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Région alpine. La région décrite a été modelée par la tectonique en un réseau orthogonal de plis, formé de plis longitudinaux et de culminations transversales. Ces dernières ont déterminé la place des cours d'eau transver·

saux de la région. M. LUGEON(14), dans un ouvrage classique, a montré pour le Chéran, la vallée de Faverges, le Fier et le Borne comment la tee·

tonique dirige l'hydrographie transversale en la canalisant dans les inflexions axiales. Nous venons de marquer l'ancienneté de ces sillons dont quelques uns remontent à l' Albien. Ils ont été envahis plusieurs fois par la mer avant d'être exondés définitivement à l'Éocène supérieur et d'être transformés en profondes vallées alpines.

Ainsi l'emplacement des vallées transversales actuelles était défà fixé sur le fond de la mer.

Il reste l' Arve. Son cours inférieur, depuis Cluses, s'est logé, d'après M. LUGEON(l4) dans la gouttière ménagée entre la virgation des Bornes et les Préalpes du Chablais. Ce tronçon est relativement jeune, il ne date que du Chattien et du chevauchement des Préalpes. L' Arve devait antérieure ment, suivre l'inflexion axiale reconnue par M. LUGEON entre les Houches et Samoëns, puis descendre au-delà dans la dépression où s'est placée depuis la masse exotique des Préalpes du Chablais.

Vallon de Monnetier. L'origine fluviatile de la dépression est indé, niable.

Pour M. LUGEON(l4) c'est l'antécédence qui explique l'évolution de ce vallon, aujourd'hui mort et suspendu. L' Arve préglaciaire a scié le pli du Salève au fur et à mesure qu'il s'élevait et elle s'est échappée finalement par voie de capture en tournant le Petit Salève par le NE. La marche du phé-nomène est décrite par E. JOUKOWSKY et

J.

FAVRE( 17) auxquels nous ren-Aoyons le lecteur, mais nous suggérerons l'hypothèse que le mouvement ascensionnel du pli a continué après la capture. Elle expliquerait la hauteur considérable du vallon, le caractère juvénile du tronçon de l' Arve, si encaissé et torrentiel entre Pont N. Dame et la confluence de la Menoge et la fraîcheur des miroirs de beaucoup de failles du Salève.

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44 Ëo. PARÉJAS éiLT ti1

SAYI 2

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Bassin de Genève. E. ]OUKOWSKY(20), sur la base de résultats de sondages et de travaux de fondations exécutés dans le canton de Genève, a révélé l'existence d'un réseau de vallées prérissiennes creusées dans la molasse.

Un ancien cours du Rhône peut être repéré par les points suivants (Fig.12) a) le sud du Pont Butin, ·à l'aval de Genève, où le talweg ancien est inférieur à 344m, c'est ·à· dire à 31 m au-de ;sous du niveau moyen du Lac de Genève. La direction de la vallée est soulignée par une petite falaise mo·

lassique presque verticale dirigée à l'WSW.

b) Chèvres où, d'après A. FAVRE, son niveau est inférieur à 338 m.

c) A l'Ile du Nord le fond rocheux est au· dessous de 332 m.

d) A 60 m à l'amont du Pont de Peney le talweg est inférieur à 321 m.

e) A 1400 m. en amont du Pont de La Plaine la molasse .est à 341 m. bien qu'il ne s'agisse pas là d'une cote de talweg.

f)

Le lit du Rhône sous Cartigny où la molasse n'a pas été touchée à 317 m.

g) Au ruisseau de Couchefatte, la molasse a été atteinte à 336 m. et dans le Rhône, au droit du ruisseau de Ripes, à 323 m.

Un ancien cours de l' Arve a été décelé par E. JOUKOWSKY également entre la station de pompage de Vessy et Chancy en passant par Arare et Soral où son talweg est inférieur à 373 m.

La jonction des deux cours d'eau se faisait au SW du coteau molas·

sique de Bernex avant la glaciation de Riss. Un tronçon de ce réseau ancien est encore signalé au N de la Roulavaz par H. LAGOTALA (43).

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Les glaciations. et le lac de 428 m. Le glacier de Riss s'avance sur cette topographie et la recouvre d'une moraine de fond dont l'épais·

seur peut mesurer jusqu'à 15 m . (Pont Butin). C'est une argile compacte parfois sableuse renfermant des galets striés et des blocs. Sa découverte est due à E. jOUKOWSKY (20). Il l'a vue dans de nombreux sondages et l'a signalée en affleurement sur la rive droite du Rhône, un peu en amont du Pont Butin. Depuis lors elle a été signalée par A. ]A YET sur la rive gauche du Petit Lac entre Anières et Hermance et nous l'avons nous· même repérée au pied des falaises· de Cartigny, sur la rive gauche du Rhône, dans le lit de la London et celui de la Laire.

Lorsque le glacier de Riss fond et se retire, il cède la place, dans les régions basses, à un ou plusieurs lacs où se déposent les marnes à lignites.

Ces dépôts sont en réalité des argiles marneuses ou des sables à stratifications saisonnières (varves) Le climat a dû se réchauffer considérablement car sur les bords des lacs croissent des chênes (Quercus pedunculata Ehrli) dont les troncs et les branches, ont été entraînés dans les marnes où ils se sont lignitisés. Les torrents issus des glaciers en retraite remanient les moraines et épandent dans les régions basses les graviers puissants de l'alluvion an·

cienne dont l'épaisseur peut atteindre 45 m. Des dépôts lacustres à varves s'v intercalent localement. Les seuls restes organiques qu'on a trouvés dans l'alluvion ancienne sont des défenses de Mammouths.

Le glacier du Rhone, qui a reculé son front jusqu'au delà de la Drance du Chablais, revient bientot, s'avance par poussées successives suivies de

~ Résultats de reche1 ches publiés avec l'autorisation de la Comrnissione géologique suis~e .

TOME III

FAsc. · · 2 GÉOGRAPHIE._DE LA RÉGION DE GENÈVE 45

légers retraits et recouvre les plaines d'alluvions et la molasse mise à nu sur les coteaux. Nous sommes au Würmien. La nouvelle moraine de fond peut atteindre une puissance de 20 m. Les glaciers würmiens fondent à leur tour et reculent par étapes. Un stationnement s'accroche au Jura entre 680 et 710 m, au· dessus de Thoiry. La cluse de Collonges (Fort de l'Êcluse), obstruée par des matériaux morainiques retient un lac boueux qui s'élève au moins jusqu'à une altitude de 428 m . Le glacier aminci y flotte et sur le foI}d de la nappe d'eau s'accumulent des marnes dites glaciolacustres 1) compactes ou var·

vées. Des galets morainiques

v

sont tombés en bouséulant '. les strates. Ils proviennent vraisemblablement de glaces flottantes.

Le glacier s'est détaché du Jura, il s'est retiré latéralement sur la rive gauche de la Groise. Un drainagë périphérique s'établit le long du Jura et les alluvions répandues entre Thoiry et:'Jes cé>teaux de Choully et de Chal·

lex datent de cette époque. L' Anna~~G;oise dépose à ce moment les graviers élevés de Pougny et du Crêt. Le glacier recule encore. Son front s'étend maintenant de Bardonnex à Laèonnex par St }~lien et se prolonge peut·

être par la rive gauche de la London. L' Aire-Arinde, la Laire et la London périphériques construisent les vastes cônes. gravele"1x et sableux de Soral·

Cartigny et de Russin-Dardagny •. Le retrait s'accentue. Les plateaux de Mey·

rin au Grand Saconnex, découverts, montrent leurs rangées de drumlins, La dépression comprise entre le coteau de Bernex et les hauteurs de Perly est libre de glaces et comme la barrière morainique est très basse sur l'em·

placement de Thairy, l' Aire:Arande descend d~ns-·la cuvette par la brèche·

C'est la capture de Thairy ·qui transforme un drainage périphérique en prainage centripète. La vallée entre Thairy ét/'Soral devient une vallée morte.

Le glacier de l' Arve s'est séparé peu après' de celui du Rhône et s'est retiré à l'amont d'Êtrembières. L' Arve qui co1vourne maintenant le Petit Salève par le NE dépose les graviers des plateaux de Moilleeulaz et de Chêne ainsi que les sables de Grange Canal er' de Malagnou. Le classement des . matériaux de ce complexe, c'est • à• dir.e le passage des graviers de l'amont aux sables de l'aval, laisse supposer que· fa partie aval au moins de ces anciennes alluvions de l' Arve a dû se d éP.oser dans le lac de 428 m. Le même classement a été observé dans les côi;te; anciens de l' Aire-Arande et de la London où il appelle les mêmes cqnclusions. . / ... ·

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Le lac de 408 m et le Rhône. L'obstacle morainique de la cluse de Collonges, naturellement peu .résistant, cède et le lac de 428 m. se vide jusqu'au niveau de 408 m. Ce lac de 408 m. s'arrête dans la dépression comprise entre Bernex et Perly. C'est d'ailleurs sa vallée naturelle car elle prolonge le synclinal du Petit Lac qui contient la nappe d'eau plus au NE.

A l'aval, ce vallon est barr.é par l'amphithéâtre morainique de St Julien·

Laconnex ce q~i nous fait / considérer le lac de 408 m. comme dû à un barrage par une moraine· frontale.

Le Rhône sort du lac entre les hauteur~ du Bois de la Bâtie et de St Jean et l' Arve se jette directement dans le lac entre Champet et Pinchat en déposanl les graviers à stratification inclinée des Tranchées et

probable-1) Terme employé par E. JOUKOWSKY ET

J.

FAVRE.

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TOME III de terrasses postglaciaires sans tenir compte des alluvions récentes et actuelles.

La terrasse supérieure se trouve en moyenne à 34 m au-dessus du niveau Pqu-gny-Chancy. Les terrasses lacustres correspondantes se trouvent à 33 m.,

10 m et 3 m au· dessus du lac de Genève.

Le tronçon où l'encaissement des méandres est maximum se trouve corn·

pris entre Aïre et Aire-la Ville et le lit du Rhône est .entaillé par épigénie

48 ED. PARÉJAS

Etudes géologiques sur l'extrémité méridionale de la pre·

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