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Submitted on 1 Jan 1959
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Propriétés magnétiques déduites des études de conductibilité électrique et d’effet Hall des couches
minces de nickel
A. Colombant, G. Goureaux, P. Huet
To cite this version:
A. Colombant, G. Goureaux, P. Huet. Propriétés magnétiques déduites des études de conductibilité électrique et d’effet Hall des couches minces de nickel. J. Phys. Radium, 1959, 20 (2-3), pp.303-309.
�10.1051/jphysrad:01959002002-3030300�. �jpa-00236039�
PROPRIÉTÉS MAGNÉTIQUES DÉDUITES DES ÉTUDES DE CONDUCTIBILITÉ ÉLECTRIQUE
ET D’EFFET HALL DES COUCHES MINCES DE NICKEL Par A. COLOMBANT, G. GOUREAUX et P. HUET,
Faculté des Sciences de Caen, France.
Résumé. - La mesure de la conductibilité électrique
apermis de déterminer les points de Curie ferromagnétique Tf et paramagnétique Tp de couches minces de nickel
enfonction de leur épaisseur.
La différence Tp 2014 Tf, très importante
auxfaibles épaisseurs, diminue progressivement quand le
nombre de couches atomiques augmente et n’est plus que 26 °C
vers1 030 Å. Les valeurs de l’aiman- tation spontanée, calculées par la formule de Cabrera, rejoignent pour les fortes épaisseurs celles
de Weiss pour le nickel massif et baissent rapidement au-dessous de 220 Å à la température
ambiante. Il y
aencore ferromagnétisme à 23 Å. Ces différentes courbes s’écartent
asseznettement des courbes théoriques de Klein et Smith même adaptées suivant Drigo à « aimantation constante ».
Une étude d’effet Hall
apermis de déterminer les valeurs de l’orientation de l’aimantation pour
différentes épaisseurs de couche.
Abstract.
2014Measurements of the electrical conductivity of thin nickel films enabled
usto deduce the values of the ferromagnetic (Tf) and paramagnetic (Tp) Curie points for different thicknesses of film. The difference Tp 2014 Tf, very large for thin films, slowly decreases when the number of atomic layers increases, and is only 2 6 °C when the thickness reaches 1030 Å. The values of the spontaneous magnetization calculated by using the Cabrera formula, reach Weiss’ values for bulk nickel at large film thickness, and show
asharp drop below 220 Å at
roomtemperature.
Ferromagnetism is still apparent for
afilm 34 Å thick. The
curvesdiffer quite clearly from the
theoretical
curvesof Klein and Smith,
evenfrom those
asmodified by Drigo, refering to
aconstant magnetization. The Hall effect measurements give further information
onthe values and direc- tion of the spontaneous magnetization for different film thicknesses.
L’influence de la température et de la structure
des lames minces sur l’apparition du ferromagné-
tisme ainsi que les grandes valeurs observées pour
le champ coercitif attirèrent d’abord l’attention des
physiciens. Plus récemment un certain nombre de
travaux expérimentaux portèrent sur la validité
de la théorie de Klein et Smith qui prévoit la varia-
tion de l’aimantation des couches minces en fonc- tion de leur épaisseur [5, 6, 7, 8, 11].
Dans l’ensemble, on peut dire que la théorie de Klein et Smith n’est pas infirmée par les résultats
expérimentaux. Ceux-ci se rapportent pourtant en général à la température ambiante alors que la théorie de Klein et Smith, subissant les mêmes res-
trictions que celle de Bloch, n’est théoriquement
valable qu’aux très basses températures (entre
0 OK et 10 OK) [1], [2], [3].
Nous avons repris l’étude des couches minces
ferromagnétiques en considérant d’abord le nickel
qui présente certains avantages :, son anisotropie magnétique est faible, son point de Curie peu élevé et il est susceptible de former par évaporation des dépôts très minces et bien reproductibles.
Notre étude expérimentale qui a débuté par la conductibilité électrique nous a permis tout d’abord,
en nous appuyant sur la théorie de’ Cabrera [4],
de déduire les variations d’aimantation spontanée
des dépôts en fonction de la température. Aux
fortes’ épaisseurs, ces variations correspondent aux
résultats de Weiss alors que la théorie de Klein et
Smith s’en écarte d’une manière très importante.
D’autre part, pour la plus faible épaisseur que nous ayons étudiée (34 À) il y a encore] ferromagné-
tisme à la température ambiante.
Ceci ne contredit pas la théorie de Klein et Smith,
mais ne suffit évidemment pas à la justifier.
Toutes les précautions d’usage ont été observées
dans l’évaporation thermique du dépôt électro- lytique de nickel sur filament de tungstène. Le
FIG. 1.
vide est toujours maintenue au voisinage de
10-6 mm de Hg. Le support utilisé est du pyrex
poli optiquement et purgé sous vide avant dépôt
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:01959002002-3030300
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par un chauffage prolongé à 420 °C suivi d’un balayage par ionisation. Voici nos résultats essen-
tiels :
1° Les dépôts obtenus dont l’épaisseur s’étend
de 20 à 1 100 A sont extrêmement stables, repro- ductibles et continus. En fonction de l’épaisseur,
les variations de la résistivité électrique ou de la
résistance superficielle avant et après recuit sont représentées par les courbes classiques (fig. 1). Aux
fortes épaisseurs, la résistivité obtenue est infé-
rieure,à 1,3 fois celle du métal d’évaporation.
2° Evolution thermique de la résistance élec-
trique sous vide entre 0° et 420 °C.
Pour chaque isotherme, on a constaté au-dessus
de l’épaisseur 20 Á une décroissance de la résis- tance électrique jusqu’à un palier stable. Cette diminution isotherme de résistance cesse pour
chaque épaisseur de couche, à une température Tp qui n’est autre que la température de Curie para-
,
magnétique du dépôt étudié. A titre d’exemple, figure 2.
FIG. 2.
Tous les dépôts ont subi un long recuit sous vide
à 4200. Après refroidissement à la température ambiante, chaque couche est caractérisée par une courbe de résistance électrique parfaitement réver-
sible en fonction de la température entre 0 et
420 DC. Chacune d’elles présente au-dessus d’une certaine valeur TD de la température une région rigoureusement rectiligne correspondant au para-
magnétisme (fig. 3).
Le point de Curie ferromagnétique Tr (pour equel la résistance électrique, qui dépend de
l’ordre à grande distance des atomes, subit un
changement d’allure) est défini par le point d’in-
flexion de chaque courbe R
=f(t). Ceci nous per- met de constater que la différence Tp
-Tf très
FIG. 3.
importante aux faibles épaisseurs diminue progres- sivement quand le nombre des couches atomiques augmente pour atteindre 26° avec Tf = 346 °C, Tp
=372 ’OC, l’épaisseur étant 1 030 A (nickel
usuel Of
=358 oC, 6p
=377 OC). Cette différence
qui détermine le nombre N de porteurs dans chaque groupe d’atomes décroît donc lorsque
croît N, c’est-à-dire quand l’épaisseur augmente.
Les fluctuations augmentent ainsi aux faibles épaisseurs, alors qu’on tend vers un champ de
Weiss aux épaisseurs élevées (fig. 4).
FIG. 3.
3° Les figures 5 et 6 représentent les variations
de dR /dt et du coefficient de température
at
=I/R.dR/dt en fonction de la température
pour diverses épaisseurs. Elles indiquent bien pour
chaque température de Curie ferromagnétique
l’anomalie bien connue des ferromagnétiques. De
FIG. 5.
plus la figure 5 montre que dR/dt devient constant
pour chaque épaisseur au delà de la température Tp qui lui correspond, et que les valeurs de Tf
et de Tp décroissent avec l’épaisseur tandis que
FrG. 6.
croît leur différence. Sur la figure 6, on remarque aussi qu’il n’y a pas de chute abrupte du coeffi-
cient at entre Tf et Tp. La zone d’étalement
(Tp
-Tf) qui correspond à l’existence de l’ordre à
petite distance est d’autant plus large que l’épais-
seur est plus faible. Enfin la chute rapide du point
de Curie Tf s’amorce dès que l’épaisseur devient
inférieure à 220 Á, valeur de l’épaisseur au-dessous
de laquelle la conductibilité des dépôts décroit
très rapidement.
FI G. 7.
On peut tracer en fonction de l’épaisseur la
variation du rapport Tf/6f. La courbe obte-
nue. (fig. 7) a l’allure des courbes théoriques de
Klein et Smith aux faibles épaisseurs ( 100 Á)
mais notre courbe expérimentale atteint moins
rapidement son palier que la courbe théorique aux épaisseurs élevées. Par contre, le rapport des tem- pératures paramagnétiques TpJfjp varie peu avec
l’épaisseur des lames au-dessus de 40 Á.
40 La théorie de Cabrera [4] pose
où R est la résistance mesurée, a la partie indépen-
dante de l’aimantation, A une constante I et Io
les aimantations spontanées aux températures
T 0 K et 0 oK.
FIG. 8.
Nous avons déduit 1110 à partir des courbes
d’évolution thermique de la résistivité en appli-
quant cette formule aux points Tp et Ti (fig. 8).
306
Nous avons vérifié cette théorie pour le nickel usuel : la figure 8 bis indique la courbe de varia-
tion thermique de la résistance de notre nickel
d’évaporation. Sur la figure 8 ter nous avons porté
les résultats obtenus en appliquant la théorie de Cabrera ainsi que la courbe de Weiss ; l’accord est
satisfaisant.
FIG. 8 bis.
FIG. 8 ter.
Les résultats obtenus pour les différentes cou- ches sont donnés en fonction de T10f sur les
figures 9 et 10 (courbes continues). Nous y avons
adjoint la courbe de Weiss IIIO = f(T/Bf) et les
courbes théoriques de Klein et Smith (traits mixtes
ou pointillé après adaptation).
Aux fortes épaisseurs (1 030 A) les courbes expé-
rimentales tendent très convenablement vers la courbe de Weiss (épaisseur infinie). De plus toutes
les courbes atteignent l’axe des abscisses perpendi-
culairement aux points de Curie ferromagné- tiques (fig. 9) et obliquement aux points de Curie
FIG. 9.
Fm. 10.
paramagnétiques (fig. 10). Enfin la chute d’aiman- tation spontanée à la température ambiante
(Tjel
=0,464) est très rapide au-dessous de 220.Â,
mais il y a encore ferromagnétisme à 34 À.
Sur la figure 9, nous avons
«adapté » suivant Drigo [5] les courbes de Klein et Smith à aiman-
tation constante. Comme il fallait s’y attendre de la part d’une théorie qui n’est valable qu’à basse température, les points de Curie qu’elle indique
sont peu exacts, et la forme des courbes expéri-
mEntales est à peine esquissée.
Enfin sur la figure 11, nous avons groupé la
courbe de Weiss (1/10)2 et celles qui traduisent nos
résultats en fonction de la température centigrade
pour le ferromagnétisme (trait continu) et le para-
magnétisme (trait mixte). Les courbes obtenues
comparées à celle de Weiss paraissent très plau-
sibles.
Cet ensemble de faits nous permet d’admettre
que la courbe expérimentale que nous avons tra-
cée ( fig. 7) est bien plus proche de la réalité que la
courbe théorique de Klein et Smith.
5) Les mesures d’effet Hall ont été conduites à la température ambiante dans un champ magné-
FIG. 11.
tique pouvant atteindre 35 000 oersteds et disposé perpendiculairement au courant longitudinal par-
FIG. 12.
courant le dépôt ainsi qu’au plan de la lame. Le courant d’alimentation est alternatif, sa fréquence peut varier de 50 à 2 000 périodes. Après avoir réa-
lisé le zéro de tension aux sondes de Hall à l’ajde
d’un montage d’opposition de tension et de phase,
la force électromotrice de Hall créée par l’action du champ magnétique est amplifiée (amplificateur autres faible niveau de bruit) et lue finalement sur un millivoltmètre électronique.
Signalons déjà que les courbes donnant la tension de Hall pour chaque épaiseur en fonction du champ
à la température ambiante ne ’subissent aucune modification avec la fréquence entre 50 et 2 000 périodes. Les figures 12 et 13 traduisent ainsi nos
résultats :
’
FIG. 13.
A) Entre 180 A et 1 350 A, l’axe perpendiculaire
au dépôt est un axe de facile aimantation. L’induc- tion Bs nécessaire pour obtenir la saturation varie
progressivement de 3 500 gauss pour 180 A à 6 000 gauss pour 1 350 A. La pente à l’origine
dB croit progressivement lorsque l’épaisseur
diminue. Elle permet le calcul du coefficient de Hall extraordinaire Ri qui vaut dans ces condi-
tions : B = 4n de . -âB-) - Pour 1350
, en particu-
p lier on trouve [de := - 66. 10-12 V. cm /A. Gs. dB
= -b ’D’où R1= - 82,5.10-12 V. cm/A. Gs très voisin du -coefficient du métal massif : RI
= -75.10-12 V. cm/A.Gs.
A l’induction B, correspond pour chaque dépôt
308
une aimantation à saturation Is. Entre 180 A et 1 350 À, l’aimantation variera donc de 280 C. G. S.
à 480 C. G. S. (température ambiante).
Le coefficient ordinaire Ro est donné pour chaque épaisseur par la valeur de la pente de la droite de
saturation. Sa valeur moyenne est de l’ordre de
-