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Submitted on 1 Jan 1905
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J. Guinchant
To cite this version:
J. Guinchant. Sur les phénomènes de luminescence. J. Phys. Theor. Appl., 1905, 4 (1), pp.413-417.
�10.1051/jphystap:019050040041300�. �jpa-00241019�
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SUR LES PHÉNOMÈNES DE LUMINESCENCE;
Par M. J. GUINCHANT.
LUMINESCENCE DE L’ACIDE ARSÉNIEUX.
H. Rose, qui a étudié le premier (1 j la luminescence produite pen- ,dant la cristallisation de l’acide arsénieux en solution chlorhydrique,
l’a attribuée à la transformation de l’acide amorphe en acide cristal-
lisé ; le phénomène ne se produit pas, dit-il, quand on part de l’acide
cristallisé et doit être attribué à ce que le corps qui se sépare à
l’état cristallisé n’est pas identique à celui qui est contenu dans la dissolution,
E. Bandro,vski(2) trouve au contraire que le phénomène se pro- duit avec toutes les variétés d’acide arsénieux et ne dépend que de la concentration de la liqueur en acide chlorhydrique; la lumines-
cence serait due à une réaction chimique correspondant à la trans-
formation réversible :
~
J’ai reconnu que la luminescence se produit en effet avec toute espèces d’acide arsénieux, mais à la condition de dissoudre totalement l’acide arsénieux. On chauffe jusqu’à dissolution complète, c’est-à-
dire environ quinze minutes, 75 grammes d’acide arsénieux quelconque
et 900 centimètres cubes d’acide chlorhydrique à ~.~ 0/0, de densité
~,060. On laisse refroidir spontanément. La luminescence commence vers 500; elle est surtout très vive si on laisse le ballon au repos jus- qu’à et qu’on l’agite. La même solution peut servir un très grand
nombre de fois en ajoutant de temps en temps un peu d’acide chlor-
hydrique pour ramener la densité à 1,090.
Le désaccord entr e les observations de Rosé et de Bandrowski,
le crépitement qui accompagne la luminescence, l’action nuisible d’un germe d’acide cubique ordinaire, l’augmentation d’éclat par agita-
tion des cristaux, sug gèrent l’idée que les cristaux eux-mêmes et non le dissolvant jouent le rôle principal dans le phénomène. Les
Ann., t. XXXV, p. 481 ; 1835.
(2) BANDROWSKI, f. ph!Js. Chenl.. t. XY. p. 323; 1894 ; et t. XYII, p. 2J~.: 1~9~.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:019050040041300
expériences suivantes ont montré que le dégagement de lumière est en effet dû à un phénomène de triboluminescence provenant d’une
transformation des cristaux après leur formation.
Au lieu de laisser refroidir spontanément la solution, ce qui exige
environ trois quarts d’heure pour les proportions précédentes, on
la refroidit assez rapidement en la versant dans un flacon épais im- mergé dans l’eau. Les parois du flacon se tapissent de petits cristaux qu’on lave par décantation, puis sur un filtre en évitant de le broyer.
Les cristaux, broyés dans un mortier de verre, donnent de brillantes étincelles et une vive lueur; leur triboluminescence est bien plus,
vive que celle du nitrate d’urane ou du chlorhydrate d’aniline. Le résidu du broyage épuisé par l’eau ne donne aucun précipité avec le
nitrate d’argent acide ; les cristaux ne contiennent donc pas de- chlore. Leur triboluminescence diminue avec le temps et disparaît après trois ou quatre heures (1j. Les cristaux triboluminescents examinés au microscope polarisant montent à peine quelques points
brillants qui peuvent être attribués à des cristaux non cubiques (2 ). Le~
phénomène est très net et très beau quand on observe la cristalli-
‘
sât on sous le microscope polarisant en déposant sur la lame chaude
une goutte de la ~solution bouillante. On voit alors se former, avec
une multitude de petits octaèdres cubiques, quelques cristaux ein aiguilles prismatiques qui s’accolent par leurs sommets et donnent les belles colorations des cristaux biréfringents. Parfois on aperçoit
un éclair, et l’une de ces aig uilles s’est transformée en un amas des
petits octaèdres.
Je conclus de ces faits que 1a ci-isiailoluniine.àce>ice de l’acide- arsénieux est due à la rupture et à la transformation des cristaux
prismatiques qui se déoosent dans les conditions de concentra- tion et de température où l’on opère. Le dissolvant n’a d’autre (1) La triboluminescence de l’acide arsénieux cristallisé est signalée acciden-
tellement par RosE (Pogg. Ann., t. LU, p. 453) dans un mémoire sur la cristallo- et triboluminescence du sulfate de potasse.
(~) Ce travail a été communiqué à l’Academie des Sciences le t’7 avril. Depuis
cette date, j’ai obtenu detrès beaux cristaux d’acide arsénieux tribo-Iun1inescents, mesurant 8 à 10 millimètres de côté. Ce sont des octaèdres cubiques présen- tant exclusivement les faces a’ dont l’angle est de 109, 28’. Ces faces sont
striées ; au microscope polarisant, on reconnaît qu’elles sont couvertes d’aiguilles biréfringentes orientées à peu près parallèlement aux trois côtés d’une face, et accolées suivant des angles de 62-. l,es portions du cristal où n’existent pas ces
aiguilles ne sont pas biréfringentes. Ces gros cristaux s’obtiennent en abandon-
nant pendant un nlois à l’évaporation spontanée une solution saturée d’acide
arsénieux dans l’acicle chlorhydrique funiant du commerce.
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.
influence que de permettre la formation de cristaux non cubiques,
seuls triboluminescents en se transformant en cristaux cubiques. On
sait que l’acide arsénieux se dépose en cristaux monocliniqnes dans
certaines solutions et par sublimation ; il est vraisemblable que les cristaux que j’ai observés sont identiques avec l’acide monoclinique;
mais je n’ai pu m’en assurer jusqu’ici.
Tous les phénomènes de cristalloluminescence se présentent avec
le même aspect : étincelles qui éclatent de tous côtés en différents points
de la dissolution et deviennent surtout abondantes quand on agite. Il
me paraît probable que, dans la plupart des cas, la cristallolumines-
cence est, comme pour l’acide arsénieux, due à la rupture et à la transformation de cristaux instables. Rose, puis Bandro,vski (loc, cil.) ont étudié la cristalloluminescence du sulfate de potasse et l’ont attribuée aux mêmes causes que la cristalloluminescence de l’acide arsénieux. Or le sulfate de potasse est l’un des corps dont la tribo- luminescence a été bien des fois signalée (’ ). Le chlorate et l’iodate de strontium, l’iodate de calcium, qui appartiennent à la classe des
composés signalés comme cristalloluminescents par Ti’autz (2) , sont,
comme le sulfate de potasse, susceptibles de cristalliser sous plu-
sieurs états d’hydratation, suivant les conditions où ils sont pré- parés.
de la lumière émise le broyage de arsénieux.
-La triboluminesoence de l’acide cristallisé est assez vive pour donner
un spectre visible, en écrasant les cristaux dans l’angle d’un flacon carré, derrière la fente d’un spectroscope. J’ai combiné pour ces études de luminescence un spectroscope à grande clarté, constitué
essentiellement par un collimateur à court foyer, et un prisme où les
pertes par réflexion sont réduites au minimum. Ce prisme est formé
d’une cuve à sulfure de carbone ou mieux à cinnamate d’éthyle, dont
les faces, faisant un angle de 90°, sont les faces hypoténuses de
deux prismes à réflexion totale en crown. La lumière entre et sort à peu près normalement; sur les faces du prisme liquide, les pertes
par réflexion, proportionnelles à
sont à peii près nulles, puisque la déviation i
--Y est très faible.
(1) Voir ROSE, Pog,g. Ann., t. LII, p. 446; 1841.
(2) Zeil. f. Electl’ochemie, Y, p. 093;
Le spectre de luminescence de l’acide arsénieux est un spectre
complet, y compris le rouge et le violet qui manquent ou du moins
ne sont pas visibles dans beaucoup d’autres spectres de lumines-
’