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La population de la Grande-Bretagne

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J OURNAL DE LA SOCIÉTÉ STATISTIQUE DE P ARIS

D ANIEL B ELLET

La population de la Grande-Bretagne

Journal de la société statistique de Paris, tome 33 (1892), p. 100-103

<http://www.numdam.org/item?id=JSFS_1892__33__100_0>

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Par une chance assez heureuse qui permettra de faire d'utiles et intéressantes comparaisons sur des données équivalentes, plusieurs paya ont choisi l'année 1891, ou quelques-uns Tannée 1890, pour opérer le recensement de leur population. Nous n'avons pas besoin de rappeler que pour la France, notamment, cette opération s'est faite en 1891; pour la Grande-Bretagne, elle a eu lieu le 5 avril 1891, et c'est à propos de ce recensement particulier que nous voudrions donner quelques renseignements.

Bien que les résultats complets de ce recensement soient loin d'être encore coor- donnés, les commissaires spéciaux ont présenté déjà au Parlement un Rapport préliminaire où nous trouvons à puiser avec profit.

Rappelons qu'en 1821 la population du Royaume-Uni n'était que de 20,893,584 habitants; des recensements étant régulièrement opérés tous les 10 ans de l'autre côté de la Manche, nous trouvons pour Tannée 1831 le chiffre de 24,028,548, ce qui représente une augmentation de 15 p. 100. De 1831 à 1841, la proportion faiblit un peu, mais se montre encore très satisfaisante, puisque la population passe à 26,730,929 âmes, ce qui représente un accroissement de 11.2 p. 100. Mais, à partir de ce moment, Témigration se fait rudement sentir en Irlande, puisque le nombre des habitants décroît, entre 1841 et 1851, de 8,196,597 à 6,574,278 âmes, c'est-à- dire de 19.8 p. 100; de même entre 1851 et 1861, elle tombe de 6,574,278 a

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5,798,967, ou de 11.8 p. 100. Aussi ne doit-on pas s'étonner que cette énorme émigration irlandaise, dont tout le monde connaît les causes, ait fait décroître l'aug- mentation relative de la population de tout le Royaume-Uni pendant les périodes considérées : c'est ainsi que la Grande-Bretagne ne comptait que 27,390,629 habi- tants en 1851, en excès seulement de 2.5 p. 100 sur le chiffre de 1841, et 28,927,485 en 1861, ce qui correspond à une augmentation de 5.6 p. 100.

Depuis lors, on ne le sait que trop, l'Irlande n'est point revenue à une situation prospère, pas plus économique que politique; mais si l'émigration ne s'est point arrêtée, elle a du moins diminué considérablement, puisque la raison de cette pro- gression décroissante est tombée successivement à — 6 . 7 p. 100 en 1871, et à

— 4.4 en 1881 ; en outre, la race anglaise et la race écossaise, grâce à leur vertu prolifique, ont réussi à combler et au delà les vides qui se faisaient dans la popu- lation du royaume de par le fait de la race irlandaise. En 1871, la Grande-Bretagne comptait 31,484,661 enfants sur son sol européen, du moins dans ses deux grandes, îles et ses annexes ; cela représentait un accroissement de 8.8 p. 100 dans ces dix années, l'augmentation atteignait 10.8 de 1871 à 1881, portant le nombre des ha- bitants à 34,884,848. Cette révision était nécessaire, mais hâtons-nous maintenant de passer aux chiffres du recensement de 1891.

Le Royaume-Uni compte aujourd'hui un ensemble de 37,740,283 habitants, ce qui fait une augmentation de 8.2 p. 100 sur 1881 ; pour les dix années, c'est un chiffre de 2,855,435 habitants nouveaux, autrement dit 781 personnes par jour.

Ce sont là des chiffres édifiants, surtout quand on les compare aux chiffres analo- gues pour la France. Cependant nous devons faire remarquer que le taux d'accrois- sement de cette dernière période décennale est beaucoup moindre que celui de la période 1871-1881, et sensiblement plus faible que pour la période 1861-1871 ; cette décroissance relative ne tient pas seulement au mouvement émigratoire hors d'Irlande, car nous allons la noter pour l'Angleterre, pour le Pays de Galles et pour l'Ecosse.

Passons, en effet, à l'examen des oscillations de la population de chacune des différentes parties constitutives du Royaume-Uni.

L'Angleterre propre ne comptait, en 1801, que 8,200,000 habitants à peu près:

le progrès a été rapide. Dès 1821, le chiffre était 11,281,883, puis 13,090,523 en 1831, ce qui représentait, pour la période décennale/1821-1831, l'accroissement énorme de 16 p. 100. Cette proportion considérable se réduisit bientôt, mais elle restait encore très importante, puisqu'elle était de 14.6 p. 100, amenant le total de la population à 15,002,443 en 1841. Jusqu'en 1861, le mouvement d'accroissement diminue : il n'est que de 12.8 p. 100 en 1851, ou du moins de 1841 à 1851, et même de 12 en 1861 ; à ce moment, l'Angleterre se trouve posséder 28,927,485 habitants. Mais, à partir de ce moment, un relèvement se produit : la raison de la progression devient successivement 13.4 en 1871 et 14.5 en 1881, ce qui porte respectivement ce chiffre total à 31,484,661, puis à 34,884,848.

Nous arrivons alors à la dernière période décennale et aux résultats actuels. Au- jourd'hui, l'Angleterre proprement dite renferme 27,482,104 âmes, ce qui forme une augmentation de 11.7 p. 100 seulement sur le chiffre de 1881. On voit que nous n'exagérions pas en disant que le taux d'accroissement de la population an- glaUe s'est ralenti très sensiblement; nous allons pouvoir faire la même constata- tion pour le Pays de Galles. Mais, auparavant, notons encore, à propos de l'Angle-

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terre proprement dite, qu'elle formait en 1821 les 54 p. 100 seulement de toute la population du Royaume-Uni, tandis qu'en 1851 elle en constituait les 61.8, les 68.3 en 1871, enfin les 70.6 en 1881, et qu'elle en représente aujourd'hui les 72.8 p. 100. La prédominance lui appartient de plus en plus à ce point de vue, tandis que, comme nous le dirons, la part de l'Irlande diminue chaque jour.

Nous avons, comme les statistiques britanniques, séparé le Pays de Galles de l'Angleterre, quitte à les réunir tout à l'heure pour certains résultais d'ensemble.

La population du Pays de Galles s'est, elle aussi, beaucoup accrue, mais dans une proportion moindre que pour l'Angleterre. En 1821, elle comptait 718,353 habi- tants; de 1821 à 1831, elle augmente de 12.2 p. 100, ce qui la porte à 806,274, puis de 13.1 de 1831 à 1841 ; pendant les deux périodes suivantes, la proportion diminue, tombant à 10.3 puis à 10.5. En 1871, le Pays de Galles compte 1,217,135 habitants, ce qui correspond à 9.5 p. 100 d'augmentation; il se produit, entre 1871 et 1881, un relèvement sensible (11.8 p. 100), qui porte la population à 1,360,513.

Enfin, pendant la dernière période décennale, l'accroissement a été de 11.6, ce qui est bien moins que dans la première partie du siècle, moins que de 1871 à 1881, et le Pays de Galles compte aujourd'hui 1,518,914 habitants. Malgré tout, en 1821, il ne représentait que les 3.4 p. 100 de la population du royaume, les3.7 en 1851, les 3.9 en 1881 ; aujourd'hui il en forme les 4 p. 100.

C'est donc pour toute l'Angleterre, en comprenant sous ce nom l'Angleterre proprement dite et le Pays de Galles, un ensemble de 29,001,018 âmes, en aug- mentation de 3,026,579 sur le recensement de 1881; c'est un taux d'accroisse- ment de 11.65 p. 100, taux auquel on n'était jamais encore descendu depuis le commencement du siècle, puisqu'on avait atteint des maxima de 18.06 p. 100 et que le minimum n'avait été, et pour une seule période décennale, que de 11.93 p. 100. Remarquons en passant, pour compléter les notions un peu succinctes que

nous avons pu donner sur la démographie anglaise, qu'actuellement on compte en Angleterre 14,050,620 hommes et 14,950,398 femmes; celte prédominance du sexe féminin peut être observée depuis le commencement du siècle, puisque, en 1801, on comptait 4,254,735 hommes et 4,637,801 femmes 5 et, en 1851, 8,781,225 hommes et 9,146,384 femmes : prédominance assez faible, mais cons- tante, qui tient peut-être à l'émigration.

Ajoutons enfin, pour compléter ce que nous disions sur la diminution du taux d'accroissement de la population anglaise, que le coefficient des naissances a sensi- blement diminué depuis 1881.

Donnons maintenant quelques détails sur la population de l'Ecosse. Elle était de 2,091,521 âmes en 1821. Dans la décade suivante, elle augmente dans la forte proportion de 13 p. 100 et atteint 2,364,386; le taux d'augmentation diminue alors pendant 3 décades successives, tombant d'abord à 10.8, puis à 10.2 et enfin à 6 p.

100, si bien qu'en 1861 on ne peut recenser que 3,062,294 Écossais. Enfin, de 1861 à 1871, la proportion se relève au chiffre de 9.7, puis à celui de 11.2 en 1881, année où la population se compte par 3,735,573 habitants. Quant au nombre actuel, il est de 4,033,103; l'accroissement n'a été que de 8 p. 100, chiffre qui serait plus que satisfaisant pour la France, mais qui présente une forte diminution sur le résultat de la décade précédente pour l'Ecosse.

Dans cet ensemble, on compte 1,951,461 personnes du sexe masculin et 2,081,642 du sexe féminin; bien que le sexe féminin soit le plus nombreux, cepen-

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dant il ne s'est accru, depuis 1881, que de 145,544 unités, tandis que l'augmenta- tion a été de 151,986 pour l'autre, ce qui représente un taux d'accroissement respectif de 8.45 et de 7.52 p. 100. Que ce soit du reste pour nous une occasion de faire remarquer que ce taux n'avait jamais été, depuis 1801, aussi faible, sauf pour la période 1851-1861. Nous voudrions avoir le temps d'étudier la répartition de la population dans les grandes villes, ou du moins dans les districts urbains et dans les districts ruraux : disons seulement que les principales villes contiennent à elles seules 1,589,874 habitants, au lieu de 1,411,536 en 1881 ; pour les villes de deuxième ordre, le chiffre est monté de 388,797 à 468,533, et, pour les toutes petites villes, de 790,796 à 840,288; au contraire, suivant un phénomène généralisé à peu près partout, dans les districts ruraux la population a diminué, au profit des centres urbains, de 1,144,444 à 1,134,408, ce qui, sans être énorme, est sensible. En somme, l'augmentation a porté surtout sur les villes de deuxième ordre, puisqu'elle a été de 20.51 p. 100, tandis qu'elle a pu atteindre seulement 12.63 p. 100 pour les grandes villes et 6.26 pour les petites. Glasgow notamment, qui comptait, en 1881, 511,415 habitants, a vu passer ce chiffre à 565,714, tandis que les suburbs (faubourgs) de cette même ville, ont augmenté de 174,573 à 227,014; enfin la petite ville de Paisley s'est accrue de 19.39 p. 100.

Nous allons finir en disant quelques mots rapides sur l'Irlande. Nous avons déjà donné, en commençant, quelques chiffres sur la population ou plutôt sur la dépo- pulation de ce pauvre pays. Rappelons qu'en 1821 elle comprenait 6,801,827 âmes;

dans la période suivante, de 1821 à 1831, elle suivait une très belle progression, puisqu'elle en comptait 7,767,401 en 1831, ce qui représente 14.2 p. 100 d'aug- mentation sur le chiffre précédent. Mais, dès ce moment, il se produit un ralentis- sement fort sensible, puisque le taux d'accroissement tombe à 5.5 p. 100, ce qui porte la population irlandaise à 8,196,597 âmes seulement en 1841. Dès ce moment, c'est bien autre chose : Témi<jralion sévit comme une plaie terrible, le coefficient d'augmenlation devient négatif et se trouve être tout de suite, pendant la période 1841-1851, de — 1 9 . 8 p. 100, ce qui est énorme et ramène la population à 6,574,278 en 1851. Pendant la période décennale suivante, ce coefficient diminue un peu, mais il se maintient encore cependant à 11.8 p. 100, et, en 1861, l'Irlande ne compte que 5,798,967 habitants. Depuis lors, non seulement les naissances n'ont pu combler les vides qui se faisaient, mais encore l'émigration a continué de dépeupler de plus en plus la verte Érin. De 1861 à 1871, la décroissance a été de 6.7 p. 100, réduisant pour la dernière de ces deux années le chiffre des habitants à 5,412,377; puis, subissant encore une dépres!>ionde4.4 p. 100 de 1871 à 1881, à la fin de cette période l'île ne contenait plus que 5,174,836 âmes. Enfin nous arrivons aux résultats du dernier recensement, et nous pouvons constater que le mouvement d'émigration a encore augmenté pour dépasser ceux des deux dé- cades précédentes, puisque la décroissance a été de 9.1 p. 100 de 1881 à 1891, et qu'aujourd'hui l'Irlande ne possède plus que 4,706,162 âmes. Ajoutons, pour finir, que parmi les villes irlandaises, on ne compte guère que Dublin, Londonderry et Belfast dont la population ait augmenté, et que, dans la petite ville d'Armagh même, la diminution a été de 17.5 p. 100.

Daniel BELLET.

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