Universit´e de Lille L3 Math´ematiques
2017-2018 M-62
Corrig´e du DS1 (6 mars 2018)
Exercice 1 : cf cours
Exercice 2 1. Changement de fonction inconnue
SurI =]− ∞; 0[ ou ]0; +∞[, en posantz=y0− 1
2ty, on a y0=z+ 1
2ty y00=z0+ 1
2ty0− 1
2t2y=z0+ 1 2t
z+ 1
2ty
− 1
2t2y=z0+ 1 2tz− 1
4t2y
et doncy est solution de (1) ⇐⇒
y est deux fois d´erivable t2y00−ty0+34y= 0
⇐⇒
z est d´erivable t2 z0+2t1z−4t12y
−t z+2t1y
+34y= 0
⇐⇒
z est d´erivable t2z0−2tz= 0
⇐⇒
z est d´erivable z0−2t1z= 0 On a par cons´equent
sur ]− ∞; 0[ ou ]0; +∞[, y est solution de (1) si et seulement siz est solution de (2).
2. R´esolution de (2) et (1) sur ]− ∞; 0[ ou ]0; +∞[
L’´equation diff´erentielle (2) est lin´eaire homog`ene d’ordre 1. On sait qu’alors les solutions sur I =]− ∞; 0[ ou ]0; +∞[ sont les fonctions t7→ λeA(t) pour tout λ∈ R, o`u A est une primitive surI de t7→ 2t1. On peut prendreA(t) = 12ln|t|: ainsi
les solutions de (2) sur ]− ∞; 0[ ou ]0; +∞[ sont les fonctions t7→λp
|t| (λ∈R).
Alors, vu 1., r´esoudre (1) surI revient `a r´esoudre y0− 1
2ty=λp
|t| (1)
qui est une ´equation diff´erentielle lin´eaire d’ordre 1 avec second membre. On a d´ej`a r´esolu l’´equation homog`ene associ´ee, ses solutions sont les fonctions t7→µp
|t|, avecµ∈R. On cherche une solution particuli`ere en utilisant la m´ethode de variation de la constante : en posantε= 1 (resp. -1) siI =]0; +∞[ (resp.I =]− ∞; 0[ ) etyp(t) =µ(t)p
|t|, on a|t|=εt et donc
yp est solution de (1) ⇐⇒ µ0(t)√
εt=λ√
εt ⇐⇒ µ0(t) =λ ⇐⇒µ(t) =λt+ cste Ainsi
les solutions de (1) sur ]− ∞; 0[ ou ]0; +∞[ sont les fonctionst7→(λt+c)p
|t| (λ, c∈R).
3. Solutions (1) sur R
Soit φ une solution de (1) sur R : alors φ est solution de (1) sur ]− ∞; 0[ et ]0; +∞[, et donc s’´ecrit
φ(t) = (λ+t+c+)p
|t|si t >0 (λ−t+c−)p
|t|si t <0
Il s’agit de d´eterminer `a quelles conditions surλ+, c+, λ−, c− on obtient une fonction deux fois d´erivable en 0, et solution de (1) en 0.
Le prolongement par continuit´e en 0 est imm´ediat (avec φ(0) = 0). Le prolongement en une fonction d´erivable en 0 est possible si et seulement sic+=c−= 0, ce qui donne donc
φ(t) = λ+t3/2 sit≥0
λ−(−t)3/2 si t <0 et φ0(t) =
3λ+ 2
√
t sit≥0
−3λ2−√
−t sit <0
Donc φ0 se prolonge en une fonction d´erivable en 0 si et seulement si λ+ = λ− = 0, autrement dit φ = 0. R´eciproquement, la fonction nulle est bien solution de (1) sur R, d’o`u
la seule solution de (1) sur Rest la fonction nulle.
Probl`eme
Partie I : ´etude de (E)
1. Montrons que le probl`eme de Cauchy admet une unique solution maximale On remarque que
y00=−siny−5 2y0 ⇐⇒
y0 =y0
y00 =−siny− 52y0 ⇐⇒Y0 =F(Y) o`u Y =
y y0
etF
x1
x2
=
x2
−sinx1−52x2
. Ainsi
y est solution de (E) avec condition initialey(0) =a,y0(0) = 0 m
y est la premi`ere composante d’une solution de
X0 =F(X) X(0) =
a 0
.
Comme F est de classe C1, a fortiori continue et localement lipschitzienne sur R2, le th´eor`eme de Cauchy-Lipschitz s’applique et montre qu’il existe une unique solution maxi- male X de premi`ere composante y (et donc n´ecessairement de seconde composante y0), d’o`u
(E) admet une unique solution maximale v´erifiant la condition initialey(0) =a,y0(0) = 0.
2. Majoration de|ϕ0|et|ϕ00|
Posons f(t) = 12(ϕ0(t))2 −cos(ϕ(t)) + cos(a) : puisque ϕ est deux fois d´erivable, f est d´erivable et
f0(t) =ϕ0(t)ϕ00(t) +ϕ0(t) sin(ϕ(t)) =−5
2(ϕ0(t))2 ≤0
carϕ est solution de (E). Ainsi f est d´ecroissante, donc ∀t∈[0;T∗[, f(t)≤f(0) = 0, ce qui donne bien
∀t∈[0;T∗[, 12(ϕ0(t))2 ≤cos(ϕ(t))−cos(a)≤1 cara∈]0;π2[.
Ainsi, pour t ∈ [0;T∗[, |ϕ0(t)| ≤ √
2 et |ϕ00(t)| ≤ |sin(ϕ(t))|+ 52|ϕ0(t)| ≤ 1 + 5
√ 2 2 , en particulier
les fonctions ϕ0 etϕ00 sont born´ees sur [0;T∗[.
3. Majoration de|ϕ|
L’in´egalit´e obtenue dans la question 2. montre que ∀t ∈ [0;T∗[, cos(ϕ(t))−cos(a) ≥ 0 et donc ϕ(t) ∈ S
k∈Z
[−a+ 2kπ;a+ 2kπ]. Or ϕ est continue sur l’intervalle [0;T∗[, donc ϕ([0;T∗[) est un intervalle inclus dans S
k∈Z
[−a+ 2kπ;a+ 2kπ] et contenant ϕ(0) = a : n´ecessairement ϕ([0;T∗[)⊂[−a;a], autrement dit
∀t∈[0;T∗[, |ϕ(t)| ≤a.
4. Montrons queT∗ = +∞
M´ethode 1 :on applique le th´eor`eme d’explosion en temps fini `a la solution Φ = ϕ
ϕ0
de l’´equation X0 = F(X) sur [0;T∗[. On a d´ej`a v´erifi´e qu’on est sous les hypoth`eses du th´eor`eme de Cauchy-Lipschitz, avec F :R2 →R2 ind´ependante de t; de plus d’apr`es les questions 2. et 3., Φ est born´ee sur [0;T∗[. On en d´eduit que [0;T∗[= [0; +∞[.
M´ethode 2 : par l’absurde, supposons T∗ < +∞. Puisque ϕ00 est born´ee par 1 +5
√ 2 2 sur [0;T∗[, on obtient d’apr`es l’in´egalit´e des accroissements finis
∀t, t0∈[0;T∗[, |ϕ0(t)−ϕ0(t0)| ≤(1 + 5√ 2
2 )|t−t0| En particulier |ϕ0(t) −ϕ0(t0)| −−−−−→
t,t0→
<T∗ 0 et le crit`ere de Cauchy entraˆıne que ϕ0 admet une limite finie en T∗. De mˆeme, comme on sait que ϕ0 est born´ee sur [0;T∗[, on obtient que ϕ admet une limite finie en T∗. Ainsi Φ =
ϕ ϕ0
admet une limite finie en T∗. Comme c’est une solution de l’´equation X0 =F(X) v´erifiant les hypoth`eses du th´eor`eme de Cauchy-Lipschitz, le crit`ere de prolongement aux bornes s’applique et on en d´eduit que Φ se prolonge en une solution sur un intervalle ]T∗−δ;T∗+δ[, ce qui contredit la maximalit´e de Φ.
On a donc obtenu
T∗ = +∞.
Partie II : ´etude de l’´equation lin´earis´ee (El) 1. Calcul de ψ
L’´equation (El) est lin´eaire d’ordre 2, homog`ene. L’´equation caract´eristique associ´ee est r2+52r+ 1 = 0, qui a deux racines r´eelles distinctes−2 et−12. Par cons´equent les solutions de (El) sont les fonctions t7→λe−2t+µe−5t/2 (sur R), o`u λ, µ∈R. Il reste `a satisfaire la condition initiale : si ψ(t) =λe−2t+µe−5t/2, on a
ψ(0) =a ψ0(0) = 0 ⇐⇒
λ+µ=a
−2λ− 12µ= 0 ⇐⇒
λ=−a/3 µ= 4a/3 Finalement,
∀t∈R, ψ(t) = −a3 e−2t+4a3 e−t/2. 2. Ecriture de (El) sous la formeY0=AY
On a
y00 =−y−5 2y0⇐⇒
y0 =y0
y00=−y−52y0 ⇐⇒
y0 y00
=
0 1
−1 −52
· y
y0
c’est-`a-dire, en posant Y = y
y0
,
(El) ⇐⇒ Y0 =AY o`u A=
0 1
−1 −52
.
3. Montrons queA est diagonalisable
Le polynˆome caract´eristique deAestχA(λ) =λ2−λTrA+ detA=λ2+52λ+ 1, ayant pour racines −2 et−12. CommeA est une matrice carr´ee de taille 2 avec deux valeurs propres distinctes, elle est diagonalisable (dans une base de vecteurs propres) : ainsi
∃P ∈GL2(R) |A=P
−2 0 0 −12
P−1.
4. Calcul de et∆ et des solutions deX0 = ∆X Soit ∆ =
−2 0 0 −12
. Par d´efinition,
et∆=
+∞
X
n=0
tn∆n n! =
+∞
X
n=0
tn n!
(−2)n 0 0 (−12)n
=
P+∞
n=0 (−2t)n
n! 0
0 P+∞
n=0 (−t2 )n
n!
!
d’o`u
et∆=
e−2t 0 0 e−t/2
.
Les solutions du syst`eme diff´erentiel X0 = ∆X sont de la forme X(t) =et∆X0, avec par cons´equent X(0) =X0. Ainsi la solution cherch´ee est
X(t) =et∆
x1
x2
=
e−2tx1 e−t/2x2
(t∈R).
5. Majoration deketA·Vk∞
Vu 3.,An= (P∆P−1)n=P∆P−1P∆P−1. . . P∆P−1=P∆nP−1, d’o`u etA=
+∞
X
n=0
tnAn n! =
+∞
X
n=0
P(t∆)nP−1 n!
Montrons que etA = P et∆P−1 : une justification est n´ecessaire, car la somme est infinie.
Or
+∞
X
n=0
P(t∆)nP−1
n! = lim
N→+∞
N
X
n=0
P(t∆)nP−1
n! = lim
N→+∞P
N
X
n=0
(t∆)n n!
! P−1
= P lim
N→+∞
N
X
n=0
(t∆)n n!
! P−1
la derni`ere ´egalit´e venant du fait que l’application u : M 7→ P M P−1 est continue de M2(R) dans lui-mˆeme, et donc limN→+∞u(SN) =u(limN→+∞SN). Ainsi
ketAVk=kP et∆P−1Vk ≤ k|P|k · ket∆P−1Vk
o`uk|·|kest la norme matricielle induite park·k(ou norme d’op´erateur). De plus, en notant W =P−1V =
w1
w2
on a
ket∆Wk∞= max(|e−2tw1|,|e−t/2w2|)≤max(|w1|,|w2|) =kWk∞ sit≥0. Par cons´equent,
ketAVk∞≤ k|P|k · kP−1Vk∞≤ k|P|k · k|P−1|k · kVk∞
et en posant C=k|P|k · k|P−1|k, il vient
∀t≥0, ∀V, ketAVk∞≤CkVk∞. Partie III : comparaison des deux solutions
1. Montrons queZ est solution d’un probl`eme de Cauchy Par hypoth`ese : ϕ00=−sinϕ−52ϕ0 etψ00=−ψ− 52ψ0, donc
ϕ0−ψ0 =ϕ0−ψ0
ϕ00−ψ00 =−sinϕ−52ϕ0+ψ+52ψ0 =−(ϕ−ψ)−52(ϕ0−ψ0) +ϕ−sinϕ autrement dit
Z0=
ϕ0−ψ0 ϕ00−ψ00
=
0 1
−1 −52
·
ϕ−ψ ϕ0−ψ0
+
0 ϕ−sinϕ
Ainsi
∀t≥0, Z0(t) =AZ(t) + 0
f(t)
.
2. Expression deZ et majoration dekZ(t)k∞ La fonction ˜Z : t 7→ etA ·Rt
0 e−sA ·B(s)ds est d´erivable (car t 7→ etA est d´erivable et t7→Rt
0e−sA·B(s)ds aussi comme primitive d’une fonction continue), et Z˜0(t) =AetA·
Z t 0
e−sA·B(s)ds+etAe−tA·B(t) =AZ˜(t) +B(t)
De plus ˜Z(0) = 0 = Z(0). Ainsi Z et ˜Z sont solutions du mˆeme probl`eme de Cauchy.
Comme la fonction (t, X)7→A·X+B(t) est affine enX, `a coefficients continus ent(puisque f =ϕ−sinϕest d´erivable donc continue), elle est continue et localement lipschitzienne, par cons´equent le th´eor`eme de Cauchy-Lipschitz s’applique et l’unicit´e donne Z = ˜Z :
∀t≥0, Z(t) =etA·Rt
0 e−sA·B(s)ds) =Rt
0 e(t−s)A·B(s)ds.
On a donc pour toutt≥0 : kZ(t)k∞=
Z t 0
e(t−s)A·B(s)ds ∞
≤ Z t
0
e(t−s)A·B(s) ∞ds≤
Z t 0
CkB(s)k∞ds vu II.5, puisque t−s≥0 pour tout s∈[0;t]. Or
kB(s)k∞=
0 f(s)
∞
= max(|0|,|f(s)|) =|f(s)|
d’o`u
∀t≥0, kZ(t)k∞≤CRt
0|f(s)|ds.
Enfin, par d´efinition deZ, kZ(t)k∞=
ϕ(t)−ψ(t) ϕ0(t)−ψ0(t)
∞
= max(|ϕ(t)−ψ(t)|,|ϕ0(t)−ψ0(t)|) et donc
∀t≥0, |ϕ(t)−ψ(t)| ≤ kZ(t)k∞. 3. Majoration de|f|
On commence par montrer que
∀x∈R, |x−sinx| ≤ |x|63
en remarquant qu’il suffit de montrer que ∀x ≥ 0, 0 ≤ x−sinx ≤ x63 (ce qui donnera, par imparit´e, que ∀x ≤ 0, x63 ≤ x−sinx ≤ 0). Pour cela on pose g(x) = x−sinx et h(x) =x−sinx− x63, et on ´etudie les fonctionsg eth surR+ :
* g est d´erivable et g0(x) = 1−cosx ≥ 0, donc g est croissante, avec g(0) = 0 ; ainsi
∀x≥0, g(x)≥0.
* h est deux fois d´erivable, eth0(x) = 1−cosx−x22,h00(x) = sinx−x≤0 surR+; donc h0 est d´ecroissante sur R+ et ∀x ≥0, h0(x) ≤ h0(0) = 0 ; ainsi h est d´ecroissante sur R+ et∀x≥0,h(x)≤h(0) = 0
d’o`u les in´egalit´es voulues.
Or pour tout s ≥0, |f(s)| =|ϕ(s)−sinϕ(s)| ≤ |ϕ(s)|6 3, et d’apr`es I.3 la fonction |ϕ| est major´ee sur [0; +∞[ para, donc
∀s≥0,|f(s)| ≤ a63. 4. Qualit´e de l’approximation de ϕparψ
Vu 2. et 3., on obtient la majoration suivante de l’erreur :
∀t≥0,|ϕ(t)−ψ(t)| ≤ Ca63 t et donc pour assurer que|ϕ(t)−ψ(t)| ≤a3, il fautt≤ C6.