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CHA TTIEN • AQUITANIEN

Au Chattien la mer s'est retirée définitivement du domaine alpin et de l'avant pays. Ce retrait est commandé par une recrudescence de pression tangentielle. Le relief de la chaîne alpine s'accentue et, du même coup, l'érosion dont les produits sont déversés dans les lagunes périalpincs

') Récemment ]. VIRET et

J.

HÜRZELER (B. S. G F. 1937, p. 129) ont dét.,rminé avec précision l'âge de l'Oligocène de liase de Pyrimont - Challonges qui débuterait par le Sta~pien moyen.

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f.o.

p ARÉJAS CiLT 111

SAYI 2 par des 'Cours d'eau logés dans les dépressions transversales de la surface structurale.

Ainsi s'accumule la molasse d'eau douce du pied des Alpes jusqu'au coeur du Jura. Ce sont des grès grossiers ou fins, micacés, verdâtres ou rouges à Plebecula Ramondi, Planorbes, Limnées, des marnes bariolées de rouge. Le fer provient des reliefs couverts de latérites.

La sédimentation est souvent troublée, les strates s'entrecroisent. Des cycles nombreux s'y lisent qui font succéder aux grès grossiers, les grès fins, les marnes gréseuses puis les marnes fines qui brusquement seront recou·

vertes et parfois ravinées par un apport de grès grossier, début d'un nouveau cycle. Au sommet de cette molasse bariolée chattienne épaisse de plus de 300 m. dans le bassin de Genève, se place une série gypsifère et carbona·

tée. Les calcaires d'eau douce et les marnes alternent avec les gypses au Nant d' Avanchet, à Choully, à Bernex, à St Julien, à Archamps, dans le vallon de l' Annaz • Groise.

Entre le Salève et les Bornes, L. MORET place au sommet de la série une molasse gréseuse grise et des marnes rouges et grises aquitaniennes dont l'équivalent n'a pas encore été retrouvé dans le bassin de Genève. Au Chattien, sur les terres basses que le jeu de la tectonique fait émerger et s'immerger, sur le relief alpin, sur le Salève peut· être, des flores prospèrent.

Les Fougères, les Conifères, les Palmiers, les Myrtacées, les Laurinées, les Ericinées, les Diospyrinées, les Rhamnées, les Légumineu11es sont représentées.

On en a retrouvé les débris à Mornex, à Collonges· sous· Salève, à Ar·

champs, à Bonneville, à Thorens, aux Barattes près d'Annecy et ailleurs encore.

Région alpine. La Molasse chattienne • aquitanienne se dépose sur sur tout le front des plis des Bornes de Bonneville à Annecy. Mais les synclinaux les plus externes n'en renferment pas. Par contre, dans les Bauges, elle remplit le synclinal de Leschaux • Désert et se trouve encore dans celui des Aillons.

Salève et Bassin de Genève. La Molasse qui repose sur les deux flancs du Salève est chattienne. L. MORET a signalé Plebecula Ramondi dans les grès de Cuvat et de Villy· le· Peloux et ce fossile caractérise et date la quasi totalité de la molasse du bassin de Genève.

Les grès marins de Mornex marquent une légère subsidence mais avant le début de la molasse chattienne, le Salève est soulevé encore et la série de Mornex est érodée, particulièrement sur les culminations d'axe. Cela est notoire entre le Pont de la Caille et Mornex. Les poudingues à Mornex sont coupés en biseau par la molasse, du NE au SW. Epais de 22 m. à Haut Mornex, ils n'existent plus à 1 km. de là, au SW, à la même altitude.

Déjà avant qu'on n'atteigne la carrière des Esserts, on voit la molasse très calcarifère et riche en débris de végétaux, trangresser sur l'Urgonien. De même, dans la cluse des Usses. L'ablation oblique de la série de Mornex, épaisse ici de 44 m .. et la transgression molassique sur l'Urgonien sont observables le long du ruisseau, affluent de droite des Usses, qui tombe en

c~scade dans cette rivière, immédiatement à l'amont de la cluse. Mais ici' l'ablation se fait en sens inverse, du SW au NE. Ceci prouve la persistance

TOME III

!."ASC. 2 GÉOGRAPHIE DE LA RÉGION DE GENÈVE 29

au Chattien inférieur, entre Cruseilles et Mornex de la culmination prin·

cipale de l'axe du Salève que nous avions mise en évidence à l'Eocène in·

férieur déjà.

La molasse a-t-elle recouvert complétement le pli du Salève? Elle cou·

pe en biseau la série de Mornex dans les parties déprimées de l'axe du pli, elle est en légère discordance sur l'Urgonien des flancs, elle recouvre com-plètement la dépression de Cruseilles et le pli lui-même au voisinage d'~trembières mais tout €eci ne nous renseigne pas sur le comportement des culminations. Le seul argument en faveur d'une émersion locale de l'axe est un argument négatif et par cela même de valeur douteuse. C'est l'absen·

ce des reliquats de molasse qui auraient dû être conservés dans les creva•·

ses de l'Urgonien. Cet Urgonien sur lequel la molasse a trangressé était la·

piazé et profondément fissuré, comme~ nous l'avons constaté à la carrière des Esserts, il y a quelques années. Po urquoi les lapiés du plateau du Grillet, aux Pitons par exemple, n'en recèlent· ils pas, alors que le Sidérolithique s'est conservé dans les poches de ce même Urgonien ainsi que dans les failles longitudinales?

Que le Salève chattien ait été une île ou simplement un haut fond dans la lagune molassique, il a fait s'orienter parallèlement à sa direction générale, les magnifiques ripple marks des grès des Verrières, au NE de Beaumont. La direction de ces rides est N 34 E donc sensiblement parai·

lèle au pli actuel. Ce sont des rides asymétriques dont le flanc

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abrupt

regarde le Salève. Le courant qui les a formées se dirigeait du NW au SE.

Région jurassienne. Les molasses d'eau douce chattiennes et aqultani ennes sont connues dans le bassin de Rumilly, la vallée des Usses, la cuvette"

de Bellegarde et les synclinaux internes du Jura · (synclinal de Chézery). Le Chattien à P. Ramondi est cité à Droisy, au N. de la Montagne des Prin·

ces. Les dépôts chattiens de · cette région ne diffèrent pas essentiellement de ceux du Bassin de Genève. Quant à 1' Aquitanien, dans les Ussel', LDONC!EUX le fait débuter par des marnes grossières, sableuses et graveleuses, lagunaires à Potamides margaritace11s. Au.dessus vient une molasse bariolée fossilifère puis des marnes et des calcaires panachés. Les marnes panachées peuvent renfermer des lits de gypse. La présence de calcaires et de gypse rappro·

cherait cet Aquitanien de la molasse calcaire et gypseuse qui termine la série dans le bassin de Genève. Faut-il établir l'homologiè? En l'absence d'une faune aquitanienne chez nous, il nous semble qu'un simple paràllélis·

me de facies ne suffise pas.

Comme au Salève le problème de l'émersion des plis internes du Jura au Chattien peut se poser, mais là aussi les ar~uments décisifs manquent encore.

A la Rivière, dans le synclinal dt: Chézery, la molasse d'eau douce repose sur le Crétacé supérieur, au-delà plus au N, sur l'Urgonien. On ne retrouve le Crétacé supérieur sous la molasse, dans le même synclinal, qu'au Carroz (vallée de Joux). Toute la région comprise entre ces deux locali·

tés culminait donc axialement avant le Chattien.

Vue d'ensemble. A la fin de l'Êocène l'ensemble des plis des Gor·

ge~ et qes 5auçes s'e"oncle. le flysçh et les gr~s de Taveyannaz pdaboniens

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SAYI 2 représentent les derniers dépôts marins alpins. A !'Oligocène inférieur (Sannoisien et Stampien inf.) la mer est refoulée en un sillon cernant le front des plis alpins ou empiétant légèrement sur les éléments externes

(synclinaux de Champlaitier et des Déserts).

Dès le Chattien et jusqu'à l' Aquitanien et au Burdigalien inférieur la mer se retire de tout l'avant-pays. Elle est remplacée par les lagunes molas·

siques où se sédimentent les produits de l'érosion alpine.

Au Salève, le premier soulèvement tertiaire du pli date au moins de

!'Éocène inférieur il s'accentue au Stampien inférieur (poudingues de Mornex) en deux étapes. Une subsidence antéchattienne qui fait réapparaître la mer (Grès marin) est suivie d'un soulèvement (érosion de la série de Mornex) puis un affaissement correspond à la trangression de la molasse chattienrte.

L.a culmination des Pitons- Gd. Salève, la dépression de Cruseilles et le plongement au NE du Pt Salève se marquent encore au Stampien inférieur et au Chattien. Une subsidence intervient brusquement au Burdigalien su-périeur et la mer envahit de nouveau une partie du territoire. Nous som·

mes au Miocène.

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