R EVUE DE STATISTIQUE APPLIQUÉE
C OLIN
Introduction des méthodes statistiques dans l’industrie.
I. Le problème d’organisation. Formation du personnel et liaisons à l’intérieur de l’entreprise
Revue de statistique appliquée, tome 1, n
o1 (1953), p. 31-38
<
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31
INTRODUCTION DES MÉTHODES STATISTIQUES DANS L’INDUSTRIE
I. LE PROBLÈME D’ORGANISATION FORMATION DU PERSONNEL
ET LIAISONS A L’INTÉRIEUR DE L’ENTREPRISE
par M. COLIN
Monsieur COLIN est
ingénieur
à laCompagnie
des Machines 1~ t’LL où il a étéchargé
del’aPPlication
des méthodesstatistiques.
Suite à unpremier
travail
entrepris
en1948
et limité à la mise sous contrôle de certainesjabri- cations,
il s’est renducompte
que l’introduction des méthodesstatistiques
dansiine
entreprise
ne consistaitpas simplement
à lesappliquer progressivement
àun nombre croissant de
problèmes.
Ilfallait
aussi que l’ensemble desaPPlica-
. tions soit coordonné suivant un
programme qui
trouve saplace
dans le cadred’organisation propre
àl’entreprise.
Laméthodologie statistique
doit êtretraduite à
l’usage
dupersonnel
et enfonction
des liaisons àétablir.
Dans un
premier article,
M. COLINénumère
lescaractéristiques
de cetravail et la méthode suivant
laquelle
ilpeut
être mené àbien.
Ayant
ainsifixé
lePlan général,
des articles ultérieursexposeront
lesdétails d’une
organisation éProuvée par t’exPérience
sousforme
detextes,
dedirectives,
de modèlesd’imprimés
dont la rédaction rendra service à ceuxqui
veulent introduire les méthodes
statistiques
dans leurentreprise.
CONDITIONS GÉNÉRALES
ET ASPECT DU PROBLÈME D’ORGANISATION.
Lorsque
la carte de contrôle est mise en route dans unatelier,
il est nécessaired’y
affecterun contrôleur
spécialement
formé à ces méthodes.Toutefois,
ce n’est pas suffisant pour assurer le fonctionnement normal dusystème
et, si c’est à titred’essai,
pourpouvoir juger
de l’extension à lui donner. Ledanger
d’un essai limité est de n’enpercevoir
que des effets limités.En
effet,
le contrôleur nepeut
mener sa tâche à bien que si,parallèlement,
le rôle des autrescatégories
dupersonnel
a été défini en vue del’y
aider. Le nombre de personnes mises en cause estgrand.
Le contrôle en cours
permet d’arrêter,
alorsqu’il
est encoretemps,
une fabricationqui
« netient pas la tolérance ». C’est le rôle du chef
d’équipe
de faire arrêter la machine sur indication du contrôleur. Si le chefd’équipe
necomprend
pas lasignification
de la carte decontrôle,
ilpréférera
mener la fabrication « comme il l’entend » et comme le
prévoient
les directives encore en usage.La carte de contrôle
permet
de faire leréglage
dedépart
dans les conditions d’enlèvement d’un maximum demétal,
pour tenircompte
de l’usure des outils. Si lerégleur,
habitué à seplacer
dans les
conditions
d’enlèvement d’un minimum de métal pour éviter lesrebuts,
necomprend
pas la sécurité quelui
donne la carte decontrôle,
il usera de saqualification plus
élevée que celle du contrôleur pouragir
à saguise, quitte
àmultiplier
le nombre desréglages.
Le contrôle en cours,
statistique
ou non, donne une indication au compagnon sur laqualité
de son travail. C’est un facteur
psychologique puissant, qui
n’a d’effet que si le compagnon sait lire une carte de contrôle. Ilpermet
pour certaines fabrications de faire exécuter les retouches dès la fin de la série et de «régler »
le bon de travail sans passer par le contrôlefinal,
d’oùgain
endélai et en manutention. Encore faut-il que le manutentionnaire ait reçu des instructions pour veiller à
l’approvisionnement
en bacs videspermettant
d’enchanger
entrechaque réglage.
S’ilmélange
les séries « sous contrôle » et « hors contrôle », il détruit une
partie
de l’efficacité dusystème.
32
Le bureau d’ordonnancement
peut compromettre
le travail du contrôle en cours s’il n’assure pas lacharge
cohérente des machines et s’ilmultiplie
lesinterruptions
en cours de série pour remédieraux lacunes d’un
planning
mal tenu.Le bureau des méthodes
peut
êtreappelé
à revoir leprocédé
defabrication, l’outillage
oul’affectation des machines en fonction de la
précision
obtenue.Enfin,
les limites de contrôle modifiées sont tracées enpartant
de la tolérance demandée et, d’une manièregénérale,
la décision du contrôle est, au moins pour unepart,
relative à la validité desspécifications techniques.
La révision des tolérances ou desspécifications techniques peut
êtresuggérée
parl’interprétation
des résultats du contrôle. Ce sont alors les techniciens d’étudequi
sontmis en cause.
Si,
d’unepart,
toutes ces personnes neparlent
pas le mêmelangage,
et si, d’autrepart,
il n’existe pas des liaisons normales et hiérarchisées entre lespostes qui
« contrôlent » laquotité
àl’un
quelconque
de cespoints
de vue, lessuggestions
resteront lettre morte et le contrôle en coursembryonnaire
ne seraqu’une charge supplémentaire
sanscontrepartie.
Cet
exemple
montre ladépendance
d’une seuleapplication
des méthodesstatistiques
vis-à-visde
l’organisation
d’ensemble del’entreprise. Inversement,
l’introduction des méthodesstatistiques,
pour être
effective,
doit avoir des incidences sur cetteorganisation d’ensemble,
sinon ellerisque
de se traduire par l’établissement d’un
système juxtaposé
et sans doute coûteux.Il faut que les méthodes
statistiques
soient situées dans un schémad’organisation
oùchaque application
aura saplace
et son ordre dedéveloppement
et que ce schéma s’insère normalement dans le schémad’organisation générale
del’entreprise.
Ce nepeut
être le fait que d’une décision émanant de la Directiongénérale
etprise
en accord et avecl’appui
des directions et services inté- ressés. Telles sont les conditionsgénérales
duproblème.
De
plus, l’exemple
cité ensouligne
deuxaspects :
- L’instruction de tout le
personnel
sur la base d’unlangage
commun et detechniques
communes ;
- L’établissement de liaisons sur la base de directives et de modèles
d’imprimés.
Enfin,
l’établissement du programme, l’instruction etl’application
doivent se faire sous lasurveillance d’une personne
qualifiée, qui puisse répondre
par uneméthodologie appropriée
àtous les cas
particuliers qui
nemanqueront
pas de seprésenter.
Nous allons
reprendre
ces différentspoints
dans l’ordre où ils doivent êtreenvisagés
etrésolus.
1. Fixer le schéma général d’organisation du contrôle qualité.
Les méthodes
statistiques
ne sontqu’un
moyen mis au service d’unproblème plus
vaste :celui de « contrôler » la
qualité
à tous leséchelons,
sous tous sesaspects,
le contrôle étant entendu ici, non pas au sens limitatif de la vérification despièces,
maiscomprenant
la définition de laqualité optimum,
la détermination des normes, les recherches et essais, le contrôle des moyens deproduction
et de
vérification, l’enregistrement
etl’interprétation
desrésultats,
lesrévisions,
les interventions diverses pour obtenir une amélioration de laqualité,
etc...Le « contrôle
qualité »
défini sur ces bases a saplace
dansl’organisation générale
de l’entre-prise,
et les méthodesstatistiques
ne sont, comme leur noml’indique, qu’une méthodologie,nécessaire
mais non suffisante.
Il est difficile de fixer d’emblée le schéma propre au Contrôle de
qualité
à l’intérieur de l’entre-prise.
Ilsuffit,
au début del’esquisser ;
il se modifie et s’améliore au cours det’expérience
et lesméthodes
statistiques qui,
sansl’englober entièrement,
en constituent laplus grande part,
serventpuissamment
à le déterminer au fur et à mesurequ’elles
étendent leur domained’application.
Pour fixer les
idées,
nous donnonsl’exemple
d’un tel schémaappliqué
dans unegrande
entre-prise
où les services sont très différenciés.C’est un circuit sans fin assurant une liaison normale et hiérarchisée entre les services et suivant
lequel
les normes dequalité représentatives
des articles àfabriquer
sontétudiées, essayées, spécifiées,
traduites en
opérations d’usinage, ordonnancées, réalisées,
contrôlées.Le « contrôle
qualité »
assure le fonctionnement de ce circuit et, enparticulier,
il détermine,par confrontation de la
qualité
que l’on veut obtenir et de cellequi
est obtenue effectivement, le Plan de Contrôle leplus
efficace et leplus
cohérent.34
Dans toutes ses fonctions et pour tous les
problèmes particuliers qu’il
a àrésoudre,
il faitlargement appel
aux méthodesstatistiques.
Il a un rôle deméthodologie
etd’organisation
aupoint
de vue
quotité : qu’il s’agisse
de laquotité fixée,
constatée, désirée oupotentielle,
il la contrôle par la fixation deplans d’expérience
ou deplans
de contrôle et par desenregistrements,
desinterpré-
tations et des
comparaisons appropriées.
Le
principe
de sa tâche est de tirer le maximum d’informations d’un minimum de données et deporter
les résultats à la connaissance de tous..
Sur le schéma
pris
enexemple,
le Contrôlequalité
a étéfiguré
distinct des Servicescontrôles,
afin desouligner qu’à partir
des résultats decontrôle,
le rôle des servicesqui
font la vérification des articles est double : rôle de décision et de sanction, sansdoute,
mais aussi rôle d’intervention éclairée sur les facteursqui
la déterminent. Ceci étantadmis,
il n’est pas exclus que ce soit le Chef des Services de Contrôlequi
ait le rôle actif dans le contrôlequalité,
dans la mesure où l’une de sesattributions le rattache étroitement à la direction
technique.
Faute de direction
technique,
le chef de fabrication ou le chef des Etudespeuvent
tenir leposte ayant
autorité pour assurer la marche du circuit et donner dupoids
aux « interventions ».Enfin,
ce schémapeut traduire,
pour une trèspetite entreprise,
les différentsaspects
duproblème
tels
qu’ils
doiventapparaître
successivement à celuiqui, chargé
de toute lapartie technique
de l’entre-prise,
en réunirait toutes les fonctions. Tous les intermédiaires sont doncpossibles
entre lagrande
et la très
petite entreprise.
Plutôt
qu’un
serviceimportant
par le nombre des personnesqui
le compose, le Contrôlequalité
est un ensemble de
dispositions
pour traiter laqualité
comme unproblème
autonome avec la volontéd’y
engager des moyens et une méthode.Un tel schéma
peut
servir de base et deplan
pour susciter la décision deprincipe
de la Direc-tion Générale et la concrétiser.
Il. Réunir le personnel, qualifié.
Nous ne saurions
trop
conseiller de confier l’instruction etl’application
des méthodes statis-tiques
à une(ou plusieurs)
personnequi
en connaît avecprécision
les conditions et les limitesd’emploi.
Pour
juger
de la validité des solutions données à unproblème particulier,
pouradapter
uneméthode
classique,
poursuggérer
de nouvellesapplications,
voire même de nouvellesméthodes,
la connaissance laplus
étenduepossible
deshypothèses
et des résultats du Calcul des Probabilités et del’analyse Statistique
est utile. C’est unespécialité
dont la solidité se reconnaît chez celuiqui
lapossède
à la manièreprudente
dont il en use.L’enseignement
normalcorrespondant
à une tellespécialité
est donné par l’Institut de Statis-tique
de l’Université de Paris. Ilcomplète
ou estcomplété
par les cours de calcul desprobabilités professés
dans les facultés des Sciences ou certainesgrandes
écoles. Nous ne mentionnerons pas ici tous les autresenseignements
sérieuxqui
sont donnés par différentsorganismes
etqui supposent
que le
spécialiste
dont nousparlons
a pu consacrer untemps
relativementimportant
à ces études.Il entre dans les attributions du Contrôle
qualité,
dont cespécialiste
faitpartie,
d’étudier lesproblèmes qui
ressortent de laméthodologie statistique.
Ils sont nombreux dans uneentreprise,
et si, pour
beaucoup,
une solutiontype suffit,
certainsexigent d’approfondir
les connaissances théori- ques et de se tenir au courant des solutions étudiées ou mises enpratique
ailleurs sur desproblèmes
similaires.
Ce travail
demande
untemps qu’il
n’est pastoujours possible
à un statisticiend’entreprise
dedonner. Nous pensons que c’est dans ce but et dans cet
esprit
que le Centre de Formation de l’Institut deStatistique
met à ladisposition
desentreprises
d’unepart,
un bureaud’études,
d’autrepart,
cetterevue comme organe de diffusion et de liaison.
Toute
entreprise
n’a pas ou nepeut
pas embaucher un statisticien. Adéfaut,
il est nécessaire que lesresponsables
del’application
des méthodesstatistiques,
s’ils n’ont puaacquérir
une connais-sance
approfondie
de lastatistique,
en aient du moins connu,pendant
un certaintemps,
lesrigueurs,
et
s’y
soient exercés.C’est dans cet
esprit
que desstages
àtemps complet
mais limités àquelques jours,
tels que ceux du Centre de formation de l’Institut destatistique
de l’Université deParis,
seproposent
de donnerune formation accélérée à des groupes
plus
ou moinslarges
de techniciens(Ingénieurs, cadres,
maîtrise,
contrôleurs), envoyés
par lesentreprises.
Enfin,
dans uneentreprise importante, l’expérience
prouve que les personnesqu’elles
concer-nent sont nombreuses. Leur instruction
peut
difficilement être aussicomplète
pour toutes que celle dutype
mentionné ci-dessus. Il est nécessaired’entreprendre
et depoursuivre
une instruction à l’inté- rieur del’entreprise qui
soit à la foisplus
succincte mais aussiplus
directementadaptée.
C’est cetteforme d’instruction que nous
développerons
dans leprésent
article.III. Définir le domaine d’application des méthodes statistiques.
‘ Le
personnel
leplus qualifié
aupoint
de vueméthodologie statistique
etqui,
deplus,
connaîtles activités des différents secteurs de
l’entreprise
doit établir la liste laplus
détailléepossible
dessections
d’application
des méthodesstatistiques.
Il y a autant de sections distinctes que de secteurs différant soit par
l’emplacement
à l’intérieur del’entreprise,
soit par lepersonnel concerné,
soit par le genre de travauxayant
une relation définieavec le
problème
de laqualité.
EXEMPLE DE SECTIONS D’APPLICATION DES
MÉTHODES STATISTIQUES
Section A. - Contrôle despièces
à laRéception :
1. - Contrôles en
pièces
« Bonnes » et « Mauvaises » ; ;II. - Contrôles en mesures ; 1. - Contrôles par
sondages ;
2. - Contrôles unitaires ou à
100 %.
Ces contrôles ont lieu au Service Contrôle sur des
pièces
dontl’opération
de fabrication estterminée. .
Section B. - Contrôle des matières à la
réception :
Ce sont, en
général,
des contrôleurs différents de ceuxqui
exécutent les contrôles en Section A.Les
tables,
lesimprimés d’enregistrement
desrésultats,
s’ils sont établis sur le mêmeprincipe
que pour les Contrôles de la SectionA,
n’ont pas la mêmedisposition.
Section C. Contrôles en cours de fabrication : 1. - Contrôles
type gabarit ;
II. - Contrôles en mesures ;
,. - Dans les ateliers de
l’entreprise
2. Chez les
petits
fournisseurs.Section D. - Contrôles en
%
de défauts :Même
principe
que la Section At,
mais l’exécution a lieu au Contrôle des machines terminées.Ici encore, les tables et les
imprimés employés pourront
être différents.Section E. - Contrôle des
pièces-types
et contrôlées sur stock.Section F. -
Application
des Méthodesstatistiques
aux tolérances.(Détermination, inscription,
révision destolérances).
Section G. -
Application
des Méthodesstatistiques
aux essais.Une telle division en sections constitue à la fois un programme d’instruction et un programme
d’application.
On
comprend
que les sectionspuissent
ne pas coïncider exactement avec les différentschapitres
d’un traité sur les
applications
industrielles des méthodesstatistiques,
danslequel,
pour des raisons de volume etd’exposition logique, plusieurs sujets possibles
relevant de la mêmeméthodologie
de base sont
regroupés. Ici,
ils’agit
d’obtenir auplus
vite l’instruction minimum nécessaire àl’appli-
cation correcte d’une des sections du programme.
IV. Etablir le programme de mise
en route.Il semble difficile de démarrer en même
temps l’application
dans toutes les sections car la miseau
point
en estlongue
et il fautqu’elle
soitprécédée
d’une instructionprogressive,
elle-même concré- tisée par lespremières
réalisations.36
Par
exemple,
le contrôle à laréception,
moinsspectaculaire
que le contrôle en cours, moins fructueux dansl’immédiat,
semble une bonne base pour débuter lesapplications
des méthodes statis-tiques. Quelle
que soit la manière dont il estappliqué,
bonne ou mauvaise, il existedéjà
dans touteentreprise
et il est facile d’améliorer les méthodesd’enregistrement
desrésultats,
de rendre cohérents lesplans
de contrôle parsondages,
sans pour cela modifierprofondément l’organisation
existante.Il
peut
être conduit parétapes. Après quelques
semaines ouquelques
mois, laqualité
obtenuesur
chaque
fabrication est connue,l’interprétation
rationnelle des résultatspermet
de voir où il y a lieu deporter
les efforts et, enparticulier,
où il faudra démarrer le contrôle en cours de fabrication.La
photographie qu’il
donne de laqualité
àépoque
donnée servira ultérieurement deréférence
poursuivre la
progression
en efficacité du contrôlequalité.
V. Pour chaque section, choisir les modalités d’application
et
rédiger
unexposé.
Une même section
peut,
suivantl’entreprise,
donner lieu à un traitementdifférent,
aussi bienau
point
de vue de la méthodethéorique employée
que des modalitésd’application.
Par
exemple,
pour la SectionA,
Contrôle à laRéception,
il faut choisir les Tables d’échantillon- nages, leur donner laprésentation qu’elles
aurontlorsqu’elles
seront mises enapplication,
choisirles
paramètres
ou les notions suivantlesquels
les Plans de Contrôle serontrepérés,
fixer la termi-nologie
et lessymboles
que l’on souhaite voiremployer
dansl’entreprise,
etc... Demême,
il fautavoir une idée
générale
des modèlesd’imprimés
et de leurplace
dansl’organisation
des Services.Ces
dispositions
doivent être fixées par un texte dont lacaractéristique générale
est de sesuffire à lui-même pour
renseigner
une personne, même non avertie des méthodesstatistiques,
des
principes
de la méthode et de la manière dont elle estemployée
dansl’entreprise.
Il doit êtrepossible
d’éviter toutdéveloppement mathématique.
Ce n’est pas un traité de
statistique.
Leplan
suit autant quepossible
un ordrelogique d’expo-
sition
théorique,
maiss’inspire également
desgrandes lignes
del’organisation prévue
pour la Section considérée. C’est à la fois unexposé
d’instructiongénérale (limitée
auxprincipes théoriques employés)
et
d’organisation.
La rédaction utilise les termes
déjà employés
dansl’entreprise lorsqu’il s’agit
de nommerdes secteurs de
l’entreprise,
desimprimés qui
existentdéjà,
desexpressions techniques,
etc...Tous les
exemples qui
sontpris
pour fairecomprendre
lespropositions générales
sontpuisés
dans les fabrications et les
problèmes
del’entreprise.
Le textepeut également souligner
certainesinsuffisances ou lacunes de
l’entreprise,
connues de ceuxauxquels
il s’adresse..
L’exposé
doitpouvoir
se traduire correctement en directives de détail et en modèlesd’imprimés correspondants.
Sous sa formeinitiale,
c’est unprojet qui
estexposé
aux Chefs de Service « pour information et avis » avant de servir de base à une instruction orale s’adressant à tout lepersonnel
intéressé. Il est
dactylographié
ouimprimé
etreproduit
en autantd’exemplaires
que d’assistantsauxquels
il y aura à le remettre à l’issue desexposés
oraux. Il est relié en pages amoviblespermettant d’y apporter
facilement toutes les modifications utiles.C’est un texte à la fois moins
complet
que lechapitre correspondant
des traités sur les méthodesstatistiques puisqu’il
1 necomporte
aucune démonstration etplus complet,
tout en étant moinsgénéral,
parce
qu’il replace chaque
méthode dans le détail del’organisation.
VI. Faire des exposés
oraux.Le
problème
se pose différemment de celui d’unstage
dequelques jours
en dehors de l’entre-prise.
Dans ce dernier cas, la personnequi
estenvoyée
enstage,
l’est sur décisionprise
une fois pour toutesd’interrompre
le travail habituelpendant
le nombre dejours prévu,
elle se saitremplacée
et son
esprit,
libre de toutepréoccupation, peut
s’ouvrir à unenseignement qui
ne pourra avoiren certaines
parties
que des utilisationsproblématiques
ou différées.Au contraire, à l’intérieur de
l’entreprise,
lepersonnel
touché est « enplace
», a un métier,un
poste,
despréoccupations
que les séances d’instructionpeuvent suspendre pendant
une heure oudeux,
mais nesuppriment
pas. Si lepersonnel qui interrompt
un travailtoujours« urgent », toujours
« en retard », pour assister à une de ces séances intercalée dans les heures de
travail, n’y
voit pas uneadaptation
immédiate et une aide pourcomprendre
mieux cequ’il
a àfaire,
pour toutdire,
si cetteinstruction, si intéressante
qu’il
lajuge,
le met en difficulté detemps
vis-à-vis de son travailquotidien,
il
risque
de ne pas yapporter
l’attention nécessaire.Il faut établir la liste de tout le
personnel.
intéressé par la sectiond’application correspondante
en
distinguant :
- Ceux
qui
doivent connaître la méthode « pourinformation ».
,
Exemple :
uningénieur
d’études pour la Section A sur les contrôles àréception ;
- Ceux
qui l’appliqueront
ou la ferontappliquer après
l’instruction.Exemple :
un technicien de contrôle à laréception ;
- Ceux
qui
ont unposte
d’exécution telqu’il
ne leur est pas utile de connaître l’ensemble del’organisation prévue
et lesprincipes.
Exemple :
s’il estparticulièrement important
pour un contrôleur à laréception
de savoirexécuter correctement un
prélèvement
auhasard,
ce seraitdisperser
ses efforts que de luiapprendre
les subtilités des courbes d’efficacité.
C’est aux deux
premières catégories
que s’adressent cesexposés
oraux.Les
exposés
oraux ont lieu par groupes de 25 à 30 auditeurs auplus,
afin de ne pas avoir allure deconférence, d’y pouvoir répondre
auxquestions,
et de réunir dans un même groupe une assistance, sinonhomogène,
du moinségalement
intéressée par le contenu del’exposé
oral.Le
plan
desexposés
oraux suit celui desexposés
écritsqui
seront remis aux auditeurs à l’issue dechaque cycle. L’exposé
oral estbeaucoup plus
court quel’exposé écrit et,
suivant le groupe d’audi- teurs, certainschapitres
entiers del’exposé
écritpeuvent
êtrepassés
sous silence auprofit
d’autresqui
sontplus importants
pour le groupe considéré. Parrapport
àl’exposé écrit, l’exposé
oral accentuela
spécialisation.
Un
cycle d’exposés
oraux sur un mêmesujet (c’est-à-dire correspondant
à une mêmesection
du domaine
d’application
des méthodesstatistiques
et donc aussi à un même fasciculeécrit) peut comporter
une àquatre
séances d’une heure et demie à deuxheures, réparties
surquinze jours
outrois semaines. C’est un
temps
très raisonnable et engénéral
suffisant.VII. Etablir les directives
etles modèles d’imprimés.
Les
exposés
écrits et oraux, classés enrubriques adaptées
aux différentes activités de l’entre-prise
ne constituentjamais qu’une
instruction de base. Siprécise
et si concrètequ’elle
soit, elle restegénérale.
Le texte écrit est,après l’exposé oral, rangé
dans unbureau,
sur un rayonnage commun d’un service, dans unebibliothèque technique,
au même titre que les autres ouvragestechniques,
Il sert, comme nous l’avons
déjà dit,
à définir lelangage
commun et à fixer lesprincipes
de laméthode en même
temps
que sondomaine,
ses conditionsd’application,
ses limites.Jusqu’à présent,
il ne transforme rien.
Ce travail
préparatoire
ne devient efficace que s’il est traduit en Directivesd’application,
directives de
détail,
concises, ne donnant auuneexplication générale,
maispouvant
à larigueur
seréférer à ces textes de base.
Parallèlement,
des modèlesd’imprimés
sont choisis pour les différentsenregistrements
et les différentes liaisons à assurer. Parexemple :
modèle de carte de contrôte en mesures, modèle de cartede contrôle
type gabarit,
feuillesd’enregistrement
des résultats surprélèvement
en cours de fabri-cation, fiches de
sondage
et, aussi, modèle de demande de modification desspécifications, rapports généraux
decontrôle,
etc...Ces
imprimés peuvent
se réduire à un trèspetit
nombre detypes qui correspondent chacun,
même s’ils donnent lieu à
plusieurs modèles,
à unegrande catégorie
des méthodesd’enregistrement
ou
d’interprétation statistique.
Parexemple,
la carte de contrôle en mesures, la carte de contrôletype gabarit,
la carte de contrôle à 100%
et la carte de contrôlequi
regroupe sous formegraphique
les contrôles à la
réception
ontl’appellation générale
de « carte de contrôle » etpartent
du mêmeprincipe,
encore que leurdisposition respective puisse
varier pour des raisons de clarté ou d’économie depapier.
Les Directives
d’application
fixent le rôle de chacun danschaque
cas concret, l’ordre desopérations
ainsi que la manière deremplir
et d’utiliser correctement lesimprimés.
S’adressant à des groupes définis de techniciens sous les ordres d’un même chef de
Service,
de sous-chef de
Service,
ellesrespectent
les classifications de ces Services : il y a des directives-Con-trôle,
desDirectives-Méthodes,
desDirectives-Etudes,
etc...38
Chaque
directiveparticulière
a sa diffusion propre :générale
au service dont elleémane,
elle
peut être envoyée,
pourinformation,
à d’autres services.L’ordre des matières traitées par les directives n’est
généralement
par le même que celui desexposés :
elles s’attachent à définir !e fonctionnement d’unposte
de travailqui
doitaccomplir
tel ou tel travail
particulier
ou à définirl’emploi
d’un certainimprimé
à travers lesdifférents postes
de travail
qu’il
concerne.’
De
même,
leplan
interne d’une directive n’est pas forcémentlogique :
ilprocède plutôt
del’étude de
gestes
et de l’ordrechronologique
desopérations
à exécuter.VIII. Commenter les directives par des séances pratiques.
Une directive est un texte écrit
qui
n’offre pastoujours
unegarantie d’application
correctede la
part
de tous les utilisateursplus
habitués àagir qu’à
lire : il est utilequ’elle
soit commentéeet si
possible appuyée
de travauxpratiques.
C’est ainsi
qu’une
DirectiveContrôle, ayant
pour titre : « Comment faire unprélèvement
auhasard ? » et destinée aux techniciens de contrôle et aux contrôleurs à la
réception,
fixe desRègles
de
prélèvement.
Si clairessoient-elles,
elles ne seront bienappliquées qu’après
l’exécution d’un ouplusieurs prélèvements
au hasard par les contrôleursconvoqués
à une séancepratique
au cours delaquelle chaque opération
estdécomposée, surveillée, critiquée.
Ces séances sont l’occasion pour la personne
chargée
desexposés
de donner à certainescatégories
depersonnel qui,
par suite de leurposte d’exécution,
n’ont pas assisté auxexposés
anté-rieurs et
plus généraux,
desexplications
dont l’ensemble constitue enquelque
sorte une instruction d’un niveauplus
élémentaire mais aussiplus
detalllée dansl’application.
Ces séances sont auxexposés,
dont nous avons
parlé antérieurement,
ce que ces derniers sont vis-à-vis d’un traité destatistique.
Il est utile que les techniciens directement
responsables
de la surveillance de l’exécution assistent à ces séances au titre d’instructioncomplémentaire
et aussi à titre de moniteur.Ces
exposés,
dont lapartie
écrite est constituée par les directives et dont lapartie
verbale enest le commentaire,
appuyée
de travauxpratiques,
constituent, enquelque
sorte, le niveau leplus
élémentaire. C’est l’un
des
aboutissements de tout le travailantérieur, précédant
immédiatement la mise en route.CONCLUSION
Nous nous sommes étendus
longuement
sur lesphases
del’organisation
conformément àl’objet
de cepremier
article. Ces caractèresgénéraux
ne sont d’ailleurs pasparticuliers
à l’intro-duction des méthodes
statistiques
dans lesentreprises :
unequelconque
transformation demande du soin, de laprudence,
de lapatience,
avant depouvoir juger
sciemment si elle est concluante ou non. C’est d’autantplus vrai
pour ces méthodesqu’elles
ont des raisonsmathématiques qui
semblentaller à l’encontre des traitements
analytiques
habituels et pourlesquelles
lesesprits
sont peupréparés
par la formation
classique
des écolestechniques.
S’il est naturel à un technicien d’étude de« calculer»un ressort ou un engrenage en
employant
lestechniques
du calcul différentiel etintégral,
il lui estbeaucoup
moins naturel de mathématifier le hasard. D’où l’utilité derattraper
dans les meilleuresconditions,
par une instruction à la fois sérieuse etéconomique,
lehandicap
donné audépart
à cesméthodes nouvelles.
La rédaction des
exposés
et desdirectives,
le choix des modèlesd’imprimés,
les solutions àdonner aux cas
particuliers,
enfin les modalités des liaisons à insérer dans le cadred’organisation
demandent du
temps, beaucoup
detemps,
de laréflexion,
uneexpérience
fournie par les conditions même de laproduction
concrète.Nous
espérons
que lesexemples
que nous donnerons etqui
ne serontqu’une
forme élaborée deprésentation
àl’usage
dupersonnel simplifieront
le travail de ceuxqui,
à l’intérieur de leur propreentreprise,
devrontpoursuivre
un travailéquivalent.
Il n’était pas inutile
qu’auparavant,
nous fixions le schémagénéral
danslequel s’intégreront
les articles ultérieurs : textes
d’exposés,
rédaction desDirectives, exemple
de cahier descharges,
modèles
d’imprimés,
etc...Les
exemples
et lesplans proposés
devront êtretransposés
pourchaque entreprise parti-
culière suivant sa nature, son