G ERGONNE
Analise transcendante. Essai sur la recherche des maxima et minima, dans les formules intégrales indéterminées
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 13 (1822-1823), p. 1-93
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I
ANALISE TRANSCENDANTE.
Essai
surla recherche des maxima
etminima , dans
les formules intégrales indéterminées ;
Par M. G E R G O N N E.
ANNALES
DE MATHEMATIQUES
PURES ET APPLIQUEES.
« L’une des raisons
principales qui éloignent
n ceux
qui
entrent dans les connaissances du véritable cheminqu’ils
doivent suivre, estl’imagination
qu’onprend
d’abord que les bonnes choses sont inaccessibles , en leurdonnant le nom de
grandes ,
hautes, élevées ,sublimes. Cela
perd
tout. Je les voudraisnommer
basses ,
communes familières . PASCAL.JUSQU’À l’époque
ouArbogast
etLagrange présentèrent,
tour àtour, sous un
point
de vue tout-à-fait nouveau lesprincipes
duCalcul
différentiel ,
cette branche d’analise n’avaitguère été ,
auxyeux de la
plupart
desgéomètres, qu’un mystérieux mécanisme,
Tom.
XIII , n.° 1 ,
I.erjuillet
I822.2
INTÉGRALES
justifié
seulement par la constante etrigoureuse exactitude
desré-
sultatsqu’on
enavait
obtenus.Peut-être n’est-ce
point
uneexagération
d’avancerqu’aujourd’hui
même nous en sommes encore à peu
près
au mêmepoint à l’égard
du Calcul des variations. Du
moins ,
n’est-il pas rare de rencontrerdes
géomètres
d’assez bonne foi pourconvenir ,
sansdétour, qu’ils emploient mécaniquement
lesprocédés
de cecalcul ,
sans êtrejamais
parvenus à en bien saisir
l’esprit ;
cequi
doitprobablement
tenirà ce que , pour nous servir des
expressions
ded’Alembert,
lesauteurs
qui
en ont écrit «dédaignant
de revenir sur leurs pas ,» pour faciliter aux autres le chemin
qu’ils
avaient eu tant depeine
à» se
frayer eux-mêmes ,
ontpréféré
lagloire d’augmenter
l’édifice» au soin d’en éclairer rentrée ».
On dit communément que
l’objet
du calcul des variations est de différentier sous unpoint
de vue desquantités qui
ontdéjà
étédifférentiées sous un autre ; mais on ne fait pas attention que , d’une
part ,
dans lesapplications
de cecalcul ,
on différentie très-souventsous le nouveau
point
de vue deséquations
de conditionqui
n’ontencore subi aucune autre sorte de
différentiation ;
et que , d’uneautre
part,
dans le calcul différentielpartiel,
on différentie sans cesse sous unpoint
de vue desfonctions déjà
différentiées sous un ouplusieurs
autres , etqu’on
en fait de même encorelorsque ,
dansun
problème ,
on a recours à la différentiation desparamètres ,
sans que pour cela on
puisse
dire que l’onemploie
le calcul desvariations ,
et sans que l’onsonge
même aucunement a noter cesdivers
modes de
différentiation par descaractéristiques
différentes.On
présente
aussi le calcul des variations comme leplus
hautdegré
d’abstraction que la science du calculpuisse atteindre ;
maisc’est
peut-être là ,
aucontraire ,
cequ’on
devraitsoigneusement éviter ;
attenduqu’une
tellepensée
ne peut quepréoccuper l’esprit
d’une manière fâcheuse et tout-à-fait
piopre à
lui faire manquer lebut.
en lui faisant chercher trop haut cequi
est tout-à-fait àson
niveau;
nousespérons
fairevoir ,
eneffet , dans
l’écritque
l’on va
lire , qu’il
n’est aucune desquestions
de maxiina et do minimaauxquelles
il estd’usage d’appliquer.
le calcul desvariations,
et pour la solution
desquelles
ce calcul a étéprincipalement inventé, qu’on
nepuisse
traiter d’une manière très-lumineuse ettrès-briève ,
par la
simple application
desprocédés
lesplus vulgaires
du calculdifférentiel
ordinaire ,
et en nes’appuyant uniquement
que sur lathéorie des maxima et des
minima ,
dans les fonctions déterminées d’une seulevariable ;
théorie surlaquclle
il ne resteplus aujourd’hui
le
plus léger
nuage dansl’esprit
de tous ceuxqui
ontpris
lapeine
de l’étudier dans les bonnes sources
(*).
Bien que les notations dont nous allons nous servir ne soient pas
dépourvues
d’une certaineélégance ,
il se pourra fort bien que ceux àqui
lesprocédés
du calcul desvariations
sont familiers les trouventmoins
simples
etmoins’
commodes que celles dont ce calcul fait usage ; mais ils’agit
bicn moins ici de notations que deprincipes ;
(*)
On neconçoit
pas parquelle
fatalité l’illustre auteur du Calculdes fonctions ,
si éminemment clair partout ailleurs , débute lui-même , dans
l’exposition
desprincipes
du calcul des variations , par un véritable non-sens. Ec Soit, dit-il ,Jt ~(x , i) une fonction de x et de i
qui
devienne ~(x) ,lorsque
i-o ti. Il estsans doute bien vrai
qu’une
fonction de x et de i se réduit à unesimple
fonction
de x, lorsque
i devient nul ; mais cette dernière fonctionpeut-elle
être notée par la mêrne
caractéristique
que la première, et peut-on se permettre , dans une mêmequestion, d’employer
la mêmecaractéristique à désigner
unefonction
qui
contient deuxquantités
distinctes et une autrequi
n’en contientqu’une
seule ? non sans doute. Querépondiions-nous ,
en effet , àquelqu’un qui
parexemple y après
avoirposé - =~(a),
nous demanderait de construiresur ce modèle ~(a , b) ? Fort heureusement
cette-légère
inadvertancen’a pas
une influence nécessaire sur les
développemens qui viennent
à sa suite; mais enfin , que veut-on que fasse celuiqui f
voulant étudier pour lapremière
foisle calcul des variations, et ayant
pris
la résolution de. ne rien laisser passersans le bien
saisir ,
vient , dès le début , &e heurter contre un obstacle decette nature ?
4 I N T É G R A L E S
et il est tout
simple
que, voulant tout déduire du calcul différentielordinaire ,
il nous faille nous renfermer dans les seules notations quece calcul
puisse
nousfournir,
Nous ne doutons pas, ausurplus ,
que ceux
qui
auront bien saisi cequ’on
va lire ne se servent ensuitesans aucun embarras des notations du calcul des variations propre-
prement dit ,
danslesquelles
ils ne verrontplus
dès-lors que desimples
abréviations.Nous
pourrions ,
dèsl’abord , présenter
la théorie dans toute sagénéralité;
mais il nousparaît
convenirbeaucoup mieux à
notrebut de nous élever
graduellement
des cas lesplus simples
à ceuxqui
le sont moins.L’obligation
où se trouvera ainsi le lecteur de revenir àplusieurs reprises
sur les mêmesidées ,
sur les mêmesconsidérations,
ne pourra que les lui rendrebeaucoup plus
familières.Bien que la théorie que nous allons
développer puisse
être con-sidérée comme
purement analitique,
nous ne ferons pas difficulté néanmoins deparler quelquefois
lelangage
de lagéométrie
et mêmede la
mécanique ,
tant parce que cela faitimage
que parcequ’il
en résulte
plus
de clarté et de concision dans le discours.§.
I.1. Soit V une
expression
de forme connuequelconque,
com-posée
de la variableindépendante x ,
d’unefonction y
de cettevariable et des coefficiens différentiels de cette
fonction jusqu’à
celui de tel ordre
qu’on voudra ;
et considéronsl’intégrale Vdx .
Si la
composition
de y en x était connue , rien ne seraitplus
aiséque de ramener cette
intégrale à
la formeXdx ,
ou X serait une fonction connue de xseulement ;
et alors onpourrait , soit
exac.tement soit
parles séries ,
exécuterl’intégration entre
telleslimites
qu’on voudrait
Mais on suppose que
l’expression
de y en x n’est pasdonnée ;
on suppose
qu’elle
est l’inconnue duproblème ;
et on propose de la déterminer par cette conditionqu’après
la substitution de sa valeuret de celles de ses coefficiens différentiels
dans V, l’intégrale Vdx , qui
alors aura la formefxdx , prise
entre deux limites donnéesquelconques ,
et sous des conditionsdonnées, compatibles
toutefoisavec la nature du
problème,
soitplus grande
ouplus petite
quetoutes celles
qui pourraient résulter,
entre les mêmes limites et sousles mêmes
conditions ,
de toute autrevaleur,
fonction de x ,prise
pour y.
2. Comme nous n’avons ici
qu’une
seule variableindépendante
x , il nous sera commode
d’employer
la notation introduite parLagrange pour les
fonctionsdérivées;
enconséquence
seront constamment les
symboles respectifs
deet, si Y est une autre fonction de x ,
seront
pareillement
lessymboles respectifs
deNous ne recourrons ainsi aux notations ordinaires du calcul
diffé-
rende! que pourreprésenter
les coefficiens différentielspartiels,
dont la notation est
trop
embarrassée dans lesystème
deLagrange.
Ainsi
6
INTÉGRALES
seront
les
coefficiens différentielsqu’on
obtient pour lafonction
V , en n’y
considérant successivement quecomme
variables.
Enconséquence
seront la même chose que
Pareillement
seront la même chose que
et ainsi de sûitè.
3. Pour en revenir
présentement
à notreproblème ; quelle
que soit la valeurde y
eii xqui
doit lerésoudre ,
onpeut toujours
la considérer comme l’ordonnée d’ùne certaine courbe dont x serait
rabseisse ;
et leproblème
se réduit ainsi à trouver cettecourbe,
tout-à-fait déterminée ,
mais encoreinconnue.
7 Suivant donc
l’esprit
de la méthode ordinaire demaximis
etminimis ,
ilfaut,
pourparvenir
àl’équation
de cettecourbe,
ex-primer qu’elle
est telle que , pour si peuqu’on
ladéforme,
entout ou en
partie,
d’une manièrearbitraire
et même discontinue si l’on veut ,l’intégrale Vdx , toujours prise
entre les mêmeslimites et sous les mêmes
conditions ,
deviendraplus petite
dans lecas du
maximum
etplus grande
dans le cas du minimum.4. Conservons y
pour lesymbole
de l’ordonnée de la courbecherchée ;
l’ordonnéecorrespondante ,
dans toutes les autres courbesdont il vient d’être
question ,
pourra êtrereprésentée par
la formulegénérale
y+iY ,
dans
laquelle
Yreprésente
une fonction de x tout-à-faitarbitraire
continue ou
discontinue , ,
et où i est un nombreabstrait, positif
ou
négatif,
sipetit qu’on
levoudra ,
sanspourtant
être absolument nul. Il estévident ,
eneffet ,
que , même en se donnant i àvolonté
on pourra encore
profiter
de l’Indétermination de la fonction Y de manière que cette formule devienne l’ordonnée de telle courbe donnéequ’on voudra y
etqu’ensuite
on pourra diminuergraduelle-
ment le
nombre z ,
de telle sorte que cette courbe devienne si peu différente de la courbe cherchéequ’on
voudra. D’où l’onvoit que , si l’on
traçait a
la main une courbeaussi voisine
de la courbe cherchéequ’on
levoudrait ,
onpourrait toujours
considérer
y+iY
commeexprimant
l’ordonnée de cettecourbe;
en sorte
qu’en supposant
Y arbitraire et i d’unepetitesse illimitée,
la formule
y+iY exprime
l’ordonnée de la totalité des courbes quenous devons comparer à la courbe cherchée.
5.
Remarquons pourtant,
avant d’allerplus loin, qu’il
sepourrait,
en vertu de certaines conditions de la
question ,
que la fonction y ne dùtpoint
être tout-à-faitarbitraire,
ou du moins ne dûtl’ètre que sous certaines restrictions :
c’est
parexemple ,
cequi
arriverait si la courbe cherchée devait passer par deux
points donnés;
8
I N T É G R A L E S
car alors on
n’aurait à
lui comparer que les autrescourbes qui
passe.raient par ces deux mêmes
points ;
mais nous allons voir bientôtqu’on
esttoujours
à temps d’avoirégard
à ces restrictions à la fin ducalcul ,
et quejusques-là
on peutregarder
la fonction arbitraire Y comme absolument indéterminée.6. Par le
changement de y
eny+iY ,
En conséquence,
on trouvera, parl’application
de la sériede Taylor
au
développement
des fonctions despolynomes ,
queV doit
deveniren
conséquence , Vdx
deviendraAfin donc que
JVdx
soit maximum ouminimum,
ilfaudra
,suivant les
principes
connus , que lemultiplicateur
de i soitnul ;
et alors
ffdx
sera maximum ouminimum,
suivant que le mul-tiplicateur
de il, sera constammentnégatif
ou constammentpositif.
La condition commune au maximum et minimum sera donc ex-
primée
parl’équation
9
laquelle
revientsimplement à
7. Cela
posé ,
par laformule (tu)’=ut’+tu’ ,
d’ouut’=(tu)’-tu’,
on trouve facilement
Au moyen de
quoi l’équation (I)
devientor, tout ce
qui
suit lapremière ligne
dupremier
membre de cetteTom. XIII. 2
10
INTÉGRALES
équation
étant une dérivée exacte,quelle
quesoit Y ; tan,dis que
cette
première ligne,
considérée commetelle ,
aurait une fonctionprimitive qui changerait
avecY,
il s’ensuit que cetteéquation
nesaurait subsister
qu’autant
que lapremière ligne’
de sonpremier
membre sera nulle
d’elle-même ;
cequi donne ,
en divisant par l’arbitraireY
,équation
en x et yseulement, qui
estconséquemment l’équation
différentielle de la courbe cherchée. Son
intégration
donnera lavaleur de y en fonction de x et d’un certain nombre de cons-
tantes arbitraires ,
et nous allons voir tout à l’heure comment ces constantes doivent êtredéterminées.
8. En
supprimant
donc lapremière ligne du premier
membrede
l’équation (11) ,
etpassant
ensuite aux fonctionsprimitives ,
il
viendra
En mettant dans cette
équation
pour y sa valeur en x et en cons-tantes, déduite de
l’équation (111),
les coefficiens deY, YI , Y" , ....
n’y
serontplus
que des fonctions de x et de ces mêmes constantes.g. Soient ao et a, les limites de
l’intégrale c’est-à-dire ,
sup- posonsqu’il
soitquestion
de rendremaximum
ou minimum l’in-tégrale Vdx , prise depuis
x=aojusqu’à
x=aI ; marquonsrespectivement
des indices O , I , les valeurs des diversesquantités
qui
entrent dansl’équation (IV), lorsqu’on
y met pour x les valeursrespectives
a0 , aI , nous aurons ainsid’où en
retranchant ,
équations
que nousappellerons à l’avenir équation
auxlimites,
etqui ,
comme l’onvoit ,
ne renfermeplus ,
outre les valeurs encoreindéterminées de
Y, Y’ , Y", ...
aux deux extrémités del’intégrale,
que les deux limites 00 , al et les constantes introduites par l’in-
tégration
del’équation (III).
10. Cela
posé ,
si aucune conditionparticulière
n’a étéprescrite
relativement
auxlimites ,
les fonctionsdevront conserver
l’indépendance
laplus absolue. L’équation (V)
nepourra donc alors subsister
qu’autant
que les coefficiens de cesdiverses fonctions seront
séparément nuls ;
cetteéquation (V)
separtagera
donc dans les suivantes :12
INTEGRALES
lesquelles
serontgénéralement
en même nombre que les constantesintroduites,
et serviront à enassigner
les valeurs.11. Mais
si,
aucontraire ,
onexige qu’à
une ou à l’autrelimites
ou à touLcs lesdeux ,
ilexiste ,
entre y et ses diverscoefficiens
différentiels,
une ouplusieurs
relations données ;Y, toujours indéterminée,
ne seraplus
dèselors tout-à-fait arbitraire.Représentons,
eneffet,
une de ceséquations
paron devra
avoir,
pour les diverses courbes que l’onconsidère,
ou ,
en développant ,
d’où en retranchant
l’équation (VII)
etexprimant
quel’équation
résultante a lieu
quel
que soiti,
Il
faudra
d’abord substituer dans(VII, VIII)
pour v sa valeuren x et en constantes, déduite de
l’équation (III); puis,
en sup-posant,
parexemple, qu’il s’agit
de lapremière limite ,
mettre.pour x
sa valeur a0, cequi changera
ceséquations
en celles-ci:On pourra avoir
plusieurs couples
desemblables équations,
tantpour l’une que pour l’autre
limites;
et on se servira de(X)
et deses
analogues
pour éliminer de(V) le plus grand
nombrepossible
des fonctions
Y0, Y’0, Y"0, .... YI, Y’I, Y"I
,... ; aprèsquoi
on
égali rn séparément
à zéro les coefficiens de cellesqui
n’aurontpas
disparu.
A lavérité , le
nombre deséquations qui
devaient servirà déterminer les constantes se trouvera
ainsi réduit;
mais toutes leséquations qu’on
aura de moins se trouveront exactementremplacées
par
l’équation (IX)
et sesanalogues
de sorte que ces constantesse trouveront
toujours déterminées ,
et le seront seulement par d’autres conditions.12. Au
surplus ,
au lieu d’éliminerde l’équation (V) le plus grand
nombrepossible
des fonctionsY0, Y’ 0 , Y"0,
...YI, Y’I, Y"I, ...
au moyen deséquations
de condition telles que(X),
ilreviendra au
même,
et il serapeut-être plus élégant
deprendre la
somme tant de
l’équation (V)
que desproduits
de ceséquations
decondition par des
multiplicateurs indéterminés ; d’égaler
ensuite sé-parément
àzéro ,
dansl’équation
somme , les coefficiens de toutesles fonctions
Y0, Y’0, Y"0,
...,YI, Y’I , Y"I,
..., e d’éli-miner enfin les
multiplicateurs
indéterminés entre leséquations
résultantes.
13.
Hàtons-nous ,
avant d’allerplus
avant , d’éclaircir cesprincipes
par un
exemple.
PROBLÈME
1.Quelle
est laplus
courteligne plane,
entredeux
parallèles
données ?Solution. Soient
pris
l’axe des xperpendiculaire
et celui des yparallèle
aux deux droitesdonnées ,
dont nous supposerons leséquations
la
question
se trouvera ainsi réduite àassigner la
valeurde y en.
x
qui
rendl’intégrale dx1+y’2 minimum ,
entre les limites a0 et aI.Nous aurons donc ici
V=I+y’2,
d’oùI4 INTÉGRALES
en
conséquence , l’équation (IH) deviendra
le rayon de courbure de la
ligne
cherchée est doncinfini ;
cetteligne
est donc unedroite ;
et l’onpeut prendre
pourson équation
M et G étant des constantes arbitraires.
L’équation
auxlimites
sera icid’où l’on voit d’abord que la constante
G , qui
n’entre pas danscette
équation ,
demeurera tout-à-faitarbitraire ;
cequi
revient àdire que les
parties
deparallèles interceptées
entre d’autresparallèles
sont de même
longueur.
Les coefficiens de
Yo
etYI
étant lesmêmes,
ausigne près,
on ne saurait établir des conditions distinctes pour l’une et pour l’autre
limites ;
cequi
revient à direqu’une
droitequi
coupe desparallèles
fait avec elles- desangles égaux.
Si aucune condition n’est
prescrite
pourl’une et
l’autre limitesY0
etYI devront
demeurertout-à-fait indépendans ;
on ne pourradonc poser YI-Y0=0 , l’équation
aux limites ne pourra doncsubsister qu’autant qu’on
auraM=0;
de sorte quel’équation de
notre droite se reduira
simplement
ày=G ,
où G demeurera in-déterminé. Cela revient à dire que toutes les
perpendiculaires
entredeux
parallèles
sontégales
et en mesurent laplus
courte distance.Supposons qu’on exige qu’aux
deux limites del’intégrale
on aitrespectivement
ce
qui
revient à faire passer laligne
cherchée par les deuxpoints (a0 , b0), (aI, b 1);
leséquations analogues
à(IX)
serontet les
équations analogues
à(X)
ce
qui
vérifiel’équation
auxlimites ;
les deux autreséquations
donnent M et G
qui,
substituées dansl’éguation générale de
laligne cherchée ,
la font devenirce
qui
revient à dire que leplus
court chemin entre deuxpoints
donnés est la droite
qui joint
ces deuxpoints.
Mais ,
si l’on demandait leplus
court chemin d’unpoint a
unecourbe ou d’une courbe à uné autre , nos méthodes actuelles ne
seraient pas suffisantes pour résoudre ces sortes de
problèmes ;
attenduque les limites a0 et a, que nous avons essentiellement
supposées
constantes, devraient réellement varier dans ce cas , pour toutes les courbes que nous sommes
obligés
de considérer concurremment avec laligne
cherchée. Nous verronsplus
loin comment onpeut
parer à cet inconvénient.
I6
I N T É G R A L E S
I4.
Il est desproblèmes qui
, bien quebeaucoup plus complu
qués
eu apparence que celuiqui
vient de nous occuper ,S’y
ra-mènent
pourtant
avec, laplus grande
facilité. SoientU, P, Q, R, ....
des
quantités composées
d’une manière connuequelconque
en x,y,
y’, y",
... On peut se demanderd’assigner, parmi
les diversesvaleurs de y en x
qui,
entre des limitesdéterminées,
donnentoù a,
b , c
sont des constantesdonnées
,quelle
est cellequi,
entre les mêmes
limites ,
rendUdx
maximum ou minimum.15. Pour résoudre cette
question,
on considérera quepuisque,
entre les limites dont il
s’agit, Pdx, Qdx, Rdx, ...
doiventêtre constantes , il doit en être de même de
APdx, BQdx, CRdx, ...
oùA, B, C, ...
sont de nouvelles constantes; il ensera donc aussi de même de la somme
d’où il suit que la même relation
de y à x qui,
entre les limitesassignées,
rendra maximum ou minimuml’intégrale Udx
devraaussi rendre
telle ,
entre les mêmeslimites,
la sommec’est-à-dire ,
en
posant
doncla
question
se trouvera réduite au cas où ils’agit simplement
derendre
Vdx
maximum ouminimum,
entre des limitesdonnées;
avec
I7 avec cette seule différence que
l’équation cherchée
en xet y,
outreles constantes introduites par
l’intégration renfermera
aussi lesconstantes A,
yB, C,
... ; mais on aura, pour enassigner
lesvaleurs ,
leséquations
de condition(XI) qui
sontprécisément
enmême nombre. Donnons un
exemple
desquestions
de ce genre.16.
PROBLÈME
II. Entre toutes les courbesqui
retranchentune même
portion
déterminée del’espace indéfini compris
entredeux
parallèles
et uneperpendiculaire qui
leur est commune ,quelle
est celle dont l’arcintercepté
entre cesparallèles
ala
moindre
longueur ?
Solution. Soit
prise
pour axe des x laperpendiculaire
communeaux deux
parallèles,
dont nous supposerons , commeci-dessus ,
que leséquations
sontSoit c’J l’aire
qui
doit êtrecomprise
entre la courbecherchée ;
les deux
parallèles
et l’axedes x ;
ondevra
avoirainsi,
entrea0 et aI,
de
plus ,
entre les mêmeslimites, dxI+y’2 devra toujours ;
comme
ci-dessus,
être un minimum. Il nes’agira donc (I5) que’
de rendre
telle ,
entre ae et aI,l’intégrale
sauf ensuite à déterminer
convenablement
la constanteA.
Nous aurons donc ici V=
I+y’2+Ay,
d’oùTom. XIII. 3
I8
INTÉGRALES
en
conséquence, l’équation
différentielle de lacourbe cherchée
sera.son
rayon
de courbure doit donc être constant ; cettecourbe
estdonc un arc de cercle.
En
conséquence ,
nous pourronsprendre pour intégrale
del’équation
ci-dessusofi des trois
constantes G, H, R,
deux sont censées introduites parl’intégration,
tandis que la troisièmeremplace
la constanteA,
et doit être déterminée par la condition
ydx=c2.
On tire d’ailleursde cette
équation
Quant
àl’équation
auxlimites,
on trouveraqu’elle est ,
dansle cas actuel
Si donc aucune condition
particulière
n’a étéimposée
pour leslimites, Y0
etYI
devant demeurerabsolument indépendans,
cetteéquation
ne pourra être satisfaitequ’autant qu’on
aura, à lafois,
équations qui
nepourront subsister
ensemblequ’autant qu’on
auraR
infini ;
cequi réduit
laligne
cherchée à uneligne droite,
commedans le
précédent problème,
avec cette différence pourtantqu’en I9 prenant
comme alorsy=G
pourl’équation
de cettedroite
laconstante G sera
déterminée puisque,
entre leslimites a0
et aI on devra avoirce
qui
donnede manière que
l’équation
seraSupposons ,
en secondlieu, qu’on exige qu’aux
limites del’in- tégrale
la courbe coupe les deuxparallèles
à l’axe des y sous desangles
dont lescotangentes tabulaires
soient m. et ml ; ondevra
avoir ainsic’est-à-dire,
équations
droù on tirera les valeurs des constantes Cet R ;
cellede H se déterminera ensuite par la condition
fydx=c2.
Si enfin les deux limites étaient
fixes ,
de telle sortequ’aux
valeurs a0 et aI de x dussent
répondre respectivement
les valeursb.
etbl
de y ; onaurait,
pour déterminer deux des trois cons- tantesG, H,
R enfonçtion
de latroisième
a les deuxéquations
20
INTÉGRALES
et cette troisième constante se déterminerait
toujours par
la con- ditionJydx=c2.
17. On voit donc
qu’entre
toutes leslignes qui ,
se terminant à deuxpoints donnés, comprennent
un même espace entreelles,
lesordonnées de ces deux
points
et l’axe desabscisses,
laplus
courteest un certain arc de cercle
passant
par ces deuxpoints ;
or , l’es-pace
compris
entre la corde de eet arc, les ordonnées de ses deux extrémités et l’axe des x , est aussidonné ;
doncl’espace compris
entre l’arc et sa corde l’est
également ;
d’où il suit que de tous les arcs de courbesqui
ont la même corde etcomprennent
le même espace entre eux et cettecorde,
l’arc decercle
est celuiqui
a lamoindre longueur;
d’où il est est facile deconclure, à l’inverse que de
tous les arcs de courbes de mêmelongueur qui ont
la mêmecorde,
l’arc decercle
estcelui qui renferme
leplus grand
espaceentre lui et cette corde.
18.
Et,
comme cespropriétés
sontindépendantes
de lalongueur
dela
corde ,
elles doiventégalement
avoir lieulorsque
cettelongueur
estnulle , auquel
cas l’arc devient une circonférenceentière ;
ainsile cercle
jouit
de la doublepropriété
d’être lafigure
de moindrepérimètre,
entre toutes celles de mêmesurface ,
et deplus grande
surface,
entre toutes cellesde
mêmepérimètre.
ig. Dans les
questions qui
viennent de nous occuper, il ne setrouvait ,
sous lesigne d’intégration, qu’une
seule fonction de lavariable indépendante,
avec ses diverses dérivées. Examinonsprésen-
tement
cequ’il y
aura à fairelorsqu’il s’y en
trouveraplusieurs,
§. II.
20. Soit V une
expression
de forme connuequelconque ,
com-posée
de la variableindépendante z ,
de deux fonctions x et y decette variable et des coefficiens différentiels de ces
fonctions , jusqu’à
ceux de tels ordres on
voudra ;
etconsidérons l’Intégrale Vdz .
Si la
composition
de x et y en z était connue ; rien ne seraitplus
aisé que de ramener cetteintégrale
à la formefZz,
où Zserait une fonction de z
seulement ;
et alors onpourrait,
soitexactement, soit par les
séries ,
exécuterl’intégration
entre telleslimites on voudrait.
Mais on suppose que les
expressions
de xet r en
z ne sont pas don-nées ;
on supposequ’elles
sont les inconnues duproblème ;
et on proposede
les
déterminer par cette conditionqu’après
lasubstitution
de leurs valeurs et de celles de leurscoefficiens
différentielsdans V, l’intégrale Vdz ,qui
alors aura laforme Zdx, prise
entre deux limites donnéesquelconques
et sous desconditions données , compatibles
toutefoisavec la nature du
problème,
soitplus grande
ouplus petite
quetoutes celles
qui pourraient résulter ,
entre les mêmes limites et sous les mêmesconditions ,
de toutes autresvaleurs ,
fonctions dez ,
prises
pour x et y.2I. Comme nous n’avons encore ici
qu’une
seule variable indé-pendante z,
il nous sera commoded’employer
la notationde Lagrange
pour les fonctionsdérivées ;
enconséquence,
seront constamment
les symboles respectifs de
22
INTÉGRALES
et, si X et Y sont d’autres fonctions de z ,
seront
pareillement
lessymboles respectifs
deNous ne recourrons ainsi aux notations du calcul différentiel ordi- naire que
lorsque! s’agira
dereprésenter
des coefficiens différentielspartiels.
Ainsi1 seront les
coefficiens
différentielspartiels
que l’onobtient pour
lafonction V,
enn’y
considérant successivementque
comme
variables.
Enconséquence,
lesexpressions
seront la même
chose
quePareillement, les expressions
seront la même chose que
et ainsi de suite.
22. Pour en revenir
présentement à
notreproblème quelles
que soient les valeurs de x et y en zqui
doivent lerésoudre ,
onpeut toujours
les considérer comme deux des coordonnéesd’une
certaine courbe à double courbure dont la troisième coordonnée est z ;
et le
problème
se réduit ainsi a trouver cettecourbe ,
tout-à-faitdéterminée,
mais encore inconnue.Suivant donc
l’esprit
de la méthode ordinaire de maximis etminimis,
ilfaut ,
pourparvenir
auxéquations
de cettecourbe, exprimer qu’elle
est telle que, pour si peuqu’on
ladéforme ,
entout ou en
partie,
d’une manièrearbitraire ,
et même discontinue si l’on veut ,l’intégrale Vdz, toujours prise
entre les mémes limiteset sous les mêmes
conditions ,
deviendraplus petite
dans le casdu
maximum,
etplus grande
dans le cas du minimum.23.
Conservons x
et y poursymboles
des deuxcoordonnées
fonctions de zqui, conjointement
avec cette troisième coordonnée z,appartiennent
à la courbecherchée ;
les deux coordonnées corres-pondant à z,
dans toutes les autres courbes dont il vient d’êtrequestion , pourront
êtrerespectivement représentées
par les formulesgénérales
24 INTÉGRALES
dans
lesquelles
X et Yreprésentent
des fonctions de ztout-à-fait arbitraires,
continues oudiscontinues ,
et où i esttoujours ,
commeci-dessus ,
unnombre abstrait , positif
ounégatif ,
sipetit qu’on
le
voudra,
sanspourtant
être absolurnent nul. Il estévident,
eneffet,
que , même en se donnant i avolonté,
on pourra encoreprofiter
de l’indétermination des fonctions X etY,
de manière queces formules
deviennent , conjointement
avec z , les coordonnées detelle
courbe donnée à double courburequ’on voudra , et qu’ensuite
on pourra diminuer
graduellement
lenombre i
de telle sorte quecette courbe
devienne
si peu différente de la courbe cherchéequ’on
voudra.
D’où l’on voit que , si l’antraçait
à volonté dansl’espace
une courbe aussi voisine de la courbe cherchée
qu’on
le voudrait;on
pourrait toujours considérer x+iX, y+iY
commeétant ,
con-curremment avec z, les trois coordonnées de cette
courbe ;
de sortequ’en supposant
X et Y arbitraires et id’une petitesse illimitée,
-les trois
formules z, x+iX, y-+iY expriment
les coordonnées de toutes les courbes que nous devons comparer à la courbe cherchée.24. Remarquons pourtant,
avant d’allerplus loin, qu’il
sepourrait,
dans des casparticuliers ,
en vertu de certaines con-ditions de la
question ,
que les fonctions X et Y ne dussentpoint
être tout-à-faitarbitraires ,
ou du moins ne dussent l’êtreque sous certaines
restrictions : c’est ,
parexemple ,
cequi
arri-verait si la courbe cherchée devait passer par deux
points donnés;
car alors on
n’aurait
à lui comparer que les autres courbesqui passeraient
parces
deux mêmespoints ;
mais nous avonsdéjà vu (§. I.) qu’on
était àtemps
à la fin du calcul d’avoirégard
à ces sortes de
limitations ;
et nous allons voir bientôtqu’il
enest exactement de même ici.
s 5. Par le
changement respectif
de xet y
enx+iX ;
y+iY,
25
On trouvera
conséquemment,
parl’application
de la série deTaylor
au
développement
des fonctions despolynomes ,
que , par le mêmechangement, r
doitdevenir
en
conséquence, Vdz deviendra
Afin
donc queVdz
soitmaximum
ouminimum ,
ilfaudra ,
suivant les
principes
ronnus , que lemultiplicateur
de i soitnul ;
et alors
ffdz
sera maximum ouminimum,
suivant que le mul-tiplicateur
de i3 sera constammentnégatif
ou constammentpositif.
La condition commune au maximum et au minimum sera done
exprimée
parl’équation
Tom.
XIII. 4
26
INTEGRALES
laquelle
revientsimplement
à26. Cela
posé,
par la formule(tu)’=tu’+ut’,
d’oùut’=(tu)’-tu’,
on trouve facilement