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La neutralité revendiquée du Bureau international d'éducation. Vers une Éducation nouvelle généralisée par la science piagétienne
(1921-1934)
HOFSTETTER, Rita, MOLE, Frédéric
HOFSTETTER, Rita, MOLE, Frédéric. La neutralité revendiquée du Bureau international d'éducation. Vers une Éducation nouvelle généralisée par la science piagétienne (1921-1934).
In: X. Riondet, R. Hofstetter & H.L. Go. Les acteurs de l'Education nouvelle au XXe siècle.
itinéraires et connexions . 2018.
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:116534
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1 / 1
Sous [a direction de X. Riondet, R. Hofstetter & H. L. Go
Les octeurs de l'Éducotion nouvelle ou xxe siècle
Itinéraires et connexions
PUO ôUGA VEilition -
s
yrière
zhinder, section
suisse résresponsabilité
:ducation,
la science et.lques
Toble des motières
Liste des conlributeurs
I NTRO DU CTIO N. L'
Éducotion nouvelle : itinéroires et regords croisés
XAVIER RIONDET, RITA HOFSTETTER, HENRI LOUIS GO
Des itinéraires aux résonances
plurielles
...Une
évolution
épistémologique en histoire de la pédagogie ?CHAPITRE
1.Souver les jeunes générotions de lq foillite éducqtive:le combot de Modeleine Guéritte
LAURENT GUTIERREZ, ANTOINE SAVOYE
Une entrée tardive dans l'engagement
éducatif
Éducation et politiques publiquesCrise de l'éducation familiale et responsabilité parentale
Instruire
et rbsPonsabiliser les parentsUne stratégie
d'action
à I'anglo-saxonne Place et rôle de la femme dans l'éducationCombattre les préjugés sexistes et favoriser la coéducation Conçlusiqn
CHAPITRE
2.ltinéroire de consiruction
d'une pensée pédogogique: le jeune Céleslin Freinet...
HENRI LOUIS GO
Prémisses
d'un
imprévisible destin Lexpérience cruciale de la guerre ..Le jeune
instituteur militant
Conclusion5
7 0ns
9
)ct
30 32 34 35 38 39 4I 43 15
47 52 55
<c)
285
45
286
LES ACTEURS DE LÉDUCATION NOUVELLE AU XXE SIÈCLE
CHAPITRE
3. Lire, voyoger pgr lo pensée, citer,
se construire. Retour sur l'itinéroire intellectuel de lq pédogogue Élise Logier-Bruno (1898-1983)
'XAVIER RIONDET
Retour sur la jeune
Élite
....La
formation
intellectuelle et professionnelle d'EliseLagier-Bruno
...La singularité
d'Élte
parrapport
à sesmilieux
d'appartenance"""" ""
'La pratique de la lecture et I'usage des carnets
Les pas de côté d'une jeune
institutrice
de la République Relire I'histoire de la upédagogie FreinetoCHAPITRE 4.
Trqnsmission et filiolion: itinérqire d'une prqtique pédogogique à l'École Freinel.
....'rnÉoÉRtouE MARTE PRor
l,a npédagogie Freinet>, un objet d'étude
historique " " ""
Itinéraire d'une pédagogie Élisienne dans
l'histoire du oMouvement
Freinet>Un
enjeu de transmission: seformer
à une < manière d'être u Lafiliation
de la pensée et de la philosophie des Freinet:rôle de
l'Institut
FreinetConclusion
...CHAPITRE
5.Anthropologie et montessorisme:
itinéroire d'une idée Pédogogiqqe
eÉneNcÈnE xorLv
lnrroduction
Mise en conrexre: l'anthropologie et la préoccupation morale de l'école Engager une u révolution de
I'individuu
: laproposition
d'une anthropologie pédagogique
Le matériel comme ( cure D : itinéraire
du
projet anthropologique dans les bulletins deI'AMF
Conclusion
CHAPITRE
6. f épopée de Poul et Edith Geheeb:
itinéroire pédogogique d'une histoire européenne
CARMEN LETZ
Les années de
forrnation:
Iéna-Berlin (1889-1899)89
92
95 102 63
67 69
/)
/4 77 83 86
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139
l0t lll
Les années d'aPPrentissag Les années glorieuses:
l'É
Les années d'errance: l'É<
de
l'exil (1934-1946)
- CHAPITRE7. Mqkqrenl de lo pédologie: de
JEAN RAKOVITCH
Un
ennemi en aPParence Les trois sources d'erreurDe roublantes
coïnciderDe
la sincérité du comba Le Poème: une charge co Épilogue:Un
fossoYeur ICHAPITRE B.
OVidE
DEou service d'une pér
SYLVAIN WAGNON
De
Decroly aux decrolYed'un
réseau de sociabilitt Le choix subjectif de cer' Les cercles sociaux, PivorCHAPITRE
9, Lq
NEUTTIinlernotionql d'édu(
générolisée Por lq
sRITA HOFSTETTTR ET TNÉOÉN Les convictions de
l'lnst
LeBIE
à la recherched'
et logique centralisatrice Une neutralitéconfront
leBIE
face àI'ITE
.Le BlE, comme arène
in
internationale un Progr' ConcIusionrt3 tt7
14r
Table des matières
Les années c1'apprentissage : I-Iaubincla et 'Wicke rsclorf ( 1 902- I 909) Les années glorieuses: l'École
Odenwald
(1910-1934)Les années d'errance: l'École
d'Humanité'
une créatiot.t deI'exil
(1934-1946)CHAPITRE 7. Mokorenko et le crépuscule de lo pédologie: de l'ombre à lo lumière
JEAN RAKOVITCI-I
Un
ennemi en apparence implacable des pédologues Les trois sources d'erreur des pédologues selon MakarenkoDe
troublantes coincidences avec les décrets ducomité
central du parti De la sincérité du cornbat de Makarenko contre lespédologues "
'Le Poème: une charge contre la pédologie?
Épilogue: Un
fossoyeur largement posthumeCHAPITRE
B,Ovide Decroly: cercles decrolyens qu service d'une Pédogogie
SYLVAIN WAGNON
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morale de l'école
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t02 De
Decroly aux decrolyens, les modalités destructuration d'un
réseau de sociabilitéLe choix
subjectifde
cercles decrolyensLes cercles sociaux,
pivot
d'une sphère relationnelle?CHAPITRE 9. Lo neutrqlité revendiquée du Bureou
internoiionol d'éducotion.Vers une Éducolion nouvelle générolisée por lo science piogétienne (192t-1934)
' RITA HOFSTETTER ET FRÉDÉRIC MOLELes convictions de
l'Institut
Rousseau: des vérités universalisables ? LeBIE
à la recherched'un
compromis entre stratégie fedératrice et logique centralisatriceune
neutralité confrontée à la question de lalutte
des classes le BiE, face àI'ITE
Le
BIE
comme arène intergouvernementale déployant à l'échelle internationaleun
progressismeéducatif
Conclusion
181 183 191 105
111
rt3 tt7
113
r95
198
203
209 t27
136 127
t39
t4r
215 222
LES ACTEURS DE UÉDUCATION NOUVELLE AU XXE SIÈCLE
CHAPITRE 10. Un pédogogue québécois sur les roules de l'Europe froncophone: s'éloigner pour s'inspirer " " ""'
lrÉnÈsEHnurl
Le Québec: un conrexte éducatif idéologique et pédagogique particulier
Itinéraire
pédagogique de Charles-JosephMagnan "
'La
formation
des maîtres et le rôle des instituteurs avant la mission La mission en France, en Belgique et en SuisseRecommandations de
c.-J.
Magnan ausurintendant
del'instruction publique
et auComité
catholique225
228 229
232 234
Conclusion
235 239
Références Introduction
245 245 250 252 253 255 257 260 263 265 268 )-7')
275
283 Chapitre 3 ...
Chapitre
5 ...Chapitre 7 ...
Chapitre 9 ...
lndex des noms
Liste des qcronymes
Chapitre 9
Lo neutrolité revendiquée du Bureou inte
rnotionol d,éd ucqtion
Vers une Éducotion nouvelle générolisée por to science piogétienne (l g2l-IgS4)
RlrA HoFSTETTER ET pRÉoÉRrc
votr
Ce texte montre comn 1925 à l,initiative des
rlun,,"
Bureau internationald,éducation
(BlE), creé en
;nrï:ri*ïrî#ihïïîx'i":j,ff ffi l,::,ii',,",l,ffi
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Cet articte s,inscrit dar u;: i,,ï#il .;i*Ï:i,;
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196
RITA HOFSTETTER ET FRÉdÉRIC IVOLE
sous
la forme d'une foi militante
des pédagogues.I-?objectivité scientifique
- et son pendant, la neutralité
aupoint
devue national, politique, philo- sophique et confessionnel -
estimprimée dans
lesstatuts comme
dans lesmodes opératoires du BIE, servant
ausside justifications aux
<câuses2u placées àI'agenda de l'institution. Or nous observons que
ces câusessont .orrr,rbrt".rtiellement
reliéesà
cellespromues par
les réseauxd'Éducation nouvelle,
dans lesquelles lespremiers
bâtisseursdu BIE s'inscrivent tout
aulong
deI'entre-deux-guerres.
Cet article
seconcentfe sur la stratégie générale de construction du BIE, sur
lesrypes de négociations arxquelles cette constfuction donne lieu, et
surla façon dont la neumalité
estinterprétée
etrevendiquée par
sesPromo-
reurscomme condition d'élaboration d'une réforme éducative mondiale.
Afin
decomprendre
les démarches mises en æuYrePour tenter
de dépassercontradictions
etcontfoverses, nous nous focalisons
sur quelquesmoments
critiques et événementsnodaux, qui structurent notre
propos en quatrevolets:
1)
Comment
lesintellectuels
àla tête de I'Institut
Rousseaujustifient-ils leur neutralité lorsqu'au sortir
dela Grande Guerre, ils s'évertuent
àfaire reconnaître
leursconvictions
réformistescomme
des vérités universalisables ?2) Commenr déjouent-ils
lescontradictions rencontrées pour légitimer
en1925la fondation du BIE de Genève,
àla fois comme emblème du paci-
ûsmewilsonien et comme corporation indépendante fédératrice
detoutes
les autres ?3) Comment
sepositionnent-ils
àl'égard d'associations
rivales,particulièremenr l'Inrernationale
destravailleurs de l'enseignement (ITE) qui, révolutionnaire
erânrinomique
à la sphèred'influence
de la Société desnarions (SDN),
lesconfronte aux questions de lutte de
classeset met leur neuralité
àl'épreuve
?4) kquels retournements opèrent-ils pour accréditer leur neutralité (scientifique, pédagogique
etpolitique) lorsqu'ils placent leur
agence sousl'égide
desgouvernements dès
1929 ?Nous partons
deI'hypothèse que I'affirmation par le BIE d'une neutralité
- en particulier en matière de conception éducative et
depositionnement politique - relève à la fois d'un principe de scientificité rationnellement
"rr,.r*é, d'une démarche rhétorique visant
à résorber lamilitance
del'Édu- cation nouvelle dans de nouveâux
ensemblesdiscursifs, et d'une
stratégiediplomatique cherchant
àimpulser une dynamique de réforme
àl'échelle
2. Une notion entendue au sens que [uiconfère Saunier (2012), comme des *horizons d'engagement>, < embrassés en tant que questions dites d"'intérêt général", voire
"universelles" >.
mondiale, en Y ralliant notl âu nombre
desquelsÊguren oolitiques éducatives' La
ri1iondition de Possibilité d'ur
laspécificité
desnations' Nous entendons
cePendantrépondants,
del'argument
<signifie
Pas nécessairement Im-ais
Plutôt
une renégociaticet militance, renégociation
d,es
variations en fonction
cInterroger
le tYPe deneutrali la polysémie concePtuelle
dorr,ir"rrs ambitionnent
de I''r,rrsi
obs.rver
de Près les ccet militance3, lorsque
les Pt enquêtes sur leterrain' doct mondiale
del'éducation'
e dons enévitant
soigneusem'en mettant en évidence la du BIE
enle
Plaçant sous àorendre
encomPte
les P'tr"j..toir.
générale'En
ch".t .rPrit du
temPsqui fa
s
cientif.quemem fondée un attentive aux failles' aux d
ouissanteconviction colle .ornPrir.
indéPendammen des rePrésentâtionsconcu;
cherchons
àmieux comPr
mentatives au moYen desqNous focalisons ici l'att noyau d'acteurs qui'
gra'Ro.rrr""t, s'inscrivent
à I'La neut
3. Soutignons que [a seu[e Pt t'histoire du BIE Par ceux qu mondiate f usionne t'histoire C discuter cet amalgame' [e te
res.
Lobjectivité scientifi
quee
national, politique, Phllo-
s les
statuts comme dans
lesiustifications aux
(câuses2 D)servons que
ces causessont par
les réseauxd'Éducation
s
du BIE s'inscrivent tout
auale de construcdon du BIE, construction donne lieu, et
t
revendiquée
Par sesPromo- 'éforme éducative mondiale.
)uYre
pour tenter
de déPasserlisons
surquelques moments noûe
propos en quatre volets :.stirut
Rousseaujustifient-ils 3uerre, ils s'évertuent
àfaire
re des vérités universalisables ?encontrées pour légitimer
enis comme emblème du
Paci-endante fedératrice de toutes l'égard
d' associations rivales,:urs de I'enseignement (ITE)
e
d'influence
de la Société desle lutte de
classeset met leur
nts
opèrent-ils pour accréditer rlitique) lorsqu'ils placent leur )29?
,n
par le BIE d'une neutralité ucative et de Positionnement
sciendficité rationnellement
'ésorberla militance
del'É,du-
s
discursifs, et d'une stratégie amique de réforme
àl'échelle
nier (2012), comme des < horizons ns dites d"'intérêt générat", voire
3. Soutignons que ta seute pubtication d,e re du BIE par ceux qui en ont assu mond iate fusionne t'histoi re de t'institution
uter cet amalgame, le tenant pour éta
nvergure (Suchodotski ef a/., mé [e retais au
sortir
de taLa neutralité revendiquée du Bureau international d,éducation
mondiale, en y rallianr norâmme nt
lesLeacling.Educators of the
Worlcl,au nombre
desquersfigurent
resministres a.
rea"."r;;;"." charge
politiques éducatives. La rigu.ur r.i"rrtifiqu"
estprésentée comme
descondition de possibirité d'uri internationarir-. ptur.rirr.,"rlrp..ru.* une a.
la spécificité
desnations.
Nous enrendons
cependanrmonrrer
lu^ela
mobjlisarion, par
sespremiers répondants' de |argument de la scieniificité et de
ra,r"ur.rriré du BIE
nesignifie
pas nécessairementpour eux un ,.rora"-ent
àleurs convi*ions,
maisplutôt
unerenégociation parfois complexe a., fro.r,iJr",
enrre scienceet militance, renégociation dont les condidorr, .onrr"lrr.n,
",..-.e-.,
des
variadon' rn Àn.tio" d., .;;;*i.", ., a., p.otagonistes en
présence.Interroger
le rype denerrrrril6_6oirrÀoi.gique
duBIE,
c,esr tenrer de cernerla polysémie conceptuelre d. r'inr"rrr"rion"lir*. éducatjf,à r,heure
or) sespartisans ambitionnenr
del'institutionnariser
à,". é;h;i; iorrarr.. c,"r,
aussi observer de près les
conditions
decet accommodement entre
scienceet militance3, lorsque
lesprincipau* prrt.rr"i.es du BIE concrétisent
leurs enquêtes sur leterrain, do.um.rrt..r, ., ao__.ntent, disent-ils, la
n marchemondiaie
del'éducation )
et,pour l,amélior.r, élaborent
desrecommanda- tions
en évitan t soigneusement deleur .o.rrur.r
uo."r".r^JrJ prLpric rou,
en meftant en évidence la.st.atégie conduisant
àaccréditer la scientificité du BIE
enle plaçant
sous rang.ri. arr".rrice
de Jeanpiaget, nous veiilons
àprendre en compre
lespointf de ,"rrrior, ., 1., e.u"ilr;î;il.r."r
cerretraje*oire
généraie.En cherchant
àrestituer a*, ,orr1{.rloîe discursif
cet esprit du temps qui fait de'essor d'une Educat;on àuai)
pacifiste etscientifquement
fondée une
causei-péri.ur., ,rorr.
"rr"tyr. ," .,r.u,
"urri attentive aux faiiles, aux-divergen.., ou aux
résistancesqui troublent
cettepuissante conviction collective. Une
idée_ .
.comp rise in dép endamm en r d e Ia
façon r"",, i;i:'rrf#: :fi?:ïii î;
des
représentadons concurrentes ou conrradictoires (Angenot, 2012), nous cherchons
àmieux comprendre .o__.nr rle.haf"uieni.r rr."rigr",
".gu_
menratives au
moyen
desqueiles les acteursju;tfi;;;;; i.r,ra";.-"",r.
Nous focalisons ici l'attention,sur les positions et activités d,un petit noyau d'acreurs eui, gravitant dans
resannées 1920 awour de |Institut
Rousseau,
s'inscrivent
àI'interconnex;; ll.
réseaux del,internationalisme
19
avec celte du renouveau édu bri.
1 979) retraçant seconde guerre catif sans même
La net
et du progressisme édulcati1, et qui, composant divers paradigmes (mili-
rance, science,
neurralité), dessinent l'itinéraire intellectuel et politique
deceffe nouvelle organisation qu'est le BIE. Cette recherche entend montter comment
lesitinéraires particuliers
de certains acteurss'inscrivent
danscelui par lequel s'élabore une institution.
RtrA HOFSTETTEn
rr
rnÉoÉntcvolr
Les convictions de l'lnslitut Roussequ:
des vérités universolisobles ?
Rousseau
-
PlusParticulièrer F.rrièr. .t Je"n
Piaget-
chetises à
une
échellePlanémir oetite cité Provinciale
deG'
icigon, rgaO)'
oRéPubliq àoriron
d'images et demYr aurait un
desdn Particulier6comrne I'une
des instances (de Traz, 1929), voire êtr'
int rn"tio,,al du travail
(Binitiatives
semultiPlient
Pcet inciter la SDN
à PlacerI'Institut
Rousseaurivalise leur
exPertise enmatière
dteurs ltgitimes Pour fonde L'année 1922 marque u' proposition
dela France' intellectuelle (CICI)
se Prtesprit international (Ren
l'
"rgrrrn.,tt"ire
nouvellen
loni d.I'année tentent d or.r'i I'inu""e
dela CICI
i. ,ou,. interférence Pol
ouissantsmouvements
so'à
l'.rpri,
de Paix' C'estair Hochstaetter,
Proclame t à posséderle BIE que
le< En toute sincérité et san que modestes' on Peut '
ei
ne louera un rôleuti
diPlomates mais des hon Peut ajouter: au Point c ie Plus intéressant à avo à Posséder le BIE que lt6. Voir notamment à ce Prt mais aussi Gorman' 201 2' 7. Proiet Hochstaetter' Cor 198
Comme
ledémontrent
nostrâvâtlx
antérieurs, ausortir
de laGrande
Guerre, lesintellectuels
àla
tête deI'Institut
Rousseau et del'École
des sciences del'éducations
se saisissent del'international pour
seprofiler
surl'avant-scène mondiale et ceuvfer, par la
scienceet l'éducadon,
àla paix sur Terre. Le
désastre de
la Grande Guerre
lesconvainc
que c'est enlibérant I'enfant
despréjugés nationalistes, des tutelles
asservissanteset donc
des archaïsmes,.oi"ii.. qu'on portera efficacement la
causepaciÊste et internationaliste
dans lesginérations nouvelles
(Siegel,2004);
ils s'investissent dela mission d'en convaincre
aussi amis deI'enfance, autorités
scolaires et éducateurs detous
les pays,sollicitant leur concours Pour
quele BIE qu'ils am.bitionnent
de
fonder
puisseaccomplir
( sonæuvre
de Paix et deVérité
>'L'objectivité sciendfique
ests,rpposé. incarner
cettevérité, gârantir
à lafois
laneutralité du BIE.t l.r,rd.ùrt
et causes portées à son agenda, lapaix
parl'éducation' L'Éducation nouvelle - cautionnée par la
science- leur seft d'insffument
deralliement.
visant
àpromouvoir une conception expérimenmliste et progressiste
del'éducation - sous-tendue Paf leurs convictions naturalistes' humanistes,
pacifistes, encyclopédisres,documentalistes -,
les têtes pensântes deI'Institut
4. Gorman (2012)
-à
ta suite d'autres, dont LaquaQ011)-
confirme [e rôte fonda- teur de cette période pour t'émergence d'une véritabte < société internationale>' un internationatisme a[ors proputsé par [a conviction d'une corrélation entre progrès scientifique et progrès social (Rasmussen,2001)mais qui entre en tension avec [a revitalisation d'un internationalisme marxiste (stuga,2013, pp. 45-78). Comme ['énonce le cadrage théorique générat de notre recherche cottective (Hofstetter & Droux' 2016)' ['<internationalisme éducatif'
n'est pas un concept stabte mais i[ évolue en fonction des espaces-temps et des acteurs qui L'investissent, dont tes positions peuvent être eItes-mêmes contradictoi res.5. L'lnstitut, on s en souvient, est créé en 1 91 2 par Édouard Ctaparède et accueittera' dès 192'1 , Jean Piaget qui y enseignera sa vie entière. Rattaché à t'université en 1929 puis pteinement inlégré en son sein (en 1948), I'lnstitut universitaire des sciences de t'éducation sera transformé en facutté de psychotogie et des sciences de ['éducation de t'université de Genève, en 1975 (Hofstetter, 20'l 0; Hof stetter, Ratcliff & SchneuwLy, 20'1 2)
;ant divers paradigmes (mili- ire intellectuel et politique
dette
rechercheentend montrer
i acteurs
s'inscrivent
danscelui
ieou:
au
sortir
de laGrânde Guerre, u
et del'École
des sciences de ,ur seprofiler
surI'avânt-scène :ation,
àla paix sur Terre. Le
re c'est en
libérant I'enfant
desantes et donc
des archaïsmes: pacifiste et internâtionaliste
; ils s'investissent de la
mission rités
scolaires et éducateurs de1ue
le BIE qu'ils ambitionnent
aix et deVérité'r. L'objectivité
i,
garantir
à lafois
laneutralité
genda, lapaix
parl'édtrcation.
ience
- leur
sertd'instrument :imentaliste et progressiste
deions naturalistes, humanistes,
, les têtes pensantes de
I'Institut
a (201 1)
-
confirme [e rôte fonda- tab[e < société internationate >, un n d'une corré[ation entre Progrès mais qui entre en tension avec [a r, 2013, pp, 45-78). Comme l'énonce rllective (Hofstetter & Droux, 2016), rt siab[e mais i[ évotue en fonction nt, dont les positions Peuvent être Édouard Ctaparède et accuei[[era, rre. Rattaché à t'université en 1929;titut
universitaire des sciences de lie et des sciences de t'éducation de fstetter, Ratctiff & Schneuwty, 2012)'La neutralité revendiquée du Bureau international d,éducation
Rousseau
-
pruspa'ticurièrement Édouard claparède,
pierre Bovet,Adorphe
FerrièreerJean piaget
- cherchent
àf"ir. reconnaîrre
leursva*
tises
à une échelle
p.lanéraire,"" ,ir"n, prrti de la
".;.rr.;;:il:.:i.î
perite cité provinciale
deGenève, hisJ.
ici go,,,
rô:
ol .-"
nep ubri q
"; ;;il.;; ii.',ïi i:
,;:l#,i,ï:lj :
floraison
d'imagesr'âr -yJh., .rr.*"oo"u" pou. f"i..
";i;
que Genèveaurair un-destin particulierr. L,Insdtur
R,comme
I'un" d",
ins rancesincarnan r ; i'rï"i;li,:iiiii
ooïâïffi: ï
(derruz, te2s), voire.être p-fi'é;;;;Ë;;;îï:
du Bureau international du travair (err i À r'il; a", ,nrre", ïgiî,'r""a* que
resinitiatives
semurtiprienr pour it"bri, urr"ru.."u internationar
del,éducation et inciter la SDN
àplacer l,edu."rio., ,u
l' Ins ti t u
r
nourr.
"
u
rtu"tir.",
d ï; ;;;;: ;:i:3:;:i rf:ïî:î if i:
leur
expertise enmadère a. ..ro.î."u fiargogique, comme
resinterrocu_
teurs
Iégidmes pour fonder." bur.ru. ""
L'année 7922 marque un rournanr, la SDN ayant
crééenjanvier, sur proposition de
raFrance,
une commission internadonale de coopéradon inrellectuelle (CICD
se préva-lantd. .o*ibrr.r
eile aussi à Iaformation d,un esprit internationat (Renoliet, reee).;":;il_i ffi;:il;i,..aminer
I'argumenraire nouve'errî'^ouo,;;;;r
res
prumes ftbrires qui tour
aulong
deI'année tentenr
dedéfinir l..;;;;;rr, à,un BIE: on
fir.r,a
alorsqu'à I'inverse de la CrC,l,le BrE ;;;r;;";Àë;;,:J;,
préservéde
toute interference poritique .,;;;; lu-.
dès rors detirer parti
des puissantsmouvements
sociauxæuvranr
sur Ieterrain pour railier
ra jeunesse àl'esprit
depaix. c'est
ainsi quel'adminirror.u.
del,Institut
Rousseau,Max Hochstaeter, proclame
en
août 1922
queGenève est davanrageprédestiné
à posséder IeBIE que
IeBIT lui-_;;;: -
<En toute sincérité et.sans méconnaître les amb.itions personnelles, aussi légitimes que modestes, on peur dire ceci. r_.
nra
".lr;;;;;;iJilffi*."r,*
et ne jouera un rôle
ufle
cues'il
est dirigJion p.,
des bureau*ates ou des diplomates mais des horhmes connaissa* tJ,Jor.,
de l,écore et ayant la foi.on
peut ajouter: au
point
de vue genevoi., ,,.gl'r...it
l'organisme international, ;.H:fmil'ffffi iï;
;;' i;;;;; i,.
p,ed.,i,. oi.n
pr u, ^ë.,,e.,,.1
6.Voir notamment à ce propos, < Esprits de Genèv
mais aussi
oom.n, æli,
et stuga,2013,
e' ldées d'Europe >, Équinoxe,1997 7' Projet Hochstaetter, confidentiet, 26.g.1g2281 /env2/Ch3/ciocs 38-50, p. 2, ATJJR.
La neu
200
On voit bien ici s'esquisser l'argumenr d'une suprématie de l'expertise scientifique et pédagogique sur la bureaucratie et la diplomatie, soupçon-
nées
de prévaloir dans
lesinstances intergouvernementales (sont
viséesici la SDN
etla CICI). Mais remarquons que cet âfgument - qui constituera
lesubstrat d'une durable rhétorique -
estformulé, en 1922, d'une manière encore comparible
avecla
reconnarssancede la foi
des pédagoguesou
desthéoriciens
àqui incombe
cette exPertise.Et
laneutralité
de la Suisse-
quele
Traité
de Versaillespuis
laDéclaration
deLondres viennent
deconfirmer (pour le maintien de la paixo - contribuerait à renforcer et câutionnef I'affichage d'une double impartialité politique
et pédagogique garanted'une objectivité scientifique.
Si, pour cerrains, il s'agit d'éviter un rapprochement jugé compromettant
avec les instances
intergouvernementales'
cesont pouftant bien
celles-ciqui permettent
deprésenter
Genèvecomme
lecentre névralgique
deI'interna-
iiorr"lis-"
surlequel
lesrépondants
deI'Institut s'appuient résolument. Et
les liasses de
feuillets
esquissant alors le cadredu BIE
envisagéinventorient régulièrement
lesnations et gouvernements que
sastricte neutralité leur p.imettrait
des'dlier, tout
aumoins
de ne pasfroisser ou écarter (comme le font
ces agencesintergouvernemenrales pointées du doigt), au premier chef la France,
lesÉrats-unis, I'Allemagne, l'Italie, la Grande'Bretagne.
D'aucuns envisagent même d'emblée de
s'associerministres et gouverne-
menrss,cetx-ci âyant
enmains
les destinées del'éducation
dans lemonde, une hypothèse
alorsrésolument
écattée.Ce sont
lesconftrences internationales qui constituent de longue date
lesforums privilégiés des
responsablesde I'Institut
Rousseauet
des réseauxqu'ik màbilisent pour
favoriser des échanges scientifiques entre personnalités.., ur.
ety fùrevaloir leurs
thèses,voire y imposer leur prééminencee. En témoigne, àl'êté
7922,1e congrèsinternational d'éducation morale (CIEM)
:l.s q,ràlqu.
500intellectuels, scientifiques,
pédagogues, déléguéspolitiques, qui convergent à Genève
seconcertent sur les moyens d'asseoir la paix
RrrA HoFSTETTER
n
rRÉoÉRtc voLeB. Le projet de Hochstaetter, précisément, inclut les gouvernements dans l'Assembtée des détégués du BIE projeté, aux côtés des organismes internationaux et des associa- tions pédagogiques nationates. Proiet Hochstaetter, Confidentiet, 26.8.1922 81
lenvzl
Ch3/docs 38-50 p.3, AIJJR.9. La Conférence internationate sur ['enseignement de t'espéranto dans [es écotes que t'lnstitut organise en avri[ 1922 eTqui rassembte des détégués de vingt-huit pays siégeant dans tes locaux même du secrétariat de ta SDN, et sous son égide, est prise comme preuve que t'lnstitut peut rattier les gouvernements pour dialoguer sans interférence sur des questions éducatives mondiales.
oar l'éducation
et la science (i'éd,r."tion,
élaboré ParF' iormulés
antérieurementr o)' ln'est
autre que lecofondate' nouvelle (LIEN)
et s'Ydistin l'éuérr"-"rr,
dans les médialn Favoriser la culture de I'hur cMlises, [.
"]
recueillir des dor de ces travaux Pour le réPan<D'une
Plume aussi suatège qmettant envaleur
avanttoul
assumer les tâches, enPrelr cue le Bureau internationz
irr""rn.
etdirige' Outre
soce BIE inclut un Institut'
osvchologie Pédagogique'
u
"o-ofe,. (jardin
d'enfants
maux, ateliers Professionne Ferrière s'ernPare de cettet seulement
assume déjà defavoriser
l'échangeenffe
Pidéologique, Politique'
colui
seulI'essentieldes orgl On
ne Peutqu'êue
saisi PI'
infatigable
ProPagandist 10. Le Zurichois Friedrich Z<ô..t.1,
fédérat suisse (1 901 ) scotaire (1 904) Puis aux coniç12,
e.nouu 1922) tesquel d'éJucation à La HaYe' Les f tiatives antérieures' aussi Pc tongue date mais qu'eux set oré-sentation du Bureau inter1932: Rossettô' 1943)'
1 1. B1 /env2/Ch3/docs 3B-5
1 2. C'est en 1 899 que Ferrit une sorte de centrate d'info Ferrière assume de f ait à tr [e service d'information int pp. 1 59 s.,P'224\'
I
ne suprématie de l'exPertise rie et la diPlomatie, soupçon- vernementales (sont
viséesici et ârgument - qui con'stituera mulé, en 7922, d'une manière : la foi
des Pédagoguesou
des laneutralité
de la Suisse-
quel-ondres
viennent
deconfirmer rait à renforcer et cautionner
e et pédagogique garante
d'une
par l'éducation
et la science etadoptent
leprojet d'un
Bureauinternadonal d'éducation, élaboré par F. zollinger (confirmant
desyæux puis
accordsformulés antérieurementlo).
Leprésident du
congrès,Adolphe
Éerrière_ qui n'esr âurre que le cofondateur
dela Ligue international. po.r.l,Édu.atiàn nouvelle (LIEN)
et s'ydistingue pour
sonutopisme spiritualiste -, rapporre
l'événement
dans lesmédias en
1922 et précisele
desseindudit Bureau:
< Favoriser la cuhure de I'humanité,
[...]
faciliter le rapprochement des peupiescivilises, [.. .] recueillir des documenrs officiels ou privés, er [..,J "dégager I'essentiel de ces rravatx pour le répandre et le faire fructifier au profit de toirs; (art. 2) r i.
, D'une plume
aussi stratège qu'enthousiaste, Ferrière en expose leprogramme, mettanr
envaleur
avanttout
les organismesqui,
à Genève, sontj
même d,enassumer les tâches, en
premier lieu l'Institut
Rousseau et ses annexes,ainsi que le Bureau international
des écolesnouvelles (BIENlr) que lui-même incarne et dirige. ouue son comité exécutifl son conseil,
saLibliothèque, ce BIE inclut un Instirut de pédologie, qui comprend un laboratoire
de psychologie pédagogique, unepouponnière
modèle, une organisation scolairecomplète (jardin d'enfanrs,
écolepopulaire, institution pàu, enfants anor- marx,
ateliersprofessionnels)
er des cours deformation pàur
les enseignants.Ferrière s'empare de cette
tribune pour prouver
quel'Institut
Rousseaunon seulemenr
assumedéjà de fait
cerôle
deplateforme internationale,
apte àfavoriser l'échange entre personnalités d.
io,.rte, provenances sansparti pris idéologique, politique, confessionnel ou narional, mais qu'il matérialise
àlui
seulI'essentiel
des organeset fonctions d'un tel bure"u.
on
nepeut qu'être
saisipar l'envergure vertigineuse du projet. Mais, pour l'infatigable propagandiste
del'Éducarion nouvelle,
La neutratité revendiquée du Bureau international d,éducation
10. Le Zurichois Friedrich Zottinger est ['auteur d'un rapport en ce sens adressé au Conseit fédérat suisse (i 901 ), au Conseit nationat suisse (1 9l 1 ), au congrès d,hygiène scolaire (1 904) puis aux congrès internationaux d'éducation morale
{ôlrv,
La Haye1 91 2; Genève 1 922) tesquets envisagent
en
1922 de créer un Bureau internationat d'éducation à La Haye. Les fondateurs du BIE ne manqueront pas de relater ces ini- tiatives antérieures, aussi pour démontrer qu'its répondent à des væux esquissés de longue date mais qu'eux seuls parviendraient à concrétiser pteinement (brochure de présentation du Bureau internationat d'éducation, 1926,p.3, FG/BlE.10/1, AIJJR; Bovet, 1932; Rossettô,i9431.11. 81 / env2lCh3ldocs 38-50, p. 2, AIJJR.
12. c'est en 18?9 que Ferrière crée ce BIEN sur la suggestion de Demotins, (<comme une sorte de centrate d'information entre les chefs d'écotes nouvelles>, un BIEN que Ferrière assume de
fait
àlui
seut durant un quart de siècte, avant qu'it ne devienne le service d'information internationate de t'lnstitut Rousseau (Hametine,lgg}/2002,
PP. 1 59 s., p.224).
rchement jugé comPromettânt sont pourlant bien
celles-ciqui :entre névralgique
deI'interna- titut s'aPPuient résolument' Et
'e
du BIE
envisagéinventorient ts que
sastricte neutralité leur
pas
froisser ou écarter (comme pointées du doigt), au Premier e, I'Imlie, la Grande-Bretagne'
'associerministres et gouverne-
s de
l'éducation
dansle monde'
i constituent
delongue
date lesnstitut Rousseau et des
réseauxs scientifrques entre personnalités
imposer leur Prééminencee' En ,rri à'éd.r""tion morale (CIEM)
: pédagogues, déléguésPolitiques'
;t.rr
les moyens d'asseoir la Paix
tes gouvernements dans t'Assembtee rismes internationaux et des assocta-
tt.i
Conf iOen Tiel,26'8'1922 81 lenvZlent de t'espéranto dans les écoles que
.,
Oeteguet de vingt-huit pays siégeant.1, et sous son égide, est Prise comme ents pour diatoguer sans interférence
RITA HOFSTETTER ET FRÉDÉRIC I./OLE
<
il
y a un lienéroit
entre la culture des peuples-
au meilleur sens du terme-
et leur valcur économique et sociale. Sentir ce lien,
vouloir
cette féfofme si urgenre de l'éducation publique, créer un mouvement d'opinion qui pousse lesgou,r..n.In..rts
et lasDN
à soutenir le BIE, c'est là un devoir qui incombe à chacun d'enffe nous, si humble soit-il.[...]
I'enfance d'aujourd'hui esc I'humanité de demain, Aucun sacrifice ne sefa trop grand qui contribuera à instaurer une éducation meilleure, plus conforme à la science et au bon sensl3' nEn
bref,
tel que Ferrière le presente, le nouveauBIE
ressemble à s'yméprendre
auconcepr
deI'Institut
Rousseau,qui depuis dix
ans adéveloppé -
à uneéchelle
moindre,
certes- l'essendel
de tels services' en sefaisant
désormaislui
aussi leporte-parole du pacifisme wilsonien.
Si le progressisme etl'inter- nationalisme éducatifs semblent ici intrinsèquement liés,
c'esten veftu
dece
que Ferrière appelle bon
senset
science,qu'il amalgame constamment;
ce
que l'Institut
Rousseau alui
aussisu faire valoir, esdment
ses rePresen-tanis, justifiant ainsi qu'il soit
hissé (avectoutes
sescomposântes)
austatut
deBureau international d'éducation.
La
nodon
deneutralité n'est ici
Pas évoquée, mais cellesde
sci.ence-
encoreamalgamée avec
le
bon sens des pédagogueséclairé..
.-
etd'indePendancele sont abondamment. Prenant
ceftefois Pour
exemple laCroix-Rouge inter- nadonale, il s'agit pour Fefrière
demonuer que
ceBureau revendique
unecomplète indépendance institutionnelle
àl'égard
desgouvernements
et desorg"rr", internadonaux
issusdu
Pacte deVersailles, tout
enexPliquânt que t. bIp projeté
nesaurait accomplir
sa tâche sansbénéficier
deleur soutien, leurs
causesémnt interdépendantes.
Malgré la ferveur
aveclaquelle il
seradéfendu et
les réseauxde sociabilité que savent adroitement exploiter
lesrépondants
deI'Institut
Rousseau, ceprogr"--. uertigineux
restera væupieux. Trop
ncompromettant )
au regâfd de ses accointances avec lesgouvernements
et lesorganisations du Traité
de Versailles ?Trop périlleu pour I'Institut
Rousseau,dont
l'oorganisation,
esr
jugée (rfop
récenreDer (rrop ingénieuse> pour être ainsi modifiée?
(HocÀstaetter, 1922, p. 5). On perçoit déjà
les divergencessur
lesquellesachoppent
au sein même del'Institut
Rousseau les premiers bâtisseur.sdu BIE.
Précisons que la neutralité n'est
pasici un concePt relatif
àla séparation du polirique et du religieux, comme c'est souvent le
cas,Particulièrement dans le .onr.*r" français. Ce concept
possèdeici deux versants. D'abord, il relève d'une interprétation politique où la neutralité
estdonnée comme
h condition
dePossibilité d'ur nadon
suissequi tend
à se rerdiurr. "on"tPtion
Pacifréedu
,"i"r,""
Poséecomme
caPable.,remieilieu
face à ladiversit
i.* u.*
desfondateurs du ,ro,r,rarr, réunies dans un
c'les
orientations
éducadvesq I'Institut
Rousseauont
vocalLa neutr
Le BIE à lq recherche strotégie fédérqtrice
L'Institut
Rousseau ne se destffois
ansdurant
PourI'institr voilure. Cette institutionnd temps l'intrication entre
s(l'
Édication nouvelle consti La chronique
même des dé<nous n'extrayons ici que qt Enl923,le BIEN - connL
raraché
àl'Institut,
devenarconcurrents sont ainsi
PlacN'est-ce
Pas Pour cette rais<confre
à-Ferrière
le soin
dr1924,
encore,I'Institut
Rctionale
de Genève'fondée pour
recréer une.(commu mission internationaliste
çactive, Ferrière
sevoyant
(est acquis, lors du congrès la
LIEN
etI'Institut
Rousrrecommande d'établir
le si de lacaution
desPrinciPa et du Pacifisme
sdéniste'I'automne 1925 tout ent la définition
des alliancesEn
novembre 1925, de
sFoundation alloue
500
202
13. 81 I env7lCh3ldocs 3B-50 p. 2, AIJJR
-
au meilleur sens du t€rme-
lien,
vouloir
cette réforme si :n.rent d'oPinion qui Pousse les rst là un devoir qui incombe à rce d'aujourd'hui est l'humanité 1ui contribuera à instaurer unect au bon sens13.
)
BIE
ressemble às'Y méPrendreLs
dix
ans a déveloPPé-
àune
,rryices, en se
faisant
désormais :n. Si le progressisme etl'inter- luement liés,
c'esten vertu
de1u'il amalgame constamment
; :valoir, esdment
ses rePrésen-rtes ses comPosântes) au
statut
, mais celles de science
-
encore'clairé... -
et d' i'ndéPendance le exemplela Croix-Rouge inter- que
ceBureau revendique une
igard desgouvernements
et des rsailles,tout
enexPliquant
que sansbénéficier
deleur soutien, ,du et
les réseauxde sociabilité lants
del'Institut
Rousseau, cerop
(compromeffant)
au regard:t
iesorganisadons du Traité
de ousseau,dont
l'oorganisation>
rse ))
pour être ainsi modifiée
? ià lesdivergences sur
lesquellesru les premiers bâtisseurs du
BIE' concePt relatif
àla
séParation;ouvent le
cas,particulièrement
èdeici detx versants. D'abord'
[a
neutralité
estdonnée comrne
Le BIE à lo recherche d,un com promis entre strolégie fédérotrice et logique centrqlisotrice
La neutratité revendiquée du Bureau internationat d,éducation
la condition
depossibilité d'une réconciliation
desnations, iilustrée par une nation
suissequi tend
à seregarder eile-même comme la matrice
possibled'une conception pacifiée du monde. Ensuire, il traduit une vision de la
science poséecomme
capabre desurmonter roure idéorogie particulière,
enpremier lieu
face àla diversité
desconceptions
etd., prJtiqu"s
éducatives.Aux yeux
desfondateurs du BIE,
cesdeux dimensions
dela neutralité
setrouvent réunies dar
r es o rien tati
"
",
édu.;;: ;:i :îJ:.'ff;:1 ; : ::J"ïnî,l ;::î: ï î:
l'Institut
Rousseauonr vocarion
àêtre
érigées en savoirs universarisables.L'Institut
Rousseau ne.se dessaisira pas duprojet,
mais æuvrera d,arrache-piedtrois
ansdurant pour I'institutionnaliser
progressivement,tour
en ajustant savoilure. cette institutionnarisation ,'opèr.
enconfirmant
dansun premier temps l'intrication entre scienc. ., -ilir"rrce, le pacifisme réformiste
del'Éducation nouvelle consdtuant
la substancepremière
de cet engagement.La chronique même
desdécisions
cles et lesarguments
res
justifiant - donr
nous n'extrayons ici que quelques
exemples_
entémoignent.
En l923,le BIEN - connu avânt rour pour
sonréformisme militant -
estrattaché à
l'lnstitut,
devenant sonservi.eàe documentation internationai;
lesconcurrenrs sont ainsi
placésdevant
lefart établi: un BIE
existe désormais.N'est-ce
paspour
cefferaison
aussiqu'en 1924,Iecomité exécutif du CIEM confie
àFerrière le soin de reprenJre le bureau du GIEM rui-même
?En 1924,
encore,I'Insdtut
Rousseau accorde sonpaûonage
àl,École interna- tionale
de Genève, fondéepar un collectif
deforr.tionrrires inrernationaux pour
recréer une (communauté internarionale
>(Dugonj ic, 2014) dont la mission internationaliste pacifiste
serevendiqu.
"lor."rerâlumenr
de I,écoleactive, Ferrière
sevoyanr
érigéen
napôtrer. En été 1925, unnouy€au
gage est acquis, lorsdu
congrèsinternational d'Éducation nouvelle
coorganisépar
laLIEN
etI'Institut
Rousseau,lorsqu'Henri
Bergson,président d. t" ctct,
recommande
d'établir
le siègedudit
Bureau àGeiève. d. ,"rgu*,
désormais de lacaution
desprincipaux organismes
européensa. t,Éd,lJo, ,rouu.il.
et du pacifisme sdéniste, le conseil dire*eui de |Insdrut
Rousseaudédie l'automnç 1925 tout entier
àl'éraboration du concept a" t'.rrrr.prise et
à ladéfinition
desallian
En,,o,,.-ù,;-;,i:i"ï:;,iïi:',',;tJ;,ffi î,:iffiïJil:*:ï;
Foundation alloue
5000 dollars à l,Institur Rousseau, que ce dernier,
atLI
RITA HOFSTETTER ET FRÉDÉRIC N4OLE
fier d'ajouter
ce gageérasunien, affecte aussitôt
àla concrétisarion du BIE.
Le conseil directeur de l'Institut
seréunit le
1Bdécembre pour lancer
unappel proclamant la création du BIE et obtenir
lesappuis requis pour
samise en
æu'rre.Ses
promoteurs optent
désormaispour un organisme
dedroit privé,
supposégarantir
sapleine indépendance. Mais ils sauront tirer parti
de leurs réseaux desociabilité pour rallier
àleur
cause lesfigures intellectuelles
etpolitiques influentes, s'appuyant
aussisur la constellation d'initiatives et
d'agencesæuvrant aux entours et au sein de la SDN. Les noms figurant dans
leurs diverses listes de npersonnalités
àavoir
dans lecomité d'honneuo
et cellesqui
<ont accepté de faire pârrie du comité d'initiative
>témoignent
deI'empan de leurs
cerclesd'influence mais
ausside leur ingéniosité diplo- matique, I'enjeu consistanr
àconforter leur légitimité
dans les réseaux lesplus étendus possible tout en veillant
àpréserver leur pleine neutralité
etindépendance. Mais
lescritères de sélection sont bien d'ordre national
et lesplus
prestigieusesnotabilités
àla tête
desorganisations intergouverne- mentales sont
lespremières sollicitéesta. C'est d'ailleurs
avecle soutien
deI'Association
suissepour la SDN
ersolls le patronage d'Albert Einstein
etdu directeur du BIT Albert Thomas, que le conseil directeur de I'Insritut
est à
même d'annoncer I'ouverture officielle du BIE en avril 1926.
Les archives docurnentant cerre création témoignent de la ferveur de
cesinternationalistes, alors convaincus de pouvoir bénéficier du sourien, financier compris, de milliers d'amis de I'enfance et
deplusieurs
dizaines d'associations partageant leursidéaux,
associationsqu'ils ont
soigneusemenr répertoriées,dont
la rnilitante.A/ew Education Fellouship (NEF)
et la puissanteIVorld Federation
ofEducation
Associatiazs(\7-FEA)
I 5,nous y reviendrons.
1 4. A t'exempte de Gustave Ador, Henri Bergson, Georges Bertier, Léon Bourgeois, Ernest Bovet, Émite Jacques Datcroze, Éric Drummond, PauI Hymans, Giuseppe Motta, lnazô Nitobé, Georges Lapierre, JuIien Luchaire, Atbert Matche, Gilbert Murray, Jean Piaget, Edmond Privat, Jules Prudhommeaux, Gonzalgue de Reynold, Rabindranath Tagore, Georqes Thétin. Voir notamment AIJJR : B1 lenv 2lCh3 ou AIJJR BIE 1922 1 B1/95.
15. Créee par la Nal.ronal tducation Association des États-Unis à San Francisco en 1923,|a WFEA f édère des dizaines d'associations d'enseignants et, à travers ettes, potentieilement plusieurs centaines de
milliers
de membres, Ses deux premières conférences (Edimbourg, 1 925; Toronto, 1927) connaissent un clair succès. Dans ce cadre, se dessinent des projets similaires à ceux du BIE: ta WFEA envisage elte aussi I'institutionnatisation durable d'un bureau internationatde ['éducation (Sytvester, 2002).En 1929, etle réunit cinquante associations, certes des régions avant tout anglophones, ta moitié provenant des États-Unrs, [es autres de toutes les régions du gtobe, mais surtout de [a Grande-Bretagne.
La ne
Ittustration 9. Brouillon d't comité d'honneur >, étabor(
début de t'hiver 1925-192é
ûr
204
l,' 'i, : :
*.
î"
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-,' {!-r , ,/Ë 'r' : I
t-
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ffi{M#'.
1
nYtiln
I
tôt
à laconcrétisation
cluIII!"
e 1B
décembrc Pour lancer un tenir
iesappuis requis Pour
saganisme de
droit
Privé, suPPosérront tirer Parti
deleurs réseatx
rresintellectuelles
etpolitiques adon d'initiatives et
d'agences. Les noms figurant dans
leurs; le
comité d'honneup
et celles:é
d'initiative , témoignent
derussi de leur ingéniosité diPlo- r légitimité dans
les réseaux les éserverleur pleine neutralité
etn sont bien d'ordre nâtionâl
etes
organisations intergouverne-
'estd'ailleurs
avecle soutien
de)
patronage d'Albert Einstein
etle conseil directeur de l'Institut
te
du BIE en avril1926.
:émoignent de la ferveur de
cesrouvoir bénéficier du soutien, enfance et de Plusieurs
dizaines:iations qu'ils ont soigneusement
n Fellowship(NEF)
et la Puissante(\flFEA)15, nous
Yreviendrons'
eorqes Bertter, Léon Bourgeois, Ernest PauL Hymans, GiusePPe Motta' lnazô
t
Matche, Gilbert Murray, Jean Piaget' ue de Reynotd, Rabindranath Tagore' Z/Ch3 ou AIJJR BIE 1922181195 n des États-Unrs à San Francisco en rns d'enseignants et, à travers eLles' .s de membres. Ses deux Premières connaissent un cLair succès. Dans ce x du BIE: ta WFEA envisage etle aussi ational de t'éducation (Sytvester, 2002)' :s des régions avant tout ang[ophones' de toutes tes régions du globe, matsLa neutratité revendiquée du Bureau
internationat d,éducation
-)
-ll>*r."ual"l5' a'
4-rroùda^ -/, tn;ll
J* 1.".^1+ 4o /4rr*7,'a f",l'2"-r/- .z/'hZDl
.i'l'-
',
'.,irlrustration g. Brou*ron d'une des tistes de <personnarités
à
avoirdans
re comité d'honneur>, étaborée début det'hiver
1 g2s-1926;i.rt*.rigrràrir, prr r.r r.prar"nirn,,
dans de l,lnstitut [e comité d,initiative.Rousseau au( l^ n-lz-
x A yo (1,^- fniu,, D.V/""^
.\ fua 1^".1A
" ù4 (Èh
fl,awittlw o ? r{,u;f1n
> llia
e2tJcÉL o br"[l*on
t-;
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s\,X
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Sorrrce: AIJJR.