Universit´ e Paris Diderot - Paris 7 L3 Maths
Equations Diff´ erentielles 2012-2013
Devoir Maison no. 3 pour le 15/03/2013 Equations diff´ ´ erentielles d’ordre N ` a coefficients constants
Equations diff´ ´ erentielles d’ordre N homog` ene ` a coefficients constants
Soient K = R ou C , et N ≥ 2. Consid´ erons l’´ equation diff´ erentielle lin´ eaire homog` ene d’ordre N sur K , ` a coefficients constants :
y
(N)+ a
N−1y
(N−1)+ a
N−2y
(N−2)+ · · · + a
1y
0+ a
0y = 0. (E
0) On consid` ere le polynˆ ome P = X
N+ P
N−1i=0
a
iX
i, appel´ e polynˆ ome caract´ eristique de (E
0).
En se ramenant au cas matriciel et en utilisant les r´ esultats du cours, on peut montrer le r´ esultat suivant.
Th´ eor` eme Supposons que P = Q
ki=1
(X − r
i)
miest scind´ e sur K . Alors les solutions de (E
0) sont les applications
t 7→
k
X
i=1
e
ritP
i(t), o` u les P
isont des polynˆ omes de degr´ e < m
i.
Le but de ce qui suit est d’en donner une nouvelle preuve. Pour tout polynˆ ome complexe P = X
N+ P
N−1i=0
a
iX
iet pour toute fonction f : R → K de classe C
N, on note P (D)(f ) = f
(N)+
N−1
X
i=0
a
if
(i)= f
(N)+ · · · + a
1f
0+ a
0f, o` u D est l’op´ erateur de d´ erivation.
1. Pour tout polynˆ ome P ∈ K[X], on note S
Pl’espace des solutions de l’´ equation diff´ erentielle P (D)(y) = 0. Si P
1, · · · , P
k∈ K [X] sont des polynˆ omes premiers entre eux deux ` a deux, montrer que S
P1···Pk= S
P1⊕ · · · ⊕ S
Pk.
2. Si P
n(X) = (X − α)
n(α ∈ K ), d´ eterminer la forme des solutions de l’´ equation diff´ erentielle P
n(D)(y) = 0.
3. En d´ eduire, pour P = Q
ki=1
(X − r
i)
miscind´ e sur K (deg(P) ≥ 1), la forme des solutions
de l’´ equation diff´ erentielle P (D)(y) = 0.
4. On cherche ` a pr´ esent ` a r´ esoudre la relation de r´ ecurence lin´ eaire homog` ene d’ordre k ` a coefficients constants :
u
n+k+ a
k−1u
n+k−1+ · · · + a
1u
n+1+ a
0u
n= 0, ∀n ∈ N.
Adapter la m´ ethode pr´ ec´ edente de r´ esolution des ´ equations diff´ erentielles lin´ eaires ho- mog` enes d’ordre N ` a coefficients constants ` a cette situation.
Equations diff´ ´ erentielles d’ordre N ` a coefficients constants avec second mem- bre
On consid` ere l’´ equation diff´ erentielle suivante :
y
(3)+ y
(2)+ y
0+ y = 2(cos(t) + sin(t)). (E) 5. R´ esoudre l’´ equation diff´ erentielle homog` ene associ´ ee ` a (E).
6. R´ eduire l’´ equation diff´ erentielle (E) ` a un syst` eme diff´ erentiel lin´ eaire d’ordre 1 :
(S)
y
0y
1y
2
0
= A
y
0y
1y
2
+ B(t)
o` u A ∈ M
3(R) et B : t ∈ R → B(t) ∈ R
3. Donner un syst` eme fondamental de solutions (X
1, X
2, X
3) du syst` eme diff´ erentiel homog` ene associ´ e ` a (S).
7. On cherche ` a pr´ esent une solution particuli` ere de (S) par m´ ethode de variation des constantes, c’est ` a dire sous la forme X(t) = a(t)X
1(t) + b(t)X
2(t) + c(t)X
3(t). Montrer que :
a
0(t) = (cos(t) + sin(t))e
t, b
0(t) = −1 − 2 cos(t) sin(t), c
0(t) = cos(t)
2− sin(t)
2. 8. D´ eterminer des primitives de a
0(t), b
0(t), c
0(t).
9. Donner la forme g´ en´ erale des solutions de (S), puis de (E).
10. De la mˆ eme mani` ere, r´ esoudre les ´ equations diff´ erentielles suivantes :
y
(3)+ y
00− y
0− y = 1 + 2ch(t) (1)
y
000+ y
00+ y
0+ y = cos(t) (2)
Solution
1. On regarde D comme endomorphisme de C
∞(R, C) qui ` a u associe u
0. Soit u est solution de (E
0), u de classe C
N. On sait (cours) qu’en tant que solution de (E
0), u est en fait de classe C
∞. D` es lors u est solution de (E
0) si et seulement si P (D)(u) = 0, i.e.
u ∈ Ker(P(D)). Ainsi S
P= Ker(P(D)).
Maintenant si les polynˆ omes P
1, · · · , P
ksont premiers entre eux deux ` a deux, on a d’apr` es le lemme des noyaux
Ker(P
1· · · P
k(D)) = Ker(P
1(D)) ⊕ · · · ⊕ Ker(P
k(D)).
En d’autres termes,
S
P1···Pk= S
P1⊕ · · · ⊕ S
Pk.
2. Montrons que les solutions de P
n(D)(y) = 0 sont les fonctions de la forme t 7→ e
αtF(t) avec F un polynˆ ome de degr´ e < n. On proc` ede par r´ ecurrence sur n.
Pour n = 1, le r´ esultat est connu (EDL1 ` a coefficients constants homog` ene) : les solutions sont les fonctions t 7→ λe
αt, λ ∈ R .
Supposons le r´ esultat vrai au rang n−1 et montrons le au rang n. L’´ equation P
n(D)(y) = 0 s’´ ecrit aussi P
n−1(D)[P
1(D)(y)] = 0. Ainsi P
1(D)(y) est solution de P
n−1(D)(y) = 0.
Par hypoth` ese de r´ ecurrence, P
1(D)(y) est donc de la forme t 7→ e
αtF (t) avec F un polynˆ ome de degr´ e < n − 1. On a donc
y
0− αy = e
αtF (t).
En multipliant l’´ equation pr´ ec´ edente par e
−αt, on obtient [ye
−αt]
0= F (t). D’o` u y = e
αtG(t), avec G une primitive de F , i.e. G ∈ K [X] de degr´ e < n. D’o` u la propri´ et´ e au rang n. On conclut par principe de r´ ecurrence.
3. On suppose que P = Q
ki=1
(X − r
i)
miscind´ e sur K (deg(P) ≥ 1). D’apr` es 1., on a S
P= S
(X−r1)m1⊕ · · · ⊕ S
(X−rk)mk.
Par 2., on sait de plus que pour tout 1 ≤ i ≤ k, S
(X−ri)miest l’ensemble des fonctions de la forme t 7→ e
ritF
i(t) avec F
iun polynˆ ome de degr´ e < m
i. On en d´ eduit finalement que S
Pest l’ensemble des fonctions de la forme
t 7→
k
X
i=1
e
ritP
i(t), o` u les P
isont des polynˆ omes de degr´ e < m
i.
Remarque Pour une autre d´ emonstration de ce th´ eor` eme (encore une !), voir [Dem, p.
206].
4. On consid` ere la relation de r´ ecurence lin´ eaire homog` ene d’ordre k ` a coefficients constants :
u
n+k+ a
k−1u
n+k−1+ · · · + a
1u
n+1+ a
0u
n= 0, ∀n ∈ N. (R) On adapte la m´ ethode de r´ esolution des ´ equations diff´ erentielles d’ordre N ` a coefficients constants homog` ene vue pr´ ec´ edement de la fa¸ con suivante. Soit E = K
Nl’espace vec- toriel des suites ` a valeurs dans K . On consid` ere l’endomorphisme L ∈ L(E) d´ efini par
L : u = (u
n)
n∈N−→ v = (v
n)
n∈Ntelle que v
n= u
n+1pour tout n ∈ N.
L est l’analogue de l’op´ erateur de d´ erivation ici (il supprime le terme d’ordre 0), et est souvent appel´ e le shift ` a gauche pour la raison suivante
L : u = (u
0, u
1, u
2, · · · ) → L(u) = (u
1, u
2, · · · ) (on d´ ecale la suite vers la gauche).
Notons P = X
k+ a
k−1X
k−1+ · · · + a
1X + a
0, et S
Pl’ensemble des solutions de (R).
C’est un sous-ev de E. De plus une suite u est solution de (R) si et seulement si P (L)(u) = 0
E, i.e. u ∈ Ker(P (D)). Donc S
P= Ker(P (D)).
On montre alors de fa¸ con analogue aux questions pr´ ec´ edentes que
• pour tout polynˆ omes P
1, · · · , P
u∈ K [X] premiers entre eux deux ` a deux, S
P1···Pu= S
P1⊕ · · · ⊕ S
Pu.
• si P
i(X) = (X − α)
i(α ∈ K ), alors S
Pnest form´ e de l’ensemble des suites u = (u
n)
n∈Nde la forme u
n= F (n)α
npour tout n ∈ N , o` u F est un polynˆ ome ` a coefficients dans K (ind´ ependant de n) de degr´ e < i.
On obtient donc le r´ esultat suivant Th´ eor` eme Supposons que P = Q
ui=1
(X − r
i)
miest scind´ e sur K (deg(P) = k ≥ 1), les solutions de (R) sont les suites u = (u
n)
n∈Nde la forme
u
n=
u
X
i=1
r
niF
i(n) o` u les F
isont des polynˆ omes de degr´ e < m
i.
5. Le polynˆ ome caract´ eristique associ´ e ` a (E) est P = X
3+ X
2+ X + 1. Ses racines sont
−1, i, −i. Par le Th´ eor` eme, les solutions de l’´ equation homog` ene associ´ ee sont donc les fonctions :
t 7→ ae
−t+ b cos(t) + c sin(t), a, b, c ∈ R . 6. y est solution de (E) si et seulement si
y y
0y
00
est solution du syst` eme diff´ erentiel lin´ eaire :
(S)
y
0y
0=
0 1 0
0 0 1
y
0y
+
0
0
.
On a obtenu un syst` eme fondamental de solutions de l’´ equation homog` ene (E
0) associ´ ee
`
a (E) ` a la question pr´ ec´ edente : il s’agit de (x
1, x
2, x
3) avec x
1(t) = e
−t, x
2(t) = cos(t), x
3(t) = sin(t).
D’o` u un syst` eme fondamental de solutions de l’´ equation homog` ene (S
0) associ´ ee ` a (S) :
X
1(t) =
e
−t−e
−te
−t
, X
2(t) =
cos(t)
− sin(t)
− cos(t)
, X
3(t) =
sin(t) cos(t)
− sin(t)
.
7. X(t) = a(t)X
1(t) + b(t)X
2(t) + c(t)X
3(t) est solution de (S) si et seulement si X
0(t) = AX (t) + B(t). Or
X
0(t) = a(t)X
10(t) + b(t)X
20(t) + c(t)X
30(t) + a
0(t)X
1(t) + b
0(t)X
2(t) + c
0(t)X
3(t).
Comme X
1, X
2, X
3sont solutions de (S
0), on obtient
a
0(t)X
1(t) + b
0(t)X
2(t) + c
0(t)X
3(t) = B(t).
Ainsi, a, b, c sont solutions du syst` eme :
a
0(t)e
−t+ b
0(t) cos(t) + c
0(t) sin(t) = 0
−a
0(t)e
−t− b
0(t) sin(t) + c
0(t) cos(t) = 0
a
0(t)e
−t− b
0(t) cos(t) − c
0(t) sin(t) = 2(cos(t) + sin(t)) Apr` es r´ esolution du syst` eme, on obtient :
a
0(t) = (cos(t) + sin(t))e
t,
b
0(t) = −(cos(t) + sin(t))
2= −1 − 2 cos(t) sin(t) = −1 − sin(2t), c
0(t) = −(sin(t) − cos(t))(cos(t) + sin(t)) = cos(t)
2− sin(t)
2= cos(2t).
8. On d´ etermine A, B, C des primitives de a, b, c respectivement.
B(t) = −x + cos(2t)
2 , C (t) = sin(2t) 2 . Pour A, on doit faire deux int´ egrations par parties :
A(t) = Z
t0
(cos(s) + sin(s))e
sds = 2 sin(t)e
t− Z
t0