FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX•
ANNÉE 1896-1897 I¥o 1»
ÉTUDE
COMPARATIVEDE LA
DÎSTOCIE M QUATRIEME TEMPS
DANS LES
Occipito-sacrées et le Siège décomplété mode des fesses
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN Ml
présentée et soutenue publiquement le 28 Avril 1897
PAR
HENRI MERCIER-BELLE VUE
Néà Puisseguia (Gironde), le4 décembre 1870.
I MM. BOURSIER professeur Président.
Examinateurs de la Thèse: pr°feSSeur' ") , I CHAMBRELENT agrege ■ Juges.
(
BRAQUEHAYE agrégé )Le Candidat répondra aux questions quilui seront faites sur les diversesparties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI — PAUL CASSIGNOL
91 — RUE PORTE-DIJEAUX — 91 1897
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. PITRES Doyen.
Pl&OFESSËUltS
MM. MIGÉ ) r, c
\ZA.M i Professeurs honoraires.
MM.
ni. . . . \ PICOT.
Giiiii(î[LiG 111LoinG««...
j ^
nl. . , \ DEMONS.
Clinique externe
j
LANEiiONGUE.Pathologie interne... DUPUY.
Pathologie et théra¬
peutique générales. YERGELY.
Thérapeutique ARNOZAN.
Médecine opératoire. MASSE.
Clinique d'accouche¬
ments MOUSSOUS.
Anatomie pathologi¬
que COYNE.
Anatomie BOUCHARD.
Anatomie générale et
histologie VIAULT.
v<; itlif: i;s en
SKCTION DE MÉDECINE (Palholog MM. MESNARD.
CASSAET.
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Physiologie Hygiène Médecine légale Physique
Chimie
Histoire naturelle ...
Pharmacie
Matière médicale....
Médecine expérimen¬
tale
Clinique ophtalmolo¬
gique
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fants
Clinique gynécologique
I VI Itl M i; : ieinterneet Médecine
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LE DANTEC.
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légale.)
SECTION DECHIRURGIE ET ACCOUCHEMENTS
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Pathologieexternes BINAUD.
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SECTIONDES SCIENCES ANATOMIQUES ET PHYSIOLOGIQUES
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CANN1EU. Histoirenaturelle BEILLE.
Anatomie
SECTION DES SCIENCESPHYSIQUES
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Physique
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Chimie et Toxicologie
DENIGÈS. j
€Ol'Bl§ COHlMiUlli: \T l I lt US
Clinique internedes enfants MM. MOUSSOUS Clinique desmaladies cutanées et
syphilitiques.
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Maladies du larynx, desoreilles et dunez Maladies mentales
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DENIGÈS LEMA1RE.
Pardélibération du 5 août 1879, la Faculté aarrêté que les opinions émises dans les Thesesquilui sontprésentées doiventêtre considérée# commepropres à leursauteurs, et qu'elle n'entend leur donnerniapprobation ni improbation.
A MONSIEUR LE DOCTEUR LESTAGE
Témoignage demaprofonde affection.
A MON AMI LE G LA TIN
Souvenir de notrevieilleetcordiale amitié.
A MONSIEUR LE DOCTEUR RIVIÈRE
PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX CHIRURGIEN DE LA MATERNITÉ DE PELLEGRIN
Trèscher Maître,
Permettez àvotre élève, qui gardera le souvenir devos savantes etconsciencieusesleçons, devousdire comtiienilest lieureux devousavoireupourmaître;àvotrepréparateur, de
vousaffirmersasincère et respectueusegratitudepourl'hon¬
neurque vousluiavezfaitenl'accueillant près de vous; il n'oublierajamais la façon amicale dont vous l'avez toujours traitéetles marquesdesympathie que vous n'avez cessé de
luiprodiguer.
A MES MAITRES DE LA FACULTÉ ET DES HOPITAUX
A MONSIEUR LE DOCTEUR LANDE
MÉDECIN DES HOPITAUX CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
A MONSIEUR LE DOCTEUR A UCHÉ
PROFESSEUR AGRÉGÉ A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX
A MONSIEUR LE DOCTEUR BAUDRIMONT
CHIRURGIEN DES HOPITAUX
J
.4 MONSIEUR LE DOCTEUR DEMONS
PROFESSEUR DE CLINIQUE CHIRURGICALE A LA FACULTÉDE MÉDECINE
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OFFICIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
MEMBRE CORRESPONDANT DE i/ACADÉMIE DE MÉDECINE
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
A MONSIEUR LE DOCTEUR BADAL
PROFESSEURDE CLINIQUE OPHTALMOLOGIQUE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
DE BORDEAUX
CHEVALIER DE LA LÉGION D'HONNEUR
\
Introduction et division du travail.
L'idée de cette étude revient à M. le professeur agrégé Rivièrequi nous conseilla, à la suite d'undeses courssur la
dystocie
résultant du défaut d'incurvation du fœtus, de faire l'étude comparative de la dystocie du quatrième temps danslesoccipito-sacrées et dans le siège décomplété mode des fesses.
Dans ces deux cas, en effet, le fœtus transformé en tige rigide nepouvait obéir aux lois de l'accouchementet en par¬
ticulier à la loi du quatrième temps qui veut que pour sortir le fœtuss'accommode à la filière et pour cela s'incurve sur
son axe.
Il noufeconseilla, de plus, de réunir quelques.observations qui nouspermettent de rapprocherces deux variétés de dys¬
tocie, de bien faire ressortir dans quelles conditions l'accou¬
chementspontané était possible et d'indiquer la conduite à teniren présence de pareilles difficultés.
Ainsi posée, la question nous a paru suffisamment neuve, car aucun auteur n'a encore
essayé,
croyons-nous, de faireun parallèleentre cesdeux variétésde dystocie, aucun d'eux n'a
indiqué
d'une manière certaine la conduite à tenir dans chacun deces cas particuliers.Toutes ces considérations nousdécidèrent à entreprendre
cetravail et à présenter le résultat de nos recherches dans notre thèse inaugurale.
Ceci posé, nous avonsdivisé notre étude en cinq chapitres.
Dansun premier chapitre nous faisons un exposé rapide du mécanisme de l'accouchement. Nous terminonsce pre¬
mier chapitre en montrant comment la non-obéissance aux lois de l'accouchement, et en
particulier à
la loiqui
régit le— 12 —
quatrième temps, engendre la dystoeie que nous étudions.
Dans un deuxième chapitre nous
étudions d'une façon
toute
particulière la présentation du sommet transformé en occipito-sacrée, et la position du siège décomplété mode des
fesses.
Nous
indiquons dans
cesdeux
casles conditions qui per¬
mettent etfavorisent
l'expulsion spontanée du fœtus et nous
montrons par des
exemples quel
aété le résultat de nos re¬
cherches dans cesdeuxcas
de dystoeie.
Dans un troisième chapitrenous
indiquons la conduite à
tenir dans les
occipito-sacrées, dans le siège décomplété
modedes fesses.
Après
avoir passé
en revueles divers procédés employés
pour
vaincre l'obstacle à l'accommodation, nous indiquons
la conduite dechoix lorsque
le fœtus
: 1° Ne serapas encoreengagé
;2° Sera
profondément engagé
;3° Lorsquela
présentation
seraà la vulve.
Le
quatrième chapitre comprend plusieurs observations
recueillies dans lesdiverses
maternités de Bordeaux, obser¬
vations qui font
bien ressortir l'analogie qui existe entre ces
deux variétés de dystoeie et
montrent bien, comme nous
voulions le prouver,
les circonstances particulières qui
favorisent l'expulsion
spontanée du fœtus dans la position
0. S. etdans lesiège décom
piété mode des fesses.
Enfin, dans un
dernier chapitre, nous tirons les conclu¬
sions de notre étude
comparative.
Nous n'avons pas
la prétention de donner ainsi un travail
absolument completsur
les
casde dystoeie résultant du dé¬
faut d'incurvation du fœtus.
Notre
principal but
aété de comparer entre elles deux
causesdedystoeie que
le praticien peut être exposé'<à rencon¬
trer, d'en faire
ressortir les analogies et d'indiquer en pareil
cas quellesera
la conduite de choix.
Ce quenous
espérons, c'est que notre travail, sans préten¬
tion, soittrouvé parvous
consciencieux.
CHAPITRE PREMIER
Phénomènes
mécaniques de l'accouchement. Mécanisme schématique. Accommodation àlafilière pelvi-génitale.
Premier temps. —Amoindrissementdumobile.
Normalement le mobile, autrement dit le fœtus, est trop volumineux pour passer à travers la filière pelvi-génitale, pour pouvoir même s'amorcer et
pénétrer
dans le détroit supérieur. Il sera donc obligé, pour passer, de diminuer son volume, c'est-à-dire de s'amoindrir, d'où le premier temps del'accouchement employé tout entier à l'amoindrissement du mobile. Comment va se faire cet amoindrissement. Si c'est la tête qui se présente la première, les os du crâne, qui ne sont pas soudés, vont chevaucher les uns sur les autres et dimi¬
nuent d'autant le volume de la tête. Mais ce n'est pas seule¬
ment ainsi que la tête parvient à s'engager, et ce chevauche¬
ment serait le plus souvent insuffisant si la nature n'avait d'autres moyens
à
sa disposition. C'est surtout, en effet, par-unmouvement de flexionou de déflexion que la tète, substi¬
tuantun diamètre plus petit à un diamètre plusgrand, arri¬
vera à présenterun diamètre susceptible de s'accommoder
au diamètredu bassin, et progressivement ainsi les parties foc taies setassent, la flexion s'exagère et l'accommodation
se fait rapidement. Si c'est le siège quise présentele premier,
les parties molles se tasseront de plus en plus sous
l'effort
des contractions utérines, et cesimpletassementsuffira pour permettre l'engagementdu
siège
sanssubstitutionde diamè-tre
plus petit à
undiamètre plus grand.Ici l'amoindrissement
du volumedu fœtus est assez
considérable
pourpermettre
rengagement.
Deuxième temps.—Nous
arrivons ainsi
audeuxième temps
du mécanisme de
l'accouchement, rempli tout entier par la
descente du mobile à travers
le bassin
osseuxjusqu'au
détroit moyen. Le
fœtus (siège
ousommet) qui, sous l'action
des contractions utérines
s'est engagé suivant le diamètre
oblique
du bassin, le seul utilisable, continue sous la même
impulsion
sadescente à travers la filière pelvi-génitale.
Bien que
cette descente
nesoit possible que lorsque
la tète est amoindrie,
engagée
audétroit supérieur, il
ne faudrait pas
croire
que cesdeux temps, amoindrisse-
mentetdescente du fœtus,
soient absolument indépendantes ;
il y a, au
contraire, empiétement des deux temps l'un sur
l'autre, il n'y a pas
de
secoussedans le mécanisme de l'ac¬
couchement, qui
s'effectue doucement, lentement, progressi¬
vement. Lorsque par
exemple la tête
sefléchit sous l'effort
des contractions utérines
elle s'engage autant qu'elle peut le
faire, alors
elle
sefléchit
encoreplus et s'engage davantage,
de sorte que,
amoindrissement et engagement, bien que
formant deux temps
bien distincts,
nes'effectuent point
alternativement mais
simultanément
: en unmot, il
y a empiétementdes deux temps l'un sur l'autre.
Troisièmetemps. —
Sousl'influence des contractions utéri¬
nes le mobile ne tarde pas
à atteindre le détroit
moyen :à
ceniveau le seul diamètre
utilisable n'est plus le diamètre obli¬
que, comme pour
le détroit supérieur et l'excavation, mais
bien le diamètre
antéro-postérieur.
Nous savons, en effet, que ce
diamètre, qui
vade la pointe
du coccyx au
bord inférieur de la symphyse pubienne mesure
à l'état de repos 9 c.5,
mais
que parsuite de la rétropulsion
du coccyx
exercée
parla tète fœtale ce diamètre peut attein¬
drejusqu'à tic.
1/2. Le mobile, pour passer, devra donc
abandonner le diamètre oblique et modifier sa direction primitive
jusqu'à
ce que son plusgrand diamètre soit venu seplacer dans le diamètre antéro-postérieur du bassin, quiest en réalité le seul diamètreutilisable.
En résumé,au niveau du détroit moyen le fœtus,
obligé
desesoumettreaux lois de
l'accommodation,prendra
à ceniveauune nouvelle orientation et accomplira le mouvement de rotation destiné à ramener le grand diamètre dela tête dans le diamètre
antéro-postérieur
du bassin. Voilà cequi consti¬tue le troisième temps de l'accouchement.
Si l'accouchement se composait seulement de ces trois
temps, il serait indifférent que
l'occiput
soit en avant ou enarrière, car de toute manière le plus grand diamètre de la tête s'accommoderait parfaitementauplusgrand diamètredu bassin.
Mais il n'en est pas ainsi, car
après
ce mouvementderota¬tion qui, avons-nous dit, remplit tout entier le troisième temps, vient le quatrième, tout aussi important quele précé¬
dent, et qui ne s'accomplira que
lorsque
le troisième se sera lui-même effectué.C'est donc en réalitéle quatrième temps qui commande le troisième,c'est lui qui veut, qui exige pour
s'accomplir
que la tête tourne au niveau du détroit moyen, mais non plus indifféremmenten avant ou en arrière, mais seulement enavant, sans quoi, comme nous le verrons plus tard, ily aura
dystocie.
En résumé, le troisième temps veutque la tète tourne au
^liveau du détroit
moyen, le quatrième temps exigeque cette tête tourne en avant, c'est-à-dire quel'occiput
vienne se pla¬cer sous la
symphyse
pubienne, et cela, disons-le tout de suite,pour pouvoir sedéfléchir.Avant de faire l'étude détailléedu quatrième temps de l'ac¬
couchement, il est non de faire, en quelques lignes, le schémadu bassin osseux, demontrer quellessontsesparties constitutives etsurtoutquelssont les différents planset axes que l'on peut remarquer dans la filière pelvi-génitale.
Cette étude nous permettra de comprendre la raison d'être
de ce quatrième tempsqui veutque poursortir le fœtus s'ac¬
commode aux différents axes de cette filière, c'est-à-dire s'incurve sur lui-même.
Lafilièrepelvi-génitalesecomposeeneffet de
deux
bassins:1°supérieurement un bassin osseuxconstitué par les parties
osseuses recouvertes par les muscles pelviens ; 2° intérieu¬
rement un bassin mou, essentiellement composé de parties musculaires plusou moins souples et extensibles.
Cesdeux sortes de bassins ne sontpoint superposés, c'est-
à-diresitués dans le prolongement 1 unde l'autre, ilen résulte que leurs axes necoïncideront pas, qu'ils formerontau con¬
traire un certain angle variable suivant que nous exami¬
nons la filière à l'état de repos ou à l'état d'activité.Lebassin
osseux comprend le grand et le petit bassin.Au point de vue obstétrical le grand bassin nejoue aucun rôle, seul le petit bassin ou excavation est intéressant à connaître. On dis¬
tingue dans l'excavation trois parties nettement distinc¬
tes :
1° Le détroit supérieur, limité en arrière par le promon¬
toire, latéralement par les ailerons du sacrum, la symphyse sacro-iliaque, la ligne innommée et la symphyse pubienne.
2° Le détroit moyen, limité en arrière par l'articulation sacro-coccygienne, latéralement par les parois de l'exca¬
vation et surtout lesépines sciatiques, transversalementpar les bandelettes sacroetpubio-sciatiques, enfinenavantparle bord inférieur de la symphyse pubienne.
3° Enfin le détroit inférieur,sorte de couloir très court, limité en arrière par la pointe du coccyx et latéralement par les deux tubérosités de l'ischion.
Au point de vue
obstétrical,
cedétroitinférieur n'a que peu d'importance, car ses limites permettent toujoursau mobile de passer sans aucune difficulté.Voilà pour le bassinosseux, mais ce n'estpas tout car la filière, avons-nous dit, comprend encore le bassin mou qui
est commeappendu auxparoisosseuses dontnousvenons de
parler;
en un mot, le bassin mouc'est l'ensemble des parties molles situées au-dessous du détroit moyen.Ce bassin mou se divise en bassin musculaire eten bassin cutané.
Au point de vue obstétrical le plancher musculaire est constitué par deux muscles qui en réalité n'en forment qu'un, ce sont:
1° Le releveur de l'anus.
2°
L'iscliio-coccygien.
Au point de vue anatomique ces deux muscles sont nette¬
ment distincts l'un de l'autre, mais au point de vue obsté¬
trical leur action estla même: aussi Farabeuf,pourles iden¬
tifier les a-t-il réunis tous les deux sous le nomde releveur coccv-périnéal. Les releveurs.coccy-périnéaux s'insèrentau détroit moyen, enarrière surle coccyx, latéralement sur le
ligament sacro-sciatique et sur le ligament
pubio-sciatique
en avant. Chacune de leurs fibres se dirigent de dehors
en dedans et s'infléchissent vers la ligne médiane où elles s'entrecroisent, constituant ainsi une véritable poche musculaire ressemblant à la carène d'un vaisseau, ouverte en avant pour laisser passer l'urètre et le vagin, percée
en arrière pour laisser passer le rectum.
Enfin le constricteur du vagin et le sphincter anal consti¬
tuent un 8 de chiffre, double anneau de renforcement du
plancherpérinéal. Si l'on ajoute à ces différents muscles le transverse du
périnée
etlïschio-caverneux,
nous aurons les différents plans musculaires du périnéeséparés
les uns des autres parquatre aponévroses.Quant au bassin cutané ce n'est, en réalité, que le revête¬
ment qui termine l'orifice du détroitinférieur, cerevêtement n'est autre que la peau. Uni à l'aponévrose périnéale infé¬
rieure par du tissu conjonctif très lâche, ce plancher glisse facilementsur les parties profondes. Au niveau de l'orifice vulvaire se produit une sorte de plissement du plancher cutané, ces plissements forment les petites lèvresen dedans,
les grandes lèvres en dehors.
Trèsmobiles, par rapport aux parties profondes,cesdivers
organes qui,somme toute, nesont qu'une réserve d'étoffe,se
déplissent,
se distendent et permettent au fœtus de franchir l'orifice vulvairesans y produire dedéchirures qui seraient fatales sans cette réserve de tissu.A l'état de repos ces
différents
bassins sont très peu dis¬tendus ; à l'état fonctionnel, au contraire, il faut et il con¬
vientqu'ils modifient leur forme,qu'ils cèdent plus oumoins
aux efforts énormes qu'ils doivent parfoissupporter et
qu'ils
atténuentla courbe que leurs différents axes décrivent à l'état de repos.
Suivant certains auteurs, en raison de l'inclinaison des plans des
divers
bassinsosseux et dubassin mou, le fœtusaura pour sortira suivre une certaine ligne courbe; d'autres ontpensé que
le fœtus décrivait
un véritable crochet. En effet,enexaminantunbassin osseux,il est facile de voirque : 1° Lasymphysepubienne
et les deuxpremières
vertèbressacrées sont à peu près
parallèles.
2° La face antérieure decesdeux
premières
vertèbres formeun plan dont la hauteurestsensiblement égale à la hauteur de la symphyse pubienne.
Par conséquent l'axe du détroit
supérieur,
c'est-à-dire laperpendiculaire
aumilieu du
plan, sera à ce niveau une ligne verticale, la femme étant placée debout.Mais à partir de la
troisième vertèbre
sacrée, il n'en est plusde même, et tandis
queprécédemment
nous avions en avant la facepostérieure de la
symphyse pubienneet en ar¬rière le plan formé par
la face antérieure
des deux premièresvertèbres sacrées, maintenant au contraire, en avant nous aurons la fente médiane du vagin et en arrière la courbure du sacrum. 11 en résultera que l'axe de ceplan ne sera plus
maintenant une ligne droite, mais un crochet, une ligne courbe qui se tient
à égale distance de la
face antérieure dusacrumet de la paroi postérieure de la symphyse pubienne; elle est donc dirigée obliquementde haut en baset d'arrière
en avant.
Quant à l'axe du détroit inférieur, il commenceùseredres¬
ser un peu, puis au furet à mesure quele
périnée
sedistend, l'axe du bassin mou se relève légèrement, en sorte que au niveau de l'orifice vulvaire il est presquevertical.A l'état
dynamique,
c'est-à-direlorsque
le fœtus traverseles parties maternelles, le plan de l'anneau vulvaire
après
distension du
périnée
est incliné en sens inverse du plan du détroit supérieur, son axe forme donc avec l'axe du détroit supérieur un angle presqueaigu.Pour bien comprendre lequatrième temps ou mécanisme de
l'accouchement,
il importe de bien comprendre l'axe de la filière pelvi-génitalc. L'axe de l'excavation a une direction immuable; il est presque vertical, un peu oblique de hauten baset d'arrière en avant, tandis quela direction de l'axe du bassin mou varie suivant
l'ampliation
plus ou moins grande nécessitée par le passage des parties fœtales.Quatrièmetemps. — Maintenant que nous connaissons les différents axes de la filière, que nous savons le trajet que décriventces différentsaxes,ilnous estfacilede comprendre que, pour sortir, le fœtus devra forcément s'accommoder à cettefilière et finalement ne pourra être expulsé que toutau¬
tantqu'il décrira la courbe décrite parla filière elle-même.
Nous savons, en effet, que l'axe du bassin osseux et l'axe du bassin mou 11e coïncident pas du tout; nous savons éga¬
lement que
lorsque
la tête du fœtusest dans le bassin mou, Son corps se trouve encore dans le bassin osseux, les deuxaxes de ces deux bassins n'étant pas dans le prolongement
l'un de l'autre, le fœtus poursortir devra forcément s'incur¬
ver, s'accommoder à la filière pelvi-génitalc. C'est précisé¬
ment cette accommodation, cetteincurvation du fœtus sur
lui-même,
qui constitue le quatrième temps de l'accouche¬ment.
D'après le schéma que nous venons de décrire, la néces¬
sité pour le fœtus de faire une courbe paraît nettement établie; il est tout naturel maintenant de se demander
comment il pourra se recourber, quels sont, en un mot, les moyensquele fœtus a à sa disposition pour s'accom¬
moder à la filière pelvi-génitale.
Si c'est un sommet, le fœtus n'a qu'un seul moyen, c'est la déflexion de la tête.
Mais comment défléchir la tête ? Ici encore il n'y a qu'un
seul moyen, c'est en mettant l'occiput sous la
symphyse
pu¬bienne et pas autrement.
Latêteabeau avoir tourné etplacé son grand diamètredans le diamètre antéro-postérieur du bassin, cela ne suffit pas,
car l'accouchement, avons-nous dit, ne seterminepas
après
letroisième temps, resteencore, le quatrième temps qui veut
non pas que la tête soit indifféremment en arrière ou en
avant, maisque
l'occiput
vienne en avant, se place et sedé¬gage sous la symphyse pubienne.
Sans cette condition ladéflexion delà tète est impossible,
le fœtus ne pouvant s'accommoder à la
filière,
dansl'impos¬
sibilité absolue de s'incurver sur lui-même, deviendra cause de dystocie et ne pourra être expulsé que dans des circons¬
tances que nous verrons plus loin.
Si c'estun siège, le mécanismesera le même.
Dans un premier temps le mobile, pour passer, devra s'a¬
moindrir par tassement.
Dans un deuxième temps il descendra à travers le bassin
osseux.
Dans un troisième temps il effectuera à ce niveau un mou¬
vementde rotation destiné à lui donner une nouvelle orien¬
tation.
Enfin,dans unquatrièmetemps,lefœtuspourêtre expulsé devant traverser le bassin mou, sera dans
l'obligation
pour s'accommoderà la filièrede s'incurversur son axe.Le mécanisme, 011 le voit, est donc absolument identique,
avec cette particularité que pour le siège la rotation en vue du quatrièmetemps est indifférente en un sens ou dans l'autre. Peu importe, en effet, que ce soit la hanche gau¬
che ou la hanche droite qui vienne sous la symphyse pu¬
bienne, le principal c'est que le fœtus puisse s'incurver.
- 21 -
Or, clans le siège complet, rien deplus facile pour le fœtus
deseplier sur lui-même. Dans ces conditions, en effet, le
fœtus ressemble à un haltère dont l'une des boules est re¬
présentée par la tête du fœtus, l'autre boule est représentée par le siège, enfin le manche de l'haltère est
représenté
par le tronc du fœtus qui, vu sa souplesse, pourra facilements'infléchir etpermettrel'accommodation du fœtusà lacourbe
de la filière pelvi-génitale.
Voilà ce quiexiste pourle sommet, voilà cequi existepour le siège lorsque les choses se passent normalement, lorsque l'occiput vientse logersous la symphyse pubienne, lorsque
lesiège se présente complet.
Mais il n'en est pas toujours ainsi, et dans le sommet
comme dans le siège les conditions normales de l'accouche¬
ment peuventêtre viciées : l'objet de notre
thèse
estjuste¬mentde montrer comment la non-obéissance à ces lois et en
particulier à la loi du quatrième temps engendre la dystocie.
Cettedystocie,nous la retrouverons lorsquePocciputau lieu
de tourner en avant, de venir se loger sous la symphyse pubienne afin de pouvoir se
défléchir,
tournera au contraireenarrière et viendra se loger dans l'excavation sacrée.
Cettedystocie, nous la rencontrerons encore dans la pré¬
sentation du siège lorsque les petits membres au lieu de pouvoir être saisis et abaissés dans la cavité vaginale, se relèveront au contraire contre la paroi abdominale, cons¬
tituant ainsi pour le corps du fœtus deux attelles qui,
le maintenant rigide, l'empêcheront de s'incurver et par suite de s'accommoder à la filière pelvi-génitale.
Nous voulons enfin montrer que ce sontlà deux causes de dystocie semblables et qui toutes deux auront les mêmes conséquences au point de vue de l'accouchement et en parti¬
culier au point de vue du quatrième temps de l'accouche¬
ment, qui veut que le fœtus pour sortir s'accommode à la filière.
CHAPITRE II
Parallèle entre O. S. et le
Siège décomplété mode
des fesses.
D'après
ce que nous venonsde dire dons le précédent cha¬
pitre, pour que
l'accommodation puisse
sefaire dans la pré¬
sentation du sommet il faut que l'occiput vienneen avant et
se place sous la symphyse pubienne,
condition indispensable
pour que la
tête puisse
sedéfléchir et le fœtus s'accommoder
à la filière.
Mais l'accouchement sera-t-il impossible si l'occiput no vient pas sous la
symphyse et si
parsuite
satête
nepeut
se défléchir?Assurément non, et il est de nombreux exemples qui
démontrent nettement la possibilité de l'accouchement alors
même que l'occiput n'a pas tourné en avant, alors
même
que pour sortir le fœtus n'a pas eula
ressourcede défléchir
sa tête, etpar suite de s'accommoderà
lafilière.
Mais alors si cet accouchement s'est fait, si le fœtus a pu,
sans défléchir sa tête, être complètement
expulsé,
nous voyons que lorsque l'accouchementa eu lieu ilexistait
soitducôté de la mère, soit du fœtus, souvent même des deux
côtés à la fois des conditions spéciales qui sortent évidem¬
ment de la normale et favorisaientl'expulsion définitive.
Cesconditions,nous les trouveronslorsque au lieu d'avoir
un fœtus de poids moyen,
c'est-à-dire
pesantde 3 à 3 k.
5nousaurons unenfant de deuxmilleetquelquescents grain.
Nous les trouveronsencorelorsqueau lieu d'une primipare
nousaurons unemultiparequiauraeu
2,3,4,0
etmême
12en¬fantscomme dans uneobservation que nous avons eue sous lesy^hx
à la Maternité de Pellegrin. Dans
ce casles parois
vaginales plus ou moins distendues par les accouchements antérieurs céderont facilementauxefforts que le foetus fera pour franchir la filière : Ici le périnée pliera, cédera, se laissera
déplisser
et ne se rupturera pas. Mais si au lieu d'une multiparenous avons affaire à une primipare dont les parois vaginales n'ontpu suffisamments'assouplir
et que lefœtus de poidsnormal se présente en O.S,nous nedisonspas alorsqu'il ne passera pas, mais nous prétendons qu'il ne passera qu'en produisant des déchirures périnéales.
Sans douteprécédemment le périnéeétait intact et,somme
toute, le fœtusrencontrait devant lui le plancher musculaire qui s'opposait à son expulsion, mais les conditions n'étaient plus les
mômes,
lamultiparitéavait
distendusansladéchirer la filière, elle avait habitué le vagin à se laisserdistendre,
à perdre sa coubure naturelle, et ce n'est que grâce àcette souplesse particulièreque le fœtus a pu passer. Chez la pri¬mipare, au contraire, le vagin possède encore toute sa toni¬
cité, il est bien
élastique,
mais cette élasticité a des limites et ce n'est pas tout d'un coupqu'on entriomphera,
du moinssans produire de déchirures.
En
résumé,
l'accouchement spontanédelà tôteen occipito- sacrée est parfaitement possible, mais dans des conditions spéciales que nous pouvons résumer sous quatre chefs, savoir :1° La petitesserelative du fœtus:
2° La multiparité extrême, sansaltération du périnée;
3° La
multiparité
extrême, avecdéchirure préexistante du périnée;4° Enfin, la déchirure même du périnée au moment de l'accouchement.
Reprenons en détail chacune de ces quatre conditions ci-dessus énoncéeset voyons comment leurexistence facilite l'expulsion spontanée du fœtus, malgré la dvstocie dont il estle
siège, lorsque
la tête au lieu de tourner en avant est venue se loger dans l'excavation sacrée.Dans cesconditions, nous l'avons
démontré,
le fœtus estdans l'impossibilité absolue de s'accommoder à la filière:
transformé en tige rigide, il ne pourra s'incurver et, par suite, être expulsé.
De même, disait notre maître dans une comparaison fort juste, que dans un tuyau courbeetrésistant vous ne pourrez faire passer une tige rigideet résistante aussi, de même dans
une filière courbe et plus ou moins souple vous ne pourrez faire passer un fœtus rigide et résistant, à moins cependant que ce fœtus ne déchirel'obstacle qui s'oppose à sa sortie.
Si le fœtus est petit, il passera quand même, avons-nous dit. La chose est facile à comprendre, car, pour sortir, le
fœtus n'a plus besoin de sefléchirà l'excès,comme il devrait le faire s'il avaii à franchir un corridor trop bas.
Si la femme est une multipare, sa paroi vaginale, quoique-
intacte et plus ou moins distendue par les grossesses anté¬
rieures, cédera volontiers devant cette sphère rigidequi tend
à la déplisser; puisqu'elle l'a déjà fait plusieurs fois, pour¬
quoi ne le ferait-elle pas encore,malgréla mauvaise position
de la tête; sans doute, l'accouchement sera plus difficile, le travail sera plus long, mais le fœtus étant petit, les parois vaginales lâches,rien d'étonnant à ce que l'expulsion spon¬
tanée puissese faire.
Si, enfin, le périnée estdéjà déchiréparlesaccouchements antérieurs, on comprendra encore plus facilement que le fœtus puisse passer, car alors la courbe n'est plus aussi accentuéeet le cheminement n'en sera que plus facile.
Si malgré tout le périnée est intact, si le fœtus a son poids normal, le fœtus passera, mais alors non pas sans rompre l'obstacle qui s'oppose à sa sortie, sans produire
une déchirure suffisante pour lui permettre de passer. Si, pour sortir, le fœtus se courbe, c'estqu'il rencontre un obs¬
tacle, supprimez cet obstacle et, on le comprendra sans
peine, le fœtus sortira tout naturellement et sans artifice.
Si maintenant nous rapprochons les faits cliniques de la théorie que nous venons d'émettrepourlespositionsen0. S.,
nous voyons que ceux-ci nous donnent pleinement raison.
Les observations
d'occipito-sacrée
que nous avons pu recueillir à la Maternité de Pellcgrin sont relativement assez rares. En compulsant les différentes feuilles, nous avons pu recueillir 9 cas de positions en 0. S. chez desmultipares
cl 13 chez desprimipares.
Chez la
primipare,
le fœtus le plus volumineux que nous ayons trouvé pesait3kil.C>00;
l'accouchement fut fait par uneapplication
deforceps
etle foetus mourut le lendemain desa naissance.Chez la
multipare,
le poids le plus élevé est celui d'un fœtus d'une septipare dont l'enfant pesait 3070 et d'une quartipare dont l'enfant pesait 3230.Cesquelques exemples nousparaissentassez probants et montrent bien que la multiparité a singulièrement favorisé
l'expulsion
d'un fœtus qui,avec un poids normal, seprésen¬tait en occipito-sacrée. Dès que cette condition n'existait plus, dès que le fœtus atteignait2 kil. 5 à 3 kilos chez la pri¬
mipare,
l'expulsion
spontanée se faisait très rarement et le fœtus en passant produisait desdéchirures.Chez une
tertipare
dont lepérinée
était resté intact etdont l'enfant pesait 3 kil. 100, chezunesecondipare
dont le fœtus pesait 3 kil. 100, l'accouchementenO.S. n'a pu sefaire qu'au prix de déchirures assez considérables pour permettre au fœtus de sortir sans avoir besoin de s'incurveroul'obliger
à s'ac¬commoder à une courbequi venait d'être détruite. Ces posi¬
tions en 0. S., qui dès la
plus
hauteantiquité
ontété regar¬dées comme de très mauvaises positions, au point devue du travail et du danger qu'elles faisaient courir au fœtus, ont été aussi envisagées au point de vue des risques que courait le périnéede la parturiente.
C'est ainsi que Barbaste, dans sa thèse de 1884, dit: «Il
nous reste à parler des causes de déchirure du périnée, pré¬
venant des présentations défavorables du fœtus. Ainsi, dans les casde position
oceipito-postérieuro
du sommet, si une fois le temps de descente effectué la rotation intérieurevient à manquer,l'occiput
au lieu des'engager
sous l'arcade pu-bienne vient se placer dans la concavité du sacrum. Alors, soit que l'accouchement s'achève spontanément ou que l'ac¬
coucheur soit obligé d'intervenir parle forceps, le
périnée
de la femme est très sérieusement menacé, s'il est tant soit peu rigide ». N'est-cepas dire par ces mots que la primipare
dont les organes génitaux n'ontpas été assouplis par des
accouchementsantérieurs,que la primipare, disons-nous, est particulièrement exposée aux déchirures du périnée lorsque
l'enfant seprésente en 0. S. ? N'est-ce pas la mêmechose que Sallé, dans sa thèse sur les déchirures duvagin, a voulu dire lorsqu'il écrit :
« C'est ou même mécanisme, c'est-à-dire à la sortie de la partie fœtale suivant des diamètres trop considérables qu'il
faut rapporter les déchirures de l'extrémité inférieure du vagin, qui se produisent si souvent lorsque le
dégagement
se fait suivant un diamètre oblique, ou encore lorsque l'oc¬
ciput dans les présentations postérieures tourne en arrière et se dégage ensuite en 0. S. »
D'un autrecôté, le Dr Bataillard, danssa thèse de 1889, cite huit observations de position occipito-postérieure dans les¬
quelles la terminaison a été spontanée, mais l'enfant est
venu mort-né. Ceci montre bien la lenteur de l'accouchement et les difficultés éprouvées par le fœtus pour traverser sans s'incurver la filièrepelvi-génitale : ils ont bien franchi l'obs¬
tacle, mais ils en sont morts.
A ceux qui nous objecteront que des primipares ont ac¬
couché rapidement et sans déchirure du périnée d'enfants volumineux, il nous sera facile de
répondre
qu'il y a périnéeetpérinée comme il y a
fagot
et fagot. Rien de plus variableque
l'élasticité
périnéale, rien de plus variable que sa sou¬plesse, son inclinaison et surtout sa direction, à ce point de
vuelà surtouton pourrait dire sans crainte qu'il n'y a pas deux femmes qui se ressemblent.
C'est ainsi que chez desfemmes n'ayant jamaiseu d'accou¬
chement ni même do grossesse, on
pénètre très
facilementdans le vagin. C'est bien ici le cas de dire avec Pajot que
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chezces femmeson pourrait, sans crainte, y faire passer un r
égi
m ent. Supp oso ns m aintena ntq u e cesfemmesdontlepéri-
née est, depar sa nature,
essentiellementsouple
etélastique,
supposons,
disons-nous,
que cesfemmes deviennent encein¬tes,ajoutonsauxorganes
génitaux
decesfemmes le ramollis¬sement
physiologique
que la grossesse imprimeà leurs diffé¬rents tissus, et l'on comprendra sans peine qu'un fœtus volumineux, même en position sacrée, puissesortirsanspro¬
duire de déchirure. Si môme l'on tient compte de l'orienta¬
tion de la vulve, si l'on prend en considération la hauteur parfois insignifiante de la symphyse pubienne, on compren¬
dra ainsi fort bien qu'un siège
décomplété
puisse, même chez une primipare, être expulsé spontanément. Mais iciencore ces conditions ne sont pas
physiologiques,
cette con¬formation n'est pas générale, ce n'est
qu'exceptionnellement qu'on
la rencontre chez la femme, et ces particularités ana-tomiques, essentiellement personnelles, ne détruisent en rien ce que nous avons voulu démontrer.
Mais s'il en est ainsi, si aumoment de sonpassage le fœtus déchire le périnée, la courbure naturelle de la filièreest de ce faitsupprimée, la ligne devient horizontale, et rien d'éton¬
nant par suite à ceque le fœtus puisse sortir malgré la posi¬
tion essentiellement défavorable de sa tête demeurée en
arrière.
Il en serait de même si un homme devait franchir un
tuyau courbe : d'une chose ou l'autre, ou l'homme s'incur¬
vera de
façon
à s'accommoder à la courbe de ce tuyau, et alors il sortira sans y produire de déchirure, ou alors il nes'incurvera pas, 11e sortira pas, ou ne sortira qu'en yprodui¬
sant une rupture.
Si le fœtus se recourbe, c'est parce qu'il rencontre unobs¬
tacle, c'est parce qu'il est obligé de le faire s'il veut enfin sortir de la filiè'e. Supprimez l'obstacle, déchirez le périnée
et le fœtus n'aura plus besoin de s'incurver.
Pour le siège il en sera de même, mais ici ce n'est plus la déflexion de la tête qui va nous inquiéter, c'est la flexibilité
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du fœtus au niveau du tronc. Dans le siège
complet
nousavons vu combien, parsuite
de cette flexibilité, il était facile
d'incurver le fœtus sur son axe et de l'accommoder à la filière; mais dans le cas
qui
nous occupela situation n'est
plus la même, le fœtus,dont les membres inférieurs sont
relevéssur la paroi
abdominale, n'est plus assimilable à
un haltère, il est transformé en unevéritable tige rigide qui
ne sortira de la filière que dans desconditions identiques à
celles que nous avons
trouvées précédemment
pourle
som¬met demeuréen position
sacrée
Ces conditions,nouspouvonsencore
les énumérer ici, et il
nous sera facile de nous rendrecomptepar
quelques chiffres
que nous avons raison.La
petitesse du fœtus
a uneinfluence
réelle, avons-nous dit. En effet, le
poids le plus élevé
quenous ayons relaté est
celui d'un enfant pesant 3 kil. 500
chez une multipare
dont les parties génitales avaient été
plus ou moins
distendues
pardes accouchements anté¬
rieurs.
Nous avonsaussi trouvé dans nos recherches un fœtus du poids de 4 kilos chez une
primipare, mais l'observation
re¬cueillie à la Maternité de Pellegrin mentionne les faits sui¬
vants: accouchement très long et très difficile ayant amené
la mort du fœtus, déchirure profonde du
périnée
accompa¬gnée d'une hémorragie abondante due
à la rupture d'une
artère vaginale. Cepoids qui est presque une
exception
pourun enfant de primipare ne
ferait
queconfirmer
ce que nous voulons démontrer, à savoir que la petitesse dufœtus est
un des facteursessentiels pour quel'expulsion
sefasse bien,
c'est-à-dire
spontanément,
sansoccasionner de déchirure.
Après cela noustrouvons que
les poids des fœtus expulsés
spontanément oscillent entre
2 kil. 5 et 3 kilos
:au-dessus de
3.000, on note toujours des
déchirures périnéales,
oubien
une multiparité
extrême. C'est ainsi
que nousrelevons le
chiffre de 3 kil. 350 pour le fœtus d'une
décipare dont,
onle
comprend sans peine,les parties génitales devaient être plus
ou moins dilacérées ou tout au moins distendues par