R EVUE DE STATISTIQUE APPLIQUÉE
P. P OMMIER G. B RUNEL J. C AILLIEZ
Le contrôle des traitements thermiques des pièces par les méthodes statistiques
Revue de statistique appliquée, tome 3, n
o2 (1955), p. 27-33
<
http://www.numdam.org/item?id=RSA_1955__3_2_27_0>
© Société française de statistique, 1955, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Revue de statistique appliquée » (
http://www.sfds.asso.fr/publicat/rsa.htm
) implique l’accord avec les conditions générales d’uti-
lisation (
http://www.numdam.org/conditions). Toute utilisation commerciale ou im-
LE CONTROLE DES TRAITEMENTS THERMIQUES DES PIÈCES PAR LES MÉTHODES STATISTIQUES
par
P. POMMIER, G. BRUNEL
etJ. CAILLIEZ
Ingénieurs
à laRégie
Nationale des Usines RenaultLa Régie Nationale des Usines Renault a, entre autres
applications,
utiliséles méthodes statistiaues pour le contrôle des traitements thermiques.
M. Pommier, Ingénieur, Directeur de grou~e moteurs boîtes de vitesses, et deux de ses ingénieurs adjoints, MM. Brunel et Cailliez,
présentent
ci-après les méthodes actuellementemployées
dans les ateliers de traitement thermin_ue de cetteimportante
usine.Ces méthodes -
appliquées depuis
le milieu de l’année 1953 - ont donné, tant pour le coût du contrôle aue pour la diminution du pourcentage depièces
non conformes, des résultats qui se passent de tout commentaire.GÉNÉRALITÉS
1. - LES
DONNÉES
DUPROBLÈME
Dans notre
organisation
actuelle :- Le Bureau des Etudes
conçoit
lespièces
àfabriquer
et choisit en consé-quence, dans les normes de
l’usine,
les matériaux à utiliserquant
à leurspropriétés mécaniques, physiques, chimiques,
etc...- Ce choix étant
fait,
le Service des Méthodes "TraitementsThermiques"
établit les gammes
d’opération, proposées
par leLaboratoire,
et met à ladispo-
sition de
l’atelier, les moyens
pour obtenirla production, enqualité
et enquantité.
- Il
appartient
ensuite à l’atelier de TraitementsThermiques
de réaliseret maintenir, selon les directives
techniques qui
lui ont ététracëes,
les program-mes de
production,
à la cadence horaire oujournalière prévue,
etrépondant
à laqualité prescrite.
Sur ce dernier
point,
on aura un aperçu de la tachequi incpmbe
à chacun et, dans le casparticulier qui
nousintéresse,
aucontrôle, lorsqu’on
saura que pour le seul atelier de TraitementsThermiques
de la 4 CV, on a :Nota - a L-a structure
hiérarchique
d’un atelier de TraitementsThermiques
com--
prend
-
unpersonnel
de maitrisechargé
de lagestion (avancement
des fabrica- tions,problèmes techniques à
leuréchelon,
liaisonavec les Services,discipline).
- des
Régleurs.
Ceux-ci sont des ouvriersprofessionnels, chargés
demaintenir les
réglages prévus,
de veiller au bon état du matériel et à la surveil- lance de laqualité des pièces.
Il. -
DESCRIPTION SCHÉMATIQUE
DESTRAITEMENTS EFFECTUÉS
Il n’entre pas dans nos intentions de
faire, ici,
ne serait-cequ’un
bref ré-sumé,
de latechnique
du TraitementThermique
despièces.
Nous dirons seulement pour mieux mettre en évidence lespossibilités d’application
du Contrôle Statisti- que, que l’onpratique
lesquatre catégories
de traitement suivantes :1°)
Carbo-nitrnration gazeuse(Pignons
des Boites de vitesses en acier au chromemolybdène mi-dur..)
2° )
Cémentation gazeuseprofonde
(Couples coniques
depont
arrière en acier aunickel-chrome doux ou mi-dur... )
3°) Trempe
enatmosphère
contrôlée(Boulonnerie
en acier au chrome et nickel-chromedur,
et acier finmi-.dur au
carbone... )
4°) Trempe superficielle
localepar induction.
(Pièces
desuspension
avant, couronne delancement... ).
LE CONTROLE STATISTIQUE APPLIQUÉ
AUX TRAITEMENTS CHIMIQUES
A. -
L’ÉVOLUTION
DESMÉTHODES
DE CONTROLE DANS LES ATELIERS DE TRAITEMENTSTHERMIQUES
L’application,
dans nosateliers,
des méthodesstatistiques
de contrôle auxtraitements
thermiques
despièces,
date du milieu de 1953. ’Cette solutionnous est apparue d’autant
plus justifiée, qu’elle permet
de s’as-surer, pour un coût
minimum,
que les 120.000pièces
traitéesjournellement,
ré-pondent
auxspécifications
énoncées par les Servicesprécités.
L.e contrôle
100%
étant réservé aux seulespièces
dites desécurité,
elle offreune
garantie optima, correspondant
auprix
de revient leplus
faible.Afin de mieux mettre en évidence les
principee
du Contrôleactuel,
nous allons établir unparallèle
avec l’ancienne méthode.1. - L’ancienne méthode
que la
qualité
était bonne. Parailleurs,
ils venaient se rendrecompte
de la fa- bricationdouteuse, à
la suite d’une réclamation ou d’une anomalie constatée aumontage
ou en service.b -
MÉTHODE :
-
L’importance
desprélèvements
fixés par le ContrôleTechnique,
lors- que lespièces
n’étaient pas vérifiées à100%,
était de10%
ou5%
de la fabrication- La
fréquence
et la nature des contrôles des moyens defabrication,
étaient laissées à l’initiative de la maîtrise de l’atelierdes
Traitements Ther-miques.
- Le Laboratoire faisait ses propres essais pour les mises au
point
destechniques
nouvelles. Dans ce cas, il n’utilisait pas les relevés del’atelier,
sinonà titre d’information.
- La mise en évidence des
problèmes
était insuffisante.- Les tolérances de la
plupart
despièces,
étaient à déterminer.Celles en
vigueur
étaient maladaptées
à ladispersion
de laqualité
des aciers etil en ré sultait de s difficultés d’obtention des
caractéristiques
dans ces tolérances.Il s’en suivait des discussions pour
acceptation
ou retouches.2. - La méthode actuelle
a - PERSONNEL :
Il existe encore deux
catégories
deContrôle,
mais différentes dans leur but.1 - Le contrôle &nal Il est effectué
- Sur les bennes de
pièces prêtes
à êtrelivrées,
par lesagents
du Con- trôleTechnique
Matière.- sur les moyens de
fabrication,
par unagent technique
du Contrôle Sta-tistique.
Ce dernier est utilisé enpartie
à faire des études que commandent lescirconstances. ..
Le but du contrôle final est de s’assurer de la bonne marche du contrôle.
2 - Le contr8le des
pièces
et des moyens de fabricationEst assuré par le
Règleur qui
devientl’agent
direct de laqualité.
Une
réorganisation
fonctionnelle des taches dupersonnel d’encadrement,
apermis
de la sorte, desupprimer
lespostes
d’ouvriers(appartenant
àl’atelier),
destinés
spécialement
à certaines vérifications en chaine.Le
Règleur
a lepouvoir
d’arrêter l’enfournement.Dans ce cas, il doit en rendre
compte
immédiatement à sessupérieurs (Chef d’équipe
etContremaître).
Il
doit,
en outre,remédier, après
les constatationsqu’il
vient defaire,
aux défauts décelés.Il est aussi
chargé
d’attirer l’attention de ses chefs sur l’état du matériel.b -
MÉTHODE :
- Prélèvements selon
l’échantillonnage prescrit.
Un lot non conforme estrefusé,
le tri est effectué par lepersonnel
de la fabrication.-
Fréquence
desprélèvements
établie en fonction de la cadence desopé-
rations et des éventualités de
déréglage.
La liste des contrôles à effectuer sur les moyens et sur lespièces
a été établie comme on verraplus
loin.- Pour les différentes mises au
point
àeffectuer,
ainsi que pour les pro-blèmes techniques qui
seposent
àl’atelier,
les Méthodes TraitementsThermiques étudient
avec leLaboratoire ,
les résultatsenregistré s
par le ContrôleStatistique.
- Les résultats sont mis en évidence :
- dans la
chaîne,
par leur.inscription
sur des cartes aux mesures, detype classique.
- pour
l’atelier,
par deux tableauxrécapitulatifs
tenus àjour, chaque
soir.
Ils
permettent
de suivre la marchegénérale
de la fabrication.Régulièrement,
ces résultats sontexploités,
lors d’une séance dequalité
te-nue à un é.chelon
élevé.
Les décisionsjudicieuses
sontprises
en connaissance de cause, et en fonction des résultats.- Les
tolérances
ont étémodifiées,
avec l’accord des Services respon-sables, après
mise en évidence desdispersions
résultant des moyens de fabrication et d’études decorrélation.
’
B. - LE
CONTROLE STATISTIQUE
DESPIÈCES
1. - Cas
général
Lorsque
la mise souscontrôle,
selon les méthodesstatistiques,
futdécidée,
June des
premières
tâches à effectuer fut de déterminer le choix des caractéris-tiques
àcontrôler,
defaçon générale,
nous avons retenu :a - sur
la pièce
elle-même :- la dureté
superficielle (ex.
denturesd’engrenages carbo-nitrurés).
- la dureté des
pièces
sous couche cémentée(ex. couples coniques).
- les déformations
(ex.
roueconique).
-
l’aspect.
ou sur
éprouvette,
pourcomplèter
lesanalyses précédentes :
- la
profondeur
decémentation,
- la richesse de la cémentation
(teneur
en carbone à différentesprofon- deurs).
b - sur les moyens de fabrication :
Comme il est bien évident que les résultats obtenus sur
les-pièces traitées,
Jsont conditionnés par la stabilité de s moyens de
production,
nous avons été amenésà effectuer les contrôles suivants :
- L es fluides de cémentation :
-
caractéristiques chimiques
etphysiques.
-
proportion
des différents gaz(à
l’utilisation dans les fours de cé-mentation).
- les fluides de
trempe
-
composition chimique.
-
températures
à l’atelier.-
position
despièces
sur leschargements.
- les fours ·
-
température
s.-
temps
deséjour
despièces qui
définissent uncycle.
-
importance
deschargements.
a. - jixbres
primaires
4 CV. Laproduction journalière
est d’environ 600 unités.Résultats Ils
s’appliquent
à la fois aux moyens de fabrication et aux arbres traités.b. - Poussoirs de culbuteurs de 4 CV.
La
productionjournalière
est d’environ 5.000 unités.- CONCLUSIONS
De
l’expérience
et des résultatsacquis après
un an et demi de fonctionnementnous sommes à même de tirer un certain nombre
d’enseignements.
a. - CMmat
psychologique nécessaire
La
première
condition à réaliser pourimplanter,
defaçon valable,
lecontrôle sur les bases que nous venons de
résumer,
entiexistence d’un climatpsychologique
favorable. Nous entendons par là que :- Le
Chef, responsable
d’unefabrication,
ait la convictionprofonde
de l’effi-cacité des méthodes
précédemment
décrites. Son désir de voirappliquer
lea mé-thodes
statistiques ayant
étéexprimé
sansambiguité,
il devra, par la suite, semontrer ferme dans
l’application qu’il
aprescrite.
- Le
personnel
d’encadrement de l’atelier ait reçu,au préalable,
une instruc-tion très
précise
et, selon l’échelonhiérarchique,
ils’agit
moins, évidemment de l’initier à la "sciencestatistique"
que de luiexpliquer
son rôle ou son comporte- ment, pourl’application
de la méthode elle-même comme pourl’exploitation
desrésultats. ..
- la collaboration la
plus étroite,
entrepersonnel
de fabrication et de contrôle doit exister.L’expérience
nous amontré,
eneffet, qu’on
ne doit pas considérerqu’il
existe deux services distincts effectuant des tachesindépendantes,
mais unseul
groupement réagissant,
en étroiteliaison,
aux oscillations dequalité
de laproduction.
b. - Surveillance du matériel
Le maintien enbon état de marche du matériel et de
l’équipement
de pro- duction conditionne, J enpremier
lieu laqualité
de laproduction.
Aussi avons-nous établi un examen de ceux-ci aussi
systématique
que celui desréglages; il porte,
àchaque poste d’opération,
sur des éléments dont la listea été établie de
façon précise,
en accord avec l’atelier :E tat des vannes, des
presse-étoupes,
de smontages,
desfuites,
du fonction- nement correct des diversappareillages,
desappareils
de mesure, etc...Les observations
correspondantes,
notées sur la carte de contrôle lors du passage duRégleur,
sont relevées tous lesjours.
D’unepart,
une solutionim- médiate estapportée
àchaque
casmais,
d’autrepart,
on tire, àplus longue
échéancedes
enseignements qui permettent
soit de nousguider
dans le choix des matérielsou d’une
solution,
soit de modifier nos solutions enconséquence.
c. -
Exploitation
desrésultats
Une réunion a lieu une fois par mois,
groupant
lesprincipaux
responsa- bles des TraitementsThermiques.
Les résultats sont examinés et les décisions sont
prises
avec la connaissance exacte des données duproblème.
d. - Résultats
Le tableau