R EVUE DE STATISTIQUE APPLIQUÉE
F. D OURGNON
Un exemple de mise sous contrôle des fabrications de grandes séries
Revue de statistique appliquée, tome 10, n
o4 (1962), p. 77-90
<
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UN EXEMPLE DE MISE SOUS CONTROLE DES FABRICATIONS DE GRANDES SÉRIES
F. DOURGNON (1)
Société
Nouvelle de Roulements
La
technique
desgrandes
séries industrielles limite souvent sonactivité à
laconception
des marchandises et à laréalisation
de machinesnécessaires à
leurproduction.
En,complément
elle en-tret ient ces
machines,
leplus
souvent aposteriori.
Tout un sec- teur resteplus
ou moinsnégliié :
lagestion qualitative
et quan- titative desateliers.
Lesméthodes utilisées
par leschefs
defa- brication, nécessairement empiristes,
nesont
pas lesplus effica-
ces. On a voulu montrer dans cet article que des notions
très
sim-ples
destatistique peuvent
’être utiles, etrépondre à
un besoinplus
ou moinsformulé
mais certainement ressenti par tous ceuxclassés
"directementproductifs".
I - LE PROBLEME
STATISTIQUE -
Les méthodes de
gestion
de laqualité
ne sont pasparticulières
àchaque
industrie. On
pourrait
définir desprincipes
communs à toutes les fabrications degrande
série. Seul un effortd’adaptation
est nécessaire.Toutefois,
pour la clarté del’exposé,
il ne seraquestion
ici que de cas .concrets tirés de la fabrication debagues
de roulements(figure
1 et2).
Dans un même atelier sont usinées
chaque jour quelques
cent millebagues qui
serépartissent
en un nombre relativement restreint despécifica- tions, quelques
dizaines.Les
bagues
sont successivementdécolletées, reprises
autournage
surtours
spéciaux, trempées,
rectifiées et montées avec des corps roulants. On définit ainsi :- pour les
bagues
extérieures de roulements à billes : un diamètreextérieur,
deux facesperpendiculaires
àl’axe,
un chemin de roulement etquelques
cotes annexes, entre autres deschanfreins ;
- pour les
bagues
intérieures : unalésage,
deuxfaces,
un cheminde
roulement,
etc.Les
bagues
de roulementsconiques
sont un peuplus complexes.
(1) avec
la collaboration de M. ROUSSEAU et G. EXHERTIER.Pièces Terminées
Bague
Extérieure Figure1
Bague
IntérieureCuvette Cône
Symboles : V
Surface Rectifiéepp Surface
Superfinie après
RectificationFigure 2
Avant
Reprise Après Reprise
Les tolérances sont
exprimées
en centièmes de mm.
Les défauts de forme sont divers :
ovalisations,
fauxparallélisme
desfaces,
mauvaise conicité des roulementsconiques, voilage, excentricité,
etc .Le tableau suivant donne un résumé du nombre des cotes et défauts divers tolérancés.
Un calcul
simple
montre que 3 600 000 cas de contrôle environ seposent chaque jour,
sanscompter
d’autres mesurestoujours plus importantes :
mesu-res des vibrations et des états de surface sur
appareils
àamplification
élec-tronique.
Il
s’agit
donc de définir des méthodes degestion
de laqualité qui
nesauraient évidemment être limitées au
"contrôle".
Elles doivent être étenduesau processus de
fabrication.
Le
procédé classique
consiste àenregistrer
des"rebuts"
ou"pièces
àretoucher"
définis au mieux. Il a une certaine valeur en chiffrant unepartie
du coût de la
qualité
mais il nepeut
chiffrer laqualité elle-même,
et par- tant reste peu efficace et nepeut
servir deguide
à unepolitique quelconque .
Le traitement
"coup
parcoup"
des difficultéspermet
de parer auplus pressé ,
mais n’est pas non
plus "dynamique".
Le
problème présente
donc deuxaspects complémentaires :
- définir des conditions rationnelles de
travail ;
- recueillir l’information et la
"traiter"
en vue d’unegestion
op- timum.C’est un
sujet
de choix pour laStatistique.
II - PRINCIPES GENERAUX -
1/
Détermination de méthodes rationnelles deproduction.
Tout un chacun dans un atelier sait que si l’on
remplace
un outil parun autre en
principe identique
les résultats ne sont pastoujours équivalents.
Ainsi les
cotes,
les défauts de forme despièces pourront
êtredifférents,
mais aussi la durée de l’outil. Il en est de même
lorsqu’on remplace
un lotde matière
première
ou deproduit
semi-ouvré par unautre,
ou bien encorequand
onchange
de série de fabrication.Quand
on a entenduparler
de sta-tistique,
on dit :"il
y a de ladispersion".
Mais la variabilitésystématique
ou aléatoire étant en
général
très mal connue, on croit utile derégler
lesmachines très
souvent, trop souvent, augmentant
ainsi ladispersion
du pro- duitfabriqué.
On sait que dans le cas de variation
systématique nulle,
unréglage après chaque pièce,
éxécutéparfaitement, peut augmenter
ladispersion
dansdes
proportions importantes.
La méthode
qui
vient naturellement àl’esprit
est d’observer laqualité
de la
production
sur degrands
nombres depièces,
en évitant toutréglage ,
et sans craindre de laisser
produire
despièces "hors tolérances".
On enverra la raison. En
analysant
les résultatsnumériques,
et au besoin en lestransposant
sous formegraphique,
on recherchera d’éventuelles"permanences statistiques"
fautedesquelles
aucune solutionstatistique
etpartant
aucune so-lution rationnelle n’est
possible.
2/
L’estimation de laqualité.
Il n’est pas
possible
ici de traiter dutolérancement,
mais il est bon depréciser quelques points
utiles ausujet.
La notion de tolérances a très peu évoluédepuis Vaquette
de Gribeauval(2).
Les calculs sont faits surplan,
sans base
expérimentale.
Laprobabilité
pourqu’un
ensemblemécanique
com-plexe
soit entièrement à l’intérieur des tolérances doit être du même ordre que laprobabilité
pourqu’un
individu donné soit unFrançais
moyen. En fait la chose est peu grave : une norme dequalité
se définit par deuxparamètres :
l’intervalle de tolérance et la
proportion
depièces
à l’extérieur de cet inter- valle. Des intervalles serréscorrespondent
à desproportions
hors tolérancesimportantes
etpartant
à une efficacité de contrôle convenable.Un
"sondage" parmi
lesouvriers, agents
de maîtrise et techniciens donnegénéralement
le nombre 5 comme estimation du nombre moyen decaractéristiques
hors tolérances sur 100pièces,
àn’importe quel
stade dela
production. (On
dira 5%
pour raison desimplicité ;
la définition du critère dequalité
ci-dessus restanttoujours valable).
Demultiples "sondages"
re-présentatifs
et cohérents dans les caisses depièces
donnaient de 40%
à 80%.
En même
temps
que les machinestypes
étaient mises souscontrôle ,
un bilan
permanent
et détaillé était établi afin de définir les efforts à fournir et dejuger
aes résultats obtenus.III - LES OPERATIONS DE TOURNAGE -
Comme il a été dit les
opérations
Jedécolletage
et dereprise
sontdistinctes.
Quoique
les machines soient très différentes leprincipe
de travail est lemême,
et nous pourrons ici confondre les deuxopérations
etprendre
un
exemple.
Les schémas 2représentent
unebague
extérieure de roulement à billes avant etaprès "reprise".
Les schémas sont cotés et tolérancés.Sur un tour à
copier automatique
une face est"reprise" puis
le chemin est usiné. Les outils en"acier rapide"
sont distincts.L’opération
dereprise
de face a pour but de bien définir celle des facesqui
n’a étéprécédemment qu’ébauchée.
Les faces serviront en effet deplans
de référence pour une rectificationprécise
des chemins de roulement.On retiendra pour
premier
critère la"dispersion instantanée" égale
àun coefficient
près
àl’écart-type
calculé àpartir
de l’étendue moyenne.Des relevés ont été faits des dizaines de fois. Ils montrent que :
(2) Les études récentes (R. Cavé, M. Forestier) ne sont connues que des statisticiens.
Elles n’ont pas encore pénétré suffisamment dans les bureaux d’étude.
1/
ladispersion
instantanée est relativementfaible ;
2/
un effet de"dérive"
ou variationsystématique augmente
ladispersion
totale ;
3/
desperturbations
aléatoires très difficiles à étudier ne doivent pas êtreprises
enconsidération,
d’unepart
parcequ’elles
nepeuvent
êtrepré-
venues
techniquement,
d’autrepart
parcequ’elles n’expliquent
que très par- tiellement les très fortesproportions
depièces
hors tolérances constatées parailleurs ;
4/
il estjudicieux
de ne pas centrer la cote dedépart
sur la moyenne recherchée pour tenircompte
des variationssystématiques.
Le schéma de mise sous contrôle a été le suivant :
(figure 3).
Un
réglage "fin"
est effectuéaprès chaque changement
d’outil. On entendpar là que le
réglage
de la machine estimé au moyen de 5pièces
ne doit pas êtresignificativement
différent d’une cote standard. Pour cela on calcule les limites de surveillance et de contrôle autour de la cote standard. Leréglage
est considéré comme incorrect si une des
pièces
est hors contrôle ou deux hors surveillance du même côté(3).
Une fois obtenu unréglage correct,
aucun
contrôle,
aucunréglage
ne doivent être faitsjusqu’au prochain change-
ment
d’outil,
lapériodicité
étant fixée danschaque
cas. Dansl’exemple exposé,
l’outil de chemin estchangé
toutes les 4heures,
l’outil defaces ,
toutes les 12 heures. Il y a lieu de ne pas
prendre
le centre de l’intervalle de tolérance comme cotestandard,
afin de tenircompte
des variations sys-tématiques.
La méthode est
simple.
Elle nécessite seulement une observationpréa-
lable
longue
et attentive. Elle ne repose pas sur le passage d’uncontrôleur,
difficile àdéfinir,
àsurveiller,
peuconstructif,
seulement coercitif. Laqualité
étant contrôléeaprès fabrication,
toute anomalie estsignalée,
toutedégradation enrayée.
S’il est vrai que le contrôle des étendues estabandonné ,
la
dispersion
est suivie par ailleurs comme on le verra auparagraphe
VI.Les résultats sont
précisés
auparagraphe
VII.IV - LES OPERATIONS DE RECTIFICATION -
Nous
prendrons
pourexemple
la rectification du chemin de roulement desbagues
extérieures. Une meulepermet l’usinage
de 150 à 200bagues .
Entre deux rectifications la meule est mise en forme par enlèvement de matière au moyen d’un diamant mobile. Pour des raisons de
montage
évi-dentes,
il est désirable de centrer au mieux la cote et de réduire la dis-persion.
L’intervalle de
tolérance, arbitraire,
est ± 10 microns. L’habitude était derégler
lacote,
souvent hors de propos. On a doncprocédé
à desenregistrements pièce
àpièce
sans aucunréglage,
même au moment duchangement
demeule, jusqu’à
l’usure de 4 meules. Deuxtypes
de diamants ont été utilisés : bruts ettaillés,
le même diamant étant utilisé pourquatre
meules consécutives. 9 149
pièces
ont été rectifiées au moyen de 52meules,
et 13 diamants dont 6 bruts et 7 taillés. Les
graphiques n°
4 montrent desenregistrements
de valeurs moyennes de 6pièces
et les étendues relatives à ces 6pièces correspondant
à un diamant brut(figure 4).
(3) Lire à ce sujet l’article de M. Forestier qui généralise la notion de carte
simplifiée
(Revue de Statistique Appliquée Volume VIII n° 4)1/ Comparaison
des deuxtypes
de diamant.On compare d’abord les
dispersions
dechaque
meule. Afin desimplifier
les calculs on dénombre les
pièces
extérieures à l’intervalle ± 5 microns autour de la moyenne réelle. Lesproportions
hors limite étantimportantes ,
les
comparaisons
serontefficaces.
On trouve 19%
hors limite pour les dia- mantsbruts, 28%
pour les diamants taillés. Portant sur desquantités
élevéesces différences sont évidemment
significatives.
Cepremier
indice est enfaveur des diamants bruts.
Il est intéressant de noter que ces
pourcentages
ne sont pas faits surdes résultats
homogènes.
Ainsi pour les 6 diamants bruts on a les valeurs : 24% -
16% -
26% -
17% -
19% -
13%
Pour les 7 diamants taillés :
30
% -
23% -
46% -
19% -
28% -
38% -
11%
On
pourrait imaginer
un test nonparamétrique
decomparaison,
mais laconclusion est évidente.
Si l’on compare les résultats entre
meules,
on obtient le tableau suivant :On constate que c’est avec un diamant neuf que sont obtenus les
plus
mauvais
résultats,
et debeaucoup.
Les résultats se stabilisent à la 2ème meule avec un diamantbrut,
à la 3ème avec un diamant taillé.18
%
depièces
extérieures à l’intervalle i 5correspondent
à 1%
ex- térieures à l’intervalle ± 10(approximation
normale admissible pour ungrand
nombre de
pièces).
Il est
possible
de comparer lesdispersions
instantanéescorrespondant
aux deux
types
de diamant. Lesproportions qui
suivents’appliquent
auxétendues de groupes de 6
supérieures
à la valeur9,
choisie arbitrairement pour une bonneefficacité.
- Diamants bruts :
- Diamants taillés
La
comparaison
desdispersions
instantanées est en faveur des diamants bruts. Il y avait intérêt desupprimer l’usage
de diamanttaillés,
cequi
futfait.
2/
Recherche d’une méthode affinée deréglage.
On a vu
qu’à partir
de la 2ème meule pour un diamantbrut,
et à par- tir de la 3ème meule pour un diamanttaillé,
laproportion
depièces
exté-rieures à l’intervalle ± 10 microns autour de la moyenne réelle est très
faible,
de l’ordre de 1%.
Ilparait
doncillogique
derégler
la cote en coursd’usure de meule. Un examen attentif des
graphiques
montre que s’ils sont d’allures très dissemblables dans leurspremiers
et dernierstiers,
lapartie
centrale semble voisine de la moyenne réelle pour la meule. C’est
une"per-
manence
statistique"
que nous allonspréciser.
Il
s’agit
de trouver une relation entre laposition
du volant decote ,
c’est-à-dire durepère
deréglage,
en début demeule,
et unprélèvement
fait au milieu de la meule
précédente.
Autrementdit,
la moyenne d’unpré-
lèvement fait en milieu de meule
permet-elle
deprédire
valablement la cor-rection à
apporter
en début de la meule suivante ?Premier
problème :
de la moyenne de 10pièces prélevées approxima-
tivement en milieu de
meule, peut-on
estimer la moyenne réelle sur cette meule ?Soit xi la moyenne des 10
pièces
exactement en milieu demeule ;
x2 la moyenne des 10pièces précédentes ; x 3
la moyenne des 10pièces
sui- vantes ; x la moyenne réelle pour toute la meule. Peut-on considérer Xlcomme une estimation
précise
et correcte de x ?Puisque
dansl’application
on ne pourra déterminer exactement les 10
pièces médianes,
fera-t-on uneerreur
importante
etsystématique ?
Autrement dit x2 etx3
sont-ils des es-timations de x aussi bonnes que
xi ?
Le calcul a montré que :
1/ x 2 et x 3
sontcomparables
à Xl2/
l’erreursystématique
x - xi estnégligeable
3/
Laprécision
de l’estimation de x au moyen de xi est définie par03C31 = 1, 85
micronSecond
problème :
connaissant la valeur réelle de la moyenne pour la meule de rangi, peut-on prévoir
la valeur réelle de la moyenne pour la meule de rang i + 1 ?Il a été trouvé un
dérèglement
moyen de 4 microns vers les valeurs for- tes ; laprécision
de cette estimation pourchaque
meule étant mesurée parun
écart-type
de(7 =2,
76 microns.On
peut
maintenant estimer la moyenne réelle pour la meule de rang i + 1 àpartir
de la moyenne de 10pièces prélevées parmi
les 30pièces
du milieu de meule de rang i. Le
déréglage
moyen est de 4 microns. Laprécision
de l’estimation estégale
à la somme desprécisions
des estima- tionscomposantes, exprimées
en termes devariance, puisqu’elles
sont indé-pendantes
enprobabilité.
3/
Méthodepratique
deréglage.
Il serait
théoriquement possible
de se contenter derégler
la cote de 4 microns àchaque changement
de meule. Pour tenircompte
d’autres va-- riations non décelées dans cetteétude,
maistoujours possibles (anomalies
des
pièces,
desmeules,
desdiamants,
desmachines,
de lalubrification, etc. ),
on a été amené à définir la méthode ci-dessous.- Cas
particulier.
lère meule avec un diamant brut : faire
plusieurs prélèvements
de 10pièces
en cours de meule(au
moins2), corriger
la cote immédiatement et faire unprélèvement
en début de la meule suivante.- Cas
général.
Prélever 10
pièces
en milieu de meule.Corriger
le volant de cote endébut de la meule suivante en tenant
compte
de la moyenne des 10pièces
si celle-ci est extérieure à l’intervalle ± 3
microns,
et de l’usure moyenne du diamant de 4 microns.Exemple :
ontrouve - 5,1. Corriger
au début de la meule suivante de- 5, 1
+4,
soit -1 micron.4/ Proportion
admissible depièces
hors tolérances(
± 10microns).
(Par proportion
admissible on entend une valeur tellequ’il n’y
ait pas lieu d’ouvrir uneenquête
sur les causes de mauvaisefabrication).
On a vu que la
précision
de l’estimation est définie par unécart-type
de
3, 2 microns,
et que laproportion
depièces
extérieures à l’intervalle ± 5 microns autour de la moyenne réelle est de 18%,
cequi correspond
à unécart-type
de03C3d = 3, 55
microns.La
dispersion
totale avec cette méthode deréglage, appliquée
dans desconditions
identiques,
est donc :c =
3, 552 + 3,202 = 4, 8
micronsce
qui correspond
à 95%
à l’intérieur de l’intervalle ± 10 microns.V - CONTROLE -
Dans un
problème
de controleinter-opérations,
ou de contrôlefinal, lorsqu’aucun plan
n’estimposé,
iln’y
a pas lieu de définir un niveau dequalité
et desrisques d’échantillonnage.
L’utilisation de tables de contrôleaux
risques
calculés n’est àpréconiser
que dans les casprécis
ou la dé-termination des
paramètres 03B1,03B2 , pl
etp2
d’une courbe d’éfficacité est pos-sible,
ou mêmeplus simplement l’AQL
et le LT. Dans les cas décrits ci-dessus,
aucun niveau dequalité
n’estimpératif.
Les éléments duproblème
sont le nombre et
l’aptitude
descontrôleurs,
la commodité desopérations
de contrôle
(manutention, appareillage, etc. ).
Les buts à se fixer sont la connaissance du niveau dequalité,
lerepèrage
descaractéristiques
ou dessecteurs les
plus déficients,
l’améliorationgénérale
de ce niveau. Iln’y en
a pas d’autres.
1/
Méthoded’échantillonnage.
Les
pièces,
à la sortie dechaque machine,
tombent dans descaisses , puis
les caisses sont vidées etpassent "au défilé"
dans une machine à laveravant de tomber dans une autre caisse. Les
prélèvements
auront donc lieuà la sortie de la machine à
laver,
surpièces
propres.On a choisi un
prélèvement
constant de 100pièces
à toutes lesopé-
tions : c’est un nombre raisonnable de
pièces
àcontrôler,
les calculs ulté- rieurs en vue d’un bilan sontsimples,
les intervalles de confiance sont raisonnables.2/ Rôle
deprotection
du contrôle.Si la caisse de
pièces
est estimée anormalementdéfectueuse,
elle estrenvoyée
pour être triée par lesopérateurs
des machines incriminées(il
està noter que la paye est
"à l’heure"
etqu’aucune
sanction monétaire n’aja-
mais été
appliquée),
même si ceux-ci ne sont pasresponsables.
Le contrôleagit
ici enprotecteur
desopérations
aval. Les casparticuliers
sont examinésen commun par le contrôleur et le chef
d’équipe
de contrôlequi
tiennentcompte
pour
prendre
leur décision du but à atteindre. S’ils’agit
d’uneexception,
lacaisse est
acceptée ;
si le secteur estdéficient,
la caisse est refusée. Unelimite
rigide
est à déconseiller mais la décision du contrôle est sansappel.
Il faut évidemment pour cela l’accord de
principe
du chef defabrication,
cequi
est le cas dans cetexemple.
Parfois un second
prélèvement
est fait et les deux nombres hors tolé-rances sur 100
pièces
sontcomparés.
Un écartsignificatif prouverait
unemauvaise
représentativité
duprélèvement.
Des tables ont été établies à ceteffet.
Cepoint
estcapital
et constitue une desplus
grossesdifficultés,
même pour des
pièces prélevées
au défilé. Ce doit être unepréoccupation permanente
du chefd’équipe
de contrôle.Une fois par mois les résultats sont collationnés par
secteur, dépouillés, analysés,
etprésentés
àl’équipe
de fabrication enprésence
du chef de fa-brication,
afin que des décisions propres à améliorer lespoints
faibles soientprises.
On a pu remarquer que l’évaluation des
pièces
à rebuter ou a retou-cher n’a pas été mentionnée. Etudiée par
ailleurs,
ellejoue
parrapport
aucontrôle
statistique,
le même rôle que lacomptabilité
parrapport
à la comp- tabilitéanalytique.
VI - DISPERSION INSTANTANEE ET TENUE DE COTE -
La
dispersion
d’une machine nepeut s’exprimer
au moyen d’un seul nombre. On a vu la différence entre"dispersion instantanée"
et"dispersion totale".
Il est bon aussi de faire intervenir l’intervalle de tolérances.1/ Tournage.
Deux critères ont été retenus.
5
pièces prélevées
à la sortie de la machinepermettent
de calculerune étendue. Les
prélèvements
sont effectués une fois le matin et une fois le soirpendant
deux semaines. L’étendue moyenne est alors calculée. On endéduit un
écart-type
de"dispersion instantanée".
S’il est vraiqu’en
théorieles 20 étendues doivent être
homogènes, l’avantage
de ceprocédé
est dejuger
une
dispersion
moyenne, et l’erreurthéorique
est faible. On a soin évidem- ment d’éliminer les étendues hors contrôle.De la
dispersion
instantanée on déduit laproportion
minimum de ca-ractéristiques
hors tolérances que l’on trouvera dans touteproduction.
Endésignant
par TS et TI les tolérancessupérieures
et inférieures on a :De u on déduit
(1 -
F(u))
par la table de la fonctionintégrale
de laloi normale. La
proportion
minimum est 2(1 -
F(u)).
Ces
prélèvements
et calculs sont effectués deux fois par an et com-muniqués
aux intéressés : fabrication et servicestechniques.
Petit àpetit
l’habitude se
prend
de neréparer
que les machines nécessitant réellementune
réparation.
Un troisième critère sera ultérieurement défini.
2/ Rectification.
On a pu remarquer sur les
graphiques
4 des variations de cote désor- données. Desexplications
diverses et contradictoires ont été fournies par les techniciens et les fabricants de meules. Certaines modifications dans le pro-cessus
technique
ontproduit
des améliorations souventimprévues.
La Sta-tistique peut
donc rendre service là où latechnologie
est encoreimpuissante .
C’est ainsi que la
comparaison
entre les deuxtypes
de diamants a abouti à la conclusion inverse de cellegénéralement
admise.Aux deux critères de
dispersion
décrits pour letournage,
on aajouté
ici deux autres :
1/
La tenue de cote.On l’a définie comme la
proportion
de ladispersion
totaleexpliquée
par la
dispersion
instantanée.Soit
03C3T l’écart-type
del’histogramme complet correspondant
à unemeule donnée et
cl
ladispersion
instantanée. On pourra écrire : Tenue de cote(TC)
2/
Ladispersion
d’une meule à l’autre.Il sera nécessaire de tenir
compte
que laproduction
sur deux meules n’est pas distribuéenormalement ;
que l’on observera engénéral
deux modes .On évitera donc des calculs. D’où la méthode suivante :
1/
Utiliser deux meules neuves sans faire deréglage,
même entre deux meules(centrer
au mieux la cote au cours de la meuleprécédente).
Répéter
ceci 5 fois au cours d’une semaine.2/
Calculer l’étendue moyenne sur des groupes de 5pièces
consécutivesaprès
avoir éliminé les valeurs hors contrôle. Endéduire l’écart-type
de ladispersion
instantanéepuis l’écart-type
moyen.3/
Calculerl’écart-type Gr
de ladispersion
totale surchaque
meuleen faisant
l’histogramme.
Utiliser la table de la loi normale pour calculer laproportion
minimum P depièces
hors tolérances.4/
Tenue de cote5/ Proportion
minimum observée sur des groupes de deux meules - Surchaque
groupe de deux meules ondécomptera
lespièces
extérieures à l’intervalle ± 10 microns autour de la moyenne des deux meules. Les moyennes de 5 séries de résultats seront alors calculées.VII - CONCLUSION -
Le tableau ci-dessous
permet
decomparer les
résultats avant etaprès
utilisation du contrôle
statistique.
Nombre moyen de
caractéristiques
hors tolérances pour 100pièces
Cette mise sous contrôle n’est pas
appliquée
à desroulements,
maisà des éléments de roulements. Elle visait donc moins l’utilisation commerciale que la
gestion
industrielle. Le but fixé était : fairerespecter
les normesdéfinies par les bureaux
techniques.
L’étude de leur validité s’en déduit lo-giquement
mais constitue un autreaspect
de lagestion
de laqualité
et làaussi
l’application
des méthodesstatistiques
se montreefficace.
Un certain nombre de conditions sont nécessaires pour une mise sous
contrôle efficace. Tout d’abord un acte de foi du chef de fabrication. A notre avis il entre dans ses fonctions de
pressentir
l’intérêt de certaines méthodes et d’éliminer les autres. Son soutienpermanent permit
ici d’atteindre lesobjectifs fixés.
Il y a aussi des
impératifs
de formation. Apartir
d’uneéquipe d’agents techniques
au niveau dustage : "Formation
aux méthodesstatistiques"
sefait la formation
professionnelle
dupersonnel
decontrôle,
de la maîtrise de fabrication et desopérateurs
sur machine. Lastatistique appliquée
estbien
plus qu’une
série deformules,
c’est une méthoded’approche
et de ré- solution deproblèmes
réels. Etqui
traite lesproblèmes
réels dans uneusine ,
sinon le