Article de recherche
Microclimatologie de deux peuplements de cèdre
Cedrus atlantica Manetti dans le sud de la France
M. Verbrugghe
B. Baculat 1 et J
J.P. Fabre
Hanocq
B. Baculat 1
1 J.P. Hanocq
1 INRA,
Bioclimatologie
STEFCE, Domaine Saint-Paul, 84140 Montfavet France;2 INRA,
Entomologie
forestière, avenue A.-Vivaldi, 84000Avignon,
France(reçu le 8-12-1987,
accepté
le 1-06-1988)Résumé -
L’objet
de cette note est de décrire différentsprofils microclimatiques,
dans unjeune peuplement
de cèdres(40
ans) du Luberon (84) et dans un autre peuplementplus âgé
(53 ans) situé dans le Minervois(11 Sur
ce dernier site, lesprofils
ont étécomparés
à ceux obtenus à l’ex-térieur de la cédraie sur sol enherbé.
Dans le Luberon, par ciel clair, on observe une très forte atténuation du rayonnement
global
dansles couronnes des arbres. L’éclairement relatif des strates inférieures est alors de 10%. Par ciel cou- vert, il peut
cependant
atteindre 15%. Les profils destempératures
de l’air et de l’écorce sont trèsproches;
seules les zones d’écorceexposées
au rayonnement direct se différencient de latempéra-
ture de l’air.
Dans le Minervois, les températures de l’air sont
plus
basses pendant la journée dans la cédraie qu’en zone ouverte, sauf pour les niveaux supérieurs au moment du midi solaire. La nuit, les gra- dients sont faibles et les températures sonttoujours
plus basses dans la forêt. Par ailleurs, famplitu-de
thermique journalière
du sol est très faible, et l’écart avec la zone ouverte peut atteindre 10°C.Par vent fort (mistral), dans le Luberon, le
profil
vertical de vitesse du vent ne varie pas au cours de la journée; ilprésente
une très forte atténuation dans la stratesupérieure
deshouppiers.
Sousles couronnes des arbres, les échanges turbulents sont réduits et constants. Par vent faible, au contraire, les profils varient selon la
répartition
de la biomasse.Les
gradients
verticaux d’humidité de l’air, dans le Luberon, sont le plus souvent faibles. Cepen- dant, la nuit, sous les couronnes des arbres, la température du point de rosée augmente légèrementà
proximité
du sol.cèdre- Cedrus atlantica- microclimat- profils microclimatiques
Summary - Microclimatology
of two cedar stands(Cedrus
atlantica Manetti) in Southern France. The purpose of this note is to describe some microclimaticprofiles
in a young atlantic cedar(Cedrus
atlanticaManetti)
stand (40 yr old) in Luberon (Vaucluse) and in an older one(53
yr old) in the Minervois (Aude).The measurements were made on masts within and outside the forest. All the sensors were
connected on
special datalogger
and measurements were takensimultaneously.
The vertical pro- filespresented
are relative to sometypical meteorological
situations.During
dleardays
in the Luberon, we observed a veryhigh
attenuation ofglobal
radiation in the crown of the trees. There was only 10% relative radiation between the base of the crow and theground;
this level of radiation was insufficient to maintainfoliage
or to permitregeneration. During
overcast days, the relative radiation of low levels was a little more
significant,
but remained low.The air and bark temperatures
profiles
were very close; only those bark zonesexposed
to directradiation were different from the air temperature. The comparison
of profiles
in the Minervois show- ed that the air temperatures were lowerduring
theday
in the cedar forest than in the open field, except for the upper levels at the maximum of radiation.During the night the gradients were small and the air temperature was always lower in the forest.
In other respects, in the forest, the diurnal thermal
amplitude
in the soil was very low and the diffe-rences with the open field soil temperature reached as much as 1 DOC.
During periods of high
wind(mistral),
the vertical profile of windspeed
did not varyduring
the daybut there was a
large
attenuation in the upperlayer
of trees. C)n the contrary,during
low windspeeds,
theprofiles
took on a shape whichdepended
on the distribution of the biomass.The air humidity
profiles
did not vary in the Luberon cedar forest. However,during
thenight,
weobserved that below the crowns
dew point
temperature increasedprogressively
towards the soil.cedar — Cedrus atlantica - microclimate - microclimatic
profiles
Introduction
Le microclimat au sein d’un couvert fores- tier
dépend
à la fois du climat local et despropriétés physiologiques
etphysiques
dela
végétation.
Leséchanges énergétiques
entre les différents éléments
qui
consti-tuent la biomasse forestière et
l’atmosphè-
re créent à l’intérieur de la forêt des gra- dients
microclimatiques. L’objet
de cettenote est de décrire ces derniers dans 2
peuplements
de cèdres de l’Atlas : Cedrus atlantica Manetti. Des travaux similaires sur d’autres essences existaientdéjà (Cachan,
1974;Aussenac,
1975;Aussenac et
Ducrey, 1977),
mais rienn’avait été fait dans ce sens sur le cèdre.
Cette essence a été introduite à
partir
de1860, d’Afrique
du Nord au Ventoux(Maury,
1960;Toth, 1972)
etdepuis
unequinzaine d’années,
elle a été très utilisée pour reconstituer la forêt méditerranéen-ne. Dans le cadre des connaissances
acquises
sur le cèdre(Arbez
etal.,
1978;Toth, 1982; Aussenac, 1983),
cellesconcernant le microclimat
peuvent
contri- buer àexpliquer
sespotentialités
derégé- nération,
sa résistance aufeu,
à la séche- resse, sa sensibilité à certainesattaques
de ravageurs
(Fabre, 1988)
et l’action dusylviculteur qui,
en modifiant les caracté-ristiques
dupeuplement, agit
sur le micro-climat
(Aus!,enac, 1984).
Sites
expérimentaux
etMéthodologie
Deux sites expérimentaux ont été choisis à
cause des études qui y étaient conduites sur la tordeuse :
Epinotia
cedricida Diakonoff, donton voulait préciser la distribution verticale des adultes en fonction des facteurs microclima-
tiques.
Lepremier
est situé dans le massif du Petit-Luberon (84), sur la forêt communale de Ménerbes (longitude 3,23 E grades, latitude 48,66 Ngrades,
altitude 665 m). Les arbres sontâgés
d’environ 40 ans et constituent unpeuplement
derégénération
sur incendie, relati-vement dense (1 768
tiges/ha)
avec encoreçà
et là
quelques
trouées de taille relativement réduite. Leur circonférence moyenne est d’envi-ron 40 cm et leur hauteur de 7,50 m. La surfa-
ce terrière est d’environ 24 M2/ha. Le second site
expérimental
fait partie de la forêt domania- le des Solanes de Nore dans le Minervois (11 ),sur le versant sud de la montagne Noire (longi-
tude 0,16 E grades, latitude 48,17 N
grades,
altitude 560 m). Ce
peuplement
adulte, de plantation, est constitué d’arbresplus âgés (environ
53 ans); ils diffèrent aussi desprécé-
dents par leur densité
plus
faible (510tiges/ha)
et par leur taille : circonférence moyenne 110 0 cm, hauteur moyenne 13 m. La surface terriè- re,
plus
importante, est d’environ 50 m2/ha.Dans les 2 cas, les mesures microclima-
tiques,
réparties depuis
le soljusqu’au-dessus
du couvert forestier, ont été obtenues
grâce
àun
dispositif expérimental
comportant un ou plusieurs mâts sur lesquels étaientdisposés
les capteurs : un mât de 8 m, comportant de 4 à 6niveaux de mesures, à l’intérieur de la cédraie du Luberon
(Fig.
1 A), 2 mâts de 12 m(de
6 à 7niveaux de mesures), dans celle du Minervois, le premier dans le
peuplement,
le second à découvert, sur sol enherbé, à 150 m de la lisiè-re et à environ 200 m du premier (Fig. 1 B).
Dans ce dernier cas, les mesures simultanées dans le
peuplement
et à l’extérieur avaient pour but de déterminer finfluence réelle du couvert forestier.Les
températures
de l’air ont été mesurées à l’aide de sondes à résistance deplatine (100 f2
à
0°C) placées
à l’intérieur detuyères
ventilées,la
précision
de ces mesures est de ±0,1°C.Les
températures
d’écorce ont été déterminées par desthermocouples
cuivre-constantanimplantés
dans l’écorce, à lapartie supérieure
de branches horizontales
(Fig.
1A). Lapréci-
sion des
températures
de surface ainsi mesu- rées est de ± 0,1 °C. Lestempératures
du sol,à 10 cm de
profondeur,
sous la cédraie et enzone ouverte
(Fig.
1 B), ont été déterminéesavec des sondes à résistance de platine iden- tiques à celles utilisées pour mesurer la
tempé-
rature de l’air. La
répartition
verticale du rayon- nementglobal
descendant a été mesurée à l’aide de pyranomètres linéaires dont la sensibi- litéspectrale
s’étend de 400 à 2 500 m(Fig.
1 A).
Ces capteurs ont uneprécision
d’environ15% et
intègrent
la mesure sur une longueur de 0,30 m. Ils étaientplacés
sur des supports hori-zontaux
depuis
la basejusqu’au
sommet duhouppier,
lepyranomètre
situé au sommet étaitutilisé comme référence. L’humidité relative de l’air a été calculée à
partir
des mesures de la température de l’air sec et de latempérature
del’air humide effectuées à l’aide de
pychromètres
ventilés dont la
précision
est d’environ 5%. Lesprofils
verticaux de vitesse de vent ont été mesurés, à l’aide d’anénomètres à contact Aan- deraa, dont le seuil dedémarrage
est de 0,3msec-
1
(Fig. 1 A).
Les anénomètres étaientpla-
cés à l’extrémité de bras horizontaux
depuis
lesol
jusqu’au
sommet de la forêt, la direction du vent étant déterminée par unegirouette placée
en zone
dégagée.
Les capteurs microclima-tiques
étaient reliés à des centralesd’acquisi-
tion de données Aanderaa, modèle DL1, auto-
nomes,
spécialement
conçues pourl’acquisition
de paramètres
climatiques
sur le terrain. Les données étaientenregistrées
sur bandesmagnétiques
et traitées ensuite au laboratoire.Les
températures
correspondaient à desmesures instantanées, prises toutes les 10 min, les mesures de rayonnement et de vitesse de vent étaient, elles,
intégrées
sur 10 min.Les campagnes de mesures ont été réalisées
en juillet et août 1976 dans le Luberon, et durant l’été 1979 dans le Minervois. Nous
avons retenu les
journées
de ciel clair, et celles où le ciel était totalement couvert. Ces 2 situa- tionsmétéorologiques correspondent
à desniveaux
énergétiques
constants et à des fluc- tuations instantanées faibles, qui permettentd’établir des profils
microclimatiques
«type».Résultats et discussion
Le bilan
d’énergie
d’un couvertforestier,
de
grande
étendue ethomogène,
est indé-pendant
du niveauauquel
on seplace,
àcondition de se situer dans la couche limi- te à flux conservatif. A l’intérieur d’un cou- vert
végétal,
il estpossible
de définir unbilan
d’énergie
par tranche horizontale devégétation (Chartier et al.,
1971;Perrier, 1973). L’équation
du biland’énergie
peut alors s’écrire :Rn(z) + <1> s(o) + <1> h( Z ) + <1> I(z) =
0 oùRn(z)
= la densité de flux radiatif auniveau z,
<1>
s(o)
= la densité de flux de chaleur à la surface dusol,
<1>
h(z)
= la densité de flux de chaleur sensible dans l’air au niveau z,<1>
I(z)
= la densité de flux de chaleur latente dans l’air au niveau z.On
néglige
dans ce casl’énergie
utiliséepar la
photosynthèse (AC C0 2 )
et par larespiration,
leurs valeurs étant très faibles parrapport
aux autres termes du bilan. On supposeégalement
que la variation éner-gétique
dusystème
et les termes d’advec-tion sont
négligeables.
Leséchanges
énergétiques
entre levégétal
et l’air vontainsi
créer,
àchaque
niveau de la strateforestière,
des conditionsmicroclimatiques
que nous nous proposons de
présenter.
Les
profils
derayonnement
Lors d’une
journée
de ciel clair(Rg
max= 810 W
m- 2 ),
dans la forêt duLuberon,
on observe dans la strate 4-8 m de très fors
gradients
derayonnement (Fig. 2A).
Ainsi,
dansl’exemple présenté, l’énergie
reçue au niveau 4 m ne
dépasse
pas 150 W m-2 alorsqu’elle peut
atteindre 810W m-2 au-dessus du
peuplement
forestier(Fig. 2A).
L’atténuation durayonnement
direct dans la cédraiedépend
engrande partie
de larépartition
de la biomassevégétale (Ducrey, 1972; Baldy, 1973).
Eneffet,
dans cejeune peuplement
decèdres,
le maximum de la biomasse vé-gétale (estimation visuelle)
se situe auniveau de la couronne des arbres entre 4 et 6 m.
Cependant,
l’atténuation du rayonnementdépend
aussi de la hauteurapparente
du soleil. Ainsi, l’éclairement relatif à 5 in est de 57% à 8h,
alorsqu’il
n’est que de 15% à
partir
de 12 h(Fig.
2B).
De 4 à 8 m,l’absorption
du rayon- nementglobal
varie le matin defaçon
li-néaire avec la
longueur
depénétration
du
rayonnement
dans lepeuplement.
L’après-midi,
on observe 2 zones bien dis-tinctes,
la zone 6-8 m caractérisée par de très fortsgradients,
et la zone 2-6 m danslaquelle
lerayonnement
estfaible
et constant. Deplus,
il existe àl’emplace-
ment du
profil
de mesures uneperméabili-
té de la
végétation
aurayonnement direct, plus
élevée du côté est que des côtés sud et ouest. Cettedissymétrie
de structureexplique
aussi les variations d’éclairement relatif des niveauxsupérieurs,
en fonctionde l’heure de la
journée.
La strate 2-4 m ne
reçoit
toute lajour-
née
qu’une
très faiblepartie
du rayonne-ment incident
(environ 10%),
ce dernierétant très fortement
intercepté
par les sur-faces
végétales
des stratessupérieures.
L’intensité du
rayonnement
est ici moinsdépendante
de la hauteurapparente
du soleil. Sur lescèdres,
entre les niveaux 2 et 4 m, on trouve des branches mortes totalementdépourvues d’aiguilles. Ainsi,
au-dessous de 4 m, le
rayonnement
est insuffisant pour maintenir enplace
lefeuillage (élagage naturel) (Pardé, 1974).
En outre, au niveau du
sol,
il a été obser- vé que lesgraines
sontcapables
de ger- mer, mais lesjeunes régénérations
sontrapidement
éliminées. Des valeurs d’éclai- rement relatif de4,3% permettent,
par contre, ledéveloppement
des feuilles de hêtres(Aussenac
etDucrey, 1977)
dansl’est de la France.
Lors d’une
journée
de ciel couvert(Rg
max = 400 W
m- 2 ),
lesprofils
verticauxsont semblables
quelle
que soit l’heure de lajournée (Fig. 2C).
La strate 6-8 mabsorbe 60% du
rayonnement incident;
l’éclairement relatif de la strate 2-4 m est faible mais
supérieur
à celui mesuré partemps clair;
il est ici d’environ 15%. Lerayonnement diffus, multidirectionnel,
estcaractérisé,
dans la strate inférieure parun coefficient d’extinction
plus
faible que celui durayonnement
direct. La même constatation avaitdéjà
été faite dans unpeuplement
de feuillus(Aussenac
etDucrey, 1977).
Les
profils
detempératures
Comparaison
destempératures
de l’air etde l’écorce dans la cédraie du Luberon L’évolution des
profils
detempérature
del’air,
entre la surface du sol et le sommet de lacédraie,
au cours d’unejournée
debeau
temps (Fig. 3),
estanalogue
à celledes milieux découverts. Le
jour,
la tem-pérature
estplus
élevée au niveau du solqu’au
sommet de lavégétation (AT=1°C),
les
gradients
s’annulent vers 20h, puis
s’inversent !au cours de la nuit
(AT = 3 ° C).
L’apport énergétique
au niveau du sol pro-vient du
rayonnement
netRn,
lespertes
s’effectuent par les flux de chaleur sen-sible <1> h et de chaleur latente m 1 dans
l’atmosphère,
et de chaleur sensible dans le sol <1> s. La nuit, le sens de variation des flux estinversé,
il seproduit
uneperte
d’énergie
de la surfaced’échange
parrayonnement;
le terme Rn est alorsnéga- tif,
les termesmh, m
(Ds deviennentposi-
tifs. Sur ce site, le sol
joue
le rôle de surfa-ce
d’échange.
Dans cejeune peuplement,
la
persistance çà
et là dequelques trouées,
la faible hauteur des arbres et la surface foliaire peudéveloppée
ne modi-fient pas totalement la
répartition
des fluxobservée
généralement
en milieu décou-vert.
Parallèlement aux
températures
del’air,
lestempératures
d’écorce de branchesont été mesurées aux mêmes niveaux.
Les résultats
expérimentaux (Fig. 3)
mon-trent que seules les branches des strates
supérieures exposées
aurayonnement
directprésentent
destempératures
de sur-face nettement
supérieures
à celles de l’air(AT
= 3 à4°C).
En l’absence derayonnement direct,
lestempératures
d’écorce sont
légèrement plus
basses lanuit
(AT
=0,5’C)
etlégèrement plus
éle- vées lejour (AT
=0,8°C)
que latempéra-
ture de l’air. Ces résultats illustrent
l’impor-
tance du terme radiatif sur la
température
de surface des branches.
Comparaison
desprofils
detempératures
en forêt et à découvert dans le Minervois L’évolution des
profils
verticaux detempé-
ratures de
l’air,
sousforêt,
au cours d’unejournée
de beautemps
et de vent modéré(Fig. 4),
est caractérisée par l’absence degradients thermiques quelle
que soit l’heu-re de la
journée.
L’écart maximum obser- vé entre les niveaux de mesures est infé- rieur à0,5°C.
Dans la zone ouverte, aucontraire,
il existe desgradients qui
attei-gnent 2,5°C
entre les niveaux 2 et 12 m au moment du midisolaire,
le soljouant
alors le rôle de source chaude vis-à-vis de l’air environnant.
Contrairement
à la cé-draie du
Luberon,
dans cepeuplement
forestier adulte et bien
fermé,
la massevégétale
située au-dessus de7,50
mconstitue un volant
thermique.
La surfaced’échange sol-atmosphère
est alors trans-férée vers le sommet du couvert forestier.
Le
point
d’intersection desprofils
verticauxmesurés sous, forêt et en zone
dégagée,
passe
progressivement
de 5 à10,5
mentre 10 h et 16 h.
Ainsi,
le 1 e!septembre
1979
(Fig. 4),
lestempératures
de l’airsont
toujours plus
basses dans la cédraiequ’en
zone ouvertesauf,
autour du midisolaire,
pour les niveauxsupérieurs
ducouvert. Ces derniers absorbent le rayon- nement solaire
direct,
il seproduit
alorsune élévation des
températures
des sur-faces
végétales qui
par conduction- convection échauffent l’air environnant. Au niveau des stratesinférieures,
l’absence derayonnement
solaire direct et la trans-piration
des arbres contribuent à modifier le bilanénergétique
dusystème
et àabaisser les
températures
sous forêt.Ainsi,
entre 8 h et 22h,
latempérature
de l’air dans la
cédraie,
au niveau 2 m, est-elle inférieure de 2°C à celle de lazone ouverte. Ces
profils
detempératures
de l’air sont
également
influencés par latempérature
du sol sous la forêt(Fig. 5).
L’amplitude thermique journalière
du solsous couvert est très faible. Par
rapport
àla zone ouverte, les
températures
sontinférieures de 4°C, au moment du mini- mum, et de
10°C,
au moment du maxi-mum.
L’absorption
durayonnement
par lavégétation
et par la couche d’humus recouvrant le solexplique
la faibleamplitu-
de
journalière
destempératures
du sol. Cedernier se
comporte
lejour
en source froi-de vis-à-vis de la strate inférieure et pro- voque une atténuation des
gradients
verti-caux de la
température
de l’air.La
nuit,
lesgradients thermiques
detempérature
de l’air sont faibles sous forêtet en zone ouverte. Pour cette
dernière,
les
températures
sontplus élevées,
d’en- viron1,5°C
à 18h, puis
laplus grande
inertie
thermique
de la biomasse forestière provoque une réductionprogressive
desécarts de
températures qui
s’annulent à2 h (Fig. 4).
La
Figure
5 met en évidence les effets de la cédraie sur l’évolution de latempéra-
ture de l’air au cours d’une
journée,
selonla strate considérée. Le
jour,
seul leniveau 2 m
(sous-bois parfaitement déga- gé)
est influencé par la cédraiequi
abais-se la
température
de l’air d’environ 2 °C.Les niveaux 6 et 12 m
(qui comprennent
lehouppier
vivant et la strate située immé- diatement au-dessous : branches mortesen cours
d’élagage)
sont, aucontraire,
très peu
influencés,
les écarts étant infé- rieurs à0,5
De. Lanuit,
lestempératures
sont
toujours plus
basses dans la forêtquelle
que soit la strate considérée. Lesmodifications des
échanges énergétiques
par la forêt ont donc un effet sur la
tempé-
rature de
l’air,
essentiellement sur l’abais- sement destempératures
diurnes de la strate inférieure du couvert forestier et, àun
degré moindre,
sur l’abaissement destempératures
nocturnes de l’ensemble de la cédraie.Les
profils
de vitesse du ventLes différents flux
énergétiques
d’un cou-vert
végétal dépendent
de coefficients de diffusivitéqui
sont eux-mêmesdépen-
dants de la vitesse du vent. Il existe en
effet,
les relations suivantes(Perrier, 1973) :
U(z)
=U(h)e-r!!z1
et
avec avec
niveau z,
U(h)
= vitesse du vent au sommet de lavégétation,
F(z)
= surface foliaire cumuléeentre le sommet et la base de la
végéta- tion; yet (3
sont descoefficients; K(z)
coef-ficients de diffusivité
turbulente; f(z)
densi-té de surface foliaire pour le niveau z.
Par
ailleurs,
on sait que les différents flux de chaleursensible,
de chaleur laten- te ou deC0 2
sontproportionnels
auxcoefficients
K(z) puisque :
f
bc = &dquo;r.K{7B dT
où p est la masse
spécifique
del’air,
c sachaleur
massique,
L la chaleur latente devaporisation,
T latempérature
del’air,
C laconcentration en vapeur d’eau ou en gaz
carbonique.
Il était donc intéressant
d’analyser
lesvariations verticales des vitesses de vent dont
dépendent
lesrépartitions énergé- tiques
dans le couvert. Dans la cédraie du Luberon, lesprofils
verticaux«type»
de vitesse de vent ont été établis pour desjournées
de vent faible et pour desjour-
nées de mistral
(Fig. 6).
Dans ce derniercas, on observe 2 zones bien distinctes
(Fig. 6A).
Lapremière
de 6 à 8 m estcaractérisée par de très forts
gradients
devitesse, qui
passe de 7 msec-! au-dessus dupeuplement
à 1 msec-1au niveau 6 m.L’atténuation verticale de la vitesse du vent est donc très
importante. Pourtant,
cette strate
correspond
aux cimes d’arbrespeu
denses;
le mêmephénomène
a étéobservé chez les feuillus
(Aussenac
etDucrey, 1977).
La seconde zone,qui
s’étendjusqu’au
niveau du sol(0-6 m),
estune zone de faibles
échanges
turbulentsdue à la
présence
d’uneimportante
bio-masse
végétale
dans la strate 4-6 m, maisaussi,
pour le niveau 0-4 m, par l’existen-ce non loin du site
expérimental
d’arbresde lisière
jouant
le rôle de brise-vent. La cédraie modifie defaçon
trèsimportante
leprofil
vertical de la vitesse du vent que l’on saitsemi-logarithmique (Deacon, 1949;
Sheppard, 1958; Dyer,
1963;Klug, 1967)
en terrain nu et
plat.
La couchevégétale
du sommet des arbres modifie donc entiè- rement la structure
aérodynamique
de l’at-mosphère
et réduit leséchanges
turbu-lents au sein du
peuplement.
Par vent
faible,
aucontraire,
lesprofils
verticaux«type»
ont uneconfiguration
dif-férente des
précédents (Fig. 6B),
la vites-se est minimale au niveau de la strate 4-5
m où la biomasse est maximale. Pour ces
vitesses,
larépartition
verticale du vent sembledépendre
directement de celle de la densité devégétation.
Il est à noter tou-tefois que les vitesses mesurées sont
proches
du seuil dedémarrage
des ané-nomètres
(0,3 msec- 1 ).
Les
profils
d’humidité de l’airLes
profils
d’humidité absolue del’air,
dans la cédraie duLuberon,
sont caracté- risés par de faiblesgradients
entre lesommet de la
végétation
et lesol, quelle
que soit l’heure de la
journée (Fig. 7).
Lejour,
les écarts entre latempérature
del’air et la
température
dupoint
de roséesont constants. La nuit, les strates
supé-
rieures de la forêt sont caractérisées par l’absence de
gradient
de teneur en eau del’air,
mais la strate 0-2 mprésente
unléger accroissement,
vers lesol,
de latempérature
del’air,
àproximité
dusol, qui joue
le rôle de source froide.Ainsi,
lacédraie crée un volant d’humidité
qui homogénéise
la teneur en eau de l’airdans l’ensemble du
peuplement
forestier.Conclusion
Les interactions du climat local et du cou- vert forestier créent un milieu
atmosphé-
rique
interne à laforêt,
très différent dumilieu extérieur. La structure
végétale
dela forêt modifie la
répartition
verticale desparamètres microclimatiques.
Les gra- dients ne sont accentués que pour lerayonnement global
et la vitesse du vent dans les stratessupérieures
du couvert.Les
profils
relatifs aux strates moyennes et inférieures sont caractérisés par desgradients
faibles(jeune cédraie)
ou inexis-tants
(cédraie plus âgée),
lesgradients
d’humidité et de
température
de l’air sontpeu
marqués.
Par contre, lestempéra-
tures de l’air mesurées dans la strate infé- rieure de la forêt sont
toujours plus
basses(AT
environ 2°C à 2 m dusol)
que celles mesurées en zone ouverte. Par ailleurs, dans la couchesuperficielle
dusol,
la tem-pérature
sous forêt est notablementplus
basse
qu’en
zone ouverte(jusqu’à
10°Cd’écart). L’amplitude thermique journalière
du sol sous forêt est très faible
(< 1 °C).
Ces variations
microclimatiques
sontessentiellement dues aux modifications
apportées
par le couvert forestier auxéchanges énergétiques
entre le sol et l’at-mosphère;
il se créeainsi,
àchaque
ins-tant, un milieu
atmosphérique
propre à la cédraie.Remerciements
Nous remercions B.
Seguin
de la Station deBioclimatologie
(INRA, Montfavet) qui a revu cetexte.
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