J. F. F RANÇAIS
Analise transcendante. Mémoire sur les maxima et minima des fonctions à un nombre quelconque de variables; présenté à la I.re classe de l’institut, le 15 avril 1811
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 3 (1812-1813), p. 197-206
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I97
ANALISE TRANSCENDANTE.
Mémoire
surles maxima
etminima des fonctions à
un
nombre quelconque de variables ;
Présenté à la
I.Ieclasse de l’institut, le I5 avril I8II ;
Par M. J. F. FRANÇAIS , professeur à l’école impériale
de f artillerie
etdu génie.
M A XI M A ET MINIAIA.
M. Lagrange
a fait voir que les conditionsassignées
parEuler,
pour l’existence des maxima et minima des fonctions à deux
variables,
étaient
insuffisantes,
et y aajoute
une nouvellecondition ;
deplus,
il a étendu cette théorie aux fonctions d’un nombre
quelconque
devariables. Je me propose de faire
voir,
dans cemémoire,
I.° quela nouvelle condition introduite par M.
Lagrange exige trop;
2.°qu’outre
les maxima et minima déterminésqu’on
a considérésjus- qu’à présent,
ilpeut
exister une infinité de maxima etminima,
liésentre eux par une ou
plusieurs
relations entre les variables de lafonction
proposée ,
et que ce cas aprécisément lieu 3 lorsque
lesnouvelles conditions
assignées
par M.Lagrange
sont en défaut.I. SI
~(xI,x2,x3 ,....xn)
devient un maximum ou un mini-mum; pour les
valeurs
xI=aI,x2=a2 ,x3=a3 ,....xn=an; on
pourrareprésenter
un état voisin de cettefonction
parTom. III. 28
I98
Pour que le maximum ou minimum ait
lieu ,
il faut que le second terme dusecond’
membre de cetteéquation
soitnul,
indé-pendamment
des valeurs desaccroissemens 03BEI , 03BE2 , 03BE3 ,....03BE11 , qui n’y
entrentqu’à
lapremière puissance.
Deplus,
ilfaut,
pour leminimum ,
que le troisième termequi
contient les combinaisons cleux à deux de cesaccroissemens ,
soittoujours positif;
il doittoujours
êtrenégatif
pour le maximum.2. En
représentant
ce troisième termepar I 2V
onpeut
mettreV
sous la forme("t) Pour la facilite
typographique
onemploie
ici lesigne ( : )
pourl’équivalant
de divisé par, comme dans les rapports
géométriques
ou parquoticns.
ET
MINIMA.
I99Les coefficiens des
accroissemens 03BE3 , 03BE4 ,..., dans V3,V4,....,
Rnissent par devenir
très-compliqués ; mais ,
comme ils sont toustrès-symétriques ,
il est aisé d’enassigner
laloi ,
et de lesrepré-
senter par des
symboles indiquant
leurgénération
etpouvant
servir a calculer leurs valeurs. Enreprésentant
le coefficientde 03BE2 ,
dansVI,
par 03B12,2 , ceuxde 4 deviennent 03B12,3,
03B12,4 , ...03B12,n , ,et se déduisent d’une manièretrès-simple
de03B12,2=CI ,IC2,22013C2I,2;
il
suffit ,
pourcela ?
dechanger le 2, après
lavirgule,
en3, 4,....
n, et de ne faire cechangement
dans le second termeC2I,2
que pourun de ses
facteurs;
de sortequ’on
aura3=CI,IC2,32013CI,2CI,3,
Au moyen de cette
notation
,V2 devient
c’est-à-dire ,
de la même forme queVI exprime
en C. On pourra doncreprésenter
les coefficiens de cette formule par,
03B23,4,03B23,5,...03B23,11, et
cesquantités
se déduiront de 03B23,3, comme03B12,4, 03B12,5,....03B12,11 se
déduisent de ,Z,2de
sortequ’on aura
(*) La lettre D est
employée
ici, par abréviation, pour représenter le dénomina- teur de la valeur de V3 ; c’est-à-dire , la quantitéqui
suit lesigne
(:) dans cette valeur,200
En continuant ce raisonnement de la même
manière,
on démon-trera aisément que les termes
V, VI, V2, V3,....Vn-2, Vn-I,
peuvent
être mis sous la forme suivanteoù.
chaque espèce
desymbole dérive
de laprécédente ,
commeles 03B2
dérivent
des 03B1,
etceux-ci
des C.En faisant les
substitutions
successives de cesquantités
dansV,
on obtient
ET MINIMA.
20I3. En faisant,
pourabréger
les
conditions ,
pour leminimum ,
se réduisent àet
celles,
pour lemaximum ,
àle tout
indépendamment
des valeursparticulières
quepeuvent
recevoir les,accroissemens 03BEI , 03BE2, 03BE3 ,.... 03BEn.
On conclut de là les deux séries de. conditions suivantes :le
signe supérieur
deCI,I ayant
lieu pour leminimum ,
et lesigne
inférieur pour le
maximum.
4.
Les conditions(4.)
sonttoujours nécessaires ,
pour l’existence du maximum ou,
et nepeuvent
êtreremplacées
parune autre série de
conditions ;
mais il n’en est pas de même des conditions(5), qui dépendent
entièrement de la manière d’ordonner lesaccroissemens 03BEI , 03BE2 , 03BE3 ,
.... 03BEn entre eux.CI,I peut
être rem-place
parC2,2, C3,3 , (Cn,n,....
et recevoir autant de valeurs différentesqu’il y
a devatiables ;
03B12,2peut
recevoir autant de valeurs diffé-rentes
qu’on peut faire
de combinaisons deux à deux entre lesvariables ;
le nombre des valeurs differentes de 03B23,3 estégal
à celuide leurs combinaisons trois à
trois;
et ainsi de suite.Tom. III. 29
Examinons
d’après cela, les
différentes circonstancesqui peuvent
avoir
lieu ,
dans ces deux séries de conditions.5.
Jusqu’à présent,
on n’avait considéré leséquations (4)
que commeayant
lieuindépendamment
les unes des autres, de manière que les valeurs des variablescorrespondant
au maximum ou minimumétaient
entièrement déterminées ;
mais il s’en faut debeaucoup
quecet état déterminé des variables soit nécessaire pour l’existence du maximum ou
minimum;
nous allonsvcir ,
aucontraire, qu’il peut
avoir
lieu ,
avec laplus grande
indéterminationpossible
entre lesvariables ;
et nous examinerons comment leplus
ou le moins d’indé- termination entre elles influe sur les conditions(5).
6. Les
équations (4)
sont évidemment satisfaites par chacun dessystèmes
suivansoù 03BB ,
03BC , ,..., lI , mI , pI,...l2,m2, p2,...,...peuvent être
desfonctions
quelconques
desvariables qui
entrent dans la fonctionproposée.
Si l’on différentie les
équations (6) ,
pour en tirer les valeurs deCI,I , CI,2 , CI,3 ,... CI,n , CI,2 , C2,3, C2,4 ,...C2,n , C3,3 ,...Cn,n,
on trouve, entre cesquantités,
lesrelations 03B12,2=o,
03B12,3
=o , 03B12,4=o ,....03B12,n=o ,
et parconséquent
tousles 03B2 , 03B3,...03C8, 03C9,
s’évanouissent aussi.L’équation (2)
se réduit donc ason
premier
terme , et lesconditions (5)
àCI,Io.
Les conditionsdu minimum ou maximum seront
donc ,
dans ce cas,et toutes les valeurs des variables satisfaisant à
l’équation 03BB=o,
donnent un maximum ou un
minimum , selon
queCI,I
estnégatif
ou
positif.
ET
MINIMA.
203Cependant
dans ce cas , la valeur de Vpeut
devenirnulle ,
ensupposant
entre lesaccroissemens 03BEI ,
,03BE2 , 03BE3 ,....03BEn
la relation Onpourrait
donccroire
que la condition du maximum ou mini-mum n’est cas satisfaite
généralement.
Mais il est aisé de voir quel’équation (10)
n’est autre chose quel’équation differentielle lId03BB=o,
dans
laquelle
on a substitué pourdxI , dx2 , 3 ,...dxn
les accrois- semens 03BEI , 03BE2 ,03BE3 ,....03BEn;
elle est donc une suite nécessaire de lasupposition
que nous avonsfaite
et fait voir que pour toute autrerelation entre les
accroissemens 03BE2 , 03BE3 ,
....03BEn , laquantité V
devient
positive
pour le minimum etnégative
pour le maximum. Le maximum ou minimum a donc réellement lieu pour toutes les valeurs des variables satisfaisant à la relation 03BB=O.En différentiant de même les
équations (7) ,
pour en tirer les valeurs deCI,I, CI,2,...C2,n, C2,2, C2,3 ,....C2,n, C3,3 ,..,..Cn,n,
on trouvera , entre ces
quantités ,
les relations03B23,3=o, 03B23,4=o, 03B23,6=o,....03B23,n=o, et
tousles 03B3, 03B4,....03C8,
03C9 , s’évanouiront enmême
temps. L’équation (2)
se réduira à ses deuxpremiers
termeset les conditions du minimum ou maximum deviendront
Toutes les valeurs des
variables ,
satisfaisant aux relations x=o ,1’=0, donneront donc un minimum ou
maximum,
si les deux der- nières conditions(11)
sont satisfaites.La valeur de V
peut
devenirnulle ,
dans ce cas , et fairepré-
sumer que le minimum ou maximum n’a pas lieu
généralement ,
en
supposant
entre lesaccroissemens 03BEI , 03BE2, 03BE3,....03BEn les
relationssimultanées
mais il n’est pas difficile de se convaincre que le
système
de ces deuxéquations équivaut
à celui des deuxéquations
différentiellesd03BB=o,
d03BC=o,
danslesquelles
on aurait substitué lesaccroissemens 03BEI , 03BE2 ,
204
03BE3 2....03BEn
a laplace
dedxI , dx2 , dx3 ,....dxn;
il est donc encoreune suite nécessaire de notre
supposition ,
et fait voir que le minimum ou maximum a lieu pour toutes les valeurs des variables satisfaisant aux relations(11).
On
trouverait ,
de la mêmemanière ,
que les conditions du minimum oumaximum ,
pour lesystème (8)
deviennentIl n’est pas difficile maintenant d’étendre ces conclusions a un
nombre
quelconque
de facteursqui
affecteraient les valeurs deBI , B2 , B3,.... Bn.
7. Dans ce
qui précède,
nous avonssupposé
que les facteurs 03BB, 03BC, ,.... affectaient tous les termes deU;
cequi
a fait dis-paraître plusieurs quarrés
enentier ,
dans la valeur de V.Mais si
l’on suppose que ces facteurs n-affectent que
quelques
termes deU,
il ne
disparaîtra plus
dequarrés
entiers dans la valeurde V ,
maisseulement
quelques-uns
de leurstermes. Ainsi , si
l’on aon trouvera 03B1I,2=O , 03B14,4=O , 03B14,5=O ,
03B25,5=O.
Il se
présente
ici une difficultétrès-sérieuse , qu’il
est nécessairede lever pour assurer notre théorie. En substituant les valeurs
pré- cédentes
dans cellesde V ,
tous les termesaprès
lepremier
deviennentinfinis par le facteur
commun I 03B12,2
on nepeut
doncplus
rienconclure de cette
valeur,
pour l’existence du maximum ou mini-mum. Dans ce cas, il faut avoir recours à l’observation que nous
avons faite au n.°
4,
et ordonner lesaccroissemens 03BEI , 03BE2 , 03BE3 ,....03BEn
entre eux, de manière que les
premiers
termes desquarrés qui
com-poseront
le nouveaudéveloppement
de F ne s’évanouissent pas ;(
ce que l’on démontre aisément êtretoujours possible );
alors iln’y
aplus
, dans lesquarrés
successifsqui
forment ledéveloppement
de
V ,
quequelques
termesqui
s’évanouissent. Les conditions(5)
que l’on tire de ce nouveau
développement
de Vsubsisteront
doncET MINIMA.
205en
entier ;
la seule différencequ’il
y aura , dans ce cas , consisteen ce que 03B12 2 , 03B23,3 , 03B34,4,... ne
peuvent p!us
recevoir autantde valeurs différentes que nous leur en avons
assenées
au n.°4.
La réduction du nombre de ces valeurs
dépend
de celui des fac- teurs, et de celui des coefficiens de V affectées par chacun d’eux.Le même raisonnement et des conclusions
analogues
sontappli-
cables au cas suivant et à tous les autres semblables.
8. Il résulte de cette
théorie , I.° qu’outre
les maxima et les minima déterminés des fonctions àplusieurs variables , qu’on
a considérésjusqu’à présent,
ilpeut
exister une infinité de maxima et minimaindéterminés,
liés entre eux par une ouplusieurs
relations entre lesvariables de la fonction
proposée; 2.°
que, pour l’existence de ces maxima ou minimaindéterminés,
ilfaut
que les coefficiens de la valeur de Us’évanouissent,
soit par un ouplusieurs
facteurs communsa tous , soit
par
un ouplusieurs
facteurs affectant seulementquel-
ques-uns d’entre eux , tandis que les coefficiens restans
peuvent
s’évanouir
d’eux-mêmes ;
3.° que , pour lepremier
des deux casprécédens ,
lesconditions (5)
se réduisent àla première quand
tous les coefficiens de la valeur de U
s’évanouissent ,
par un seul ficteur commun ; etqu’elles
se réduisent aux deuxpremières,
auxtrois
premières
etc. ,quand
tous les coefficiens s’évanouissent par deuxfacteurs ,
troisfacteurs ,
etc. , communs a tous ;4.0
que, dans le second cas , toutes les conditions(5)
ontlieu,
maisqu’elles
nepeuvent plus
alors êtreremplacées
par le nombre de conditionséquivalentes
que nous avonsindiquées
au n.-4;
5.°enfin,
quecette théorie est nécessaire pour
compléter
celle desmaxima
et minimades fonctions de
plusieurs variables.
9. J’ai
donné,
dans une noteprécédente ,
un essai decette théorie , appliquée
aux surfaces courbes(*),
etj’y
ai fait voirqu’il peut y
(*)
Voyez
la page 132 de ce volume.a voir sur les surfaces une infinité de maxima et minima indéter-
minés, liés
entre eux par une courbe continue Enl’appliquant
àla
on peut
trouver des fonctions dutemps qui
deviennentdes maxima ou
minima,
pour tous tespoints
d’une surface courbeou d’une courbe à double courbure. selon que tous les coefficines de U
s’exanouiront,
par un ou par deux facteurs communs.Metz.,
le 2 mai 1810.VARIÉTES.
Sur
uneréclamation de M. Hoëne-Wronski ,
contrequelques articles de
cerecueil ;
Par M. GERGONNE.
PAR
une lettre insérée dans le Moniteur du 22novembre dernier,
M. Wronski se
plaint
del’espèce
de doute quej’ai maifesté,
aux pages 51et 137
de cevolume,
sur le succès de la méthodequ’il
a
publiée ,
pour la résolution deséquations algébriques
de tous lesdegrés,
et duparallèle
quej’ai
cherché à établir entre cette méthodeet celle de Bezout. Il me
reproche d’avoir,
dans la vue d’éviter leslongueurs
que, suivantmoi, implique
saméthode, indiqué
un autreprocédé
quej’appelle plus
court etpeut-être plus
direct. Cesobjec- tions ,
suivant M.Wronski,
n’étant nullementfondées, il
avaitd’abord
gardé
le silence :pensant
que la réflexion me ferait revenir demoi-même,
surun jugement trop précipité ;
maisvoyant ,
par l’article inséré à la pagei3y ,
queje persistais
dansl’opinion
quej’avais
d’abordémise;
que mêmeje
cherchais àl’étayer
encore , parde nouvelles
considérations ;
et que sur-toutje regardais
ma méthodecomme étant de - nature à