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ÉOCÈNE SUPÉRIEUR (PRIABONIEN)

La mer priabonienne dépasse vers le NW les rivages lutétiens. Tout au long de la bordure externe des plis des Bornes, de St Pierre de Rumilly à Annecy, le Priabonien transgresse. ·La mer ennoie toute la dorsale des Bornes-Aravis mais. elle n'atteint pas la région du Salève où l'on n'a pas trouvé jusqu'à présent de dépôts marins de cet âge, même à l'état remanié.

Région alpine. Le conglomérat de base priabonien peut reposer sur le Lutétien, le Crétacé supérieur, l' Albien ou l'Urgonien, mais c'est le Crétacé supérieur qui forme le plus souvent son substratum dans les synclinaux ac·

tuels. Pour arriver à se rendre compte de la structure du pays au moment de la transgression, il faudrait mesurer l'épaisseur du Crétacé supérieur res·

tant sous le Priabonien partout où cela est possible et, en réservant les réductions imputables à la tectonique, tracer les isopacliytes du Crétacé su·

périeur c'est·à-.dire les courbes unissant les points où une même épaisseur a été observée . . On obtiendrait ainsi une carte qui donnerait par lè figuré de l'érosion différentielle, la position des culminations et des dépressions au Priabonien inférieur. Il faudrait aussi admettre pour cette restitution que l'épaisseur du Crétacé supérieur a été sensiblement la même sur toute l'éten·

due du territoire. Ce travail est encure à entreprendre car les données que nous possédons sont trop peu nombreuses.

Pour l'instant, essavons de retrouver quelques traits de la carte géologi·

que du Priabonien inférieur sur la base de·s documents existants et de nos ob·

servations personnelles. Nous examinerons, du SE au NW, et le long des plis actuels des Bornes et des Bauges, sur quels terrains le Priabonien est trans-gressif (Fig. 4 ).

Synclinal du RepoJOir. (Flanc NW) A Nancy sur Cluses, d'après H. BOTLER (31) les calcaires nummulitiques sont en légère discordance angulaire sur le Crétacé supérieur qui diminue d'épaisseur vers l'ouest. Au col de la Co·

lombière, le Crétacé supérieur est coupé en biseau vers le SW par le Pria·

bonien et, en un point, le Nummulitique repose sur l' Albieh. La carte de H .BûTLER montre que le Crétacé supfrieur manque à partir du Grand Bornand vers le SW et jusqu'à la cluse du Borne. D'après la feuille Annecy, cette la-çune se poursuit d~ns la même çlireçtion fusqu'a:u.

NW

de St Jean d~ Si~t,

20 Eo. PARÉJAS Ciu III

SAY I 2

Comme nous sommes ici à une altitude relativement basse sur le fla:nc de SE de l'anticlinal des Vergys, cette lacune démontre l'existen ce d'un . bombe·

ment axial antépriabonien dans cette région. Il est remarquable que cette culmination, notable puisque le Crétacé supérieur manque sur une distance de 4;7 Km, se retrouve sur l'axe de la poussée qui· a soulevé le promontoire des Bornes et le bombement principal du Salève.

Anticlinal des Vergys. Pte de Chevran. D'après fa feuille Annecy et la carte de H. BüTLER. sur le versant N de la Pte de Chevran, c'est -à· dire tmr l'axe du pli, l' Albien et le Crétacé supérieur manquent. Plus au SW, au NW du sominet du Bargy le Priabonien repose sur l'Urgonien.

Envir~ns de Mont Saxonnex. Le Gault devait affleurer là sur de grands espaces au Priabonien, d'après la carte de H. BüTLER, car dans la vallée du Bronze près de La Gouille et au SE de Brizon, le Priabonien recouvre l' Albien.

Région de Soudine. Dans la partie SW du synclinal de Champlaitier, entre Soudine et la Montagne des Frêtes, le Priabonien (calcaire et Flysch) -repose sur l'Urgonien ou l' Albien. C'est l'indice de la présence d'une cul·

mination en ce point au Priabonien .

Thorens. En suivant à partir de Thorens la base de l'Enclave du SW au NE on observe que le Priabonien coupe très obliquement en biseau le Crétacé supérieur et le Gault. Ceci démontre un relèvement axial vers le NE dans ce secteur au Priabonien inférieur(24).

Roc de Chère. Un profil tracé de l'ESE à l'WNW au travers de cet in·

téressant petit massif (41, fig. 10, p. 91) montre que le Priabonien trans·

gresse sur l'Urgonien supérieur à l'E de la faille orientale, sur le Lutétien lacustre dans la région centrale et qu'il coupe obliquement vers l'E le Cré·

tacé supérieur, l' Albien et l'Urgonien supérieur à partir de la faille occidentale.

Par la région centrale du Roc de Chère passait donc l'axe d'un syn·

dinai antépriabonien. Ce synclinal était bordé de deux anticlinaux érodés jusqu'à l'Urgonien. • Ces plis doivent être liés au mouvement qui a fait succéder le Lutétien lacustre au marin. • On le voit, là encore, les oscilla·

tions du fond de la mer qui font alterner les faciès sont en relation directe avec la pression tangentielle génératrice des plis et elles n'en sont que les composantes verticales. Cette orogenèse correspond à la phase pyrénénne que STILLE place entre le Lutétien et le Bartonien.

Montag:ne de Veyrier • Parmelan. L'anticlinal de la Montagne de Vey·

rier existait au Priabonien. Cela se voit sur une transversale menée de la Carrière Mathelon au Pont St. Clair sur le Fier. A la carrière même, le substratum du Nummulitique est l' Albien inférieur, plus au SE c'est l'Ur-gonien et sur les deux rives du Fier, l' Albien de nouveau. Sur la même trans·

versale, vers le SE, le Priabonien repose sur l'Urgonien de la Montagne de Lachat, ce qui iµtpliqµe à la fois l'existence, au Priabonien, du synclinal des Contrebandiers et celle de l'anticlinal du Parlllelan~

Il y a plus. i.e pfongement axial du pli qµi se révélai~ déjà à l'Eocèn~

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ÎOME Ill

FASC. GÉOGRAPHIE DE LA RÉGION DE GENÊVE 21

et h de Ruphy1>, l'Urgonien est raviné et le conglomérat de base nummuli·

tique est formé de blocs d'Urgonien dont le diamètre moyen diminue quand on se dirige de là vers le NE et ou le SW. Plus au N, à la carrière Mathelon nous l'avons vu, le Priabonien transgresse sur l' Albien inférieur, puis sur l' Albien supérieur au Creux. Le pli de la montagne de Veyrier s'infléchis·

sait donc toujours au NE pendant le Priabonien inférieur.

Bauges. Dans les Bauges centrales, la transgression du Priabonien in·

férieur sur le Crétacé supérieur et l' Albien indique l'existence des synclinaux des Déserts et des Aillons Le contact de l'Eocène supérieur avec l'Urgonien des environs d'Aillon ·le· Jeune, atteste la présence de l'anticlinal de Mar·

gériaz à cette époque.

Région jurassienne. Aucun dépôt marin priabonien n'a été signalé dans cette région et l'on peut supposer que l'érosion s'y poursuit ainsi que la sédimentation des sables continentaux sidérolithiques.- Un certain relief jurassien devait être marqué car le pli du Salève date au moins de l'Eocène inférieur et car à cette époque déjà l'existence des dépressions axiales de la Cluse du Fier et de Bellegarde a été établie. Peut-être faut-il faire remonter à cette période, la destruction de la charnière du pli interne du Jura dans la région du Reculet, démantèlement invoqué par H. VINCIENNE(39) pour expliquer le mécanisme du décollement qu'il a découvert au N. de La N.ivière.

Vue d'ensemble. le Priabonien débute généralement par un conglo·

mérat de base mais ce premier dépôt grossier effectué, la sédimentation qui le suit est relativement tranquille. Ce sont des calcaires à petites nummuli·

tes, des grès fins, des marnes schisteuses à Globigérines. Mais des événements tectoniques importants correspondent à l'apparition du Flysch, des grès et poudingues de Taveyannaz. En arrière des massifs autochtones les nappes pennines viennent de se soulever et le bourrelet des schistes lustrés, exondé et aussitôt attaqué par l'érosion, fournit au Flysch, les éléments gréseux et argileux foncés, les micas qui le caractérisent.- Quant aux grès de Taveyan·

naz ils s'élaborent aux dépens des roches éruptives et des radiolarites penni·

ques selon

L.

MORET et j. BOUSSAC.

A l'Eocène moyen et supérieur, l'existence de quelques-uns des plis ac·

tuels des Bornes et des Bauges a été démontrée. Voici, avec leurs inflexions axiales, le synclinal de Leschaux, l'anticlinal de la Montagne de Veyrier, les synclinaux du Col des Contrebandiers, du Roc de Chère, d'Entrevernes, les anticlinaux du Parmelan et du Col de Sornette, le synclinal des Aillons, l'anticlinal de Margériaz, le synclinal des Déserts, plis peu marqués encore. La mer des Nummulites a recouvert leurs charnières démantelées qui vont plus tard s'ennoyer sous le flysch sombre ou la molasse.

Paléogéographie de !'Eocène inférieur et moyen. La géographie de l'époque, telle qu'on peut la rétablir d'après ce qui subsist~ sous les dépôts plus jeunes, peut se résumer comme suit (fig. 4 ). Une topographie assez nivelée inclinée faiblement vers le SE, vers le rivage de la mer yprésienne, qui devait se trouver en arrière de la chaîne actuelle du Mont • Blanc. En effet,

J.

PILLOUD(48) a découvert dans les grès et les poudingues du Flysch des Voirons une microfaune thanétienne et yprésienne et comme les Voi·

1) Carte géologique de France au 80.0QOe . Feuille Annecy

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Ëo. PAREJAS CiLT SAYI lit 2

rons font part_ie des Préalpes externes qu'on fait s'enraciner dans la partie helvétique de la zone Ferret-Sion, c'est au SE du Mont • Blanc actuel que doit se placer le rivage à l'Yprésien, Le caractère très littoral du Flysch des Voirons justifie èette hypothèse. Pendant le Lutétien la mer s'approfondit et le rivage s'éloigne vers le NW car, aux sédiments littoraux des Voirons, succèdent des dépots plus néritiques. Ce sont des marnes schisteuses as·

sodées à de rares bancs de grès que

J.

P!LLOUD date du Lutétien inférieur.

Le Roc de Chère ne sera atteint par le flot qu'au Lutétien moyen.

La structure géologique du pays était relativement simple. L'Urgonien·

Aptien, l' Albien, et le Crétacé supérieur affleuraient, peu plissés et plongeant généralement vers le SE, un peu plus fortement que la topographie. Les ter·

rains mentionnés sont, en effet et dans l'ensemble, coupés en biseau par l'érosion, du SE au NW.

L'Urgonien·Aptien domine au NW jusqu'à une ligne jalonnée par le Semenoz, Annecy et le front des plis des Bornes. Dans les dépressions struc·

turales de l'Urgonien ont été préservés l' Albien et le Crétacé supérieur, à Ché.

zery, dans la cuvette de Bellegarde, la cluse du Fier, à Bromines, à Etrembiè·

res. L'Hauterivien affleure sporadiquement dans l'axe du Salève, déjà amorcé.

Au SE de la ligne définie plus haut, le Crétacé supérieur foi:me de grandes surfaces allongées marquant les synclinaux tandis que l'Urgo-Aptien n'apparaît qu'au coeur érodé de quelques plis des Bornes et des Bauges. Les sables verts albiens en minces bandes courent en zigzag entre les deux terrains précédents.

On ne peut dire ce qui se passait au· delà des Aravis vers le SE car la couverture crétacée et tertiaire y fait défaut.

Une · vaste dorsale qui devait former un promontoire dirigé au SE dans

·la mer lutétienne s'étendait du Lac d'Annecy à la région d' Arâches. Elle fut ennoyée au Priabonien.

Quant aux plis des Bornes et des Bauges, ils devaient être peu mar·

qués dans la topographie pendant l'Éocène inférieur et moyen, tout au plus de longues falaises urgoniennes comme celles qui ont fourni les blocs du Priabonien transgressif du Roc de Chère et de la Montagne de Veyrier. La progression de la mer nummulitique de l'Yprésien au Priabonien est réguli-ère. A peine interrompue par l'épisode pyrénéen (Roc de Chère), elle prouve une 1ubsidence presque continue de l'avant· pays alpin Or, cette subsidence semble peu compatible avec un effort orogénique important. C'est pourquoi nous pensons que les plis sur lesquels la mer nummulitique a transgressé sont antérieurs à !'Éocène. Nous avons vu que certains accidents transversaux datent de 1' Albien déjà et il est normal de faire remonter à la phase vor-gosau de l'orogenèse alpine les plis principaux des Bornes et des Bauges.

X. OLIGOCÈNE

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