FACULTÉ
DEMÉDECINE
ET DE PHARMACIE DE BORDEAUXANNÉE 1901-1902 N° 81
CONTRIBUTION A
L'ÉTUDE
I de îèsefl
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
Présentée etsoutenue publiquementle 30 Mai 1902
PAR
David
PÉTRANOFF
Né le 15septembre1875, à Sliven (Bulgarie).
!MM. BOURSIER
MOURECHAVANNAZ agrègechargéprofesseur.... Président
decours)) Juges.Le Candidat répondra aux questions qui lui seront faites sur les diverses parties de l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI — PAUL CASSIGrNOL 91 — RUK PORTE-DIJKAUX — 91
1902
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DENABIAS, doyen — M.
PITRES, doyen honoraire.
PROFESSEURS
MM. M1GÉ
)
DUPUY MOUSSOUS.
Professeurs honoraires.
Cliniqueinterne...
MM.
MM.
\ PICOT.
Physique médicale... BERGON1É
) PITRES. Chimie
BLAREZ.
. \ DEMONS.
Histoire naturelle
...GUILLAUD
Clinique externe
jLANELONGUE. Pharmacie FIGUIER.
Pathologie et théra-
Matière médicale
... .peutique
générales. VERGELY. Médecine expérimen-
Thérapeutique
ARNOZAN. taie
Médecine opératoire.
MASSE. Clinique ophtalmolo-
Clinique
d'accouché- gique
ments LEFOUR.
Clinique des maladies
Anatomie pathologi- ..
chirurgicales des en-
que
COYNE. fants
Anatomie
CANNIEU Clinique gynécologique
Anatomie générale et
Clinique médicale des
histologie
V1AULT. maladies des enfants
Physiologie
JOLYET. Chimie biologique...
Hygiène..
LAYET. Physique pharmaceu-
Médecinelégale
MORACHE. tique SIGALAS.
AGRÉGÉS EU
EXERC IC E
:section de médecine(Pathologie interne et
Médecine léqale.)
MM. SABRAZÈS. j MM.
MONGOUR.
LE DANTEC. |
CABAN NES.
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de NABIAS FERRÉ.
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A. MOUSSOUS DENIGÈS.
section de chirurgie et accouchements
Pathologie externe'
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naturelle BE1LLE.
sectiondes sciencesphysiques
Chimie MM.
BENECH. | Pharmacie M. DUPOUY
COURS COliri
ÉUIÎATA 1 R BOS
:Clinique des maladies
cutanées et syphilitiques ' MM. DUBREUILH.
Clinique des
maladies des voies urinaires
Maladiesdu larynx,des
oreilles et du
nezMaladiesmentales Pathologie interne Pathologieexterne Accouchements
Physiologie
Embryologie ;
Ophtalmologie
Hydrologieet
Minéralogie
Pathologie exotique
LeSecrétaire dela Faculté:
POUSSON.
MOURE.
REGIS.
RONDOT.
DENUCiv.
FIEUX.
PACHON.
PRINCETEAU LAGRANGE.
CARLES.
LE DANTEC.
LEMAIRE.
Pardélibération du 5 août 1879,la
Faculté
aarrêté
queles opinions émises dans les
Thèsesquiluisontprésentées
doivent être considérées comme propres à leurs auteurs,
qu'elle n'entend leurdonner
ni approbation ni improbation.
A MON
PÈRE
ET A MAMÈRE
A MA SŒUR ANASTA CIA
A MON
BEAU-FRÈRE
D1MITREKLATNOFF
COLONEL EN RETRAITE
Faible témoignage de mon éter¬
nelle reconnaissance de tout ce
qu'ilsontfait pourmoi.
mÊmSà
A MA SŒUR
NÉVÉNA
A MON
FRÈRE
A MES AMIS
!?4 J .
A MONSIEUR LE
DOCTEUR MOURE
CHARGÉ DU COURS DE LARYNGOLOGIE, DOTOLOGIE ET DE RHINOLOGIE
A LA FACULTÉ DE MÉDECINE DE BORDEAUX
A mon Président de Thèse
MONSIEUR LE DOCTEUR
ANDRÉ
BOURSIERPROFESSEUR DE CLINIQUE GYNÉCOLOGIQUE A LA FACULTÉ DE MÉDECINE
DE BORDEAUX
CHIRURGIEN DES HOPITAUX
MEMBRE CORRESPONDANT DE LA SOCIÉTÉ DE CHIRURGIE OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
AVANT-PROPOS
En terminantnos étudesmédicales et avant notre
départ,
c'est pour nous le plus doux et le plus cher des devoirs de présenter à nos éminents maîtres de la Faculté et des
Hôpi¬
taux
l'expression
de notre profonde gratitude et de notre sincère reconnaissance pour l'enseignement qu'ils nous ont donné durant nos études avec une bienveillance et une bonté toutes paternelles. Qu'ils reçoivent ici nos plus sin¬cères remerciements etqu'ils veuillentbien regarder là, non pas l'exécution d'une banale formalité, mais bien l'expres¬
sion de sentiments vraiment partis du fond du cœur.
Pendant notre séjour enFrance, et surtout au début de nos
études,
les difficultés que nous avons rencontrées pour apprendre la langue française ont été bien atténuées parnos amis et camarades français, grâce à leur amabilité et à leurssympathiques encouragements. Que nos amis et cama¬
rades nous permettent
d'exprimer
ici publiquement toute notre reconnaissanceetnos remerciementspourl'hospitalité large et bienveillante que nous avons reçue, ainsi que pour tout cequ'ils ontfait pour nous.M. le Dr Moure a bien voulu nous inspirer le sujet de notre thèse. Qu'il veuille bien nous permettre de lui exprimer toute notre gratitude et lui adresser nos plus sincères remerciements.
QueM. le Dr Brindel, aide declinique, soit assuré de toute notre reconnaissance pour les conseils qu'il nous a donnés dans le cours de notre travail et pour les bons soins qu'il
nous a prodigués pendant notre maladie.
Nous nous faisons aussi un grand plaisir et un devoirde témoigner notre respectueuse reconnaissance à M. le Prof.
Boursier, qui a bien voulu nous faire le très grand honneur d'accepter la présidence de notre thèse. Nous le prions de
vouloir bien accepter l'hommage de notre entier dévoue¬
ment.
Dans notre modeste travail, nousn'avons pas jugé néces¬
saire
d'exposer
l'anatomie de la membrane du tympan ainsi que celle de la caisse du tympan.Dans
l'exposé
des maladies pourlesquelles la paracentèse est indiquée, nous nous sommes attaché plus particulière¬ment à leurs traitements et à indiquer dans quels cas elle
estjugée nécessaire. Nous avons désigné les cas dans les¬
quels elle est le plus fréquemment employée et donne les meilleurs résultats.
Nous avonsdivisé notre travail en cinq parties : 1° Historique.
2° Les affections dans lesquelles elle est indiquée.
3° Manuel opératoire.
4° Observations.
5° Conclusions.
CHAPITRE PREMIER
HISTORIQUE
Sous le nom de paracentèse du tympan ou de myringoto- rnie, on comprend la perforation artificielledu tympan dans
un but
thérapeutique.
La paracentèse du tympan, jusqu'à la moitiédu xixesiècle, n'était pratiquée que pour l'amélioration de l'ouïe. Les tentatives de guérison ou bien d'amélioration de l'ouïe par la paracentèse du tympan datent du xvne siècle. Riolan, en
1649, avait constaté qu'un sourd-muet avait recouvré l'usage de l'ouïe
après
s'être déchiré accidentellement le tympanavec un cure-dent. C'est Riolan qui paraît avoir le premier proposé cette opération pour les sourds. Elle a été pour la première fois pratiquée à Paris par Eli,en 1760,sur l'homme.
Dès le début, cette opération a souffert de manque d'indi¬
cations précises et les résultats quel'on obtenait étaient peu concluantsetdéfavorables.Acausedecesmauvaisrésultatson fut forcé de reconnaître le peu de bénéfice qu'il fallaitretirer de la paracentèse du tympan, soit que l'ouverture artificielle
sefermât rapidement, soit queles malades sur lesquels on la pratiquait étaient atteints d'une lésion de l'oreille interne.
Himlyet
Astley-Cooper,
au commencement de notresiècle,ontobtenu d'abord quelques bons résultats, mais qui n'ont paspersisté. Enfin dans lesvingt dernièresannéesnous rele¬
vons quelques tentatives faites pour remettre la paracentèse du tympan en honneur. Bonnafont, Bosio, Burnett,Pomeroy, Sexton, Miot publient des succès obtenus par laparacentèse
du tympan,
soit
dansdes
casde sclérose de la caisse, soit
dans d'autres affections.
C'est surtout à Schwartze que
revient le grand honneur
d'avoir sorti la
paracentèse du
tympande cet oubli et d'avoir
donné de nouveau ses indications en se basant sur des recherches purement et
simplement anatomo-pathologiques.
La
paracentèse du
tympan en vuede l'éloignement des
exsu- dats de la caissea été pratiquée parItard, Busson, Frank,
Bonnafont, mais sans indicationsprécises,
parce quele
diagnostic des accumulationsd'exsudats dans la caisse était
incertain. Depuis
le
moded'éclairage introduit
par v.Trôltsch, l'on est arrivé
à reconnaître les modifications du
tympanqui permettent,
commele montrent les recherches
de Schwartze et Politzer, de conclure sûrementou avecvrai¬
semblance àune accumulation d'exsudat dans la caisse.
C'est Schwartze qui a introduit dans la
pratique et géné¬
ralisé la
paracentèse
du tympan; etd'après de nombreuses
observations, tousleschirurgiens sont d'accordpoursignaler
cette
opération
comme unedes plus importantes
aupoint de
vue pratique et une
des plus riches
aupoint de
vuedes
résultats.
CHAPITRE II
Myringite
aiguë.Sous le nom de myringite on comprend l'inflammation de la membrane du tympan. Dans le plusgrand nombre decas, l'inflammation du tympan est secondaire et succède à des inflammations du conduit auditif externe ou bien de la caisse du tympan. Etant donné que le tympanest une mince cloison qui sépare de la caisse le conduit auditif externe et quecette cloison est anatomiquement formée par l'adosse-
mentdes membranes qui tapissent ces deux cavités, on
comprend très facilementcomment leur inflammation peut retentir sur le tympan. Cependant il existe des cas où l'in¬
flammation du tympan est primitive. Elle reconnaît des causes diverses: une contusion, une plaie, très souvent l'action du froid; elle est une conséquence de la syphilis à la période secondaire. Les injections chaudes et surtout
froides,
la pénétration de l'eau dans le conduit pendant le bain de mer ou de rivière, lesvapeurs irritantes, le contact des corps étrangers sont des causes assezfréquentes
pour ledéveloppement
de la myringite.Symptomatologie.
— Le début de la myringite aiguë est généralementbrusque;
ellese déclare au milieu de la nuit par des douleurs extrêmement vives au fond de l'oreille, rayonnant vers le crâne, accompagnées de pulsations et de bourdonnements violents; quelquefois il y a de l'agitation,du délireet de la fièvre, surtout chez les enfants. En même
temps
l'ouïe est pervertie, il existeune hyperacousie bien— 14 —
marquée. Les bruits aigus causent
de la douleur
aumalade,
parce qu'ils provoquent un
plus grand nombre de vibrations
du tympan, ce
qui
prouve que cesont les mouvements de
l'organe malade qui
déterminent la douleur.
Cette
hyperacousie, constatée
audébut d'une affection
aiguë de l'oreille,
d'après certains auteurs, paraît être
comme un signe presque
pathognomonique d'une myringite
aiguë primitive.
A l'examen otoscopique, on
constate
unevascularisation
considérable du tympan, surtout
marquée à la périphérie et
le long du manche du marteau.
L'éclat normal du tympan
a disparu, l'aspect de sasurface ressemble à
un verredépoli.
Dansles degrés plus avancés,
la membrane du tympan pré¬
sente une rougeur diffuse, rouge
cuivre, le manche du
mar¬teau disparaît, la
pointe de l'apophyse externe seule est visi¬
ble. L'épiderme de la
membrane du tympan
segonfle, le
tissuconjonctif
sous-jacent est infiltré et il
seforme à la
surface du tympan des
vésicules remplies de liquide séreux
ou purulent, de
la
grosseurd'un grain de chènevis, qui
prennent
parfois des dimensions beaucoup plus grandes.
Quelquefois on voit
les parties du conduit auditif externe
avoisinant le tympan rouges
et gonflées.
Marche, durée etterminaison. —
Dans la myringite aiguë,
>qui n'est pas
accompagnée d'un gonflement notable du tym¬
pan ni d'une
exsudation dans l'oreille
moyenne,tous les
symptômes
disparaissent rapidement et elle guérit dansla
plupart des cas au
bout d'une semaine. L'inflammation de
la membrane du tympan,
lorsqu'il
y agonflement de la
membrane avec exsudât, peut se propager
du côté de la
caisse et donnerlieu au développement
d'une otite
moyenne aiguë. Le passageàl'état chronique delà myringite aiguë
n'est pas
très fréquent. On voit alors la couche épidermique
de la membranedu tympan
s'exfolier, des granulations
se développerà
sasurface et lui donner
unaspect framboisé.
En général, la
myringite aiguë
estd'un pronostic favorable,
si l'inflammation ne se propage pas
à la caisse, et guérit
rapidement avec untraitement bien institué.
Diagnostic.
—Les altérations anatomiques que l'on cons¬tate à l'examen, localisées sur la membrane du tympan,per¬
mettent de distinguer la myringite aiguë de l'otite externe.
Le diagnostic différentiel entre la myringite aiguëet l'otite moyenne purulente aiguë est
beaucoup
plus difficile et la confusion est fréquente. Dans la myringite aiguë, les altéra¬tionsanatomiques sont localisées sur le feuillet externe ou cutané de la membrane du tympan; le gonflement et l'hy- perhémie du derme masquent le manche du marteau, et à l'examen on ne le voit pas; tandis que, au début de l'otite moyenne purulente aiguë,
Phyperhémie
occupe le feuillet muqueux dutympan et les couches externes peuvent rester transparentes pendant quelque temps et conserver leur as¬pect normal. Ces symptômes différentielssont sensiblement variables, suivant que l'affection est à ses débuts ou non;
car la membrane du tympan ne tarde pas à perdre sa trans¬
parence, ou bien dans certains cas, à la suite d'affections antérieures, la membrane du tympan peut être soit atro¬
phiée, soit épaissie et opaque. Dans ces cas-là, la distinction entrela myringite aiguë et l'otite moyenne purulente aiguë
est impossible et les éléments d'un diagnostic différentiel doiventêtrerecherchésdans l'étudedestroubles fonctionnels.
L'otite moyenne purulente aiguë succède à un catarrhe naso-
pharyngien,
donton peut constater les signes ordinaires.Dans la myringite aiguë, la surdité n'est jamais complète,
tandis que dans l'otite moyenne elle est très souvent com¬
plète.
L'hyperacousie,
constatéeau début d'une affection del'oreille,
est considérée, comme nous l'avons dit dans lasymptomatologie,
comme un signe presque pathognomoni-que. La douleur, l'anxiété, la fièvre sont
beaucoup
plusaccentuéesetplus persistantes dans l'otite moyenne aiguë que dans la myringite aiguë ainsi que les étourdissements et les vertiges.
Traitement. — Au début de l'inflammation de la mem¬
brane du tympan on prescrit les
antiphlogistiques:
vessie de glace sur la région de l'oreille, évacuations sanguines,— 16 —
deuxoutrois sangsues entre
l'apophyse mastoïde et l'anti-
tragus, ou
bien
enavant du tragus. Pour combattre les dou¬
leurs, on emploie
des bains d'oreille de courte durée avec
des solutions tièdes:
Leconduit auditif externe doit toujours être
fermé
avec de la ouate. Lorsqu'onconstate la formation d'un abcès
dans la membrane du tympan,
accompagné de douleurs
violentes et
persistantes, il faut l'ouvrir à l'aide d'une ai¬
guilleen forme
de lance. Dans les
casoù le tympan est très
gonflé et
enflammé, lorsqu'il bombe
sousforme d'une petite
tumeur rouge violacé
du côté du conduit auditif externe,
après avoirdésinfecté le conduit auditif externe
parune
irrigationantiseptique,
enfaisant
uneincision
autympan
on combat beaucoup
plus rapidement l'inflammation et les
douleurs violentes que par
les autres
moyensthérapeuti¬
ques ; le
malade est soulagé instantanément et la maladie
ne tarde pas
à disparaître. Bonnafont, Schwartze et Richter emploient l'incision du tympan dans ces cas-là comme
moyen
antiphlogistique. Lorsque les autres moyens théra¬
peutiques
n'ont
pasréussi à faire disparaître l'inflammation
du tympan,
l'incision faite à temps peut éviter, en partie, sa propagation
auconduit auditif externe et à l'oreille moyenne,
et au lieu d'avoir uneplaie
à bords irréguliers, déchiquetés,
qui peutêtre très longue à
secicatriser et laisser des traces
plus ou
moins fâcheuses pour le fonctionnement normal du
tympan, on a une
plaie à bords réguliers, qui se cicatrise
beaucoup plus
rapidement et la durée de la maladie est de
beaucoup
raccourcie. Après l'incision,
onnettoie le tympan et
le conduit auditif externeet on
fait
unpansement
secavec
de la gaze
antiseptique,
quel'on renouvelle tous les jours
jusqu'à
cequ'elle soit complètement cicatrisée. En général,
Chlorhydrate de cocaïne
Sulfate de morphine.. . .
Glycérine
Eau
15centigrammes
25 —
ââ 25 grammes
— 17 —
aubout de trois ou quatre pansements le tympan est cica¬
trisé.
Otite moyenne catarrhale exsudative aiguë.
L'otite moyenne catarrhale exsudative est caractérisée anatomiquement par une hyperhémie plus ou moins pro¬
noncée,par ungonflementet une infiltration de lamuqueuse de l'oreille moyenne, par
l'épanchement
dans la caisse d'un exsudât clair, séreux ou muqueux. Elle se développe géné¬ralement sans symptômes de réaction bien prononcés et aboutit, soit à la guérison par la disparition des modifica¬
tions produites, soit à l'altération de l'ouïe parles désordres qu'elleproduit dans l'intérieur de la caisse.
Étiologie.
— L'otite moyenne catarrhale exsudative se développe à la suite d'influencesatmosphériques
; elleaccompagne souvent la plupart des maladies infectieuses;
mais généralement elle est due à l'extension de catarrhes aigus ou chroniques du naso-pharynx. L'exsudation formée
dans la caisse du tympan provient d'abord du processus inflammatoire de la muqueuse de l'oreille moyenne; en second lieu, d'après la plupart desauteurs, elle est fortement favorisée par l'obstruction de la tromped'Eustache et par la
raréfaction consécutive de l'air dans la caisse.
Lesvégétations adénoïdes ont une grande influence sur l'état de la caisse, par leur proximité avec la trompe d'Eus¬
tache. L'affection se propage le long de la trompe et gagne ainsi la caisse. Parfois l'otite moyenne catarrhalese déve¬
loppe à la suite de l'action du froid sur le conduit auditif externe et, dans ce cas, c'est le tympan qui est atteint le premier. Les paralysies des muscles de la trompe,sa com¬
pression par des tumeurs peuvent produire, dans certains
cas,
l'apparition
d'une otite moyenne catarrhale exsudative.Symptomatologie
—L'otite
moyennecatarrhale exsudativese
développe
en général sans douleur, pour ainsi dire. Au début de la maladie, le sujet atteint ressent une sensation de légères piqûres volantes. Plus rarement l'exsudation seP.
développe au
milieu de symptômes plus violents. Fréquem¬
ment le malade éprouve une
sensation de réplétion, de
malaise et de
plénitude dans l'oreille, sensation comparable
à celle que
l'on éprouve après un bain, lorsqu'il est resté un
peu
d'eau dans le conduit auditif externe. Un symptôme
important
de diagnostic, bien que non constant, sur lequel
Politzer a
appelé l'attention, c'est la sensation qu'éprouve le
malade
quand il déplace
satête, d'un corps ballottant dans
son oreille, qui
correspond
aumouvement de l'exsudat
contenudans lacaisse. Les
bruits subjectifs de l'ouïe ne sont
pas
constants, mais généralement intermittents. Ils appa¬
raissentsubitement par
suite d'une forte exsudation et sont
accompagnés d'une diminution rapide de l'ouïe. Ces bruits
subjectifs
sont dus à l'accroissement temporaire de la pres¬
sion
intra-labyrinthique,
parsuite soit de l'accumulation
d'exsudat dans la caisse,
soit de la tension anormale de
l'appareil de transmission du son. Généralement, après une
insufflation d'airdans la caisse,
les bruits subjectifs cessent
ou bien diminuent
d'intensité. Dans les
casoù les bruits
subjectifs
persistent
sansinterruption pendant longtemps
et malgré le
traitement, le pronostic est aggravé, parce qu'ils
sont l'indice d'une affection
des fenêtres du labyrinthe, ou
bien du
labyrinthe lui-même. La résonnance de la propre
voix du malade est un symptôme
souvent très pénible, et les
tentatives faites par
les malades
pour sedélivrer d'elle en
toussant et en se mouchant
fortement
nedonnent qu'un
résultat de peu
de durée. Rarement cette sensation persiste
après la
guérison. Un symptôme fréquent dans l'otite
moyenne
catarrhale exsudative est la sensation de craque¬
ment et declaquement
dans l'oreille
quele malade éprouve
surtout au moment de la
déglutition et delà mastication des
aliments. Cette sensation
résulte, soit du mouvement des
mucosités dans la trompe,soit
de la pénétration de bulles
d'air dans la caisse par la trompe.
Les altérations de l'ouïe
dans l'otite moyenne
catarrhale exsudative n'ont, dans la
plupart des
cas, aucunrapport avec la quantité visible de
— 19 —
l'exsudat;
mais ellesdépendent
plutôt de la tension anor¬male de la membrane du tympan et des osselets. La per¬
ception de la montre par les os du crâneest presque toujours conservée et il n'est pas rare que le tic-tacsoit entendu plus fortement sur la tempe du côté malade. Le
diapason
placésur la ligne médiane du crâne est perçu plus fort du côté de l'oreille malade.
Al'examen
otoscopique, l'aspect
présentépar la membrane dutympan
dans l'otite moyenne catarrhale exsudativedépend
dela durée del'affection,
de latransparence
du tym¬pan, du degré de l'obstruction de la trompe
d'Eustache,
de la quantité d'exsudat excrété et enfin du degré de congestion de la muqueusede la caisse. Lorsque la membrane du tym¬pan est
transparente,
à travers elle onvoit dans la partie inférieure de la caisse le liquide excrété, dont le niveau estséparé de
l'espace
de la caisse qui contient de l'air par une ligne bien marquée sur le tympan. Cette ligne est d'un gris sombre ou noire ; elle va d'avant en arrière, avec unelégère
courbure à concavité supérieure, ou bien elle est irré¬gulière. Il n'est pas rarede voir la ligne de niveau seulement
en avant du manche du marteau, ou bien derrière lui. L'as¬
pect de la membrane du tympan au-dessousde la ligne de niveau est d'un gris sombre etjaunâtre, tandis que, au-des¬
sus d'elle, le
tympan
conserve sa couleur normale gris bleuâtre. Si l'exsudat remplit toute la caisse, le liquiderecouvre toute la membrane du tympan, alors il n'y a pasde ligne de démarcation et l'exsudat dans ce cas n'est recon-
naissable que par la coloration particulière du tympan. Il a une coloration sombre avecun refletjauneverdâtre plusou moins prononcé. Lorsque la muqueuse du promontoire est fortement congestionnée, la èouleur jaune sombre de la membrane du tympan prend un reflet rouge. Le manche du marteau est bien marqué. Généralement la courbure du
tympan
n'estpas notablement modifiée, maisdans certains casla membrane bombe partiellement du côté du conduit auditif. C'est la portion inférieure de la membrane qui estordinairement
bombée
enforme de tumeur demi sphérique
ou huileuse, d'un
jaune sombre. Lorsque l'otite moyenne
catarrhale exsudative
existe depuis longtemps avec obstruc¬
tionde la trompe,
la membrane est poussée en dedans par
la
pression atmosphérique; on voit alors le manche du mar¬
teau fortement
incliné
endedans et en arrière, il est rac¬
courci et la courte
apophyse forme une saillie bien marquée
en dehors.
Marche,
durée et terminaison.
—L'otite moyenne catar¬
rhale exsudative a en
général une marche traînante et
aboutità la
guérison,
oubien laisse des troubles fonction¬
nels
permanents. Dans les otites moyennes catarrhales
récentes,
développées à la suite d'un rhume, le pronostic est
excellent, très
favorable, et la durée de l'affection est généra¬
lementcourte. Chez
les sujets bien portants, jouissant d'un
bon état
général,
avecla disparition de l'affection naso-pha-
ryngienne disparait aussi l'otite moyenne catarrhale, soit
spontanément par suite de la résorption de l'exsudat, soit à
la suite d'un
court traitement. Lorsque l'otite moyenne
catarrhale
exsudative
sedéveloppe à la suite d'une maladie
infectieuse, le
pronostic est moins bon, et d'ordinaire la
duréede
l'affection est plus longue. Il en est de même lors¬
que
le catarrhe se développe chez un sujet scrofuleux ou bien
atteint d'une
inflammation chronique du naso-pharynx.
Après là; guérison de l'otite moyenne exsudative, la mu¬
queuse
de l'oreille moyenne reste encore pendant quelque
temps
sensible et il suffit parfois d'un léger refroidissement,
d'un fort rhume
de
cerveaupour provoquer une nouvelle
exsudation.Ces
rechutes durent plus longtemps et sont dans
le
plus grand nombre de cas la cause principale de l'établis¬
sement d'un
catarrhe chronique de l'oreille moyenne. L'otite
moyenne
catarrhale récidive généralement en automne et
au
printemps et disparaît dans la saison chaude. Il n'est pas
rare de voirchez
les enfants l'otite moyenne catarrhale repa¬
raître
régulièrement pendant plusieurs années. L'état de la
trompe
d'Eustache est d'une grande importance pour la
— 21 —
marche de l'otite moyenne catarrhale exsudative. L'exsudat excrété dans la caisse influe
beaucoup
sur la marchede la maladie, non pas par sa quantité, maispar sa qualité. Nousavons dit plus haut que cet exsudât était séreux ou mu- queux,ou bien
séro-muqueux.
Les exsudats fluides peuventse résorber
beaucoup
plus facilement et plus vite que les exsudats muqueux. Quelquefois l'otite moyenne catarrhale peut se transformer en otite moyenne purulente. Dans quel¬ques cas des adhérences se forment entre les osselets, la membrane du tympan et les parois de la caisse; elles peu¬
vent avoir des conséquences plus ou moins graves pour l'ouïe. Si après une ou plusieurs insufflations d'air dans la caisse, on remarque un accroissement notable del'ouïe, on peut être certain du pronostic favorable de la maladie.
Diagnostic.
— Ledébut de l'otite moyenne catarrhale exsu¬dative n'est pas aussi
brusque
que celui de l'otite moyenne aiguë. L'otite moyenne catarrhale sedéveloppe
sans dou¬leurs vives pour ainsi dire; le maladeéprouveune sensation de plénitude dans son oreille. Quand il
déplace
sa tête, il a la sensation d'un corps ballottant dans son oreille. Les bruitssubjectifs de l'ouïeque le maladeéprouve ne sont pas cons¬
tants, mais ordinairement intermittents; ils apparaissent rapidement, accompagnés d'une diminution de l'audition.
A l'examen
otoscopique,
letympan
dans l'otite moyenne catarrhale n'est pas congestionné comme dans l'otite moyenne aiguë. Le manche du marteau est visible, il est raccourci et la courte apophysefaitune saillie bien marquéeen dehors, oubien plussouvent le manche du marteau con¬
serve son aspect etsa position normaux. Lorsque l'exsudat excrété dans la caisse ne la remplit pas
complètement,
la partie du tympan situéeau-dessus de l'exsudat conserve sacoloration normale gris bleuâtre, tandis que la partie située au-dessous est d'une couleur gris sombre jaunâtre. Si la caisse est remplie complètement d'exsudat, la membrane du
tympan
prend tout entière la coloration gris jaunâtre,caractéristique
pourlediagnostic
d'un épanchement dans la caisse.- 22 —
Traitement. —Les
principales indications à remplir dans
l'otite moyenne
catarrhale exsudative sont les suivantes
:1° traitement de l'affection du naso-pharynx,
qui
adonné
naissance au développement
de l'otite
moyennecatarrhale
;2° rétablissement de la
perméabilité de la trompe d'Eustache;
3°l'éloignement
de l'exsudat de la caisse.
Si le malade est atteint d'un coryza,
il
fautinstituer le
traitement
approprié. L'antisepsie du naso-pharynx et de la
gorge doit
être observée. Chez les enfants
onordonne de faire
couler dans le nez trois ou quatre
fois
parjour quelques
gouttes de lasolution suivante
:Huiled'olives 50 grammes
Menthol 1 —
S'il y a de
la pharyngite,
onbadigeonne la
gorgetrois ou
quatrefois
parjour
avec unpinceau imprégné de glycérine
salolée à
1/20. Chez l'adulte,
onprescrit l'usage de la vaseline boriquée à 1/5,
oubien la poudre suivante à priser
:Acide borique
10
grammesSalol 4 —
Menthol 25 centigram.
Chlorhydrate de cocaïne
25
—Pour faire l'antisepsie
de la bouche et de la
gorge on ordonne des gargarismesémollients salolés tels
que :Alcool 100 grammes
Salol 4 —
Saccharine 50 centigram.
Teinturede vanille X gouttes
Essence de menthe X —
une cuillerée pour un verre
d'eau.
Les inhalations des vapeurschaudes renfermant
du
men¬thol donnent de très bons résultats lorsque les
phénomènes
inflammatoires atteignent simultanément le nez,
l'arrière-
nez et le pharynx Lorsque le
sujet atteint d'otite moyenne
catarrhale est porteur
de végétations adénoïdes, d'éperons
etde déviations de la cloison et surtout de queues de cor¬
netshypertrophiées, il faut lestraiter à froid, parceque toutes
ces lésions sont souvent la cause de récidives fréquentes.
Pour l'établir la perméabilité de la trompe,on y arrive par les insufflations d'air dans la caisse. Parmi les méthodes employées, nous citons : l'expérience de Valsalva, leprocédé de Politzer et le cathétérisme de la trompe. Le pro¬
cédé de Politzer est très souvent employé chez les enfants et chez les malades dont la trompe n'est pasfortementobstruée.
Mais le meilleur procédé pour les insufflations d'air dans l'oreille moyenne, c'est le cathétérisme de la trompe. On em¬
ploie le procédéde Politzer:
a)lorsque
le malade doitsefaire les insufflations lui-même ;b)
lorsque l'on ne peut pas pas¬ser une sonde à caused'une atrésie des fosses nasales oubien à causedes réflexes pharyngiensviolents.Le cathétérisme de la
tromped'Eustache
est préférableetmeilleursi l'obstruction tubaire est unilatérale et surtout, lorsque la membrane du tympan du côté opposé est relâchée etmince, on risquede la perforer par le procédé de Politzer. Les douches d'air sou¬lagent le labyrinthe en refoulant le tympan et les osselets en dehors ; elles empêchent les synéchies qui peuvent se pro¬
duire entre le tympan et le promontoire ; elles facilitent la
résorption de l'exsudat en l'étalantsur toute la surface de la caisse et en chassant une partie hors de la caisse parla trompe. Il convient de pratiquer les insufflations au com¬
mencement du traitement une fois tous les deux ou trois jours ; au furet à mesure que progresse l'amélioration de l'ouïe, on espace les insufflations de plus en plus
jusqu'à
la guérison. Après une insufflation le malade se sent soulagé de suite, il n'a plus de bruits subjectifs et remarque un accroissement notable de l'acuitéauditive. Ce résultat n'est malheureusement que de courte durée. La douche d'air doit être répétée à intervalles d'autant plus rapprochés que ses effets sont plus fugaces. Si les résultats ne per¬sistent que quelques heures, la douche d'airdoit être pra¬
tiquée tous les jours ; mais
lorsque
l'amélioration durevingt-quatre
heures,
onla pratique tous les deux ou trois
jours.
Lorsque la
caisse est complètement remplie d'exsudat et
que
l'air n'y pénètre
pasdu tout, ou bien lorsque, après chaque
insufflation, l'amélioration
disparaît rapidement, et
que aubout de quinze
à vingt jours de traitement on n'arrive pas à
faire résorber l'exsudat,on est
obligé de l'évacuerpar la voie
du tympan.
On peut
comparerl'otite moyenne catarrhale
exsudative à une
pleurésie. Si la caisse est complètement
remplie,
il faut donner issue à
celiquide, de môme que s'il y
a peu
de liquide
quel'on
nepeut pas faire résorber, il ne
faut pas le
laisser longtemps dans la caisse, de peur de le
voirse transformer en une otite moyenne
catarrhale chro¬
nique. La
paracentèse du tympan dans l'otite moyenne
catarrhale exsudative est
indiquée
:1° lorsque la caisse est complètement remplie d'exsudat et l'air n'y pénètre pas du
tout; 2° lorsque
le traitement pendant quinze
ouvingt jours
n'a pas
amené
unediminution notable de l'exsudat et une
améliorationdurable'del'ouïe;3°
enfin lorsque l'épanchemen^
même peu
abondant, est très visqueux ou muqueux, parce
qu'alors
les insufflations
neréussissent pas souvent à en
provoquer
l'évacuation et
sarésorption. Le liquide dans la
caisse, dans
quelques
cas, sereproduisant souvent après
chaque
par'acentèse,
onest obligé de pratiquer l'ouverture
artificielle du tympan au
galvanocautère, de façon que la
perforation
ne sereferme
pastrop rapidement.
La
paracentèse du tympan,
eneffet, est le meilleur moyen
pour
évacuer l'exsudat; elle raccourcit beaucoup la durée de
la maladie et guérit presque
toujours, lorsqu'elle est faite
suivant les règles de
l'antisepsie la plus minutieuse. Elle
présente un
inconvénient
:c'est d'exposer le malade au dan¬
ger d'une
infection secondaire de la caisse qui transforme
l'otite moyenne
catarrhale exsudative
en uneotite puru¬
lente; elle nedoit donc
être pratiquée
quelorsque
sesindi¬
cations sont nettementposées et avec une
antisepsie aussi
rigoureuse que
possible.
— 25 -
Otite moyenne purulente
aiguë.
L'inflammationaiguë de l'oreille moyenne est caractérisée par une hyperhémie considérable de la muqueuse de la caisseet par le développement rapide dans la caisse d'une exsudation, d'un
épanchement
séreux, séro-purulent ou purulent, au milieu de phénomènes inflammatoires plusou moins violents. Les lésions inflammatoires de l'oreille moyenne sont d'une très grande fréquence, et on peut dire que souvent la plupart des surdités ne reconnais¬
sentpas d'autres origines. La trompe d'Eustache participe
presque toujours aux phlegmasies de l'oreille moyenne»
comme il en est souvent des cellules mastoïdiennes,si bien que l'on peut décrire sous le nom d'otitemoyenne l'inflam¬
mation de la caisse et celle de la tromped'Eustache.
Donc, l'inflammation de l'oreille moyenne est rarement limitée à la caisse, généralement elle s'étend à des degrés divers à la trompe d'Eustache, aux cellules mastoïdiennes, à la membrane du tympan, et quelquefois à la première portion du conduit auditif externe.
Etiologie.
- L'otite moyenne aiguë se rencontre à tous les âges, mais elle est surtout fréquente dans la jeunesse et l'adolescence. Son excessive fréquence chez les jeunes enfants et chez les nouveau-nés n'est connue que depuis les recherches de von Trôltch, Schwartze, de Wreden, Parrot et Renaut. L'otite moyenne aiguë succède à des cau¬ses locales ou générales. Tantôt l'inflammation débute par la muqueuse de la caisse etgagne ensuite les autres parties de l'oreille moyenne; tantôt elle est consécutive, plus fré¬
quemment, à une lésion inflammatoire,
développée
primiti¬vement sur la muqueuse naso-pharyngienne, qui s'est rapi¬
dement propagée à la trompe d'Eustache, à la caisse de l'oreille moyenne et quelquefois aux cellules mastoïdiennes.
L'inflammation primitive de la caisse reconnaît quelque¬
fois une cause traumatique telle que : les plaies du tympan
- 26 —
avec ou sans introduction de corps étrangers dans la caisse, les manœuvres pratiquées pour les extraire, les fractures des parois delà caisse. A la suite d'une otite externe oud'une myringite, le processus inflammatoire peut se propager à
l'oreille moyenne. L'otite moyenne aiguë a quelquefois pour causes les phénomènes atmosphériques : changements brusquesde
température,
tempsorageux, humidité.Lapéné¬tration de l'eau dans le conduit auditif, à la suite d'un bain froid, peut la produire. Mais dans le plus grand nombre des
cas, l'otite moyenne aiguë est consécutive à l'inflammation de
l'arrière-gorge
et des fosses nasales et reconnaît toutes les causes qui peuvent les produire, et qui, souvent, agis¬sent en même temps sur l'oreille. Les végétations adénoïdes sont une des causes les plus fréquentes et les plus impor¬
tantes de l'inflammation aiguë de la caisse. Les affections spécifiques du naso-pliarynx peuvent occasionner l'otite moyenne. Wreden a démontré l'existence d'une otite moyenne succédant à la diphtérie des fesses nasales et du pharynx. Les affections syphilitiques du naso-pharynx sont
souvent la cause déterminante del'inflammation aiguë de la trompe d'Eustache et de la caisse.
L'otite moyenneaiguë accompagne trèssouvent les fièvres éruptivesrla fièvre scarlatine, la rougeole, la variole. Les troubles de l'ouïe constatés si fréquemment au cours et à la suite de la fièvre typhoïde d'après Schwartze et Hoffmann, devraient être très souvent rapportés à une inflammation aiguë de l'oreille moyenne dont les symptômes
échappent
pendant la maladie au milieu des phénomènes si graves, propres à la fièvre typhoïde. Dans le plus grand nombre de cas, l'inflammation atteint une seule oreille ; plus rarementles deux oreilles sont atteintes, soit simultanément, soit successivement. Lorsque l'otite moyenne aiguë se produit
à
la suite d'une maladie générale infectieuse, elle estordinai¬
rement bilatérale.
Symptomatologie.
— L'otite moyenne purulente aiguë dé¬buteengénéral
brusquement,
aumilieudelà nuit,auxheures- 27 -
les plus froides. Elle s'annonce ordinairement par une dou¬
leur d'une violence extrême qui occupe l'oreille et rayonne dans toute la tête. La douleur est rarement continue, elle est plutôt intermittente; le soir et la nuit elle atteint un degré très élevé, tandis qu'elle diminue pendant le jour. Elle est augmentée par la toux,
l'expectoration,
la déglutition. La pression surla région externe de l'oreilleet l'apophyse mas- toïde provoque rarementde la douleur chez les adultes, plussouvent chez les enfants ; au contraire, la pression dans l'angle formé par
l'apophyse
mastoïde et la branche ascen¬dante de la mâchoire inférieure est généralement doulou¬
reuse. Dans quelques cas des phénomènes générauxne tar¬
dent pas à apparaître : une vive agitation, souvent du délire, surtout chez lesenfants, cequi peut induire en erreur pour- un début de méningite. Le malade ne peut pas dormir la nuit, il va et vient, se promène dans sa chambre toute la nuit, pousse des cris plaintifs et rien ne paraît le soulager.
Lorsque la perforation du tympan n'est pas produite, on constate souvent chez les enfants des symptômes méningi- tiques assez intense, tels que : fièvre assez élevée, vomisse¬
ments, perte de connaissance, symptômes qui peuvent nous faire croire que l'on est en présence d'une affection céré¬
brale.
L'otite moyenne aiguë est très fréquemment accompagnée
de sensations subjectives de l'ouïe, bouillonnements, siffle¬
ments, bourdonnements, pulsations. Ces bruits subjectifs résultent de l'hyperhémie du labyrinthe ou bien sont le résultat de la pression exercée sur les fenêtresdulabyrinthe
par l'exsudat excrété dans la caisse. Le malade a souvent une sensation deplénitude dans son oreille, de lourdeur et de gêne danssa tête; sa propre A'oix lui paraît résonnante.
Au début de l'otite moyenne aiguë, l'ouïe est légèrement
diminuée,
excepté dans les cas où il y a une exsudation rapide dans la caisse, parce qu'à ce moment les modifica¬tions
pathologiques
consistent surtouten une forte hyperhé-mie qui n'altère pas
beaucoup
la transmission du son. Plus— 28 —
tard la dureté de l'oreille augmente de plus en
plus, soit
par suite de l'accroissement de l'exsudat et de son accumulation dans la caisse, soit par suite du gonflement etde l'infil¬
tration du revêtement des osselets et des deux fenêtres du labyrinthe, soit
enfin
par suite del'obstruction de la trompe
d'Lustache. La perception du son par
les
osdu crâne est
conservée et indique, en
général, l'état normal du nerf
auditif.
A l'examen otoscopique la membrane du tympan
présente
plusieursvariétés, suivant l'intensité de l'inflammation et
suivant que l'on
l'examine
avant ouaprès
laperforation.
Dans les formes légères, le tympan est hyperhémié surtout
à la périphérie etle long du
manche du
marteau,tandis
que la partie du tympansituée
entrele manche du marteau et la périphérie apparaît
grise, sanséclat.
A undegré plus élevé la
rougeur s'étend sur toute la surface delà
membrane du
tym¬pan, elle est
uniformément
rougeécarlate
oulivide,
oubien
ressemble à l'aspect d'une plaque de cuivre
brillant.
Leman¬che du marteau
disparaît rapidement, il
estinvisible
par suite dePhyperhémie
et dugonflement du
tympan;seule l'apophyse
externedu marteauapparaît
sousforme d'une
petite vésicule decouleur jaune blanc. L'éclat normal du
tympan disparaîtvite
parsuite de l'infiltration séreuse et de
la desquamation de son
épithélium.
Lasurface du
tympan peut présenter des saillies, produites parles sérosités épan¬
chées entre ses couches, ou bien par
l'accumulation de
l'épanchement dansla caisse. Lorsqu'il s'est formé
unépan-
chement dans la caisse, le tympan dans sa partie postéro-
inférieure est refoulé en dehors dans le conduit auditif externe, sous forme d'une petite tumeur rouge
violacé.
Dans le plus grand nombre de cas le tympan
bombe dans
sa partie
postéro-inférieure
ouantéro-inférieure
;mais il est
des cas où on le voitbomber àsa partie supérieure au
niveau
de la membrane de Schrapnell. La partie la plus
saillante où
va se faire la perforation estcolorée enjaune verdûtre et
est
recouverte d'épiderme fendillé. La