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La composition corporelle du lapin : Facteurs de variation
J. Ouhayoun
To cite this version:
J. Ouhayoun. La composition corporelle du lapin : Facteurs de variation. INRA Productions Animales,
Paris: INRA, 1989, 2 (3), pp.215-226. �hal-00895869�
J.
OUHAYOUNINRA Laboratoire de Recherches
sur l’Elevage
duLapin
B.P. 27 - 31326 Castanet Tolosan Cedex
La composition
corporelle du lapin
Facteurs de variation
Le lapin possède
unfort potentiel de production de viande.
Au
coursdes 20 dernières années, la rationalisation de l’élevage
a
favorisé
sonexpression. Cependant, la diversité des systèmes
de production reste importante ; il
enrésulte
unegrande variabilité de la productivité et des caractéristiques bouchères de l’espèce.
La
production
annuellefrançaise
de viandede
lapin
est estimée à 160 000 tonnes. Elle est assurée par environ 4,5 millions delapines
dis-persées
chez un demi million d’éleveurs. Trois pour cent d’entre euxproduisent
40 % du ton-nage de viande. Dans ces
élevages
rationnelsune femelle fournit en moyenne, au travers de
ses
produits, plus
de 60kg
de viande par an. Lacoexistence de
systèmes
deproduction
très dif-férents, qui exploitent plus
ou moins rationnel-lement des
cheptels d’origine génétique
variée,détermine une
importante hétérogénéité
descaractéristiques
deslapereaux
livrés à la bou-cherie.
1 / Caractéristiques
d’un lapin standard
Dans les
élevages spécialisés,
la viande estproduite,
pourl’essentiel,
par des races dont lepoids
adulte estcompris
entre 3,5 et 4,5kg.
Enmoyenne, le
lapin
de boucheriepèse
2,3kg.
Unlapin
de race Néo-Zélandaiseâgé
de 10 osemaines et
pesant
2,25kg (55
% de sonpoids adulte) fournit, après saignée, dépouille
et évis-cération, une carcasse de 1,395
kg.
Au cours dela
réfrigération (24
h à +2 ° C),
la carcasseperd
2,15 % de son
poids (égouttage
et dessicationsuperficielle). Après suppression
des man-chons
(parties
distales des membres recou-vertes de
fourrure),
la carcasse est conforme àcelle décrite dans l’arrêté ministériel du 26 novembre 1979. Elle
pèse
alors 1,285kg.
Lerendement de la
première
transformation est de 57,1 %(Ouhayoun 1986) (figure 1).
Il n’existe pas de normalisation de la
découpe
dulapin.
Dans les ateliers de transfor- mation, les sections lesplus fréquentes
des car-casses sont réalisées
transversalement,
auniveau
atlanto-occipital,
entre les 7° et 8Cvertè-bres
thoraciques
et entre les 6! et 7e vertèbreslombaires. La
proportion
de viande ainsi quel’esthétique
du tronçon avant sontparfois
amé-liorées par élimination de la cage
thoracique
avec la
trachée,
le coeur et les poumons(TCP) ;
le tronçon avant est alors
composé
des mem-Résumé -
Dans les
élevages
delapins spécialisés,
laproduction
d’une femelle est de l’ordrede 45
lapereaux
abattus par an, soit 60kg
de viande. Généralement de format adulte moyen(4 kg)
ceslapereaux
fournissent en 10-11 semaines une carcasse de 1,3kg
dont les morceaux nobles(83
% de lacarcasse),
comestibles à 85%,
sontparticulièrement maigres (moins
de 3 % de tissugras).
L’espèce
cunicole est riche en races de formats très différents. Celles-cireprésen-
tent un
potentiel important
de diversificationqualitative
de la viande. Enparticu- lier,
les racesgéantes
sont intéressantes dans la mesure où ladécoupe
et la trans-formation se
développent.
Lesprincipales caractéristiques
bouchères des car- casses : le rendement àl’abattage,
lerapport
muscle/os et éventuellementl’adipo-
sité
peuvent
être modifiées par sélection en race pure. L’amélioration de la vitesse de croissance par sélection ou paraugmentation
de la teneur enprotéines
del’aliment, qui
favorise la voieglycolytique
du métabolismeénergétique
muscu-laire, peut
entraîner unedégradation
de laqualité
de la viande.Lorsque
la vitesse de croissance deslapereaux
est accrue, soit par un meilleuréquilibre
des nutriments(protéines/ énergie, notamment),
soit par unapport
ali- mentaire élevé(nourriture
àvolonté,
teneur en lestminimum),
les caractéristi- quescorporelles
sont modifiées. Lesproportions
des tissusprécoces (tractus digestif, squelette
et éventuellementpeau)
sontréduites,
celles des tissus tardifs(tissu
musculaire et surtout tissuadipeux)
sontaugmentées ;
parconséquent,
lerendement à
l’abattage,
le rapport muscle/os etl’adiposité
sont favorisés.Chez le
lapin,
herbivoremonogastrique,
lasupplémentation
enlipides
de l’ali-ment, destinée à élever le niveau
énergétique
de la ration sans abaisser celui desglucides indigestibles, peut
intervenir sur la stabilitéthermique
etchimique
desgraisses corporelles.
bres antérieurs et des muscles
superficiels
dudos et du thorax. Dans ce
cas,l’ensemble
desmorceaux nobles
pèse
1,068kg
etreprésente
83 % de la carcasse commerciale. Ils incluent le
foie,
trèsdéveloppé
chez lelapin (plus
de 7 %du
poids
de la carcassecommerciale) (figure 1). ).
La
composition
desprincipaux
morceaux dedécoupe
est donnée dans lafigure
2. Le quart de la viande de la carcasse est situé dansl’avant,
37 % dans le râble et 38 % dans l’ar- rière. Ces trois morceauxportent respective-
ment 41 %
(niveau interscapulaire),
53 %(niveau périrénal)
et 6 %(niveau inguinal)
del’ensemble du gras dissécable de la carcasse.
2 / Facteurs de variation
liés à l’animal
Le
poids
de la carcasse,l’importance
et larépartition
des tissus musculaire etadipeux,
ledéveloppement
dufoie,
sont les critères lesplus
étudiés. L’absence de normalisation des méthodes de mesure rend difficile lacomparai-
son des valeurs
numériques
citées. La défini- tion de la carcasse, parexemple,
varie dansl’espace
et dans letemps : plus
ou moins réfri-gérée,
ellecomprend
ou non la peau, la tête, lecontenu
thoracique,
les organes comestibles(foie, reins).
Lepoids
vif utilisé dans le calcul du rendement àl’abattage
est celui delapins transportés
sur des distancesvariables,
àjeûn
ou non. En France, le rendement à
l’abattage
est diminué de 3 à 4 %
depuis
que lesrègle-
ments
(1979) imposent
lasuppression
des« manchons ». Le
développement
relatif de la musculature et dusquelette
est leplus
souventestimé par
désossage
du membrepostérieur,
dont lerapport muscle/os
est en corrélation élevée avec celui de la carcasse entière chez deslapins
pesant de 2 à 2,5kg (Varewyck
et Bou-quet 1982).
Cedésossage
estparfois
réaliséaprès
cuisson(Ouhayoun
et al1986). L’adipo-
sité de la carcasse est déduite de la
pesée
dutissu
adipeux périrénal, qui représente
environ la moitié du gras dissécable de la carcasse chezun
lapin
néo-zélandais de 2,3kg.
Parmi toutes les
caractéristiques
dulapin,
lepotentiel
de croissance musculaire et les moda- lités de sonexpression
ont faitl’objet
de tra-vaux
significatifs.
Toutefois les relationsobjec-
tives entre la
physiologie
musculaire et la qua- lité de la viande ont rarement été recherchées.2.
1 / Les paramètres de la croissance
Les études de Cantier et al
(1969)
portant surune souche commune de
lapins
de formatadulte moyen montrent que la croissance rela- tive du tractus
digestif
devient moinsrapide
que celle du corps à
partir
dupoids
de 650 g, celle de la peau àpartir
de 850 g. Il en résulteune
augmentation
du rendement àl’abattage
en fonction du
poids corporel.
La disharmoniede croissance des autres tissus et organes se traduit par une modification de la
composition
de la carcasse. La
proportion
d’osdiminue,
sur-tout au-delà de 1 000 g de
poids vif ;
la propor- tion de tissu musculaire progressejusqu’au poids
de 2 450 g,puis diminue ;
dèslors,
lerapport muscle/os
tend à décroître. La crois-sance relative du tissu
adipeux
devientplus rapide
que celle du corps àpartir
dupoids
de950 g mais surtout au-delà du
poids
de 2 100 g.Enfin,
laproportion
de foie augmentejusqu’au poids
de 1 700 gpuis
décroîtrapidement.
Lescoefficients d’allométrie des
principaux
élé-ments
corporels
et lespoids corporels
où sontobservées les modifications de vitesse de crois-
sance relative sont donnés dans la
figure
3.L’évolution des
caractéristiques
bouchères dulapin
en fonction dupoids
est illustrée dans le tableau 1, par des données deVarewyck
etBouquet (1982),
concernant la race Blanc de Termonde.Certains transformateurs sont demandeurs de
lapins plus
lourds que le standardci-dessus,
mieux
adaptés
à leurs besoins. A défaut d’utili-ser des races de
plus grand format,
laprolonga-
tion de
l’engraissement
est une solutionpossi-
ble. En
effet,
àl’âge
de 11 semaines, lespoten-
tialités de croissance sont encoreimportantes.
Par
exemple,
deslapins néo-zélandais,
depoids
adulte moyen, alimentés à
volonté,
croissent de620 g
(+
26%)
entre 11 et 15 semaines et de 320 g(+
11 %supplémentaires)
au cours destrois semaines suivantes. Mais le coût de l’abat- tage différé est
élevé ;
alors que l’indice de consommation(consommation
alimentaire/gain
depoids) pendant
la durée normale d’en-graissement (4
à 11semaines)
est inférieur à 4,il passe à 7,6 ou 8,9 entre 11 et 15 ou 18
semaines,
respectivement (Poujardieu
et al1986).
L’amélioration du rendement à l’abat- tage, résultant de la diminution de la propor- tion du tractusdigestif
est uneconséquence positive
de laprolongation
del’engraissement.
Au delà de
l’âge
de il semaines, le rapport muscle/os du membrepostérieur qui
est un bon estimateur de celui de l’ensemble de la car- casse(Varewyck
etBouquet 1982)
est assez sta-ble ;
il en est de même de laproportion
desAu-delà de
l’âge
de 11
semaines, la proportion des
morceauxde
découpe
est assezstable mais la carcasse est
beaucoup plus grasse, surtout
au niveau
du
râble.morceaux de
découpe.
Mais laproportion
de foie est alorsplus faible,
les carcasses sontplus
grasses surtout au niveau
périrénal (tableau 2) (Ouhayoun
et al1986).
Cela est en conformitéavec les relations d’allométrie
rappelées
ci-des-sus. En
définitive,
du fait des coûts deproduc-,
tion
élevés, l’abattage
différé n’est concevableque si les carcasses obtenues sont valorisées dans un processus de transformation à forte valeur
ajoutée.
Les
caractéristiques
bouchèresdépendent
dela
précocité
de croissancepondérale. Compa-
rant deux groupes de
lapins
de même raceatteignant
lepoids
de carcasse de 1 500 grapi-
dement(74 jours)
ou lentement(106 jours),
Prud’hon et al
(1970)
ont montré que le rende-ment à
l’abattage
desplus jeunes
étaitsupé-
rieur, par suite duplus
faibledéveloppement
relatif de la peau et du tractus
digestif.
Chez ceslapins précoces,
lesquelette
est aussiplus léger
mais les tissus musculaire et
adipeux
sontplus développés (figure 4).
Enbref,
la croissancerapide
favorise les tissus dont la mise enplace
est la
plus
tardive.Au sein d’une
population
delapins
de même typegénétique,
considérés àl’âge
commun de11 semaines, c’est-à-dire à
l’âge d’abattage,
lavariabilité du
poids
adulte et de la vitesse decroissance
après
le sevrage est élevée : leslapins
lesplus
lourds ne sont pas forcément lesplus précoces.
Parconséquent,
ils ne se distin-guent
pas deslapins légers
en cequi
concernele rendement à
l’abattage ;
la corrélation entre lepoids corporel
et le rendement àl’abattage
est nulle. Cela résulte de
l’opposition
existantentre la
liaison, positive (r
=0,25),
dupoids corporel
et de laproportion
de peau et la liai-son,
négative (r = - 0,37),
dupoids corporel
etde la
proportion
de tractusdigestif.
Leslapins
lourds ne se
distinguent
pasdavantage
par lerapport muscle/os,
mais leur carcasse estplus
compacte etplus
grasse, enparticulier
auniveau
périrénal,
leur tissu musculaireplus
riche en
lipides (Prud’hon
et al 1970,Ouhayoun
1978, Cheriet1983).
Après
le sevrage, la moitié environ deslapins
en
engraissement
suit une courbe de croissance harmonieuse(Jouve
et al1986).
Les autrespré-
sentent des
à-coups
de croissance liés au chan- gement derégime.
Ces accidents de croissancequi
sont observés chez laplupart
des typesgénétiques (Ouhayoun 1978)
sontgénérale-
ment
compensés
par la suite. Al’âge
de 11 semaines, leslapins qui
ont subi un ouplu-
sieurs accidents de croissance
présentent
lesmêmes
performances productives globales :
efficacité alimentaire entre 4 et 11 semaines,
poids
vif à 11 semaines, que ceuxqui
ont euune croissance normale.
Toutefois,
les acci- dents de croissance dans lejeune âge
réduisentle
poids
relatif de certains organes dont le déve-loppement
estprécoce :
viscèresthoraciques,
reins. Mais ils ne modifient pas le rendement à
l’abattage,
nil’équilibre
de la carcasse(propor-
tions des morceaux de
découpe, rapport
mus-cle/os, adiposité) (Jouve
et al1986).
2.
2 / Le type génétique
a /
Composition corporelle
La variabilité des
qualités
bouchères entreraces, souches et croisements, est élevée. Les différences de format adulte et de
précocité
decroissance
pondérale expliquent
une part decette variabilité.
Lorsqu’on
compare au mêmeâge
deslapins
issus du croisement de femelleshybrides
et de mâles de races ou souches diffé- rant par lepoids
adulte(de
1,7 à 5,8kg),
lesmeilleurs rendements à
l’abattage
ne sont pastoujours
observés chez lestypes génétiques
ayant ledegré
de maturitépondérale (pourcen-
tage dupoids adulte)
leplus
élevé. Il en est de même du rapport muscle/os de la carcasse, estimé pardésossage
d’un membrepostérieur.
En
revanche,
les différences deprécocité
decroissance
pondérale
existant entre croise-ments se traduisent au
plan
del’adiposité
descarcasses et de la teneur en
lipides
du tissumusculaire : elles sont d’autant
plus
élevéesque le format adulte des
lapins
croisés estplus
faible
(Ouhayoun 1978) (tableau 3).
Il en résulteune
supériorité
desqualités organoleptiques
des
lapins
depetit
format sur celles deslapins plus lourds,
surtout si lescomparaisons
sont faites àâge égal,
donc àdegré
de maturité diffé-rent
(Touraille,
communicationpersonnelle).
Intra-type génétique,
l’héritabilité du rende-ment à
l’abattage
est moyenne àélevée ;
il enest de même de l’héritabilité du
poids
des mus-cles de la carcasse, à
poids
desquelette
constant
(r r = 0,39)
et dupoids
du tissu gras dissécable àpoids
de carcasse constant(h!
=0,53) (Rouvier 1970).
Ces différences de compo- sitioncorporelle
entre familles résultent de variations des coefficients d’allométrie des tis- sus, dont la sélection peut tirerparti.
b / Tissu musculaire et
qualité
de laviande
Chez le
lapin,
le nombre de fibres consti- tuant les muscles est fixé auplus
tard 30jours après
la naissance.Jusqu’à
70jours,
la crois-sance
pondérale
des muscles résulte surtout del’allongement
desfibres ;
par la suite, elle est due à leurépaississement
et audéveloppement
du tissu
conjonctif (Nougues
1972,1973).
Lavoie
glycolytique
du métabolismeénergétique
progresse
jusqu’à
90jours, plus
ou moinsrapi-
dement selon la nature des muscles(rouge, blanc, mixte) ;
dans le même temps, la voieoxydative perd
de sonimportance (Bacou 1972).
Les dimensions et le nombre de fibres mus-
culaires ainsi que
l’équilibre
du métabolismeénergétique dépendent
de la race. Les musclesdes
lapins
néo-zélandais sontcomposés
d’unplus grand
nombre de fibres que ceux delapins gris
communs et Géant blanc de Bouscat(Nou-
gues et al
1974).
La vitesse d’installation del’équilibre
des voiesglycolytique
etoxydative
du métabolisme
énergétique
estplus rapide
chez les
lapins
Petit Russe,qui
sont trèspré-
coces, que chez les
lapins
néo-zélandais(Ouhayoun
et al1982).
Leslapins
Géant desFlandres,
en race pure(tableau
4, Bacou etVigneron 1976)
et en croisement(Ouhayoun 1978)
se caractérisent par un métabolisme éner-gétique
relativementplus glycolytique
que celui des autres races. Ces différences de struc- ture et de métabolisme musculaires n’ont pasété décrites en termes de valeur
technologique
et
organoleptique
de la viande.Intra-type génétique,
l’héritabilité dupH
ultime et de la teneur enmyoglobine
des mus-cles,
caractères en relation avec lepotentiel gly- colytique
et l’activitémétabolique oxydative, respectivement,
peut atteindre des valeurs éle- vées(h Z = 0,56).
Les corrélationsgénétiques
entre la vitesse de croissance
pondérale,
d’unepart,
lepH
ultime et la teneur enmyoglobine
des
muscles,
d’autre part, sontnégatives (Ouhayoun
et al 1973,1974) (tableau 5).
Parconséquent,
l’amélioration de la vitesse de croissance par sélection peut avoir pour effet de favoriser le métabolismeénergétique glycolyti-
que du tissu musculaire et, par
conséquent,
d’altérer la
qualité
de la viande : moindre capa- cité de rétentiond’eau,
flaveur moins intense par défaut delipides
intra-cellulaires.3 / Facteurs de variation liés à l’alimentation
Depuis
unequinzaine d’années,
différentstravaux
expérimentaux
conduits dans lemonde,
et enparticulier
en France, ontpermis
de définir des recommandations fiables pourfabriquer
des alimentsrépondant
aux besoinsdes
jeunes
en croissance(INRA 1984).
Mais lesétudes
prenant
en considération des critères dequalité
bouchère sont relativement rares. Pourune
production
maximum deviande,
leséquili-
bres alimentaires recommandés sont les sui- vants : 2 500 kcal
d’énergie digestible
parkg,
16 % de
protéines équilibrées,
10 à 14 % de cel-lulose
brute,
2 à 3 % delipides,
l’aliment étantdistribué à volonté.
3.
1 / Niveau d’alimentation
Des études de réduction de
l’apport
alimen-taire ont été conduites avec
l’objectif
de limiterla
fréquence
des accidentsdigestifs,
de réduirele coût alimentaire de la croissance ou de modi- fier la
composition corporelle.
Dès que le rationnement est fixé en-dessous de 85 % del’ingestion
àvolonté,
la vitesse de croissance estplus
faible et l’efficacité alimentairedégra-
dée. Le rendement à
l’abattage
est leplus
sou-vent
réduit, quels
que soient la durée du ration- nement et le moment où celui-ci estappliqué.
Cette diminution résulte d’un accroissement du
poids
relatif du tractusdigestif, dû,
à lafois,
au ralentissement de la vitesse de croissance et àl’allongement
du temps deséjour
desdigesta
dans
l’appareil digestif.
L’allongement
du délairequis
pour atteindre le mêmepoids
vif setraduit,
chez leslapins
rationnés, par uneaugmentation
dupoids
dusquelette,
par une diminution del’adiposité
et,globalement,
par uneaugmentation
des teneursen eau, minéraux et
protéines
de la carcasse.Corrélativement,
la teneur enlipides
décroît(tableau 6) (Schlolaut
et al1978).
L’effet du rationnement sur ledéveloppement
du foievarie en fonction des conditions
expérimen-
tales :
augmentation
de saproportion
chez deslapins
de 3,2kg
rationnés à 60 %depuis l’âge
de 4 semaines
(Schlolaut
et al1978),
ainsi que chez deslapins âgés
de 9,5 semaines rationnés à 71 %pendant
3 semaines(Lebas
etLaplace 1982),
mais diminution chez deslapins
de2,7
kg après
un rationnement sévère(54
% vs80
%) appliqué
àpartir
de 11 semaines(Ouhayoun
et al1986).
3.z / Teneur
enlest de l’aliment
Dans la
plupart
desexpérimentations portant
sur la valorisation de matières
premières
richesen
glucides pariétaux,
la vitesse de croissance diminuelorsque
le taux de lest estaugmenté.
Le rendement à
l’abattage
est alorsdégradé.
Parexemple,
Machin et al(1980),
en utilisant desrégimes
contenant de 8,7 à 26,5 % de cellulosebrute,
réduisent la vitesse de croissance de 33,1 à 20,7g/j
et le rendement àl’abattage
de 59,1 à 57,5%,
chez deslapins
abattus aupoids
com-mun de 2,1
kg.
Apriori,
la baisse de rendement observée peut être attribuée à l’accroissement du contenudigestif
chez leslapins
recevantl’aliment riche en lest
(293
vs 204g),
et àl’aug-
mentation de la
proportion
de tractusdigestif,
liée au ralentissement de la vitesse de crois-
sance.
D’importantes
modifications des propor- tions des autrescompartiments corporels accompagnent
la diminution du rendement :l’adiposité
estréduite,
les os sontplus dévelop- pés,
la carcasse estplus
riche en eau et en pro- téines,plus
pauvre enlipides (Schlolaut
et al1984) (tableau 7).Ces conséquences
sont com-parables
à cellesqui
résultent du rationnement.Dans certains cas,
l’augmentation
du taux delest n’entraîne pas de réduction de la vitesse de croissance ; alors le rendement à
l’abattage
n’est pas
significativement modifié,
même si lestaux de cellulose brute des aliments
comparés
diffèrent de
façon importante (tableau 8).
Ilsemble donc que la diminution du rendement à
l’abattage, qui
est observéelorsque
la teneur enlest de la ration est accrue, soit la
conséquence plus
d’une réduction de la vitesse de croissance(augmentation
de laproportion
de tractusdigestif)
que d’un effet direct du taux de lest.3.s / Teneur
enacides aminés
indispensables des protéines
alimentaires
Pour une croissance maximum des
lapins,
les
protéines
alimentaires doivent respecter cer- tainséquilibres
de leurs acides aminés. Lors d’essais visant à déterminer les besoins enacides aminés essentiels du
lapin
àl’engraisse-
ment,
quelques
auteurs se sont intéressés auxcaractéristiques
bouchères.Lorsque
le
rationnement t est inférieur à 85% de l’ingestion
à
volonté,
la croissance estbeaucoup plus
lente
etle rendement
àl’abattage
souventplus faible.
Un
apport
insuffisant ou excessif de méthio- nine, par rapport aux besoins(3,75
% des pro-téines)
altère la vitesse de croissance et l’effica- cité alimentaire. SelonCsajkowska
et al(1980),
un déficit en méthionine ne modifie pas le ren-
dement à
l’abattage,
ni lacomposition
de lacarcasse et de la viande de
lapins
de 90jours.
Chez des
lapins plus jeunes (77 jours),
Ber-chiche et Lebas
(1984)
et Berchiche(1985)
observent des effets
différents,
selon lesexpéri-
mentations, d’un déficit en méthionine(60
%environ des
besoins)
sur le rendement à l’abat- tage ;toujours
est-il que lacomposition
de lacarcasse n’est
jamais significativement
affectée.Un taux excessif de méthionine
(4,3
fois le tauxrecommandé)
réduit le rendement àl’abattage (54,0
vs 55,3%)
etl’adiposité
de la carcasse delapins
de 2,7kg (Schlolaut
etLange 1973).
Cesvariations résultent
probablement
del’augmen-
tation de la vitesse de croissance relative du tractus
digestif
et de la diminution de celle du tissuadipeux,
consécutives au ralentissement de la croissanceglobale.
Un défaut de couver-ture des besoins en
lysine,
estimés à 4 % desprotéines alimentaires,
ralentit la croissance mais n’altère ni le rendement àl’abattage (Colin
et Allain1978),
ni les autres caractéristi- ques bouchères(Csajkowska
et al1980). Enfin,
une faible réduction de
l’apport
de thréonine(80
% des besoins estimés à 3,4 % des pro-téines)
se traduit par une altération de la vitesse de croissance, sans effets corrélatifs sur le ren-dement à
l’abattage
et lacomposition
de la car-casse
(Berchiche 1985).
3.
4 / Rapport protéines/énergie
Le taux
optimum
deprotéines équilibrées
enacides aminés
indispensables (taux
leplus
fai-ble assurant la croissance
maximum) augmente
avec la concentration
énergétique
de l’aliment(Lebas 1983).
Parailleurs,
si lerapport
pro-téines/énergie
estsatisfaisant, l’ingestion
d’ali-ment par les
lapins
diminuelorsque
la concen-tration en
énergie digestible
ou métabolisable s’accroît(Lebas 1975).
Lesexpérimentations portant
sur l’influence del’équilibre protéines/
énergie
sontparfois
difficiles àinterpréter
carles auteurs font varier soit le taux de
protéines,
soit la concentration
énergétique
del’aliment ;
les formules alimentaires sontparfois
modifiéesde
façon considérable ; enfin,
leplus
souvent,les valeurs
énergétiques
sont calculées et nonmesurées sur
lapins
vivants.Pour une concentration
énergétique donnée, lorsque
la variation du tauxprotéique
n’a pas d’effetsignificatif
sur la vitesse de croissance, le rendement ’àl’abattage
n’est pas modifié.Cependant, l’adiposité
des carcasses est réduitechez les
lapins
soumis auxrégimes
lesplus
riches en
protéines (Raimondi
et al 1973,Ouhayoun
et Cheriet1983) (tableau 9).
L’effet du niveau
protéique
sur la croissanceet la
composition corporelle dépend
de laconcentration
énergétique
de l’aliment. Ainsi, Martina et al(1974)
n’observent pas de diffé-rence de croissance et de rendement à l’abat- tage entre des
lapins âgés
de 90jours
ayantreçu des aliments
isoénergétiques (2
400 kcalEM/kg)
contenant 16 ou 18 % deprotéines.
Mais avec une teneur en
énergie plus
élevée(2
550 kcalEM/kg),
l’aliment ne contenant que16 % de
protéines
conduit à desperformances
de croissance et
d’abattage
moindres(tableau 10).
Si, pour un taux
protéique donné,
la concen-tration
énergétique
de l’aliment est tropélevée, l’ingestion
deprotéines
se trouvelimitée ;
parconséquent,
la vitesse de croissance est ralen- tie. Chez deslapins
abattus aux environs de 2,3 3kg,
Lanari et al(1972) observent,
dans ce cas, une diminutionsignificative
de la teneur enprotéines
et uneaugmentation
de la teneur enlipides
de la carcasse. Ceci peut être accompa-gné,
apriori paradoxalement,
d’une réduction dupoids
relatif du tissuadipeux périrénal (Ouhayoun
et Cheriet1983) (tableau 11).
Enfait,
le ralentissement de la vitesse de crois-sance retarde la mise en
place
de la localisation laplus
tardive du tissuadipeux (périrénal)
alorsque le haut niveau
énergétique
de l’aliment favorise lesgraisses
musculairesqui représen-
tent une fraction relativement constante des
graisses corporelles (Vezinhet
et Prudh’on1975).
Chez deslapins plus
lourds(2,7-3,0 kg),
la
dépression
de la vitesse de croissance, due àun niveau
énergétique
excessif del’aliment,
setraduit par une réduction
générale
del’adipo-
sité
(Raimondi
et al1973). Enfin,
Ledin(1982)
n’observe pas d’effet différentiel sur la vitesse de croissance et sur le rendement à
l’abattage
de deux aliments contenant 3 100 ou 2 700 kcal
d’énergie digestible
parkg
et 18 ou 14,5 % deprotéines brutes, respectivement. Toutefois,
l’aliment ayant le rapportprotéines digestibles
/énergie digestible
leplus
élevé(41,2
vs 35,8 g /1 000
kcal)
réduit aussil’adiposité
des car-casses.
Lorsque
la vitesse de croissance est accruepar un
apport plus
élevé deprotéines,
le niveauénergétique
étant constant(meilleure
couver-ture des
besoins),
le rendement àl’abattage
estle
plus
souventamélioré, qu’il s’agisse
delapins
abattus au mêmeâge (Martina
et al1974 ,
Ouhayoun
et Cheriet1983)
ou au mêmepoids (Ouhayoun
et Delmas1980).
Cette amé-lioration est due à une réduction de
poids
dutractus
digestif accompagnée
ou non d’unediminution de la
proportion
de la peau.L’aug-
mentation de la vitesse de croissance se traduit par une
augmentation
de la teneur en azotemusculaire,
enparticulier
de la fraction sarco-plasmique
et par un accroissement de la voieglycolytique
du métabolismeénergétique
mus- culaire(Ouhayoun
et Delmas1983) (tableau 12).
Deslapins
sélectionnés sur la vitesse de croissance et deslapins
fermiers de mêmeâge
(77 jours) réagissent
de la mêmefaçon.
Lesvariations corrélatives de l’activité de
l’aldolase,
enzyme
représentatif
du métabolismeglycolyti-
que, et de la teneur en
protéines sarcoplasmi-
ques sont attribuables au fait que, selon
Scopes (1970),
70 % de ces dernières sontimpliquées
dans le processus
glycolytique.
L’amélioration de la vitesse de croissance dulapin,
résultantde
l’augmentation
de la teneur enprotéines
del’aliment,
favorise donc le métabolismeglycoly- tique
musculaire. Lesconséquences
attenduesen sont défavorables : réduction de la teneur en
lipides intracellulaires,
abaissement dupH
ultime et de lacapacité
de rétention d’eau de la viande.3.
5 / Nature des lipides alimentaires
Chez le
lapin,
pour faire varier la teneur enénergie digestible
d’unaliment,
la méthode laplus
courante consiste àremplacer
unepartie
des
glucides digestibles
par desglucides parié-
taux. L’influence de ce
type
de substitution a été abordée dans lechapitre
relatif au lest ali-mentaire. Une autre voie est l’addition de matières grasses,
qui
permet d’accroître la concentrationénergétique
sans modification de la teneur en lest.Qu’il s’agisse
degraisses d’origine
animaleou
végétale (Raimondi
et al1974)
ou de diffé-Un excès
d’énergie
par
rapport
à
l’apport protéique
réduit les
performances
de
croissance etd’abattage.
rentes
origines végétales (Corino
et al1981),
pour une addition donnée de
lipides,
lesperfor-
mances
productives (vitesse
de croissance, effi- cacitéalimentaire,
rendement àl’abattage)
nesont pas affectées par la nature de ces
lipides.
D’après
Raimondi et al(1975),
le type degraisse
ne modifie pas la teneur enlipides
dutissu
musculaire,
mais fait varier, defaçon
considérable leur
composition
en acides gras.Le
rapport
des acides gras saturés aux acides gras insaturés(S/I)
est de 0,54lorsque
l’alimentest
supplémenté
en suif deboeuf,
riche en acidespalmitique
etstéarique
et de 0,38 lors- que l’aliment estsupplémenté
en huile d’ara- chide essentiellementcomposée
d’acides grasinsaturés
(oléique
etlinoléique).
Lespellicules
de
colza,
riches en lest et en acideoléique,
introduites dans la ration du
lapin
au taux de40
%,
réduisent de moitié le rapport des acidesgras saturés aux acides gras insaturés du tissu
adipeux périrénal (0,28
vs0,64)
observé avecun aliment standard
(Ouhayoun
et al1981). ).
Les acides gras
endogènes
dulapin, synthéti-
sés à
partir
desglucides
sont essentiellement les acidespalmitique, oléique
etstéarique.
Lasupplémentation
enlipides
d’unrégime
debase,
danslequel
l’essentiel del’énergie
estapporté
par lesglucides, réprime
cetteproduc-
tion
endogène.
Lacomposition
en acides gras deslipides
de réserve est d’autantplus
modi-fiée que le
profil
des acides gras alimentaires est différent de celui des acides grasendogènes
et que le taux
d’incorporation
de matièresgrasses dans l’aliment est élevé.
La substitution de
graisses végétales :
huilesde
coprah,
delin,
d’olive et beurre de cacao à8 % de
l’énergie digestible glucidique
de laration provoque un bouleversement de la com-
position
en acides gras du tissuadipeux périré-
nal deslapins
de il semaines(Ouhayoun
et al1987).
Il est vrai quejusqu’à
cetâge,
laproduc-
tion
endogène
d’acides gras est encore peu active ; parconséquent
l’effet des acides grasexogènes
sur lacomposition
desgraisses
dedépôt
estimportant.
Ces variations de la com-position
desgraisses s’expriment
par des diffé-rences de stabilité
thermique
mais aussi par des différences de stabilitéchimique.
Estimée paranalyse enthalpique différentielle,
la stabilitéthermique
deslipides
est extrêmement variable(figure 5).
Parexemple,
si leslapins
ontconsommé l’aliment contenant l’huile
d’olive,
93 % des
lipides
extraits du tissuadipeux péri-
rénal fondent à unetempérature
inférieure ouégale
à20&dquo;C,
dontprès
de 50 % en-dessous de- 3° C. Dans ce cas, 72 % des acides gras des
lipides
sont à chaînelongue (18
atomes de car-bone),
maisplus
de 70 % sont mono- oupoly-
insaturés. 85 % de l’ensemble des
lipides péri-
rénaux des
lapins
fondent à unetempérature
inférieure ouégale
à 20°C avec l’aliment sup-plémenté
en beurre de cacao, 75 % avec l’ali-ment
supplémenté
en huile de lin et seulement 48 % avec l’alimentsupplémenté
en huile decoprah.
La viande deslapins
ayant consommé les alimentssupplémentés
en huiles decoprah
ou de lin est
inacceptable
auplan organolepti-
que. L’huile de
coprah
confère ungoût
desavon, attribuable à l’acide
laurique libre,
l’huile de lin un
goût
acide et une odeur rancedûs aux
produits
deperoxydation
des acides graspoly-insaturés
et enparticulier
de l’acidelinolénique.
Enrevanche,
la viande deslapins
ayant reçu l’alimentsupplémenté
en beurre decacao,