Devoir en temps libre
Alg` ebres de Jordan et applications en statistique
Magist` ere 2` eme ann´ ee 2010-2011
Ce devoir est ` a r´ ediger pour le lundi 29 aoˆ ut 2011.
Il peut ˆ etre :
• d´ epos´ e dans mon casier ` a l’IRMA,
• rendu par voie ´ electronique ` a l’adresse ´ electronique : frederic.bertrand@math.u-strasbg.fr,
• rendu par voie postale ` a l’adresse suivante : Fr´ ed´ eric Bertrand
Universit´ e de Strasbourg IRMA
7, rue Descartes
67084 Strasbourg Cedex
Notation : Dans le probl` eme suivant, si ( M , ×) est un magma associatif, a, b des
´
el´ ements de M et S une partie de M alors l’´ egalit´ e aS b = 0 signifie que pour tout
´
el´ ement s de S, asb = 0. La matrice identit´ e d’ordre k ∈ N
?sera d´ esign´ ee par I
k. Partie 1. Inverses g´ en´ eralis´ es de Moore-Penrose.
Les r´ esultats suivants concernent les inverses g´ en´ eralis´ es de Moore-Penrose et sont admis. Ils ont ´ et´ e d´ emontr´ es lors d’une ´ etude d´ etaill´ ee des inverses g´ en´ eralis´ es qui a
´
et´ e m´ en´ ee dans le devoir en temps libre l’ann´ ee 2009-2010.
D´ efinition : Soit m, n ∈ N
?et A une matrice d’ordre m × n ` a coefficients dans un corps K . Une matrice G est un inverse de Moore-Penrose de A si :
AGA = A
(1)
GAG = G
(2)
(AG)
0= AG (3)
(GA)
0= GA.
(4)
Th´ eor` eme 1 : Soit m, n ∈ N
?et A une matrice d’ordre m × n. Il existe un unique inverse de Moore-Penrose de A. Il est not´ e A
+.
Propri´ et´ es : Consid´ erons m, n ∈ N
?et X une matrice d’ordre m × n. Les assertions suivantes sont vraies :
(1) Soit y ∈ R
n. La projection orthogonale de y sur C (X), l’espace vectoriel engendr´ e par les colonnes de X, est ´ egale ` a X (X
0X)
+X
0y.
(2) X (X
0X)
+X
0X = X et X
0X (X
0X)
+X
0= X
0. (3) X
+= (X
0X)
+X
0.
1
Partie 2. R´ esultats pr´ eliminaires.
Dans la suite K d´ esignera un corps et en particulier R ou C . Dans la suite nous appelons K -alg` ebre un K -espace-vectoriel (A, +, ·) muni d’une seconde loi de com- position interne appel´ ee multiplication, not´ ee ∗ et qui est distributive par rapport ` a l’addition. Par cons´ equent,
λ · (a + b) = λ · a + λ · b λ · (a ∗ b) = (λ · a) ∗ b = a ∗ (λ · b) a ∗ (b + c) = a ∗ b + a ∗ c (b + c) ∗ a = b ∗ a + c ∗ a
pour tout λ ∈ K , (a, b, c) ∈ A
3.
(A, +, ∗, ·) est une K -alg` ebre r´ eelle si K est un sous-corps de R et une K -alg` ebre complexe si K est un sous-corps de C .
Dans la suite, la dimension d’une K -alg` ebre A est sa dimension en tant que K - espace-vectoriel et est not´ ee dim A.
Remarque :
a) La multiplication n’est pas n´ ecessairement commutative a ∗ b = b ∗ a.
b) La multiplication n’est pas n´ ecessairement associative (a ∗ b) ∗ c = a ∗ (b ∗ c).
Exemple : La K -alg` ebre M
n( R ) est associative mais non commutative si n > 2.
Une alg` ebre de Jordan est une K -alg` ebre (A, +, •, ·) qui v´ erifie les deux conditions suppl´ ementaires suivantes :
J1 : a • b = b • a, ∀ (a, b) ∈ A
2.
J2 : a
2•• (b • a) = (a
2•• b) • a, ∀ (a, b) ∈ A
2avec a
2•= a • a.
Remarque : Une alg` ebre de Jordan est donc commutative mais non n´ ecessairement associative pour la loi •.
Exemple : L’ensemble des matrices sym´ etriques r´ eelles, not´ e S
n( R ), muni du pro- duit de Jordan d´ efini, pour tout (a, b) ∈ S
n( R )
2, par :
a • b = 1
2 (ab + ba)
o` u, pour deux ´ el´ ements c et d de M
n( R ), cd d´ esigne le produit de c par d au sens de la multiplication usuelle des matrices dans M
n( R ) est une alg` ebre de Jordan.
La dimension de S
n( R ) est : dim S
n( R ) =
12n(n + 1).
Dans la suite, lorsque le produit de deux matrices de M
n( K ) est not´ e implicitement, il d´ esignera toujours le produit usuel dans M
n( K ).
Rien n’empˆ eche d’´ etendre la d´ efinition du produit de Jordan au cas d’un corps de base K de caract´ eristique diff´ erente de deux. Le produit de Jordan de deux ´ el´ ements a et b de S
n( K ) est d´ efini par :
a • b = 1
2 (ab + ba).
Remarque : Une alg` ebre de Jordan r´ eelle (A, +, ∗, ·) n’est pas n´ ecessairement iso-
morphe, en tant qu’alg` ebre, ` a une sous-alg` ebre de (S
n( R ), +, •, ·) o` u • est le produit
de Jordan d´ efini ci-dessus. Lorsqu’un tel isomorphisme existe, l’alg` ebre (A, +, ∗, ·)
est dite sp´ eciale. Rien n’empˆ eche ´ egalement d’´ etendre cette d´ efinition au cas d’un corps de base K de caract´ eristique diff´ erente de deux.
L’´ egalit´ e suivante est v´ erifi´ ee pour toutes les alg` ebres sp´ eciales de Jordan : a
2•= a • a = 1
2 (a
2+ a
2) = a
2. Exemples :
1. Soit S le sous-espace vectoriel de S
2( R ) engendr´ e par la matrice identit´ e d’ordre 2, I
2, et a =
1 2 2 1
. Donner la forme g´ en´ erale des ´ el´ ements s de S puis montrer que (S , +, •) est une alg` ebre sp´ eciale de Jordan r´ eelle.
2. Soit T le sous-espace vectoriel de S
3( R ) engendr´ e par la matrice identit´ e d’ordre 3, I
3, et b =
1 2 3 2 1 2 3 2 1
. Donner la forme g´ en´ erale des ´ el´ ements t de T , examiner si les propri´ et´ es J1 et J2 sont v´ erifi´ ees. En d´ eduire que (T , +, •) n’est pas une alg` ebre de Jordan r´ eelle.
D´ efinition : Un ´ el´ ement e d’un sous-espace vectoriel S de M
n( R ) est une unit´ e associative de S si, pour tout s ∈ S, es = se = s.
Remarque : Si S est un sous-espace propre de M
n( R ), il n’est pas possible d’af- firmer que l’unit´ e associative de S est I
n, la matrice identit´ e d’ordre n, comme le montre l’exemple suivant qui est associ´ e ` a une probl´ ematique statistique.
Soit Y un vecteur al´ eatoire ` a n composantes d’esp´ erance Xµ et de matrice de variance-covariance V . Supposons que rgX < n et que V soit d´ efinie positive et puisse s’´ ecrire
V =
k
X
i=1
λ
iG
iavec G
i∈ S
n( R ) et λ
i∈ R pour 1 > i > k. Consid´ erons S = Vect(G
1, . . . , G
k) et M = I
n− X(
tXX)
+tX
o` u (
tXX)
+est l’inverse g´ en´ eralis´ e de Moore-Penrose de
tXX. M est la projection sur le suppl´ ementaire orthogonal de l’espace vectoriel engendr´ e par les colonnes de X.
3. Montrer que le vecteur al´ eatoire Y
∗= M Y est d’esp´ erance nulle et de matrice de variance-covariance V
∗´ egale ` a M V M .
V
∗est un ´ el´ ement de S
∗, l’ensemble des matrices de la forme M sM lorsque s d´ ecrit S .
4. Montrer que M est une unit´ e associative de S
∗et que I
n6∈ S
∗.
D´ efinition : Un ´ el´ ement e de M
n( K ) tel que e
2= e est dit idempotent associatif.
D´ efinition : Un ´ el´ ement e d’une alg` ebre de Jordan (A, +, ∗, ·) tel que e
2∗= e est dit idempotent de Jordan.
5. Montrer que, dans une alg` ebre de Jordan sp´ eciale (A, +, •, ·), les ´ el´ ements idempotents de Jordan et associatifs sont identiques.
3
Lemme 1 : Soit S un sous-espace vectoriel de S
n( R ) et e ∈ S un ´ el´ ement idem- potent. Si e • s = s pour un s ∈ S , alors e • s = es = se = s.
6. Montrer le Lemme 1. Indication : Commencer par montrer aba = 2a • (a • b) − a
2• b.
7. En d´ eduire que les unit´ es associatives et les unit´ es de Jordan d’un sous-espace vectoriel de S
n( R ) sont identiques.
8. Montrer le Lemme 2 suivant.
Lemme 2 : Soit S un sous-espace vectoriel de S
n( R ) et e ∈ S.
a) e • s = s pour tout s ∈ S si et seulement si es = s = se pour tout s ∈ S . b) Dans les alg` ebres sp´ eciales de Jordan, les ´ el´ ements idempotents sont Jordan-
orthogonaux si et seulement s’ils sont orthogonaux au sens usuel : si e
1, e
2sont des ´ el´ ements idempotents alors e
1• e
2= 0 ⇔ e
1e
2= 0.
c) Des sous-espaces vectoriels S et T sont dits Jordan-orthogonaux si pour tout s ∈ S et tout t ∈ T , s • t = 0, cette propri´ et´ e est not´ ee S • T = 0.
Des sous-espaces vectoriels S et T poss´ edant une unit´ e s
1∈ S et t
1∈ T sont Jordan-orthogonaux si et seulement s’ils sont orthogonaux pour la loi multiplicative usuelle : ST = T S = 0 ou encore st = ts = 0, pour tout s ∈ S et tout t ∈ T .
Partie 3. D´ efinitions ´ equivalentes d’une alg` ebre de Jordan.
Lemme 3 : Soit S un sous-espace vectoriel de S
n( R ). Supposons que S poss` ede une unit´ e e. S est une alg` ebre de Jordan si et seulement si l’une des conditions
´
equivalentes suivantes est v´ erifi´ ee :
a) ab + ba ∈ S, pour tout a et b dans S . b) aba ∈ S, pour tout a et b dans S .
c) a
2∈ S , pour tout a ∈ S.
9. Montrer le Lemme 3.
10. Montrer que si a appartient ` a une alg` ebre de Jordan r´ eelle S , alors R [a] ⊂ S, o` u K [a] d´ esigne l’ensemble de tous les polynˆ omes en a ` a coefficients dans K . Lemme 4 : Soit S un sous-espace vectoriel de S
n( R ). Si la matrice identit´ e d’ordre n, I
n, appartient ` a S alors :
a) S est une alg` ebre sp´ eciale de Jordan si et seulement elle contient l’inverse g´ en´ eralis´ e de Moore-Penrose s
+de chaque ´ el´ ement s ∈ S.
b) S contient tous les inverses s
−1des ´ el´ ements inversibles s ∈ S si et seulement si elle contient tous les inverses g´ en´ eralis´ es de Moore-Penrose s
+des ´ el´ ements s ∈ S .
c) S contient tous les inverses s
−1des ´ el´ ements inversibles s ∈ S si et seulement si elle contient les inverses d
−1de tous les ´ el´ ements d´ efinis positifs de d ∈ S.
L’objectif des questions 11. ` a 14. est de montrer le Lemme 4.
11. V´ erifier que si S contient tous les inverses g´ en´ eralis´ es de Moore-Penrose des
´ el´ ements s de S alors S contient tous les inverses s
−1des ´ el´ ements inversibles s ∈ S et que si S contient tous les inverses s
−1des ´ el´ ements inversibles s ∈ S elle contient les inverses d
−1de tous les ´ el´ ements d´ efinis positifs de d ∈ S.
12. Soient a et b deux ´ el´ ements inversibles de S avec a 6= b
−1. Montrer l’identit´ e de Hua :
a − (a
−1+ (b
−1− a)
−1)
−1= aba.
13. Soit c ∈ S
n( R ). En utilisant l’´ egalit´ e max
x∈Rn\{0}
t
xcx
t
xx = λ
maxo` u λ
maxest la plus grande des valeurs propres de c, montrer que, pour ζ ∈ R
∗+suffisamment petit, I
n− ζc est d´ efinie positive. Soit ζ
0l’une de ces valeurs.
De la mˆ eme mani` ere, montrer que, pour t ∈ R
∗+suffisamment petit, I
n− t(I
n− ζ
0c) est d´ efinie positive et que, pour tout t ∈ R
∗+, t(I
n− ζ
0c) est d´ efinie positive. Appliquer l’identit´ e de Hua avec b = I
net a = t(I
n− ζ
0)c et en d´ eduire que
a − (a
−1+ (I − a)
−1)
−1∈ S .
Remarquer alors que a
2= t
2(I − 2ζ
0c + ζ
02c
2). En d´ eduire que S est une alg` ebre sp´ eciale de Jordan.
14. Montrer que si s ∈ S
n( R ) alors s
+= (s
2)
+s. En d´ eduire que a
+=
n
X
αi∈SpecA\{0}
1 α
i2h
ig
ia o` u SpecA d´ esigne le spectre de A,
g
i= Y
j6=i
a
2− α
2jI
net h
i= Y
j6=i
α
2i− α
j2.
15. En d´ eduire que si S est une alg` ebre sp´ eciale de Jordan, alors elle contient tous les inverses g´ en´ eralis´ es de Moore-Penrose de ses ´ el´ ements.
Partie 4. Classification des alg` ebres de Jordan.
D´ efinition : Une alg` ebre de Jordan S est dite formellement r´ eelle si l’´ equivalence suivante est v´ erifi´ ee :
a
2+ b
2= 0 ⇔ a = b = 0, ∀a, b ∈ S.
16. Montrer que les alg` ebres sp´ eciales de Jordan r´ eelles sont formellement r´ eelles.
D´ efinition : Un id´ eal de Jordan C d’une alg` ebre A de Jordan est un sous-espace vectoriel de A qui est une alg` ebre de Jordan telle que
a ∗ c ∈ C et c ∗ a ∈ C, ∀a ∈ A, c ∈ C.
D´ efinition : Une alg` ebre A de Jordan est simple si A
2= A ∗ A n’est pas r´ eduit ` a {0} et ne contient aucun id´ eal de Jordan propre non r´ eduit ` a {0}.
17. Montrer que S
n( R ) est une alg` ebre de Jordan simple.
5
D´ efinition : Deux sous-espaces vectoriels S
1et S
2de M
n( R ) sont orthogonalement
´
equivalents s’il existe une matrice u orthogonale telle que S
1= uS
2tu
Th´ eor` eme 2 (admis) : Soit S une alg` ebre sp´ eciale de Jordan formellement r´ eelle et de dimension finie. Il existe un entier n tel que S est isomorphe ` a une sous- alg` ebre de S
n( R ). De plus, S est orthogonalement ´ equivalente ` a une somme directe d’id´ eaux de Jordan simples I et a une unit´ e e telle que e • a = a pour tout a ∈ I.
Chacun des id´ eaux simples de Jordan est isomorphe en tant qu’alg` ebre de Jordan et orthogonalement ´ equivalent ` a l’un des quatre types ci-dessous, chacun de ces types pouvant ˆ etre construit ` a partir d’espaces de matrices sym´ etriques r´ eelles :
a) S
m( R ), l’ensemble des matrices r´ eelles sym´ etriques d’ordre m ;
b) H
m( C ), l’ensemble des matrices complexes auto-adjointes d’ordre m > 3 ; c) Q
m( H ), l’ensemble des matrices quaternioniques auto-adjointes d’ordre m >
3 ;
d) L’alg` ebre de Jordan I(V, f ) d’un produit scalaire f d´ efini sur un R -espace vectoriel V, avec dim V > 2. Un ´ el´ ement de a ∈ I(V , f) s’´ ecrit alors a = (α1 + x) o` u α ∈ R et x ∈ V . Le produit • de deux ´ el´ ements a = (α1 + x) et b = (β1 + y) est d´ efini par
(α1 + x) • (β1 + y) = (αβ + f (x, y))1 + (βx + αy).
Plus pr´ ecis´ ement, l’´ equivalence orthogonale mentionn´ ee dans le Th´ eor` eme 2 signifie qu’il existe une matrice u orthogonale et diagonale par bloc u = diag(u
1, . . . , u
k), avec u
iorthogonale pour 1 6 i 6 k, telle que
uI
tu = diag(I
1, . . . , I
k)
o` u diag(0, . . . , I
i, . . . , 0) est la i-` eme composante simple de I et est ` a choisir parmi les quatre types pr´ ec´ edents.
Partie 5. Alg` ebres de Jordan associ´ ees aux matrices sym´ etriques r´ eelles.
Notation : Pour un ensemble {a
i, i ∈ I} ⊆ S
n( R ), S{a
i} d´ esigne Vect(a
i, i ∈ I) et {m
ai, i ∈ I} ⊆ S
n( R ) une base de S {a
i}.
18. Montrer que si I
n∈ S{a
i}, il est possible de supposer que toutes les matrices {m
ai, i ∈ I} sont d´ efinies positives.
Dans la suite de cette partie, S d´ esigne une alg` ebre sp´ eciale de Jordan r´ eelle et formellement positive. Le Th´ eor` eme 2 permet d’affirmer que S contient une unit´ e e.
Consid´ erons une partie S = S {m
i}. Nous proposons de construire trois nouveaux objets alg´ ebriques ` a partir de S.
(I) Soit A = A(S ) la plus petite alg` ebre associative incluse dans M
m( R ) et qui
contient S. D’un point de vue pratique, cette alg` ebre peut ˆ etre vue comme
l’espace de tous les polynˆ omes de tous les degr´ es en les ´ el´ ements de S puisque
S contient une unit´ e e.
(II) Soit B = B(S ) le sous-espace de S d´ efini par :
B = B(S ) = {b ∈ S | sbs ∈ S, ∀s ∈ S}.
19. Montrer que B = B(S ) est le sous-espace maximal de S tel que : bsb ∈ B, ∀s ∈ S, b ∈ B.
20. Montrer que B = B(S) est une alg` ebre sp´ eciale de Jordan de dimension finie et formellement r´ eelle.
(III) Soit J = J (S) la plus petite alg` ebre de Jordan incluse dans S
m( R ), appel´ ee fermeture de Jordan de S.
21. Montrer que, pour S fix´ ee, J (S) est unique et que tout sous-espace E dans J poss` ede un suppl´ ementaire E
⊥inclus dans J (S ) et orthogonal ` a E au sens suivant :
tr(EE
⊥) = 0 et J = E ⊕ E
⊥.
Proposition 1 : L’ensemble A(S) ∩ S
m( R ) est l’alg` ebre de Jordan engendr´ ee par les {m
i} et tous les t´ etrades en les m
i, m
i6= I, de la forme :
m
i1m
i2m
i3m
i4+ m
i4m
i3m
i2m
i1, pour i
1< i
2< i
3< i
4. 22. Montrer que si S = {m
1, m
2, m
3, I}, alors J (S ) = A(S) ∩ S
m( R ).
Le r´ esultat suivant est utile pour d´ eterminer la fermeture de Jordan d’un espace S de petite dimension.
Th´ eor` eme 3 : Soit {m
i} une base de S , avec 1 6 i 6 k. Supposons de plus que m
k= I. Alors :
(i) Si k = 1, alors S = J (S ) ∼ = R .
(ii) Si k = 2, alors J (S ) est l’alg` ebre commutative et associative : A = A(S) ∼ = M
R ,
o` u la somme directe comporte n termes, chacun ´ egaux ` a R , et o` u n est le degr´ e du polynˆ ome minimal de m
1. La i-` eme composante de la somme est le sous-espace propre de dimension 1
S
i= S({E
i}) ∼ = R
pour E
ile projecteur associ´ e ` a la i-` eme valeur propre de m
1.
(iii) Soient a et b des idempotents sym´ etriques et S = S (a, b). Alors J (S ) se d´ ecompose de la mani` ere suivante. Soient t
1= aba, t
2= bab, λ
i, 1 6 i 6 n, les valeurs propres non nulles de t
1. Posons :
f
1= (t
1− λ
1) · · · (t
1− λ
n)
[(−1)
nλ
1. . . λ
n] f
2= (t
2− λ
1) · · · (t
2− λ
n)
[(−1)
nλ
1. . . λ
n] g
1= af
1+ f
1a, g
2= bf
2+ f
2b ξ
1(α)= t
1Q
j6=α
(t
1− λ
j) λ
αQ
j6=α
(λ
α− λ
j) ξ
2(α)= t
2Q
j6=α
(t
2− λ
j) λ
αQ
j6=α
(λ
α− λ
j) ψ
α= ξ
1(α)si λ
α= 1,
ψ
α=
ξ
1(α)− ξ
2(α)2(1 − λ
α) si λ
α6= 1.
7
La d´ ecomposition en somme directe de J = J (S (a, b)) en id´ eaux simples est alors :
J (S ) = R g
1⊕ R g
2⊕ (⊕Ψ
α),
o` u Ψ
αest l’id´ eal de J (S) engendr´ e par Ψ
α. L’un ou les deux termes R g
1ou R g
2peuvent ˆ etre nuls.
Si λ
α= 1, Ψ
αest l’alg` ebre de dimension 1 R (ξ
1(α)).
Si λ
α6= 1, Ψ
αest isomorphe ` a ∈
2( R ) et a une base form´ ee des ´ el´ ements v
(α)1, v
2(α)et v
(α)3:
v
(α)1= (1 − λ
α)
−1h
ξ
1(α)− ξ
(α)2ξ
1(α)i v
2(α)= (1 − λ
α)
−1h
ξ
1(α)ξ
2(α)+ ξ
2(α)ξ
(α)1− λ
αξ
1(α)+ ξ
(α)2i v
(α)3= (1 − λ
α)
−1h
ξ
2(α)− ξ
(α)1ξ
2(α)i 23. D´ emontrer les deux premi` eres assertions du Th´ eor` eme 3.
24. Justifier la chaˆıne d’inclusions suivantes :
B(S) ⊆ S ⊆ J (S) ⊆ A(S ) ∩ S
m( R ) ⊆ A(S ).
25. Afin de d´ emontrer la derni` ere assertion du Th´ eor` eme 3, commencer par cal- culer A(S ) puis utiliser la Proposition 1 pour ´ etablir l’´ egalit´ e :
J (S) = {a +
ta | a ∈ A(S )}.
Partie 6. ´ Etude alg´ ebrique des formes quadratiques al´ eatoires D´ efinition : Si S = L
S
i, le support d’un ´ el´ ement a ∈ S, a = P
i
a
iavec a
i∈ S
i, est l’ensemble des indices i tels que a
i6= 0.
D´ efinition : Deux ´ el´ ements a et b appartenant ` a S = L
S
iont un support disjoint si a
i6= 0 ⇒ b
i= 0 et b
i6= 0 ⇒ a
i= 0.
Th´ eor` eme 4 : Soient S ⊆ S
n( R ) et B = B(S ) = {b ∈ S | sbs ∈ S, ∀s ∈ S}. Si S a une unit´ e alors pour tous ´ el´ ements a et b de B, les conditions suivantes sont
´
equivalentes :
a) sasbs = 0, ∀s ∈ S ; b) aS b = 0 ;
c) aBb = 0 ;
d) a et b ont un support disjoint dans B.
26. Soit G une partie d’une alg` ebre associative A telle que G contienne une unit´ e e. Soient a et b deux ´ el´ ements de G. Montrer que s’il existe deux constantes r´ eelles α, β > 0, α 6= β telles que pour tout g ∈ G :
(α + 1)
−1[αg + e] ∈ G et (β + 1)
−1[βg + e] ∈ G
alors gagbg = 0 pour tout g ∈ G si et seulement si aGb = 0. En d´ eduire
l’´ equivalence des deux premi` eres assertions du Th´ eor` eme 4.
Th´ eor` eme 5 : Soient S ⊆ S
n( R ) et J = J (S) la fermeture de Jordan de S. Si S a une unit´ e alors pour tous ´ el´ ements a et b de J , les conditions suivantes sont
´
equivalentes :
a) sasbs = 0, ∀s ∈ J ; b) aS b = 0 ;
c) a et b ont un support disjoint dans J = L J
i.
27. Montrer que si a, b, c et d sont des ´ el´ ements de M
n( R ), avec b et d sym´ etriques semi-d´ efinies positives alors :
[tr(abcd)]
2= tr(abad)tr(bcbd).
Th´ eor` eme 6 : Soient S ⊆ S
n( R ) et J = J (S) la fermeture de Jordan de S . Si I appartient ` a S alors pour tous ´ el´ ements a et b de J , l’´ equivalence suivante est vraie :
aSb = 0 si et seulement si aJ (S)b = 0.
27. Montrer, ` a l’aide de l’in´ egalit´ e pr´ ec´ edente, que l’implication suivante est vraie :
aS b = 0 implique as
2b = 0.
En s’int´ eressant ` a la construction de J (S ) ` a partir de S, il est possible de de montrer que le r´ esultat pr´ ec´ edent suffit pour affirmer que :
aSb = 0 implique aJ (S)b = 0.
28. Achever la d´ emonstration du Th´ eor` eme 6.
Une combinaison des r´ esultats pr´ ec´ edents aboutit aux Th´ eor` emes 7 et 8 suivants.
Th´ eor` eme 7 : Soient S ⊆ S
n( R ) tel que I ∈ S et a et b des ´ el´ ements de J (S), les conditions suivantes sont ´ equivalentes :
a) sasbs = 0, ∀s ∈ J ; b) aS b = 0 ;
c) aJ b = 0 ;
d) a et b ont un support disjoint dans B.
Th´ eor` eme 8 : Soient S ⊆ S
n( R ), J = J (S ) = ⊕J
ipour des id´ eaux J
i⊆ J , alors :
sasas = sas pour tout s ∈ S si et seulement si
sa
isa
is = sa
is pour tout i et tout s de S
iavec a = P
a
i, a
i∈ J
i.
29. D´ emontrer les Th´ eor` emes 7 et 8.
Partie 7. ´ Etude statistique des formes quadratiques al´ eatoires
Dans cette propri´ et´ e, nous utilisons les r´ esultats pr´ ec´ edents pour s’int´ eresser aux propri´ et´ es d’ind´ ependance et ` a la distribution de formes quadratiques de vecteurs al´ eatoires gaussiens. Commen¸cons par rappeler deux r´ esultats classiques sur les formes quadratiques al´ eatoires. Soit Y un vecteur al´ eatoire gaussien ` a valeur dans un espace vectoriel r´ eel de dimension m, Y ∼ N (µ, V ), d’esp´ erance µ et de matrice
9
de variance-covariance V semi-d´ efinie positive.
Th´ eor` eme 9 (Rao et Mitra 1971) : Soit a, b deux matrices sym´ etriques r´ eelles d’ordre m, Y ∼ N (µ, V ). Les formes quadratiques al´ eatoires
tY aY et
tY bY sont statistiquement ind´ ependantes si et seulement si :
V aV bV = 0, V aV bµ = V bV aµ,
tµaV bµ = 0.
Th´ eor` eme 10 (Rao et Mitra 1971) : Soit Y ∼ N (µ, V ). Une condition n´ ecessaire et suffisante pour que la forme quadratique al´ eatoire
tY aY soit distribu´ ee suivant une loi du χ
2` a k = tr(aV ) degr´ es de libert´ e est :
V aV aV = V aV.
L’extension des Th´ eor` emes 9 et 10, qui va ˆ etre ´ etudi´ ee dans la suite, consiste
`
a s’int´ eresser aux propri´ et´ es d’ind´ ependance ou ` a la loi de formes quadratiques al´ eatoires non plus en particulier par rapport ` a une matrice de variance-covariance connue semi-d´ efinie positive mais ` a une famille de matrices semi-d´ efinies positives V . Cette situation se rencontre extrˆ emement souvent en statistique et en particu- lier lors de l’utilisation des mod` eles lin´ eaires mixtes pour mod´ eliser des donn´ ees longitudinales qui servent ` a d´ ecrire par exemple l’´ evolution au cours du temps des caract´ eristiques de patients.
A la famille ` V de matrices semi-d´ efinies positives ´ etudi´ ee, nous associons S (V ) l’espace vectoriel engendr´ e par cette famille. Tous les ´ el´ ements de S(V ) ne sont bien sˆ ur pas des ´ el´ ements V mais nous allons montrer dans la suite que si les propri´ et´ es d’ind´ ependance ou de la loi des formes quadratiques al´ eatoires ´ etudi´ ees sont v´ erifi´ ees sont une partie convexe de S , elles le sont sur S en entier. Remarquons que l’enveloppe convexe de matrices (semi)d´ efinies positives est form´ ee de matrices (semi)d´ efinies positives alors qu’il n’en va pas de mˆ eme pour le sous-espace vectoriel engendr´ e par une famille de matrices (semi)d´ efinies positives. D’un point de vue statistique, il est ´ egalement souvent raisonnable de consid´ erer des famille V de matrices de variance-covariance convexes.
Th´ eor` eme 11 : Soit S(S (V ))) = ⊕(B
i) une d´ ecomposition de B en id´ eaux de Jordan simples. Cette d´ ecomposition est une d´ ecomposition maximale de S vis ` a vis de la propri´ et´ e d’ind´ ependance statistique.
(i) Soient b
i,1, b
i,2∈ B
i\ {0},
tY b
i,1Y et
tY b
i,2Y ne peuvent ˆ etre statistiquement ind´ ependants pour tout V ∈ S.
(ii) Soient b
i∈ B
i\ {0}, b
j∈ B
j\ {0}, i 6= j,
tY b
i,1Y et
tY b
i,2Y sont statistique- ment ind´ ependants pour tout V ∈ S .
30. D´ emontrer le Th´ eor` eme 11.
Th´ eor` eme 12 : Soit a, b ∈ J (S). Les formes quadratiques al´ eatoires
tY aY et
tY bY sont statistiquement ind´ ependantes si et seulement si a et b ont un support disjoint dans :
J = J (S) = ⊕J
i.
31. En consid´ erant la d´ ecomposition de S = ⊕S
iinduite par celle de J , d´ emontrer
le Th´ eor` eme 12.
Il est souvent plus pratique d’utiliser la caract´ erisation suivante.
Proposition : Les formes quadratiques
tY aY et
tY bY sont statistiquement ind´ ependantes pour tout ´ el´ ement V de V , l’ensemble des matrices de variance-covariance consid´ er´ ees, si et seulement si am
ib = 0 pour tout m
ilorsque les m
iforment une base du sous- espace vectoriel engendr´ e par V .
32. Montrer la proposition ci-dessus.
Proposition : Soit S un sous-espace de S
m( R ) et a, b des ´ el´ ements de S
m( R ). Alors l’´ equivalence suivante est v´ erifi´ ee :
aSb = 0 si et seulement si (aa
+)S(bb
+) = 0.
33. Montrer la proposition ci-dessus.
Th´ eor` eme 13 : Soit Y ∼ N (µ, V ) et a ∈ J (S(V )). La forme quadratique al´ eatoire
t