont
rapportés
dans le tableau 10.Bien que leur croissance ait été
différente,
les animauxprésentent
unecomposition corporelle
invariable d’un lot à l’autre : lepourcentage
de « morceauxmaigres
»(jambon
-f-longe)
semblelégèrement plus
élevé pour les animaux recevant de la méthionine dans leurrégime,
mais cette différence est loin d’êtresignificative.
DISCUSSION
La méthode de MITCHELLet Br,oc:K
(i 9 q6), qui
consiste à comparer les teneursen aminoacides des
protéines
alimentaires avec celles desprotéines d’oeuf,
considéréescomme
protéines
deréférence, présente
une valeurprévisionnelle certaine,
tant ence
qui
concerne la valeurbiologique
de cesprotéines
que la nature etl’importance
de leurs
déficits
en aminoacides. MITCHELL( 1954 )
a, eneffet,
trouvé une relation trèsétroite
(r
=0 ,8 3 )
entre la classechimique
desprotéines
déterminée par cette méthode et leur valeurbiologique
mesurée in vivo chez des animaux en croissance(rat,
porc,chien).
La difficulté del’application
de cette méthode réside dans le choix des valeurs àutiliser,
tant pour lacomposition
en acides aminés des alimentsutilisés,
que pour celle desprotéines
d’œuf. Il sembleraitlogique d’adopter
les valeurs utilisées par MITCHF L I
, et BWCK
(r 94 6) puisque
ce sont ellesqui
ontpermis
à ces auteurs d’établirune relation entre
composition
en acides aminés et valeurbiologique
desprotéines.
Mais les matières
premières
utilisées dans nos alimentsrisquent
d’être différentes desproduits
dont lesanalyses
ont été utilisées par -NIITCH£i,r, et BLOCK, Le même obstacles’oppose
à l’utilisation des diverses tables(O RR
et WATT, 1957 - WILLIAMS, Il)55, - BLOCK et Wmss,105 6
- PFANDER etT RIBBI , E , 1057 ).
Deplus,
les méthodesanalytiques
ont évolué et les résultats obtenus par diverses méthodes ne sont pastoujours comparables.
C’estpourquoi,
dans la mesure dupossible,
les résultats d’ana- lyse obtenus àJouy-en-Josas (Piox-
et deB ELSGXCE , 10 6 1 )
ont servi de base pour les calculs.Toutefois,
lesproduits
introduits dans lesrégimes
ne faisaient paspartie
des mêmes lots que ceux sur
lesquels
avaientporté
lesanalyses,
cequi explique
enpartie
les écarts observés pour certains acides aminés entre les teneurs calculées et les teneurs dosées dans l’aliment II. Lespourcentages
de déficit obtenus en compa- rant les valeurs obtenues pardosage
de l’aliment II aux teneurs en aminoacides desprotéines d’oeuf,
dosées dans le même laboratoire par la mêmeméthode,
devraientêtre les
plus proches
de la réalité. En cequi
concerne l’aliment I, on est en droit depenser que sa teneur en acides aminés soufrés est surestimée par le calcul
puisque,
dans l’aliment II, les chiffres obtenus par
dosage
sont inférieurs à ceux fournis par le calcul.En outre, la teneur en
cystine
est relativementélevée,
parrapport
à la teneuren
méthionine,
dans les aliments utilisés et il estpossible
<lue les calculs effectués enutilisant la somme méthionine —
cystine
ne rendent pas exactementcompte
de lacouverture du besoin
spécifique
en méthionine.Quoi qu’il
ensoit,
les divers modes d’estimationpermettent
tous de conclure à un déficit en acides aminés soufrés. Seulel’importance
de ce déficit est tnal connue.Sur le
plan biologique,
l’existence d’un déficit dans desprotéines
alimentairesa des
conséquences
variables selon le taux d’introduction de cesprotéines
dans lerégime,
leproblème
de laqualité
desprotéines
se ramenant à unproblème
dequantité (
Ï E RROIXE
, IQ52 ) .
Laquestion
seposait
donc de savoir si le taux deprotéines pré-
sentes dans notre
régime
de base(régime !)
était suffisant ou non pourpallier
leseffets
biologiques
dus au déficitprimaire
en aminoacides soufrés de cesprotéines.
En
première analyse,
bien que cerégime
soit conforme aux normes recomman-dées,
son taux en acides aminés soufrés semble insuffisantpuisque
l’addition de mé- thionine se traduit par une amélioration de la croissance et de l’indice de consomma-tion. L’accélération de la croissance et l’amélioration, de l’indice de consommation
(ou
du coefficient d’efficacitéprotidique),
lors de l’addition de doses croissantes d’un acide aminé à unrégime,
sont en effet les critèresbiologiques généralement adoptés
pour montrer que cet acide antiné
représente
le facteur limitantprimaire
des pro- téines de cerégime
et pour déterminer le niveau du déficit(ROSEXBERG, y!9).
Sil’on
adopte
cepoint
de vue, la méthionine serait le facteur limitantprimaire
durégime
de base pour lapériode
de 20 à 6okg,
et la dose de méthioninesynthétique
à incor-porer au
régime
pourajuster
son déficit à celui du facteur limitant secondaire se situeraitapproximativement
à un niveau de 1,5g ! kg
derégime.
Pour lapériode
de fio à 100
kg,
le déficit de méthionine seraitbeaucoup
moinsprononcé puisque
aucune des deux doses
ajoutées
n’aprovoqué
d’améliorationsignificative
des per- iormances des animaux.Cependant,
certainspoints
sontsujets
à discussion : l’amélioration de la croissance et de l’indice de consommation estaccompagnée
d’uneaugmentation
du niveau de- consommation. Le
gain
depoids supplémentaire peut
donc êtrejustifié
au moinspartiellement
parl’augmentation
de la consommationjournalière,
et la baisse del’indice de consommation par la diminution relative de la
part
du besoin d’entretien dans le besoin total. Ces deux critères nepermettent
donc pas de conclure defaçon
formelle à une amélioration de la valeur
biologique
desprotéines.
Celle-ci nepourrait
être démontrée
qu’à
l’aide detechniques permettant
de mesurer la rétention azotéechez des animaux consommant la même
quantité
d’aliment(technique
«paired- feeding
» de Mr2cA1~r,r, en cage àmétabolisme). Toutefois,
laqualité
desprotéines
estun des facteurs
qui régissent
le niveau de consommation(O SBORNE
etaL,
igig - ROS E NB E R
G et
RoHD!VBUxG, 195 2
-Â LBAXËS E, I gsg) .
En outre, AsRaH!M et al.( 19 6 1
)
ontmontré,
dans desexpériences
de libre consomtnationénergétique
enpré-
sence de
quantités
constantes deprotéines
dequalité variable,
quelorsque
la couver-ture du besoin azoté n’était pas
pleinement assurée,
laqualité
et laquantité
des pro- téines administrées au rat et aupoulet
avaient une influencemarquée
sur le niveau de consomntationénergétique ;
celui-ci estsupérieur
si lesprotéines ingérées
sont debonne
qualité. L’augmentation
constatée du niveau de consommationpeut
doncêtre,
elleaussi,
uneconséquence
de l’amélioration del’équilibre
en acides aminés durégime.
Si les résultats obtenus semblent montrer que la méthionine est le facteur limi- tant
primaire
desprotéines
durégime
de baseutilisé,
ils nepermettent
pas d’en chi- ffrer le déficit avecprécision.
Le taux desupplémentation optimum
est certainement inférieur à 3g/kg
derégime,
etprobablement proche
de 1,5g!kg;
mais il estpossible
que d’autres taux auraient entraîné une amélioration
plus marquée.
Le besoin en acides aminés soufrés ne
peut
être évaluéqu’approximativement
à
partir
de cetteexpérience, compte
tenu del’imprécision
de l’estimation de la teneuren ces acides aminés dans les
régimes témoins,
et de la doseoptimum
de méthionine nécessaire pour combler le déficit. Ce besoin se situe entreo,6
et o,7p. 100d’unrégime
à i U.
F. Jkg
pour lapériode
de croissance de 20à 60kg,
et entre o,q et o,5 p. 100d’unrégime
à 0,94U.P’/kg
pour lapériode
de croissance de 60 à 100kg.
Aucune conclusionne
peut
être tirée sur lapart
relative de chacun des deux aminoacides dans la cou-verture du besoin
global
en acides aminés soufrés.De toute
façon,
la valeur obtenuedépend
de lafaçon
dont sont couverts les be- soins pour les autres acides aminés : ellereprésente
le taux nécessaire à la réalisation de la croissance autorisée par les autres constituants de la ration et enparticulier
par les autres acides aminés
indispensables présents
dans lerégime.
La dose deméthionine
permettant
la meilleure croissancecorrespond
en fait à laquantité
néces-saire pour ramener son déficit au niveau du limitant secondaire. Ceci
explique
pour-quoi
le besoin en acides aminéssoufrés,
telqu’il
a étéprécisé
par SHl~r,TOV et al.(ig 5
i),
par CURTIN et aL.( 1952 a)
et parnous-mêmes,
estsupérieur
aux estimations de divers auteurs(B ECKER
etal.,
1955 - BELE etal., 1955 )
dont lesanimaux,
àpoids égal,
ontprésenté
une croissance inférieure à celle que nous avonsenregistrée.
Toutefois,
cetteexplication
n’est pas valable pour rendrecompte
de l’écart entrenos valeurs et celles
précisées
par d’autres auteurs(A CKER
etal.,
1959- BECKERetal,
1954 a, 1954 b - CATROX etal.,
ig53 -EVANS, 1958, 1 9 60
a,1960
b - MEADE195
6
a,195 6
b - PFANDER etTRIBBT.E, rg5 7 ).
Le désaccordpeut s’expliquer
ici par le fait que lesrégimes expérimentaux
utilisés par ces auteurs contiennent des anti-biotiques qui
modifient le métabolisme de la flore intestinale etpeuvent
ainsi pro-téger
les acides aminésingérés
d’une désaminationpartielle (FpAxçois
etM ICHEL , 195
8),
cequi
entraîne une actiond’épargne
vis-à-vis de l’azote durégime (FÉVRIER
et DuMOxT, rg57-
RE R AT, 1 9 6 1 ).
Le besoin en acides aminés est doncprobablement plus
élevé pour des animaux ne recevant pasd’antibiotiques.
Les valeurs que nousavons données sont donc essentiellement valables pour des animaux à haute vitesse de croissance et ne recevant pas
d’antibiotique.
L’addition
de 3 p. i o0o de DI, méthionine aurégime
de base provoque des per- formances moins bonnes chez les animaux recevant cerégime
que chez ceux dont lerégime
est additionné de 1,5 p. i ooo de DI, méthionine. Cette dose de méthioninese
comporte
donc comme une source dedéséquilibre.
La notion dedéséquilibre
parexcès,
initialement formulée parJACQUOT ( 1952 ),
est maintenant devenueclassique (HARPER, zg56),
et de nombreux travaux ont mis en évidence de telsdéséquilibres
chez le rat, la souris et les volailles. En ce
qui
concerne lePorc,
il ressort desexpé-
riences de C!,9us!:x
( Z g6o-zg6r) qu’un
excès de méthionine se traduit par unedépres-
sion de la vitesse de
croissance ;
ces résultats sont donc en accord avec lesnôtres,
maisaucune
explication
satisfaisante de cephénomène
n’a étéapportée.
Le fait que la
composition corporelle
n’ait pas été modifiée defaçon significative
par l’introduction de méthionine dans le
régime
de base est intéressant : il montre que la vitesse de croissance n’est pas le seul facteursusceptible
de modifierl’adiposité
d’une carcasse. Dans ce cas
précis,
onpeut
penser que la rétention azotéejourna-
lière a été
augmentée grâce
à l’introduction de méthionine dans lerégime,
ledépôt supplémentaire
d’azote étant dû aussi bien à l’amélioration de la valeurbiologique
des
protéines
durégime
par laméthionine, qu’à l’augmentation
de consommation azotée.Parallèlement,
s’estproduite
uneaugmentation
de la rétentioncalorique jour- nalière,
liée àl’augmentation
de la consommationcalorique.
Reçu pour
publication
enjuillet
ig6aSUMMARY
SUPPLEMENTATION BY DL METHIONINE OF A COMPLEX DIET FOR GROWING FINISIIING PIGS
The present
experiment
was carried in order to know if acomplex
diet, which meets the recom-manded standards for nitrogen level, is able to
provide
the specificrequirements
for aminoacidsof
growing finishing pigs.
Forpigs weighing
between twenty andsixty kilograms,
the basal diet wasmade of
barley ( 7 8
p.I oo),
peanut oil meal( 4
p.I oo),
soy bean oil meal( 4
p.roo),
alfalfa meal( 3
p.I
oo), distillers’yeast ( 4
p.ioo), herring
meal( 2
p.I oo),
meat meal( 2
p.ioo),
mineral and vitamin mixture( 3
p.ioo) ;
it contained 17 p. Ioo crudeprotein,
0,8 p. Ioolysine,
0,5to 0,6 p. Ioo sulfur- aminoacids. Forpigs
abovesixty
kilograms, it wasslightly
modified in order tosupply
15 p. 100 crudeprotein.
Thirty
six Large Whitepigs,
divided on the basis of ancestry,weight
and sex were alloted tothree treatments :
- treatment A : basal diet;
- treatment B : basal diet -!-- 1,5 p. i ooo DL methionine;
- treatment C : basal diet + 3 p. Iooo DL methionine.
They
wereindividually
fed.Feeding
was semi ad libitum.The addition of 1,5p. i ooo DL methionine to the basal diet
improved
rateof growth (z,! p.
100)and food conversion
(8
p. ioo) below theweight
ofsixty kilograms.
The facts may beexplained by higher consumption
level and a better balance between aminoacids. Forpigs
heavier thansixty
kilo-grams, the
improvement
was notsignificant.
The addition of 3 p. i ooo DL methionine
improves
butslightly performances
ofpigs,
which canbe attributed to aminoacid imbalance. Since sulfuraminoacids are
limiting
factors of the diet, thelevel of the needs for these amino acids can be calculated. Their
optimum
levelfor high
rateof growth
is about o,6 to 0,7 p. roo of the diet for
pigs
between twenty tosixty kilograms,
and between o,4 to 0,5p. ioo of the diet for pigs heavier thansixty kilograms.
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