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Guylène Cadinot. Les jeunes et l intérim, entre travail précaire et véritable tremplin vers l insertion professionnelle

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Guylène Cadinot

Les jeunes et l’intérim, entre travail précaire et véritable tremplin vers l’insertion

professionnelle

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Réalisation - conception - crédit photo :

Claire VIDAL, Chargée de communication à la Mission locale - 2020 Représentant légal :

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La vie est faite de rencontres, qui, parfois, nous font grandir, évoluer, des rencontres dont on se souvient.

Philippe Labbé fait partie de ces gens là.

Son savoir, ses convictions et son analyse m’ont inspirée ces dernières années et ont beaucoup compté dans la construction de mon identité professionnelle.

Je suis fière qu’une partie de toi se retrouve dans cet ouvrage.

Je te remercie pour tout.

D’une Normande à un Breton

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Lors de leur création en 1982, les Missions locales, ont été chargées de l’accompagnement social et professionnel des jeunes de 16 à 25 ans sortis du système scolaire. Il leur a également été demandé d’être des espaces d’innovation et d’expérimentation au bénéfice des jeunes. Elles sont rapidement devenues de véritables expertes pouvant, parce qu’elles ont des échanges incessants avec les jeunes, connaître leurs attentes, mais aussi ce dont ils pourraient avoir besoin sans qu’ils l’aient formellement exprimé.

Avec le temps, cette expertise s’est affirmée, a été parfois reconnue, parfois ignorée, mais nous avons été et nous sommes toujours des interlocuteurs incontournables dès lors qu’il est question de mise en oeuvre d’actions sur le terrain.

C’est dans cette optique que la Mission Locale Rurale Nord-Ouest Rhône s’est lancée, soutenue par Philippe LABBE, le spécialiste en France de l’insertion des jeunes, dans l’expérimentation d’une nouvelle organisation interne, en faisant monter en compétences tous les conseillers pour qu’ils deviennent des chargés de projets. Ils sont aujourd’hui à même d’établir des diagnostics, de poser des constats, et surtout de faire des préconisations réellement en phase avec les besoins et attentes des jeunes de notre territoire.

C’est dans ce cadre que les conseillers/chargés de projet ont été amenés à produire des Diagnostics Socio-Economiques (DSE) thématiques, assortis de propositions d’actions très concrètes. Aujourd’hui sort celui sur les jeunes et l’intérim, puis, ce sera le tour de celui de la mobilité des jeunes, et après suivront ceux sur la santé mentale, l’orientation, la formation ou le logement d’urgence...Et nous avons décidé pour mettre en valeur ces D.S.E, de créer une collection que nous avons appelée «LES CAHIERS DE MA MISSION LOCALE» dans laquelle ils seront publiés.

Vous avez donc entre les mains le premier ouvrage paraissant dans cette collection, je vous invite à en prendre connaissance, à ne pas hésiter à échanger avec nous, à nous dire ce que vous en pensez, et pourquoi pas contribuer à votre manière à la mise en oeuvre d’une de nos préconisations

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Les cahiers de la Mission locale, c’est une collection que nous, petits poucets de l’insertion sociale et professionnelle des jeunes, créons aujourd’hui avec cet ouvrage, premier d’une longue série.

Ce diagnostic socio-économique (D.S.E) est une illustration de la démarche engagée par la Mission locale depuis plus d’un an, avec la décision de partir sur un fonctionnement profondément différent. L’équipe de la Mission locale est en train de devenir une équipe projet où tous font de l’ingénierie sociale, du montage et de la conduite de projets, pour répondre encore mieux aux attentes et aux réels besoins des jeunes.

Pour souder l’équipe et l’outiller, la Mission locale a travaillé avec Philippe LABBE, ethnologue et sociologue, qui a qualifié notre démarche d’ambitieuse et originale. Il la décrivait comme le moyen de construire la Mission locale de demain, celle du « 3ème type », après la phase pionnière dans les années 80 et 90, puis la phase institutionnelle dans les années 2000 et 2010.

Philippe a su motiver l’intégralité de notre petite équipe, intéresser les élus, et il a su faire ressortir nos compétences individuelles pour les mettre au service de la communauté.

Ce D.S.E, et ceux qui vont suivre, sont le fruit du travail mené ensemble. Ils montrent une nouvelle fois que nous, Missions locales, avons une expertise sur la situation, les besoins et les attentes des jeunes de nos territoires, et surtout que nous pouvons être force de proposition.

Il va cependant manquer un petit, ou un grand, quelque chose à cette publication, c’est le préambule qui devait être couvert de la prose de Philippe. Cela ne sera pas le cas, j’ai donc écrit ces quelques lignes qui n’ont aucunement l’intention de rivaliser avec ce que ce grand « Bonhomme de l’insertion des jeunes » aurait pu faire.

Ce premier ouvrage lui est donc dédié, comme le seront les suivants, car nous ne savons pas comment remercier cet homme de terrain, qui nous a fait profiter de toute son expertise et connaissance pour nous faire grandir

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Synthèse

Depuis plusieurs années, les formes particulières d’emploi (FPE), regroupant les emplois hors CDI, comme l’intérim, le CDD, l’apprentissage et les contrats aidés, sont de plus en plus utilisés pour faire face aux fluctuations du marché du travail.

Ces contrats sont souvent critiqués et mal perçus en raison de l’instabilité qu’ils peuvent entraîner. Cependant, ils comportent également des aspects positifs tels que la mise à l’emploi, l’acquisition d’expérience…

Les questionnements autour de ces contrats sont aussi nombreux que les avis sont divers et cela mériterait d’en explorer tous les contours. Bien que réducteur, nous ciblerons ici le domaine de l’intérim et plus précisément les impacts de ce dernier sur l’insertion professionnelle des jeunes de 16 à 25 ans qui sont accompagnés à la Mission locale.

Les parcours et les attentes des jeunes envers l’intérim sont multiples : une passerelle vers un emploi pérenne, une source de revenu ou un moyen pour se tester professionnellement. Les jeunes qui souhaitent travailler avec les agences d’emploi ont tous une raison, un but bien défini. Bien que chaque profil de jeune soit particulier, nous pouvons définir cinq types de jeunes ayant recours à l’intérim.

Le premier type de jeune utilise l’intérim avec une visée instrumentale dans le seul but de pouvoir financer une facture, un achat…

Diagnostic Socio-Economique - Les Jeunes et les Agences d’Emploi

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L’intérim est un moyen pour assouvir un besoin spécifique. Dès lors que la somme est réunie, ils ne renouvellent pas leur contrat. Il s’agit de jeunes ayant des qualifications et une bonne maîtrise des codes et usages de l’entreprise, ce qui leur permet de pouvoir être repris régulièrement par les agences d’emploi.

Une deuxième catégorie est celle des jeunes qui utilisent l’intérim pour se tester et s’orienter. Ce sont des jeunes qui sortent des études avec un niveau CAP ou BAC et qui, pour se tester professionnellement et acquérir des compétences, font différentes missions d’intérim. Ils peuvent ainsi valider les apprentissages acquis à l’école et mieux se connaitre quand ils sont face à un recruteur dans une entreprise. Cela peut aussi être des jeunes en reconversion professionnelle. En effet, sans expérience dans leur domaine professionnel, il leur est difficile de trouver un contrat stable. L’intérim leur offre alors une succession d’opportunités pour découvrir de nouveaux métiers, et acquérir de l’expérience avant de trouver un poste plus stable.

Troisième catégorie, celle des jeunes se servant de l’intérim comme d’une période transitoire. En attendant de trouver un contrat fixe, ils travaillent avec les agences d’emploi pour se faire de l’expérience, obtenir un revenu en attendant de trouver le poste qui pourrait leur convenir. Par ailleurs, les missions se déroulant généralement à la semaine, cela leur permet d’éviter la contrainte de l’engagement et ils peuvent se rendre disponibles rapidement pour une entreprise qui souhaiterait les embaucher à long terme. Évitant les périodes d’inactivité, ils travaillent tout en étant disponible pour un autre employeur. Il s’agit majoritairement de jeunes diplômés avec une première expérience professionnelle.

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Dans un registre similaire à la précédente, une quatrième catégorie est celle des jeunes pour qui l’intérim permet d’acquérir de l’expérience. Ce sont ceux qui sortent tout juste du système scolaire sans aucune expérience professionnelle. Sachant que la plupart des offres d’emplois qui se retrouvent aujourd’hui en ligne demandent un minimum d’expérience, ils ne peuvent pas répondre à cause de ce prérequis. L’intérim leur offre alors une réelle possibilité d’apprendre et de pouvoir, par la suite, prétendre à d’autres postes. S’ils ne pouvaient pas passer par cette voie pour faire leurs preuves, ils rencontreraient plus de difficultés pour trouver un emploi.

Enfin, la dernière et cinquième catégorie est celle des jeunes qui ont des diplômes très demandés sur leur bassin d’emploi. Pour ces jeunes, la pratique de l’intérim est bien différente. Leurs compétences sont recherchées par les agences d’emploi. Ainsi, leur but est de trouver le poste et l’entreprise qui puissent le mieux leur correspondre. Ils multiplient alors les expériences, les agences leur trouvent sans discontinuité des missions. Et lorsqu’une entreprise leur convient, ils signent généralement un CDI. Certes, ces situations ne sont pas courantes mais concernent tout de même une partie du public que nous accompagnons.

Il faut toutefois nuancer l’impact de l’intérim sur le parcours d’insertion des jeunes. Sur Tarare, le taux de chômage des jeunes est de 31,4 % alors qu’il est de 20,1 % au niveau national1. En même temps, les agences d’emploi sont constamment à la recherche de candidats. Il y a donc une inadéquation entre l’offre et la demande puisqu’il existe bien des jeunes qui sont à la recherche d’un emploi et qui n’en trouvent pas.

1http://www.journaldunet.com/management/ville/tarare/ville-69243/emploi

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Au-delà des pensées critiques qui réduisent ce constat à un penchant pour la fainéantise chez les jeunes, un manque d’investissement, une nouvelle génération..., il existe de vrais freins et difficultés qui empêchent les jeunes d’aller vers l’emploi, même en intérim.

Le premier frein est celui de la mobilité. Nous sommes sur un territoire rural avec peu de transports en commun, ou qui, du moins, ne sont pas en corrélation avec les horaires de travail des entreprises. Cette difficulté est plus souvent repérée dans les foyers à faible revenu. Les parents ne sont pas en capacité d’assumer financièrement le coût du permis de conduire. Dans le même temps, les jeunes ne peuvent se le financer sans avoir un emploi et, sans permis de conduire pour pouvoir être mobile, ils peinent à trouver un travail. Bien qu’il existe de nos jours différents moyens alternatifs tels que le co-voiturage ou l’autopartage, ce n’est pas toujours accepté par les employeurs. En effet, si la personne qui covoiture est absente, l’entreprise n’aura pas un, mais au moins deux salariés en moins. Ils privilégient donc les personnes ayant leur propre moyen de locomotion. Ainsi, à la Mission locale, se sont 70 % des jeunes actifs qui ne sont pas titulaires du permis de conduire.

Au-delà des difficultés de mobilité, il existe un autre frein qui permet de comprendre pourquoi certains jeunes ne sont pas en mesure d’aller vers l’intérim mais aussi vers l’emploi en général. Il s’agit des jeunes « empêchés ».

Cette dénomination regroupe celles et ceux qui rencontrent d’importantes et de multiples difficultés sur le plan personnel. La pluralité et la complexité de leur parcours impactent leur insertion professionnelle. Ce sont souvent des problèmes de santé (maladie, addiction…) ou de famille (rupture familiale, devant s’occuper des frères et sœurs…) que les jeunes doivent solutionner avant de pouvoir aller à l’emploi.

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Ce sont des profils qui sont capables de travailler, ils maîtrisent d’ailleurs souvent les codes de l’entreprise : cependant, ils ne peuvent pas s’impliquer dans leur poste car d’autres éléments viennent parasiter leurs journées.

Bien que l’intérim soit vecteur d’avancée pour certains jeunes, il ne faut pas oublier qu’il reste un contrat précaire. Ainsi, il ne permet pas, par exemple, de trouver un logement pour lequel il est souvent nécessaire de justifier d’une stabilité financière. Il en est de même pour l’obtention d’un crédit dans l’optique d’acheter un véhicule. L’intérim ne constitue pas une garantie suffisante pour les banques ce qui peut rendre plus difficile l’accès à l’autonomie. Et, il est alors nécessaire d’avoir des garants pour accéder à un logement ou un crédit, ce que le cercle familial précaire de beaucoup de jeunes ne permet pas.

Enfin, de nombreuses études récentes nous alertent sur le « chômage de rotation », en d’autres termes cette succession de périodes actives et inactives, qui, au bout d’un certain temps et dans la mesure où, – règle de systémie - tout système tend naturellement à la désorganisation, voit les périodes actives se réduire et celles inactives se dilater… Il est donc important et nécessaire de mettre en œuvre différentes actions pour accompagner au mieux les jeunes dans leur parcours d’intérim afin qu’ils puissent en tirer profit.

À l’issue de ce diagnostic plusieurs préconisations sont faites.

Première d’entre elles : nous proposons de travailler sur la féminisation de l’intérim via des rencontres entre femmes salariées en intérim et jeunes femmes accompagnées par la Mission locale. Cela permettra de réduire les a priori et peut-être d’ouvrir de nouvelles orientations professionnelles.

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Deuxième préconisation : renforcer la communication spécifique « agences d’emploi ». Les jeunes connaissent relativement bien ces agences. Cependant, ils ne savent pas toujours comment elles fonctionnent, comment candidater, quels types de postes elles peuvent proposer ou ce qu’elles font (formation, CDI intérimaire…). Cette communication pourra se faire sous la forme de flyers destinés aux jeunes, de formations des conseillers Mission locale, mais devra aussi s’appuyer sur des actions innovantes et correspondant aux attentes des jeunes, montées et imaginées avec les agences d’emploi.

Troisième préconisation : le renforcement du parcours d’accompagnement vers et dans l’intérim. Dès lors qu’un jeune démarre une mission d’intérim, il serait constructif que le conseiller puisse en être informé. Cela permettrait d’essayer d’anticiper les problématiques qui pourraient apparaître et de trouver ensemble, jeunes, Mission locale et agences d’emploi, des solutions en amont. Développer ce type d’accompagnement permettrait de solidifier les parcours et de pouvoir les stabiliser. Pour ce faire, la Mission locale a commencé à établir un projet en partenariat avec les agences d’emploi dans lequel sera inclus une partie sur le permis de conduire pour pallier à un autre frein.

Enfin, les conseillers de la Mission locale doivent être sensibilisés aux prérequis, aux codes et usages, qu’il faut avoir assimilé pour réussir dans l’intérim, ce qui n’est pas évident pour certains des jeunes que nous accompagnons. Ils pourront ainsi leur donner toutes les informations sur les difficultés qu’ils pourraient rencontrer afin que les jeunes puissent prendre la mesure de la situation et mettre en œuvre, au préalable, différentes actions et recherches pour poursuivre positivement leur parcours.

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En conclusion, quelle que soit la situation du jeune et quelles que soient ses attentes envers l’intérim, cette forme d’emploi est un véritable outil permettant au jeune de progresser dans son insertion professionnelle.

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I. Jeunes et Intérim 1) L’intérim à visée instrumentale 2) L’intérim pour se tester et s’orienter 3) L’intérim comme période transitoire

4) L’intérim pour acquérir de l’expérience

5) L’acquisition de compétences, les serials workers II. Les agences d’emploi

1) Les contraints par la mobilité 2) Les empêchés

III. Les actions de la Mission locale en faveur de l’intérim IV. Conclusion et préconisations

Synthèse générale Les préconisations

1) Contribuer à la féminisation de l’intérim

2) Améliorer la communication sur les agences d’emploi

3) Mettre en place un parcours d’accompagnement vers et dans l’intérim - option mobilité

4) Vigilance sur l’accompagnement Sitographie

18 20 22 24 25 25 28 33 34 38 40 40 41 41 42 43 46 49

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Introduction

La Mission Locale Rurale Nord-Ouest Rhône (MLRNOR)2, association de loi 1901, accueille et accompagne les jeunes déscolarisés âgés de 16 à 25 ans sur les champs de l’emploi, la formation, la mobilité, la santé, le logement…

Nous intervenons sur un territoire principalement rural. Forte de plus de 25 ans d’expérience, la Mission locale propose aux jeunes un accompagnement global pour leur permettre de devenir autonomes sur le plan social et indépendant sur le plan professionnel. Dépendants du contexte économique, social et territorial, nous sommes amenés à composer avec différentes problématiques, et à les prendre en compte pour accompagner les jeunes.

Au niveau de l’emploi, qui est l’une de nos activités principales, notre territoire est particulièrement touché par le chômage, notamment celui des jeunes.

Ainsi, à Tarare, 31,4 %3 des jeunes sont des demandeurs d’emploi inscrits au chômage contre 20,1 %4 au niveau national. Nous avons cependant des entreprises qui recrutent, et, notamment, des agences d’emplois qui cherchent régulièrement des candidats, agences avec lesquelles, nous avons signé des partenariats. Cependant, malgré ce besoin important de recrutement et un nombre important de jeunes au chômage, il n’est pas toujours simple de faire se rencontrer l’offre et la demande.

2Site de la Mission locale Rurale Nord-Ouest Rhône, http://missionlocale.org/

3Journal du Net, 2015, source INSEE, http://www.journaldunet.com/management/

ville/tarare/ville-69243/emploi

4Site INSEE, https://www.insee.fr/fr/statistiques/3598305

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Ce constat, met en évidence un double questionnement : dans quelle mesure les jeunes sont présents dans les effectifs des agences d’emploi, et quels sont les facteurs qui peuvent permettre à ces jeunes de participer à la réponse aux besoins de recrutement des entreprises tout en accédant à l’emploi ? En d’autres termes, comment satisfaire l’offre et la demande en même temps.

Dans la perspective d’améliorer notre offre de service au sein de la Mission locale, afin d’amener les jeunes vers l’emploi, nous allons tenter de répondre à cette question, en interrogeant différents partenaires et jeunes dans le but de concevoir et mettre en place des projets et actions opérationnels.

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I. Jeunes et Intérim

Les jeunes de la Mission locale en recherche d’une mission en intérim, qui sont-ils et que cherchent-ils ?

Sur la Région Auvergne Rhône-Alpes, les moins de 25 ans représentent 38

% des salariés intérimaires soit plus d’un tiers des effectifs. Ils sont 27 % pour les 25-34 ans et 36 % pour les plus de 35 ans5. Les jeunes sont donc la cible principale des agences d’emploi. Il semblerait que l’intérim pour les jeunes, en tout cas pour certains types de jeunes, puisse être une première étape du parcours professionnel. L’intérim permet l’accès rapide à un emploi pour les jeunes dont le profil peut correspondre aux attentes des agences. Vouloir s’en tenir à une hypothèse adéquationniste est insuffisant.

Mais qui sont ces jeunes et quel est leur profil ? Si nous pouvons imaginer que pour certains jeunes, l’intérim constitue une voie pertinente d’accès à l’emploi pérenne, qu’il est en quelque sorte une marche vers la stabilité professionnelle, pour d’autres jeunes, ne serait-il pas une situation toujours précaire ne leur permettant pas d’aboutir à la stabilité ? Par exemple, l’accès au logement autonome est difficile pour les jeunes s’ils ne sont pas en mesure de démontrer une régularité de leurs ressources financières. De plus, de nombreuses études ont alerté sur le « chômage de rotation », en d’autres termes, sur cette succession de périodes actives et inactives qui, au bout d’un certain temps et dans la mesure où – règle de systémie - tout système tend naturellement à la désorganisation, voit les périodes actives se réduire et celles inactives se dilater…

5OIR, Chiffres clés de l’intérim, http://chiffres-cles.observatoire-interim-recrutement.

fr/par-region/84/salaries-interimaires/caracteristiques

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Pour répondre à ces questions, je me suis appuyée sur mon expérience de l’accompagnement des jeunes ainsi que sur celle de mes collègues afin d’avoir une vue d’ensemble de la typologie de ces jeunes et de ce qu’ils attendent de l’intérim.

Pour les jeunes, l’intérim à une image ambivalente. Une partie d’entre eux le voit comme une façon rapide d’accès à l’emploi, d’obtenir des contrats sans avoir besoin de faire une candidature. C’est pour eux un moyen efficace pour obtenir un revenu quand ils en ont besoin. A contrario, certains jeunes ont une opinion plutôt négative de l’intérim. Ils n’ont pas toujours connaissance des raisons pour lesquelles une mission se termine de façon anticipée ou ignorent pourquoi ils ne sont pas recontactés par la suite pour d’autres contrats. Ils peuvent attendre plusieurs mois si une agence ne les rappelle pas avant de la recontacter, car ils sont persuadés que l’agence d’emploi va leur trouver une nouvelle mission sans qu’ils aient besoin de se manifester.

C’est par exemple la situation de Jawad6: Il a effectué un contrat en intérim de deux semaines qui n’a pas été renouvelé. N’en ayant pas eu les raisons, il a continué d’espérer avoir un contrat, ne travaillant pas sur d’autres pistes, dans le cas où il serait sollicité par cette agence d’emploi. Il est resté dans cette situation trois mois avant de comprendre qu’il lui fallait multiplier les candidatures pour trouver un emploi.

Au niveau du genre, le public qui veut travailler en intérim est essentiellement masculin et peu qualifié. Par contre, du côté de ceux qui émettent des avis plutôt critiques il s’agit tout autant d’hommes que de femmes. Les femmes ont l’impression de ne pas avoir leur place dans les emplois proposés par les agences.

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Elles ne comprennent parfois pas pourquoi elles ne sont pas positionnées sur des postes alors qu’elles pensent pouvoir les occuper. Par exemple, en manutention, beaucoup d’entre elles sont capables de porter des charges lourdes mais ce sont des postes réservés, par principe, aux hommes. Du coté des hommes, les critiques envers l’intérim viennent de ceux qui ont peu d’expérience professionnelle et sont sans qualifications. Ce sont majoritairement ceux qui ne maîtrisent pas les codes et usages dans les entreprises et qui ne comprennent pas les prérequis posés comme conditions indispensables par l’agence d’emploi et par l’entreprise d’accueil pour pouvoir être repris : les codes et usages ne sont pas appris suffisamment vite.

Les jeunes comptent beaucoup sur les agences d’emploi pour leur trouver une mission mais force est de constater que ce n’est pas toujours le cas. Avec d’un côté le jeune, avec ses compétences et, d’un autre côté, le client avec les besoins et les exigences des agences, il peut être difficile, voire risqué, pour les agences d’emploi de proposer des contrats d’intérim aux jeunes accompagnés par la Mission locale.

Même si les enjeux de l’intérim sont différents selon les jeunes, qui ont des parcours, des situations et des projets très divers, nous avons définis cinq types de relation entre les jeunes et le travail intérimaire.

1) L’intérim à visée instrumentale

Au cours de mes rencontres et échanges avec les jeunes dans le cadre de ce questionnement, j’ai eu l’opportunité de découvrir une nouvelle consommation du travail : accepter un contrat en vue d’avoir un revenu pour un besoin particulier.

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C’est ainsi le cas pour Emmanuel et Alice : après avoir eu une importante période d’activité, ils se sont ouvert des droits à l’ARE7. Cette allocation leur permet de vivre simplement mais pas de mettre de l’argent de côté. Aussi, lorsqu’ils ont une facture à payer, une réparation sur leur voiture ou des projets de voyage, achat de meubles… ils recherchent un contrat en intérim qui leur assurera un salaire suffisant pour financer ce dont ils ont besoin.

Ces jeunes ne voient pas le travail comme un accomplissement, ni comme un besoin, mais plutôt comme un moyen ou un outil. Leur but principal dans la vie n’est pas d’avoir une situation d’emploi stable avec un revenu en conséquence mais de vivre simplement, sans contrainte et de pouvoir faire ce qu’ils veulent quand ils le veulent. Les missions d’intérim deviennent alors le moyen le plus simple pour eux d’y arriver. Ces contrats sont relativement courts, généralement à la semaine. Ils peuvent ainsi adapter leur temps de travail en fonction des revenus dont ils ont besoin. Ce sont également des jeunes qui ne montrent pas ou peu d’engagement, d’implication dans la vie de l‘entreprise où ils travaillent.

Ces jeunes que j’ai pu rencontrer ont les compétences et les codes nécessaires pour travailler pour une agence d’emploi. Ils sont qualifiés dans un domaine précis, sont ponctuels et les entreprises sont satisfaites du travail qu’ils peuvent accomplir. Ils n’ont donc pas de difficultés à retrouver des missions dans les entreprises qu’ils connaissent déjà ou à se faire recruter par de nouvelles agences. Ils connaissent et maîtrisent les attentes de chacune des parties, agence ou entreprise, et savent les exploiter dans leur intérêt.

7Allocation d’Aide au Retour à l’Emploi versée par Pôle Emploi.

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Cette nouvelle catégorie de jeune m’était totalement inconnue jusqu’alors.

Après différentes recherches, il apparait que ce processus d’emploi devient fréquent.

Le courant de pensée actuel qui prône le bien-être, la liberté et le respect de la nature, de l’environnement conduit à cette nouvelle façon de « consommer

» le travail. En effet, le travail n’est plus une fin en soi ni un aboutissement de soi. Avec cette nouvelle conception du travail et de sa finalité, obtenir une mission en intérim pour pouvoir assouvir un besoin (achat d’une machine à laver, réparation de voiture…) devient la norme.

2) L’intérim pour se tester et s’orienter

L’intérim permet aussi à des jeunes généralement diplômés (CAP ou BAC) de tester leurs compétences, de savoir ce qu’ils valent sur le terrain et de trouver quel type de poste peut leur convenir.

À la sortie de l’école, sans avoir fait l’expérience d’un emploi, il est difficile de candidater sur des postes qui demandent des compétences et aptitudes particulières car ils sont en concurrence avec des personnes qui sont en poste depuis plusieurs années. Pour ces jeunes qui souhaitent mieux se connaitre sur le plan professionnel, les missions en intérim sont une aubaine. À partir du moment où leur diplôme peut correspondre aux postes proposés par les agences d’emploi, une succession de missions va leur permettre d’avoir une première vraie expérience.

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Ainsi, selon une étude du Prisme8, la moitié des jeunes utilisant l’intérim pour se tester obtiennent un CDI ou CDD de plus de 6 mois dans les deux ans qui suivent leur première mission. Ces jeunes s’en sortent bien avec l’intérim, acquièrent de l’expérience qui leur permet par la suite de trouver un poste dans une entreprise qui leur convient.

L’intérim n’est donc plus un vecteur de précarité dans cette situation mais plutôt une réponse à un besoin, et peut être considéré comme un élément majeur de construction de la vie professionnelle d’un jeune.

Entrent également dans ce champ, les personnes qui souhaitent entamer une reconversion. Toujours d’après cette même étude, l’intérim permet chaque année à 16 % des jeunes de partir professionnellement vers une autre voie que celle de leur formation initiale. Pour ceux qui sont accompagnés par la Mission locale, ce pourcentage peut correspondre aux jeunes qui ont obtenu un diplôme, généralement de niveau CAP ou Bac Pro qui ne correspondait pas à leurs aspirations professionnelles. C’est ainsi la situation qu’a vécu Jean9. Titulaire d’un CAP Maçonnerie qu’il n’a pas choisi (lycée proche du domicile familial et volonté des parents plus que du jeune), il souhaitait découvrir d’autres métiers, toujours dans le bâtiment pour trouver sa place. L’intérim lui a permis d’occuper différents types de postes et notamment celui de carreleur. C’est cette mission qui fut pour lui une révélation. Il a ensuite repris une formation dans un domaine qui lui plaisait et est aujourd’hui en CDI dans une entreprise qui lui correspond.

8 Le Figaro, L’intérim, un bon moyen d’insertion pour les jeunes, 4 Octobre 2011.

https://www.lefigaro.fr/emploi/2011/10/04/09005-20111004ARTFIG00659-l-interi- mun-bon-moyen-d-insertion-pour-les-jeunes.php.

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3) L’intérim comme période transitoire

Qu’ils soient qualifiés ou non, les jeunes qui entrent dans cette catégorie ont besoin de travailler quelles qu’en soient les raisons. Réaliser une mission d’intérim est souvent plus simple et plus facile que de décrocher un CDD ou un CDI classique. Le jeune n’a pas besoin d’envoyer son CV, sa lettre de motivation, d’attendre pour passer un entretien, et d’attendre encore une éventuelle réponse, ce qui peut prendre plusieurs semaines. Alors qu’a contrario une fois que l’inscription sur le site de l’agence d’emploi est faite, il est possible que le jeune soit contacté dans la semaine pour travailler dans la foulée.

Alors, dans l’attente d’avoir un contrat plus pérenne, de passer des entretiens ou d’envoyer ses candidatures, l’intérim intervient comme une phase de transition. J’ai eu l’opportunité d’échanger avec Julien10 à ce sujet : Il est sorti de son Bac Pro Electricité en Juin 2018. Il s’est directement tourné vers les agences de travail temporaire pour avoir rapidement un emploi. En même temps qu’il effectuait des missions en intérim, il envoyait ses candidatures à plusieurs entreprises et passait des entretiens. En Novembre 2018, il a décroché un CDI dans une entreprise spécialisée en électricité industrielle.

C’est, en effet, un autre des avantages de l’intérim. Les contrats étant généralement renouvelés à la semaine, les jeunes peuvent ainsi éviter les contraintes liées à l’engagement et peuvent se rendre rapidement disponibles si une entreprise leur propose un poste.

Le nom du jeune a été modifié afin de préserver son anonymat.

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4) L’intérim pour acquérir de l’expérience

Les offres d’emplois que l’on peut trouver demandent, en règle générale, une expérience dans le poste. Mais, un jeune qui vient de sortir du système scolaire ou qui est en réorientation professionnelle, peut difficilement répondre à ces critères.

C’est en cela que les agences d’emploi sont un atout. Elles recrutent des candidats sans forcément demander de l’expérience, ce qui permet à ces jeunes de pouvoir commencer leur parcours professionnel. L’intérim leur offre la possibilité d’accéder à un poste, d’acquérir de l’expérience sur différents aspects, bien évidemment sur le poste occupé mais également sur les méthodes de travail, l’organisation du travail et d’une entreprise, les logiciels…

L’intérim leur permet de monter en compétence sur les codes et usages en entreprises qui sont une valeur essentielle du travail et qui ne peuvent pas être acquises autrement.

Occuper différents postes en intérim, dans différentes entreprises, permet également à ces jeunes de pouvoir développer leur capacité d’adaptation aux fonctionnements de l’entreprise.

Tous ces facteurs et acquisitions de compétences sont de véritables atouts pour, par la suite, trouver plus facilement un emploi.

5) L’acquisition de compétences, les serials workers

Pour certains jeunes, l’intérim est un véritable tremplin vers l’emploi. Les missions successives s’inscrivent dans un véritable parcours d’acquisition de compétences.

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Nous avons l’occasion en Mission locale de rencontrer ce profil de jeune. J’ai ainsi pu questionner Vale11 à ce sujet. Titulaire d’un BTS CRCI12 il est arrivé il y a 4 ans dans le Rhône. Ne connaissant pas les entreprises du secteur et leurs spécificités, il a souhaité travailler en intérim pour pouvoir en « tester » plusieurs et savoir où candidater par la suite. Ainsi, au travers de ses différentes missions, il a eu l’occasion de découvrir les entreprises et les domaines sur lesquelles elles étaient positionnées. Ces différents contrats lui ont également permis d’acquérir ou de confirmer ses compétences. Il avait la possibilité de choisir entre plusieurs missions et a même dû en refuser certaines. Il n’avait pas besoin de relancer les agences, ce sont elles qui le contactaient à chaque fois. Après 1 an et demi, il a candidaté à l’offre de l’une de ces entreprises et a pu signer un CDI. Les agences d’emploi continuaient de le contacter même après la signature de son CDI.

Pour ce jeune comme pour d’autres, l’intérim a été une solution transitoire durant laquelle il a pu identifier les spécificités des entreprises du territoire et

« choisir » l’entreprise dans laquelle il est actuellement en CDI. Son diplôme n’y est pas pour rien dans son parcours en intérim. Les agences d’emploi rencontrent des difficultés à répondre aux demandes des entreprises qui recherchent du personnel qualifié. Par conséquent, dès qu’un candidat remplit ces critères, il est plutôt facile pour lui de trouver des missions, notamment dans le domaine de l’Industrie qui est l’un de ceux qui recrute le plus sur notre territoire. Enfin, ayant le permis de conduire et un véhicule personnel, il était facile pour lui de se rendre sur les différents lieux de travail.

11Le nom du jeune a été modifié afin de préserver son anonymat.

12Brevet de Technicien Supérieur en Conception et Réalisation en Chaudronnerie Industrielle.

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Il faut admettre que ce type de situation reste à la marge et est lié à des qualifications rarement disponible longtemps sur le marché du travail. Mais, par exemple, sur notre territoire, nous avons de nombreuses entreprises dans le secteur de la métallurgie. De ce fait, des jeunes ayant des diplômes plutôt communs tels que soudeur, chaudronnier… peuvent faire ce type de parcours en intérim. Les agences ont besoin de ces profils très demandés, cela permet aux jeunes de découvrir des entreprises, d’acquérir de nouvelles compétences pour pouvoir, à terme, être embauchés à long terme.

L’ensemble des jeunes que nous accompagnons ne rentrent pas tous dans ces cinq typologies, et il en est de même pour les jeunes qui ne viennent pas en Mission locale. Mais de pouvoir constituer des groupes avec des caractéristiques relativement homogènes spécifiques peut nous permettre d’identifier leurs différences, leurs potentialités, leurs attentes et leurs besoins.

Et, c’est dans la foulée, qu’il va être de notre responsabilité de proposer des actions pour aller vers une adéquation entre les fameuses offres et demandes, en nous appuyant sur des thématiques concrètes comme la mobilité, la professionnalisation, l’accès des femmes à l’intérim…

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II. Les agences d’emploi

L’opération de « travail intérimaire » consiste à mettre, à la disposition provisoire d’entreprises clientes, des salariés qui, en fonction d’une rémunération convenue, sont embauchés et rémunérés à cet effet par l’entreprise de travail intérimaire (ou « entreprise de travail temporaire »). Elle se caractérise donc par une relation triangulaire entre l’entreprise de travail temporaire, l’entreprise cliente et le salarié, et implique la conclusion de deux contrats : un contrat de mise à disposition (entre l’entreprise de travail temporaire et l’entreprise cliente) et un contrat de mission (entre l’entreprise de travail temporaire et le salarié)13. Il faut noter ici que le travail intérimaire correspond à ce que l’on nomme les « FPE » (Formes Particulières d’Emploi) dérogatoires au droit commun, qui reste en France et malgré les évolutions récentes le CDI (Contrat à Durée Indéterminé)14.

Dans le cadre d’un accord régional mis en place entre les agences d’emploi (anciennement appelées « Agences d’Intérim ») et les Missions locales, nous sommes en partenariat étroit avec les agences de notre territoire. Cette convention vise à développer des actions communes pour aider les jeunes à accéder à un emploi et à les maintenir dans leur poste en poursuivant l’accompagnement en Mission locale. Dans le cadre de ces conventions, la Mission locale s’engage à inviter les agences aux actions qu’elle met en place en amont, à préparer les jeunes à l’emploi et à orienter des jeunes vers l’intérim en fonction de leur projet professionnel ou de vie.

13INSEE, https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1669

14Dans les FPE on retrouve l’intérim, le CDD, l’emploi aidé, le temps partiel contraint… soit 9 embauches sur 10… et cela demeure des formes « particulières »

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De leur côté, les agences d’emploi participent à l’étoffement de notre offre de service, préparent avec nous les jeunes à l’intégration dans l’emploi, proposent des offres aux jeunes de la Mission locale, mobilisent les aides du FAFTT et FASTT pour aider les jeunes à aller vers et dans l’emploi15.

Ainsi, nous travaillons en partenariat avec 11 agences, qui sont implantées sur l’ensemble de notre secteur. Au-delà de ces conventions, nous sommes en lien avec d’autres agences, situées hors de notre territoire, sur Lyon ou dans la Loire, qui font régulièrement appel à nous pour trouver des jeunes disponibles pour un emploi à pourvoir. Nous avons donc des relations privilégiées avec un total de 18 agences d’emploi.

15 En annexe, une copie vierge de la convention de partenariat entre les agences d’emploi et la Mission locale.

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Liste des agences d’emploi sur notre territoire

Agences signataires de la convention

Manpower Tarare

Leader Intérim Tarare

Adecco Tarare

Randstad L’Arbresle

Adecco L’Arbresle

Manpower Cours la Ville

Randstad in House Savigny Randstad in House Marcy l’Étoile

Supplay Villefranche

Randstad in House Panissières

GI Group Lyon

Agences partenaires

AproJob Thizy les Bourgs Triangle Intérim Lyon

Ergalis Selpro Pontcharra

Start People Civrieux d’Azergues

Crit L’Arbresle

Proman L’Arbresle

Corome L’Arbresle

Workeo Monistrol sur Loire

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Pour s’inscrire auprès de ces agences, le jeune doit aller directement en ligne sur les sites internet de chacune d’entre elles. Si son profil peut correspondre à un besoin d’une entreprise, il est ensuite contacté pour un rendez-vous en agence afin de compléter son dossier et apporter les documents nécessaires à la conclusion de l’embauche.

Que ce soit au niveau local ou national, les agences d’emploi ont de nombreuses offres à pourvoir et peinent à trouver des candidats. Nous pouvons d’ailleurs observer que traditionnellement, le secteur industriel, très présent sur Tarare, recourt de façon constante à l’intérim (23 % des contrats de travail contre 7 % pour le reste des secteurs16). J’ai eu l’opportunité de rencontrer plusieurs chargés de recrutement pour échanger à ce sujet.

Synthèse d’entretiens auprès de quatre chargé(e)s de recrutement de quatre agences d’emploi différentes :

Depuis maintenant plusieurs années, les entreprises rencontrent des difficultés de recrutement. Les candidats ne sont pas formés sur le type de poste proposé et les entreprises ont des attentes de plus en plus fortes pour les candidatures en termes de qualification, de mobilité. Fortes de leurs expériences et de ce constat, les agences d’emploi travaillent en partenariat étroit avec les entreprises pour leur expliquer la réalité des demandeurs d’emploi. Suite à cela, certaines entreprises ont revu leurs exigences à la baisse et demandent principalement aux candidats de maîtriser au moins les codes et usages en entreprises, à savoir la ponctualité, la capacité à travailler en équipe et le respect des consignes.

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Cette maîtrise de compétences cognitives (savoirs), instrumentales (savoir- faire) et comportementales (savoir-être), est plus particulièrement demandée, voir impérativement requise, pour les postes peu qualifiés.

Afin d’aider les entreprises et les candidats, les agences d’emploi ont plusieurs outils à leur disposition. Elles mettent en place des formations selon les besoins des entreprises pour les futurs salariés. En pratique, si une entreprise a besoin d’un manutentionnaire possédant les CACES, l’agence est en mesure de former une personne pour répondre à cette demande.

De plus, afin d’attirer les candidats potentiels et se détacher de l’idée de travail précaire, les agences d’emploi peuvent désormais proposer des CDI Intérimaires. Les personnes sont salariées de l’agence qui s’engage à leur trouver des postes en continu sur des types de métiers négociés ensemble en amont. Ces différentes mesures permettent de faciliter la mise en relation des personnes et des entreprises.

En ce qui concerne le type de poste ou les secteurs qui recrutent, l’intérim recouvre l’ensemble de l’activité économique au niveau national. On peut trouver des agences spécialisées dans le social, le médical, le BTP… Sur notre territoire, les offres se trouvent majoritairement (et logiquement) dans les domaines de l’industrie, de la logistique et de la grande distribution. Ces postes qui ne nécessitent pas forcément de qualifications, peuvent être un outil d’intégration de jeunes sur le marché du travail. Il semblerait donc qu’il soit relativement facile de trouver un emploi en intérim sur notre secteur pour les jeunes non qualifiés. Cependant, bon nombre des jeunes que nous accompagnons ne parviennent pas à être recrutés par les agences d’emploi.

Nous pouvons donc en déduire qu’il existe d’autres freins qui empêchent l’accès des jeunes au travail temporaire.

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Les difficultés d’accès à l’intérim peuvent être nombreuses mais deux facteurs principaux peuvent l’expliquer.

1. Les contraints par la mobilité

Une des difficultés, et non des moindres, que rencontrent ces jeunes est l’absence de mobilité, très prégnante sur notre territoire notamment caractérisé par sa ruralité. Tout d’abord, en terme matériel, plus des deux tiers des jeunes de notre territoire n’ont pas le permis de conduire.

Chiffres tirés de notre logiciel I-Milo sur la part des actifs au 12 Décembre 2019.

17

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Le permis est l’une des conditions nécessaires, voire indispensables, pour accéder à un emploi sur notre territoire, que ce soit pour travailler avec les agences d’emploi, ou avec les entreprises directement.

Elles ont besoin d’avoir la garantie que les salariés peuvent venir sur le lieu de travail sans dépendre d’un collègue, ou des transports en commun, afin d’éviter les retards et limiter les absences. Au travers de notre accompagnement, nous pouvons aider les jeunes à financer leur permis de conduire. Nous nous rendons cependant compte que ce permis ne fait pas tout, il existe également un frein lié à la mobilité géographique. Nous recevons fréquemment des jeunes qui ne souhaitent pas travailler ailleurs que sur leur zone d’habitation.

C’est par exemple le cas de Thibaut18 résidant sur le Nord de notre territoire.

Après avoir quitté le domicile familial pour prendre son autonomie, il s’est finalement installé sur la même commune, rurale et isolée, où sa famille habite, et y recherche un emploi. Bien que conscient qu’il y a peu de recrutements possibles, il ne se sent pas capable de chercher un poste plus éloigné. Cela est dû à la peur de l’inconnu, le manque de déplacement lorsqu’il était encore avec sa famille… Pour lever ce type de frein, la Mission locale organise régulièrement des sorties hors du territoire pour leur faire découvrir les différents transports en commun et lutter contre les idées reçues.

2. Les empêchés

Pour une partie des jeunes que nous accompagnons, que nous appelons les

« empêchés19 », la pluralité et la complexité de leur parcours personnel impacte leur insertion professionnelle à tel point que, même si nous parvenons à

18Le nom du jeune a été modifié afin de préserver son anonymat.

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trouver des solutions pour lever des freins, il y a toujours une difficulté supplémentaire qui vient stopper les actions mises en place.

Ce sont des jeunes qui doivent bien souvent gérer des urgences vitales avant de pouvoir accéder à un emploi et y rester. Le logement ou plutôt l’absence de logement, est un bon exemple. Un jeune sans domicile fixe, nous pouvons lui trouver un emploi, mais il ne pourra pas s’y maintenir car il mettra toute son énergie disponible et toute sa motivation dans sa recherche de logement, ce qui est très compréhensible. Il ne peut pas, et c’est tout à fait humain, être dans la démarche de se dire que c’est en ayant un emploi, et donc des revenus, qu’il pourra arriver à mettre un toit au-dessus de sa tête. La santé est également un élément perturbateur important dans l’insertion de ces jeunes. Des problématiques importantes dans ce domaine, les concernant eux directement ou impactant un proche vont faire qu’ils ne seront pas en possibilité de travailler, ou incapable de rester dans un emploi.

Et de plus en plus souvent nous repérons des jeunes avec des problèmes de santé importants. Par exemple, Pierre20, qui a des douleurs au dos, qui nous indique ne plus pouvoir travailler, parce qu’il doit être soigné au préalable mais il n’a pas de ressources pour rencontrer des spécialistes. Il en est de même lorsqu’il faut s’occuper d’un proche malade, la recherche d’emploi n’est alors plus prioritaire.

Les jeunes qui rencontrent des difficultés d’ordre psychologique qui nécessitent un gros travail en amont rentrent également dans cette catégorie des « empêchés ». Comme par exemple des jeunes qui ne parviennent pas à mener deux projets en même temps : passer son permis de conduire et avoir un emploi, rechercher un stage et rechercher un logement autonome…

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Au cours des accompagnements que j’ai pu réaliser, j’ai rencontré Méline21, qui, avec son allocation Garantie Jeunes, souhaitait se faire tatouer. Ce projet lui tenant à cœur depuis longtemps, elle a pris rendez-vous pour le mois d’après. Tant qu’elle n’a pas été tatouée, elle était dans l’incapacité de chercher un stage, un emploi ou de faire différentes démarches redoutant que cela ait un impact sur son futur rendez-vous.

Cette situation est effectivement en marge et quelque peu hors norme, néanmoins elle reflète bien les difficultés qu’éprouvent ces jeunes. Ils ont une temporalité différente de la nôtre, ne parviennent pas à s’organiser dans le temps.

Au-delà de toutes ces difficultés qui doivent être prises en compte, travailler avec les agences d’emplois peut être un véritable tremplin vers l’embauche22. Parce qu’il est plus facile de décrocher un contrat en intérim qu’un contrat plus classique directement avec une entreprise, ces missions sont clairement un moyen de mettre le pied dans le monde de l’entreprise et de se constituer une expérience professionnelle… Ce point est d’autant plus important qu’une des difficultés récurrentes pour accéder au marché du travail est l’inexpérience. Il faut avoir en tête que beaucoup d’entreprises recourent à l’intérim pour satisfaire un besoin ponctuel (« flexibilité ») mais que d’autres l’utilisent comme période d’essai. Si le besoin devient permanent ou si l’essai se révèle concluant, l’intérimaire a eu avec ses contrats précédents, tout le temps d’intégrer la culture de l’entreprise, de maîtriser ses process…

21Le nom du jeune a été modifié afin de préserver son anonymat.

22Robert HALF, 30 Septembre 2016, https://www.roberthalf.fr/blog/interim-vu-par-

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Enfin, en Région Auvergne Rhône-Alpes, les femmes sont sous représentées dans les agences d’emploi, comptant pour seulement 35 % des effectifs.

Les principaux secteurs d’intervention de l’intérim emploient aujourd’hui en majorité des hommes à savoir : l’industrie, la construction, le transport23 (ces domaines représentant 60 % des embauches en intérim). Il n’existe pas, sur notre territoire, d’actions en faveur de la féminisation et de la diversification de ces secteurs, alors que des politiques nationales incitent à mener des opérations pour faire évoluer les pratiques.

23OIR, Chiffres clés de l’intérim, http://chiffres-cles.observatoire-interim-recrutement.

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III. Les actions de la Mission locale en faveur de l’intérim

Une majorité des jeunes à la recherche d’un emploi que nous accompagnons veulent trouver un poste en intérim. Comme vu précédemment, ils espèrent avoir un poste mieux rémunéré que le SMIC et le trouver rapidement.

Afin de les aider dans ces démarches de recherches, nous organisons différentes actions avec les agences d’emploi de notre secteur. Au niveau de nos permanences, nous mettons en place des jobs dating de l’intérim au cours desquels les jeunes rencontrent des chargés de recrutement et peuvent trouver un poste qui leur correspond. Nous avons également, à raison de deux fois par an, une semaine d’action intitulée « Mission Localement Votre

» durant laquelle l’ensemble des agences d’emploi sont conviées à un Job Dating au siège de notre structure. Il est ouvert à l’ensemble des jeunes de notre secteur. Un Job Dating est un entretien de recrutement minuté, souvent plus informel qu’une rencontre classique dans les locaux de l’entreprise.

Lorsqu’un jeune vient nous rencontrer pour trouver un poste en intérim, nous l’accompagnons lors de son inscription en ligne et nous envoyons également son CV à l’ensemble des agences d’emploi partenaires afin de mettre en avant sa candidature.

Pour donner plus d’opportunités en termes d’emploi aux jeunes que nous accompagnons, les Missions Locales du Rhône ont mis en place un job dating départemental, « Job’à’Venir », qui a eu lieu pour la troisième fois en novembre 201924.

24Job’à’Venir, JobDating organisé par le Groupe Emploi Départemental (GED) des 12 Missions Locales du Rhône au Groupama Stadium.

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Ce regroupement a été l’occasion de réunir une quarantaine d’entreprises en recherche de candidat pour plus de 500 postes. Lors de ce forum, nous avions mis en place pour la première fois un pôle « intérim ». Présente à ce forum, j’ai pu constater que de nombreux jeunes sont allés à la rencontre des différentes agences qui ont répondu à notre invitation. Ce secteur intéresse les jeunes du fait des éléments vus plus haut. Par ailleurs, nombre d’entre eux sont repartis avec une mission d’intérim dans la semaine qui suivait l’évènement. Il semble donc important, voire même nécessaire de faire se rencontrer plus régulièrement les agences d’emploi et les jeunes afin de faciliter les recrutements.

Au regard de ces différents éléments, nous avons constaté qu’il est difficile de faire coïncider l’offre et la demande mais qu’avec des actions spécifiques, les rapprochements peuvent être facilités. Nous nous posons cependant encore plusieurs questions, à savoir quels sont les avantages que les jeunes pensent vraiment tirer de l’intérim, quel est le profil des jeunes pour qui l’accès est facile et pourquoi, et quels sont les freins cachés que rencontrent les jeunes théoriquement prêts mais qui n’arrivent pas à accéder à l’intérim ? Dans la prochaine et dernière partie nous allons donc essayer de traiter ces problématiques en apportant des éléments de réponses et d’actions.

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IV. Conclusion et préconisations

Synthèse générale

L’intérim offre donc de multiples intérêts pour les jeunes. Les agences d’emploi sont clairement identifiées par ces jeunes, que ce soit pour avoir un revenu, se tester professionnellement ou obtenir un emploi plus facilement.

Demeurent néanmoins un certain nombre de difficultés qu’il est nécessaire d’identifier pour apporter des réponses et faciliter l’accès à l’intérim pour l’ensemble des jeunes accompagnés.

Les attentes des jeunes envers l’intérim dépendent du parcours et de la situation de chacun. Quels que soient les diplômes obtenus, l’expérience, la catégorie socio-professionnelle des parents, certains peuvent avoir envie de travailler en intérim, d’autres non. Comme nous l’avons vu, les motifs sont multiples : disposer d’un revenu, travailler sur son orientation, acquérir une expérience…

Les retours de ces expériences en intérim peuvent être soit positifs, soit négatifs. Pour certains, ces contrats permettent de gagner de la confiance en soi sur le plan professionnel, de découvrir une entreprise dans laquelle ils pourront évoluer, un poste sur lequel ils pourront s’épanouir… A contrario, d’autres jeunes, qui par exemple ne sont pas recontactés et ne savent pas pourquoi, peuvent se sentir dévalorisés du fait de ce manque d’information.

Vouloir travailler en intérim, solution de facilité pour certains, peut faire ressortir des freins tels que l’absence de mobilité, l’absence de diplôme, le manque de maîtrise des codes en entreprise… qui, quand ils se cumulent rendent l’accès à une mission plus compliqué et peuvent entrainer une difficulté à trouver un emploi. Par voie de conséquence, les jeunes ont

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Au regard des problématiques qui peuvent être engendrées par ce type de contrat précaire, il est important d’être vigilant à l’égard de ces publics les plus en difficultés. Il est nécessaire que nous puissions adapter notre accompagnement afin de les soutenir dans la construction de leur parcours.

Donner des informations sur les risques liés à l’intérim tel que le « chômage de rotation » ou le fait de devoir répondre du jour au lendemain à une proposition d’emploi peut permettre de limiter les difficultés et permettre de donner aux jeunes les clés pour qu’ils puissent tout mettre en œuvre dans la suite de leurs parcours professionnels. Ainsi, il est de notre responsabilité de proposer des actions pour travailler sur la mobilité, la professionnalisation, l’accès des femmes à l’intérim…

Les préconisations

1) Contribuer à la féminisation de l’intérim

Les femmes ne représentent que 35 % des salariés intérimaires. Ce constat se révèle être en opposition avec la mixité genrée qui s’opère sur la majorité des postes. Il est donc nécessaire de participer à cette évolution.

Pour se faire, il est possible d’organiser des rencontres entre des femmes en emploi sur des postes « masculins » et des jeunes femmes en recherche d’orientation. Cela leur permettrait d’avoir un nouveau regard ou une nouvelle approche des métiers. Ces jeunes pourront se rendre compte qu’un métier n’a pas de genre et qu’il est possible de tout faire.

Il serait pertinent de cibler des métiers spécifiques tels que la mécanique, l’industrie, la chaudronnerie ou encore les métiers du bois qui sont généralement très masculinisés et présents de façon importante sur notre

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Ces actions pourraient prendre la forme d’un forum café avec des temps d’échanges entre les personnes et suivi de visites et stages en entreprises pour les femmes qui souhaiteraient en apprendre davantage sur le métier ou les conditions de travail.

La Région Auvergne Rhône-Alpes est déjà engagée dans ce domaine, il serait également possible de mener des actions conjointes afin de toucher un maximum de public et, progressivement faire évoluer les mentalités.

2) Améliorer la communication sur les agences d’emploi

À la Mission locale, nous informons régulièrement les jeunes que nous accompagnons, en fonction de l’avancée de leur parcours d’insertion, sur les agences d’emploi. Cependant, nous n’avons que peu de communication précise à donner aux jeunes. Certains peuvent méconnaitre l’intérim, en avoir une mauvaise image, et de ce fait n’y pensent pas et ne le voient pas comme une étape dans leur parcours d’insertion professionnelle. Avec une communication plus formalisée, plus ciblée et plus adaptée, nous pourrions mieux mobiliser et informer ce public pour lui en faciliter l’accès et que ces jeunes s’en emparent.

Il serait pertinent de mettre en place un document regroupant l’ensemble des agences d’emploi de notre territoire avec leur logo, leur adresse et les contacts de l’agence. Les jeunes pourraient alors trouver plus facilement ces agences, les contacter au nom de la Mission locale. Ce document pourra être mis à l’accueil pour que chaque jeune puisse avoir l’information la plus fiable possible, mis en ligne sur notre site internet, et mis à la disposition des conseillers de la Mission locale.

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En ce qui concerne la communication qui peut être faite par les agences d’emploi, il est primordial d’informer les jeunes sur les plans de professionnalisation et les moyens qui peuvent être apportés par les agences, notamment par le biais du FASTT.

La communication faite par la Mission locale et par les agences d’emploi est importante pour pouvoir toucher un maximum de jeunes, cependant, les freins qui empêchent l’accès à l’emploi et donc à l’intérim ne vont pas disparaître pour autant et ils doivent être levés ou atténués pour favoriser l’accès à l’intérim des jeunes.

3) Mettre en place un parcours d’accompagnement vers et dans l’intérim – option mobilité

Quand des jeunes en difficulté parviennent à décrocher une mission en intérim, nous nous rendons compte que, dans la plupart des situations, ils sont en capacité de tenir l’emploi, de respecter les tâches qui leurs sont confiées…

Cependant, avec le temps, il y a toujours un facteur extérieur (mobilité, famille…) ou personnel (absence des codes…) qui vient compromettre la mission ou son renouvellement. J’ai pu échanger avec plusieurs jeunes à ce sujet et notamment Erwan25: Il ne possède pas le permis de conduire et habite dans un village sans transports en commun. Il a trouvé une mission en intérim où il pouvait se rendre en co-voiturage avec un voisin. Cependant, au bout de 2 semaines, son voisin a été en panne de voiture et ne pouvait plus l’accompagner. De ce fait, il n’a pas pu continuer sa mission. Erwan ne maîtrisant pas suffisamment les codes et usages dans les entreprises, n’a pas pris la peine d’avertir l’agence d’emploi et l’entreprise. De ce fait, il a été « blacklisté » par l’agence qui ne l’a jamais recontacté.

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Avec du recul, il apparait qu’il ne savait pas comment expliquer sa situation et avait peur du retour de son employeur, il a donc préféré fuir cette situation.

Nous nous sommes rendus compte, lors d’échanges entre conseillers, qu’il n’est pas rare que des jeunes que nous accompagnons se retrouvent dans cette situation. Il faudrait renforcer le lien entre le conseiller Mission locale et l’agence d’emploi pour pouvoir accompagner le jeune dans ces situations particulières. Par exemple, dans le cas cité précédemment, si nous avions eu connaissance rapidement de l’absence du jeune, nous aurions alors pu le recontacter, faire un point et essayer de trouver une solution en collaboration avec l’agence pour consolider ce retour à l’emploi.

Ces situations sont également le reflet d’une méconnaissance des codes et usages qui s’appliquent en entreprise. Cet apprentissage ne se fait pas ou peu à l’école, c’est au cours des rencontres qu’ils font, par des échanges avec leurs proches et surtout par des immersions en entreprise que ces jeunes peuvent commencer à maîtriser ces savoirs. Et c’est en concomitance avec ces auto-apprentissages que nous, conseillers de Mission locale, nous pouvons accompagner ces jeunes dans l’acquisition de pratiques professionnelles.

Nous proposons de faire des points réguliers en binôme, conseiller du jeune et référent du jeune dans l’entreprise, ce qui permettrait de travailler ensemble et sûrement plus efficacement sur ces différents points. En complémentarité, il faudrait mettre en place des formations sur les Softskills26. Celles-ci sont au nombre de 15 : la résolution de problèmes, la confiance, l’intelligence émotionnelle, l’empathie, la communication, la gestion du temps, la gestion du stress, la créativité, l’esprit d’entreprendre, l’audace, la motivation, la vision et la visualisation, la présence, le sens du collectif et la curiosité.

26 Forbes, Compétences attendues en entreprise, septembre 2017 https://www.

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Il faudrait donc pouvoir proposer aux jeunes des formations adaptées à leur situation et permettant à chaque fois de travailler sur plusieurs de ces softkills en même temps.

Dans le cadre d’un dispositif particulier, la « Garantie Jeunes », nous travaillons sur l’apprentissage de ces connaissances par le biais d’ateliers collectifs. Il faut étendre ces ateliers à l’ensemble des jeunes qui sont à la recherche d’un emploi, voire à tous les jeunes accompagnés par la Mission locale.

Un autre obstacle majeur dans l’accès à l’emploi des jeunes est l’absence du permis de conduire et de voiture. Nous connaissons tous l’expression du :

« serpent qui se mord la queue ». Sans permis, il est difficile de trouver un emploi et sans emploi il est impossible de financer son permis de conduire et sa propre voiture. Il existe quelques rares aides qui peuvent être mobilisées par la Mission locale pour participer au financement de ce permis, mais elles ne sont pas suffisantes pour des jeunes qui ne disposent d’aucun revenu et qui ne peuvent la plupart du temps pas avoir l’aide de leur famille. Pour aider ces jeunes, il faut mettre en place des partenariats au niveau local et/ou départemental avec les auto-écoles pour échanger sur les tarifs, la pédagogie ou autres, et avec les agences d’emploi pour la mobilisation des aides importantes qui peuvent être accordées par le FASTT ou par Pôle Emploi.

Dans l’objectif de répondre à ces différentes problématiques, la Mission locale, au cours de l’année 202027, veut mettre en place différents partenariats pour accompagner les jeunes vers et dans l’emploi. L’objectif est d’aider les jeunes à financer leur permis de conduire tout en accédant à l’emploi. Une dizaine de jeunes pourrait participer à la première vague expérimentale de ce projet. Ils travailleront en intérim pendant 3 mois minimum, une partie de

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leur salaire sera « réservé » pour leur permis de conduire, et la Mission locale mettra tout en œuvre, avec le soutien des collectivités locales, pour garantir la mobilité du jeune en attendant le fameux permis. Pour le financement de ce précieux sésame, nous mènerons des négociations avec des auto-écoles du territoire pour négocier des tarifs préférentiels. Des rencontres sont d’ores et déjà en cours avec des partenaires potentiels pour pouvoir mettre en place ce projet. En renforçant notre accompagnement pendant les missions des jeunes en intérim, nous pourrons, organiser l’apprentissage ou la meilleure maîtrise des Softskills par ces jeunes pour faciliter leur intégration en entreprise ou pour leurs prochains emplois. Cette organisation individualisée pour chaque jeune se fera en étroite collaboration avec les conseillers experts de la Mission locale, avec nos partenaires organismes de formation, avec les agences d’emploi, et avec l’entreprise où le jeune travaille.

4) La vigilance sur l’accompagnement

Le chômage de rotation qui se pérennise est un des risques majeur de l’intérim.

Les personnes qui sont dans ce cas signent des contrats pour des missions d’intérim qui se succèdent, et se retrouvent sans activité entre deux missions.

Fréquemment, les périodes d’inactivité entre deux missions deviennent de plus en plus longues. Les explications à la mise en place progressive de ce type d’intérim nocif pour le jeune peuvent être multiples. La plus courante, d’après notre expérience, a pour source le manque d’expérience du jeune et son imparfaite maîtrise des codes et usages en entreprise. L’agence d’intérim teste le jeune plusieurs fois avec des missions rapprochées, puis, comme il leur semble qu’il ne progresse pas dans son intégration dans le monde du travail, elle ne fait plus appel à lui que quand elle ne trouve pas d’autre solution. Les missions s’espacent, mais comme il y en a encore de temps en temps, le jeune ne va pas chercher ailleurs.

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Ce chômage de rotation fait partie de ce que nous dénommons « parcours heurtés ». 19 % des jeunes que nous accompagnons vivent ce type de parcours, avec des missions souvent de moins en moins nombreuses et de moins en moins longues, entrecoupées de périodes de chômage indemnisées ou non, d’arrêts maladie ou de survie avec les minima sociaux28. Il est important pour nous de pouvoir identifier ce type de parcours pour limiter l’impact qu’il peut avoir sur ces jeunes. Pour ce faire, nous devons essayer de les orienter vers d’autres formes d’emploi en CDD ou CDI classique. Il nous faut les accompagner pour leur permettre de lever les freins qui bloquent leur accès à l’emploi. Nous devons aussi les informer sur l’intérêt de l’intérim dans la construction de leur parcours d’insertion professionnelle, mais aussi que l’intérim, s’il est mal « utilisé », peut mettre ce même parcours en difficulté. Il est par exemple, primordial de travailler avec eux sur l’anticipation des fins de missions et sur leur gestion. Pour ceux qui sont plus autonomes nous mettrons l’accent sur la nécessité de reprendre leurs recherches d’emplois avant la fin de leur contrat. Cet accompagnement spécifique tourné vers les jeunes qui ont recours à l’intérim, devra être construit avec les agences d’emplois qui sont les mieux à même d’expliquer aux jeunes ce qu’est l’intérim, avec ses atouts, ses limites et ses risques.

Quelles que soient les actions mises en œuvre, il faut donc travailler au renforcement du partenariat entre la Mission locale et les agences d’emploi. Dans les faits, nous avons signé des conventions avec elles en 2018, mais il faudrait mettre en place des rencontres régulières avec leurs chargé.e.s de recrutement pour faire le point sur les situations qui

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pourraient devenir problématiques et pour lesquelles nous pourrions agir ensemble. Ceci ne pourrait bien sûr se faire que sous réserve, d’un accord préalable des jeunes.

Pour conclure en quelques mots, l’intérim, quelle que soit la situation du jeune, est un véritable outil pour son insertion professionnelle. ll faut l’encourager et l’accompagner si besoin en partenariat avec les agences d’emploi.

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Sitographie :

Forbes, Compétences attendues en entreprise, septembre 2017 https://www.

forbes.fr/management/les-15-soft-skills-a-maitriser-en-entreprise/

INSEE, https://www.insee.fr/fr/statistiques/3598305

INSEE, https://www.insee.fr/fr/metadonnees/definition/c1669

Journal du Net, 2015, source INSEE, http://www.journaldunet.com/

management/ville/tarare/ville-69243/emploi

Le Figaro, L’intérim, un bon moyen d’insertion pour les jeunes, 4 Octobre 2011.

https://www.lefigaro.fr/emploi/2011/10/04/09005-20111004ARTFIG00659- l-interim-un-bon-moyen-d-insertion-pour-les-jeunes.php

Mission locale Rurale Nord-Ouest Rhône, http://missionlocale.org/

OIR, Chiffres clés de l’intérim, http://chiffres-cles.observatoire-interim- recrutement.fr/par-region/84/salaries-interimaires/caracteristiques

Rapport de recherche du Centre d’études de l’emploi et du travail, n° 101, Novembre 2016

Robert HALF, 30 Septembre 2016, https://www.roberthalf.fr/blog/interim- vu-par-jeunes

Source PSB, Cereq

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