G ERGONNE
Analyse transcendante. Des maxima et minima, dans les fonctions d’une ou de plusieurs variables
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 20 (1829-1830), p. 317-345
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3I7
ANALYSE TRANSCENDANTE.
Des Maxima et Minima (*), dans les fonctions
d’une
oude plusieurs variables ;
Par M. G E R G O N N E.
MAXIM A ET MINIMA.
DANS t’expose
que nous avonsprésenté,
a lapag. 2I3
duprésent
volume ,
desprincipes
de calculdifferentiel,
on trouveunique-
ment, comme on a
pn le voir ,
i.0 la définition d’une nouvelleopération
decalcul;
2.° lesrègles pratiques
de cetteopération,
sur toutes les fonctions connues,
rigoureusement
déduites de sa dé-finition ;
3.0enfin,
l’Institution dequelques symboles généraux, propres à exprimer
le résultatauquel
onparvient, lorsqu’on
exé-cute cette même
opération ,
une ouplusieurs fois ,
sur des fonc-tions d’une ou de
plusieurs variables ,
dont on suppose la formetout à fait indéterminée.
Quand
bien même cesprocédés
et cessymboles
ne seraient sus-ceptibles
d’aucuneapplication,
tout ce que nous en avons dit n’en(*) Il y a
déjà long-temps
que M. Lacroix s’est affranchi de lapédantesque
coutume de
parler
latin en français ; et les mots maximum et minimum sont , en effet , d’un usage assez ancien et assezfréquent,
dans notrelangue,
pour mériter des lettres de naturalisation. Mais je n’ai pas , comme M. Lacroix, l’hon-neur
d’appartenir
à l’Académieroyale
des sciences et aux hautes écoles de lacapitale ;
et, sij’écrivais,
comme lui , des maximums, des minimums,beaucoup
de genspourraient
en inférer queje
n’aipoint
fait mes classes,ce qui me
porterait
un notablepréjudice
dans leuresprit.
Tom. XX n,°
1 1 I.er mai I830.44
3I8
MAXIMA
demeurerait pas moins de la
plus
exactevérité,
et on ne pour-rait , au plus ,
leurobjecter
que leur inutilité. Il ne nous reste doncplus
maintenantqu’à
montrer , par desapplications variées,
com-bien il s’en faut que ce
reproche puisse leur
êtreappliqué;
etc’est là ce que nous nous proposons de faire dans l’article
que l’on
va lire et dans
plusieurs
autresqui
lesuivront.
Nous
choisirons,
pourpremière application,
une classe deques-
tionsqui,
bienqu’elles
seprésentent fréquemment
à résoudre engéométrie
et enmécanique,
n’en sont pasmoins ,
aufond ,
dusimple
domaine del’analyse :
ce sont lesquestions
de maxima et deminima,
dans les fonctionsexplicites
ouimplicites
d’une oude
plusieurs variables , Indépendantes
les unes des autres ou liéesentre elles par des relations
plus
ou moins nombreuses. l,a théo- riequi
les concerne se trouveexposée
dans tous les traités de cal- culdifférentiel; mais,
outrequ’elle n’y
estpeut-être
pasprésen-
tée d’une manière assez
large,
assez lumineuse et assezcomplète
il est, sur ce
sujet, quelques points
de doctrinequi paraissent
avoir
échappé jusqu’ici
à l’attention desanalystes,
et que nous au-rons soin de
signaler ,
cheminfaisant ,
de manière à ollrir encorequelque
chose deneuf,
sur unsujet qu’on pourrait
croireépuisé.,
I.
Considérons,
enpremier lieu ,
une fonctionX=f(x),
de
la seule variable x, et supposonsqu’on
donne à cette varia-13le toutes les valeurs réelles
comprises
entre l’infininégatif
et l’in-flui
positif;
il pourra d’abord se faire que , pour toutes cesvaleurs
la fonction X soit constamment
imaginaire
ou constammentréelle ;
mais souvent aussi elle sera
réelle,
pour certaines séries de va-leurs,
etimaginaires
pour toutes les autres.Soient x, x’
deux limites entrelesquelles
les valeurs de x ren-dent constamment X
réelle ;
il pourra se faire que, de la pre-ET
MINIMA. 3I9
mière à la seconde
Iimite,
X prenne des valeurs réelles constam- ment croissantes on constammentdécroissantes ;
mais il pourra se faire aussi que, x marchant d’une limite àl’autre ,
X prenne des valeurs tantôt croissantes et tantôt décroissantes. Alorssi, après avoir d’abord crû,
cette fonction vient ensuite àdécroître
il yaura une certaine valeur de x
qui
l’aura rendueplus grande qu’elle
ne l’était pour les valeurs
qui précédaient
et suivaient immédiate-ment
celle-là
et l’on dira de cette valeur de xqu’elle
rend Xmaximum.
Si
aucontraire , après
avoirdécru,
cette fonction vient ensuite àcroître,
il y aura une certaine valeur de xqui
l’aurarendue plus petite qu’elle
ne l’était pour les valeursqui précédaient
et suivaient
immédiatement celle-là ;
et l’on dira de cette valeurde x
qu’elle
rend X minimum. Onconçoit
d’ailleurs que, pour des valeurs de xcomprises
entre les limites x/,x’,
la fonction X pourra souventprésenter plusieurs
maxima etminima,
les unsplus grands
et les autresplus petits ;
sanspourtant
quejamais
deuxmaxima ni deux minima
puissent
se succéder l’un à l’autre con- sécutivement. Laquestion
que nous nous proposons ici est d’as-signer,
pour toute fonctiondonnée,
toutes les valeurs et les seu-les valeurs de x
auxquelles
ces maxirna et ces minima doivent ré-pondre.
Soient a,, a , a’ trois valeurs de x, constamment croissantes ou
décroissantes
qui
substituées dansX,
lui fassentprendre
les troisvaleurs
A,, A, AI
si tontes les valeurs de xcomprises
entre a, et arendent X moindre
que A,
etqu’il
en soit de même pour toutes ses valeurscomprises
entre a et a’, il sera vrai de due que la valeura de x rend X
maximum,
dansle
serrs que nous l’entendons ici.A
l’inverse,
si toutes les valeurs de xcomprises
entre a, et a rendentX plus grande
queA,
etqu’il
en soit de même pourtoutes ses valeurs
comprises
entre a eta’,
il sera vrai de dire que la valeur a de x rend X minimum.On voitdonc
qu’une
valeur de x n’en serait pas moinsréputée répon-
dre à un maximum de la
fonction X, quand bien
même une autre valeur320
M A X I M A
de x rendrait cette fonction
plus grande;
etqu’elle
n’en seraitpas
moinsréputée appartenir
à un minimum de cette même fonctionX, quand bien
même une autre valeurde x
rendrait cette fonc-tion
plus petite ;
et c’est là unpoint qu’il
ne fautjamis perdre de
vue dans lathéorie qui
nous occupe. L’essentiel est seulement pour unmaximum,
que les valeursqui
leprécéderont
et le sui-vront immèdiatement
soient,
les unes et les autres, moindres que lasienne,
et, pour un minimum ,.que les valeursqui
leprécéde-
ront et le suivront immèdiatement
soient, les
unes et les autres,plus grandes
que la sienne(*).
Ces choses ainsi
entendues ,
soit i unegrandeur indéterminée , homogène
avec x , etsusceptible
de- toutes les valeurspossibles,
entre l’infini
négatif
et l’infinipositif,
Si l’on suppose que x sechange
enx+i,
X ouf,x)
deviendraf(x+i).
Alors la valeurde x
qui répondra
à un maximum de X devra être déterminéepar cette condition
qu’on puisse toujours prendre
i assezpetit ,
sans être
nul,
pour que, pour toutes sesvaleurs , jusqu’à i=o,
ou ait constamment,
quel
que soit sonsigne,
tandis qu’au
contraire la valeur de xqui répondra à
un minimumde .x
devra êtredéterminée,
sous les mêmesrestrictions ,
par lacondition
En développant donc ,
comme à la pag.252,
par la sériede
Taylor,
nous pourrons réunir les deuxconditions
ainsiqu’il
suit :(*) Tout cela devient manifeste, en considérant X comme l’ordonnée d’une courbe sinueuse , dont x est l’abscisse.
ET
MINIMA.
32IOr,
comme onpeut toujours prendre
i assezpetit,
sans êtrenul,
pour ne faire
dépendre
lesigne
total de cedéveloppement
que dusigne
de sonpremier
termequ’on peut rendre,
àvolonté, posi-
tif ou
négatif ,
envariant
lesigne
dei ;
il s’ensuit que, sidX dx
n’est pas nul de
lui-même ,
cedéveloppement
ne pourra être niconstamment
nègatif,
commel’exige
lemaximum,
ni constammentpositif,
commel’exige
leminimum ,
pour toutes les valeurs dei , jusqu’à zéro,
etquel
que soit lesigne
de cet accroissement. La conditionégalement nécessaire,
pour lemaximum
et pour le mi- nirnum de la fonctionX,
est doncqu’on ait ,
tout aumoins,
mais nous allons bientôt voir que cette condition n’est pas tou-
jours suffisante ; c’est-à-dire, qu’il
nepeut
y avoir maximum ou minimumque pour
des valeurs de x tirées de cetteéquation ;
mais que,
parnu
i les valeursqu’elle
donne pour x, onpeut
fortbien en rencontrer
qui n’appartiennent
ni à un maximum ni à unminimum.
Supposons qu’une
valeur de x tirée del’équation (2)
ne rendepas nul le coefficient
différentiel
d’X dx2;
pour cette valeur de x, lesconditions
(t)
se réduiront à cequi
suit :Or ,
comme onpeut toujours prendre
i assezpetit,
sans êtrenul
322 MAXIM A
pour ne faire
dépendre
lesigne
total de cedéveloppement
que dusigne
de sonpremier
termequ’on
nepeut plus
icirendre
àvolonté, positif
ounégatif,
en variant lesigne
dei ,
il s’ensuit que cesigne
total sera ou constammentnègatif,
commel’exige
lemaximum ,
ou constammentpositif ,
commel’exige
leminimum ,
pour
toutes les valeurs de ijusque zéro,
etquel
quesoit
lesigne
de cet
accroissement;
cette valeur de xrépondra donc,
eneffet,
à un maximum ou à un minimum de la fonction
X, suivant qu’elle
rendra d2X dx2 nègatif
oupositif ;
onpeut
donc écrireMais si une valeur de x , tirée de
l’équation (2) ,
rendait nulle
coefficient différentiel d2X dx2, sans rendre nul le coefficient diffé- rentiel
d3X dx3, les conditions (1) ,
pour cette valeur de x, se redui-sant à
ces conditions ne
pourraient pins
êtresatisfaites ;
car, comme onpourrait toujours prendre
i assezpetit,
sans êtrenul,
pour ne fairedépendre
lesigne
de- tout ledéveloppement
que dusigne
de son
prenuer
ternie que l’onpeut
ici rendre à volontépositif
ou
négatif
en variant lesigne
dei ,
il s’ensuit que cedévelop.
pement
nepourrait plus
être ni constammentnégatif,
commel’exige
lemaximum ,
ni constammentpositif,
commel’exige
leminimum ,
pour toutes les valeurs dei , jusqu’à zéro,
etquel
que fût lesigne
de cetaccroissernent ;
cette valeur de x nerépondrait
donc alors ni à un maximum ni à un minimum de la fonction X.
E T
M I N I M A.
323Supposons qu’une
valeur de x, tirée del’équation (2),
rendenuls non seulement le coefficient différentiel
d2X dx2,
mais encore lecoefficient différentiel d3X dx3, sans néanmoins rendre nulle coefficient différentiel
d4X dx4; alors,
pour cette valeur de x, lesconditions (ï)
se réduisant à
comme on
pourrait toujours prendre
i assezpetit,
sans êtrenul,
pour ne faire
dépendre le signe total
dudéveloppement
que dusigne
de sonpremier
termequ’on ne saurait ici rendre,
àvolonté,
positif
ounégatif,
en variant lesigne
dei,
il s’ensuit que ce dé-veloppement
serait ou constammentnégatif,
commel’exige
le maxi-mum, ou constamment
positif ,
commel’exige
leminimum ,
pourtoutes les valeurs de
i, jusqu’à zéro ;
et ,que!
que fût lesigne
decet accroissement,
cette valeur de xrépondrait donc alors,
en ef-fet ,
à un maximum ou à un minimum de la fonctionX,
sui-vant
quelle
rendraitd4x nègatif
oupositif.
Il n’est pas pas besoin d’aller
plus
loin pour voirqu’en général,
si une valeur de x tirée de
l’équation --
=o rendnuls
à lafuis
tous les coefficiens différentielssans rendre nul le coefficient
différentiel d2nX dx2n,
cette valeur de xrépondra
nécessairement à un maximum ou à un minimum de la324
M A X I M Afonction
X,
suivantqu’elle
rendra ce dernier coefficientdifféren-
tielnégatif
oupositif;
mais que, si cette même valeur de x rendnuls,
à lafois,
tous les coefficiensdifférentiels
sans
rendre
nul le coefficientdifférentiel d2n+IX dx2n+2,
elle nerépon-
dra dès lors ni
â
unmaximum
ni à un minimum de la fonction X.De tout cela résulte la
règle générale
que voici :Si l’on
égale
à zéro lecoefficient différentiel
dupremier
ordred’une
fonction quelconque
d’une seulevariable ,
il enrèsultera,
pour cettevariable,
une ouplusieurs valeurs , parmi lesquelles
seulement
pourront
se trouver cellesqui
rendront lafonction pro- posée
maximum ou minimum.Pour
distinguer
celles de ces valeursqui jouissent
de cette pro-priètè
de celles-qui
n’enjouissent
pas , on lessubstituera,
tourà
tour, à
laplace
de lavariable ,
dans lescoefficiens différentiels
des ordres
supèrieurs
de lafonction, jusqu’à
cequ’on
en rencon-tre un que leur substitution ne
fasse
pasévanouir.
Si ce
coefficient diffèrentiel
est d’un ordreimpair,
la valeursubstituée ne
répondra
ni à un maximum ni à unminimum
de lak proposée.
Si,
aucontraire ,
lepremier coefficient diférentiel
que la substi- tution d’une valeur de la variable, nefait
pas évanouir est d’un ordrepair,
cette valeurrépondra à
un maximum ou à un mini-mum de la
fonction,
suivantqu’elle
rendra cecoefficient différen-
tiel
négatif
oupositif.
On obtiendra ensuite la valeur maximum ou
minimum
dela fonc- tion,
en substituant dansla fonction cette
même valeur de la variable(*).
(*) Nous sommes loin de donner cette
règle
comme tout à faitcomplète,
puisqu’elle
n’embrasse pas le cas où une valeur substituée rendraitquelque
ET
M I N I M A. 325 Soit, par exemple,
cela
donnera
les valeurs de x
qui prnvent
rendre X maximum ou minimum sont doue données parl’équation
d’où l’on tire
le
premier
coefficient différentiel que la valeur x= I ne fait pas évanouir est celui duquatrième ordre, qu’elle
rendégal à -504 ;
d’où il suit que celle valeur
répond
à un maximumqui
estX=+70;
lepremier
coefficient différentiel que la valeur x=2 necoefficient différentiel infini ou indéterminé ; mais on doit remarquer que nous
avons
beaticoup
moins en vue décrire un traité, ex professo , sur la ma- tière , que de fairecomprendre
l’utilité des notations différentielles. Ceux de nos lecteursqui
désireront deplus amples développemens
sur cesujet
pourront consulter le Traité de calcul
différentiel
et de calculintégral
deM. LACROIX ( Tom. I.er t pag. 365 ).
Tom. XX.
45
326 M A X I M A
fait
pas
évanouir est celui du troisièmeordre ;
d’où il suit quecette valeur de x ne
répond
ni à un maximum ui à unminimum ;
enfin le
premier
coefficien t différentiel que la valeur x=3 ne fait pas évanouir est celui du second ordrequ’elle
rendégal à +326 ;
d’où il suit que cette valeur
répond
à un minimumqui
est X=+54.
IL Nous n’avons autant insisté sur ce
qui
concerne les fonctionsd’une seule variable que pour avoir d’autant moins à dire sur cel- les
qui
en renfermentplusieurs ;
on vavoir,
eneffet ,
que cequi
les concerne
peut
facilement être ramené à ce que nous -avons dit de celles-là.Soit
d’abordune fonction
quelconque
de deuxvariables,
absolumentindépen-
dantes l’une de l’autre. Si l’on
prend ,
pour ces deuxvariables ,
divers
systèmes
devaleurs,
la fonction S pourra devenirplus grande pour les
unes et moindre poar les autres(*);
et l’on pourra en-core ici désirer de savoir
quels
’sont,parmi
cessystèmes
de va-leurs,
en nombreinfini,
ceuxqui
sont propres à rendre la fonc- tion S non pas la-plus grande
on la moindrepossible,
maisplus grande
ou moindre que ne la rendraient tous lessystèmes
de valeursconsécutifs avec chacun de ceux-là.
Pour y
parvenir ,
remarquons que nousconserverons à
xet y
toute leur
indépendance,
si nous concevonsqu’il
existe deuxéqua-
tion-s entre ces deux variables et une troisième variable s,
pourvu
que noussupposions
ces deuxéquations
de forme tout à fait in-déterminée ;
car la relation que nous endéduirions ,
entre xet y
par l’éliminationde s,
serait indéterminée commeelles ;
et c’est(*) Ceci devient manifeste , en considérant S comme l’ordonnée d’une sur- face ondulée) d)nt x et r seraient les deux. abscisses.
327
E T M I N I M A.
dire,
en d’autres termes, de deux variablesqu’elles
sontindépen-
dantes l’une de
l’autre,
que de direqu’il
existe entre elles une re-lation
qu’on
peut supposerquelconque.
Au moyen de cette
fiction, S
sera, par l’intermédiaire de x et y,fonction ,
commeelles ,
de la seulevariable s ; et,
si nousassignons
les valeurs desqui
conviennent aux maxima et aux mi- nima deS,
il serafacile
d’en conclure lessystèmes
de valeurs dex et de y
qui
conviennent à ces mêmes maxima et minima.Nous voil i donc ramenés à la considération des fonctions d’une seule
variable;
et nous pourronsdire,
commeci-dessus,
qne les seules valeurs de squi puissent
rendre S maximum ou minimumdoivent
être données parl’équation dS ds=o;
que, si une valeur des tirée de cette
éqaation
rend nuls tous lescoefficiens
différentielssans rendre nul le coefficient différenntiel
d2n+IS ds2n+I, cette valeur n’ap-
partiendra
ni à un maximum ni à un minimum de la fonctionS;
mais que, si cette valeur rend nuls tous les coefficiens différentiels
sans rendre nul le coefficient différentiel
d2ns ds2n,
ellerépondra
à lInmaximum ou à un minimum de
S,
suivantqu’elle
rendra ce der-nier coefficient différentiel
négatif
oupositif.
Or,
enreprésentant simplement par 03B4,
comme nous en som- mes convenus à la pag.278,
les différentielles on variations re-latives à s, et en
remarquant que S
n’est fonction de cette der- nière variable que parl’intermédiaire
de x et y , nous aurons)comme à l’endroit
cité,
328
M A X I M A
or,
puisque les
relations de x et y avec s sontindéterminées,
lesvariations 03B4x
et 03B4y
doivent être absolumentindépendantes
l’une del’autre ;
desorte qu’on
ne pourra avoirdS ds=o, qu’autant qu’on
aura
séparément
t’elles
sontdonc,
dans tous les cas, les deuxéquations qui
don-neront
les seulssystèmes de
valeurs de x et yparmi lesquels
de-vront se trouver ceux
qui
rendront la fonction S maximum ou mi-nimum ,
si toutefois elle estsusceptible
de devenir l’un ou l’autre.En
ayant égard
auxéquations (3),
on trouvesimplement
d’où
l’onvoit ,
àcause
del’indétermination
etde l’indépendance
de 03B4x et
03B4y, que d2S ds2 ne
pourra être nul pour unsystème
de va-leurs de x
et y,
tiréesdes équations (3) , qu’autant
que ce sys- tème devaleurs rendra nuls,
à lafois
y les ’trois coefficiens diffé-rentiels
Si un
système
de valeursde x- et y , tirées
deséquations (3) ,
nerend pas, à la
fois,
ces trois coefficiensnuls,
il pourra y avoirun maximum ou un minimum de la fonction
S, répondant
à cesystème , mais il
faudrapour
celaque
la fonction d2S dS2 ou329
ET
M I N I M A.
conserve constamment le même
signe quelles
que soient les varia- tions 03B4x et03B4y,
et il y aura maximum ou minimum suivant quece
signe
invariable seranégatif
oupositif.
Cette condition sera infailliblement
remplie, quels
que soient 03B4x etaf ,
si la fonction(4)
n’estdécomposable qu’en
facteurs ima-ginaires
dupremier degré ,
c’est-à-dire si l’on ace
qui exige
évidemment que les deux coefficiensdifférentiels
soient de même
signe ;
et, comme leursigne
commun sera aussi évidemmentle signe
invariable de la fonction(4),
il s’ensuitqu’il
y aura maximum ou minimum suivant
qu’ils
seront tous deuxnégatifs
ou tous deuxpositifs.
Euler n’avait
indiqué
que la nécessité d’avoir ces deux coefficiens différentiels de mêmesigne,
et c’estLagrange qui
asignalé
lepremier
lacondition (5).
Mais on verra tout à l’heureque,
si l’unn’exigeait
pas assez , l’autre aexigé
un peutrop.
En
ayant égard
auxéquations (3) ,
et ensupposant
nuls les trois coefficiens différentielson trouve
330
MAXIMA
d’où t’on
voit,
à cause del’indétermination
et del’indépendance
des variations a-v et
03B4y ,
que, si unsystème
de valeurs de x ety, tirées des
équations (3),
ne rend pas nuls à lafois
lesquatre
coefficiensdifférentiels
le coefficient différentiel
d3S ds3
ne pourra devenir nulquels
que soient 03B4x et03B4y;
etconséquemment
cesystème
de valeurs ne ré-pondra
ni à un maximum ni à un minimum de la fonction S.Mais si un
systèrne
de valeurs de x ety, tirées
deséqua-
tions
(3),
rend cesquatre coefficiens
différentielsnuls,
comme ceuxqui
lesprécèdent,
on trouvera alorset il pourra y
avoir,
pour cesystème
devaleur,
maximum ouminimum
de
lafonction S ;
mais ilfaudra,
pourcela, que
lafouc-
tion d4S ds4
ouconserve
constamment
le mêmesigne quelles
que soient les va- riations 03B4x et03B4y ;
et il y aura maximum ou minimum suivant que cesigne
invariable seranégatif
oupositif.
Cette condition sera infaillibleulent
remplie , quels
que soient - dx et03B4y ,
si 1es facteurs -dupremier degré
de la fonction(6)
sonttous
quatre imaginaires ;
mais c’est là une circonstance que l’on ne saitpoint
encoreexprimer généralement
d’une manièresimple
etsymé-
trique,
et surlaquelle
nous pourrons revenir dans une autre occasion.ET
M I N I M A.
33ISi un
système
de valeursde x et y,
tirées deséquations (3)
rendait
nuls, à
lafois,
lescinq
coefficiensdifférentiels
du qua- trième ordreainsi que tous
ceux
des ordresinférieurs ,
sans rendrenuls,
à lafois , tous ceux du
cinquième ordre
, alorsd5S ds5
nepourrait
deve-nir
nul ,
pour ce mêmesystème
devaleur , quels
que fussent 03B4x et03B4y ; de
sortequ’il
nerépondrait
à cesystème
de valeurs ni maxi-mum ni minimum de la fonction S.
Nous venons de
présenter
les conditions de maxima et de mi- nima des fonctions de deuxvariables
tellesqu’on
les rencontre danstous les traités sur la
matière;
mais nous allons voir que ces con- ditionsexigent
souventtrop ,
etqu’on
n’apoint fait, jusqu’ici ,
uneanalyse
assezsoigneuse
de tous les casqui
peuvent s’offrir.Supposons
d’abordqu’en
vertu de la substitution de l’un dessystèmes
devaleurs,
tirés deséquations (3),
on aittout ce
qu’on
en devraconclure ,
c’est qued2S ds2
est de la formeet que
conséquemment quelque
valeurqu’on
donne à 03B4x et8y,
d2S ds2 ne
prendra jamais
unsigne
différent de celui de M.Mais si l’on
prend
03B4x et03B4y
de telle sorte que l’on aitP03B4x+
Q03B4y=o ;
comme engénéral ,
en vertu de cettehypothèse , d3S ds3
ne deviendra pas
identiquement nul,
il s’ensuitqu’alors
iln’y
aura,332 M
A X I M A
géueralement parlant,
ni maximum niminimum ,
cequi
est con-furme aux théories connues.
Il
pourrait
se fairece p endant que d3S ds3
contient e facteurP03B4x+
Q03B4y ;
et sid’ailleurs d4S ds4 gardait
invariablement le mêmesigne que
M , quels
quepussent
être 03B4x et03B4y ,
on voitqu’alors,
soitqu’on supposât P03B4x+Q03B4y=o,
soitqu’on
donnât à 03B4x et03B4y
des va-leurs
qui
ne vérifiassentpas
cettecondition ,
lepremier
coefficient différentiel que la substitution ne ferait pasdisparaître
seraittoujours
un coefficient différentiel d’un ordre
pair,
conservant constamment lesigne
deM; il
y aurait donc maximum ouminimum ,
bien que la condition(5)
ne fût passatisfaite ,
suivant que cesigne
seraitnégatif
oupositif.
Les mêmes considérations
prouvent que ,
si unsystème
de va-leurs de x et y,
tirées
deséquations (3),
rendIdentiquement
nulsd2S ds2
etd3S ds3, sans
rendreidentiquement
nuld4S ds4 ;
1 ne sera pas in-dispensab le-,
pour le maximum ou leminimum,
que les facteurs dupremier degré
de cette fonction soient tousquatre imaginaires.
Si ,
parexempte ,
cette fonction a deux facteurs réelségaux
et deuxfacteurs
imaginaires ,
que l’un de ces facteurségaux
se trouve dansd5S ds5,
sans se trouverdans d6S ds6 ,
et si enfin cette dernière fonctionconserve constamment le
signe
ded4S ds4, quels
que soient 03B4xet 03B4y,
il y aura maximum ou
minimum,
suivant que cesigne
communsera
négatif ou positif.
Il en irait encorede même si, d4S ds4 ayant
deux
couples
de facteurs réelségaux
Fundes
facteurs de l’un oui autre
compte
se trouvait dansd5S ds5, sans se
trouver dansd6S ds6.
Oasent d’ailleurs ce
qu’il
y aurait à dire si l’on voulait étendre cesconsidérations aux coefficiens différentiels des ordres
plus élevés.
E T M I N I M A.
333Il peut
souvent arriverque les équations (3) admettent un fac-
teur
commun , fonction
dex et y ;
et , sil’on admet
unsystème
de
valeurs de ces variables qui rende ce facteur nul ,
cequ’on pourra faire d’une infinité de manière différentes,
onÉe trouivera
précisément dans le
casdont il vient d’être question. St , en effet,
on a
et qu’on prenne x et y de manière à vérifier l’équation
on
aura, en ayant égard à cette condition
et
conséquemment
il
enrésultera
c’est-à-dire,
mais les équations ci-dessus donnent
Tom. XX 46
334 M A X I M A
d’où résulte, en substituant
la fonction d2S ds2 aura donc. deux facteurs égaux
dupremier degré,
et
conséquemment la condition (7) se trouvera remplie.
Ilest clair
d’ailleurs que
tefacteur T03B4x+U03B4y devra se
trouverdans d3S ds3 ;
mais
à, lapremière puissance seulement.
Comme ici, pour tous les systèmes de valeurs de x
ety d
duits
del’équation F=o,
onaura toujours [a
même valeurpour
S ; on voit que,
si l’onexigeait, pour
lemaximum de S, que tes
valeur consécutives fussent toutes plus petites, et pour son
mi-nimum qu’elles fussent toutes plus grandes, il n’y aurait propre’
ment alors ni maximum ni minimum; mais si l’on exige seu-
lement, pour le maximum de S , qu’aucune valeur consécutive ne, soit- plus grande, et pour son minimum qu’aucune d’elles
nesoit’
plus petite, ,aura, vraiment maximum ou minimum. Tout dé- pendra donc de l’idée, fort arbitraire d’ailleurs, qu’on voudra at
tacher
à cesdeux mots.
Ce cas
singulier a été signalé, pour la premiére fois, par M.
F.
F.Français (Annales , Mm. III, pag. 32) qui
aainsi prouvé
le
premier que la condition (5) n’était pas toujours nécessaire;
mais
onvoit que
cethabile professeur
n’avaitaperçu qu’un côté
,
de la -question
(*)
Le
cassignalé par
M.Français est
celui oùla surface
dont S est l’or-donnée
est touchée danstoute l’étendue d’une ligne droite ou courbe
parun
plan parallèle
à celui des xr.335
E T M I N I M A.
III.
D’après
cequi précède,
ilnous restera
peude choses à
dire
sur les maxima et minima
des fonctions deplus
de deuxva-
- riables.
Soit , par exemple
,S
unefonetion des trois variables x,
y , z , si l’on conçoit trois équations arbitraires entre ces variables
et une
quatrième variable s; par l’intermédiaire de ces équations,
ne sera plus fonction que de la seule variable s;
etpour que cette fonction soit maximum ou minimum, il faudra d’abord, tout
au
moins , qu’on
aitt quelles que soient
lesvariations 03B4x , 03B4y , 03B4z ; ce qui exigera qu’on
ait, à la fois,
telles seront donc
leséquations qui donneront les systèmes de
va-leurs de x , y ,
z ,parmi lesquels seule-tnent pourront se
trouverceux qui, rendront la fonction S maximum ou minimum, si toute-
.
fois elle est susceptible de te devenir.
Si
unsystème
devaleurs
dex , y , z ,
déduitde ces équations, ne rend pas identiquement nulle, quels que soient 03B4x , 03B4y , 03B4z , la
fonction c
il faudra
quecette fonction conserve, constamment le même signe
pour
toutesles valeurs
deces variations ; ce qui arrivera imman- quablement, si elle se résout
endeux facteurs imaginaires du pre-
mier degré.
Il estaisé de s’assurer que cela exige que les trois coef-
ficiens différentiels
336 M A X I M A
aient un même signe, contraire à celui de la fonction
et qu’en outre
on aitune quelconque des
troisconditions
Il y aura d’ailleurs maximum ou
minimumsuivant que les coef-
ficiens différentiels
seront tous trois nègatifs ou tous trois positifs.
Ce cas est sujet, au surplus, à une exception analogue à celle
que nous avons signalée à l’égard des fonctions de deux variables.
Si l’on a, à la fois , pour un système de valeurs de x , y , z ,
la fonction d2S ds2 renfermera le quarré du premier degré; or ,
sila raciue de ce quarré
se trouvefacteur dans d3S ds3 , sans l’être dans d4S ds4, et qu’en
outre cettederniére fonction, pour
toutes les valeurs
desvariations 03B4x , 03B4y , 03B4z , conserve constamment
le même signe que d2S ds2, il
yaura pour ce système de valeurs,
337
E T M I N I M A.
maximum ou minimum, suivant que ce signe sera algatif ou positif.
-
Oh
voitque, dans tous les cas , et quel que soit le nombre des
variables , les systèmes de valeurs de ces variables propres à ren-
dre la fonction maximum ou minimum seront toujours donnés par
les équations qu’on obtiendra en égalant séparément à zéro les coef-
ficiens
différentiels partiels de la fonction, pris tour à tour par
rapport à toutes ces variables ; mais qu’il pourr a bien se faire que
certains systèmes de valeurs, déduits de ces mêmes équations,
ne rendent la fonction
nimaximum ni minimum.
IV. Dans tout ce qui précède nous avons constamment sup - posé que les variables, dont
secomposait la fonction S, étaient ab- solument indépendantes les unes des autres; examinons présente-
ment de
quelle manière on devrait se conduire, si toutes ou par-
’
tie de
cesvariables se trouvaîent liées entre elles par
deséqua-
tions.
Supposons d’abord que S soit seulement fonction de deux va-
riables liées
entreelles par une équation telle que
et qu’on demande, parmi les systèmes
devaleurs,
ennombre
infini , qui vérifient cette dernière équation, ceux qui rendent la
fonction S maximum ou minimum.
Le moyen qui s’offre le premier à la pensée , pour résoudre
cette question, consiste à tirer de l’équation (9) la valeur de l’une
des variables, en fonction de l’autre, de y, par exemple, en fonc-
tion de x , pour
l,asubstituer dans S qui, dès lors, ne sera plus
fonction que de cette .dernière variable. La question se trouvera
ainsi ramenée à celle que
nous avons traitée(I);
eton aura
déterminé la valeur de x qiu rend S maximum
ouminimum, la
substitution de cette valéur , dans l’équation (9), fera
connaîtrela
valeur correspondante de y.
338 M A X I M A
Mais, outre que l’équation (9) peut souvent être très-difficile ou
même impossible à sésoltdue par rapport à l’une ou à l’autre des
deux variables qu’lle retaferure, ce procédé ruasquerais tour à fait
d’élégance et de syméirie ; il vaudra denc beaucoup mieux lui
sabstituer le suivant :
Si l’on conçoit une équation arbitraire entre x , y et une troi-
sième variable s ; à l’aide de cette équation
etde l’équation (9), x et y , et conséquem mant S, sepont des fonctions de la seule va-
riable s ; et conséqnemment la condition commune au maximum
et
au minimum de S sera, comme ci-dessus (II),
.