H IPPOLYTE V ERNIER
Analise transcendante. Recherche sur la sommation des termes de la série de Taylor et sur les intégrales définies
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 15 (1824-1825), p. 165-188
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ANALISE TRANSCENDANTE.
Recherche
surla sommation des
termesde la série de Taylor et
surles intégrales définies ;
Par. M. HIPPOLYTE VERNIER, docteur ès science , professeur de mathématiques
aucollège royal de Caen.
i.
TOUTES
les fois que la série deTaylor
n’est pas endéfaut
en arrêtant son
développement
à unquelconque
de ses termes , onpeut
assigner
les limites de l’erreur que l’on commet ennégligeant
ceux
qui
le suivent.L’objet principal
que nous nous proposons danscet essai est de
donner,
sous formed’intégrale définie,
la sommeexacte d’un nombre
quelconque
de termes de cette série. Cettesomme résulte de l’addition de deux
intégrales définies ,
dont l’unereprésente
la somme des termes de rangpair
de lasérie,
et l’autrela somme des termes de rang
impair , prolongées
toutes deuxjus- qu’au
terme de la sériecomplète
ou l’on veut s’arrêter., Deuxautres
formules ,
que l’onpeut
considérer comme lecomplément
des deux
premières ,
donnentaussi ,
l’une la somme des termes derang
pair
et l’autre la somme des termes de rangimpair ,
pro-longées
toutes deux àl’infini,
àpartir
d’un terme de rangquel-
conque.
Considérées sous un autre
point
de vue , ces formulesdonnent
la valeur d’un
grand
nombred’intégrales
définies. M.Poisson , dans-
Tom.
XV, n.° VI,
I.erdécembre 1824.
23I66
son
quatrième
mémoire sur cesujet (*),
adéjà
donné des for-mules
générales d’intégration,
pour les limites o et 03C9. Ces formules renferment une fonctionarbitraire 3 assujettie
àquelques restrictions;
et, suivant les différentes formes que l’on donne à cette
fonction,
on obtient les valeurs d’autant
d’intégrales
définies. Ces formules donnentainsi ,
à une branche d’analisequi malgré
sonimpor-
tance, n’avait
guère
offertjusqu’ici
que des résultatsépars,
laplus grande généralité
dont elleparaisse susceptible,
dans l’état actuel de la science. Nous avonsplacé plusieurs
formules du même genre à la suite de cellesqui
sont relatives à la sommation des termesde la série de
Taylor. Indépendamment
de leurfécondité ,
la ma-nière dont elles s’obtiennent donne naissance à des
développemens
que nous croyons nouveaux , et
qui
neparaîtront peut-être
pasindignes
de l’attention desgéomètres.
2. Pour éviter au lecteur la
peine
de consulter d’autres ouvragesnous allons d’abord nous occuper de la recherche de
quelques
résultats
analitiques
surlesquels
nous aurons à nous appuyer pourparvenir
à notre but.En
représentant
par n un nombre entierpositif quelconque y
on a, comme l’on
sait,
d’où,
enposant
n=I,puis,
en divisant lapremière
formule par laseconde,
(*) Journal de l’école
polytechnique,
XIX.e cahier i pag.48I
et suiv.I67
Mais on sait que
ou encore
Si n est nombre
pair,
cedéveloppement
mis sous cette dernièreforme ,
se terminera par le termetandis que si n est
impair
ce dernier terme serasimplement
Or,
si l’onfait
on aura
on aura de
plus
I68
substituant
donc ,
et renversant le secondmembre,
on trouveraSi
présentement
onmultiplie
l’une et l’autre de ces deuxéqua-
tions par dx et
qut’indiquant
ensuitel’intégration
de leurspremiers
membres 3
on exécute celles desseconds,
on trouveraEn prenant ces
intégrales depuis
x=ojusqu’à x=03C9,
on auraévidemment
Changeons
tour-à-tour n enp+q
et p-q, pet q
étant tousdeux
des nombres entierspositifs, et p
n’étant pas moindre que q.I69
Si p
et q
sont tous deuxpairs ou tous
deuximpairs P+9
et p-qseront deux nombres
positifs pairs ,
et ce sera lapremière
des deux,formules
qu’il
faudraemployer.
On auradonc
Si,
aucontraire ,
des deux nombres pet 9 , l’un
estpair
et l’autreImpair ; p+q et
p-q étant alors deux nombresimpairs,
ce seraalors à la seconde formule
qu’il
faudrarecourir,
et l’on auraSi l’on
prend
tour-à-tour la différence deséquations (i)
et cellesdes
équations (2),
on trouveraégalement,
en divisant pardeux.
formule
qui
a lieuconséquemment
dequelque
nature que soientles nombres entiers
positifs
p et q, pourvuqu’on
n’ait pas pq.
Mais ,
si l’on avaitpq,
p-q deviendraitnégatif,
cequi
nechangerait
rien aux formules(I),
de sorte que 3 pourvu que pet q
fussent tous deuxpairs
ou tous deuximpairs,
la formule(3)
auraitencore lieu.
Mais s’ils étaient l’un
pair
et l’autreimpair , c’est-à-dire,
si p-qétait
un nombrenégatif impair,
on auraitd’où,
enprenant
lademi-différence,
I70
De la on peut
conclure,
enparticulier,
I.° que,quel
que soit le nombre -entierpositif
r, lesintégrales,
en nombre infiniainsi que les
intégrales ,
en nombreinfini,
prises
entre les limites o et 03C9 serontnulles ;
etqu’il
en sera encorede même des r-I
intégrales
tandis que les intégrales, en nomort
prises
entre les marneslimites,
seront touteségales
à 03C9.2. e
Que ,
si le nombre entierpositif
r estpair,
les r-Iintégrales
prises toujours
entre les limites o et 03C9 , serontnulles,
tandis que lesr-I autres
intégrales
- -I7I
prises
entre les mêmeslimites,
seront touteségales
à 03C9.3.°
Enfin , qu’il
en ira àl’inverse,
si le nombre entierpositif
r estimpair ;
c’est-à-direqu’alors
ce seront lesintégrales
de la dernièreligne qui
serontnulles ,
tandis que celles de l’avant-dernière seront touteségales
à ’Gr.Toutes ces remarques vont, dans un
instant,
recevoir leur ap-plication.
3. Soient
présentement
x et p deux constantesindéterminées ,
etsoit F la
caractéristique
d’une fonctionquelconque ;
le théorème deTaylor
donnerapuis,
enchangeant
lesigne
de x ,Prenant -d’abord la demi-somme de ces
équations, puis
leur demi-différence divisée par
-I,
en serappelant qu’en général
on aura ces deux nouvelles
équations
I72
multipliant
les deux membres de lapremière
et ceux de la seconderespectivement
paret
indiquant
lesintégrations,
il viendraSi
présentement
onprend
lesintégrales
entre les limites o et 03C9,en ayant
égard
à cequi
a été ditci-dessus ,
et en renversant le se-cond membre de la
première équation ;
on trouvera ,quel
que soit d’ailleurs lenombre
entierpositif
r, en divisant par03C9,
Si donc r est un nombre
pair ,
la formule(A)
donnera la somme des termes dedegrés impairs
de la série deTaylor , depuis
le termeaffecté
de p jusqu’au
terrne affecté depr-I;
et la formule(B)
donnera la somme de tous les autres termes de
degrés impairs,
àl’infini.
Si ,
aucontraire ,
r est un nombreimpair,
la formule(A) donnera
la somme des termes de
degrés pairs
de la série deTaylor, depuis
le terme
F(03B1) jusqu’au
terme affecté depr-I;
et la formule(B)
donnera la somme de tous les autres termes de
degrés pairs,
àl’illfilli.
4- Cette même série de
Taylor
donnepuis,
enchangeant
lesigne
de p ,Tom. XV.
24
I74
prenant
tour-à-tour li- demi-somme et la demi-différence de ces deuxéquations,
il viendracotations
dont les seconds membres sontrespectivement,
comme I’ouvoit ,
les sommes de termes dedegrés pairs
et dedegrés impairs
de la série de
Taylor.
En
multipliant
et divisant en même temps lepremier
membrede
l’équation (A)
par-I,
elleprend
cette formeSi
l’on ajoute
cetteéquation
àl’équation (B)
le second membre deleur somme sera y suivant que r sera
pair
ouimpair,
la sommede
tous les termes de
degré impair
ou la somme de tous les termes dedegré pair
de la série deTaylor,
c’est-à-dire que cette somme seraégale
au second membre de
l’équation (D)
ou au second membre del’équation (C).
Quant
à la somme despremiers membres ,
elle seraou, en
développant,
I75
ou encore
de sorte
qu’on
pourraécrire,
si r est un nombrepair,
et, si r est un nombre
impair,
On remarquera que les seconds membres de ces
équations
sont in-dépendans
de r.Si dans la formule
(B),
on fait tour-à-tour r=o et r=I, elle donneramais on ne
pourrait
obtenirdes
résultatsanalogues
de la formule(A) qu’en
ysupposant
rinfini.
I76 INTÉGRALES
5. Les formules
(A)
et(B)
servent à connaître les valeurs d’ungrand
nombre
d’intégrales définies,
par celles de la série finiequi
en formele second membre. La seule condition à
laquelle doive
êtreassujettie
la fonction arbitraire F
qui
entre dans ces formules et les deuxconstantes or et p , c’est que la série de
Taylor
soitapplicable
et que les
développemens
soient convergen s.
Ainsi ,
parexemple,
on pourra supposerles constantes 03B1, a, m, étant
quelconques.
Mais si l’on faiten supposant ensuite 03B1=o, il faudra que
l’exposant
m soit un nombreentier
positif,
autrement lestermes de la
série deTaylor deviendraient
infinis.
Si ,
aucontraire-, on
suppose a-l, le nombre mpourra
recevoir toutes les valeurs
positives possibles.
On pouya faireaussi
m et n étant des nombres entiers
positifs,
et b un nombremoindre
que
l’unité ,
pourvu que l’on fasse ensuite 03B1=o.Soit,
parexemple , F(03B1)=em03B1,
etqu’on
doive ensuite poser 03B1=o,ce
qui exigera
que le nombre m soitentier ;
posons deplus
p=I, lepremier
membre del’équation (A) deviendra
I77
ou bien
ou encore
ou enfin
On
aura, en outre , en faisanttoujours
03B1=o,après
ladifférentiation,
en
conséquence l’équation (A) deviendra
c’est-à-dire,
si r est un nombrepair,
et si r est un nombre
impair,
I78 INTÉGRALES
6. Les formules
(A)
et(B)
ont été construites pourles limites d’intégration
o et 03C9; mais la considération de la série deTaylor
enfournit encore deux autres ,
qui
ont lieu entre les limites o et ~ , etqui donnent,
sous formefinie,
un nombre illimitéd’intégrales.
Pour les
obtenir , rappelons
d’abord ces deux formules connuesRemarquons
en outre que, par la série deTaylor,
on aen
multipliant
les deux membres de l’une et de l’autreéquations
pardx, intégrant
entre o et co , et ayantégard
aux deux formules ci-dessus ,
il viendra(*)
Voyez
un mémoire deM. Laplace , dans
le volume des Mèmoires de racadémie royale des sciences de Paris, pour I782, ou la Théorie anali-tique des probabilités du même géomètre, chap. III, n.° 33 , ou encore le Nouveau bulletin des sciences , n.° 43 , avril I8II, ou enfin le Traité des
différences
et des séries de M. Lacroix, 2.e édition, page 492, n.° I2II.Consultez aussi un
beau
mémoire deM. Bidone,
dans les Mémoires del’académie
royale
des sciences de.Turin,
pour I8I2.eu encore
On peut
faire,
dans les formules(M)
et(N),
les mêmessuppositions
que dans les formules
(A)
et(B) , puisque ,
dans cesquatre formules
la fonction F est
assujettie
aux mêmes restrictions.Soient,
parexemple , F(03B1)=Sin.(03B103B1),
03B1=o, p=I. Lepremier
membre de
l’équation (M)
deviendraEn faisant
disparaître
lesimaginaires
et formant le secondmembre
on trouvera finalement
Il est inutile de
multiplier
lesexemples
pour fairecomprendre
queI80
les formules
(M)
et(N) peuvent
donner une infinitéd’intégrales
diffé-rentes.
7. Un moyen
fréquemment employé
dans lesintégrations
consiste àsubstituer à la variable une nouvelle
variable dont
les limites sont alorsles valeurs
correspondantes
aux valeurs limites de lapremière
variable.Cette transformation ne
change
rien à la valeur del’intégrale définie,
somme des démens dif’érentiels.
Mais
, si l’on vient àremplacer
unevariable ,
réelle dans toute l’étendue del’intégration ,
par une fonctionvariable , composée
d’unepartie
réelle et d’unepartie imaginaire,
ilsemble que la valeur de
l’intégrale
définie peut en êtrealtérée,
bienque la nouvelle fonction substituée varie dans les mêmes limites que la variable
primitive, puisqu’on
aremplacé
une somme d’élémens réels par une somme d’élémensimaginaires.
Nous nous proposons ici de faire voir que néanmoins une substitution de ce genre ,
appliquée
à une fonction réelle etfinie,
dans toute l’éten-due de
l’intégration,
loin de conduire à des résultatsabsurdes ,
peutservi r ,
aucontraire
dans ungrand
nombre de cas, à découvrir denouvelles formules
générales d’intégration.
Soit
~(z).dz
un différentielle que l’on doitIntégrer depuis
z=-Ijusqu’à z=+I,
etqui
demeure constamment réelle entre ces limites.Soit fait
z=ex-I;
les limitescorrespondantes
de x seront res-pectivement
x=03C9 et x=o, à cause de ex-I =Cos.x+-ISin.x.On
tire de cette relationdz=-I.ex-Idx,
cequi
donneéquation qui
ne sera vraiequ’autant qu’après
avoirséparé
dans le second membre lapartie
réelle de lapartie imaginaire , l’intégrale
de lapartie imaginaire
seranulle,
et celle de lapartie
réelleégale
aupremier
membre.Mais
l’équation (P) ,
obtenue en faisant passer lavariable z , toujours réelle ,
par une série de valeursimaginaires
, ne serait passuffisamment
établie,
s’iln’y avait,
pour yparvenir ,
une marcheoù les
imaginaires
ne se montrassentqu’en
apparence, etqui
fitvoir en outre à
quelle
restriction lafonction ~
doit êtreassujettie.
Supposons cp(z) développable
suivant lespuissances
entières de zon aura , par la série de
Taylor
que nous supposons convergenteobservant
qu’en général , lorsque
n estentier,
multipliant
par dx etintégrallt depuis
ojusqu’à 03C9,
il viendraCela
posé,
on a aussiobservant que,
lorsque
n estentier, suivant
que cenombre
estpair
ou
impair,
on aTom. XV.
25
I82
multipliant
par dx etintégrant depuis
ojusqu’à 03C9,
on auramais,
on a aussid’où
donc
or , en
ajoutant
membre à membre leséquations (I)
et(2) ,
ontombe
précisément
surrelation (P) qui
se trouve ainsi com-plètement justifiée.
8. Pour déduire de cette
équation
la valeur d’ungrand
nombred’intégrales définies,
il reste à donner à la fonction cp différentesformes.
La seconde manière dont on est parvenu àl’équation (P)
fait voir d’ailleurs que cette fonction n’est pas entièrement arbi-
traire,
etqu’elle
doit êtredéveloppable
en sérieconvergente procédant
suivant lespuissances
entières de z.Soit,
pour en donner unexemple, ~(z)=zea03B6 ,
on auraet, en
séparant
lapartie imaginaire
de lapartie réelle,
de sorte
qu’on
aura, parl’équation (P) ,
L’intégration
parpartie
donneon a donc
En faisant
~(z)=zn.a03B6,
n étant un nombre entierquelconque
on obtiendrait les valeurs des
intégrales
I84
dont la
première
seratoujours
nulle.L’équation
se vérifie d’ailleurs immédiatement par les
équations
données par M. Poisson dans son
quatrième
mémoire sur les inté-grales
définies(*).
g. Par une marche
analogue
àcelle qui
nous a conduit àl’équation (P),
on peut obtenir une nouvelleformule,
relative àdes
intégrales
dont les limites sont o et oc.Soit
03C8(z)dz
une différentiellequi
doive êtreintégrée depuis
ojusqu’à
i. PosonsPour que z varie
toujours depuis
ojusqu’à
1 1 il faudra que ~varie, depuis
oojusqu’à
o. Ontirè
de là(*) Journal de l’école
polytechnique,
XIX.ecahier,
page 439.et par
conséquent
ou bien
et
l’équation (Q) fournira,
commel’équation (P) ,
les valeursd’une infinité
d’intégrales définies y en égalant respectivement,
dansles deux
membres ,
lesparties
réelles et lesparties imaginaires.
Mais
l’équation (Q)
abesoin,
commel’équation (P) ,
d’être éta- blie d’une manièreplus rigoureuse.
Soit
F(x)
une fonctiondéveloppable
en série convergente, pro- cédant suivant lespuissances
entières de x, etqui
soit nulle enmême
temps qtle x,
on auraEn observant que, par une formule connue
I86
multipliant
par dr etintégrant depuis
ojusqu’à
~ , on auraMais on a aussi
observant
qu’en général
multipliant
par dx etintégrant depuis o jusqu’à
co , on aura ausside sorte que
Cela
posé,
soitF(x)=x03C8(x);
il suffira que03C8(x)
ne soit pas infinie pour x=o, et soitdéveloppable
suivant lespuissances
entières dex.
L’équation précédente
deviendraDÉFINIES.
Faisant ensuite
pu aura
Par une marche
semblable ,
et en observant queon trouvera
En
ajoutant
membre à membre leséquations (i)
et(2), on re-
tombe sur
l’équation (Q), qui
se trouve ainsirigoureusement justifiée.
xo Pour
donner
uneapplication
de cettedernière équation,
soitI88
fonction
qui
satisfait aux restrictionsqui
limitent la forme de lafonction
y. L’équation (I)
devientou
or , on trouve
donc
(*)