ALIMENTATION DES VACHES LAITIÈRES AVEC DE L’ENSILAGE DE MAÏS :
INFLUENCE DE LA NATURE DE L’ENSILAGE,
DE LA SURALIMENTATION ÉNERGÉTIQUE
ET DE LA NATURE DE LA COMPLÉMENTATION AZOTÉE
I. — PRODUCTION LAITIÈRE
R. VÉRITÉ M. JOURNET
J. LEFAIVRE B. MARQUIS, A. OLLIER Maryse VÉRITÉ
Labovatoive de la Production laitiève,
Centre de Reclaerclaes de Clermont-Ferrand, 1. N. R. !1., 7’/;C!, Saint Genès Champanelle, 63110 Beaamont
RÉSUMÉ
i. Un maïs, récolté au stade laiteux du grain, a été ensilé seul (a ensilage laiteux o) ou après adjonction de grains de maïs aplati (( ensilage enrichi en grains n). On a comparé l’utilisation pour la production laitière de ces 2 ensilages lorsqu’ils étaient inclus dans des rations iso-énergétiques
et iso-azotées. En outre on a étudié l’effet sur la production de la nature de la complémentation
azotée (tourteau d’arachide seul ou avec urée) et du niveau des apports énergétiques (normal ou
normal + 10p. 100).
L’essai d’alimentation, de type factoriel 2X2X2, réalisé sur 24 vaches en milieu de lacta- tion, a compris une période expérimentale de 10semaines et 2périodes pré- et post-expérimentales
de 3 semaines sur un régime commun à toutes les vaches. La ration était constituée d’ensilage de
maïs comme seul fourrage et d’aliment concentré. Chaque semaine et pour chaque vache la quantité de concentré distribué était fonction de l’ingestion d’ensilage et de la production laitière
attendue (calculée en supposant une décroissance de 2,5 p. 100par semaine de la production lai-
tière pré-expérimentale). La digestibilité des ensilages a été déterminée à l’aide de ¢ autres vaches
en fin de lactation.
2
. L’ensilage de maïs laiteux a eu une moins bonne valeur laitière que l’ensilage enrichi en grains : il a permis des productions de lait, de lait à ¢ p. 100de matière grasse, et de matières azotées (r¢,9-r¢,9et 0,48 kg) inférieures (P < 0,05) à celles de l’ensilage enrichi en grains (16,2-
y , 9
et o, j2 kg). Par contre, le gain de poids journalier et le taux butyreux ont été plus élevés (+ 250 g/j et 40.9 p. i o0o contre + 108 g/j et 38,6 p. r ooo). Les matières grasses produites ont
été moins riches en acides gras à 18 C et plus riches en acides gras à 16 C avec l’ensilage laiteux qu’avec l’ensilage enrichi en grains.
3
. Il n’y a pas eu d’effet significatif de la nature de la complémentation azotée sur la produc-
tion, ni d’interaction avec le niveau d’apport énergétique. La réponse de la production laitière
à la suralimentation énergétique a été assez importante : 1,2 kg/UF supplémentaire.
La mauvaise valeur laitière de l’ensilage de maïs ne semble pas liée à la composition du mélange d’acides gras volatils du jus de rumen (VÉRITÉ et JOURNET, 1975). D’après les teneurs plasmatiques en acides aminés libres et en glucose mesurées dans cet essai (CHAMPREDON, PION
et VÉRITÉ, r97q), elle pourrait provenir d’une moins bonne nutrition azotée et d’une carence en
méthionine, lysine et histidine.
5
. Les différences de taux butyreux et de composition en acides gras du lait entre les 2ensi-
lages peuvent être dues à des différences d’apports lipidiques et d’alcool par la ration et de mobili-
sation des lipides corporels.
INTRODUCTION
Bien que les
productions
de maïs àl’hectare,
en matière sèche et en élémentsnutritifs,
soient maximales au stade vitreux dugrain (A NDR Œ U
etD EMARQ umv, 1971
),
tout comme lesquantités
de matière sèched’ensilage ingérées
par les vaches(VÉRITÉ,
1972 et revues de COPPOCK etS TONE , ig68 ; J OURNET
etal., 1970 ),
le maïsest ensilé dans certains cas
(année défavorable, région marginale)
à un stadeplus précoce. Or,
peu d’études ont été réalisées sur laproduction
de lait avec desensilages
de maïs à faible teneur en matière sèche
(H UBER
etal., 19 65 ;
BRYANT etal., 19 66 ;
FisHER et
al., z 9 68 ;
IOGAN etal., zg68 ; WAr,D!xrr, 1972 ).
Aapport énergétique identique, l’ensilage
de maïs récolté au stade laiteux semble provoquer une per- sistance de laproduction
laitièreplus
faible quel’ensilage
d’herbe et favoriser aucontraire
l’engraissement
des vaches(VÉRITÉ
etJ OURNET , 1971 ).
Il était donc inté- ressant de comparer l’utilisation pour laproduction
de lait d’unensilage
de maïsrécolté au stade laiteux avec un
ensilage plus
riche engrains
et de connaître la valeurde
production
de cesensilages
ainsi que le niveauoptimum
decomplémentation
enaliment concentré.
La
complémentation
des rationsd’ensilage
de maïs avec de l’urée(dans l’ensilage
ou dans l’aliment
concentré)
semblepermettre
uneproduction
de laitégale
oulégère-
ment inférieure à celle obtenue avec une
complémentation
à base de tourteau(cf.
revues de COPPOCK et
STO:!!, 19 68
et deJouxrr>~T et al., 1970 )
à condition quel’apport
d’urée ne soit pas excessif(JouxN!T, i 973 ).
Co:!RaD et HIBBS( 19 68)
ontobservé une bonne utilisation de l’urée
lorsqu’elle
étaitincorporée
dans la luzernedéshydratée (« dehy
100»).
Laplupart
de ces essais ont été réalisés avec une propor- tion élevée de céréales(aliment
concentré +grain
du maïsensilé)
dans laration,
cequi peut
améliorer l’utilisation de l’urée. Ilparaissait
intéressant d’étudier cette utilisation avec desensilages
de maïs moins riches engrain
et avec les rationsgénéra-
lement
employées
en Francecomportant
moins d’aliment concentré etapportant
moinsd’énergie.
Dans un essai factoriel 2X2X2, nous avons voulu connaître l’effet sur la pro- duction des vaches laitières de chacun des 3facteurs suivants : i ° nature de
l’ensilage
de maïs récolté au stade laiteux du
grain (« ensilage laiteux »)
et le même maïs enrichien
grains
à la mise en silo(ensilage
enrichi engrains) ;
z niveaud’apport énergétique :
suralimentation
énergétique
de 10p. 100 ouapport
normald’énergie ;
3°nature de lacomplémentation
azotée : tourteau d’arachide ou urée.MATÉRIEL
ETMÉTHODES
L’essai (8-12-1969 au 19-04-1970), de type continu, a comporté les périodes suivantes : pré- expérience (3 semaines), transition (2 semaines), expérience (io semaines), transition (i semaine)
et post-expérience (3 semaines). Les 24 vaches laitières utilisées, qui avaient vêlé depuis 7 iL 17
semaines au début de la période expérimentale, ont été réparties en 3 blocs de 8 animaux. Ces blocs ont été constitués en tenant compte, dans l’ordre, du numéro de lactation (Ire ou 2e et 3e),
de la race (Frisonne ou Holstein) et du niveau de production au cours de la période préexpérimen-
tale (de 14 à 28 kg, en moyenne 21,0kg). Les animaux de chaque bloc ont été ensuite répartis
entre 8 lots expérimentaux.
Pendant la période préexpérimentale, toutes les vaches ont reçu du foin de graminées et de l’ensilage d’herbe de prairies naturelles à volonté ainsi que des betteraves (z,5 kg de matière sèche
(MS)) et un aliment concentré pour couvrir leurs besoins.
Pendant la période expérimentale. r’1aque lot a reçu, pour chacun des 3 facteurs étudiés,
une des 2 variantes suivantes : 1
0 Nature de la ration de base : Ensilage de maïs laiteux, distribué à volonté ou ensilage de
maïs enrichi en grains distribué en quantité limitée (7à io kg de MS) pour obtenir une ration com-
portant plus de 50 p. 100 de grains. Ces ensilages provenaient d’une même parcelle de maïs (variété INRA 258, 20 p. 100 MS). Une partie de la récolte avait été ensilée directement
(ensilage laiteux). A l’autre partie, du grain de maïs humide (34 p. 100 d’humidité), éclaté par
aplatissage avait été ajouté à la mise en silo. Ce grain représentait 36,ç p. 100de la matière sèche du produit final.
2
° Niveau d’apport énergétique : ce niveau (ajusté chaque semaine par la quantité d’orge distribuée) couvrait exactement les besoins des animaux ou 110 p. 100 des besoins. Pour éviter les effets en chaîne d’une suralimentation (ou sous-alimentation) accidentelle sur la production
de lait, les besoins (’) ont été calculés à tout moment, non à partir de la production enregistrée,
mais à partir de la production attendue. Cette dernière était obtenue en supposant que la produc-
tion de chaque vache enregistrée en préexpérience diminuait régulièrement ensuite de 2,5 p. 100- par semaine. En fait, 13 vaches ont été suralimentées et m seulement ont été alimentées nonna-
lement.
3
° Nature de la complémentation azotée : la couverture des besoins azotés (fonction de la production attendue) a été assurée par l’apport de 100à 1!0 g d’urée (inclus dans 1 kg à 1,5 kg
de luzerne déshydratée) et d’un peu de tourteau d’arachide si nécessaire ou par l’apport de tour-
teau d’arachide (et de 1,5 kg de luzerne déshydratée également).
Les vaches, sur litière de copeaux de bois, étaient alimentées individuellement et recevaient,
en 2repas égaux, l’ensilage (10h et 18 h) et les autres aliments (9h et 15h). Chaque vache a reçu
en plus 200g par jour d’un composé minéral (60p. 100de phosphate bicalcique -i- 20p. 100sel marin + 18,8 p. 100sulfate de magnésium !- 1,2p. 100de sulfates de cuivre, zinc, cobalt et man-
ganèse). Une vache ayant eu 2mammites a été éliminée de l’expérience.
Pendant la période post-expérimentale, la ration de toutes les vaches était constituée de foin de graminées, de pulpes sèches de betteraves, d’ensilage de maïs et d’aliment concentré (en moyenne
respectivement 4,7, 4,3, 2,8 et 1,6 kg de MS).
La teneur en matière sèche a été déterminée à l’étuve à 8o&dquo;C, chaque jour pour les ensilages
et les refus d’aliments et 2 fois par semaine pour les autres aliments. La composition chimique (tabl. i) des aliments a été déterminée sur un échantillon moyen séché à l’étuve à 8o°C. Pour les
ensilages, les teneurs en azote et en acides organiques ont été déterminées sur un échantillon moyen humide conservé à - 15°C. La teneur en lipides des aliments et leur composition en acides
gras ont été déterminées par chromatographie en phase gazeuse des esters butyriques obtenus après hydrolyse acide, triple extraction au chloroforme-méthanol et saponification.
Pour chaque animal et chaque jour, les quantités d’aliments offertes et refusées, la quantité
de lait produite et le taux butyreux (méthode Gerber) ont été mesurés. La teneur en matières azotées du lait (noir amido) a été déterminée une fois par semaine sur un échantillon moyen de lait de 4 traites consécutives. Des échantillons de beurre en vue de la détermination chromato-
graphique des acides gras du beurre (DECAENet ADDA, 1970) ont été constitués pour chaque animal
(’) Normes de besoins utilisés :
Entretien ;
i,g+ _ P _) l 1 Ul!
et 0,6 g MAD par kg poids vif ; Lait :200
0 , 3
8 UF et 60 g MAD par kg de lait 4 p. 100de matières grasses.
au cours de la 8e semaine expérimentale et à la fin de la période post-expérimentale. Les animaux ont été pesés une fois par semaine et pendant 3jours consécutifs au début de la période expérimen-
tale et à la fin des périodes préexpérimentale. expérimentale et post-expérimentale. A la fin de la période préexpérimentale, au cours des 2e, 4eet ioe semaines expérimentales et à la fin de la
période post-expérimentale, des prélèvements de sang jugulaire ont été faits 2h 30après le début
du repas en vue de la détermination de la teneur en glucose et en urée (MicHFT-, 1971) et de la composition en acides aminés libres, selon une modification de la technique de MooRE et STEm,
décrite par PnwLnx et PION (1968). Les résultats sont rapportés dans une autre publication (CannzraEOOn et al., i9!+). Les productions individuelles de la période préexpérimentale ont servi
de base pour l’ajustement par analyse de covariance des résultats d’ingestion et de production
obtenus au cours de la période expérimentale.
La digestibilité de chaque ensilage a été déterminée, dans un essai avec inversion, sur vaches
en fin de lactation, par collecte totale des fèces pendant jours (après 2semaines d’adaptation).
Chaque vache recevait de l’ensilage laiteux presque à volonté (io,o kg MS en moyenne) ou de l’ensilage enrichi en grains en quantité limitée (9,o kg MS en moyenne) avec 1,36 kg de MS de
luzerne déshydratée et du tourteau d’arachide (en moyenne 0,48 kg MS avec l’ensilage laiteux
et 0,75kg MS avec l’autre ensilage) pour obtenir une teneur en matière azotée de la ration proche
de 14 p. ioo de la matière sèche. La digestibilité de la matière organique de la luzerne ayant été
déterminée dans un essai précédent (63 p. ioo) et celle du tourteau d’arachide étant estimée a
8g p. 100, nous avons déterminé par différence celle des ensilages.
RÉSULTATS
La
composition chimique
et la valeurénergétique
des aliments sont donnéesdans le tableau i. Les
ensilages,
decaractéristiques chimiques
assezdifférentes,
ontété bien conservés tous les deux.
L’ensilage
laiteux avait des teneurs en acides lac-tique
etacétique plus
élevées quel’ensilage
enrichi engrains.
Ladigestibilité
de lamatière
organique
a été très différente :68, 5
-! o,g p. 100 pourl’ensilage
laiteux et74,5 :::l:
0,7 p. 100pourl’ensilage
enrichi engrains,
cequi correspond d’après
la for-mule de Bxr.,rx!M
( 1954 )
ào,6 9
et0 ,8 3 UF/kg
MS. Pourl’ensilage
enrichi engrains,
la
digestibilité
de la matièreorganique
ainsi mesurée estplus
faible que celle calculée àpartir
desproportions
de ses 2composants (6 3 ,6
p. 100 de cc maïs laiteux » +3
6,4
p. 100degrain
demaïs)
et de ladigestibilité
de leur matièreorganique (respecti-
vement
68,5
et 92 p.100 ).
La raison en a été laperte importante
degrains
dans lesfèces
( II , 9
p. 100 de laquantité
degrains ingérée)
carl’aplatissage trop grossier
avait laissé intact une bonne
partie
desgrains.
En tenantcompte
de cespertes,
ladigestibilité
calculée est alorsplus
faible( 73 ,i
p.100 )
et concorde avec celle mesurée.Comparaison
des deuxensilages
La
quantité ingérée (tabl. 2 ) d’ensilage
laiteux distribué à volonté a été enmoyenne de
r,88 kg
MS par 100kg
depoids
vif. Ce niveaud’ingestion
est faible mal-gré
laquantité
d’aliment concentréingérée également
faible( 3 ,6 kg
deMS),
maisil
peut s’expliquer
par la faible teneur en matière sèche del’ensilage ( 20
p.100 ).
Lesapports énergétiques journaliers
ont été très voisins dans les 2 lots etsupérieurs
d’environ o,7 UF aux besoins réels. Les
apports journaliers
de matières azotées(N
X6, 25 )
ont étéplus
élevés( 200 g)
avecl’ensilage
laiteuxqu’avec l’ensilage
enrichien
grains.
Pendant la
période expérimentale (tabl. 2 ),
lesproductions
delait,
de lait à 4 p. 100de matières grasses, et de matières azotées ont étéplus
faibles avecl’ensilage
laiteux
qu’avec l’ensilage
enrichi engrains
de8, 2
p. 100(P
<o,or),
5,5 p. 100(P
<0 , 05
)
et6,8
p. 100(P
<0 , 01 ) respectivement.
Par contre le tauxbutyreux
a étéplus
élevé
(-f-
2,4 g p. i ooo en moyenne, P <0 , 05 )
ainsi que la teneur enprotéines
dulait
(-!
0,9g p. i ooo, nonsignificatif).
Avecl’ensilage
enrichi engrains,
les matièresgrasses du lait
(tabl. 3 )
ont contenu,pendant
lapériode expérimentale, proportionnel-
lement
plus
d’acides graslongs (à
18 atomes decarbone) :
30,5 contre 22,1 p. 100(P
<o,oi)
et moins d’acidepalmitique : 31 ,8
contre39 ,8
p. 100(P
<0 , 001 ) qu’avec l’ensilage
laiteux. D’unefaçon générale,
lapersistance
mensuelle de laproduction
de laita été faible :
8 7 , 3
p. 100 en moyenne. Parailleurs,
avecl’ensilage
laiteux il faut remar-quer
l’augmentation importante
et continue(fig. r)
du tauxbutyreux (+
6 g p.r ooo)
et du taux de matières azotées
(-+
2g p. iooo)
entre le début et la fin de lapériode expérimentale.
Au cours de lapériode post-expérimentale,
laproduction
delait,
le tauxbutyreux,
le taux de matières azotées et lacomposition
en acides gras des matières grasses du lait sont redevenusidentiques
dans les deux lots. Eneffet,
avec« l’ensilage
laiteux n la
production
de lait aaugmenté
deplus
de ikg
tandis que le tauxbutyreux
a baissé de 4 g p. i ooo
(fig. i).
Entre le début et la fin de la
période expérimentale,
les variations depoids
vifont été de !- 239
g/j
avecl’ensilage
laiteux et -3 8 g/j
avecl’ensilage
enrichi engrains.
Pour obtenir une estimation des variations depoids
réel(carcasse),
nous avonsessayé
de tenircompte
des variations depoids
des contenusdigestifs
encorrigeant
ces
gains
depoids apparents
pour les variations dequantités d’ensilage ingérées
entrele début et la fin de
l’expérience.
Le facteur de correction( 3 ,6 kg
depoids
vif parkg
de MS
d’ensilage,
a été déterminé parrégression multiple
intra-lot entre legain
depoids apparent (y en kg)
et ses deuxprincipaux
facteurs de variations : la différenced’ingestion
entre le début et la fin de l’essai(x,
enkg
de MSd’ensilage)
et l’excédentd’énergie apporté
au cours de la mêmepériode (x z
enUF) :
Les
gains
depoids
ainsicorrigés
ont été de !- 250g avecl’ensilage
laiteux et -!- 108 gavec
l’ensilage
enrichi engrains (P
<0 , 05 ).
Cet écart est confirmé par les différences depoids
entre lespériodes préexpérimentale
etpost-expérimentale (fig. i), pendant lesquelles
toutes les vaches recevaient le mêmerégime.
Larégression précédente
apermis
de montrerqu’il
a falluapporter
3,o UF pour obtenir ikg
degain
depoids corrigé
au cours de cet essai.Comparaison
des deux niveauxd’ap!oyts énergétiques
La différence du niveau
d’a pport énergétique
entre les 2 traitements a été obtenueprincipalement
par la distributionsupplémentaire
moyenne de 1,0kg MS
d’aliment concentré aux vaches « suralimentées ». Ces vaches ont
ingéré
en moyenne i,o9 UF de
plus
que leurs besoinsthéoriques
tandis que les autres vachesont ingéré 0
, 0
6
UF de moins que leurs besoinsthéoriques. L’apport
de matières azotées a été peu différent entre les 2 lots(tabl. 2 ).
Les vaches suralimentées ont
produit (tabl. 2 ) significativement (P
<0 , 01 ) plus de lait ( 9 p. ioo), de lait à 4 p.
100 MG(ro,2 p. 100 ),
de matières grasses( 9 , 1
p.ioo)
et de matières azotées
(8, 4
p.100 ).
Unapport
de i UFsupplémentaire
a doncpermis
en moyenne une
augmentation
de laproduction
de 1,2kg
de lait(ou
r,3kg
de laità
4 p. 100MG) (fig. 2 ) ;
laréponse
a été la même pour les 2ensilages.
Lacomposition
du
lait,
ycompris
celle en acides gras, a étéidentique
pour les 2traitements. Legain
de
poids corrigé
des vaches suralimentées aégalement
étéplus
élevé(de
192g/j
enmoyenne entre le début et la fin de
l’expérience)
surtout dans le cas del’ensilage
laiteux.
C omparaisoll de
!teaax SOltrces azotéesLes
apports énergétiques ( 10 ,8
et 10,7UF)
et azotés( 197 8
et 2017 gMAT)
ontété
identiques
pour les 2 traitements « tourteau d’arachide &dquo; et « urée &dquo;. Les vaches«
complémentées
» avec l’urée en ont reçu en moyenne r r4g/j (soit
16 p. 100del’apport
total
d’azote) ;
cetapport
a étécompensé
dans l’autre lot par unsupplément
de o,55kg
de tourteau d’arachide. Il
n’y
a pas eu de différencesignificative (tabl. 2 )
dans laproduction
delait,
de matières grasses et de matières azotées entre les 2traitements.La
composition
du lait(taux butyreux
et taux deprotéines)
et des matières grasses(proportions
d’acidesgras)
a étéidentique
ainsi que leschangements
depoids
vif.Il
n’y
a pas eu de différence dans lesproductions
entre les 2sourcesazotées, quels
que soient le niveauénergétique
desapports
ou letype d’ensilage.
La valeur des résultats sur la
comparaison
de l’efficacité d’utilisation de l’azote du tourteau d’arachide et de l’urée est enpartie
réduite par le fait quel’apport
d’uréea été faible et que
l’apport
de matières azotées a étéplus
élevé queprévu (surtout
avec
l’ensilage laiteux)
en raison d’une sous estimation audépart
de la teneur en azotedes
ensilages
et aussi de la diminutionrapide
de laproduction.
Lesapports
de matières azotéesdigestibles (non compris l’urée) disponibles
pour laproduction
de lait ontété de 71
g (ensilage laiteux)
et 62g(ensilage
enrichi engrains)
parkg
de laità
4 p. 100!VIG avec le tourteau d’arachide et de 53 g
(ensilage laiteux)
et 49 g(ensilage
enrichien
grains)
parkg
de lait d p. 100 MG avec l’urée. Dans ce dernier cas, les animaux ont reçu enplus 8, 3
et 7,4g d’urée parkg
de lait à 4 p. 100MG en moyenne. En limi- tant lacomparaison
de l’urée et du tourteau au cas del’ensilage
enrichi engrains,
le coefficient de transformation de l’azote
digestible
en azote du lait a été de 5i p. 100 dans le lot « tourteau En admettant le même coefficient pour le lot « urée »,(puisque
l’utilisation de l’azote semble avoir été aussi bonne que pour le lot « tourteau
»),
onobtient alors
l’équivalence
suivante : i g d’urée = 2,0 g de MAD.DISCUSSION
Les vaches recevant
l’ensilage
de maïs laiteux ontproduit
moins de lait que celles recevantl’ensilage
enrichi engrains,
bien que lesrapports énergétiques
etazotés de la ration aient été
identiques ;
par contre, leurgain
depoids
vif a étéplus
élevé. Il semble donc que les nutriments
disponibles
ont été utiliséspréférentielle-
ment pour constituer des réserves
corporelles plutôt
que pourproduire
dulait,
cequ’on peut exprimer plus simplement
en disant quel’ensilage
de maïs laiteux a uneplus
mauvaise « valeur laitière ». FLATTet al.( 19 6 9 )
et Oxsxov et ctl.( 19 6 7 )
ontégale-
ment observé des différences entre rations dans le
partage
del’énergie
entre la pro- duction de lait et la constitution de réservescorporelles.
Nous avionsdéjà
montréégalement (VÉRITÉ
etJouxV!T, 1971 ) qu’un ensilage
de maïs récolté à un stade dematurité peu avancé avait une moins bonne valeur laitière
qu’un ensilage
d’herbeet nous l’avions attribué à une
production trop
forte d’acidepropionique
outrop
faible d’acideacétique.
Ce n’est pas le cas dans l’essaiprésent puisque
laproportion
d’acide
propionique
dans le rumen a été la même avec les 2ensilages
et que la propor- tion d’acideacétique
a même étésupérieure
avecl’ensilage
de maïs laiteux.Les différences observées au cours de l’essai
présent (CxaMrxEDO!r,
Prow etVÉRITÉ, 1974 )
dans les tauxplasmatiques
deglucose
et d’acides aminés libres laissentcependant
supposer des modifications dans l’utilisationmétabolique
des nutriments.Le taux de
glucose plasmatique plus
élevé avecl’ensilage
laiteux semble dû à unemauvaise utilisation
métabolique puisqu’il correspond
à uneproduction
de laitplus
faible et à un
apport
de corpsglucoformateurs plus
faibleégalement.
En effet avecl’ensilage
enrichi engrains :
i laquantité
d’amidonapportée
par la ration était trois foisplus
fortequ’avec
la rationd’ensilage
de maïs laiteux(tabl. 4 ) ;
2°unepartie
non
négligeable
de l’amidon de cette ration(provenant
essentiellement desgrains
de
maïs)
a dû êtredigérée
seulement dans l’intestin en formant duglucose (A RMS 2 ROVG
et BEEV!x,
196 9 ;
THmEND etJouRxxT, 1970 )
d’autantplus
que lesgrains
n’étaientque très
grossièrement aplatis ;
3°la teneur en acidepropionique
dujus
de rumen a étéidentique
à celleenregistrée
avec l’autreensilage.
Cette mauvaise utilisation duglu-
cose avec
l’ensilage
« laiteux » est à relier à la mauvaise nutrition azotée due semble-t- il à unedisponibilité
insuffisante enméthionine,
histidine etlysine d’après
l’étudede l’amino-acidémie libre du
plasma (C HAMYRk nox,
Piorr etVÉRITÉ, 1974 ).
Ellepeut
avoir pour cause : i°la forte solubilité des matières azotéesapportées (VÉRITÉ
et
Joux!!T, 1975 ) ;
2° la faiblesse desapports
descomposés
soufrés(moins
de 2 g de soufre parkg
deMS)
surtout avecl’ensilage
laiteuxpuisqu’il
ne contenait pas degrains (dont
les acides aminés soufrés sont moinsdégradés
que ceux del’appareil végétatif
au cours des fermentations dans le silo(CFCnPa!r ( 1972 )
et McCARTHY etat., zg
7
o)) ;
3° unesynthèse
deprotéines
microbiennes(riches
enhistidine)
insuffisanteen raison de la
trop
faibleproportion
de céréales dans la ration.Il existe
également
deprofondes
différences entre les 2régimes
dans la sécrétiondes matières grasses du
lait, indiquant
des modifications du métabolismelipidique.
En
effet,
si laquantité
de matières grasses sécrétée a étéidentique,
enrevanche,
letaux
butyreux
a étéplus
élevé avecl’ensilage
laiteux et les matières grasses ont étéplus
pauvres en acides graslongs (en
C1 8)
etplus
riches en acidepalmitique.
Cesmodifications peuvent
provenir
de différences dans :I° la
quantité
et la nature deslipides
des rationspuisque
celled’ensilage
enrichien
grains
aapporté
presque 2 foisplus
d’acides gras, surtoutoléique
etlinoléique (tabl. 4 )
quel’autre ;
2
°
l’importance
de la mobilisation desdépôts adipeux, probablement plus
faiblequ’avec l’ensilage
laiteux comme semblel’indiquer
les variations depoids vif ;
13° certains
produits
de ladigestion puisque l’ensilage
laiteux était vraisembla- blementplus
riche en alcool quel’ensilage
enrichi engrains (DuI,PH y , I g73). Or,
dansles essais de 0RSKOV et al.
( I g6 7 )
et de PRADHAN et HW vlx!N( 1970 )
des infusions d’éthanol dans le rumen de vaches laitières ontpermis d’augmenter
le tauxbutyreux
du lait et ontprovoqué
uneaugmentation
de laproportion
des acidesmyristique
etpalmitique
dans les matières grasses auxdépens
de celle de l’acideoléique ;
4
° l’évolution de la
production
laitière : le tauxbutyreux
élevé avecl’ensilage
laiteux
peut
être aussi uneconséquence
de la diminutionplus rapide
de laquantité
de lait
qu’avec l’ensilage
enrichi engrains.
Les 2
régimes d’ensilage
de maïs ontcependant permis
une très forteaugmenta-
tion du taux
butyreux comparativement
auxrégimes préexpérimental
etpost- expérimental,
à base de foin -;-ensilage
+pulpe
ou betteraves. Cet effet del’ensilage
de maïs semble
caractéristique puisqu’il
adéjà
été noté par BRYANT et al.( 19 66) ;
HUBER et ClL.
( 19 65) ;
CHALUPAet CLL.( 1970 )
et VÉRITÉ etJ OURN ET ( 197 1). L’augmen-
tation avec
l’ensilage
de maïs enrichi engrains
estinattendue,
car laproportion
degrains
dans la ration estsupérieure
à 50 p. 100 et la teneur en cellulose brute est voisine de 14 p. 100.Or,
selon K!sTI,ER et SPAHR( I g6 4 ),
les rations contenant moins de 15 p. 100de cellulose ont tendance à faire baisser le tauxbutyreux.
Mais enfait,
avec les 2
ensilages,
laproportion
des acides gras volatils(acétique
-!-butyrique) précurseurs
des matières grasses du lait a éténormale,
voisine de7 6- 77
p. 100(VÉRITÉ
et
JOURNET , I g 75).
La suralimentation
énergétique
aprovoqué
la mêmeréponse
avec les 2ensilages :
1 ,
2
kg
de lait à 4 p. 100 de matières grasses par UFsupplémentaire.
Cetteréponse,
assez élevée pour un niveau d’alimentation voisin des normes et une
période d’expé-
rimentation relativement courte
(cf.
BROSTER,1972 )
estpeut-être
laconséquence
non seulement de l’amélioration du niveau
énergétique
mais aussi de l’amélioration induite de la nutrition azotée(due
à uneaugmentation
de lasynthèse
microbienneen
rapport
avec lesupplément
decéréales).
D’un
point
de vuepratique
il se confirme que :10 les
ensilages
de maïs récoltés au stade laiteux dugrain
et en zoned’altitude,
en raison de leur faible niveau
d’ingestion ( I ,g kg
deMS/ioo kg
depoids vif)
et leurfaible valeur
énergétique ( 0 , 70 UF/kg
deMS),
nepeuvent
pas assurer uneproduction
élevée de lait
(moins
de 10kg
de lait à 4 p. 100 deMG).
Parailleurs,
cesensilages
semblent avoir une mauvaise valeur laitière