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Le capital militant. Essai de définition

[Texte intégral]

« C’était un jeune homme de vingt-cinq ou vingt-six ans, de forte carrure, les cheveux d’un jaune roussâtre, l’air inflexible. Il portait sa casquette à visière de cuir farouchement inclinée sur l’œil. Je le voyais de profil : le menton touchant la poitrine, les sourcils froncés comme devant un casse-tête, il contemplait la carte que l’un des officiers avait dépliée sur la table. Quelque chose en ce visage m’émut profondément. C’était le visage de qui est capable de commettre un meurtre et de donner sa vie pour un ami, le genre de visage qu’on s’attend à voir à un anarchiste – encore que cet homme fût peut être bien un

communiste. Il reflétait, ce visage, la bonne foi en même temps que la férocité, et ce pathétique respect, aussi, que les illettrés vouent à ceux qui sont censés leur être supérieurs. On voyait aussitôt que ce milicien ne comprenait rien à la carte et qu’il considérait la lecture comme un prodigieux tour de force intellectuel. Je ne sais pourquoi, mais j’ai rarement vu

quelqu’un – j’entends, un homme – pour qui je me sois ainsi pris d’une sympathie instantanée. […] C’était courant en Espagne, des contacts de ce genre. Si je parle de ce milicien italien, c’est que j’ai gardé de lui un souvenir vivace. Avec son uniforme minable et son visage farouche et pathétique, il est demeuré pour moi le vivant symbole de l’atmosphère toute particulière de ce temps là. » Toujours dans Hommage à la Catalogne, l’auteur de ces lignes, Georges Orwell, ajoute, quelques pages plus loin : « J’étais venu en Espagne dans l’intention d’écrire quelques articles pour les journaux, mais à peine arrivé je m’engageai dans les milices, car à cette date, et dans cette atmosphère, il paraissait inconcevable de pouvoir agir autrement

».

Ce passage est révélateur à plus d’un titre. Il l’est du caractère attendu du militant révolutionnaire – « inflexible », « farouche

», faisant preuve de « bonne foi en même temps que [de] férocité » –, militant révolutionnaire qui se confond ici (dans la perception sociale du corps de l’autre) avec un militant ouvrier[1], comme du mode de l’évidence dont, semble-t-il, ont pu se vivre certains engagements. Le texte d’Orwell, pris dans les contraintes littéraires du récit mais surtout dans des luttes politiques qui ont été physiquement, et pas seulement symboliquement, des luttes à mort, participe d’une vision idéalisée du militantisme, où l’engagement est vu à la fois comme total (presque « naturel »), et expliqué par une forme de vocation. Or les militants dont ce numéro retrace et analyse les trajectoires, vivent au contraire des engagements en apparence

improbables : syndicalistes projetés dans l’univers des institutions européennes, étudiant devenu délégué CGT dans une usine de l’Est de la France, militants de l’UDF socialisés pourtant dans la défiance envers la politique, prêtre basculant vers la guérilla révolutionnaire. Et c’est ce contraste qui permet en retour d’éclairer la condition militante.

En soulignant l’écart entre l’engagement « naturel » des miliciens d’Orwell et ces engagements « improbables », il ne s’agit pas pour autant de ratifier une opposition commode, entre « engagement total » et engagement « moral » ou « par conscience », entre don de soi et action circonscrite et efficace[2]. Comme l’a bien montré, en effet, Annie Collovald, cette opposition masque plus ou moins bien une disqualification « euphémisée » du militantisme passé, centralement ouvrier, et oublie que ces militants ouvriers justement, souvent « déclassés par le haut », ne ressemblaient déjà pas à ceux dont ils défendaient la cause[3]. On ne peut ignorer ici la multiplication actuelle des études sur le militantisme, auquel, en effet, après une éclipse, la sociologie politique s’intéresse à nouveau. Le renouvellement de l’intérêt tient pour une part à la mobilisation, et par conséquent à la construction, de catégories (presque) inédites (« sans-papiers », séropositifs, immigrés, gays,

lesbiennes…) ou anciennes, mais accédant à une visibilité inconnue jusque-là (chômeurs, sans-logis), à l’apparition ou à la multiplication d’organisations elles aussi, semble-t-il, nouvelles (à commencer par les associations humanitaires ou par la nébuleuse du mouvement altermondialiste[4]), voire à l’invention (ou à la réinvention) de formes d’action (zap, die-in, forum sociaux, grève de la faim…). Il tient plus généralement à ce que l’on pourrait décrire, à la suite de Cécile Péchu[5], comme une différenciation entre « champ militant » et « champ partisan », la recherche d’un pouvoir légitime étant dorénavant

déconsidérée, là où, il y a encore vingt ans, la plupart des associations se rattachaient à l’ensemble des organisations politiques. Sans doute doit-on souligner néanmoins combien cette dissociation est allée de pair avec une désagrégation profonde du militantisme partisan et syndical traditionnel. Ce sont en effet toute « l’implosion de la classe ouvrière », elle-même liée au chômage de masse et à la « précarité structurelle », et « ses “répliques” » (quasi-absence de porte-parole des classes populaires, « discrimination syndicale », très faible relève dans les jeunes générations, découragement des plus anciens…) qu’il faudrait évoquer, à la suite de Stéphane Beaud et de Michel Pialoux[6], pour en rendre compte. En retour, ces modifications profondes de l’ordre social n’ont pu que retentir sur l’ordre politique – les relations entre ces deux ordres permettent par exemple de comprendre que le déficit de militants tient aussi à la manière dont toute une génération de « militants de cités » n’a pas été intégrée par les partis de la gauche traditionnelle[7].

Ces précisions posées, qui invitent à ne pas délaisser les structures sociales au profit des simples interactions ou des trajectoires individuelles, il s’agira tout particulièrement de s’intéresser ici aux apprentissages conférés par le militantisme, aux compétences importées de l’extérieur, ainsi qu’à celles qui sont « apprises sur le tas[8] », à ce que l’on a choisi d’appeler, au moins provisoirement, capital militant. Un capital militant qui s’acquiert donc, et pour une bonne part dans le champ politique, qui s’y valorise, mais aussi qui se reconvertit ailleurs, en cas d’exit. Dans les années 1970, Daniel Gaxie avait

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montré comment, en raison de la faible « maîtrise idéologique » des électeurs en général et des adhérents des partis de masse en particulier, « l’attachement à la cause » et « la satisfaction de défendre ses idées » ne pouvaient que constituer un faible mobile à l’adhésion à un parti ou à un syndicat[9] – il s’opposait aussi par là à tous les modèles qui voient l’adhésion partisane ou syndicale comme la matérialisation d’une croyance politique. En revanche, il avait fait apparaître combien le passage par ces institutions sociales apportait un capital scolaire de substitution, au principe d’une capacité acquise grâce à ce passage, à s’orienter dans l’espace politique[10]. Pour rendre compte de cette capacité à s’orienter, des mécanismes de son acquisition et de son incorporation, la notion de capital militant s’est révélée utile.

Parler de capital militant, c’est insister sur une dimension de l’engagement, dont le capital politique rend insuffisamment compte. En effet, le capital politique peut être considéré comme une forme de capital symbolique, « crédit fondé sur les innombrables opérations de crédit par lesquelles les agents confèrent à une personne socialement désignée comme digne de créance les pouvoirs mêmes qu’ils lui reconnaissent[11] ». Le pouvoir symbolique qui y est associé peut être analysé comme une expression du « fétichisme politique » par lequel un groupe social se reconnaît dans la représentation qu’il se donne de lui-même, et de sa relation aux autres groupes. Ce capital, lié à la représentation collective que le groupe lui attribue, est « fondé sur la croyance », avec pour enjeu essentiel « d’accumuler le crédit et d’éviter le discrédit ». Le capital militant se distinguerait donc du capital politique qui est, pour une bonne part, un capital de fonction né de l’autorité reconnue par le groupe et à ce titre « instable »[12] : incorporé sous forme de techniques, de dispositions à agir, intervenir, ou tout simplement obéir, il recouvre un ensemble de savoirs et de savoir-faire mobilisables lors des actions collectives, des luttes inter ou intra-partisanes, mais aussi exportables, convertibles, dans d’autres univers, et ainsi susceptibles de faciliter certaines « reconversions »[13].

Les trajectoires analysées dans ce numéro permettent de saisir deux phénomènes qui, en ces matières, ne sont qu’en apparence contradictoires. Premièrement, les apprentissages ont toujours été nécessaires et les articles présentés ici, parce qu’ils traitent de cas limites, aident à le saisir. Deuxièmement, la modification d’une partie des règles de fonctionnement du champ politique, et singulièrement du champ partisan et de ses rapports de force, rend ces apprentissages à la fois plus incertains et plus nécessaires : les « passeurs » et les lieux de la transmission, par exemple les écoles de parti, tendent à disparaître[14], tandis que les exigences techniques auxquelles sont confrontés les militants sont de plus en plus élevées. Mais, paradoxalement, ces apprentissages sont parfois aussi plus aisés en raison de l’élévation du niveau de scolarisation des membres des partis politiques ou des syndiqués.

La transformation des conditions d’acquisition du capital militant apparaît dans l’enquête d’Anne-Catherine Wagner sur les processus d’internationalisation du syndicalisme au sein de la Confédération européenne des syndicats : à Strasbourg comme à Bruxelles, des compétences et des savoir-faire spécifiques s’avèrent aujourd’hui nécessaires au « métier » de syndicaliste, mais ils sont aussi peu accordés aux dispositions d’une partie (et d’une génération) de militants syndicaux français. Ceux-ci, issus pour la plupart des fractions supérieures des classes populaires et des classes moyennes, peu pourvus en ressources sociales, culturelles et linguistiques internationales, tirent leur légitimité du lien avec le « terrain » et se trouvent confrontés à une redéfinition du travail et du capital militants. En effet, aux savoir-faire et aux capacités d’adaptation, en grande partie fondés sur les relations interpersonnelles, qu’ils peuvent mobiliser dans le syndicalisme européen, s’oppose une légitimité d’expertise, extérieure au champ syndical, qui n’a pas autant besoin de s’inscrire dans la durée pour être efficace et qui est promue par un personnel tendanciellement plus jeune, plus diplômé, plus féminisé, et aux origines sociales plus élevées.

Cette importance croissante du capital scolaire apparaît dans le « journal » d’un jeune ouvrier lorrain, présenté ici par Pierre Rimbert. Certes, son apprentissage de délégué syndical donne lieu à maints tâtonnements : il lui faut apprendre à rédiger un tract, à parler en public, à oser s’adresser à l’Union départementale, etc. ; mais sa scolarité antérieure facilite aussi

l’acquisition des techniques d’écriture et de comptes-rendus de réunions, la lecture de la presse militante, la prise de notes, l’assimilation de connaissances juridiques lors des stages de formation syndicale, la constitution de dossiers de défense de salariés, la capacité à argumenter contre la direction, etc. Cet apprentissage fait apparaître en creux les difficultés des conditions de mobilisation, qui tiennent autant à la précarisation de la relation salariale, aux divisions des salariés qu’à l’invisibilité du patronat. Et, ce sont ces difficultés qui, à leur tour, contribuent à expliquer la labilité des engagements. Mais surtout, le « journal » donne à voir comment le capital militant acquis et la position conquise constituent une opportunité de reconnaissance pour des individus vivant un déclassement produit du décalage entre les aspirations liées à une scolarisation prolongée et la réalité de la position (sociale et professionnelle) occupée. De ce point de vue, l’engagement d’un jeune ouvrier est moins différent des engagements « intellectuels » que ne le laissent penser la division sociale, particulièrement ancrée dans les organisations politiques comme dans les institutions académiques, entre « ceux qui pensent » et « ceux qui exécutent » : comme les jeunes normaliens en quête d’identité sociale au tournant des XIXe et XXe siècles, dont Christophe Charle a étudié l’engagement socialiste, l’auteur du « journal » connaît une « incertitude sur [sa] propre position sociale » redoublée par une « adhésion imparfaite au rôle que la trajectoire antérieure fixe à l’individu considéré[15] ».

Ces deux articles soulignent donc combien le capital militant se transmet de moins en moins dans ses lieux traditionnels et de

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génération en génération, et comment par conséquent ce sont les compétences scolaires qui (re)deviennent le levier de son acquisition. C’est, par conséquent, sans doute à une plus grande fermeture (encore) du champ politique au personnel socialement illégitime qu’il faut conclure[16], plus qu’à l’hypothétique émergence de « sociétés individualistes ». Certaines explications de la « crise du militantisme » prennent en effet pour un « nouvel individualisme » ce qui est en réalité le produit de transformations des relations entre univers sociaux, qui modifient la structure de la distribution des capitaux entre agents, leur offrant ainsi (ou les contraignant à) de nouvelles possibilités d’investissement. C’est donc à condition de ne pas séparer les dispositions incorporées par les agents sociaux des espaces sociaux dans lesquels ils s’investissent que la notion de capital militant apparaît comme une façon d’analyser la logique d’investissements militants dont les croyances individuelles ne suffisent pas à rendre compte.

Parce que le sens du placement dépend de la position dans l’espace social et dans les luttes de concurrence spécifiques qui s’y produisent, il faut saisir la logique de placements qui dépendent de la structure de la distribution des capitaux entre les agents concernés. C’est pourquoi, même si les engagements étudiés dans ce numéro sont improbables, ils ne sont néanmoins compréhensibles que parce qu’ils sont plus ou moins ajustés aux dispositions antérieurement incorporées. Ce poids des dispositions apparaît dans le cas des militants UDF étudiés par Julien Fretel : ils trouvent en effet dans le mode d’engagement souple et peu structuré de ce parti de « centre droit » une actualisation de tout ce qui a été incorporé au cours de l’éducation religieuse au sein de leur famille et des institutions catholiques (catéchisme, chorale, scoutisme, etc.). Prolongement du souci de s’engager pour autrui, l’engagement dans le « parti » constitue ainsi une forme parmi d’autres de la devotio qui les pousse à se donner aux autres sans compensation. Dans l’intérêt au désintérêt que résume l’expression « tout donner au parti et ne rien recevoir de lui », ces catholiques militants recrutés dans les couches moyennes et supérieures de la population française trouvent une façon de gérer les biens d’un salut autant individuel que collectif[17]. Cet investissement dans un débouché légitime permet de concilier des dispositions ambivalentes, oscillant entre le désir de dévouement, voire de sacrifice, et la volonté de préserver sa « liberté de conscience ». Même dans le cas extrême, étudié par Hugo José Suarez, de l’entrée de prêtres ouvriers dans la guérilla révolutionnaire en Amérique latine dans les années 1960, le déplacement des croyances individuelles vers une « mystique de la politique » ne peut être séparé des investissements dans un champ religieux où la rupture avec le conservatisme de la hiérarchie ecclésiastique et de son rapport aux classes populaires sous-tend

l’engagement sacrificiel dans la lutte armée. Dans un contexte marqué par l’émergence controversée des préoccupations sociales au sein de l’Église, le passage d’un catholicisme conservateur à un christianisme révolutionnaire s’opère au prix d’une recomposition des catégories de pensée, liée à l’invention d’une prise de position politique inédite, qui contribue en retour à bouleverser et restructurer l’espace des positions possibles.

Si cet essai de définition du capital militant se réfère autant aux textes qui vont suivre, c’est parce que cette notion s’est progressivement élaborée au fil de la préparation du numéro, un peu à la façon de la construction d’objet lors d’une enquête.

Il s’agit donc de notes provisoires destinées à poser les bases de recherches et d’approfondissements ultérieurs. En effet, le capital militant désigne, par delà la diversité des formes d’engagement, des savoir-faire acquis en particulier grâce à des propriétés sociales permettant de jouer, avec plus ou moins de succès, dans un espace qui est loin d’être unifié. Mais, au delà de la manière dont les agents sociaux l’acquièrent puis en usent, il reste à saisir la logique des transferts par lesquels le capital militant (une partie du moins) peut être utilisé dans d’autres espaces, et inversement la façon dont certaines propriétés efficientes dans d’autres domaines peuvent être transférées dans ces instances. Il reste sur ce point à établir les règles des « taux de change » entre les différentes espèces de capitaux selon les univers sociaux où ils sont engagés, et à montrer la forme spécifique que revêt, dans le cas du militantisme, la relation entre des investissements sociaux et les transformations du champ dans lequel ils se produisent – ce qui sera l’objet d’un second numéro consacré au capital militant.

[1]. Sur les origines et les trajectoires sociales des combattants français des brigades internationales, très largement issus des catégories populaires, voir Rémi Skoutelsky, L’Espoir guidait leurs pas. Les volontaires français dans les Brigades

internationales, Paris, Grasset, 1998.

[2]. Emmanuelle Reynaud, « Le militantisme moral », in Henri Mendras (dir.), La Sagesse et le désordre, Paris, Gallimard, 1980, p. 271-286 ; Jacques Ion, « L’évolution des formes de l’engagement public », in Pascal Perrineau (dir.), L’Engagement

politique. Déclin ou mutation, Paris, PFNSP, 1994, p. 23-39 et La Fin des militants ?, Paris, Éd. de l’Atelier, 1997.

[3]. Annie Collovald (dir.), L’Humanitaire ou le management des dévouements. Enquête sur un militantisme de « solidarité internationale » en faveur du Tiers-Monde, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2002, et notamment le chapitre 5, « Pour une sociologie des carrières morales des dévouements militants », p. 177-229. Annie Collovald s’appuie ici notamment sur les travaux de Bernard Pudal, Prendre parti. Pour une sociologie historique du PCF, Paris, PFNSP, 1989.

[4]. Éric Agrikoliansky et Isabelle Sommier (dir.), Radiographie du mouvement altermondialiste, Paris, La Dispute, coll. «

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Pratiques politiques », 2005.

[5]. Cécile Péchu, « Générations militantes à Droit au logement », Revue française de science politique, 1-2, février-avril 2001,

« Devenirs militants », p.73-103.

[6]. Stéphane Beaud et Michel Pialoux, Violences urbaines, violences sociales, Paris, Fayard, 2003, p. 282 sq.

[7]. Olivier Masclet, La Gauche et les cités. Enquête sur un rendez-vous manqué, Paris, La Dispute, coll. « Pratiques politiques

», 2003.

[8]. On se réfère ici aux analyses de Jacques Lagroye, à propos du métier politique qui sont en partie transférables aux militants, « Être du métier », Politix, 28, 1994, p. 5-15 et « On ne subit pas son rôle », Politix, 38, 1997, p. 7-17.

[9]. Daniel Gaxie, « Économie des partis et rétributions du militantisme », Revue française de science politique, 27(1), février 1977, p. 123-154 ; voir aussi du même auteur, Le Cens caché, Paris, Seuil, 1978.

[10]. Pour une mise en perspective de cette notion de compétence politique, voir Daniel Gaxie, « Une construction médiatique du spectacle politique ? Réalité et limites de la contribution des médias au développement des perceptions négatives du politique », in Jacques Lagroye (dir.), La Politisation, Paris, Belin, coll. « socio-histoire », 2002, p. 325-356 et « La compétence politique “citoyenne” », communication à la table-ronde sur La Compétence politique, programme de coopération

franco-chilien, ECOS C01H02, CRPS, 18 octobre 2004.

[11]. Pierre Bourdieu, « La représentation politique », in Langage et pouvoir symbolique, Paris, Seuil, 2001, notamment p.241 sq. Pour un exemple d’analyse en termes de « capital politique, voir Jean-Yves Dormagen, « Le marché de l’emploi public de l’Italie fasciste comme espace de mise en conformité politique », in Jacques Lagroye (éd.), op. cit., Paris, Belin, 2003, p.403-424.

[12]. Claude Pennetier et Bernard Pudal montrent ainsi combien dans la Russie stalinienne, les « vérifications » auxquelles les cadres sont régulièrement soumis servent entres autres à « rappel[er] au cadre communiste qu’il doit sa fortune à

l’investiture que le Parti est seul à même d’accorder » ; voir « La volonté d’emprise. Le référentiel biographique stalinien et ses usages dans l’univers communiste (éléments de problématique) », in Claude Pennetier et Bernard Pudal, Autobiographies, autocritiques, aveux dans le monde communiste, Paris, Belin, 2002, p. 25.

[13]. Ces reconversions relèvent moins de simples carrières individuelles que des stratégies par lesquelles certains groupes sociaux s’efforcent de maintenir, voire de transformer, leur position dans la structure sociale, comme le montre par exemple le positionnement soit progressiste soit conservateur des dockers américains étudié par Howard Kimeldorf (Reds or Rackets?

The Making of Radical and Conservative Unions on the Waterfront, Berkeley, University of California Press, 1988).

[14]. Nathalie Éthuin, « L’éducation et la formation des militants et des cadres au Parti communiste français (1970-2003) », thèse de science politique, Lille-II, 2003.

[15]. Christophe Charle, Paris fin de siècle. Culture et politique, Paris, Seuil, 1998, p. 237 sq.

[16]. Sur cette question de l’illégitimité des personnels politiques ouvriers, voir Michel Offerlé, « Illégitimité et légitimation des personnels politiques ouvriers en France avant 1914 », Annales ESC, juillet-août 1984, p. 681-713 et B. Pudal, Prendre parti,

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op. cit.

[17]. Pour un autre exemple d’analyse des « dispositions à militer » de militants chrétiens, voir le chapitre 7 de Johanna Siméant, La Cause des sans-papiers, Paris, Presses de la fondation nationale des sciences politiques, 1998.

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