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Si tu vas à Rio… n'oublie pas ton infectiologue

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130 | La Lettre de l'Infectiologue • Tome XXXI - n° 4 - juillet-août 2016

APARTÉ

Si tu vas à Rio…

n’oublie pas ton infectiologue

If you go to Rio, don’t forget your infectious diseases specialist

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais, cet été, dans les médias, après le terrorisme et le sport, c’est notre spécialité qui a été le plus souvent convoquée. À commencer par les Jeux olympiques de Rio et ce qui relève de la rumeur, ou de la médisance : si les nageurs français ont fait une si piètre prestation, ce serait… à cause du virus Zika. La capitale brésilienne aurait en effet introduit – sans que l’on sache si cela était intentionnel − un Aedes aegypti de haute affinité pour les nageurs français, qui suit leurs lignes d’eau durant l’entraînement et envahit sélectivement leurs chambrées.

De mémoire d’entomologiste a-t-on déjà vu une telle adaptation à l’hôte ? Au-delà, les messages de prévention contre le virus Zika semblent avoir été entendus. Sauf par Diana Reyes, une volleyeuse portoricaine de 23 ans qui a caché sa grossesse de 5 mois pour pouvoir participer aux Jeux olympiques de Rio.

Pas de zika, mais pas une seconde de jeu non plus.

Le Daily Beast, un tabloïd américain qu’on va vite oublier, n’a quant à lui pas fait dans la dentelle, en postant un article intrusif sur son site Internet, jeudi 11 août (retiré depuis), et concernant des athlètes dont l’entraînement sexuel avec une personne du même sexe prend de l’essor durant les JO. Un de ses journalistes a en effet traqué les

“athlètes homosexuels” présents sur le village olympique en utilisant Grindr, cette célèbre application de rencontres très prisée par la communauté gay. Une application pourtant utilisable pour faire de la prévention, comme nous l’avons fait dans l’essai Anrs-Ipergay. Le tabloïd a ensuite révélé nominativement le contenu de ses découvertes.

Avec, parmi les “outés”, des sportifs issus d’un des 79 pays où l’homosexualité est un délit, voire un crime… Et puisqu’il est question de sexe, rappelons que le Brésil n’a pas investi seulement dans la prévention du virus Zika pour ses JO. Un vrai record méconnu est, en effet, le nombre de préservatifs mis à la disposition des 10 500 athlètes présents au Brésil : 450 000, dont 150 000 préservatifs féminins. Soit quelque 42 condoms par olympien. Trois fois plus que lors des précédents JO, en 2012 à Londres. Il est vrai que l’épidémiologie des IST et les stimulations libidinales favorables à leur acquisition y sont quelque peu différentes, à comparer la perfide Albion et l’antre des Cariocas.

Inquiétude encore pour les athlètes immergés dans l’eau de mer à Rio. On attend sur PubMed les publications de clusters de salmonelloses et autres TIOC (toxi-

infections olympiques collectives), tant il est de notoriété publique que les organisateurs brésiliens ont masqué la réalité bactériologique de la baie de Guanabara. Comme l’a prosaïquement résumé le New York Times, citant un médecin carioca : “Ils vont littéralement nager dans la merde humaine !” (1). Dix-huit mille litres d’eaux usées s’y déversent en effet par seconde, l’équivalent de trois Maracañas remplis de diarrhéiques.

Pr Gilles Pialoux

Service des maladies infectieuses et tropicales, hôpital Tenon, AP-HP, Paris.

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La Lettre de l'Infectiologue • Tome XXXI - n° 4 - juillet-août 2016 | 131

Toute

l’équipe Edimark vous souhaite

une belle rentrée 2016 en pleine forme

APARTÉ

Inquiétude enfin pour les chevaux des épreuves hippiques. Avez-vous remarqué qu’on nous a montré les cavaliers victorieux à Roissy, mais point les équidés ? Alors même qu’un cas – au moins − de morve (Burkholderia mallei) a été rapporté par les autorités vétérinaires en plein complexe militaire de Deodoro, sur le lieu même où est construit le centre olympique d’équitation des JO 2016. Centre autour duquel a été établi un cordon sanitaire dans un périmètre à 200 mètres. “Les installations où ont eu lieu les épreuves hippiques des JO […] ainsi que les événements test […] font l’objet d’un isolement sanitaire total et d’une attention rigoureuse en matière de biosécurité”, selon le ministère brésilien de l’Agriculture et de l’Élevage.

Au Brésil toujours, Sanofi Pasteur a annoncé le 13 août dernier, en pleins JO donc, que 30 municipalités de la région de Paraná avaient reçu 500 000 doses de vaccin contre la dengue (Dengvaxia®) destinées au plus vaste programme de vaccination contre cette maladie connu à ce jour, et ce conformément aux recommandations de l’OMS (avril 2016). Dans cet État brésilien, qui compte 10 millions d’habitants, on a recensé l’an dernier 55 000 cas, qui, selon les estimations du laboratoire, ont coûté à cet État 330 millions de réaux brésiliens (soit 91 millions d’euros) en frais de santé. On peut seulement regretter que, compte tenu de l’excellent profil de tolérance de ce vaccin (2), le fabricant n’ait pas dealé avec le CIO pour que les athlètes soient vaccinés avant les JO (67 253 cas de dengue ont été enregistrés en 2015 dans tout l’État de Rio). Cela aurait fait une excellente communication d’image vaccinale.

Bien loin du Brésil en fête, vous avez peut-être suivi la polémique concernant le décès d’Adama Traoré, ce jeune homme de 24 ans mort lors de son interpellation survenue mardi 19 juillet dans le Val-d’Oise. Le procureur de la République de Pontoise avait affirmé, jeudi 21 juillet, que “l’autopsie avait permis d’établir qu’Adama Traoré souffrait d’une infection très grave touchant plusieurs organes” (3). Je n’ai trouvé aucune trace de débat médiatique sur ces infections “très graves” qui font passer à trépas en quelques heures de commissariat un sportif gaillard de 24 ans. Et je ne sais si l’un d’entre vous a été contacté par BFM TV ou I-Télé à ce sujet ? Quoi qu’il en soit, rapidement, l’affaire a quitté le domaine l’infectiologie pour rejoindre les rives de la politique et de la justice. J’ai aussi lâché l’affaire, lorsqu’il a plutôt été question d’un “syndrome asphyxique aspécifique” (sic).

Et finissons cet aparté comme on l’a débuté, avec une bonne nouvelle issue d’un autre JO, sous la forme de l’arrêté du 1er août 2016 fixant les conditions de réalisation des tests rapides d’orientation diagnostique de l’infection par les virus de l’immunodéficience humaine (VIH 1 et 2) et de l’infection par le virus

de l’hépatite C (VHC) en milieu médicosocial ou associatif. En France.

Un arrêté attendu quasiment comme une olympiade : 4 ans.

G. Pialoux déclare ne pas avoir de liens d’intérêts en relation avec cet article.

1. http://www.nytimes.com/2016/

07/27/world/americas/brazil-rio-wa- ter-olympics.html?_r=0 2. Gailhardou S, Skipetrova A, Dayan GH et al. Safety overview of a recombinant live-attenuated tetravalent dengue vaccine: pooled analysis of data from 18 clinical trials. PLoS Negl Trop Dis 2016;10(7):e0004821. doi: 10.1371/

journal.pntd.00048.

3. http://tempsreel.nouvelobs.com/

justice/20160803.OBS5717/mort-d- adama-traore-l-etrange-communica- tion-du-procureur-jannier.html

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