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Exercices corrigés d’algèbre linéaire

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Academic year: 2022

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(1)

Exercices corrigés d’algèbre linéaire

1. Espaces vectoriels, sous-espaces.

2. Applications linéaires.

3. Dimension, rang.

4. Espaces fonctionnels.

5. Algèbres.

6. Matrices.

7. Dualité.

8. Déterminants.

9. Systèmes linéaires.

10. Réduction des endomorphismes.

11. Farrago final.

Pierre-Jean Hormière

__________

« A chaque minute nous sommes écrasés par l’idée et la sensation du temps.

Et il n’y a que deux moyens pour échapper à ce cauchemar, pour l’oublier : le Plaisir et le Travail. Le Plaisir nous use. Le Travail nous fortifie. Choisissons. »

Baudelaire (Hygiène, Journaux intimes) Le travail, donc ! Mais le travail est aussi source de plaisir… Voici quelques exercices classiques d’algèbre linéaire, choisis pour leur consistance plus que pour leur difficulté. Ils sont groupés par thèmes, mais cette classification est approximative, et les solutions proposées supposent connu tout le cours d’algèbre linéaire. Les corrigés mettent en lumière la pluralité des points de vue et des méthodes de résolution. Cette démarche peut dérouter ou déranger certains lecteurs, habitués aux solutions uniques, mais elle peut aussi en stimuler d’autres. J’ai parfois disposé les exercices de façon telle que le suivant généralise le précédent, et en donne la clé. Parfois même j’ai donné plusieurs versions du même exercice, pour montrer comment de légères variations dans l’énoncé mènent à des pistes fort différentes. Enfin, beaucoup de solutions sont conduites avec Maple.

Les § 10 et 11 sont mentionnés pour mémoire ; ils font l’objet d’un fascicule séparé.

___________

(2)

1 . Espaces vectoriels, sous-espaces.

Exercice 1 : indépendance des axiomes.

On rappelle que si K est un corps commutatif d’éléments neutres 0 et 1, on appelle K-espace vectoriel tout ensemble E muni :

• d’une loi interne, additive (x, y) ∈ E2 → x + y ∈ E faisant de E un groupe commutatif ; • d’une loi externe, (λ, x) ∈ K×E →λ.x ∈ E , vérifiant les quatre axiomes :

(EV I) ∀λ∈ K ∀(x, y) ∈ E2 λ.(x + y) = λ.x + λ.y ; (EV II) ∀(λ, µ) ∈ K2 ∀x ∈ E (λ + µ).x = λ.x + µ.x ; (EV III) ∀(λ, µ) ∈ K2 ∀x ∈ E λ.(µ.x) = (λ.µ).x ; (EV IV) ∀x ∈ E 1.x = x .

1) Montrer que la commutativité de l’addition découle des autres axiomes.

2) Montrer que l’axiome (EV I) ne découle pas des autres, à moins que K ne soit un corps premier.

3) Montrer que l’axiome (EV II) ne découle pas des autres.

4) Montrer que l’axiome (EV III) ne découle pas des autres.

5) Montrer que l’axiome (EV IV) ne découle pas des autres.

Solution : 1) Notons 2 = 1 + 1.

En vertu de (EV I) et (EV II) : 2.(x + y) = 2.x + 2.y = (x + x) + (y + y).

En vertu de (EV II) : 2.(x + y) = (1 + 1).(x + y) = (x + y) + (x + y).

Par soustraction, il vient x + y = y + x.

2) Soient E un C-espace vectoriel de dimension n ≥ 2, D une droite vectorielle de E.

Posons λ∗ x = λ.x si x ∈ D , λ∗ x =

λ

.x si x ∉ D .

Le lecteur s’assurera que (E, +, ∗) satisfait tous les axiomes, sauf (EV I).

Rappelons qu’un corps premier est un corps K n’ayant pas d’autre sous-corps que K.

Il est isomorphe, soit à Z/pZ (p premier), soit à Q. Alors (EV I) découle des autres axiomes.

3) Soient E un R-espace vectoriel non réduit à {0}. Posons λ∗ x = x pour tout x ∈ E.

Le lecteur s’assurera que (E, +, ∗) satisfait tous les axiomes, sauf (EV II).

4) Soit E un C-espace vectoriel non réduit à {0}. Munissons E de la loi externe λ ∗ x = Re(λ).x.

(E, +, ∗) satisfait à tous les axiomes, sauf (EV III) car i2∗ x = − x , tandis que i ( i ∗ x ) = 0.

Plus généralement, soient E un K-espace vectoriel non réduit à {0} et f : K K un endomorphisme du groupe additif K, tel que f(1) = 1 et qui n’est pas un morphisme pour la multiplication, alors (E, +

∗), où λ∗ x = f(λ).x, satisfait tous les axiomes sauf (EV III).

5) Munissons K×K de l’addition usuelle des couples et de la loi externe λ ∗ (x, y) = (λx, 0). On s’assurera que (K×K , +, ) satisfait à tous les axiomes, sauf (EV IV), car 1 ∗ (0, 1) = (0, 0) ≠ (0, 1).

Plus généralement, soient E un K-espace vectoriel, F et G deux sous-espaces supplémentaires ≠ {0}, p le projecteur sur F parallèlement à G, alors (E, +, ∗), où λ∗ x = λ.p(x), satisfait tous les axiomes, sauf (EV IV).

Référence : B. Hauchecorne, Les contre-exemples en mathématiques, Ellipses.

Exercice 2 : Montrer que R*+ est un R-espace vectoriel pour les deux lois suivantes :

• addition (x, y) → x ⊕ y = x.y • multiplication par un scalaire (α, x) →αo x = xα . Solution : On peut bien sûr vérifier tous les axiomes.

Le mieux toutefois est de considérer le logarithme x → ln x.

C’est une bijection qui envoie (R*+, ⊕, o) sur (R, +, ×), et vérifie identiquement ln(x ⊕ y) = ln x + ln y et ln(αo x) = α.ln x.

(3)

On ne peut dire que c’est un isomorphisme d’espaces vectoriels, mais qu’elle transporte la structure de R, considéré comme R-espace vectoriel, sur celle de (R*+, ⊕, o).

Alors (R*+ , ⊕ , o) devient un R-espace vectoriel, isomorphe à R.

Exercice 3 : Peut-on munir R×R d’une structure de R-espace vectoriel de façon telle qu’il devienne une droite vectorielle ?

Solution : La réponse est paradoxalement positive.

En effet, il existe une bijection f : R×R R. Munissons R×R d’une addition et d’une multiplication externe, définies resp. par x + y = f1( f(x) + f(y) ) et λ.x = f1(λ.f(x)). Muni de ces deux lois, R×R est un R-espace vectoriel isomorphe au R-espace vectoriel R, via f. C’est donc une droite vectorielle.

Inutile de dire que cette structure vectorielle est de peu d’intérêt.

On peut remplacer R par tout corps infini.

Remarque : les deux exercices précédents rentrent dans le même cadre : tout ensemble équipotent à un corps commutatif K peut être muni d’une structure de droite vectorielle sur K, par transport de structure.

Exercice 4 : thème et variations sur les sous-espaces vectoriels.

Si E est un espace vectoriel, on note V(E) l’ensemble des sous-espaces vectoriels de E, ordonné par l’inclusion.

1) Montrer que V(E) est un treillis pour l’inclusion, i.e. que deux éléments ont un sup et un inf.

2) Montrer que V(E) vérifie les identités dites "modulaires" : quels que soient F, G, H ∈ V(E) G ⊂ F ⇒ F ∩ (G + H) = (F ∩ G) + (F ∩ H) = G + (F ∩ H)

G ⊃ F ⇒ F + (G ∩ H) = (F + G) ∩ (F + H) = G ∩ (F + H) Montrer l’implication [ F ∩ G = F ∩ H , F + G = F + H , G ⊂ H ] ⇒ G = H .

3) Soient U, V, U’ et V’ des sous-espaces vectoriels de E, tels que U ∩ V = U’ ∩ V’.

Montrer que U = ( U + (V ∩ U’) ) ∩ ( U + (V ∩ V’) ).

4) Montrer que si E n’est pas de dimension 0 ou 1, le treillis V(E) n’est pas distributif, i.e. aucune des lois ∩ et + n’est distributive par rapport à l’autre.

5) Quels sont les éléments minimaux pour l’inclusion de V(E) − {{0}} ? Quels sont les éléments maximaux pour l’inclusion de V(E) − {E} ?

6) Soient F et G deux sev de E. Montrer que F ∪ G est un sev ssi F ⊃ G ou G ⊃ F.

Soit H un sev de E. Montrer que H ⊂ F ∪ G ⇒ H ⊂ F ou H ⊂ G.

Solution :

1) V(E) est un treillis complet.

Deux sous-espaces vectoriels F et G ont un plus petit majorant et un plus grand minorant pour l’inclusion : leur somme F + G, et leur intersection F ∩ G.

Mieux, même : le treillis V(E) est « achevé », ou « complet », en ce sens que toute famille (Fi)iI de sous-espaces vectoriels a une borne supérieure

∈I i

Fi et une borne inférieure

I

I i

Fi

. Rappelons que

I i

Fi est l’ensemble des sommes

I i

xi , où (xi)∈

∈I

i

Fi est à support fini.

2) V(E) est un treillis « modulaire ».

a) Montrons que G ⊂ F ⇒ F ∩ (G + H) = (F ∩ G) + (F ∩ H) = G + (F ∩ H) . On a toujours (F ∩ G) + (F ∩ H) ⊂ F ∩ (G + H) .

Si de plus G ⊂ F, soit x ∈ F ∩ (G + H) ; alors x = y + z , où (y, z) ∈ G×H.

On a y ∈ F et z = x – y ∈ F ∩ H, donc x ∈ (F ∩ G) + (F ∩ H) = G + (F ∩ H).

b) Montrons que G ⊃ F ⇒ F + (G ∩ H) = (F + G) ∩ (F + H) = G ∩ (F + H) .

(4)

On a toujours F + (G ∩ H) ⊂ (F + G) ∩ (F + H) .

Si de plus G ⊃ F, soit x ∈ (F + G)∩(F + H) ; alors x = y + z = u + v, où (y, z)∈F×G et (u, v)∈F×H.

Comme y et z sont éléments de G, x appartient à G. Comme u est élément de G, v = x – u ∈ G ∩ H.

Du coup, x = u + v implique que x ∈ F + (G ∩ H).

c) Montrons que [ F ∩ G = F ∩ H , F + G = F + H , G ⊂ H ] ⇒ G = H .

Soit z ∈ H ; comme z ∈ F + H, ∃(x, y) ∈ F×G z = x + y. Comme G ⊂ H, y ∈ H donc x ∈ F ∩ H.

Comme F ∩ G = F ∩ H , x∈ F ∩ G , donc z = x + y ∈ G. cqfd.

Remarques : 1) Si F, G et H sont de dimension finie, la formule de Grassmann implique dim G = dim H, donc G = H.

2) Soit (X, ≤) un treillis ; on peut montrer l’équivalence des propriétés suivantes :

•∀(x, z) x ≤ z ⇒ ∀y x ∨ (y ∧ z) = (x ∨ y) ∧ z ;

• ∀(x, y, z) x ∧ (y ∨ z) = x ∧ { [y ∧ (x ∨ z)] ∨ z } ;

• ∀(x, z) z ≤ x ⇒ ∀y x ∧ (y ∨ z) = (x ∧ y) ∨ z.

Il est dit modulaire s’il vérifie ces propriétés.

3) Soient U, V, U’ et V’ des sous-espaces vectoriels de E, tels que U ∩ V = U’ ∩ V’.

Montrons que U = (U + (V ∩ U’)) ∩ (U + (V ∩ V’)).

Il est clair que U ⊂ (U + (V ∩ U’)) ∩ (U + (V ∩ V’)).

Soit x ∈ (U + (V ∩ U’)) ∩ (U + (V ∩ V’)).

Ecrivons x = u + v = u’ + v’, où u et u’ ∈ U , v ∈ V ∩ U’ et v’ ∈ V ∩ V’.

Du coup, u – u’ = v’ – v ∈ U ∩ V = U’ ∩ V’. Comme v ∈ U’, v’ = v’ – v + v ∈ U’.

Donc v ∈V ∩ V’ ∩ U’ = V ∩ (U ∩ V) = U ∩ V, donc v ∈ U. Finalement, x = u + v ∈ U. cqfd.

4) Le treillis V(E) n’est pas distributif en général.

Si E n’est pas de dimension 0 ou 1, le treillis V(E) n’est pas distributif, i.e. aucune des lois ∩ et + n’est distributive par rapport à l’autre.

En effet, il y a dans E deux vecteurs libres x et y. Soient z = x + y, F = Kz, G = Kx, H = Ky.

(F ∩ G) + (F ∩ H) = {0} + {0} = {0}, mais F ∩ (G + H) = F.

(F + G) ∩ (F + H) = Vect(x, y), tandis que F + (G ∩ H) = F + {0} = F.

Remarque : c’est parce que V(E) n’est pas distributif que la formule de Grassmann ne s’étend pas à trois sous-espaces vectoriels de dim. finie.

5) Les éléments minimaux pour l’inclusion de V(E) − {{0}} sont les droites vectorielles.

Les éléments maximaux pour l’inclusion de V(E) − {E} sont les hyperplans.

6) Réunion de deux sous-espaces.

a) Soient F et G deux sev de E. Montrons par absurde que F ∪ G est un sev ssi F ⊃ G ou G ⊃ F.

S’il existe x ∈ F, x ∉ G et y ∈ G, y ∉ F, alors z = x + y ∈ F ∪ G car c’est un sev.

Mais z ∈ F impliquerait y = z – x ∈ F, et z ∈ G impliquerait x = z – y ∈ G.

b) Soit H un sev de E. Montrons que H ⊂ F ∪ G ⇒ H ⊂ F ou H ⊂ G.

Pour varier, montrons que [ H ⊂ F ∪ G et H ⊄ F ] ⇒ H ⊂ G.

Soit x0∈ H tel que x0∉ F ; alors x0∈ G.

Soit alors y ∈ H, y ∈ F ∪ G et x0 + y ∈ H ⊂ F ∪ G.

Si y ∈ F, x0 ∉ F implique x0 + y ∉ F, donc x0 + y ∈ G ; comme x0 ∈ G, y ∈ G. Sinon, y ∈ G.

Ainsi, dans tous les cas, y ∈ G.

Références : pour 3), Jean Dieudonné, Algèbre linéaire et géométrie élémentaire, p. 35, ex. 5.

Exercice 5 : Sous-espaces transversaux.

Soit E un espace vectoriel. Deux sous-espaces vectoriels F et G de E sont dits transversaux si tout sous-espace affine parallèle à F et tout sous-espace affine parallèle à G se rencontrent.

Démontrer que cette condition équivaut à F + G = E.

(5)

Solution :

1) Supposons F + G = E, et montrons que ∀(a, b) ∈ E×E ( a + F ) ( b + G ) ≠∅, c’est-à-dire que ∃(x, y) ∈ F × G a + x = b + y.

Comme F + G = E, ∃(x, y) ∈ F × G x − y = b a.

2) Réciproquement, supposons F et G tranversaux.

En particulier ∀b ∈ E F ∩ ( b + G ) ≠ ∅, i.e. ∀b ∈ E ∃(x, y) ∈ F × G x = b + y.

Donc ∀b ∈ E ∃(x, y) ∈ F × G b = x – y . C’est dire que E = F + G.

Exercice 6 : Soit K un corps commutatif. Montrer l’équivalence des propriétés : i) K est infini ;

ii) pour tout K-espace vectoriel E, la réunion d’une famille finie de sous-espaces vectoriels est un sous-espace vectoriel si et seulement si l’un d’eux contient tous les autres ;

iii) aucun K-espace vectoriel n’est réunion d’une famille finie d’hyperplans.

Solution : i) ii) Soient K un corps infini, E un K-espace vectoriel. Montrons que si F1, …, Fp sont p sev de E tels que soit un sev, alors l’un des Fi contient tous les autres, par récurrence sur p.

C’est immédiat pour p = 1. C’est toujours vrai si p = 2 : si F1∪ F2 est un sev, F1⊄ F2 et F2⊄ F1, alors ∃a ∈ F1 , a ∉ F2 et ∃b ∈ F2 , b ∉ F1 . Alors x = a + b ∈ F1∪ F2 .

Or x ∈ F1 impliquerait b = x – a ∈ F1 et x ∈ F2 impliquerait a = x – b ∈ F2 : impossible !

Supposons la propriété vraie au rang p. Soient p + 1 sev tels que F1 ∪ … ∪ Fp ∪ Fp+1 soit un sev.

1er cas : Fp+1 ⊃ F1 ∪ … ∪ Fp . C’est évident.

2ème cas : Fp+1⊂ F1∪ … ∪ Fp . Alors F1∪ … ∪ Fp∪ Fp+1 = F1∪ … ∪ Fp est un sev. L’un des Fi (1 ≤ i ≤ p) contient F1 , … , Fp ; et il contient aussi Fp+1.

3ème cas : Fp+1 et F1∪ … ∪ Fp ne sont pas inclus l’un dans l’autre.

Soient x ∈ Fp+1 , x ∉ F1∪ … ∪ Fp et y ∈ F1∪ … ∪ Fp et y ∉ Fp+1 .

Pour tout α∈ K, y + α.x ∈ F1∪ … ∪ Fp+1 et y + α.x ∉ Fp+1, sans quoi y appartiendrait à Fp+1. Donc, pour tout α ∈ K, y + αx ∈ F1 ∪ … ∪ Fp . Or α → z(α) = y + α.x est injective.

En vertu du principe des tiroirs, deux des z(α) appartiennent au même Fi (1 ≤ i ≤ p), disons z(λ) et z(µ) (λ≠µ). Alors x =

λ λ µ µ

−− ( ) )

( z

z ∈ Fi , contredisant x ∉ F1∪ … ∪ Fp . ii) ⇒ iii) est évident.

iii) ⇒ i) car si K est fini de cardinal q, E = K2 est un plan vectoriel sur K, de cardinal q2 et réunion de ses droites, qui sont au nombre de q + 1 =

1 1

²−− q q .

Remarques : 1) On peut donner d’autres démonstrations du résultat suivant :

Si K est infini, et E un K-ev de dimension finie, E n’est pas réunion d’une famille finie d’hyperplans.

Si dim E = n et E = H1∪ … ∪ Hp, où Hi a pour équation Pi(x1, …, xn) = 0 dans une base de E, alors

i

Pi = 0. Il reste à conclure par intégrité de K[X1, …, Xn]

De plus, si K = R ou C, on peut donner des preuves tirées de l’analyse :

• Une raison topologique : si on munit E de sa topologie standard, alors un hyperplan est un germé d’intérieur vide. Une réunion finie (ou même dénombrable) sera encore d’intérieur vide.

• Une raison issue de la théorie de la mesure : un hyperplan est de mesure de Lebesgue nulle. Une réunion finie (ou dénombrable) itou.

2) Le lecteur pourra démontrer en exercice les deux résultats complémentaires suivants :

(6)

Soit K un corps commutatif. Pour tout K-ev E et tout entier p tel que 2 p card K, la réunion de p sev de E est un sev ssi l’un d’eux contient tous les autres.

Si E est réunion d’une famille d’hyperplans (Hi)i∈I, alors :

card I ≥ 1 + card K si K est fini, card I ≥ ℵ0 = card N si K est infini.

Références : Bourbaki, Algèbre linéaire, A II 193, n° 5.

Exercice 7 : 1) Donner un exemple de plan vectoriel réunion de trois droites vectorielles.

2) Donner un exemple de K-espace vectoriel de dimension infinie, réunion de trois hyperplans vectoriels.

Solution : Cet exercice complète le précédent. Prenons pour corps de base K = Z/2Z.

1) Le plan vectoriel K×K, rapporté à sa base canonique (e1, e2), a 4 éléments : (0, 0), (1, 0), (0, 1) et (1, 1). Il a exactement 3 droites vectorielles, Ke1, Ke2 et K(e1 + e2), et il est réunion de ces droites.

2) Considérons l’espace vectoriel K[X] des polynômes P =

+∞

=0 n

nXn

a à coefficients dans K.

K[X] est réunion de trois hyperplans : H1 = {P ; a0 = 0}, H2 = {P ; a1 = 0} et H3 = {P ; a0 + a1 = 0}, car si P n’appartient ni à H1 ni à H2, alors a0 = a1 = 1 et P appartient à H3 .

Exercice 8 : Soit E un R-espace vectoriel de dimension finie n. On dit qu’une famille FFFF de vecteurs de E est en position générale si toute sous-famille de cardinal n d’éléments de FFFF est une base de E.

1) Donner un exemple pour n = 2 de famille infinie FFFF en position générale.

2) Donner un exemple pour n ≥ 3 de famille infinie FFFF en position générale.

3) Montrer que E n’est pas réunion finie d’hyperplans.

Solution : [ Oral ENS PC, 2009 ]

Plaçons-nous pour simplifier dans Kn canonique (K infini), et considérons F

F F

F = { (1, x) ; x ∈ K } et, plus généralement, FFFF = { ( 1, x, …, xn1 ) ; x ∈ K } .

Ces familles sont infinies en position générale (Vandermonde). La question 3) a déjà été abordée.

Exercice 9 : 1) Soit E un espace vectoriel, (Fn) une suite croissante pour l’inclusion de sous-espaces vectoriels. Montrer que

U

N n

Fn

est un sous-espace vectoriel de E.

2) Plus généralement, une famille (Fi)i∈I de sous-espaces vectoriels est dite filtrante supérieurement si ∀(i, j) ∈ I×I ∃k ∈ I Fk⊃ Fi et Fk⊃ Fj . Montrer que

U

I i

Fi

est un sous-espace vectoriel de E.

3) Applications :

a) Montrer que les suites u = (un) ∈ CN périodiques forment un sous-espace vectoriel de CN. En indiquer une ou deux familles génératrices, ainsi qu’une base.

b) Montrer que les suites récurrentes linéaires à coefficiens constants forment un sous-espace vectoriel de CN.

Solution : Montrons 2), qui contient visiblement 1). Tout d’abord, 0 ∈ F =

U

I i

Fi

.

De plus, si x et y sont éléments de F, il existe des indices i et j tels que x∈Fi et y∈Fj. Si l’indice k est comme ci-dessus, λx + y ∈ Fk⊂ F. cqfd.

3) a) Pour tout entier a ≥ 1, l’ensemble Pa des suites a-périodiques est un sous-espace vectoriel de CN. La famille (Pa) est filtrante supérieurement, car Pa et Pb sont inclus dans Pc, où c = ppcm(a, b).

(7)

La réunion de cette famille est un sev de CN en vertu de 2).

Pa admet deux bases intéressantes : l’une est sa base canonique Ba , l’autre sa base de Fourier Fa. Si a = 1, ces deux bases coincident : c’est la suite ( 1, 1, 1, 1, 1, 1, … )

Si a = 2, B2 est formée des deux suites ( 1, 0, 1, 0, 1, 0, … ) ( 0, 1, 0, 1, 0, 1, … ) tandis que F2 est formée des deux suites ( 1, 1, 1, 1, 1, 1, … ) ( 1, −1, 1, −1, 1, −1, …) Si a = 3, B3 est formée des trois suites ( 1, 0, 0, 1, 0, 0, 1, … ) ( 0, 1, 0, 0, 1, 0, 0, … )

( 0, 0, 1, 0, 0, 1, 0, … ) tandis que F3 est formée des trois suites ( 1, 1, 1, 1, 1, 1, 1, … )

( 1, j, j2, 1, j, j2, 1, … ) ( 1, j2, j, 1, j2, j, 1, … ) , etc.

Le lecteur montrera que la réunion des Ba est une famille génératrice de P, mais non une famille libre, tandis que la réunion des Fa est une base de P.

b) Comment montrer que les suites récurrentes linéaires à coefficients constants forment un sous- espace vectoriel de CN ?

1ère méthode : ces suites sont les éléments de Ker P(T), où T est l’opérateur de décalage et P un polynôme unitaire. Or la famille (Ker P(T))PU est filtrante croissante, car Ker P(T) et Ker Q(T) sont tous deux contenus dans Ker (P.Q)(T) ou, mieux, dans Ker M(T), où M = ppcm(P, Q).

2ème méthode : les suites récurrentes linéaires sont exactement les combinaisons linéaires des (nkn), où k décrit N et λ décrit C.

Exercice 10 : Soient E un espace vectoriel, F un sous-espace de dimension finie de E et (Gn) une suite décroissante pour l’inclusion de sous-espaces vectoriels. Montrer que

I

N n

Gn

F

( + ) = F +

I

N n

Gn

. Solution :

1) Une inclusion est toujours vraie : (∀n) F +

I

N n

Gn

⊂ F + Gn , donc F +

I

N n

Gn

I

N n

Gn

F

( + ). 2) Si l’on suppose G0 de dimension finie, (Gn) est une suite décroissante de sev de G0. Elle est nécessairement stationnaire (car la suite de ses dimensions l’est). Ainsi (∃n0) (∀n ≥ n0) Gn =

n0

G . Du coup,

I

N n

Gn

=

n0

G et

I

N n

Gn

F

( + ) = F +

n0

G . Cela ne suppose pas F de dimension finie.

3) Revenons au cas général. Soit x ∈

I

N n

Gn

F

( + ). Alors (∀n) ∃(xn, yn) ∈ F×Gn x = xn + yn . On a : yn = x – xn∈ Gn ( F + Kx ) = Hn .

Comme F + Kx est de dimension finie, (Hn) est une suite décroissante pour l’inclusion de sous- espaces de dimension finie. Donc (∀n) x = xn + yn , où (xn, yn) ∈ F×Hn , donc x ∈

I

N n

Hn

F

+ )

( .

En vertu de 2)

I

N n

Hn

F

+ )

( = F +

I

N n

Hn

⊂ F +

I

N n

Gn

, donc x ∈ F +

I

N n

Gn

.

Exercice 11 : Soit E = CCCC(R, R) l’espace des fonctions continues de R dans R. Soient

E0 = { f E ; f constante } , E+ = { f ∈ E ; (∀x ≤ 0) f(x) = 0 } , E = { f ∈ E ; (∀x ≥ 0) f(x) = 0 }.

Montrer que : E = E0 ⊕ E+ ⊕ E .

(8)

Solution : Cet exercice illustre la notion de somme directe de plusieurs sous-espaces vectoriels.

Il faut montrer que E = E0 + E+ + E, mais attention ! Pour montrer que la somme est directe, il ne suffit pas de montrer que les intersections deux à deux des trois sous-espaces sont réduites à {0}.

Aussi, mieux vaut montrer par analyse et par synthèse que :

f ∈ E ∃!( f0 , f+ , f) E0× E+× E f = f0 + f+ + f . Analyse :

Soit f ∈ E. Supposons que ∃( f0 , f+ , f) ∈ E0× E+ × E f = f0 + f+ + f . Faisons x = 0 ; il vient f0(0) = f(0) ; comme f0 est constante, (∀x) f0(x) = f(0).

Faisons x ≥ 0 ; il vient f(x) = f(0) + f+(x) ; donc f+(x) = f(x) f(0) pour x ≥ 0 , f+(x) = 0 pour x ≤ 0.

Faisons x ≤ 0 ; il vient f(x) = f(0) + f(x) ; donc f(x) = 0 pour x ≥ 0 , f(x) = f(x) f(0) pour x ≤ 0.

Ceci montre au passage l’unicité du triplet (f0 , f+ , f) Synthèse :

f0 , f+ et fétant ainsi définies, sont continues sur R, notamment à droite et à gauche en 0, éléments respectifs de E0, E+ et E et telles que f = f0 + f+ + f . CQFD.

Exercice 12 : Soit E = CC . Pour k ∈ {0, 1, 2} on pose Fk = { f ∈ E ; ∀z C f(j z) = jk f(z) }. Montrer que E = F0⊕ F1⊕ F2.

Solution : [ Oral Mines MP 2010, RMS n° 415 ]

1ère solution : Il est facile de montrer que F0, F1 et F2 sont des sous-espaces vectoriels de E.

Analyse :Soit f ∈ E. Cherchons (a , b , c) ∈ F0× F1 × F2 f = a + b + c . On aurait alors ∀z ∈ C f(z) = a(z) + b(z) + c(z)

Et du coup : f(j.z) = a(z) + j.b(z) + j2.c(z) Et aussi : f(j2.z) = a(z) + j2.b(z) + j.c(z) De ces trois relations on déduit, par combinaisons linéaires : a(z) =

3

)

² ( ) ( )

(z f jz f j z

f + + , b(z) =

3

)

² ( . ) (

².

)

(z j f jz jf jz

f + + , c(z) =

3

)

² (

².

) ( . )

(z jf jz j f jz

f + + .

Cela montre l’unicité du triplet cherché.

Synthèse : Réciproquement, les fonctions a, b, c ainsi définies appartiennent resp. à F0, F1 et F2, et l’on a bien f = a + b + c .

2ère solution : introduisons l’endomorphisme T : f g de E, où g est définie par (z) g(z) = f(jz).

Il est immédiat que T3 = IdE . Il suffit alors d’appliquer le « grand » théorème des noyaux à T…

___________

2 . Applications linéaires.

Exercice 1 : axiomes des applications linéaires.

Soient E et F deux K-espaces vectoriels. Une application u : E → F est dite linéaire si : (A) additivité : ∀(x, y) ∈ E2 u(x + y) = u(x) + u(y) ;

(H) homogénéité : ∀(λ, x) ∈ K×E u(λ.x) = λ.u(x) . 1) Montrer que si K est un corps premier, (H) découle de (A).

2) Si K = R, E et F sont deux espaces vectoriels normés, et u est continue, alors (H) découle de (A).

3) Donner un exemple où (A) est vrai, et non (H).

(9)

Solution :

1) Un corps premier est un corps qui n’admet pas d’autre sous-corps que lui-même.

Or si un corps K est de caractéristique nulle, il contient le corps Q à isomorphisme près, puisque le morphisme d’anneaux n Z n.1K K est injectif et permet de constuire un plongement de Q dans K. Si K est de caractéristique p, p est premier et le morphisme d’anneaux n Z n.1K K se factorise en un morphisme injectif de corps Z/pZ K.

Ainsi, un corps premier est isomorphe, soit à Q, soit à Z/pZ, p premier.

Si u vérifie (A), alors pour tout n ∈ Z, u(nx) = nu(x) (par récurrence sur n et imparité).

Si K = Z/pZ, on en déduit u(λx) = λu(x) par simple factorisation via Z → Z/pZ : tout scalaire est somme d’un nombre entier de 1K.

Si K = Q, b.u(

b

ax) = u(ax) = au(x) pour tout (a, b) Z×N*, donc u(

b ax) =

b au(x).

2) Conclure par densité de Q dans R.

3) L’application z → z de C dans C est additive et R-linéaire, mais n’est pas C-linéaire.

Plus généralement, soient E un C-espace vectoriel non réduit à {0}, f un endomorphisme non nul de E, par exemple l’identité. L’application u : x → f(x) vérifie (A) mais non (H).

En effet elle est semi-linéaire : u(λx) =

λ

u(x) ; si u(x) ≠ 0 et λ = i , alors u(λx) ≠λu(x) .

Autre exemple : Considérons R comme Q-espace vectoriel. Q étant un sous-espace vectoriel de R, soit V un supplémentaire de Q dans R : R = Q ⊕ V, et p le projecteur de R sur Q associé à cette somme directe. L’application p : R → R est additive, et même Q-linéaire, mais non R-linéaire.

En effet p(λx) ≡ λp(x) impliquerait p( 2 2) = p(2) = 2 et p( 2 2) = 2p( 2), donc 2∈ Q.

Exercice 2 : Montrer les identités suivantes :

♦∀P ∈ C3[X]

abP ).(x dx = b−6a[ P(a) + 4P(a+2b) + P(b) ] .

♥ ∀P∈C5[X]

01P(x).dx = 181 [5P(u) + 8P(

2

1) + 5P(v)] , où u et v sont les racines de x2 – x + 101 .

♠ ∀P ∈ Cn1[X] P(0) = n 1

= 1

0

2 ) (exp

n

k P iknπ .

• ∀P ∈ C[X] P(0) = 21π

02πP(eiθ).d

θ

.

g ∀P =

anXn C[X] n r > 0 an = n

π

r

21

02πP(reiθ).einθ.d

θ

.

♣ ∀P ∈ C[X]

+11P(x).dx + i

0πP(eiθ).eiθ.d

θ

= 0 .

♦ ∀P ∈ C[X] P(x + iy) = 0, où f =

²

² x

f

+

²

² y

f

.

♥∀(A, B) ∈ Mn(K)×Mn(K) ∀P ∈ K[X] tr P(AB) = tr P(BA).

Solution : Toutes ces identités sont linéaires, en ce sens que les deux membres sont des formes linéaires de P. Or pour vérifier que deux applications linéaires E → F sont égales, il suffit de vérifier qu’elles coincident sur une base ou une famille génératrice de E.

1) La 1ère identité est la formule des trois niveaux. Elle se vérifie sur la base (1, X, X2, X3) de C3[X], ou, mieux, sur la base (1, X –

2

a+b, (X a)(X b), (X – a)(X − 2

a+b)(X – b)).

(10)

2) La 2ème formule se vérifie sur la base canonique de C5[X]. Point n’est besoin de calculer u et v, mais seulement les sommes Nk = uk + vk pour 0 ≤ k ≤ 5. Or les Nk se calculent sans calculer u et v, car elles obéissent aux formules récurrentes : N0 = 2, N1 = 1, Nk+2 = Nk+1

101 N

k. On peut aussi vérifier cette formule sur une base plus adaptée : si P = X2– X +

101 = (X – u)(X – v), on peut prendre ( 1 , X –

2

1 , P , ( X − 2

1).P , ( X − 2

1)2.P , ( X − 2

1)3.P ) ; cela simplifie le calcul du second membre, mais complique le calcul de l’intégrale.

3) La 4ème formule se vérifie sur les monômes Xp, 0 ≤ p n − 1.

Pour p = 0, elle donne 1 = 1 ; sinon, elle donne 0 = 0.

4) La 5ème formule se vérifie sur les monômes Xp . Pour p = 0, elle donne 1 = 1 ; sinon, 0 = 0.

5) Cette formule généralise la précédente : faire n = 0, et r = 1. Comme P an(P) est une forme linéaire (forme coordonnée), il suffit de la vérifier pour P = Xp . Or :

n

π

r

21

02πP(reiθ).einθ.d

θ

= 2

π

1rn

02πrkei(kn)θ.d

θ

=

δ

n,p = an(P).

6) La 6ère identité se vérifie sur les monômes P = Xk : elle s’écrit 1

) 1 (

1 1

+

+

k

k

+ 1

1 ) 1

( 1

+ −

+ k

k

= 0.

7) Idem pour la 7ème identité : ∆( (x + iy)k ) = k2 (x + iy)k2 − k2 (x + iy)k2 = 0.

8) La 8ème identité se montre par linéarité. Il suffit de montrer tr P(AB) = tr P(BA) pour tous les monômes P = Xp . Pour p = 0, tr I = tr I = n.1K. Pour p = 1, elle s’écrit tr(AB) = tr(BA), propriété bien connue de la trace. Pour p ≥ 2, tr((AB)p) = tr(ABAB ... AB) = tr(BABA ... BA) = tr((BA)p).

Remarques : 1) La formule des trois niveaux sera mieux comprise dans les exercices sur la dualité.

2) On peut déduire 4) de 3) par sommes de Riemann : P(0) = n 1

= 1 0

2 ) (exp

n

k P iknπ pour tout n > d° P ; reste à faire tendre n vers +∞.

3) La 2ème formule relève des formules de quadrature de Gauss.

4) Pour établir la 6ème formule, on est tenté de faire le changement de variable x = eiθ.

Mais attention ! cette idée est illicite dans le cadre de l’intégrale de fonctions de variable réelle.

En revanche, si l’on écrit que

ΓP ).(z dz = 0, où Γ est le lacet obtenu en recollant x∈[−1, 1] → [x, 0]

et le demi-cercle θ ∈ [0, π] → eiθ, on obtient le résultat.

On peut aussi noter, plus simplement, que si Q est une primitive de P,

+11P(x).dx + i

0πP(eiθ).eiθ.d

θ

= Q(1) – Q(−1) + Q(−1) – Q(1) = 0 .

Exercice 3 : On dit que f : R2 R est harmonique si

²

² x

f

+

²

² y

f

∂ = 0. Soit P ∈ C[X].

Montrer que les fonctions (x, y) Re( P(x + iy) ) et (x, y) Im( P(x + iy) ) sont harmoniques.

Solution : [ Oral X PC 2013, RMS n° 422 ]

Par linéarité, il suffit de montrer cela pour P(z) = zn

Exercice 4 : Soient E, F, G trois K-espaces vectoriels, f : E → F et g : F → G linéaires.

1) a) Montrer que Ker f Ker( g o f ).

b) Montrer que l’inclusion est parfois stricte.

c) Montrer que Ker f = Ker( g o f ) Im f Ker g = {0}.

2) a) Montrer que Im( g o f ) Im g .

(11)

b) Montrer que l’inclusion est parfois stricte.

c) Montrer que Im( g o f ) = Im g F = Im f + Ker g . Solution :

1) a) Soit x ∈ Ker f ; alors f(x) = 0, donc g(f(x)) = 0 et x Ker( g o f ). Ainsi Ker f Ker( g o f ).

b) L’inclusion est parfois stricte. Prendre E = F = G = K2, f = g : (x, y) → (y, 0).

On a g o f = 0, donc Ker( g o f ) = K2 et Ker f = {0}× K.

c) Supposons Ker f = Ker( g o f ). Soit y ∈ Im f ∩ Ker g. Il existe x ∈ E tel que y = f(x) et g(y) = 0.

Alors g(f(x)) = 0, donc x Ker( g o f ), donc x Ker f, donc y = f(x) = 0. cqfd.

Supposons Im f Ker g = {0}, et montrons Ker( g o f ) Ker f , l’autre inclusion étant acquise.

Soit x ∈ Ker( g o f ). Alors f(x) Im f Ker g , donc f(x) = 0. cqfd.

2) a) Soit z ∈ Im( g o f ). Il existe x E tel que z = ( g o f )(x) ; alors z = g(f(x)) Im g.

Ainsi Im( g o f) ⊂ Im g .

b) L’inclusion est parfois stricte. Prendre E = F = G = K2, f = g : (x, y) → (y, 0).

On a g o f = 0, donc Im( g o f ) = {0} et Im g = K × {0}.

c) Supposons F = Im f + Ker g. Soit z Im g . Il existe y F tel que z = g(y).

y s’écrit f(a) + b, où a ∈ E et b ∈ Ker g. Alors z = g(f(a)) + g(b) = (g o f)(a) ∈ Im( g o f ).

Ainsi Im g ⊂ Im( g o f ). L’autre inclusion est toujours vraie.

Supposons Im g = Im( g o f ). Soit y F ; g(y) Im g, donc ∃x ∈ E g(y) = (g o f)(x).

Alors y – f(x) Ker g, et y = f(x) + y – f(x) Im f + Ker g. cqfd.

Exercice 5 : Soient E, F, G trois K-espaces vectoriels, u : E → F et v : F → G linéaires, w = v o u.

Montrer que w est un isomorphisme ⇔ [ v est surjective, u est injective et F = Im u ⊕ Ker v ].

Solution :

Exercice 6 : Construction d’applications linéaires à l’aide de familles génératrices 1 :

Soient E et F deux K-espaces vectoriels, (ai)iI une famille génératrice de E, (bi)iI une famille de vecteurs de F. Pour qu’il existe une application linéaire u : E → F telle que : (∀i ∈ I) u(ai) = bi, il faut et il suffit que toute relation linéaire vérifiée par les ai soit aussi vérifiée par les bi :

∀λ = (λi)i∈I ∈ K(I)

I i

i ia

λ

= 0

I i

i ib

λ

= 0 ; u est alors unique.

Solution : Soit x un vecteur de E. Il s’écrit sous la forme x =

I i

i ia

ξ

, où la famille de scalaires (ξi) est à support fini. Alors on doit poser u(x) =

I i

i ib

ξ

. Cela montre l’unicité de u.

Encore faut-il s’assurer que y =

I i

i ib

ξ

ne dépend pas de la famille (ξi) choisie. Or si x =

I i

i ia

η

,

alors

I i

i i

i )a

(

ξ η

= 0 ; or cela implique

I i

i i

i )b

(

ξ η

, c’est-à-dire

I i

i ib

ξ

=

I i

i ia

η

.

L’application u est bien définie. Reste à montrer sa linéarité ; c’est facile.

Si la seule relation linéaire vérifiée par (ai) est la relation triviale, alors (ai) est une base de E, et, pour toute famille (bi) de vecteurs de F, il existe une application linéaire u : E → F telle que (∀i ∈ I) u(ai) = bi.

1Mon professeur de taupe affectionnait beaucoup cet énoncé, dont il faisait un élégant usage, tant dans l’étude des torseurs que dans celle de l’intégrale des fonctions en escaliers.

(12)

Exercice 7 : Soient E et H deux espaces vectoriels, F et G deux sous-espaces vectoriels de E.

Soient u : F → H et v : G → H deux applications linéaires coincidant sur F ∩ G.

Montrer qu’elles se prolongent de manière unique en une application linéaire w : F + G → H.

Solution : Cet exercice s’apparente au précédent.

Si x est un vecteur de F + G, écrivons x = y + z, où (y, z)∈F×G. Alors on doit poser w(x) = u(y) + v(z). Ceci montre l’unicité de w. Encore faut-il s’assurer que la valeur w(x) ne dépend pas du couple (y, z) choisi. Or si l’on a x = y + z = y’ + z’, y – y’ = z’ – z ∈ F ∩ G, donc u(y – y’) = v(z’ – z), donc u(y) + v(z) = u(y’) + v(z’). w est donc bien définie sur F + G.

La linéarité de w est évidente. Elle prolonge bien u et v.

Lorsque F et G sont en somme directe, la condition de recollement est automatiquement satisfaite.

L’application w se note alors parfois w = u ⊕ v.

Remarque : Cet exercice s’applique aux intégrales de Riemann et de Newton. F est l’espace vectoriel des fonctions Riemann-intégrables sur [a, b], u est l’intégrale de Riemann, G est l’espace des fonctions dérivées, v est l’intégrale dite de Newton v(g) = G(b) – G(a), où G est une primitive de g.

Une fonction dérivée n’est pas toujours Riemann-intégrable, mais, si elle l’est, alors les deux intégrales coincident. L’intégrale de Henstock est un prolongement commun des deux intégrales.

Exercice 8 : Soient E un K-espace vectoriel, u un endomorphisme de E.

On suppose qu’il existe un unique endomorphisme v tel que u o v = idE ; montrer que u est un automorphisme. Même question s’il existe un unique endomorphisme tel que v o u = idE.

Solution :

1) Voici une solution purement calculatoire :

Il s’agit de montrer que v o u = idE. Soit donc w = v o u − idE . u o (v + w) = u o v + u o v o u − u = idE + u – u = idE .

De l’unicité de v, on déduit que w = 0. Cqfd.

2) Autre solution : Il découle de u o v = idE que u est surjective.

De plus, u o v’ = idE ⇔ u o (v’ – v) = 0 ⇔ v’ = v + f , où Im f ⊂ Ker u . L’unicité de v signifie que Im f ⊂ Ker u ⇔ f = 0 .

Cela impose Ker u = {0}, en prenant pour f un projecteur d’image Ker u.

Du coup, u est injective. Cqfd.

N B : cette méthode est plus coûteuse que la première (existence de projecteurs).

3) Le deuxième problème est laissé au lecteur.

Exercice 9 : Une suite exacte scindée.

Soient E, F, G trois K-espaces vectoriels, f : E → F, g : F → G et s : G → F trois applications linéaires telles que Ker f = {0} , Im g = G , Im f = Ker g et g o s = idG.

1) Montrer que F = Im f ⊕ Ker g, et que F est isomorphe à E×G.

2) Formuler et établir une récirpoque.

Solution :

Exercice 10 : Grand lemme des cinq.

On considère le diagramme suivant : E1

E2

E3

E4

E5

f1

f2

f3

f4

f5

E’1

E’2

E’3

E’4

E’5

formé d’espaces vectoriels et d’applications linéaires ui : E1

E2 et u’i : Ei

Ei+1.

On suppose que ses lignes sont exactes, en ce sens que (∀i) Ker ui+1 = Im ui et Ker u’i+1 = Im u’i ,

(13)

et que le diagramme est commutatif, en ce sens que : (∀i) fi+1o u i = u’io f i . 1) Montrer que si f2 et f4 sont injectives, et f1 surjective, alors f3 est injective ; 2) Montrer que si f2 et f4 sont surjectives, et f5 injective, alors f3 est surjective ; 3) En déduire que si f1 , f2 , f4 et f5 sont bijectives, alors f3 aussi.

Solution : Cet exercice, extrêmement agréable à résoudre  il suffit de se laisser porter par les hypothèses  relève d’une branche de l’algèbre appelée algèbre homologique.

Nous noterons xk un élément de Ek, x’k un élément de E’k. 1) Il s’agit de montrer que f3(x3) = 0 ⇒ x3 = 0.

f3(x3) = 0 ⇒ ( u’3 o f3 )(x3) = 0 ⇒ ( f4 o u3 )(x3) = 0 ⇒ u3(x3) = 0 car f4 est injective, ⇒ x3∈ Ker u3 = Im u2 ⇒ ∃x2 x3 = u2(x2)

( f3 o u2 )(x2) = 0 ⇒ ( u’2 o f2 )(x2) = 0 ⇒ f2(x2) ∈ Ker u’2 = Im u’1 ⇒ ∃x’1 f2(x2) = u’1(x’1) . Or f1 est surjectif, donc ∃x1 x’1 = f1(x1)

f2(x2) = ( u’1 o f1 )(x1) = ( f2 o u1 )(x1) . Or f2 est surjectif, donc x2 = u1(x1).

Récapitulons! x3 = u2(x2) et x2 = u1(x1), donc x3 = ( u2 o u1 )(x1) = 0, car Im u1 = Ker u2 . CQFD ! 2) Il s’agit de montrer que ∀x’3 ∃y3 x’3 = f3(y3).

Tout d’abord u’3(x3) ∈ F’4 . Comme f’4 est surjectif, il existe x4 tel que u’3(x’3) = f4(x4).

Alors 0 = ( u’4 o u’3 )(x’3) = ( u’4 o f4 )(x4) = ( f5 o u4 )(x4).

Comme f5 est injectif, u4(x4) = 0 : x4 ∈ Ker u4 = Im u3 . Donc ∃x3 x4 = u3(x3).

Ainsi, u’3(x’3) = ( f4 o u3 )(x3) = ( u’3 o f3 )(x3) . Par conséquent x’3 f3(x3) ∈ Ker u’3 = Im u’2 . Donc il existe x’2 tel que x’3 f3(x3) = u’2(x’2) . Comme f2 est surjectif, il existe x2 tel que x’2 = f2(x2) . Alors x’3 f3(x3) = ( u’2 o f2 )(x2) = ( f3 o u2 )(x2) . Conséquence : x’3 = f3( x3 + u2(x2) ) : voilà notre lascar ! 3) découle aussitôt de 1) et 2).

Remarques : 1) On pouvait certes déduire 2) de 1) par dualité, mais c’eût été manquer de courage ! 2) On trouvera dans Bourbaki, Algèbre, chap. X, d’autres facéties de ce genre : le lemme du serpent, etc. Il paraît qu’elles sont fort utiles…

Exercice 11 : Soient I un intervalle de R contenant 0, E = C(I, R), F = { f ∈ C1(I, R) ; f(0) = 0 }. On note J : F → E l’injection canonique, IE l’identité de E, IF celle de F, D : f ∈ F → f’∈ E la dérivation.

Pour toute f ∈ E, on note U(f) et V(f) les fonctions définies dans I par : U(f)(x) =

0xf(t).dt et V(f)(x) =

0xext.f(t).dt .

1) Montrer que U et V sont des applications linéaires de E dans F.

2) Montrer que D o U = IE , U o D = IF , D o V = IE + J o V , V o D = IF + V o J . 3) En déduire U o J o V = V o J o U = V – U.

4) Montrer que IE – J o U et IE + J o V sont des isomorphismes réciproques l’un de l’autre.

5) Soit h E. Montrer qu’il existe une unique fonction continue f : I R telle que : (∀x I) f(x)

0xf(t).dt = h(x).

Solution :

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