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Essai sur la géographie ancienne de la région de Genève

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Essai sur la géographie ancienne de la région de Genève

PARÉJAS, Edouard

Abstract

Beaucoup de traits de la topographie actuelle ont une origine ancienne. L'emplacement des principales vallées transversales des Bornes et des Bauges était déjà marqué pendant l'Albien. Les plis principaux de ces deux régions avec leurs jeux d'axes semblent aussi dater de cette époque et sont bien développés à l'Eocène inférieur. L'origine du pli du Salève avec ses variations axiales remonte au Paléocène. Par les dépressions axiales importantes du Salève et du Jura passent des décrochements. A Sillingy (Salève) la dépression axiale est antérieure au décrochement. Le long du diamètre de poussée passant par le Col du Bonhomme, le Bassin de Genève et le Reculet, l'effort orogénique alpin s'est transmis avec plus de puissance que dans les régions adjacentes. Cette direction tectonique, la transversale de Genève, dont l'existence remonte au Lutétien, est jalonnée par les culminations axiales des plis des Bornes, le chevauchement de Thorens, la culmination principale du Salève, les bombements molassiques principaux du bassin genevois, le chevauchement et la culmination du Reculet, le bombement [...]

PARÉJAS, Edouard. Essai sur la géographie ancienne de la région de Genève. Istanbul Universitesi Fen Fakultesi Mecmuasi , 1938, vol. N.s., t. 3, no. 2, p. 1-50

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:137418

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GEOL.

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Revue de la Fauulté des Soicncos de l'Uninrsitô d'lstanbul

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faso. 2 Janvier 1938

Essai sur la géographie ancienne de la région de Genève

PAR ED. PARÉJAS

(lnstitut de Géologie de l'Univer•iH d' Istanbul)

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Essai sur la géographie ancienne de la région de Genève

PAR ED. PARÉJAS

(Institut de Géologie de l'Université d'Istanbul)

Mémoire couronné par l'Université de Genève (Prix Arthur de Claparède 1937)

Résumé Beaucoup de traits de la topographie actuelle ont une ori·

gine ancienne. L'emplacement des principales vallées transvers~les des Bor·

nes et des Bauges ét~it déjà marqué pendant l' Albien. Les plis princi1'aux de ces deux régions avec leurs jeux d'axes s·emblent aussi dater de cette époque et sont bien développés à l'Eocène inférieur. 1:-'origine du pli du Salève avec ses variations axiales remonte au Paléocène. Par les dépressions axiales importan- tes du Salève et du Jura passent des décro!:hements. A Sillingy (Salève) la dépression axiale est antérieure au décrochement.

Le long du diamètre de poussée passant par le Col du Bonhomme, le Bassin de Genève et le Reculet, l'effort orogénique alpin s'est transmis avec plus de puissance que dans les régions adjacentes. Cette direction tectonique, la transversale de Genève, dont l'existence remonte au Lutétien, est jalonnée par les culminations axiales des plis des Bornes, le chevauchement de Thorens la culmination principale du Salève, les bombements molassiques principaux du bassin genevois, le chevauchement et la culmination du Reculet, le bom.

bernent axial de Bellecombe et /es failles échelonnées entre Les Bouchoux et Moirans. La ligne de partage des eaux entre l' An:e et le Rhône-Isère est d'origine tectonique. Elle oscille assez étroitement autour de la transversale cle Genève et lui doit son existence.

* *

*

SOMMAIRE 1. PReFACE p. 2.

II. INTRODUCTION p. 3.

III. MOUVEMENTS MÊSOZOÏQUES ANTÊRIEURS AU BARRÊMI·

EN p. 5.

IV. BARRÉMIEN-APTIEN p. 6.

V. ALBIEN p. 7. Région jurassienne, Salève p. 9. Mouvements orogé·

niques p. 10.

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2 ~D. f>ARÈJAS CiLT III SAYI 2 VI. CRÊT ACÉ SUPÉRIEUR. RégiQn alpine p. li. les éouches rouges p . 11. Salève, Jura p. 13. Généralités p. 14.

VII. NUMMULITIQUE. ~OCÈNE INFÉRIEUR p. 14. Région alpine p. 15. Le Sidérolithique ·du Salève p . 15. Région jurassienne p. 16.

VIII. ÉOCÈNE MOYEN (LUTÉTIEN) p. 18. Lutétien marin p 18.

Lutétien lacustre p. 19.

IX. ÉOCÈNE SUPÉRIEUR (PRIABONIEN). Région alpine p, 19.

Région jurassienne p. 21. Vue d'ensemble p. 21. Paléogéographie de l'Eo- cène inférieur et moyen p. 21.

X. OLIGOCÈNE. 1. SANNOISIEN. STAMPIEN INFÉRIEUR. Région alpine p. 22. Salève p. 23. Région jurassienne p. 27. 2 CHATTIEN • AQUITANIEN p. 27. Région alpine p. 28. Salève et Bassin de Genève p. 28. Région jurassienne p. 29. Vue d'ensemble p. 29.

XI. MIOCÈNE. PLIOCÈNE. La molasse marine p. 30. Cause du bom- bement p. 31. Plissement principal des Bornes et des Bauges p. 3 1. Plis- sement principal du Jura et du Salève p. 31. Dislocations de la molasse du Bassin de Genève p. 32.

XII. QUATERNAIRE. Bornes et Bauges p. 34. Salève p. 35. Jura p. 35. Dépressions axiales et décrochements p. 35. La transversale de Genève p. 38. Le problème du Vuache p. 40. Rôle de la transversale de Genève au Quaternaire p. 41. Autres directions remarquables p. 41.

Hypothèse de mouvements actuels p. 42.

XIII. HYDROGRAPHIE ANCIENNE. Région alpine p. 43. Le vallon de Monnetier p. 43. Bassin de Genève p . 44. Les glaciations et le lac de 428 m p. 44. Le lac de 408 m et le Rhône p. 45. Les terrasses p . 47.

XIV. BIBLIOGRAPHIE p. 48

1. PRÉFACE

La paléogéographie du pays de Genèvè a été décrite à plusieurs repri- ses. Les géographes et les géologues connaissent et apprécient les travaux de H.B. d~ SAUSSURE (1), NECKER (2) et ALPHONSE FAVRE (3,4) qui, chacun pour son époque, ont mis au point l'état des connaissances sur la géologie et l'origine du relief de notre contrée. Mais depuis les «Études géologiques sur l'extrémité méridionale de la chaine du Jura» de H. SCHARDT qui datent de

!_~9.J. on n'a pas tenté de donner une idée générale des origines du re·

lief local. Le mémoire de

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MORET(41) est une admirable mise au point de la région des Bornes, mais il ne comprend pas le bassin de Genève, ni le Jura voisin.

Ce qui m'a encouragé à publier cet essai c'est qu'il pouvait être basé sur des travaux d'un grand intérêt émanés, dans ces dernières années, des Laboratoires de Géologie des Universités de Genève, Lausanne et Grenoble ainsi que du Musée d'Hietoire naturelle de Genève. Ce petit travail ne consi·

dérera pas tous les aspects de la question, il essayera stulement de déterminer dans quelle mesure la tectonique est responsable des morphologies ancienne et actuelle. Il a comme origine le désir de relier les travaux des géologues locaux à mes propres observations et de donner une forme à des idées per.

sonnelles mûries au cours de ces dernières années. A ce propos je me per•

mets d'évoquer quelques agréables souvenirs, ceux des excursions faites avec de savants compagnons ou le plus souvent seul dans le cadre admirable du

(5)

ToME ni

FASC. 2 ÙÉOGRAPHIE DÉ LA RÉGION DF. GENÈVE 3

Pays de Genèvè et de la proche Savoie. Je pense à l'étude du Tertiaire du Salève accomplie avec mon ami le Professeur L. W. COLLET, aux excursions faites en compagnie du Professeur L. MORET de Grenoble au Roc de Chèr;}

et à la klippe de Sulens et «last but not least» aux randonnées qui nous conduisirent, mes amis A. ]A YET, H. BüTLER,

J.

ROMIEUX et mot un peu partout et en toutes saisons dans le Jura, le Salève, les Bornes et les Bauges

II. INTRODUCTION

Les «Voyages dans les Alpes» de H. B. de SAUSSURE sont précédés d' un «Essai sur l'histoire naturelle des environs de Genève». Dans cette es·

quisse destinée aux naturalistes, l'auteur décrit les traits essentiels du pays ge·

nevois, le lac, les collines, le Salève, les Voirons, le Môle et le Jura.· DE SAUS SURE, qui ne fut jamais un géologue de cabinet, a fait sur le terrain de nombreuses observations et a formulé des explications intéressantes bien que certaines soient dominées encore par l'idée de cataclysme, à la mode en son temps. Il eut ainsi l'idée d'un lac de Genève plus étendu autrefois et qui s'élevait même par dessus les collines de la ville de Genève et de St Jean.

Ce lac aurait été dû à un niveau plus élevé du seuil rocheux dans la cluse de Collonges (Fort de l'Éduse). li conçoit le bassin de Genève comme une cuvette et raccorde les couches calcaires du Jura à celles du Salève par des- sous le lac et les coteaux. DE SAUSSURE reconnait les poudingues tertiaires de Mornex qui lui suggèrent la notion de deux phases successives de plis·

sement au Salève. Il explique la dissymétrie structurale de la montagne par des phénomènes de rupture qui auraient accompagné le soulèvement.

M. L. A. NECKER a publié en 1841 ses «Études géologiques dans les Alpes». Elles contiennent des observations déjà précises et détaillées sur le Nant d' Avanchet, le Vengeron, la molasse de Cologny. Il distingua dans le Quaternaire local l'alluvion ancienne surmontée du «diluvium cataclastique»

qui deviendra plus tard la moraine de fond würmienne. Quant aux marnes à lignites du Bois de la Bâtie, il ne put reconnaître leur véritable positiOn à la base de l'alluvion ancienne.

Il faut arriver jusqu'à ALPHONSE FAVRE et à ses «Recherches géologi·

ques dans ' les parties de la Savoie, du Piémont et de la Suisse voisines du Mont Blanc», parues en l867, pour rencontrer une descripion détaillée du pays de Genève et une e;plication bien fondée de ses particularités. Com·

plétée par la «Description géologique du Canton de Genève» ( 1879) du mê·

me auteur, la connaissance de la région est basée, dès lors, sur un nom·

bre considérable de faits bien établis.

Comme les traits physiques du bassin genevois dépendent de causes tee·

toniques dont l'origine est alpine, nous avons englobé dans cette étude l'ar·

rière-pays au sud-est, qui a transmis l'effort orogénique ainsi que les abords jurassiens où se sont amorties les poussées génératrices .du relief. Il s'agit d'une aire comprise entre l' Arve et le Chéran d'une part, St Claude et le Col du Bonhomme d'autre part. Dans le temps, nous ne considérerons avec quelque détail que l'évolution du pays à partir du Crétacé moyen jusqu'à l'époque actuelle. D'après ce que nous connaissons aujourd'hui, ç'est en ef·

fet à partir de l'Aptien-Albien que l'orogenèse alpine se manifeste dans no

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PARÊJAS CiLT SAYI 111 1

tre région par des plis à rayon relativement faibie. Nous allons essayer dè suivre leur développement. ~~s investiga,tions se limiteront encore à l'autoch·

tone, c'est à dire à la couverture du massif des Aiguilles Rouges-Belledonne décollée toutefois et poussée vers le nord-ouest et à la partie frontale d~--la nappe de Mordes-Aravis (Parautochtone) qui se juxtaposait à l'autochtone au sud est. Sur les cartes paléogéographiques adjointes au texte, les plis des Bornes et des Bauges ne seront pas supposés déroulés, ce qui d'ailleurs changerait pe1;1 l'allure des contours. Néanmoins, par acquit de conscience et pour nous rendre compte de la réduction de surface due à la tectonique, nous avons déroulé au curvimètre les séries plissées, en suivant la base du Barrémien. Voici, pour trois transversales, les résultats obtenus :

Bornes. ffaprès le profil 1, pl. IV de L. MORET(41), en supposant fixe le Barr~mien de Dessy, la couverture retendue vers le sud~. est s'allonge de . __ 96km approximativement, car l'échelle des hauteurs a été un peu exagérée. Le Barrémien de la Forclaz (Aravis) vient planer au-dessus de Mégève. La ré·

·duction de surface est de 32 % environ.

'Bauges. Le déroulement a porté sur les profils 5, l 0 et 11 de M. LUGE.·

ON(l 3 ). Profils 5 et 10: le point fixe étant au Pont de l' Abîme, l'allonge·

ment atteint 9 km. Le Barrémien au zénith de la vallée de Tamié se repor·

te au • dessus de Tours sur l'Isère. Réduction: 28% environ.

Profil 11. Point fixe: flanc nord-ouest de la Montagne de Banges. Al- longement de 6 km. Le Barrémien de la verticale de la Pointe des Arces vient planer approximativement au · dessus de Bonvillard (rive gauche de l'Isère). Réduction de 21 % environ.

Il va de soi que ces chiffres ne donnent pas le déplacement absolu de la couverture décollée des massifs hercyniens. Il faudrait leur ajouter au moins la réduction due aux plis du Salève et du Jura sur les transversales correspondantes.

«

La restitution des topographies anciennes a été effectuée d'après la mé- thode usuelle qui est basée sur les considérations suivantes. Sur un pays plis-

!'

sé en anticlinaux et synclinaux, l'érosion générale ·est d'autant plus active que l'élément structural est plus élevé. Le résultat de l'action nivelante de cette érosion sera que les charnières anticlinales et les culminations axiales seront décapées plus profondément que les synclinaux et les dépressions axiales, protégées par leur basse altitude. Les terrains relativement anciens affleureront donc le long des axes anticlinaux et dans ces bandes anticlina·

les les pointements les plus anciens marqueront l'emplacement des culmina·

tions. Par contre, on trouvera les terrains relativement jeunes dans les syncli- naux et les plus récents de ceux-ci dans les dépressions axiales de ces syncli·

naux. D'une facon toute générale disons que les bombements tectoniques se marqueront par l'apparition de terrains relativement anciens et les dépres·

sions par l'affleurement de formations relativement plus jeunes.

Les étapes de l'évolution du pays seront naturellement fixées au mo·

ment des transgressions. C'est le degré d'usure, autrement dit la carte géo·

graphique de 'la région au moment de la subsidence qu'il s'agit de reconsti- tuer. Mais cette tâche est hérissée de difficultés. En leur état ~ctuel, ~s ~n·

ticlinaux, sauf à leurs extrémités périclinales, ne peuvent nous renseigner sur

(7)

TOME III

FASC. 2 GÉOGRAPHIE DE LA RÉGION DE GENÈVE 5

le _d~g~é. d' ér!;)s.ion de lelir charJ1ière au moment des transgressions cénoma·

nienne ou nummulitique par exemple, car ces terrains ont disparu depuis longtemps de leur région axiale. Leurs flancs nous donneront d'autant plus d'indiéati~ns qu'ils auront été mieux conservés. Quanti aux synclinaux, ce sont les plus précieux, car ils permettent de lire les variations des axes. Un facteur d'incertitude plane ~\Ir certaines régions extra-alpines car les t<mo·

g!°il:I>!ties antérieures à l'Oligocèn,e sont masquées par Ja. moJass_«? ___ . ~~tte les Bornes et le Salève, puis entre ce dernier et le Jura. Par surcroît, la tectoni·

que souvent violent;-dans les Alpes de Savoie complique les interprétations.

Elle est en effet responsable de certaines réductions d'épaisseur, de la dis·

parition de formations entières et des contacts anormaux.

III. MOUVEMENTS MÉSOZOÏQUES ANTÉRIEURS AU BARRÉMIEN

Depuis le~Trias, notre région formait une partie d'un talus sous-marin incliné faiblement vers le sud-est. Cette ~fa.!eforme continentale, rebord mé- ridional de l'Europe hercynienne confinait au midi à la Téthys, la Méditerra·

née mésozoïque où se préparaient lentement les grands plis alpins. Dans cette mer épicontinentale et chaude se déposaient alternativement, au gré des mou·

vements du sol et des oscillations correspondantes des rivages, les . sédiments

+

détritiques et organiques dont sont construits le Jura, le Salève et les chaî· .. 1 nes des Bornes. Sous la poussée de plus en plus active d'un arrière-pays en, "' dérive vers le nord, transmise par les cordillères penniques en gestation dans );

le géosynclinal, le tréfond anc.ien de la plateforme continentale s'est plissé ) .' largement et s'est soulevé à plusieurs reprises. '

Au Rhétien déjà, le Mont-Blanc s'individualise de la masse des Aiguil· IJD( i• c.o1.u4!. I!\•. ;~

les Rouges et une longue dorsale doit s'élever au-dessus de l'horizon marin de_ Genève, vers le sud-est. L'érosion attaque les schistes cristallins du massif nouveau.né et alimente les poudingues et les «grès singuliers» à Pecten valo.

niensis du Col du Bonhomme et les dépôts homologues de la vallée de J . ,

Chamonix (Argentières, la Griaz). C'est

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merische Phase de STILLE) du plissement alpin (21 bis).

Au Lias supérieur et au Bajocien, les mêmes régions de l'avant-pays V1J Î c" l.l I' l't·i1)"'- émergent encore. Le massif des Aiguilles Rouges de Chamonix ainsi qu'une · · · portion de celui du Mont-Blanc se soulèvent et perdent par ~érosion une

grande partie de leur Lias. Le Trias même est atteint par le démantèlement.

A l' Argovien, la plateforme continentale oscille et se soulève localement, ce dont témoignent les dépôts bréchiques et ferrugineux de cette époque, obser·

vables dans les Alpes calcaires savoisiennes.

L~-p~se

an.dine ou néocimn,iédenne (Jungkimmerische Phase de STILLE)

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se traduit dans la région de Genève par des oscillations répétées, quoique de faible amplitude qui font émerger le fond de la mer portlandienne. ~u Sa·

lève et dans le Jura, le Portl~ndien se termine par une alternance de .4.~pôts marins et d'eau douce. Les études de E. J OUKOWSKY et de

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pll.ases d'émersion ma~quées par des b!èches multicolores, des dépôts d'eau douce à Chara, Valvata, Megalostoma, C;>'pris,parfois 4~s i;éseay11; d~ ffssyre~ qe~~ica~ion,. :Oans la ré~ion q~

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6 Eo. PARÉJAS CiLT III

:3AYl 2 Pierre-Châtel (Jura méridional) et d'après J. FAVRE et A. RiCHARD (30) le fond de la mer s'est exondé à six reprises.

L'augmentation de la profon deur vers le SE se tradu it p ar le pass~~e

des calcaires blancs récifaux et oolithiques du Portlandien et de l'Infraval:;t..!l·

ginien du Salève aux calcaires marneux sombres à C alpionella alpin a du Tithonique alpin. Au Petit Bornand, certains niveaux du Berriasien sont des calcaires gréseux renfermant des Textulaires, des Rotalidés, des Globi·

gérines, des débris de Crinoïdes, des Ostracodes, des Radiolaires et • Calpio.

nella alpina.

L~ Ïimite occidentale de la mer à Calpionelles devait donc passer entre le Salève, où ces organismes n'ont pas été signalés, et le Petit Bornan~., cachée sous le plateau molassique de Bornes. Elle doit sensiblement coïncider avec

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la limite du facies tithonique et du type mixte du Crétacé inférieur tel qu'il

11! est défini par M. GIGNOUX (47).

Les oscillations cimmériennes durent longtemps encore après la trans·

gression infra-crétacée au Salève. Ainsi, dans l'assise à Natica leviathan de l'Infravalanginien, au· dessus de la couche charbonneuse de la Corraterie, on voit la preuve d'une nouvelle émersion dans un calcaire profondément cor·

rodé et rubéfié terminé par une surface d'érosion perforée par de nombreux mollusques lithophages.

En résumé, des portions plus ou moins étendues du talus continental dans notre région se sont gauchies, plissées et ont émergé ou cours de quatre phases a·u moins entre le Trias et le Crétacé moyen, au Rhétien (phase

1 éocimmérienne), au Bajocien, à l'Argovien, au Portlandien-Infravalaginien (phase néocimmérienne).

1

Pendant le Mésozoïque, les paysages locaux furent donc des paysages marins, accidentés d'époque en époque par l'émersion d'îles basses, embry·

ons des reliefs futurs, îles rocheuses du Mont Blanc rhétien bordées de plages à galets de quartz et de schistes, îles bajociennes des Aiguilles Rouges entou·

rées de prairies d'Encrines, vastes découverts vaseux du Salève et du Jura

~ ' au Portlandien supérieur, ceints de barres et peuplés de lacs verdis par les

\' Chara, récifs de calcaires infravalanginiens rouges, perforés par les Litho·

'· domes, dans la région du Salève.

IV. BARRÉMIEN. APTIEN

Pendant les temps qui suivent l'Infravalanginien, au cours du Valan·

ginien et de l'Hauterivien, les conditions marines prévalent toujOUJ'.S dans le pays genevois L'effort orogénique paraît s'être atténué, car aucune émersion n'a été signalée dans le voisinage pendant cette période. ~.!:1.. B~!rémien tou.

tefois la mer est peu profonde et chaude.

Les calcaires du Barrémien supérieur et de l' Aptien inférieur présentent le facies dit «urgonien». D'après L. MORET(41) ils résultent de la consolida·

tion d'une boue organique due elle même à la trituration, en eau agitée, de coquilles d'organismes à test calcaire épais, vivant au voisinage ou dans des récifs à Polypiers et Zonatelles. M. LUGEON( 13) a retrouvé quelques-uns d«i:

ççs réçif~ à, la ToµrneHe çt q~11s le~ Baugest

(9)

TOME Ill

FASC. 2 GÉOGRAPHIE DE LA RÉGION DE GENÈVE 7

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A cette sédimentation organique succède en plusieurs points, dès l' Ap- tien supérieur, un régime détritique. G. MAILLARD(5) a vu des marnes noi·

res à Exogyra aquila à Oran; A.JAYET et H . BüTLER (26) rapportent à l' Ap·

tien supérieur des grès glauconieux du Col de Taine (Bornes) et L. MORET (29) a trouvé dans l' Aptien de la Montagne de la Balme et du Sémenoz (Vovray) des niveaux marno ·gréseux verts. A la Perte du Rhône, A. JAYET (28) décrit un Aptien supérieur gréseux et glauconieux. Le facies détdtique y débute même à l' Aptien inférieur par des argiles et des marnes gréseuses.

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Dès I' Aptien, on le voit, la profondeur de la mer diminue et la côte· ~ · se rapproche puisqu'à la sédimentation organique de l'Urgonien se substi·

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tuent des dépôts plus détritiques caractérisés par l'abondance du quartz et c. t V .. 1,_, · '' " '··

l'apparition du mica et des minéraux lourds. Nous allons voir que la tendance à l'émersion va se préciser de plus en plus à l' Albien.

V. ALBIEN

Dans la mer albienne qui recouvre tout le pays, des dépôts plus détri·

tiques se superposent à l' Aptien. Ce sont les grès verts. Ils doivent leur cou- leur à l'abondance de la glauconie. Deux facies principaux ont été distin·

gués dans ces sédiments:

A. ~~ facies vert clair, grossier, souvent pauvre en fossiles domine dans la région située à l'W et au S du lac d'Annecy, les Bauges, le Salève (Montagne de la B~lme) et le Jura (Cluse du Fier, Perte du Rhône, Chézery).

B. 1=.~ . fac_ies ~oir, plus glauconieux, plus fossilifère, et phosphaté est celui des Bornes à l'E du Lac d'Annecy et des Aravis. D'après CH. JACOB (15) la limite des deux facies passe entre la Montagne de Veyrier et le Par·

melan.

Le Gault vert clair des Bauges est bien connu grâce aux descriptions de LUGEON, JACOB et RÉVIL. Ces grès et sables grossiers, parfois fossilifères à leur base sont épais de 20 m. environ au Châtelard •en· Bauges, de 25 à 30 m. à la Frenière (Bauges), de 6 m. aux Maisons (Synclinal d'Entrever·

nes) et ils atteignent leur plus forte épaisseur à la Montagne de Colombier (Bauges). Au Po11t d,'Entrèves nous avons récolté dans cette formation, avec , A._],<\ yET, de~. galets roulés de qu'artz atteigtiant 1 cm. de diamètre.

A considérer la grande épaisseur des sables verts du Châtelard et du Roc de Chère, entre autres, le ~actère détritique et les magnifiques stratifi·

cations entrecroisées deltaïques de ces dépôts, on peut vraiment parler d'une m:olasse albienne. La rareté des organismes dans les grès vert clair des Al·

pes de Savoie s'explique par le caractère troublé de la sédimentation qui excluait en génétal l'existence des ammonites, si abondantes par ailleurs dans le domaine du Gault noir. La molasse tertiaire; on le sait, résulte de l'ac·

cumulation des débris arrachés par l'érosion aux Alpes naissantes. Posons aussi au sujet de la molasse albienne, la question de la provenance des ma·

tériaux qui la forment. L'origine des grès · verts doit être recherchée dans un

~~ss_if cristallin émergé et privé par l'érosion, sur de grandes surfaces, de sa couverture second~ire. ~l 4evait se tro1,lver aµ

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8 Eo. PARÉJAS

Ap~ien-Albien

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CiLT III

SAYI 2

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Fig. 1. DISTRIBUTION DES FACIES DE L'ALBIEN. Sur les fig. l, 3 et 4 les con- toun des Préalpes, des Klippes, des massifs hercyniens et l'hydrographie actuelle n'ont été des-

~inés <Jue pour aider au repéra~e des localités çitées,

(11)

TOME III

FASC. 2 GÉOGRAPHIE DE LA RÉGION DE GENÈVE 9

là que les sables albiens sont particulièrement épais et grossiers. A l' Aptien d~jà nous sàvo..:is, grâce à A. ]A YËT et H. BürLER(26) dans quelle direction ce massif décapé devait se trouver relativement au Col de Taine (Bornes).

A partir de ce point, en effet, les marnes à Lima qui renferment Exogyra aquila à Cenise, deviennent gréseuses vers le S. C~_~as_sif cristallin serait celui de J3elledonne, ce terme étant pris dans un sens large car cette unité structurale avait probablement à l'époque, des dimensions et une forme différentes de celles qÜe nous lui cpnnaissons aujourd'hui.

Région jurassienne. Salève. Les émersions et les érosions terti·

ai_r~~ _ ont dénudé la plus grande partie de l' Albien dans les régions extra-al·

e!.1-:les mais on v connait quelques témoins de cette formation. Dans le Jura, en nous bornant aux reliquats les plus proches de Genève, citons celui du Carroz: (Jura vaudois), de Chéz:erv découvert par L. W. COLLET et Eo. PARÉ•

JAS (25) et mentionné par H. VINCIENNE (39), le gisement classique de la J?~~~e du Rl!9ne, ceux des en virons de B elleg_arde et de la Cluse du Fier.~

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Fig. 2. LE CRÉTACÉ MOYEN ET SUPÉRIEUR DE BROMINES.

Légende dans le t exte ci - dessous,

Le Salève a été recouvert par la mer albienne, car L. W. COLLET et Eo. PARÉJAS ont trouvé les grès verts en galets dans les poudin·

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gues stampiens de Mornex à l'extrémité NE du chaînon et à l'état rema·

nié dans l'Eocène du Petit Salève (Passage à niveau d'Etrembières) et du Pont de la Caille (43 ). C'est au voisinage de cette dernière localité, à Cru·

seilles, que H. DOUXAMI l'a signalé en place (10). Le seul affleurement d'Albien actuellement visible dans le ,~haînon du Salève a été découvert par L. MORET au dessus des :Sains de Bromines à la Montagne de la Balme (29). Ce gisement est si important qu'il peut être utile de redonner ici ses particularités d'après L. MORET en les accompagnant d'un croquis et de quelques détails complémentaires relevés sur place par nous avec la collabo·

ration de A. ]A YET.

Sur l'Urgonien supérieur plongeant d'environ 45° au SE, on note le long du chemin menant des Bains de Bromines à Montagny: (fig. 2)

1. Calcaire lumachellique glauconieux (Brvozoaires, Oursins, Brachio·

podes). Albien.

2. Sables verts très glauconieux roux à la partie supérieure avec bancs gréseux, glauconieux, parfois n,o:luleu.x;, 8 - 10 11\· A,lbien supérieur - Céno·

manien,

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10 ED, PARÉJAS CiLT III

SAYI 2

3. Calcaire blanchâtre, crayeux à Foraminifères (Globigérines, La.

gena, Fissurina), glauconieux, en bancs et lentilles; 0,60 m. Cénomanien.

4. Sables verdâtres et bruns avec gros nod ules de grès et zones d e pseudoconglomérats calcaires, 0,80 m,

5. Sable roux renfermant des galets de Crétacé supérieur, d' Albien et d'Urgonien; 0,20 m. Les niveaux 4 et 5 représentent de Sidérolithique éocène.

6. Conglomérat grossier à galets d' Albien, de Crétacé supérieur, de silex blonds, d'Urgonien. Un galet de 0.18 m de long a été mesuré. Le ciment est gréseux, 1 m. environ. C'est le facies des poudingues de Mornex. Stam·

pi en inférieur.

7. Calcaire gréseux blanc, rosé, dur, à graines de Chara. Chattien probable.

C'est le massif de Belledonne qui a pu être la source des éléments détritiques du Gault, avons-nous dit. Un massif ancien rapproché, seul, a pu fournir à l' Albien de Lescheraines (Pont d'Entrèves) des galets roulés de quartz filonien de 1 cm. de diamètre car on ne connait pas dans la série mésozoïque locale, le Trias inférieur mis à part, de formation renfermant des éléments quartzeux de cette taille. Avec la silice détritique, seraient ve·

nus les minéraux lourds (zircon, tourmaline, rutile etc)., le mica, les oxydes de fer qui donnent leur couleur aux grès rouges du ' Colombier du Châte·

lard (Bauges), du Château d'Annecy, et de la Perte du Rhône. Quant à la glauconie, les éléments nécessaires à son élaboration trouveraient là leur origine: gels de silice et d'hydroxyde ferJ;"ique, ions potassiques libérés par la destruction de l' orthose et du microcline. P. URBAIN (40) considère, en ef·

fet, la glauconie comme un mélange assez peu évolué de ces matériaux.

Mouvements orogéniques. CR ]ACOB(15) a mis en évidence des plissements d'âge aptien au Criou, près de Samoëns, au NE de notre région.

V Aptien supérieur y manque et l' Albien inférieur (Zone à Hoplites tar~_'!·

furcatus) transgresse sur l'Urgonien corrodé. C'est dire qu'une émersion locale, suivie d'une phase d'érosion ont précédé le dépôt de l' Albien.

De même, dans le Vercors et la Montagne de Lans, d'après l'auteur précité, des plissements se sont produits entre le Gargasien (Aptien sup.) et l' Albien inférieur. Dans les Bornes et les Bauges, M. LUGEON(l3) cite plusieurs points où l' Albien manque et où, par conséquent le Crétacé supérieur trans·

gresse sur l'Urgonien; ainsi, à la Tournette _(synclinal de Sur les Maisons), au· dessus de Lautaret, près de St· Féréol, sous la Pointe d' Arcalod, à la Roulaz, dans le vallon de St. Ruph, près de Faverge.

Ces lacunes témoignent de mouvements orogéniques datant de l' Aptien supérieur et de 1' Albien. Elles démontrent l'instabilité du fond de la mer et expliquent la sédimentation troublée de grès verts qui en a été l'immédiate conséquence. De plus la simultanéité de la surrection du massif ancien et

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des plissements de la couverture mésozoïque montrent que cette surrection

1; ne fut pas d'origine isostatique mais le résultat d'une poussée tangentielle.

La pression qui a soulevé le pli de fond de Belledonne a duré de l' Aptien supérieur à l' Albien supérieur. Elle s'est immédiatement transmise à l'avant.

pays où des plis de couverture sont nés et ont émergé, îles allongées bientôt

(13)

TOME III

FAsc. 2 GÉOGRAPHIE DE LA RÉGION DE GENÈVE 11

couvertes de latérite. La figure 3 montre les points exondé sdans la région étudiée.

Nous avons affaire ici au paroxysme crétacé moyen, à la phase vor•

gosau du plissement alpin. Elle est bien connue dans le domaine des plis alpins et circumpacifiques et a donné naissance à des nappes dans les Car·

pathes méridionales.

VI. CRÉTACÉ SUPÉRIEUR

Région alpine. Dès le Cénomanien tout l'avant pays s'affaisse rapi·

dement et la mer transgresse sur les régions émergées, parfois décapées jus·

qu'à l'Urgonien. Quand les calcaires cénomaniens reposent sur les sables verts, les premiers décimètres du nouveau dépôt sont alors mixtes. C'est un mélange irrégulier de sables glauconieux et de calcaires sublithogra·

phiques à Foraminifères. L'allure de ce niveau de transition est celle d'une pseudo-brèche d'origine sous marine · et bien qu'elle marque le passage de l' Albien au Cénomanien, nous ne la considérons pas comme un véritable conglomérat de base

Comme c'est la géographie de cette époque qui nous préoccupe ici, examinons l'état du substratum au moment de la subsidence cénomanienne.

Dans les Bornes du NE la continuité de sédimentation entre l' Albien et le Crétacé supérieur semble être la règle. Toutefois, d'après la feuille Annecy, l' Albien manque entre l'Urgonien et le Crétacé supérieur autour du plateau de Glières et on ignore généralement ce qui se passait à l'époque au voisinage de la charnière des anticlinaux actuels. Mais un autre argument va nous rendre service.

Les couches rouges. Depuis longtemps, par M. LUGEON(l3), on sait qu'en divers points des Bornes du SW et des Bauges, l' Albien avant été érodé, la transgression du Crétacé supérieur se fait sous la forme de cal·

caires lités rouges, riches en Foraminifères qui reposent sur l'Urgonien. C'est le cas pour les localités de la Tournette (synclinal de Sur les Maisons) et de Lautaret près de St· Féréol, dans les Bornes, puis de l' Arcalod et de la Roulaz, dans le vallon de St • Ruph, près de Faverges, dans les Bauges.

«J'ajouterai, dit M. LUGEON, que les calcaires rouges et le Gault m'ont pam s'exclure mutuellement». Il y a donc une relation directe ici entre l'absence du Gault et la présence du pigment ferrugineux dans les calcaires trans•

gressifs.

Plus récemment L. MORET(41) a retrouvé dans les Bornes d'autres af.

fleurements de ces couches rouges : près de Thônes, dans le synclinal de la cascade de Morette et dans celui d' Ablon.

Le fer des couches rouges ne peut provenir que de terres émergées et sur ce point nous nous rallions, avec L. MORET, à l'explication que E. HAUG donne du phénomène (9). Les couches rouges sont transgressivts et le sesquioxyde de fer qui les colore est dû au remaniement par la mer

(14)

12

Cré~acé supérieur

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Eo. PARÉJAS CiLT III

SAYI 2

Fi~" 3 GISEMENTS IMPORTANTS DE CRÉTACÉ SUPÉRIEUR ET AFFLEUREMENTS DES COUCi-IES ROUGES,

(15)

Toi\rn iii

FASC. 2 GÊOGRAPHlÈ LA RÉGION DE GENÈVE lS

envahissante de dépôts de latérite formés pendant l'émersion. Quand l' Albi(n manque, il va de soi, que les couches rouges transgressent sur la région émergée elle • même et il est normal d'admettre que les latérites ont été surtout engendrées aux dépens des sables verts. Quant aux couches rouges citées par L. MORET et qui reposent sur le Gault, l'origine de leur fer ne saurait être lointaine. Rappelons que ce facies est sporadique et qu'on ne pouvait placer la source de l'oxyde de fer dans le massif de Belledonne par exemple. Dans cette supposition, le facies des couches rouges serait en:

effet généralisé à la base du Crétacé supérieur entre la région de Thônes et Belledo11ne, ce qui n'est pas le cas.

On peut dire encore que les affleurem.!nts de couches rouges des Bor·

nes et des Bauges, étant isolés, représentent des régions culminantes de la topographie à la fin de l' Albien. D'autre part, ils sont en général situés au voisinage des culminations axiales de la structure actuelle qui, d'après M LUGEON (14), ont déterminé l'emplacement des principales vallées trans·

versales des Bauges et des Bornes. Ainsi, les pointements d' Ablon et de Morette sont placés entre la Fillière et le Fier, ceux de la Tournette entre le fier et la. dépression du Lac d'Annecy, ceux de l' Arcalod entre le Lac d'Annecy et le Chéran. Est-ce à dire qu(.) les sillons transversaux occupés actuellement par le Chéran, le Lac d'Annecy et le Fier étaient déjà amorcés à l' Albien supérieur? C'est possible et il est possible aussi que les cours d'eau qui ont amené les sables verts et les gros quartz de Lescheraines aient débouché dans la mer albienne à l'amont de ces dépressions axiales c'est ·à.

dire au SE d'Êcole pour l'ancien cours du Chéran et au SE de la dépres·

sion Annecy· Faverges. En raison de la précarité de notre connaissance de la stratigraphie très détaillée des terrains en question, les inductions pré·

cédentes doivent être surtout considérées comme les bases 'hypothétiques de recherches futures.

Il n'en reste pas moins que dans notre région comme dans les Alpes de Samoens (Criou) et le Vercors, des plissements se sont produits pen·

dant l' Albien. Dans les Bauges et les Bornes, ils se sont traduits par un jeu de culminations axiales. Quant au plissement longitudinal, il semble difticile pour l'instant de déterminer si les anticlinaux actuels étaient déjà amorcés à l' Albien car l'érosion, •en enlevant aux charnières les terrains les plus récents à fait disparaître les indkes qui auraient permis de résoudre le problème.

L'affaissement cénomanien qui substitua des conditions pélagiques au milieu néritique et littoral albien paraît avoir été général dans la partie alpine de notre région. Le massif qui a alimenté de ses débris les ~ables

verts semble avoir été submergé par l'inondation ou, du moins, son rivage a dû reculer considérablement car les calcaires sublithographiques du Crétacé supérieur ont un facies pélagique franc où les éléments clastiques ne jouent qu'un rôle insignifiant.

Salève-Jura. La région du Salève a été immergée aussi car il reste un témoin de Crétacé supérieur à la Montagne de la Balme (Bromines) et . les calcaires à Fissurines abondent à l'état de galets dans la partie inférieure des poudingues stampiens de Mornex. Dans la région jurassienne, A. JAYET a signalé à la Perte du Rhône le Vraconnien à Inflaticeras rostratum et des

....

(16)

14 Ëo. PARÊJAS ëiLT lit

SAYI 2

galets de Crétacé supérieur remaniés dans l'Éocène (28); nous avons avec L. W. COLLET découvert le Crétacé supérieur à Micraster à Chézery (25); le Cénomanien du Bois d'amont (Ju ra vaudois) a été étudié à plusieurs repri- :ses (35). Plus au NW on connait les gisements de Leyssard, Lains, Cuiseaux, Chazelles, Grand Essart, Leschères, Coligny, Cesancey.

Généralités. Le calcaire blanc ou gris du Crétacé supérieur représente une boue consolidée formée de coquilles de Foraminifères, de spicules cal·

cifiés de Spongiaires, de prismes de Lamellibranches, de Coccolithes et de fines particules de calcite; c'est un véritable cimetière d'organismes plane·

toniques et benthoniques.

L'approfondissement fut rapide. En effet, on passe souvent, sur quelqueG décimètres, des sables verts grossiers aux calcaires sublithographiques du Crétacé supérieur. A Vormy, au· dessus de Cluses (Aravis), à 2 m. au· dessus du contact des grès verts, le plus gros grnin de quartz ne mesure pl us que 0, 15 mm de diamètre. Dans cette région, le fond de la mer s'affaisse t·é.

gulièrement en même temps que les rivages s'éloignent. A ce moment 14 m. de calcaires se sont déposés. Puis la sédimentation se stabilise tout à coup et reste monotcne jusqu'au sommet de la formation ( 104 m.) avec des éléments clastiques de très petite taille ( 46 ). Au Châtelard en Bauges, ( 45) le quartz détritique reste grossier jusqu'au niveau de 22 m. puis, brusquement aussi, les dépôts s'uniformisent mais en restant légèrement plus grossiers qu'à Vormy. La profondeur de la mer augmentait donc du Châtelard à Vormy.

Tous les étages compris entre le Cénomanien et le Maestrichtien in·

clusivement ont été déterminés dans la région étudiée. Une seule disconti·

nuité de sédimentation a été relevée à la base du Sénonien qui transgresse sur l' Albien aux Rochers de l•Etale d'après L. MORET (41). C'est peut-être l'indice de la «subherzyne Faltung» antésénonienne de STILLE. Il en serait de même dans les Bauges mais cette conclusion nous parait prématurée car l'absence d'une macrofaune cénomanienne ne signifie pas que le Cénomanien n'a pas été déposé. C'est la microfaune qui pourra résoudre la difficulté.

Pour l'instant, le Danien parait généralement manquer. Sous une nou·

velle poussée alpine, tout le pays émerge et l'exondation durera au moins jusqu'au Paléocène inférieur. C'est la pha~ laramienne de l'orogenése alpine qui se fait sentir ici du Danien à l'.Yprésien. Comme nous le verrons tantôt, le pays est déjà en subsidence à l'Yprésien qui voit la mer nummulitique s'avancer du SE au NW

VII. NUMMULITIQUE - ÉOCÈNE INFÉRIEUR

Le début de l'Éocène trouve une région émergée et soumise à tous les agents les plus actifs de l'érosion subaérienne. Du Jura aux environs d' An·

necy, le niveau le plus ancien de l'Éocène est représenté par les sables con·

tinentaux connus aussi sous le nom de Sidérolithique à cause de leur teneur habituelle en fer. Parfois s'y ajoutent des argiles, des bols rouges et jaunes (Vuache). Ce sont en général des sables blancs, ocreux ou rouges, suivant leur richesse en oxyde de fer. Ils représentent le résidu de l'érosion chimique des calcaires crétacés émergés. Aux Echelles (Savoie) on v a découvert une mâchoire de Lophiodon larteti, ce qui leur assigne au moins un âge yprésien.

(17)

'roME Ili

FASC. 2 ÙÉOGRAPHIË DE LA RÉGION DE GENÈVÉ 15

Région alpine Dans les Alpes, les sables éocènes sont connus au Semenoz où ils reposent sur l'Urgonien, au Châtelard • en • Bauges sur le Crétacé supérieur et à Duingt sur l'Urgonien (16). Nous les avons retrouvés sur le versant NW. de la Montagne de Veyrier où le fait de leur présence mérite quelque attention. Au NE du ravin des Barattes, au pied de la paroi où est nichée une chapelle rupestre, des grès blancs ou rouillés remplissent des po·

ches dans l'Urgonien. Le Gault a été érodé en ce point mais il a été conservé plus au N à la Carrière Mathelon et au Creux puis autour du plongement périclinal du pli de la Montagne de Veyrier. Les observations précédentes prouvent que ce plongement axial vers le NE était déjà marqué à l'Éocène inférieur.

Le Sidérolithique du Salève. Les sables éocènes sont connus dans tout le chaînon du Salève, de Lovagny au Petit Salève. Ils reposent généra.

lement sur l'Urgonien mais en plusieurs points sur des terrains plus anciens ou plus jeunes. Suivons la chaîne du SW au NE. A la Montagne de Lovagny, ils sont en contact avec l'Urgonien, à Bromines (Montagne de la Balme) d'après L. MORET avec le Crétacé supérieur (fig. 2), plus au N et jusqu'à Mandalaz, avec le niveau à Orbitolines, la masse urgonienne supérieure ayant été érodée. A quelque distance au ~E du Pont de la Caille, ils sont très glauconieux à la base et ont r.emanié les <iables albiens que ÜOUXAMI a vus en place à Cruseilles ( 10 ). A partir de là, vers le NE, sur les deux flancs du pli, ils reposent sur l'Urgonien. D'après E.]OUKOWSKY et

J

FAVRE (17)

c'est l'Hauterivien qui forme leur substratum au S du Grand Piton et à l'E du Plateau du Grillet. L'Urgonien a donc été complétement érodé avant leur dépôt. Approximativement sur la transversale passant par cette région.

observons qu'à l' Oratoire, sur le versant SE et sur le sentier de Beaumont à la Thuile, versant NW ils recouvrent l'Urgonien. Ceci démontre qu'à l'Eocène inférieur l'Urgonien du Salève, sur cette transversale, était plissé depuis un temps assez long pour avoir permis l'élimination complète de l'Urgonien de la charnière.

Sur les flancs de l'anticlinal, ce terrain, moins exposé était conservé. Une tache de Sidérolithique repose également sur l'Hauterivien près de la Croi- sette (près du Pt. 1292). Au Grand Salève, les mêmes conditions se repro·

duisent: contact du Sidérolithique sur Urgonien, entre la Joie et les Molli·

ets, sur le versant SE, contact Sidérolithique-Hauterivien à l'W et au N des·

Rochers de Faverge, c'est la région de la charnière du pli, conta!':t Sidéro- lithique sur Urgonien derechef, au pied des parois de la Grande Gorge, sur le flanc NW. Là encore la preuve se fait de l'ancienneté du pli du Sa·

lève qui remonte au moins à l'Êocène inférieur. Nous donnons à cette oc·

casion quelques profils de détail relevés avec A. ]A YET sur le sentier de Bos sey à la Grande Gorge et à son voisinage, à l'endroit où il quitte les ébo·

lis et entre dans la roche en place.

a) Coupe relevée sur le sentier, en descendant:

1. Eboulis.

2. Sables siliceux jaunes; 3 m. env. Sidérolithique.

3. Lentilles de conglomérat grossier à ciment gréseux et à éléments d'Urgonien et silex roulés. Mesuré un bloc d'Urgonien de 0.80 m. de long;

1.20 m. Stampien inférieur. Facies des poudingues de Mornex.

(18)

16 Eo.

PARÉJAS ëb SAYI tii 2

4. Sables siHceux èontenant encore des galets épars.

5. Eboulis.

b) Coupe relevée à peu de distance au NE du sentier:

1. Urgonien imprégné d'oxyde de fer.

2. Conglomérat formé surtout d'éléments urgoniens (diam. max.O 20m avec quelques silex. Ciment gréseux jaune; 2 m. environ.

3. Sable jaunâtre à· galets disséminés et à pisolithes d'oxyde de fer.

Les niveaux 2 et 3 appartiennent à la série des p •. :udingues de Mornex. Stam·

pien inférieur.

c) Coupe relevée plus au NE, au pied d'une aiguille de roc détachée de la paroi:

1. Urgonien faillé longitudinalement.

2. Éboulis sur 2.50 m.

3. Grès très dur; 0,50 m. env.

4. Grès plus tendre à pisolithes d'oxyde de fer, se décomposant f aci lement en sable, 1 m. env.

5. Eboulis.

Les niveaux 3 et 4 appartiennent au Sidérolithique.

Le Salève se marquait donc à l'Eocène comme un pli à grand rayon sur lequel il est possible de mettre en évidence quelques ondulations ax ia·

les. Les points de l'axe du pli ou de son voisinage qui montrent, sous le Sidérolithique des terrains anciens (Hauterivien, Barrémien, Aptien) corres·

pondent aux culminations axiales. Les dépressions de l'axe sont fixées par la présence de formations plus récentes (Albien, Crétacé supérieur). Ces considérations permettent de reconnaître pour l'Eocène inférieur les varia·

tions axiales suivantes: 1 Culmination de Lovagny, 2 Dépression de Bro·

mines, 3 Culmination de la Balme-Montagne de la Caille, 4 Dépression de la Caille Cruseille5;" 5 Culmination des Pitons • Grand Salève, 6 Plongement axial d'Étrembières.

Non seulement le Salève était plissé à cette époque, mais il était encore faillé longitudinalement car E. ]OUKOWSKY et j. FAVRE ont démontré l'âge éocène ou même légèrement antérieur des cassures parallèles à laxe du pli.

Région jurassienne. Le Sidérolithique est connu au Vuache (Che·

vrier), au Mont de Musièges, au pied de la chaîne du Reculet·Crédo (Collon·

ges, Thoiry). En tous œs points les sables éocènes reposent sur l'Urgonien, A St· André, sur le versant E de l'anticlinal du Gros Faoug traversé en cluse par le Fier, c'est l' Albien qui forme leur substratum. A la Perte du Rhône, ils surmontent le Vraconnien (Cénomannien) à lnflaticeras rostra.

tum, et les sables éocènes renferment des galets de calcaires sublithographiques du Crétacé supérieur d'après A. ]A YET. A Chézery, le Crétacé supérieur existe sous le Tertiaire.Le Bassin de Bellegarde, la cluse du Fier, Chézery représen·

taient donc autant de régions déprimées. Il est intéressant de noter que la dépression de la cluse du Fier est dans l'axe de sillon transversal du Chéran, dans le Bauges et que celle de Bellegarde s'oriente sur les dépressions axiales de Bromines et du Lac d'Annecy, sillons dont nous avons déjà supposé l'existence à l' Albien et qui persistent donc à !'Éocène.

(19)

Ï"J'OME III

1 FASC. 2 GÉOGRAPHIE DR LA RÉGION DE GENÈVE

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13 Brizon, Be Bellegarde, Bo Col de Sornette, Br Bromines, C Châte ard en Bauges, Cl\

Poqt de la Caille, Ch Roc qe Cqère, Co Col ge la Colombière, Cr Cruseilles, Cy Chèz~r-y, D Duingt, E Etrembières, Q Oolet, GB Çrand Bornan.q, L Montagnl! de Lovàgny, M Mandalaz, MS

IV!ont Saxoqn(lx1 N Nancy ~ur Çlµses, P Grand Piton, Po Col de11 Portette!!, SA St André 1 ~"l s~meqoz, Sg &guqi~e, T Tl\orens, V Mon.taine qe Veyrier.

(20)

18

VIII.

ED. PARÉJAS

ÉOCÈNE MOYEN (LUTÉ TIEN)

Cü:c Ill

SAYI 2

La monographie récemment publiée par L. MORET (41) expose les faits du Tertiaire régional et en présente la synthèse avec une telle clarté que nous renvoyons le lecteur à cette publication. Nous nous bornerons à re·

prendre les points qui intéressent particulièrement la région de Genève.

Lutétien marin. Les sédiments marins lutétiens sont surtout détriti·

ques et constitués par quelques mètres, au maximum, de grés grossiers et de calcaires gréseux à grandes Nummulites, Assilines et Alvéolines.

Dès le Lutétien moyen, le continent est affecté d'une subsidence qui ramène la mer sur une partie du territoire. L'aire occupée par les sables du Sidérolithique s'arrête, vers les Alpes, sur une ligne jalonnée par le Châtelard·

en-Bauges, Duingt et le versant NW de la Montagne dé Veyrier, et qui est voisine du rivage supposé de la mer du Lutétien moyen. Cette mer trans·

gresse au Châtelard sur les sables continentaux. Si ces derniers ont existé plus au SE, ils ont été balayés par la mer envahissante. Voici la liste des rares pointements de Lutétien marin qui sont connus actuellement dans le cadre géographique que nous nous sommes assigné :

Le Châtelard, synclinal d'Entrevernes, Roc de Chère, Col des Portettes (Charvin), Nous leur adjoignons Arâches, sur la rive droite de l' Arve. Peu nombreux, ils n'en dessinent pas moins le rivage de l'époque qu'on voit ac·

cidenté par deux golfes celui du Roc de Chère et celui d' Arâches et par un promontoire intermédiaire, le promontoire des Bornes-Aravis. L'absence du Lutétien marin dans les Bornes et les Aravis entre le Charvin et Arâches peut à la rigueur, être interprétée de deux manières. Ou bien le Lutétien s'y est déposé mais il a été ultérieurement enlevé par une érosion consécu·

tive à une émersion et par la transgression priabonienne, ou bien cette ré·

gion est restée émergée pendant tout le Lutétien et alors la lacune est ori·

ginelle.- Il est vrai qu'on n'a pas encore signalé dans ce territoire de Luté·

tion remanié dans le conglomérat de base priabonien, mais cet argument négatif ne saurait peut-être couvrir que notre ignorance. De toute façon, il reste acquis que la région considérée, dépourvue de Lutétien, a été soulevée sous forme de dorsale dirigée SW-NE avant le Lutétien moyen ou avant le Priabonien. En prolongeant l'axe de la dorsale vers le NW, on aboutit -à la culmination principale du Salève, celle des Pitons, déjà marquée à l'Éocène inférieur.- Nous posons dès main.tenant que ces deux accidents sont dus à une poussée exercée suivant un axe commun. - D'après la feuille Albertville, dans le synclinal d'Entrevernes le Lutétien marin transgresse sur le Crétacé supérieur au Châtelard, sur l'Urgonien au SW du Golet enfin sur l'Albien du flanc oriental du synclinal à la descente axiale vers le lac d'Annecy. - Ces constations permettent de faire remonter jusqu' avant le Lutétien moyen l'existence des accidents d'axe actuels suivants: la dépression du Châtelard, le culmination du Golet et la dépression du lac d'Annecy. En transversale, nous démontrerons que le synclinal d'Entrevernes dans son prolongement sep·

tentrional du Roc de Chère existait avant le Priabonien inférieur.- Tout cela constitue un faisceau de preuves à l'appui de l'ancienneté du synclinal d'Entrevernes·Roc de Chère et de ses variations d'axe.--D'autre part RÉVÎL

(16> no~s apprend ~ue près qe 1;>uini,;t1 Sl,lr lç flaµç Qriental dµ même syncU·

(21)

TOME III

FASC. 2 GÉOGRAPHIE DE LA RÉGION DE GENÈVE 19

nal les sables éocènes sont plaqués sur l'Urgonien.

relevait donc transversalement vers l'E ce qui serait ce de l'anticlinal du Col de Bornette ·Parmelan à la

Ce dernier terrain se un indice de l'existen·

même époque.

Lutétien lacustre. Grâce à L. MORET qui a découvert le Lutétien lacustre de la région, nous savons que la subsidence du Lutétien inférieur a été de courte durée.- Sur les couches marines- de Bellecombe (Synclinal d'Entrevernes), du Roc de Chère et d' Arâches reposent des couches lacus·

tres que la présence de Bulimus subcylindricus et Limnaea Michelini (Roc de Chère) datent du Lutétien supérieur.- J eur épaisseur atteint une vingtaine de mètres au Roc de Chère. Une émersion se marque donc par ces dépôts mais bientôt un affaissement général rappelle la mer 'une fois de plus.

Nous sommes au Priabonien inférieur.

IX. ÉOCÈNE SUPÉRIEUR (PRIABONIEN)

La mer priabonienne dépasse vers le NW les rivages lutétiens. Tout au long de la bordure externe des plis des Bornes, de St Pierre de Rumilly à Annecy, le Priabonien transgresse. ·La mer ennoie toute la dorsale des Bornes-Aravis mais. elle n'atteint pas la région du Salève où l'on n'a pas trouvé jusqu'à présent de dépôts marins de cet âge, même à l'état remanié.

Région alpine. Le conglomérat de base priabonien peut reposer sur le Lutétien, le Crétacé supérieur, l' Albien ou l'Urgonien, mais c'est le Crétacé supérieur qui forme le plus souvent son substratum dans les synclinaux ac·

tuels. Pour arriver à se rendre compte de la structure du pays au moment de la transgression, il faudrait mesurer l'épaisseur du Crétacé supérieur res·

tant sous le Priabonien partout où cela est possible et, en réservant les réductions imputables à la tectonique, tracer les isopacliytes du Crétacé su·

périeur c'est·à-.dire les courbes unissant les points où une même épaisseur a été observée . . On obtiendrait ainsi une carte qui donnerait par lè figuré de l'érosion différentielle, la position des culminations et des dépressions au Priabonien inférieur. Il faudrait aussi admettre pour cette restitution que l'épaisseur du Crétacé supérieur a été sensiblement la même sur toute l'éten·

due du territoire. Ce travail est encure à entreprendre car les données que nous possédons sont trop peu nombreuses.

Pour l'instant, essavons de retrouver quelques traits de la carte géologi·

que du Priabonien inférieur sur la base de·s documents existants et de nos ob·

servations personnelles. Nous examinerons, du SE au NW, et le long des plis actuels des Bornes et des Bauges, sur quels terrains le Priabonien est trans- gressif (Fig. 4 ).

Synclinal du RepoJOir. (Flanc NW) A Nancy sur Cluses, d'après H. BOTLER (31) les calcaires nummulitiques sont en légère discordance angulaire sur le Crétacé supérieur qui diminue d'épaisseur vers l'ouest. Au col de la Co·

lombière, le Crétacé supérieur est coupé en biseau vers le SW par le Pria·

bonien et, en un point, le Nummulitique repose sur l' Albieh. La carte de H .BûTLER montre que le Crétacé supfrieur manque à partir du Grand Bornand vers le SW et jusqu'à la cluse du Borne. D'après la feuille Annecy, cette la- çune se poursuit d~ns la même çlireçtion fusqu'a:u.

NW

de St Jean d~ Si~t,

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