GÉNÉTIQUE FACTORIELLE
ET
PRODUCTION
CHEZ LESVOLAILLES
1. - PLUMAGE « HERWINE » OU « SAUVAGE » :RELATION AVEC LA CROISSANCE EN POIDS
Ph. MERAT
Station de Recherches Avicoles, C. N. R. S., Jouy-en-Josas.
PLAN DU
MÉMOIRE
Introduction.
Matériel et résultats.
I
. - Poids à 8 semaines.
Population principale.
Autres croisements.
Données
groupées.
2
. - Poids à 4 semaines.
3
. - Relation entre croissance en
poids
et couleur du duvet.Interprétation des résultats.
i. - Déterminisme
génétique
du noir dans leplumage.
2
. - Mécanisme
génétique
de la liaison entre couleur etpoids.
3. - Intérêt
zootechnique.
INTRODUCTION
Peu de relations sont connues, chez la
poule domestique,
entre laprésence
degènes identifiables,
depigmentation
notamment, et la pro- duction des animaux. Pourtant, l’existence de telles relations aurait pourl’éleveur,
sélectionneur oumultiplicateur,
un intérêtpratique
certain.Les
comparaisons
entre races ne donnent évidemment à cepoint
devue aucune indication
indiscutable,
les races usuelles différant entre elles à la fois par descaractéristiques
d’ordresdivers,
conditionnées par desgènes multiples.
C’est par des
comparaisons
faites à l’intérieur de familles(ou
pour réduire la variabilitégénétique,
delignées consanguines)
que l’on pourra( 1
) Avec la collaboration technique de A. AoucaAxDEnu et 0. Axcnnv.
déterminer si un
gène
A et son allèle a, ou desgènes
situés à des locivoisins,
donnent lieu à des différences décelables pour une certaineproduction.
Dès 1930, PUNNETT, cité par HuTT
( 1949 ),
recherchant desgènes
àeffet
majeur
sur des caractèresquantitatifs,
en l’occurrence laponte,
testepour un
linkage possible
de telsgènes
avec d’autres servant de marqueurs pour des groupes delinkage
connus. Les résultats obtenus sontnégatifs
ence
qui
concerne l’influence sur laponte
degènes
liés au sexe décelables de cettefaçon.
Il ne semble pas que cette méthode ait étéreprise,
sauf par MAW, en 1935, cité parHuTT ;
MAW trouve que laLight
Brahma et laGolden
Sebright
Bantam diffèrent par ungène majeur
lié au sexe et domi-nant, réduisant la taille dans les deux sexes.
Du même
ordre,
mais avec unearrière-pensée
un peudifférente,
sontles recherches tendant à mettre en évidence un effet
pléiotropique
dequelques gènes
ou groupes degènes
connus pour un effet « extérieur » etsoupçonnés
influer par ailleurs sur laproduction.
Cités encore par HUTT, KABYSTINA et PETROV
( 1935 )
trouvent uneliaison entre la
longueur
du duvet et laprésence
de certainsgènes
de colo-ration. Ils
comparent
les couleurs deux àdeux,
parexemple
noir restreintou
étendu, présence
de noir ou inhibition de ce noir par le « blanc domi- nant ».Ainsi,
les deux classes diffèrent par ungène
connu, et ilsarrangent
les
accouplements
defaçon
que les couleurscomparées
soient dans lerapport i /i.
I,e reste dugénotype
est ainsi rendu aussicomparable
quepossible
pour les deuxcatégories.
Les résultatssuggèrent
un effetpléiotro- pique
de ces diversgènes,
une restriction de lapigmentation
semblantaller de
pair
avec un duvetplus long.
I v A M O R
Eux
( 194 2)
n’observe aucuneliaison,
chez desLeghorns blancs,
entre l’intensité de coloration du duvet et laproductivité.
CocHEz
(ig 5 i)
met en évidence le rôlejoué
par laprésence
à l’étathomozygote
dugène
R(crête rosacée)
dans la mauvaise fertilité de laWyan-
dotte. I!ERNER
( 1954 ) suggère
que cet effetpourrait
être dîi à l’état homo-zygote
par lui-même de R ou dufragment
de chromosomel’englobant.
HuTT
(i 95 i)
montre que legène
d’extension du noir, E,s’accompagne
chez certains animaux d’un duvet très
court,
etprésente
alors une actionsublétale dans les derniers stades de
l’incubation ; plusieurs arguments
sont en faveur d’une action
pléiotropique
deE,
et non d’ungène
lié(BoYE
R
,
1955, propose toutefois cettealternative).
Lesgènes
B(barrure
liée au
sexe)
etk (emplumement rapide
lié ausexe) suppriment
cetteaction de E.
L’hypothèse
est émise de besoinsplus grands
desembryons E
en :iboflavine. BERNIER et COONEY
( 1954 )
confirment cettehypothèse.
Divers croisements leur fournissent des
ségrégations
degènes
depigmenta- tion,
donnant despoussins
noirs et non noirs. Unepartie
des oeufs incubésreçoit
une solution aqueuse de riboflavine dans la chambre àair ;
on cons-tate que l’éclosion est meilleure pour les oeufs ainsi
traités,
que lesembryons
moins
pigmentés
éclosentmieux,
et que l’action du traitement estplus grande
sur les oeufs contenant desembryons
noirs. De même, pour lessymptômes
de déficience enriboflavine,
ceux-ci sontplus marqués
chez les
poussins
noirs.Récemment, J!ERO!z!
et al.( I g56),
àpartir
d’un croisement de retour Ii(hétérozygotes pourle
blancdominant) xü, comparent
lesperformances
moyennes, pour la croissance en
poids,
des descendants blancs et de leurs frères et soeurs nonblancs,
élevés au sol dans les mêmeslocaux,
maisséparés
par ungrillage
pour comparer les indices de consommation. Lespoulets
blancs sont moins lourds en moyenne à Io semaines et utilisent moins bien lanourriture,
la différence étantsignificative
pour lepoids.
Le
chauffage
étant parinfra-rouges,
les auteurssuggèrent
que lespoulets
blancs auraient pu moins bien
profiter
de lachaleur,
sans enapporter
d’ailleurs de preuves.
J
AAP
et GRIMES( 195 6) apportent
une étudeanalogue.
Grâce à des croisements où la descendanceprésentait
uneségrégation
simultanéepour
plusieurs gènes,
ils constatent que I(inhibiteur
dunoir)
réduit enmoyenne la
croissance,
mais leurs donnéessuggèrent
une interaction avecles
gènes E,
B ; S ou K réduisentpeut-être
aussi la vitesse decroissance,
mais
indépendamment
de I. L’étudeporte
sur des nombresimportants,
et les différences observées en
élevage
au sol sur lepoids
à 8semaines, quoique
relativementfaibles,
sontsignificatives.
Les résultatsportent
surplusieurs lignées ;
ilpourrait s’agir
d’un effetpléiotropique
desgènes
enquestion.
Les auteurs font ressortir l’intérêtpratique possible
de tellesrecherches,
si d’autresexemples
semblables étaienttrouvés,
et si les diffé-rences observées
augmentaient
dans des conditions de milieu moins favorables que les leurs.On
peut
citer dans le même ordre d’idées les résultats de CocK( I g 5 6)
montrant que, dans
plusieurs lignées consanguines,
l’étathétérozygote
subsistait
plus
souvent que ne leprévoit
le calcul àplusieurs
loci corres-pondant
à descryptomères masqués
par la couleurblanche,
cequi
revientà admettre une valeur sélective
plus grande
del’hétérozygote
pour ces loci.En ce
qui
concerne legène k d’emplumement rapide,
desinvestigations
un peu
plus
nombreuses ont été faites sur sesrapports possibles
avecdivers
aspects
de laproduction (W ARR E N
et PAYNE, 1945 ; HAYS, 1051 ; RAYS etSPEAR,
Ig5I ; GODFREY etFARNSWORTH,
Ig52 ; HURRY et NORD-SKO
G, Ig53 ; PLUMART et MUELLER , Ig54 ; HALE, 1054 ; ROWESet HUTT,
I
g56 ;
RAM et HUTT,I g56).
I,’influencepossible
sur la croissancepondérale
semble
incertaine ; quant
aux autresperformances étudiées,
aucune rela-tion n’a été trouvée avec la
présence
ou l’absence de k. Par contre, on s’accorde à reconnaître une liaisonpositive
entre vitesse de croissance etprésence
degènes d’emplumement
non liés au sexe(en particulier
Gi<AZE-N E
R et
J U LL, I g46 ;
HAYS, Ig5I ; HURRY etNORDSKOG, 1953).
A ces
résultats,
somme toute peuabondants,
onpeut ajouter
l’in-fluence sur la
vigueur
ou laproductivité
de l’animal degènes
condition-nant le groupe
sanguin
dont il faitpartie (voir
notamment SCHULTz et BR
ILES, Ig53 ; BRILES,
Ig5C ;
KRUEGER, BRILES et ‘UOODS,1 95 6, etc.).
MATÉRIEL
ETRÉSULTATS
1. - Poids à 8 semaines.
a)
Population principaleLa
population
étudiée d’abord était issueprincipalement
de croise-ments ,p Rhode-Island rouge
x Ç
Gâtinaise, avecquelques
introduc-tions de
Wyandotte,
Marans et Sussex.Quoique
ces croisements n’aient pas été faits initialement dans cebut,
ilsfournissaient,
dès lapremière génération,
dességrégations
pour un certain nombre degènes
de couleurdu
plumage,
par suite de la variabilitégénétique
existant chez la Gâti-naise sous le blanc « récessif »
(M ERAT , 195 6).
Enparticulier,
on observaitdes animaux de
type
« herminé » et d’autres à noirplus étendu, rappelant
d’une
façon approchée
la Faverolles ou laLeghorn
dorée(le gène
E étantabsent de cette
population).
L’analyse qui
suit a pour but de chercher desrapports possibles
entrela
présence
de cestypes
deplumage
et la croissance enpoids
desanimaux,
à titre d’indication
préliminaire
et vu le manque derenseignements
surce
sujet.
L’observation du
plumage
avait lieu à8 semaines,
et,depuis I g 5 6,
une deuxième
fois,
vers 12 semaines pour les coqs(dont
unepartie
étaitabattue à cet
âge)
et 4 à 5 mois pour lespoules.
L’extension du noir était examinée dans leplumage
et lesous-plumage .
Plusieurscatégories
avaientété
faites,
suivant l’extension du noir dans lesous-plumage. Finalement,
les animaux ont étégroupés
en deux classes pourl’analyse présente :
1
0 Dans la
première
étaientgroupés
les animaux àsous-plumage gris plus
ou moins foncé sur tout le corps. Ceci allait depair
avec unplu-
mage à noir
plus
étendu que dans le type « herminé »,rappelant
letype Leghorn doré,
chezles 9
et les d. Etaient aussirangés
dans cette caté-gorie
des animaux àsous-plumage
relativementclair,
maisayant
eux aussi du noirplus
étendu dans leplumage.
2
° Dans la deuxième rentraient les animaux à
sous-plumage clair,
ougris
seulement sur ledos,
àplumage herminé,
ou dont le noir s’étendaitlégèrement
sur le dos.Pour
abréger
et pour lacommodité,
ces deuxcatégories
sontdésignées
conventionnellement dans ce
qui
suit par «type
sauvage » et (!type
her- miné ».La
répartition
dans ces deuxclasses, malgré
certains casdouteux,
était relativement nette, et les différences entre la classification à 8 se-maines et celle faite
plus
tard sont assez peuimportantes.
L’analyse
selimite,
pourchaque
sexe, aux familles contenant à la foisles deux
catégories
décritesplus
haut. Comme les animaux des deux classes étaient élevésensemble,
ils devaient ainsi différer aussi peu quepossible quant
aux conditions de milieu subies etquant
augénotype
moyen, à
l’exception
desgènes
conditionnant larépartition
du noir dans leplumage
et lesous-plumage
et desfragments
de chromosomesadjacents.
En
particulier,
sur lesgénérations étudiées, plusieurs
autresgènes
de colo-ration n’étaient pas
fixés, mais,
telle quel’analyse
étaitconduite,
les divers allèles étaient à peuprès également répartis
dans les deux classes faites.Les animaux étaient élevés au
sol,
recevaient un aliment detype
cou- rant, sansantibiotiques
ni médicamentspréventifs,
et étaient sélectionnés pour un ensembled’aptitudes (ponte, croissance, vitalité),
l’extension du noir dans leplumage
n’entrant pas enligne
decompte
dans le choix desreproducteurs.
La
première génération
de lapopulation
étudiée étant née auprin-
temps 1954, troisgénérations
consécutives ont étéanalysées,
nées auxprintemps
1955(F2), 1956 (I’ 3 )
et Ig57(F 4 ).
D’autrepart,
une popu- lationséparée
de mêmeorigine
étaitreproduite
en automne 1954(F 2 ),
1955
(F 3 )
et1956 (F4).
Les résultats pour le
poids
à 8 semaines sont notés dans le tableau I.b)
Autres croisementsDans
l’ensemble,
cespremiers
résultatsindiquaient
unesupériorité
moyenne du
type
« sauvage » pour lepoids
à 8 semaines.Plusieurs croisements faits dans d’autres buts à la Station fournis- saient des
populations d’origine
différente seprêtant
à la mêmeanalyse.
Il
s’agissait :
1
0 De la descendance de croisements Marans X Sussex où la Marans d’ordinaire
E,
avaitapporté
l’allèle e+ ou l’un des allèles voisinspostulés par
KIMSa!,!,( 1952 ). Seuls,
les descendants non E du croisement initial avaient étégardés
commereproducteurs.
Les
générations
étudiées sont celles duprintemps
1955(F 2 )
et duprin- temps 1956 ( F 3) .
2
° De la descendance F de croisements Faverolles X Sussex ou
Faverolles X New
Hampshire (printemps
1954, automne195 6),
et d’uncroisement ultérieur de ces animaux avec des descendants des croisements
(Marans
XSussex)
(mai1957).
Ici encore, n’entraient dans
l’analyse
pour un sexe donné que les familles ayant à la fois des enfants dans les deux classes.Les résultats sont rassemblés dans le tableau II.
Les familles sur
lesquelles portait l’analyse
des tableaux I et II étaient au nombre de :(tableau III).
c)
Données groupéesVu la
supériorité,
pastoujours
trèsgrande,
maisrégulière,
desplu-
mages « sauvages », il était intéressant de grouper les données de
plusieurs
générations. Auparavant, quelques
remarques sont à faire.Tout
d’abord,
troiscatégories
avaient été faitesprimitivement
pour leplumage ;
ellescorrespondaient
aux observations suivantes :1
0
Sous-plumage plus
ou moins foncé sur tout le corps,plumage
ànoir relativement étendu.
2
°
Sous-plumage plus
ou moins foncé seulement sur ledos, plumage
herminé ou avec un peu de noir sur le dos.
3
°
Sous-plumage clair, plumage
detype
herminé.Les seules familles
possédant
ces troiscatégories
à la fois avaient étécomprises
dansl’analyse ;
ilapparaissait,
dans les diversesannées,
que la différence moyenne entre lescatégories ( 2 )
et( 3 )
était de peud’importance
à côté de celle entre
( 2 )
et( 3 )
d’unepart
et(i)
d’autrepart.
Nous nouscontenterons de le montrer sur les résultats
groupés
des diversesgénéra-
tions de la
population principale. (Tableau IV).
C’est au vu de ces résultats que les
catégories ( 2 )
et( 3 )
ont finalementété
groupées
en uneseule, correspondant
autype
« herminé », lacatégorie (i)
formant letype
« sauvage » del’analyse présente.
Une autre remarque concerne certains animaux Bb ou B-
(B
étantla barrure liée au
sexe)
et Blbl(«
Blue»)
inclus dans les résultats des ta- bleaux 1 et II.I,’objection pouvait
être faite que, ces deuxgènes
atté-nuant la
pigmentation noire,
la classification des animauxcorrespondants
en
« type
herminé » ou« type
sauvage» pouvait
en être affectée.Apparem-
ment, ce n’est pas le cas(le
critère de classification était larépartition
dunoir et non son
intensité). Toutefois,
les moyennes et variances pour lepoids
à 8 semaines ont été recalculées en excluant les familles où B et Bl étaient apparus. Les résultats sur les diverses années sont en touspoints comparables
à ceux des tableaux 1 et II ; nous nous contenterons de donner ici les résultatsgroupés (tableau V).
Vu la similitude de ces résultats
partiels
et de ceux incluant les ani-maux
porteurs
de B etBl,
nous ne considérons dans cequi
suit que ces derniers résultats.l,es données
groupées correspondant
aux tableaux 1 et II fournissent alors le résultat suivant :(tableau VI).
Outre les différences relatives aux moyennes, les résultats
indiquaient aussi,
dans leurensemble,
une variabilité intra-annéesplus grande
pour letype
« herminé ». I,e test F a donc étéappliqué
pour comparer la va-riance intra-années des deux classes sur les données
groupées (tableau VII).
Deux remarques doivent être faites concernant la validité des tests
employés.
D’unepart,
les variances ne sont pashomogènes
dans les deuxclasses.
Ceci, pratiquement,
n’enlève pas sa validité au test decomparaison
des moyennes
(cf.
VESSEREAU,i 94 8).
D’autrepart, l’ajustement
à la nor-malité des distributions de
fréquences
dechaque
classe(avec
les donnéesgroupées)
donne les résultats suivants :(tableau VIII).
l,es distributions
peuvent
être traitées comme des distributionsnormales,
àl’exception
de celledes 9
« herminées n,dissymétrique
avecun étalement
plus grand
vers lespoids
inférieurs( 1 ).
l,es conditionsd’ap-
(’) Une légère dissymétrie avec étalement vers les faibles poids semble générale dans nos distri-
butions de poids à 8 semaines, mais de faible importance.
plication
du test F ne sont donc pas strictementremplies
ici.Cependant,
l’écart à la normalité
n’apparaît
pas assez considérable pour que l’erreur résultant de sonapplication
soit grave ; les différences observées sont de toutesfaçons largement
suffisantes pour être considérées comme haute- mentsignificatives
dans leur ensemble.2. - Poids à 4 semaines.
l,es
pesées à 4
semainesn’ont
été faites que sur lesgénérations
duprintemps 195 6
et duprintemps
1957 de lapopulation principale
etsur le croisement de mai 1957. Elles donnent les résultats suivants
(ta-
bleau
IX) :
( 1
) La pesée à 4sem. n’a été faite que sur une partie des animaux en 1956. Il faut en plus tenir
compte de la mortalité entre 4et 8 semaines, de quelques pertes de numéros, etc. d’où les nombres différents à 4et 8 semaines.
Les différences sont
comparables
à celles pour lepoids
à 8semaines,
et la
comparaison
des variances intra-anuées sur l’ensemble des résultats donne cequi
suit :Les distributions
présentent, plus marquée qu’à
8semaines,
unecertaine tendance à être
dissymétriques
et un peuplus
étalées vers lesfaibles
poids.
Une transformationadéquate
des donnéespourrait
rendreces distributions
normales, mais,
outre que lasignification
des différencessur les moyennes n’est de toutes
façons
pasdouteuse,
une telle transfor- mation aurait un caractère assez arbitraire.3. - Relation entre croissance en
poids
et couleur du duvet.Vu les résultats obtenus avec la couleur du
plumage,
il semblaitintéressant de comparer la croissance des animaux à duvet
rayé (« stri- ped »)
ou non, la couleur du duvet et celle duplumage
ou dusous-plu-
mage étant en
partie
liées.Le tableau XI donne cette
comparaison
pour lapopulation princi- pale ;
les duvets( 1 )
ont été classés en troiscatégories (absence
de rayure,rayure
incomplète, rayés)
et seules ont étécomptées
les famillesayant
à lafois,
pour un sexedonné,
ces troiscatégories, qui,
dans letableau,
sont
désignées respectivement
par i, 2 et 3.Une
légère
différenceapparaît ici,
dansl’ensemble,
en faveur des duvets« rayés
», mais elle est faible et nonsignificative.
INTERPRÉTATION
DESRÉSULTATS.
1. - Déterminisme
génétique
du noir dans leplumage.
Une
supériorité
moyenne, pour la croissance enpoids,
des animaux à noirplus
étendu dans leplumage
sur ceux à noir restreint se révèle donc ici comme unphénomène significatif
etrépété
dans les divers croi- sements etgénérations étudiés ;
cettesupériorité
est, à 8semaines,
del’ordre de 4o g pour les coqs, 30 g pour les
poules.
( 1
) En excluant naturellement les animaux pouvant être homozygotes pour le blanc « récessif » c,
ce gène se trouvant dans la population étudiée.
Ce fait en lui-même a son
intérêt,
mais il est nécessaire de l’inter-préter plus
avant.I a
a classification
adoptée
pour lesplumages
étaitimparfaite ;
elle
comportait
une certaineimprécision,
des cas limites étantplacés
arbitrairement dans l’une ou l’autre des deux classes. Il serait naturelle-
ment intéressant de faire des observations
plus détaillées,
sur leduvet,
lesplumages juvénile
etadulte,
ainsi que sur laprésence
degènes
dedessins du
plumage (KIMBALL, i953) !
Cependant,
s’ils’agit
seulement de montrer l’influence sur la crois-sance de certains
gènes
influant sur lapigmentation noire,
cesimpréci-
sions ne sont pas graves, à deux conditions : la
première
estqu’elles
n’aient pas un caractère
systématique,
cequ’on
a tout lieu de penser( 1 ).
La deuxième est que, à ces
imprécisions près,
notre classificationphéno- typique
reflète fidèlement legénotype
pour lapigmentation ;
en d’autrestermes, que l’extension du noir soit
uniquement,
ou du moins essentielle- ment, conditionnée par des différencesgénétiques.
Ceci
apparaît
peu douteux dans nosconditions ;
mais il estpourtant prudent
de se demander si des influences extérieures nepourraient
pas rendrecompte
des différences moyennes de croissanceobservées,
dansl’hypothèse
où, sur certainsanimaux,
ces influencesempêcheraient
unecroissance normale et restreindraient en même
temps
la formation dupigment
noir.Des cas sont connus où une déficience
alimentaire,
unchoc,
unemaladie,
etc... influent sur lapigmentation.
Mais il
s’agit
de carencesimportantes,
alors que nos animaux rece-vaient une alimentation
équilibrée
et étaient élevés tousensemble,
dansdes
conditions,
sansdoute,
nonoptimales (la
densité était souvent nota- blementplus
élevée que 10 au m2 à 8-iosemaines),
maiscependant
nor-males
(la
mortalitéjusqu’à
io semaines s’étantélevée,
aumaximum,
aux environs de 10 p.
ioo).
Il est fort douteux que, dans cesconditions,
les conditions de milieu subies par certains animaux aient pu provoquer des effets telsqu’une
réduction presquecomplète
du noir.D’ailleurs,
dansnos
conditions,
nous n’avonsjamais
observé dedépigmentation
de cegenre chez des races comme la Faverolles ou la
Leghorn
dorée(de type
«
sauvage »).
En outre, ceux de nos animauxanalysés
ici dont la croissanceétait la
plus
médiocre avaient une allurenormale, plumage compris ; quelques
animaux anormalementpetits
observés danschaque
bandeétaient
plus
nombreuxparmi
lestypes
« herminés »,mais,
de toutesfaçons,
vu leur faible
nombre,
ils nepouvaient
rendrecompte
à euxseuls,
et deloin,
des différences observées.Qui plus
est, nous avons vérifié que la différence moyenne depoids
entre« type
herminé » et« type
sauvage » existait dans toutes les bandes élevées pourchaque génération, quelle
que soit leur croissance moyenne, bonne ou médiocre.
Par
ailleurs,
cettehypothèse
d’une influence du milieu défavorable à la fois à la croissance et à lapigmentation pouvait
êtrepartiellement
testée sur des
animaux,
à duvetrayé (« striped »)
à ijour,
et classés« type
herminé » à 8 semaines. Ces animaux avaient desperformances
voisines de celles de l’ensemble des animaux « herminés
» (sur
lesgéné-
(’) En particulier, on pouvait se demander si les animaux très mal emplumés à 8 semaines ne
pouvaient avoir leur classement faussé ; or, ils sont assez peu nombreux (le gène k d’emplumement rapide est presque fixé dans la population principale) et leur proportion dans les deux classes est du même ordre.
rations des
printemps
I955,1956
et1957 )
et vu leur faiblenombre,
nepourraient
nonplus,
de toutesfaçons,
rendrecompte
des différences depoids
constatées.Si les différences
observées
sont bien essentiellementd’origine géné- tique, peut-on préciser
àquels gènes
ellescorrespondent ?
Lapopulation principale
avait une variabilité assezgrande
deplumages ;
l’extension du noir ydépendait
certainement pour une bonnepart
desgènes
e et e+ou d’allèles voisins de la même
série,
maisaussi,
sansdoute,
degènes
modificateurscorrespondant
au«complément mélanique
» de KIM-BALL
(r 95 2).
C’est donc àpriori
à l’ensemble de cesgènes pris globalement
que nous pouvons attribuer l’effet observé sur la croissance.
Il est intéressant de noter que la coloration du duvet
(bandes
fon-cées ou
non)
n’a que desrapports beaucoup plus
faibles avec la croissance.C’est la
présence
degènes
irrfluantspécifiquement
sur leplumage qui agit.
En ce
qui
concerneplus spécialement
les croisementsFaverolles,
la classification
phénotypique
dont nous nous sommes contentés reflète bien laségrégation
des allèles e et e+, parlesquels
la Faverolles diffère de la Sussex et de laNew-Hampshire (K IMBALL , 1952 ).
La Iregéné-
ration
était,
grossomodo,
dutype
Sussex ouNew-Hampshire,
respec-tivement ; quant
aux croisements de 2egénération,
ilscomprenaient
des
accouplements 1 , ’,
xF, (d (Faverolles
XSussex) X 9 (Faverolles
XSussex))
ou d(Faverolles
XNew-Hampshire) x (Faverolles
X New-Hamsphire) ;
et, en outre, un croisement de retour cf FaverollesX 9 (Fa-
verolles X
Sussex).
Lesproportions
destypes
« herminé » et « sauvage » y étaient les suivantes(en
incluant cette fois les famillesn’ayant qu’une
des deux
catégories phénotypiques) :
Le calcul du
Z2 permet
de vérifier l’accord entre cesproportions
observées et les
proportions prévues
de3/1
ou1/1 ( 1 ),
dansl’hypothèse
de la
ségrégation
d’ungène unique. Ainsi,
dans le cas de cescroisements,
( 1
) Avec un certain excès de a type sauvage u chez les d’.
on
peut légitimement
attribuer les différences moyennes de croissance observées à l’action des allèles e ou e+.2. - Mécanisme
génétique
de la liaison entre couleur etpoids.
Si l’on ne considère que la
population principale,
suiviependant
2 fois 3
générations (au printemps
et àl’automne)
deuxhypothèses
seprésentent :
actionpléiotropique
desgènes
d’extension du noir(ou
decertains d’entre
eux),
oulinkage
entregènes
depigmentation
etgènes
ayant un effetmajeur
sur la croissance.Les allèles de la série
e/e +
ayant un rôlemajeur
dans tous ces croi-sements et
apparemment
exclusif pour les croisements Faverolles,l’hypo-
thèse d’une action
pléiotropique
de ces allèless’appuie
sur la concor-dance des résultats obtenus sur
plusieurs populations d’origines
diffé-rentes, et sur le maintien d’une
génération
sur l’autre des différences observées pour lepoids
à 8 semaines dans lapopulation principale.
D’ailleurs,
dans cettepopulation,
lapremière génération analysée
n’étaitpas, pour les
gènes envisagés,
une F2au sens courant du terme : une varia-bilité
génétique
pour l’extension du noir existait audépart
chez la Gâ-tinaise,
sans doutedepuis
de nombreusesgénérations.
Les résultats de même sens sur
plusieurs populations
et avec uneassez
large
variabilitégénétique, suggèrent,
en outre, que cette différence entre les allèles e et e+, ou,plus généralement,
entre certainsgènes
conditionnant la
pigmentation noire, quant
à leur action sur lacroissance, pourrait
être assezgénérale
etindépendante
du reste dugénotype.
Naturellement la
pléiotropie
n’est pour le momentqu’une hypothèse plausible ;
les donnéesprésentes
nepermettent
pas de chiffrer avecprécision
laprobabilité
d’unlinkage persistant
entregènes
&dquo; de couleur &dquo;et
gènes
&dquo; de croissance &dquo;. .!3. - Intérêt
zootechniqne.
Les relations
possibles
entre laproduction
des volailles et laprésence
de certains
gènes
connus de couleur duplumage
ou autres, peuexplorées
comme il est dit
plus haut,
ont un intérêtqui
n’est pas niable : outrequ’une
différence moyenne de l’ordre de 4o g à 8 semaines n’est pas né-gligeable,
il estpossible,
commeJaaP
et GRIMES le font remarquer, que les actions combinées deplusieurs
de cesgènes
aient un effetplus impor-
tant. Des observations ultérieures sont nécessaires pour savoir
quelle
est
l’importance
de la différenceproduite
vers 12semaines,
c’est-à-direapproximativement l’âge
de la commercialisation despoulets.
La méthode de sélection à
priori
laplus logique
pour un caractèrequantitatif
comme la croissance enpoids
est la sélection directe surcette
performance ;
mais il estparfois
intéressant de tenircompte
d’uncaractère
d’importance mineure, plus
«héritable »,
et fortement liégéné- tiquement
aupremier (LE RN ER, 1950).
Ceci
peut
êtreenvisagé
lors de la création de variétés nouvelles pour desobjectifs économiques,
ou même à l’intérieur d’une race existantdéjà,
blanche parexemple,
où lesgènes
de coloration ne sont pasfixés,
et s’extériorisent en croisement.
Naturellement,
des résultats comme ceuxqui précèdent
ne sont enaucune
façon
contradictoires avec le fait que des races « herminées n, comme la Sussex ou laNew-Hampshire,
ne sont pas défavorisées pour la croissance : elles doiventposséder
d’autresgènes
favorables à celle-ci.Nous avons
déjà
mentionné le fait que les conditionsd’élevage
danslesquelles
nos résultats sontenregistrés
n’étaient pas les meilleures pos- sibles. Enparticulier,
la densité enpoussinière dépassait
courammentl’optimum.
Onpeut
se demander si ce n’est pas d’unefaçon
indirecteque les
gènes
étudiésagissent
sur lacroissance,
en assurant uneplus
oumoins bonne
régulation
dudéveloppement
dans ces conditions de milieu.Un argument dans ce sens est la variabilité
phénotypique régulièrement
inférieure des animaux de
type
« sauvage » pour lepoids
à 8 ou 4semaines,
faitqui
se révèlesignificatif
dans tous les croisementsanalysés.
I,’exa-men des distributions de
fréquences
montre que les animaux des deux classes(«
herminée » ou « sauvage») atteignent
sensiblement les mêmesperformances maxima,
mais que la distribution des seconds est cons-tamment moins étalée vers les
poids
inférieurs. C’est cette différencequi
serépercute
à la fois sur les moyennes et sur les variances. A noterqu’on pourrait
difficilement attribuer ceci à une mortalité différentiellefrappant
électivement les animaux àplumage
« sauvage » les moins vi- goureux ; la mortalitéembryonnaire
et de la naissance à 8 semaines n’excédait pas un tauxnormal,
et ne différait pas sensiblement, aumoins,
entre duvets
« rayés
» ou non.I,!RN!R
(1 954 ),
tout en mettant l’accent surl’avantage
sélectifdes
hétérozygotes
et leur meilleurecapacité
d’assurerl’autorégulation
ou l’ « homéostase » du
développement,
remarque quel’hétérozygotie
ne doit pas être le seul mécanisme par
lequel
desphénotypes « équilibrés
»sont
produits.
Il note(p. 71 ) qu’
« enplus
desgènes
detamponnement
à l’état
hétérozygote,
des modificateurs récessifs ou dominants de l’auto-régulation peuvent
exister ». Il cite enparticulier (p. 99 )
des observations de L.!NDau!R, tendant à montrer que lapoule
dejungle
est moinssujette
que les racesdomestiques
à un certain nombre d’anomalies dudéveloppement.
De même, ÀVADDINGTON( 1942 ),
cité aussi par LERNER, écrit que c’est un faitgénéral, quoi qu’ayant
relativement peu attirél’attention,
que letype
sauvage d’unorganisme
estphénotypiquement
moins variable que la
majorité
des races mutantes. Il est connu d’ail-leurs
(L’HE RI T I E R , ig5i)
que lamajorité
des mutations de la Droso-phile
ont desrépercussions
sur lavitalité,
lalongévité,
lafécondité,
et que le
type
sauvage estgénéralement
leplus vigoureux.
Il n’est donc pas indifférent de remarquer
qu’ici,
ce sontprécisément
l’allèle
(ou
lesallèles) correspondant
autype
« sauvage » pour leplu-
mage
(du
moins autype
sauvage existantactuellement) qui
assurentla croissance la
plus régulière.
Parailleurs,
des résultatspartiels
nonpubliés
sembleraientindiquer
une vitalitélégèrement supérieure
pourles animaux à
plumage
« sauvage » dans nos conditions.Des recherches sont en cours ici sur un certain nombre d’autres
gènes
decoloration, quant
à leurs relationspossibles
avec des caractèresquantitatifs,
et d’autres différences de variabilité semblentprobables.
1.’existence de telles relations pose naturellement le
problème
de leurdéterminisme
physiologique,
autrementdit,
leproblème
du mode réel d’action desgènes correspondants,
leur rôle dans lapigmentation
pou- vant n’être que la traduction immédiatement visible d’une actionphy- siologique plus générale,
hormonale parexemple.
En dehors de lapoule domestique,
il ne manque pas d’ailleurs de cas connus de mutations affectant la couleur, et en mêmetemps
d’autres caractères. Sans entrer dans lesdétails,
il suffit de citer la vitalité souvent réduite desalbinos,
la létalité liée à certaines colorations chez les rongeurs, etc. Des recherches
génétiques apportant
de nouveaux faits du même ordre devraient êtrecomplétées
par desinvestigations
d’ordrephysiologique.
Nous remercions M. ARNOUX
(Service
de Biométrie, C. N. R. A.,Versailles),
pour diverses
suggestions
et remarques surl’analyse statistique
des résultatsRÉSUMÉ
Des animaux à
plumage
« herminé »(ou
« colombien»)
et « sauvage »(classés
ainsid’après
l’extension du noir dans lesous-plumage
et leplu- mage)
ont étécomparés
pour lepoids à 4
et 8semaines,
en n’incluantdans
l’analyse
que des familles de frères ou soeursprésentant
à la fois lesdeux types. Les résultats
indiquent
unesupériorité répétée
etsignifi-
cative du
type
« sauvage «(de
l’ordre de 40 g pour les coqs et 30 g pour lespoules
à 8semaines).
En outre, la variancephénotypique
est cons-tamment inférieure chez le
type
« sauvage », la différence avec le type« herminé » étant hautement
significative.
L’examen de
plusieurs populations séparées suggère
une actionpléiotropique
desgènes
en cause. Cesgènes
doivent inclure la sérieallélique
e-e+, mais aussi des modificateurs.Des recherches dans ce sens sont