FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DE PHARMACIE DE BORDEAUXANNÉE 1898-1890 m° »
CONDUITE A TENIR
DANS LA
P 01 11
MODE DES FESSES
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉ
Présentée etsoutenue publiquement le 11 Novembre 189 fi
Marie-Henri-Albert
G ART RO NNé à Saintes
(Charente-Inférieure),
le 19 Octobre 1875Ancien interne suppléantde l'hôpitalSaint-Jean Élève du Service de Santé de la Marine
/ MM. LEFOUR professeur.... Président.
Examinateurs de 1» Thèse:
"tT"'
j PRINCETEAU agrege—
(
CHAYANNAZ agrégé....Juges.
Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE
DU MIDI - PAUL CASSIGNOL, 91 — RUE PORTE-Dl)K.VUX — 911898
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DE NABIAS, doven — M. PITRES, doyen
honoraire.
PKOrUSSUURS
MM. MIGÉ , \
DUFHJY
[ PL'°fesseure honoraires.
MOU SSOUS...
)
Clinique interne
MM. MM.
PICOT. Médecine légale
MORACHE.
PITRES. Physique
BERGONll.
Cliniqueexterne j/ LANELONGI E.,
<*'■»!«
Histoire naturelle.-.
...BLAJREZ. GUILLA1 I).
Ealhologie et théra-
Pharmacie FIGUIER.
peutique générales.
VERGEEY. Matière médicale A.
.dk NABI AS.
Thérapeutique ARNOZAN.
Médecine expérimen-
Médecine opératoire. MASSE.
taie FERRÉ.
Clinique d'accouché-
Clinique ophtalmolo-
ments LEFOUR. gique
BADAE.
Anatomie pathologi-
Clinique des maladies
que COYNE.
chirurgicales des en-
Anatomie BOUCHARD. fants
P1ÉCHAUD.
Anatomie générale et
Clinique gynécologique BOURSIER.
histologie VIAULT.
Clinique médicale des
Physiologie....
JOLYET. maladies des,enfants A. MOUSSOUS.
Hygiène LAYET.
Chimie biologique... DENIGES.
AG11ÉGÉS UN :
section demédecine(Pathologie interne et
Médecine légale.)
MM. CASSAET. | MM. Ue
DANTEC.
AUCHÉ. | HOBBS.
SABRAZÈS. |
section dechikurgie IMM. BINAUD. | Pathologie
externe]
BRAQUEHAYE |CHAYANNAZ. |
et accouchements
i . \MM.
Accouchements. CHAMBRERENT F1EUX.
Anatomie,
SECriONDESSCIENCESAN.ATO M1Q UE S ET PHYSIOLOGIQUES
•••
!
CANNIEU.PRJNCETEAU |
|Physiologie
Histoire naturelleMM. PACHON. BEILLE.
section dessciences physiques MM. SIGALAS. I Pharmacie...
Physique
C OR IIS COII■*liÉII15A'TAIII Clinique desmaladiescutanées etsyphilitiques
Clinique des maladies des a'oiesurinaires
Maladies dularynx, desoreilles etdunez Maladies mentales
Pathologie interne Pathologie externe Accouchements Chimie
Physiologie Embryologie Pathologie oculaire
Conférence d'HydrologieetMinéralogie
Le Secrétairede la Faculté
M. BARTHE.
I5S :
MM. DUBREUILH.
POUSSON.
MOURE.
RÉGIS.
RONDOT.
DENUCE.
CHAMBRELENT.
DUPOUY.
PACHON.
CANNIEU.
I,AGRANGE.
CARLES.
.• LEMA1RE.
Pardélibération du 5 août 1879, laFaculté aarrêté que les opinions
émises dans les
Theses quiluisont présentéesdoivent êtreconsidérées commepropres à leurs
auteur?,el
quelle nentend leur donner niapprobation niimprobation.
A MON PÈRE, A MA
MÈRE
Je dédie cemodeste travail enlespriant
de l'accepter comme un faible témoignage
demaprofonde reconnaissance.
A MA SŒUR, A MES
FRÈRES
A MES PARENTS — A MES AMIS
TOUS CEUX QUI M'ONT PORTÉ QUELQUE
INTÉRÊT
A MES MAITRES DE LA
FACULTÉ
ET DE LA MARINE
(Rochefort-Bordeaux)
A MONSIEUR LE DOCTEUR POUS SON
PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX.
CHIRURGIEN DES HOPITAUX OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
A MONSIEUR LE DOCTEUR RIVIÈRE
PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX CHIRURGIEN ADJOINT DE LA MATERNITÉ DE PELLEGRIN
OFFICIER D'ACADÉMIE
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR LEFOUR
PROFESSEUR T)E CLINIQUE OBSTÉTRICALE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
DE BORDEAUX
ANCIEN CHIRURGIEN-CHEF DE LA MATERNITÉ DE PELLEGRIN
OFFICIER D'ACADÉMIE
AVANT-PROPOS
Pendant notre stage au service d'accouchements nous
fûmes témoin d'une manoeuvre obstétricale pratiquée par M. leprofesseur agrégé Rivière. Il s'agissait d'un abaisse¬
ment curatif du membre inférieur dans une présentation du
siège
endécomplété
mode des fesses; la parturiente souf¬frait
depuis
delongues heures;
l'intervention fut couron¬née desuccès, malgré les difficultés de
l'opération.
Fait im¬portant à signaler : le siège était à la vulve, et les divers traités d'accouchement n'admettent point la possibilité de cette manœuvre avec un
siège
profondément engagé,encore moinslorsque
les fesses du fœtus sont à l'orifice vulvaire.Nouseûmes l'idée d'en faire le sujet de notre thèse
inaugu¬
rale.
Qu'il nous soit permis, au début de ce travail,non point de sacrifier à un usagebanal mais à un sentiment de recon¬
naissance en apportant ici nos remercîments à M. le profes¬
seur agrégé
Pousson,
qui, pendant toute la durée de nosétudes
médicales,
n'a cessé de nous manifester une aimablebienveillance.
C'estpour nous
un devoir agréable que de remercier M.
leprofesseur agrégé Rivière dont nous n'oublierons jamais les savantes
leçons
qu'il nous fit à ses cours et à laClinique obstétricale,
les précieux conseils qu'ilnous donna pour mener à bonne fin notre modeste travail.
Nous nevoulons pas passersoussilence la
reconnaissance que nous devons à tous ceuxqui nous ont
témoigné quelque
— 10.—
sympathie, spécialement clans le corps de santé de la Marine,
à Saintes,
Rochefôrt et Bordeaux.
Que nos
amis Pelletier, Amouroux et le Dr Hédie reçoivent
ici
l'expression de notre meilleure amitié; à ce dernier et à
M. le Dr Gibert, ex-interne
à la Maternité de Pellegrin, toute
notre
gratitude
pourl'amabilité avec laquelle ils se sont mis
à notre
disposition
pour nousaider dans nos recherches ex¬
périmentales,
nosmensurations et nous communiquer
quelques observations.
Nous prions
M. le professeur Lefour d'agréer nos sincères
remercfments pour
la bienveillance
aveclaquelle il nous a
facilité nos recherches et pour
l'honneur qu'il
nous afait en
voulant bien accepter
la présidence de notre thèse.
INTRODUCTION
Dans la présentation du
siège
endécomplété
mode des fesses, « les cuisses sont fléchies sur l'abdomen, les jambes étendues sur les cuisseset relevées au-devant de la poitrine »(Tarnier).
Qu'elle soit primitive ou secondaire, cette présentation constitue-t-elle une dystocie grave? Pour quelles raisons?
Les déductions que nous en tirerons nous
serviront à préconiser une intervention dans unbut préventif ou dans
un
butcuratif,
intervention que nous croyons possible non seulement avec un siège non engagé, mais aussi avec unsiège
descendu dansl'excavation,
môme à la vulve.Nous supposons
toujours
avoir affaire à des bassins nor¬maux, tant au point devue osseuxqu'au point devue tissus; nous éliminons donc les bassins
rétrécis, les bassins nor¬
maux avec tumeurs soit osseuses, soit
utérines, vaginales, vulvaires,
et toutes les malformations.Nous divisons notresujet en
cinq chapitres
:Chapitre
Premier. — Considérations sur le pronostic dudécomplété
mode des fesses.Chapitre
II.—Mécanismedel'accouchementdansledécom¬plété mode des fesses.
Chapitre
III. —Conduite à tenir dans ledécomplété
mode des fesses.A)
Pendant la grossesse:1°
Siège
non engagé; 2°Siège
engagé.— 12 —
B) Pendant le travail
:1°Siège non
engagé;
2°Siège engagé; 3°Siège à la
vulve.
Chapitre IV. —
Manuel opératoire pour permettre l'accom¬
modationdu fœtus à la filière
pelvi-génitale dans le décom¬
plété
mode des fesses
:1°Version parmanœuvres
externes;
2°Abaissement du
pied.
a) Indications, contre-indications;
b)
Manuel opératoire;
c) Difficultés;
d)
Accidents.
Chapitre V. —
Recherches expérimentales sur la possibilité
de la manœuvre :
loFlexion de la jambe;
2° Déflexion de la cuisseavec un
siège,
a)Engagé;
b) A
la vulve.
Observations : 1° Siège
engagé;
2° Siège à la vulve.
Conclusions.
Nous terminons par une
bibliographie
quenous croyons
avoir faite trèscomplète.
CHAPITRE PREMIER
Considérations
sur le pronostic duDécomplété
mode des fesses.
Sommaire :
A) Pronostic considéré dans ses rapports avecla conduite à tenir.
B) Historique.
1° Les auteurs ne sont
pas du môme avis ; 2° Lesstatistiques sontmal faites.
C) Discussionet conclusions.
i° Gravité pour lefœtus; 2° Dangers pourlamère.
D) Les(VoirEtudefaits prouvent quedu mécanismeledepronostic
Vaccouchement.)
est grave. Pourquoi est-il grave?La présentation du
siège
endécomplété
mode des fessesa toujours
préoccupé
lesaccoucheurs;
les uns la considé¬raient d'un pronostic
bénin,
les autres, et ils sont plusnombreux,
en faisaient unedystocie
grave. Sans nousétendre outre mesure sur
l'historique
de labénignité
ou de la gravité dudécomplété
mode desfesses,
nous voulons cependant en direquelques
mots pour en tirer des conclu¬sions qui nous
serviront,
dans notre conduite à tenir, à appuyer celles dontles prémissesserontnondesstatistiques
mais une loi.
AvantMme La
Chapelle,
tous les auteurs donnent leur avis sur lepronostic sans y joindre destatistiques
àl'appui;
ils- 14 —
sont même raresceux
qui parlent des diverses variétés de
la
présentation du siège, presque tous les envisagent dans
leur ensemble sans
spécifier la gravité pour chaque mode
de
présentation.
Hippocrate, Moschiou, Rhodion, Ambroise Paré avec
quelques réserves, Guillemeau, Peu, Mauriceau, Cosme-
Viardel,
Portai, Pionis, Smellie, Rœderer, Levret, Henry de
Deventer, Puzos
portent tous
unpronostic grave nécessitant
l'intervention de l'accoucheur.
La Motte distingue le
décomplété mode des fesses,
« quoique
cette présentation vienne quelquefois sans peine,
elle cause aussi souvent un
accouchement long, difficile et
non naturel. »
Baudelocque
précise lui aussi, et si pour lui l'accouche¬
ment par le
siège complet est
unaccouchement naturel,
la
présentation
endécomplété mode des fesses est dange¬
reuse « parce que non
seulement le travail est plus long et
plus
difficile
pourla mère, qui éprouve beaucoup de diffi¬
cultés à se délivrer seule,
mais aussi
parce quele fœtus
court, en plus,
les plus grands dangers.
»Mmc La Chapelle nous
apporte,
avec sonopinion, des
statistiques
utiles à considérer. Pour le siège (sans tenir
compte
des variétés) elle trouve 1 mort pour 7, pour le
décomplété
mode des fesses 1
sur8 12; malgré ces résultats,
son avis est que «
les accouchements
parles fesses ne sont
pas en
eux-mêmes aussi fâcheux qu'on l'a cru ».
Mmc Boivin, Boër, Hubert
de Louvain, Scanzoni, Stolz,
Weideman, Wenzel sont
du même avis; Negele préfère la
présentation des fesses à celle des pieds, ainsi que Joulin et
Dubois (avec sa
statistique de 1
sur11). Dugès (L sur 7),
Moreau, Chailly, Cazeaux
sont plus réservés.
Depaul,
Schrœder, Playfair affirment la gravité du pro¬
nostic; les statistiques
d'IIégar (35
pour100), d'Hecker
(22 pour
100)
netiennent
pascompte des diverses variétés de
présentation. Jacquemier, Pajot, Guéniot, Gaulard, Delannoy
ne fontpasnon plus cette
distinction et arrivent par leurs
— 15 —
statistiques à considérer la présentation du siège comme un
nolime
tangere.
Pinard,
Chantreuil,
Tarnier, Budin (1 sur19),
Doléris,M. Lefour, Porack, M.
Rivière,
Potocki, Bonnaire considè¬rent le
décomplété
mode des fesses comme unedystocie
grave nécessitant l'intervention.
Les thèses Olivier
(1882),
Mapitel(1889),
Monier(1894),
Cocagne(1895),
Bloc(1897),
Mercier(1897),
parues dans cesdernières années, nousdonnent des
statistiques
spécialesaudécomplété
mode des fesses.D'après Porack :
Primipares
: 28; mortalité : 8.— Soit : 25,5 0/0.Multipares
: 49; mortalité : 2. — Soit : 40/0.
D'après
Pinard :Primipares
: 109; morts : 11. —Soit : 10,090/0.
Multipares
: 114; morts : 29. — Soit : 15,76 0/0.D'après Mantel :
Primipares
: 54; morts : 3. — Soit : 5,550/0.
Multipares
: 56; morts : 6. — Soit : 10,71 0/0.D'après Cocagne
:Primipares
: 28; morts : )Tvr u-
i. moyenne : 3,57 0/0.
Multipares
: 26; morts : )D'après
Bloc :Primipares
: 100; morts : 8. — Soit : 80/0.Multipares
: 70; morts : 5. — Soit : 7,140/0.
Nous ne voulons pas insister sur ce sujet et
critiquer
chacune de cesstatistiques
en particulier; lemême reproche s'adresseà toutes; elles sont basées sur des observationsincomplètes
: rien de précis sur la durée de travail et de lapériode
d'expulsion;
si l'on a le poids del'enfant,
le nombre de grossesses antérieures de lamère,
onnéglige
de noter les lésions maternelles(déchirures
du périnée, fistules con¬sécutives).
On ne tientaucuncompte des moyennes résultant cl
accouchements
spontanés ouartificiels; chaque
moyenneserait
variable,
il faudrait des années etdes observations
nombreuses,
biendétaillées,
pourqu'unestatistique
prouvât— 16 —
quelque chose. Un autre reproche, et non sans importance,
qu'on
pourrait leur faire est qu'elles sont toutes faites dans
cles Maternités et non
dans la clientèle, où la mortalité est
bien
supérieure; d'ailleurs, la variété des résultats obtenus
n'est pas
faite
pour nousdonner une idée nette sur la
question.
La thèseMercier nous donne
des résultats
assezprécis,
nousy trouvons
des observations qui nous prouvent que
des fœtus d'un poids
supérieur à 3000
grammespeuvent
être
expulsés spontanément
pardes multipares ; chez une primipare, l'accouchement spontané peut se faire mais seu¬
lement avec un fœtus
pesant moins de 3000
grammes ;« pour peu que
le fœtus de la primipare se soit rapproché de
3 kilos, nousvoyons,
dit-il,
quela traversée de la filière a
été longue et
difficile et
quesouvent même le passage n'a
puse
faire qu'au prix de délabrements considérables. »
Si nousexaminons les observations citées dans
la thèse
de Delannoy, nous
n'en trouvons qu'une où l'accouchement
fut
spontané (travail
:11 heures
;poids
:2800 grammes).
Dans celle de Cocagne, deux
observations seulement
ont rapport à
des présentations
endécomplété mode des
fesses avec accouchementspontané ; dans
l'une (Obs. II) le
travail a duré 59 heures, l'expulsion 5
minutes, le fœtus
pesait2800
grammes ;dans l'autre (Obs. XVI) le travail
a duré 5 heures, l'expulsion a
été de
20minutes; poids,
2800 grammes.
Bloc, qui donneune statistique avec
des fœtus pesant plus
de 3000grammes etqui est
partisan de la non-intervention,
nous donne dans ses Observations I, II, IV, VI,
VIII, qui
seulesnousintéressent
(l'accouchement ayant
eulieu sponta¬
nément),
nousdonne, disons-nous,les résultats suivants :avec
troisprimipares les fœtus pesant
2900
grammes,2800 gram¬
mes, 2840grammes, la durée
du travail est de 19 heures 20,
21 heures 10, 15 heures ; avec deux multipares
les fœtus pèsent
plus de 3000 grammes, dans un casl'enfant naît
étonné, dans l'autre (la mère avait eu 9
enfants) rien à
signaler. Durée du travail : 10 heures 20, 4 heures50.
— 17 —
Dans la thèse Henrionnet, si nous parcourons les observa¬
tions de Budin, Ribemont, Olivier, nous remarquons des accouchements
décomplété
mode des fesses spontanés; dans beaucoup malheureusement le poids de l'enfant n'est pasindiqué.
Citons l'Observation VII(multipare,
poids de l'enfant : 2800grammes),
l'Observation XI(secondipare,
poids de l'enfant : 3400 grammes, accouchement sans lésions maternelles ni fœtales; à noter que le fœtus n'avaitqu'un
membre relevé),l'Observation XII(primipare,
poids du fœtus : 2430 grammes, travail trèslong),
l'Observation XIII(secondipare,
poids :2850 grammes) et l'Observation XV(pri¬
mipare, poids :2900
grammes).
Quant au pronostic pour la
mère,
presque tous les auteurs s'accordentpour qu'il n'ait pas à entrer enjeu; la mortalité serait nulle. On ne tient pas assez compte, il noussemble, des accidents locaux qui seront la conséquence forcée d'un accouchement laissé livré à lui-même : déchi¬
rures du périnée ou des organes
génito-urinaires,
fistulesconsécutives;
et les souffrances qu'aura à endurer la partu- riente, l'état d'infériorité qui en résulterapour la défense del'organisme
ne sont pas desaccidents sansimportance.
On le voit par toutes ces observations
(dont quelques-unes
sont priseschez ceux-là mêmequi sontpartisans de la non-
intervention)
nous en arrivons à une conclusion précise : unaccouchementendécomplété
mode desfesses
nepeutavoir lieuspontanémentsans lésions maternelles qu'avec unfoetus
petit(pesant
moins cle 3000 grammes) ou bienavec unemul¬tipare
à tissus lâches.Pourquoi
en est-il ainsi ? Lemécanisme del'accouchementva nousendonner
l'explication.
Car,
2
CHAPITRE II
Mécanisme del'accouchement dans le
Décomplété
mode des fesses.Sommaire :
A) Commentse faitl'accouchement spontané?
lo Différentstemps;
ci)Amoindrissement;
b)Engagement.
c) Rotationinfra-pelvienne du siège;
d) Dégagement du siège.
2°Anomaliesde ces différentstemps.
3° Conduiteàtenirquand l'accouchement alieu spontanément.
B) Grandprincipe de l'accommodation.
1° Le fœtusendécomplétémode desfesses ne peuts'accommoder àla filièrepelvienne. Pourquoi?
2°Comparaison avecoccipito-postérieures.
3° L'accouchementspontané peutse faire. Dans quelscas ? a)Aveclésious maternelles;
b) Sanslésiousmaternelles, causes dépendant:
1° Dufœtus (petitesse, mort etmacération).
2° De la mère(multiparité,laxité des parois).
C) Conclusion : Il faudra intervenir.
1° Comment? 2° Quand?
L'accouchement
spontané dans la présentation du siègeen
décomplété
mode des fesses se faiten sixtemps,
comme l'asi bien décrit le professeur Tarnier en 1865. Les quatre premierstemps
seuls nousintéressent,
car nous voulons— 20 —
étudiercet
accouchement seulement pour en tirer les conclu¬
sionsqui
s'imposent
pourla conduite à tenir.
Premier temps:
Amoindrissement et tassement du mobile.
— Il n'y a, pour
ainsi dire, ni tassement ni pelotonnement
du mobile; les
membres étant relevés, la partie fœtale s'en¬
gage
souvent même pendant la grossesse; c'est indiquer que
toutediminution du
volume fœtal est inutile, le siège étant
assezétroit pour
pénétrer
sanseffort dans l'excavation ma¬
ternelle.
Deuxième temps ou
temps d'engagement.
—Progressive¬
ment,
lentement,
sans aucunesecousse, le fœtus s'engage
(s'il
nel'a déjà fait pendant la grossesse); son plus grand
diamètre
s'accommodant (?)
auplus grand diamètre du bas¬
sin,
c'est-à-dire
audiamètre oblique; d'après certains auteurs
la fesse
postérieure s'engagerait la première, de même que
le
pariétal postérieur dans la présentation du sommet.
Troisième temps :
Rotation intra-pelvienne du siège. -
Quand le
siège est arrivé
audétroit moyen, il continue à
s'accommoder
(?) à la filière pelvi-génitale; pour passer, il
doit forcément
emprunter le diamètre le plus large, qui n'est
plus
le diamètre oblique mais l'antéro-postéîieur. Il doit
donc subir un mouvement de
rotation, soit à gauche, soit à
droite pour
placer soit
enavant, soit en arrière la hanche
gaucheou
la hanche droite. Cette rotation se fera sans trop
de difficultés : le fœtus, mobile autour
d'un
axeplacé dans
l'axe de la tige rigide
elle-même, peut tourner aisément.
Dans l'accouchementspontané, que nous
considérons en
cemoment, ce temps peut
même faire défaut, ce fait s'expli¬
que parla petitesse
du fœtus qui glisse dans le canal mater¬
nel, obéissant aux
contractions utérines sans avoir besoin
de s'accommoder aux parois
d'un conduit trop large dans
toutes ses parties pour
pouvoir l'arrêter.
La rotation peut
aussi être exagérée à tel point que h
fesse primitivement
antérieure peut devenir postérieure)
comme dans uneobservation citéeparM.
Lefour.
Quatrième tempsou
dégagement du siège.
—Un fœtus de
— 21 —
poids normal, chez une primipare, pourra
(l'accouctiemen
étant abandonné à lui-même) traverser tout lebassin osseux non sans péril pour lui et pour la parturiente, s'il n'a pasété arrêté dès l'engagement (2e
temps) à
la suite d'une fatigue de l'utérus dont les contractions portaient à faux sur la tige rigide, ensuite, s'il n'a pas, commel'a fait remarquerPotocki, subi une perversion de rotation (3etemps)
telle, que le « sa¬crum porté enavantou en arrière donne lieu aux variétés sacro-pubiennes ou sacro-sacrées, très défavorables par elles-mêmes. »
Ce fœtus, arrivé au plancher périnéal, devra s'arrêteretne pourra avancer, l'accommodation à la filière
pelvi-génitale
étant
impossible;
« la fesse postérieure reste sur le périnée qu'elle nedépassepas »(M. Lefour).
Dans un
siège
complet« le fœtus ressemble à un haltère dont l'une des houlesest représentée par la tête du fœtus, l'autre boule par lesiège,
enfin le manche par le tronc du fœtus qui, vu sa souplesse, pourra facilement s'infléchir »(M. Rivière)
ets'adapter
au canal courbe qu'il doitfranchir,
tandis quedans un
siège décomplété
mode des fesses cetteadaptation nepeut se
faire;
les membres inférieurs appli¬qués contre le thoraxetl'abdomen empêchent toute inflexion de la colonne vertébrale.
Dans les cas cités plus
haut,
qui permettent un accouche¬ment spontané, le
fœtus
passe sanss'accommoder,
il passe parce qu'il peut traverser entemps
que tige rigide sans oc¬casionner,
hanche antérieurevulescirconstances,
de lésions maternelles, la placée sous lasymphyse,
la hanche posté¬rieure
s'échappe
de la vulveau niveaudu coccyx.Quantà la conduite à tenir, elle ne diffèreen rien de celle que 1on doit avoir dans tout accouchement normal; malgré
la certitude de
l'accoucheur
de voir tout se bien terminer (caril a dûpour laisser un tel accouchements'opérer
spon¬tanément examiner
suffisamment la mère et le
fœtus);
nous pomons ajouter quecescasdoiventêtre
l'exception.
Si la femme est
primipare
avec des tissusfermes,
un fœ-— 22 —
tus volumineux à terme, on ne
devra
pasrester dans Fex- pectation; l'accouchement ne pourra se faire. Il faudra inter¬
venir.
Intervenir comment? Notre
fœtus, tige droite rigide,
nepeut traverser
le canal courbe maternel; pour qu'il puisse
sortir par ce
conduit, il est dans l'obligation de rompre, si
les contractions utérines sont assez
fortes et l'ont dégagé du
bassin osseux, les
parties du bassin
mouqui le séparent de
l'extérieur.
Lesdivers moyens que
l'accoucheur
aà
sadisposition pour
terminerl'accouchementpeuvent se ranger en
deux grands
groupes : dans
le premier
groupesont tous les procédés qui
consistent, laissant le fœtus
dans
saposition, à tirer sur lui
pour
l'extraire
enmodifiant
nonle fœtus mais la filière
pelvi-génitale.
Dansle second
groupenous placerons les
méthodes qui
agissent
surle fœtus lui-même
enfaisant dis¬
paraître la rigidité de
sacolonne vertébrale, en le rendant
par
là-même capable de pouvoir s'accommoder à la cour¬
bure des organes
maternels.
Il estune loi de mécanique qui vanous
servir de base pour
l'explicationraisonnée des difficultés,
nousdirons plus, de
l'impossibilité
d'un accouchement normal, naturel, dans la
présentation
du siège
endécomplété mode des fesses, et qui
nouspermettra
de choisir entre
cesdeux
groupes.Elle dit:
« Quand un corps solide est
côntenu dans
unautre, si le
contenant est le siège d'alternatives
de mouvements et de
repos, si les surfaces sont
glissantes et
peuanguleuses, le
contenu tendra toujours
à accommoder
saforme et ses
dimensionsaux formes et
à la capacité du contenant.
»Tout accouchement physiologique
doit obéir à cette loi; le
fœtus s'adaptera àla forme et aux
dimensions des parties
maternelles; l'ovoïde côphalique,
l'ovoïde cormique subi¬
ront des modifications successives dans leurs axes
po111'
permettre cette accommodation.
Il nepeut en être toujours ainsi ; si le
fœtus est maintenu
immobile pardeux attellesrigides, si les
deux petits membres
relevés fixent la colonne vertébrale dans une position immuable, croyez-vous que l'accommodation du contenu au contenant
puisse
se faire ? Peut-on supposer que cette tige inflexible, d'une longueur d'au moins20 centimètres, puisse s'adapter au canal maternel, d'une longueur minimum de 30 centimètres, il est vrai, mais d'une courbure si pro¬noncée?
A une barre rigi.de, il faut un conduit sans aucune
inflexion;
supprimez le bassin mou,supprimez le coccyx, voire une partie du sacrum et vous arriverez peut-être à rendrel'accouchementnaturel !Si cette loi de l'accommodation est violée il y a
dystocie;
voyez la présentation du sommet en
occipito-postérieure
:l'occiput
nevenantpas se dégager sous le pubis, la défle¬xion de la tête est
impossible;
la courbure nécessaire pour permettre au fœtusdes'adapter
à l'incurvation des bassinsosseux et mous de la mère n'existant pas, le fœtus ne pourra pas être expulsé
phvsiologiquement.
Transformé entige rigide, il aura son mentonarrêtépar le
sternum;
la tête, immobilisée dans sa position, viendra buter contre le plan¬cher périnéal sur
lequel
elle nepourra glisser.De même pour le
décomplété
mode des fesses : lesiège
immobilisé en avant, en arrière etlatéralement,
viendra buter sur le périnée; plus les contractions utérines serontfortes,
plus l'enclavementsera prononcé.L'accouchement
peutse faireetsefera,nous répondra-t-on.
On nous citera des
observations,
on nous présentera desstatistiques.
Oui,
l'accouchement
peut sefaire,
mais le fœtus n'obéit plus àla loidaccommodation,
car il est une condition indis¬pensable à l'exécution de cette loi '. c'est la
proportionnalité
entre levolume du contenuet la
capacité
ducontenant. Nous avons, dans lechapitre précédent,
cité un grand nombre dobservations
et nous y avons vu que le fœtus a unpoids inférieur
à 3000grammes; il neluiest pasutiledes'accom- modei, ilpassera comme
une tige rigide de faible longueur
et de faible
épaisseur
pourra traverser un tuyau creuxqu'une tige plus
longue
etplus large
nepourrait
traverser.S'il n'est pas
à terme,
sapetitesse lui permettra de
suivre le même mécanisme; mort et macéré, il pourras'accommo¬der à la filière maternelle vula laxité, la mollesse de tous
ses tissus.
Avec un fœtusnormal, certaines modifications desorganes génitaux de la mère laisseront l'accouchement spontané se
produire ;
des accouchements antérieurs
auront, par une sorte d'entraînement, favorisé un relâchement excessif du bassin mou, relâchement tel que la courbure normale dece bassin sera redressée par le passage du fœtus qui,ne pou¬vant s'incurver, fera disparaître l'obstacle et
pendra droit
un canal courbe.Il est facile de comprendre que
les déchirures anciennes
du
périnée
pourront suppléerà
cettelaxité des tissus.
Oui, l'accouchement se fera parfois, mais non
plus
sans lésions maternelles et fœtales : une déchirure dupérinée
fait disparaître l'obstacle arrêtant le fœtus. Plus
souvent,
l'accouchement livré à lui-même aura fait souffrir
pendant
untemps plusoumoins long la mère. Avec quelles
douleurs,
quelles fatigues,la laxité nécessaire des tissusaura-t-elle été
obtenue! Existe-t-il des cas où des ruptures du
périnée, des
déchirures des organes génitaux, des fistules
vésico-
vaginales, recto-vaginales, etc., ne sont pas
le résultat
d'un si laborieux accouchement
spontané ? Quant au
fœtus, s'il n'a pas succombé pendant un.si long
travail Par
les compressions qu'il a dû subir, amenant des
hémorragies
méningées, des compressions du cordon avec
toutes leurs
conséquences, il naîtra presque toujours à
l'état de mort
apparente,rarementétonné,presquejamaison
n'entendra ses
vagissementsde bon augure dès qu'il sera
sorti des organes
maternels.
Il faudra donc intervenirle plus tôt possible:
A)Pendant la grossesse.
B) Pendant le travail, car trop souvent
l'accoucheur ed
— 25 —
appelé seulement à ce moment; il devra alors agir immé¬
diatement, toutretard augmentant les
difficultés
du manuelopératoire,
les dangers pour la mère, la gravité du pronostic pour l'enfant. Suivant le moment où il sera appelé il devra intervenir :1° Surun siège non engagé;
2° Sur un siège engagé;
3° Sur un siège à la vulve.
CHAPITRE III
Conduite à tenir dans le
Décomplété mode des fesses.
Sommaire:
Généralités. Partisans del'abstention.
A. Pendant la grossesse.
1° Historique.Peu d'auteurs envisagent laconduite à tenir dans le décom¬
plétémode des fesses considéré seul.
2° Discussion.
Adistinguer: 1°décomplétéprimitif; décomplété secondaire;2° siège
non engagé, siège engagé.
Difficultés :
A)Propres audécomplété.
1° Attelles.
2° Engagement.
B)Communes à toutesles variétés dues à :
1° fœtus.
2"1 mère.
(
Cordon3° Annexes J Liquide amniotique
(
Placenta.3°Conclusion. Interventionmodérée. Cas\où on n'interviendrapas.
Avant deparler dela conduite à tenir pendant la gros¬
sesse,nous voudrions dire quelques mots des partisans de
l'abstention,
de ceux qui, considérant l'accouchement endécomplôté
mode des fesses comme une eutocie, laissent à la nature le soin de terminer le travail.PourAmbroise Paré, il faut abandonner à eux-mêmes ces
— 28 —
accouchements. De la Motte, Baudelocque,
Mmc La Chapelle,
Mme Boivin n'hésitent pas
à
prononcer queles
«accouche¬
ments par les fesses ne
sont
pasaussi fâcheux qu'on l'a cru
et quedans
la très grande majorité des cas les seuls efforts
delà naturesuffisentà
l'expulsion du fœtus.
»Boër, Scanzoni, Hubert
de Louvain, Stolz partagent le
même avis.
Plus tard, un
grand nombre d'accoucheurs protestèrent
contre les interventions qu'ils
qualifiaient d'intempestives;
Jacquemier,
Pajot, Guéniot, Charpentier, Gaulard, Bloc, lais¬
sentla natureagir autant
qu'elle le
pourra.Ce que nousavons
dit dans notre chapitre du mécanisme
de l'accouchementcondamne cette manière d'agir;
attendre
que lesdifficultés se
présentent, c'est rendre difficile pour
l'accoucheur,
pénible
pourla mère,
uneintervention qui
faite plus tôt n'aurait
nécessité
aucunedifficulté.
A) Pendant la grossesse.
La présentation du siège en
décomplété mode des fesses
étant une
dystocie
grave(bien entendu
nousnous plaçons
dans les conditions énoncées
précédemment), il faut inter¬
venir leplus tôt possible;
pendant la
grossesse,le siège est
presque toujours engagé,
cela
seconçoit aisément: les
membres relevés diminuant la largeur
de la présentation,
les fesses pénètrent facilement
dans l'excavation; quelque¬
fois cependant le siège n'est pas
engagé, quelle conduite
tiendrons-nous ?
Nous nevoulons pasentrer dans
l'historique de la ques¬
tion, d'ailleurs très peu d'auteurs
envisagent spécialement
ledécomplété mode des fesses, presque tous
ont
envue le
siège en général sans spécifier la
variété.
Pourquoi citer les succussions, les
frictions, le massage,
la compression du ventre, la
pendaison
parles piecls des an¬
ciens accoucheurs, des Arabes, des Mexicains ou
des Japo¬
nais ?
— 29 —
Aquoi nous servirait de rappeler à propos de la version les noms de :
Hippocrate,
Jacob Ruff, ScipioMercurius,
Flament, Velpeau, Wigand, Hubert, Ritgen, Braunn, Es- terlé, Scanzoni, Hergott, Stolz, Mattéi, Ducellier, Nivert,Qelin,
Hégar, Sclirœder, Barnes, Tarnier, Pinard; tous n'onten vue que le tronc ou le siège complet.
On n'admettait pas de
présentations,
primitives dusiège décomplété
mode des fesses : « Il n'existe qu'une seule pré¬sentation, celle du pelvis en masse, lestrois autres modesne sont que secondaires »
(Pinard).
Avec MM. Lefour, Budin. Rivièreet leurs observations sur
l'attitude « naturelle » du fœtus
après
lanaissance,
qui re¬prend la position qu'il avaitdans la cavité
utérine,
surles signescertains constatés avantl'accouchement ot enfin surl'examen anatomiqued'un œufcomplet où
l'empreinte
des orteils était marquée sur la tête del'enfant,
avec cesauteurs,disons-nous,
on commence à considérer l'intervention dans ledécomplété
mode des fesses, abstraction faite des autres variétés.Cette distinction de présentation primitive et de pré¬
sentation secondaire est importante :
1°Au point devue de
l'engagement
: une présentation pri¬mitivepourra ne pasêtre engagée alors qu'une présentation secondaire lesera
toujours,
ledécomplété
étant la consé¬quencede cetengagement.
2°Au pointde vue de la facilité de la version ; la présenta¬
tion primitiveoffrira
beaucoup
plus de difficultés que la pré¬sentation secondairedont les membrescléfléchisserontmoins accoutumés à la position prise et pourront se fléchirau mo¬
ment oùon soulèverale fœtuspour
opérer
la manœuvre.3°Au point de vue dela difficulté d'abaisser le pied
(nous
enparlerons plus
loin).
Pour nous, on doittoujours tenter la version, que la
pré¬
sentation soit primitive ou secondaire, que le fœtussoit engagé ounon
engagé.
- 30 —
Iln'y apas,
à proprement parler, de contre-indications, il
n'y a que
des difficultés, difficultés souvent invincibles.
I. 1° « Lerelèvement des
membres inférieurs, qui fait de
l'ovoïde fœtal une tige
rigide, l'empêche d'évoluer dans le
diamètre transverse ou
antéro-postérieur de l'utérus
»(M. Le- four).
2° L'engagement
de la présentation rendra la manœuvre
souvent
impossible; les observations publiées par MM.Olivier,
Budin, Lefour,
Bitot
avecla méthode de Loviot (manœuvres vagino-abdominales
sousle chloroforme) sont là pour le
prouver.
Ce sontdes difficultés propres au
décomplété mode des
fesses; nous ne ferons que
citer celles qui, tout
ense rap¬
portant
à cette variété de présentation sont aussi communes
à toutes les autres : nous voulons
parler des difficultés
;II. a)
dues à la mère
:sensibilité de l'utérus ou de
l'abdomen, parois
abdominales épaisses;
b)
dues
aux annexes :brièveté du cordon (nombreuses
observationsoù la mort du fœtus fut la conséquence
de la
rupture
du cordon
:MM. Grynfelt, Lefour, Budin); nous-
même avons souvent constaté que
bien des échecs de ver¬
sion
(échecs heureux) étaient dus à
unebrièveté absolue ou
relativeà la suitede nœuds, de
circulaires autour du cou ou
du tronc. Si, malgré la
^résistance éprouvée,
oneût insisté
ilen seraitrésulté une rupture
prématurée des membranes,
un tiraillement ou même une rupture
du cordon qui eût
amené la mort de l'enfant.
2° La petite
quantité de liquide amniotique rendant le
glissementdifficile estune autre cause
d'insuccès, de rneme
l'hydramnios
(Porack).
3° Les décollements du placenta
sont aussi à craindre.
En 1886, les membres de la Société
obstétricale de Paris
émirentl'ordre dujour
suivant
;«En face d'une présenta¬
tion dusiège
décomplété
modedes fesses diagnostiquée vers
la fin de la grossesse, la version par manœuvres
externes
peut être tentée. Elle serait utile
surtout chez les primipares,
— 31 —
mais elle est plus difficile et peut
présenter
des dangers.Chez les
multipares,
elle est plus facile mais elle est inu¬tile. »
Pour être conformes à nos idées, ces conclusions deman¬
dent certaines modifications : si l'enfant paraît peser 3000 grammes ou plus, si la mère est
primipare
oumultipare
avec unbassin ordinaire et desparties molles constantes, on doittoujours tenter la version avantle début du travail,vers la fin du huitième mois; avec un fœtus petit, des déchirures antérieures du
périnée,
des tissuslâches,
on devra s'abste¬nir, que le siège soit ou non engagé.
Si la présentation est descendue dans
l'excavation,
on de¬vra essayer de la soulever par manœuvres externes seules
oucombinées avecl'introduction d'un ou deux
doigts
dans levagin; toutes ces manœuvres devront êtrepratiquéesavec douceur etménagements,
il nefaudra
pas insister si l'on rencontre des difficultés soitdans lesoulèvement,
soit dans la manœuvreelle-même,
car, nous allons le voir, il nous reste des moyens depermettre encore une accommodation naturelle dufœtus,
accommodation faisantdisparaître
ladystocie
inhérente à la variétédeprésentation.
B. Pendant le travail.
Sommaire :
1° SIÈGE NON
ENGAGÉ
1» Ladilatationestincomplète.
a) Historique :
1°Abaissement d'unpied(Ahlfeld).
2°Version parmanœuvres mixtes
(Loviot).
3° Version par manoeuvres externes
(Pinard).
b)Conclusions : Ne pasagir
sauf indications formelles.
2*Ladilatationestcomplète.
a)Historique : 1° Crochetmousse.
2°Lacs.
3° Forceps.
4° Tractionsinguinales.
5° Versionsparmanœuvresexternes.
61'Versions parmanœuvres mixtes.
7° Abaissementdupied :
a) Prophylactique.
b) Curatif.
b) Nos conclusions : Abaissementpréventifou
curatif ayant
pourbut
de rendre l'accouchement physiologique en faisant
disparaître lu
rigidité du fœtus.
Rarement un siège
décomplété mode des fesses n'est pas
engagé au moment du travail ;
le fait pouvant
seproduire, il
est intéressant de savoirquelle
conduite tenir.
Les procédés sont nombreux :
1° La dilatation est
incomplète, le col n'est
pasdilatable,
tous les auteurs recommandent avant toute
intervention
d'attendre la dilatation ; Ahlfeld n'en
tenait
aucuncompte.
Il nous semble que dans ces