• Aucun résultat trouvé

Prédire l'évolution des comportements d'opposition au primaire dès la maternelle?

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2021

Partager "Prédire l'évolution des comportements d'opposition au primaire dès la maternelle?"

Copied!
73
0
0

Texte intégral

(1)

MARC TREMBLAY

PREDIRE L'EVOLUTION DES COMPORTEMENTS

D'OPPOSITION AU PRIMAIRE DÈS LA

MATERNELLE?

Mémoire présenté

à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval

dans le cadre du programme de maîtrise en psychopédagogie en adaptation scolaire pour l'obtention du grade de Maître es arts (M.A.)

DEPARTEMENT D'ETUDES SUR L'ENSEIGNEMENT ET L'APPRENTISSAGE UNIVERSITÉ LAVAL

QUÉBEC

2010

(2)

Résumé

Les conduites d'opposition (CO) comptent parmi les problèmes de comportement les plus fréquents en milieu scolaire (McMahon & Kotler, 2006). Étonnamment, peu d'études longitudinales ont porté sur ces conduites. La présente étude poursuit deux objectifs : 1) explorer la présence de trajectoires de CO au primaire; 2) examiner les facteurs de risque présent à la maternelle associés à ces trajectoires. L'échantillon utilisé pour cette étude comportait 2885 enfants (1494 garçons et 1391 filles) provenant d'écoles publiques francophones du Québec. Les comportements d'opposition ont été évalués par les enseignantes.

Les résultats basés sur les analyses de trajectoires développementales (Nagin, 2005) ont révélé la présence de trois groupes : Opposition Élevée, Opposition Modérée, Faible Opposition. Près de la moitié des garçons de l'échantillon (49,3 %) et plus des trois quarts des filles (79,4 %) manifestent très peu de conduites d'opposition en classe tout au long du primaire. Et quelle que soit la trajectoire dans laquelle s'insèrent les enfants, leurs conduites apparaissent relativement stables de la première à la sixième année. Par ailleurs, les enfants qui se retrouvent dans la trajectoire d'opposition élevée se distinguent de leurs petits camarades sur l'ensemble des facteurs de risque présents à la maternelle (genre, adversité sociofamiliale, engagement et discipline maternelle, anxiété, hyperactivité, agressivité physique et opposition). Ces résultats suggèrent qu'il est possible dès la maternelle de repérer les enfants plus à risque de présenter des comportements d'opposition de la première à la sixième année du primaire. Ces résultats seront discutés en lien avec la perspective de la psychopathologie développementale (Cicchetti & Rogosh, 2002).

(3)

I l l

Avant-propos

Au cours de mon parcours universitaire, plusieurs personnes, chacune à leur manière, ont contribué à ma persévérance et à l'accomplissement de ce projet.

En premier lieu, je souhaite remercier mon directeur de mémoire, M. Stéphane Duchesne, pour sa grande disponibilité, sa rigueur intellectuelle et les opportunités qu'il m'a offertes tout au long de mes études de deuxième cycle universitaire.

Ensuite, j'aimerais remercier ma famille en commençant par ma femme et mon fils, Claudia et Liant, poiu leur amour et leur soutien malgré les moments plus difficiles. Mes parents, mes sœurs et mes frères qui m'ont encouragé dans mes grandes ambitions.

Je désire remercier les personnes qui ont fait de mes études universitaires une passion. Claude-Michel et Fabienne qui ont été les premiers à croire en moi et Jean-Guy avec qui les échanges sont toujours une passion.

Je veux également remercier mes collègues de bureau, Josianne, Christine, Catherine et Mylène avec qui j'ai partagé mes angoisses et mes joies ainsi que Diane et Valérie pour leurs commentaires judicieux. Enfin, je remercie tous mes collègues et amies du neuvième avec qui j'ai passé de merveilleux moments.

(4)

Ce qui m'effraie, ce n 'estpas l'oppression des méchants; c 'est l'indifférence des bons.

(5)

V

Table des matières

Résumé ii Avant-propos iii Table des matières v Liste des tableaux vii Liste des figures viii Chapitre 1 : Introduction 1 Chapitre 2 : Problématique 5

2.1 La recherche sur les conduites d'opposition: état de la situation 7 2.2 La perspective de la psychopathologie développementale comme cadre

d'analyse des conduites d'opposition 10 2.3 Facteurs de risque 16

2.3.1 Adversité sociofamiliale 17 2.3.2 Comportements parentaux 18 2.3.3 Caractéristiques personnelles de l'enfant 19

2.4 Objectifs de l'étude 20 Chapitre 3: Méthodologie 23 3.1 Participants 24 3.2 Procédure 24 3.3 Données manquantes 25 3.4 Instrument de mesure 25 3.4.1 Conduites d'opposition en classe 25

3.4.2 Adversité sociofamiliale 26 3.4.3 Les caractéristiques personnelles 27

3.4.4 Les comportements parentaux de la mère 28

Chapitre 4: Analyses et résultats 29 4.1 Les corrélations bivariées entre les caractéristiques familiales et personnelles 30

4.2 Examen des trajectoires des conduites d'opposition 33 4.3 Caractéristiques familiales et personnelles associées aux trajectoires

(6)

4.3.1 Faible Opposition (vs Opposition Élevée) 36 4.3.2 Opposition Modérée (vs Opposition Élevée) 38

Chapitre 5 : Discussion 40 5.1 Trajectoires développementales des conduites d'opposition 41

5.2 Les différences selon le genre 42 5.3 Les caractéristiques familiales et personnelles associées à la trajectoire

d'opposition élevée 43 5.4 Implications pratiques 47 5.5 Limites et recherches fiitures 48

(7)

vu

Liste des tableaux

Tableau 1. Corrélations bivariées entre les caractéristiques familiales et personnelles 32 Tableau 2. Prédicteurs à la maternelle contribuant à distinguer les groupes d'opposition 37

(8)

Liste des figures

Figure 1. Un cadre pour la perspective de la psychopathologie développementale 11 Figure 2. Trajectoires développementales des conduites oppositionnelles au primaire .... 35

(9)

CHAPITRE 1 INTRODUCTION

(10)

différents spécialistes utiliser les termes « terrible two » ou « première crise d'adolescence » pour désigner les conduites d'opposition, les manifestions d'affirmation et les crises qui surviennent chez de nombreux enfants d'âge préscolaire (Karp, 2004; Keenan & Wakschlag, 2000). Le même constat s'applique aux adolescents. Qui n'a jamais entendu parler de « crise d'adolescence » pour illustrer les comportements de défis, d'opposition et de rébellion plus typiques de cette période, et ce, même si la croyance voulant qu'un jeune passe forcément par cette phase a depuis longtemps été déboulonnée par la communauté scientifique (Arnett, 1999; Lemer & Israeloff, 2007). Pourtant, apprendre à résister et à s'opposer aux demandes de l'environnement fait partie du développement normal de tout individu (Vitaro & Gagnon, 1999). C'est précisément par l'entremise de ces conduites que les enfants font progressivement l'apprentissage de leur autonomie. Si ces conduites s'inscrivent dans une trajectoire normative, il n'en demeure pas moins que dans certains cas, leurs manifestations sont plus extrêmes et peuvent même hypothéquer sérieusement la qualité de vie de l'enfant et de son environnement social. L'enfant qui se dispute fréquemment avec son entourage, qui défie ses parents ou les autres adultes et qui se met facilement en colère court un plus grand risque d'éprouver des difficultés scolaires, de présenter des problèmes de santé mentale et de participer à des activités criminelles (Loeber & Farrington, 2000; Nagin & Tremblay, 1999).

Les conduites d'opposition comptent panni les difficultés de comportement les plus fréquentes en milieu scolaire (McMahon & Kotler, 2006). Il n'est donc pas surprenant de constater que le nombre d'études consacrées à cette catégorie de difficultés est en hausse depuis quelques années (Burke & Rowe, 2010). De façon générale, ces études suggèrent

(11)

que les conduites d'opposition représentent le premier stade menant au développement d'une personnalité antisociale à l'âge adulte (Loeber & Farrington, 2000), qu'elles se complexifient avec le temps en s'associant à d'autres problèmes tels que l'hyperactivité, l'agressivité et l'anxiété (Lavigne et al., 2001) et qu'elles prédisent l'anxiété, la dépression, les retards scolaires, les ideations suicidaires (McMahon & Wells, 1998) et l'abandon scolaire (Jimerson, Egeland, Sroufe, & Carlson, 2000). Étonnamment, peu d'études ont adopté une perspective longitudinale poiu: analyser et décrire ces conduites. Il est donc moins clair si certains symptômes caractéristiques de ce désordre évoluent uniformément au sein d'une population normale d'enfants d'âge scolaire.

Le présent mémoire poursuit deux objectifs : 1) explorer la présence de trajectoires de comportements d'opposition au primaire; et 2) examiner les facteius de risque présents à la maternelle associés à ces trajectoires. Les caractéristiques familiales telles que l'engagement de la mère et la discipline qu'elle exerce envers son enfant, de même que la présence d'adversité sociofamiliale ont été retenues comme facteurs de risque familiaux. Les caractéristiques de l'enfant incluent le geme, les comportements d'agressivité physique, d'anxiété, d'hyperactivité et d'opposition à la maternelle. Ces caractéristiques ont été identifiées comme des facteius prédictifs ùnportants dans l'apparition et le maintien des comportements d'opposition durant l'enfance (Burke, Loeber, & Birmaher, 2002; Loeber & Farrington, 2000; Vitaro, Brendgen, Larose, & Tremblay, 2005).

Ce mémoire se divise en quatre chapitres. Le premier expose une recension des écrits consacrée aux conduites oppositionnelles de même qu'aux facteurs de risque qui leiu sont couramment associés. La perspective de la psychopathologie développementale (Cicchetti & Rogosh, 2002; Cummings, Davies, & Campbell, 2002) a été retenue coimne cadre

(12)

des comportements d'opposition. La méthodologie et les résultats découlant des analyses statistiques sont présentés au deuxième et au troisième chapitre de ce mémoire. Le dernier chapitre propose une discussion des résultats obtenus. Les implications pratiques de cette étude, de même que les limites et les pistes à explorer pour d'éventuelles recherches concluent ce même chapitre.

(13)

CHAPITRE 2 PROBLÉMATIQUE

(14)

s'entendent siu le fait que les comportements d'opposition doivent être considérés avec sérieux (Lavigne et al., 2001; Lavigne et al., 1996; Loeber et al., 2000; Maughan et al., 2004). Ces conduites apparaissent habituellement tôt dans l'historique de l'enfant et tendent à persister à travers les différentes étapes de sa vie (Lavigne et al., 2001; Nagin & Tremblay, 1999). Cette trajectoire développementale s'expliquerait notamment par les autres difficultés de comportement souvent concomitantes à l'opposition (Loeber et al., 2000), mais aussi par l'exposition récurrente à des pratiques parentales erratiques (Joussemet et al., 2008; Stonnshak, Biennan, McMahon, & Lengua, 2000).

À ce jour, les connaissances issues de la recherche sur le développement et la continuité des comportements d'opposition reposent principalement sur des échantillons cliniques d'enfants ayant été diagnostiqués pour un trouble oppositionnel avec provocation (TOP). Il est donc moins clair si certains symptômes caractéristiques de ce désordre évoluent de façon sùnilaire au sein d'une population normale d'enfants d'âge scolaire. Par surcroît, les manifestations d'opposition ont souvent été traitées en conjonction avec d'autres difficultés comportementales telles que l'agression physique et le trouble déficitaire de l'attention/hyperactivité (TDA/H; Loeber et al., 2000). Il devient alors difficile d'identifier des facteurs de risque personnels et familiaux spécifiquement associés à ces manifestations et à leur maintien dans le temps. Ainsi, une meilleure compréhension de l'évolution des conduites oppositionnelles et des caractéristiques qui y sont rattachées est essentielle pour identifier des cibles d'intervention précoces susceptibles de soutenir le travail des éducateius œuvrant en milieu scolaire.

(15)

2.1 La recherche sur les conduites d'opposition : état de la situation

D'im point de vue clinique, les conduites d'opposition contenues dans le cadre du trouble oppositionnel avec provocation se définissent par un ensemble de comportements négativistes, désobéissants, provocateurs et hostiles envers les figures d'autorité, lesquels entraînent une altération significative du fonctionnement social ou scolaire (American Psychiatrie Association, 2000). Spécifiquement, ces enfants contestent, résistent ou refusent de se plier aux demandes des adultes. Ils se mettent fréquemment en colère et peuvent être méchants et rancuniers avec leurs pairs. Avec l'acquisition de la parole, ils argumentent et irritent délibérément les autres (Barcalow, 2006). Ces manifestations s'accompagnent souvent d'une piètre estime de soi, d'une labilité de l'humeur, d'une faible tolérance à la frustration, d'une tendance à proférer des insultes aussi bien que de conflits interpersonnels à la maison et à l'école (Barcalow, 2006). Ces enfants peuvent aussi présenter de l'agressivité résultant d'une provocation perçue et impliquant un accès de colère (Vitaro, Brendgen, & Tremblay, 2002).

Un survol des études épidémiologiques pennet d'estimer la prévalence du TOP entre 2,0 et 16,0 % (Boylan, Vaillancourt, Boyle, & Szatmari, 2007; Loeber et al., 2000; Maughan et al., 2004). La variation des taux de prévalence dépendrait des informateurs (parents, enseignants, enfants) ainsi que de la méthode utilisée pour évaluer les symptômes et détenniner la présence du trouble (Boylan et al., 2007). Au Québec, les résultats de Breton et Bergeron (1999) suggèrent un taux de prévalence similaire allant de 0,5 à 9,1 % pour les garçons et de 0 à 2,8 % poiu les filles âgées de 6 à 14 ans.

Des recherches indiquent que les comportements d'opposition seraient présents dès l'âge de vingt-six mois chez certains enfants (Keenan & Wakschlag, 2000), qu'ils tentent à

(16)

demeurer stables à travers le temps (Harvey, Friedman-Weieneth, Goldstein, & Sherman, 2007; Lavigne et al., 2001) et qu'ils se complexifient en s'associant à d'autres problèmes tels que l'inattention, l'impulsivité, l'hyperactivité, l'agressivité et l'anxiété (Déry, Lapahne, Toupin, & Verlaan, 2007; Gadow & Nolan, 2002; Harvey et al., 2007; Lavigne et al., 2001). Les comportements d'opposition durant l'enfance prédisent les problèmes ultérieurs tels que le rejet par les pairs, la dépression, les retards scolaires, les ideations et les tentatives suicidaires (Coie & Dodge, 1988; McMahon & Wells, 1998). Enfin, d'autres chercheurs (p. ex., Loeber et al., 2000) suggèrent que les comportements d'opposition en bas âge représentent le premier stade menant au développement d'une personnalité antisociale à l'âge adulte.

Même si l'altération du fonctionnement social représente la conséquence la plus probante des comportements d'opposition, il n'en demeure pas moins qu'ils sont associés à d'autres problèmes. Du point de vue de la cognition, ces enfants auraient plus de difficultés à encoder les informations, à évaluer une réponse et à résoudre des problèmes (Coy, Speltz, DeKlyen, & Jones, 2001). Ds sont plus enclins à attribuer des intentions hostiles à autrui dans les situations ambiguës et choisiraient plus souvent des réponses agressives à des problèmes hypothétiques (p. ex. : histoire à compléter à partir de vidéos, de bandes dessinées ou dessins) que ceux n'ayant pas de TOP. En contexte scolaire, ces élèves demanderaient plus d'aide, se retrouveraient plus souvent en classe spéciale, en suspension ou en retenue (Biederman et al., 2008), ils sont plus à risque de présenter des difficultés d'apprentissage (Burke et al, 2002; Hinshaw, 1992) et seraient plus à risque d'abandonner leiu scolarité avant d'avoir obtenu un diplôme (Janosz, LeBlanc, Boulerice, & Tremblay, 2000; Junerson et al., 2000) que les élèves sans problèmes de comportement.

(17)

Par ailleurs, la comorbidité entre le trouble oppositionnel avec provocation et les autres troubles de comportement (TDAH, trouble de conduite, anxiété et dépression) est élevée, en particulier avec le TDAH à la période de l'enfance. Selon Nock, Kazdin, Hiripi et Kessler (2007), 92,4 % de ceux qui présentent les critères diagnostics pour un TOP, manifestent aussi les critères diagnostics pour un autre trouble de DSM-IV, incluant les troubles de l'humeur (45,8 %), l'anxiété (62,3 %), les troubles impulsifs (68,2 %) et l'abus de substance (47,2 %). Selon Maughan et al. (2004), une fille sur trois et un garçon sur deux ayant un diagnostic de TOP, possèdent également les critères diagnostics pour un trouble non-antisocial tels que la dépression et l'anxiété. Cette comorbidité serait associée à des difficultés d'apprentissage, à des capacités intellectuelles moindres ainsi qu'à des résultats plus faibles sur le fonctionnement neuropsychologique (Burke et al., 2002). Dans la majorité des cas de comorbidité, le TOP se retrouve le premier trouble à être diagnostiqué. De même, les travaux de Carlson et al. (1997) démontrent que les deux tiers des enfants ayant un diagnostic de TDAH possèdent les critères diagnostics pour im TOP et à l'inverse que le tiers des enfants ayant un diagnostic de TOP présentent les critères d'un TDAH. Cette combinaison (TOP/TDJAH) représente le pue scénario (Carlson, Tanun, &

Gaub, 1997; Gadow & Nolan, 2002; Lavigne et al., 1996). Les recherches indiquent que ces enfants manifestent plus de symptômes, en nombre et en sévérité, d'anxiété généralisée, d'anxiété sociale, de phobie sociale, de dépression, de dysthymic et de troubles développementaux (Carlson et al., 1997; Gadow & Nolan, 2002).

(18)

2.2 La perspective de la psychopathologie développementale (PPD) comme cadre d'analyse des conduites d'opposition.

Depuis plus d'une vingtaine d'années, plusieurs chercheurs étudient l'adaptation selon la PPD (Cicchetti & Rogosh, 2002; Rutter & Sroufe, 2000; Sroufe, 1997; Sroufe & Rutter, 1984). Cette perspective offre une vision intégrée du développement humain en incorporant a) l'utilisation de modèles développementaux interdisciplinaires; b) les questions relatives à la continuité et la discontinuité de l'adaptation à travers le développement; c) les transactions qui se produisent entre l'environnement et les caractéristiques individuelles; d) les processus associés aux facteurs de risque et de resilience; et e) les connaissances issues de la recherche fondamentale dans la conception et la mise en place des moyens de prévention et d'intervention (Cicchetti & Rogosh, 2002).

La prémisse centrale siu laquelle repose la PPD est que l'adaptation résulte d'un processus dynamique et continu entre différents facteurs biologiques, individuels et environnementaux appelés à évoluer tout au long du développement humain. Elle tente ainsi de comprendre le rôle de ces facteius et leurs interactions dans l'apparition et l'évolution des comportements adaptés et inadaptés à travers les différents stades du développement. La figure suivante pennet d'illustrer cette conception de l'adaptation.

(19)

i i o S Ji mpé t soci a mpé t soci a o U

1

1

1

I

«u

•a

1

c O > c c o

•s

c •r. C/J

a

-i» C3 X ) E o a c. n. X <u c/î u C/J 'ft fc ' i i CQ X i E o u E r r O. C '> __ ru -o

"S

C-U U CQ

g

•c « « Û - S J k k (U c i l _ 4—1 2

S

U . eu c « et. •V Q , o — 3 3 J _ co M / "Si C

1

C/î .— C C eu U

(20)

Selon la PPD, l'adaptation/inadaptation à travers le temps définit progressivement la trajectoire de développement de la personne. Quatre principes ont été proposés poiu rendre compte de la notion de trajectoire de développement : les principes de continuité, discontinuité, multifinalité et équifinalité (Cicchetti & Rogosch, 1998; Cmmnings et al., 2002). Le principe de continuité réfère à la stabilité des patrons d'adaptation sur une longue période de temps (Campbell, 2002). Cette stabilité peut se traduire par une suite d'adaptation positive aux différentes étapes du développement ou par une continuité d'inadaptation pouvant culminer sous forme de syndrome ou de trouble (Perret & Faure, 2006). Le principe de discontinuité renvoie, pour sa part, à la fluctuation des patrons d'adaptation (Campbell, 2002). Cette instabilité peut s'exprimer, par exemple, une série d'adaptations positives suivie de bouleversements qui réalignent la trajectoire vers une issue psychopathologique (Perret & Faure, 2006). Le troisième principe, celui de la multifinalité des trajectoires, suppose que différents patrons d'adaptations peuvent émerger d'un même contexte. Par exemple, deux enfants partageant des caractéristiques similaires en regard du tempérament ou du comportement et qui sont exposés aux mêmes expériences dans leiu environnement pourraient présenter différents patrons d'adaptations ultérieurs (Cicchetti & Rogosh, 1997). Enfin, le principe d'équifinalité des trajectoires repose siu l'idée qu'une diversité de contextes peut mener à un même schéma comportemental (adaptation ou inadaptation). Conséquemment, deux enfants évoluant dans des contextes sociaux, familiaux et personnels différents pourraient manifester une adaptation sunilaire ultérieurement (Cicchetti & Cohen, 1995; Cicchetti & Rogosh, 1997). En somme, les principes de multifinalité et d'équifinalité suggèrent que les différentes psychopathologies et leurs adaptations devraient être considérées comme le résultat potentiel d'un facteiu de

(21)

13 risque commun et, inversement, différents individus peuvent développer une fonne spécifique de psychopathologie par le biais de processus développementaux distincts (Cicchetti & Rogosh, 2002).

Appliqués aux conduites oppositionnelles, ces principes suggèrent que l'opposition manifestée par un enfant à un point précis de son développement ne permet pas d'anticiper les comportements d'opposition futurs. De la même manière, l'enfant qui manifeste peu ou pas de comportements d'opposition à un point de son développement ne se trouve pas protégé contre l'apparition de conduites d'opposition ultérieurement. À cet effet, des recherches indiquent que les trajectoires développementales de certains comportements peuvent présenter différentes directions (Côté et al. 2002, Nagin & Tremblay, 1999). Les résultats de Nagin & Tremblay (2002) suggèrent quatre trajectoires d'opposition de l'âge 6 ans à 15 ans. Ces quatre trajectoires adoptent diverses directions; deux trajectoires déclinent (principe de discontinuité) et deux demeurent stables (principe de continuité). Par ailleurs, différents facteurs de risque, qu'ils soient familiaux ou personnels, peuvent mener à la manifestation de conduites oppositionnelles (principe d'équifinalité). Ces mêmes facteurs de risque pourraient tout aussi bien mener certains enfants à d'autres problèmes de comportement (principe de multifinalité).

Cette façon d'envisager l'adaptation a cependant des implications au plan méthodologique puisqu'elle invite à recourir à une approche centrée sur la personne pour dégager des trajectoires distinctes. Au cours de la dernière décennie, une procédiue d'analyse appelée Proc TRAJ s'est imposée coimne l'une des principales procédures dans le traitement des données longitudinales. Cette procédiue pennet de faire ressortir l'hétérogénéité naturelle d'une population en regroupant les individus en fonction de la

(22)

similitude de leur trajectoire, en décrivant la forme de celles-ci et en estimant la proportion des individus appartenant à chacun des groupes (Nagin, 1999). Des études longitudinales récentes ayant utilisé cette procédure montrent que les problèmes de type externalise varient sur plusieurs années pour différents groupes d'enfants (Côté, Tremblay, Nagin et al., 2002; Côté, Tremblay, & Nagin, 2002; Côté, Vaillancourt, LeBlanc, Nagin et al., 2006; Joussemet et al., 2008; Nagin, 1999; Nagin & Tremblay, 1999). Par exemple, Nagin et Tremblay (1999) identifient quatre groupes présentant des comportements d'opposition à l'aide d'un échantillon de 1037 garçons âgés de 10 à 15 ans avec une première mesure à l'âge de 6 ans évalués par leurs enseignantes. Un premier groupe rassemble 25 % des garçons dans une trajectoire où les conduites d'opposition sont faibles et stables. Un deuxième groupe se nomme « modéré déclinant » et représente 46 % des garçons. Ils manifestent des comportements opposants modérés à l'âge de six ans, lesquels comportements diminuent constamment jusqu'à l'âge de 15 ans. Un troisième groupe, nommé « élevé-déclinant », regroupe 25 % des garçons. Ces garçons présentent un niveau élevé de comportements d'opposition culminant à l'âge de dix ans, poiu ensuite dùninuer jusqu'à un niveau modéré à l'âge de quinze ans. Enfin, un dernier groupe comprend 5 % des garçons de l'échantillon qui manifestent des comportements d'opposition élevée qui se maintiennent de six à quinze ans.

Dans une autre étude, Côté et al. (2002) décrivent les trajectoires d'hyperactivité des garçons et des filles âgés entre 6 et 12 ans telle qu'évaluée par leurs enseignantes. Leurs résultats révèlent quatre groupes d'enfants, tant chez les garçons que chez les filles, présentant différents niveaux d'hyperactivité: 1) 16,9 % des garçons et 35,9 % des filles ne manifestent aucune hyperactivité tout au long du primaire, 2) 35,8 % des garçons et 25,3 %

(23)

15 des filles se retrouvent dans une trajectoire modérée à l'âge de 6 ans et décline jusqu'à manifester très peu de comportements d'hyperactivité à l'âge de 12 ans, 3) 10,9% des garçons et 21 % des filles présentent des comportements d'hyperactivité stables ou légèrement augmentant au primaire, 4) 36,5 % des garçons et 17,8 % des filles se retrouvent dans la trajectoire la plus élevée d'hyperactivité.

Les dernières études portent sur l'agressivité physique. Tout d'abord, les résultats de Côté et al. (2006) suggèrent trois trajectoires d'agressivité physique de 2 à 11 ans. Le premier sous-groupe réunit 31,1% d'enfants qui manifestent que très peu d'agressivité physique. Le deuxième groupe représente la majorité de l'échantillon de 10658 enfants (52,2%), lesquels présentent de comportements d'agressivité modérés. La fréquence des comportements diminue de l'âge de 2 ans à 11 ans. Le dernier groupe regroupant 16,6% de l'échantillon manifeste des comportements élevés et stables jusqu'à la pré-adolescence. Par ailleurs, Joussemet et al. (2008) décrivent quatre groupes d'agressivité physique chez les enfants de la maternelle à la sixième année du primaire évalués par leurs enseignantes. Le premier groupe représente 33 % des enfants qui ne manifestent aucune agressivité physique. Le deuxième groupe est constitué de 45 % des enfants, lesquels présentent peu de comportements d'agressivité physique puisque leur trajectoire apparaît stable de la maternelle à la sixième année. Le troisième groupe réunit 16 % des enfants de l'échantillon, lesquels manifestent un niveau modéré d'agressivité physique qui tend à diminuer progressivement de la maternelle à la sixième année. Enfin, le dernier groupe comprend 6 % de l'échantillon. Ces enfants présentent une trajectoire élevée de comportement d'agressivité physique qui décime légèrement tout au long du primaire. Par ailleurs, ces trajectoires se différencient en fonction du genre et de certaines caractéristiques familiales.

(24)

D'une part, les trajectoires élevées et modérées sont constituées de plus de garçons que de filles, tandis que les trajectoires affichant des niveaux d'agressivité plus faibles regroupent plus de filles que de garçons. D'autre part, la probabilité d'appartenir à une trajectoire élevée d'agressivité physique est plus élevée pour les enfants qui ont des parents séparés, une mère plus jeune et qui exerce moins de contrôle à la maison (p. ex. : l'enfant devrait goûter à tous les plats; je n'insiste pas pour que mon enfant m'obéisse tout le temps; je n'aune pas ùnposer beaucoup de règles à mon enfant).

Dans l'ensemble, ces quatre études suggèrent qu'il est possible d'identifier des groupes d'enfants manifestant un même comportement à différents niveaux. Ils suggèrent aussi que des facteurs de risque peuvent être associés aux trajectoires plus élevées. Par conséquent, la présente étude propose 1) d'examiner les comportements d'opposition au primaire en contrôlant pour les caractéristiques familiales (adversité sociofamiliale, engagement et discipline de la mère) et personnelles (agressivité, hyperactivité, opposition, geme), 2) d'explorer si certains facteurs de risque à la maternelle prédisent l'appartenance à un groupe plutôt qu'à un autre. Cette étude se distingue en utilisant un échantillon populationnel incluant des garçons et des filles et en incorporant des variables contrôles afin de décrire les trajectoires d'opposition au primaire, ce que n'ont pas fait les autres études (Lavigne et al, 2001, Nagin & Tremblay, 1999) qui se sont intéressées à l'évolution des comportements d'opposition dans le temps.

2.3 Facteurs de risque

De nombreux facteius de risque ont été reliés au développement des problèmes de comportement durant l'enfance. Certains sont cependant réputés pour jouer un rôle plus

(25)

17 prépondérant parmi lesquels on retrouve la présence d'adversité sociofamiliale, les comportements parentaux et les caractéristiques personnelles de l'enfant. Les paragraphes suivants abordent ces trois catégories de facteurs.

2.3.1 Adversité sociofamiliale

Le concept d'adversité sociofamiliale désigne généralement une variété de stresseurs sociaux et familiaux susceptibles d'imprégner la trajectoire développementale d'un enfant. Il est défini de multiples façons dans la littérature scientifiques. Certains chercheurs emploient des indicateurs sociaux et familiaux tels que la stmcture familiale (deux parents ou monoparentalité), l'éducation et l'âge des parents à la naissance du premier enfant (Brendgen, Wanner, Morin, & Vitaro, 2005; Vitaro et al., 2005) afin d'opérationnaliser ce concept. Ces indicateurs ont été associés, et ce, de façon répétée, aux problèmes de comportement (Loeber et al., 2000; Nagin & Tremblay, 2001b; Vêlez, Johnson, & Cohen,

1989). Par exemple, les résultats de Vêlez et al. (1989) indiquent que la structure familiale (mère monoparentale) est un facteur de risque à court tenne et une mère ayant peu de scolarité représente un facteur de risque à long terme pom le développement du trouble oppositionnel. Nagin et Tremblay (2001b) rapportent qu'une mère jeune et peu scolarisée représente un facteur de risque eu égard aux manifestations d'agressivité physique de son enfant. Finalement, d'autres études montrent qu'un enfant vivant au sein d'une famille monoparentale ou reconstituée, ayant une mère jeune et peu scolarisée prédisent des niveaux élevés d'agressivité indirecte et physique (Côté et al., 2007) de même que la non-diplomation au secondaire (Duchesne, Vitaro, Larose, & Tremblay, 2008).

(26)

2.3.2 Comportements parentaux

Les recherches sur les comportements parentaux ont permis d'isoler deux comportements qui semblent cruciaux dans la prédisposition des problèmes de comportement, soit l'engagement et la discipline (Baumrind, 1991; Darling, 1999; Gray & Sternberg, 1999; Maccoby 8c Martin, 1983; Stonnshak et al., 2000). D'une part, l'engagement réfère aux comportements de support, de proximité et d'acceptation du parent envers son enfant. Ces comportements sont réputés pour faciliter l'acceptation des valeurs du parent par l'enfant et le respect des exigences parentales (MacDonald, 1992). Cette forme de relation entre le parent et son enfant est associée à l'acquisition de comportements prosociaux (MacDonald, 1992), à la prévention de problèmes internalises et externalises (Caron, Weiss, Harris, & Catron, 2006) et à un risque moins élevé de vivre des expériences de socialisation négatives avec les pairs (Patterson, Cohn, & Kao, 1989).

D'autre part, la discipline renvoie aux comportements parentaux de contrôle, d'encadrement et de supervision envers l'enfant (Steinberg & Lainbom, 1992). Elle aide l'enfant à intérioriser les règles auxquelles il doit se conformer pour vivre en société et autoréguler son comportement. De ce point vue, la discipline s'apparente au concept de contrôle comportemental (Barber, 1996) lequel réfère à des pratiques d'encadrement associées à l'établissement de routine, de règles et de limites poiu orienter les comportements de l'enfant. Le manque de discipline parental compromettrait le développement de l'autorégulation de l'enfant, laquelle est nécessaire à la planification et le contrôle de son comportement (Barber, 1996). Il représente aussi im facteiu de risque ùnportant eu égard aux comportements internalises et externalises (Caron et al., 2006), la

(27)

19 délinquance, la réussite et la perfonnance scolaire (Bean, Barber, & Crane, 2006; Fletcher, Steinberg, & Williams-Wheeler, 2004; Gray & Steinberg, 1999).

2.3.3 Caractéristiques personnelles de l'enfant

Certaines caractéristiques personnelles de l'enfant sont associées aux conduites oppositionnelles en commençant par le geme. En effet, les garçons d'âge primaire sont plus nombreux à présenter des conduites oppositionnelles que les filles du même âge (Carlson et al., 1997). D'autres caractéristiques comme les comportements d'impulsivité ou d'inhibition (Burke et al., 2002), d'agressivité physique (Loeber et al., 2000), d'hyperactivité (Maughan et al., 2004), l'anxiété ainsi que la dépression sont associées à la présence de conduites oppositionnelles (Boylan et al., 2007; Greene et al., 2002; Maughan et al., 2004). Certains chercheurs suggèrent que la comorbidité très élevée entre les conduites d'opposition, l'agressivité et l'hyperactivité se développe à partù" de facteurs génétiques et de facteurs familiaux communs (Burt, Krueger, McGue, & Iacono, 2003). L'anxiété présente un portrait différent avec les comportements antisociaux. Plus particulièrement, certaines études indiquent ime coocciurence entre l'anxiété et les comportements d'opposition (Boylan et al., 2007; Maughan et al., 2004), tandis que d'autres suggèrent qu'un faible niveau d'anxiété représente aussi un risque élevé de manifester des comportements antisociaux (Ken, Tremblay, Pagani, & Vitaro, 1997; Tremblay, Pihl, Vitaro, & Dobkin, 1994). Les différents aspects de l'anxiété (p. ex. anxiété de séparation, inhibition comportementale, tùnidité, retrait social, etc.) peuvent fonctionner de diverses façons eu égard au développement des comportements antisociaux, certains

(28)

inhibent leur développement, d'autres favorisent la comorbidité (Ken, Tremblay, Pagani 8c Vitaro, 1997).

En dépit de ces constats, nous savons peu de choses sur les trajectoires développementales des conduites oppositionnelles pendant l'enfance, de même que siu les caractéristiques familiales et personnelles associées à ces trajectoires. Il se peut que ces enfants ne constituent pas un groupe homogène et présentent des écarts marqués, tant sur le plan de l'intensité des manifestations d'opposition que leur évolution à travers le temps. En outre, comme les conduites oppositionnelles ont souvent été étudiées en conjonction avec d'autres comportements extériorisés (Vitaro & Gagnon, 1999), il demeure difficile d'associer des facteurs de risque personnels et familiaux qui contribuent spécifiquement à l'émergence de ces manifestations et à leur maintien sur une longue période. Ainsi, une meilleure compréhension de l'évolution des conduites oppositionnelles et des caractéristiques qui y sont rattachées est essentielle pour identifier des cibles d'intervention précoces.

2.4 Objectifs de l'étude

La présente étude poursuit deux objectifs principaux. En premier lieu, nous voulons explorer la présence de trajectoires de conduites oppositionnelles de la première à la sixième année en contrôlant pour les caractéristiques familiales et personnelles à la maternelle, à l'aide d'analyse de trajectoires développementales fondées sm le groupement (Jones & Nagin, 2007; Nagin, 1999). Suivant les recherches antérieures sur l'opposition, l'hyperactivité et l'agressivité physique (Côté, Tremblay, & Nagin, 2002; Joussemet et al., 2008; Nagin & Tremblay, 1999), nous fonnulons l'hypothèse que les enfants manifestant

(29)

21 des comportements d'opposition au primaire ne forment pas un groupe homogène. Par conséquent et sur la base des études recensées ayant misent en évidence l'existence de trajectoires distinctes, il est plausible de croire qu'il y aura une trajectoire élevée, une trajectoire faible et au moins une trajectoire intermédiaire de comportement d'opposition. Différents scénarios s'appuyant sur les principes mis de l'avant dans la perspective de la psychopathologie développementale (Cummings et al., 2002) peuvent être envisagés. Par exemple, certains enfants pounaient manifester un niveau constant de comportement d'opposition (principe de continuité), alors que d'autres présenteraient peu de comportements d'opposition en première année, lesquels comportements pounaient par la suite augmenter progressivement poiu atteindre un niveau élevé à la fin du primaire (principe de discontinuité).

Le deuxième objectif de cette étude est d'examiner les facteius de risque familiaux (adversité sociofamiliale, engagement, discipline) et personnels (geme, anxiété, hyperactivité, agressivité physique et opposition) à la maternelle associés à ces trajectoires. Sur la base des données issues des travaux consacrés aux comportements d'opposition (Burke et al., 2002; Loeber et al., 2000; Nagin 8c Tremblay, 1999), il est attendu que les enfants manifestant des comportements d'opposition plus élevés seront confrontés à plus d'adversité sociofamiliale, que leurs mères manifesteront moins d'engagements et exerceront moins de discipline. De plus, nous anticipons que les garçons seront plus nombreux que les filles à présenter des symptômes d'opposition et que les enfants s'insérant dans une trajectoire d'opposition élevée présenteront également des signes d'hyperactivité et d'agressivité à la maternelle. Les comportements d'opposition pounaient être associés à des manifestations d'anxiété. Conformément aux études antérieures, ce lien

(30)

pourrait prendre deux directions, par conséquent, les comportements d'opposition pounont être associés à des manifestations élevées d'anxiété (Boylan et al., 2007) ou à des manifestations faibles d'anxiété (Ken et al., 1997; Lahey, McBumett, Loeber, & Hart, 1995). Enfin, nous émettons l'hypothèse que les mêmes caractéristiques familiales et personnelles soient associées aux trajectoires élevées et intermédiaires, mais à des niveaux différents. Par contre, il est possible que la trajectoire la plus faible se démarque des autres en étant associée qu'à certains facteurs de risque, mais pas à d'autres.

(31)

CHAPITRE 3 MÉTHODOLOGIE

(32)

3.1 Participants

Les participants de cette étude proviennent de l'Étude Longitudinale des Enfants de Maternelle du Québec (ÉLEMQ). L'échantillon est constitué d'enfants représentatifs des garçons et des filles fréquentant des classes de maternelle d'écoles publiques francophones du Québec. Les enfants ont été sélectionnés aléatoirement à partir d'une liste fournie par le Ministère de l'Éducation du Québec (MEQ). Cette étude avait pour objectif de mieux comprendre le développement des difficultés qui conduisent à l'échec scolaire et aux problèmes d'adaptation (Zoccolillo, Vitaro, 8c Tremblay, 1999).

Dans la présente étude, l'échantillon est composé de 2885 enfants (1494 garçons et 1391 filles), leurs mères et lems enseignantes. La moyenne d'âge des enfants est de 5,99 ans (ET = 0,29). La majorité de ces enfants sont francophones (94,0 %) et vivent avec leurs deux parents biologiques (79,9 %). Les mères étaient âgées en moyenne de 24,32 ans (ET = 3,93) à la naissance de leiu premier enfant et elles ont fréquenté l'école pendant 11,7 années (ET = 2,63). Au Québec, un individu obtient généralement son diplôme d'études secondaires après 12 ans de fréquentation scolaire, s'il n'a pas accumulé de retard en raison, notamment, d'échecs ou de redoublement.

3.2 Procédure

Les variables retenues dans cette étude ont été mesurées à différents moments et proviennent de deux soiuces d'ùifonnation, les mères et les enseignantes. Les mères ont complété le Emotional Climate for Children (ECC; Falender & Merhabian, 1980) ainsi qu'une mesure sociodémographique alors que leiu enfant était âgé de six ans (c.-à-d., à la

(33)

25 maternelle). Parallèlement à la collecte de données en milieu familial, les enseignantes des enfants ciblés ont complété chaque année, de la maternelle à la sixième année du primaire, le Social Behavior Questionnaire version enseignant (SBQ-E; Tremblay et al. 1991).

3.3 Données manquantes

L'examen des différentes données recueillies sur les 2885 participants a permis de constater que 932 enfants (32,3 %) n'avaient aucune valeur manquante sur l'ensemble des variables retenues, tandis que 832 avaient une seule donnée manquante (28,8 %) et 1101 d'entre eux (38,2 %) avaient au moins deux données manquantes sm toutes les variables à l'étude. Le traitement des observations manquantes s'avère crucial en raison des conséquences qu'ils peuvent avoù dans l'analyse et l'interprétation des résultats. Dans la présente étude, les données manquantes sur toutes les variables à l'étude ont été traitées avec la méthode de maxùnmn de vraisemblance (Expectation - Maximisation) du logiciel SAS (version 9.2). Cette méthode permet d'inférer les valeurs manquantes par celles qui sont attendues.

3.4 Instruments de mesure

3.4.1 Conduites d'opposition en classe

Les conduites d'opposition en classe ont été évaluées par les enseignantes de la maternelle à la sixième année à l'aide de la sous-échelle « Opposition » du Social Behavior Questionnaire version enseignant (SBQ-E; Tremblay et al., 1991). Cette sous-échelle comporte cinq items compatibles aux critères diagnostics du DSM-HI (Irritable. Il s'emporte facilement - désobéissant - ne partage pas les jouets - blâme les autres - sans

(34)

égard poiu les autres) évalués sm une échelle de type Likert en trois points (0 = non applicable; 1 = comportement occasionnel; 2 = comportement fréquent). Les enfants passent la majorité de lem temps à l'école où ils sont confrontés à plusieurs figures d'autorité (enseignantes, directeur, intervenants scolaires, etc.). De plus, l'école est l'endroit dans lequel les enfants interagissent avec d'autres enfants et développent lems compétences sociales. Ainsi, les enseignantes ont la possibilité d'évaluer les comportements d'opposition des enfants en les regardant évoluer et interagir dans différentes sphères sociales, ce qui en fait des évaluatrices de choix en regard des comportements d'opposition. Les coefficients de fiabilité et de validité du SBQ-E sont bien établis (Tremblay et al., 1991). Dans cette étude, les coefficients de consistance interne (alpha de Cronbach) variaient de 0,79 à 0,83.

3.4.2 Adversité sociofamiliale

Un index d'adversité sociofamiliale a été créé sm la base des infonnations recueillies auprès des mères lors de l'entrée à la maternelle de lem enfant. La stmcture familiale (c.-à-d. deux parents, monoparental, nouveau conjoùit(e), etc.), l'âge de la mère à la naissance du premier enfant et le nombre d'années de scolarisation de la mère ont été utilisés pom construire l'index. Chacun des indicateurs s'est vu attribuer im score de 0 ou 1 selon le degré d'adversité qu'il représente poiu l'enfant. Pom l'indicateur de la stmcture familiale, l'enfant qui habite avec ses deux parents obtient un score de 0 (risque faible) alors que celui qui se retrouve dans une autre configuration familiale (monoparentale, recomposition familiale, etc.) reçoit un score de 1 (risque élevé). Les deux autres indicateurs, soit l'âge de la mère à la naissance du premier enfant et le nombre d'années de scolarisation de la mère,

(35)

27

ont été séparés en quartile. Un score de 1 a été octroyé aux enfants dont la mère se situait dans le premier quartile (risque élevé), alors qu'un score de 0 a été octroyé aux enfants dont la mère se situait dans les trois autres quartiles (risque faible). Ces trois indicateurs ont été par la suite regroupés en un score global nommé « Adversité sociofamiliale ». Une procédure similaire a déjà été utilisée dans d'autres études (p. ex. : Duchesne et al., 2008; Tardif, 2008; Vitaro et al., 2005). Plus le score est élevé (c.-à-d.; près de 1), plus l'enfant est en présence d'adversité dans son milieu familial. Dans la présente étude, le score moyen d'adversité sociofamiliale de l'échantillon était de 0,32 (ET = 0,30).

3.4.3 Caractéristiques personnelles

Les enseignantes ont évalué les caractéristiques personnelles lorsque les enfants étaient à la maternelle à partir des sous-échelles « Anxiété », « Agression physique » et « Hyperactivité » du Questionnaire des Comportements Sociaux version enseignant (SBQ-E; Tremblay et al., 1991). Ces sous-échelles utilisent une échelle de type Likert eu trois points allant de 0 (non applicable) à 2 (comportement fréquent). La sous-échelle d'anxiété comprend six items (p. ex. : Inquiet. Plusiems choses l'inquiètent), la sous-échelle d'agressivité physique comporte trois items (Frappe, mord, donne des coups de pieds à ses amis ou à ses frère(s) et/ou sœur(s)) et la sous-échelle d'hyperactivité deux items (Remue continuellement, se tortille, ne sait comment se tenir sans bouger). Dans cette étude, les coefficients de consistance interne (alpha de Cronbach) étaient de 0,74 pom l'anxiété, 0,82 pour l'agressivité physique et de 0,89 poiu l'hyperactivité.

(36)

3.4.4 Les comportements parentaux de la mère

Les comportements de la mère envers son enfant ont été mesurés à l'aide du Emotional Climate for Children version française (Falender & Mehrabian, 1980). Ce questionnaire évalue les attitudes pennettant d'inférer siu les comportements qu'elle manifeste dans l'éducation de son enfant. Deux sous-échelles ont été retenues : engagement et discipline. Ces sous-échelles contiennent respectivement dix-huit items pom la dimension « engagement » (p. ex. : J'aùne passer du temps avec mon enfant) et seize items pour la dùnension « discipline » (p. ex. : Mon enfant doit faùe ce que je lui dis). Chaque item se répond sm une échelle en neuf points allant de -4 « très fortement en accord » à +4 « très fortement en désaccord ». Dans la présente étude, l'alpha de Cronbach pour la sous-échelle « Engagement» était de 0,79 tandis que pour la sous-sous-échelle « Discipline», il était de 0,63.

(37)

CHAPITRE 4

(38)

Les résultats des analyses seront présentés en trois temps. En premier lieu, l'examen des conélations entre les caractéristiques familiales et personnelles sera présenté. La deuxième section pennet de répondre au premier objectif qui consiste à explorer la présence de trajectoùes de conduites oppositionnelles de la première à la sixième année évaluée par les enseignants à l'aide d'analyse de trajectoùes développementales. Finalement, la troisième section veut répondre au deuxième objectif qui consiste à examiner les facteurs de risque familiaux (adversité sociofamiliale, engagement, discipline) et personnels (anxiété, hyperactivité, agressivité physique et opposition) à la maternelle associés à ces trajectoùes.

4.1 Les corrélations bivariées entre caractéristiques familiales et personnelles.

Des analyses de conélations bivariées ont été menées entre les caractéristiques familiales et personnelles. Le tableau 1 présente les moyennes et les magnitudes des relations entre les caractéristiques familiales et les caractéristiques personnelles. Les résultats indiquent des relations faibles variant de -0,15 à 0,19 entre les variables familiales et les caractéristiques personnelles. De façon générale, il apparaît que plus l'enfant se retrouve en présence d'adversité sociofamiliale, inoins sa mère est engagée et plus il manifeste des comportements d'anxiété, d'agressivité physique, d'hyperactivité et d'opposition. L'enfant en présence d'une mère plus engagée et exerçant plus de discipline, manifeste rnoins de comportements d'agressivité physique, d'hyperactivité et d'opposition.

Par ailleurs, les résultats indiquent que les magnitudes des relations entre les caractéristiques personnelles varient de modérée à élevée (0,31 à 0,78). Seulement le genre

(39)

31 et l'anxiété montrent des conélations faibles (rs = -0,28 à 0,22) avec toutes les autres variables. Ces résultats suggèrent qu'être une fille est associée à une mère plus engagée et exerçant plus de discipline tandis qu'être un garçon est associé aux comportements d'anxiété, d'agressivité physique, d'hyperactivité et d'opposition. Il est possible de constater une association entre l'agressivité physique, l'hyperactivité et l'opposition. Ainsi, plus l'enfant est perçu coimne opposant par son enseignante, plus il manifeste des comportements d'agressivité physique et d'hyperactivité à la maternelle.

(40)

<N O O CN VO <N © r-- vO '<t rt — i n t O1 C N © T f r t T f i n > n m * » * « «, * • . tr. * • * • • • M T f rt i n i n M M C N O T f r n T f i n i n vo m CN r i r f v o o o r r -< N © T f m T f i n cM r-. o> oo — o o r i r i r» o r i • n — T f T f m c 5 E S , c | *-> i > c/) __ c/", O §1 0 0 VD in 0s oo — o o f » CN 0 0 0 0 CN n r-» <n r n i* oc q i " ■ i n 1 1 • • r> q i ' « * o • • r i i # » q sC

q

# m o q * * r*. o CM ■ O rt VO T f q o o ra U ty. O rt

2 s

o •— «-J c o M ra > CA C _o '■S fc c zz ra _o x ; ra H <N r i o r i r n . 5

«s,

•a t % < <n — T f vO VO CN O 0 0 tN, e>( ■^f vO o £ CJj ra CJJ UJ û — r* m 5

f ô

o ^ © r - o — < n o > r - » o o rtTfrtrt©Oc>oor~-%i 0 0

I"

5 a

.a-e

ru CN >n >n rt oq —r CN .2" ■y; -», s z C •'J -o O (N rt rt vo q r-«-r vor vq Tf —T CN — ' —* — ' — ' —* •jj Ci < • i l / J c ra __ X y E u c o ra H m v o rT c ra r -= C ra 0> = ra •r, O CL. C CC r r. f r o o o o a. o. a. o. o. o. o. a. O O O O © — r i y; C c o © c © c d .' c

(41)

4.2 Examen des trajectoires des conduites oppositionnelles

Le premier objectif visait à explorer la présence de trajectoùes de conduites oppositionnelles de la première à la sixième année en contrôlant pom les caractéristiques familiales et personnelles à la maternelle. Le modèle qui représente le nombre optimal de trajectoùes a été estimé à l'aide de la procédure SAS TRAJ (Jones & Nagin, 2007; Jones, Nagin, & Roeder, 2001; Nagin, 1999; Nagin & Tremblay, 2001a). La sélection du modèle reflétant le mieux les données repose sur l'indice du Bayesian Information Criterion (BIC). Pour chacun des sous-groupes identifiés, chaque individu reçoit un score de probabilité d'appartenance variant de 0 (faible probabilité) à 1 (forte probabilité). Cette probabilité est considérée coimne acceptable à partù de 0,70 (Nagin, 1999). La procédiue SAS TRAJ pennet également d'inclure certains factems de risque potentiellement associés aux trajectoùes. L'ajout de ces facteurs affecte la probabilité d'appartenance à un sous-groupe donné (Jones 8c Nagin, 2007). Dans la présente étude, les caractéristiques familiales (adversité, engagement et discipline de la mère) et personnelles (agressivité, anxiété, opposition, hyperactivité et geme) à la maternelle ont été insérées comme variables conùôles. Le contrôle des caractéristiques familiales et personnelles à la maternelle permet de moduler la probabilité d'appartenu à un groupe en fonction des comportements d'opposition.

Les analyses ont été effectuées sm des modèles de deux (BIC = -27011), trois (BIC = -25908), quatre (BIC = -26460) et cinq groupes (BIC = -26260). Les résultats suggèrent la présence de trois trajectoùes distinctes de la première année à la sixième année (figure 2). Chaque ligne illustre les trajectoùes observées des comportements d'opposition. Elles sont calculées en utilisant la moyenne des scores d'opposition des élèves dans chacune des

(42)

trajectoùes identifiées par la procédure. La moyenne des probabilités d'appartenu à une trajectoùe varie de 0,88 à 0,97.

Le premier groupe, appelé « Faible Opposition » regroupe 66,7% des enfants de l'échantillon (n = 1925). Il est composé à 40,0 % de garçons. Le paramètre lùiéaùe est statistiquement significatif (p = 0,006). Ces enfants sont perçus par lems enseignantes coimne démontrant peu de comportements d'opposition tout au long du primaùe. Le deuxième groupe, nommé « Opposition Modérée », réunit 24,0 % des enfants (n = 692). Il est composé à 69,9 % de garçons. Le paramètre quadratique est statistiquement significatif (p = 0,001). L'opposition manifestée par ces jeunes varie légèrement de la première à la sixième année et se tennine à un niveau inférieur à la fin du primaùe. Le dernier groupe, désigné « Opposition Élevée », représente 9,3 % des enfants de l'échantillon (n = 268). Il est composé à 79,4 % de garçons. Encore une fois, le paramètre quadratique est statistiquement significatif (p < 0,001). Ce groupe est constitué des enfants les plus opposants tout au long du primaùe. Lems comportements oppositionnels tendent à augmenter légèrement de la première à la quatrième année, ensuite ils dùnùiuent pom se situer à un niveau inférieur en sixième comparativement à la première année. Une analyse post hoc pennet de croùe que la forme quadratique des groupes modéré et élevé représente un artefact méthodologique plus qu'une véritable variation de comportement. En effet, le test t paùé (t(l,211) = 3,859; p < ,001) indique une différence significative seulement poiu le groupe élevé entre la première année et la sixième année du primaùe. Ainsi, il n'y a pas de différence significative entre la moyenne des comportements d'opposition de la première année à la sixième du primaùe pom la trajectoùe modérée et de la première année à la cinquième année du primaùe pour la trajectoùe élevée.

(43)

00 CO f 4 CN O J CD i n CJ ■<5 d)

5- "°

0) O tu ^

» t t

O) ._ 03 2 ra c JD CA

§

8

or. ! -râ

g

1

I

c/3 O V! Cfl c c U o "rn

«s

r i c IT: uomsoddo

(44)

Trois grands constats se dégagent de ces résultats. Tout d'abord, les résultats indiquent qu'il y a presque quatre garçons poiu ime fille appartenant à la trajectoùe élevée (15,7% des garçons contre 4,4% des filles de l'échantillon). Ensuite, il y a près de la moitié des garçons de l'échantillon (49,3 %) et plus des ùois quarts des filles (79,4 %) qui ne manifestent pratiquement aucune conduite d'opposition en classe tout au long du primaùe. Enfin, malgré quelques variations dans le temps et ime légère diminution en fin du primaùe, les trois trajectoùes sont relativement stables de la première à la sixième.

4.3 Caractéristiques familiales et personnelles associées aux trajectoires d'opposition. Le deuxième objectif visait à examiner les liens prédictifs entre certaines caractéristiques familiales et personnelles et les trajectoùes d'opposition au primaùe. L'adversité sociofamiliale, l'engagement et les pratiques disciplinaùes de la mère, de même que le geme de l'enfant et ses manifestations d'agressivité physique, d'hyperactivité, d'opposition et d'anxiété à la maternelle ont été retenus comme prédicteius. Le groupe « Opposition Élevée » a servi de catégorie de référence. Le tableau 2 présente les rapports de chance et les intervalles de confiance associés (95 %) des caractéristiques qui ont émergé comme prédicteurs dans chacun des contrastes.

4.3.1 Faible Opposition (vs Opposition Élevée). Les résultats ont révélé que la probabilité d'appartenu au groupe « Faible Opposition » est plus faible poiu les enfants ayant été exposés à de l'adversité sociofamiliale (OR = 0,19, IC = 0,11 - 0,32). Il s'agit de la seule caractéristique familiale qui contribue à dùninuer la probabilité. Les deux autres

(45)

37

Tableau 2. Prédicteurs à la maternelle contribuant à distinguer les groupes d'opposition

Modérée vs Élevée Faible vs Élevée Prédicteurs à la maternelle Prédicteurs à la maternelle OR Intervalles à 95% OR Intervalle! ; à 95% Caractéristiques familiales Adversité 0,50* 0,30 0,81 0,19* 0,11 0,32 Engagement maternel 1,01 0,99 1,04 1,06* 1,03 1,08 Discipline maternelle 1,04 0,98 1,10 1,10* 1,03 1,17 Caractéristiques personnelles Geme (filles)1 1,38 0,95 2,00 3,61* 2,48 5,24 Anxiété 1,02 0,95 1,09 1,11* 1,04 1,20 Agressivité physique 0,82* 0,72 0,94 0,57* 0,48 0,67 Hyperactivité 0,96 0,85 1,10 0,76* 0,66 0,86 Opposition 0,88* 0,81 0,97 0,63* 0,57 0,70 *p = 0,05

caractéristiques familiales soit l'exposition à l'engagement maternel (OR = 1,06, IC 1,03 -1,08) et à la discipline maternelle (OR = 1,10, IC 1,03 - 1,17) contribuent à augmenter la probabilité d'appartenu au groupe « Faible Opposition ». Par ailleurs, les caractéristiques personnelles contribuent aussi à distinguer les groupes « Faible Opposition » et « Opposition Élevée ». En effet, être une fille (OR = 3,61, IC = 2,48 - 5,24) et manifester de l'anxiété à la maternelle (OR = 1,11, IC = 1,04 - 1,20) contribuent à augmenter la probabilité d'appartenu au groupe « Faible Opposition ». Par contre, la présence de comportement d'agressivité physique (OR = 0,57, IC = 0,48 - 0,67), d'hyperactivité (OR = 0,76, IC = 0,66 - 0,86) et d'opposition (OR = 0,63, IC = 0,57 - 0,70) évaluée par l'enseignante de maternelle contribue à dùninuer la probabilité d'appartenu au groupe « Faible Opposition ». Par conséquent, les garçons ayant été évalués comme agressifs,

(46)

défiants, hyperactifs et peu anxieux sont inouïs susceptibles de se retrouver dans le groupe d'enfants présentant un niveau d'opposition faible tout au long du primaùe.

Ces résultats pennettent de faùe ressortù quelques aspects importants. Premièrement, l'adversité sociofamiliale représente un facteur de risque ùnportant permettant de distinguer l'appartenance aux groupes « Faible Opposition » et « Opposition Modérée » du groupe « Opposition Élevée ». Ce facteiu de risque constitue donc une cible pom des interventions précoces, en amont de l'entrée scolaùe. Deuxièmement, les attitudes de la mère (engagement et discipline maternelle), le geme (être une fille), l'anxiété et l'hyperactivité sont les factems de risque qui distinguent exclusivement l'appartenance au groupe « Faible Opposition » du groupe « Opposition Élevée ». Ainsi, les garçons en maternelle ayant des mères peu engagées et qui exercent peu de discipline, qui manifestent des comportements hyperactifs et peu d'anxiété sont plus à risque de présenter des comportements défiants tout au long du primaùe.

4.3.2 Opposition Modérée (vs Opposition Élevée). Les résultats ont révélé que la probabilité d'appartenir au groupe « opposition modérée » est plus faible pour les enfants ayant été en présence d'adversité sociofamiliale à la maternelle (OR 0,50; IC = 0,30 -0,81). Il s'agit de la seule caractéristique familiale ayant contribué à distinguer ces deux groupes. Par ailleurs, les caractéristiques personnelles ont aussi été associées à la probabilité d'appartenu au groupe « opposition modérée ». Cette contribution est principalement redevable aux manifestations d'agressivité physique (OR = 0,81, IC = 0,72 - 0,94) et d'opposition (OR = 0,88, IC = 0,81 - 0,97) à la maternelle. Ainsi, les enfants ayant été évalués par leurs enseignantes comme agressifs et défiants courent im moins

(47)

39

grand risque de se retrouver dans le groupe d'enfants présentant un niveau d'opposition modérée tout au long du primaùe. Le geme de l'enfant ainsi que ses manifestations d'hyperactivité et d'anxiété n'ont apporté aucune contribution significative.

(48)
(49)

41 La présente étude poursuivait deux objectifs : 1) explorer la présence de trajectoùes de conduites oppositionnelles de la première à la sixième année et 2) examiner les facteurs de risque familiaux et personnels associés à ces trajectoùes. Dans les sections suivantes, les résultats découlant de ces objectifs, les implications pratiques, les limites de la présente étude ainsi que les perspectives à envisager pom les recherches futures seront abordées.

5.1 Trajectoires développementales des conduites d'opposition.

Confonnément à l'un des postulats de la perspective de la psychopathologie développementale selon lequel il existe des variations importantes en regard des frajectoùes individuelles de développement (Cuminings et al., 2002), la présente étude a mis en évidence trois groupes d'enfants dont les conduites d'opposition s'expriment à différents niveaux à travers le temps. Ces résultats diffèrent de ceux de Nagin et Tremblay (1999) qui avaient obtenus quatre groupes. Toutefois, lem échantillon incorporait seulement des garçons de milieu socio-économiquement défavorisé, leurs trajectoùes d'opposition ne comportaient pas de variables contrôles et les temps de mesure n'étaient pas les mêmes. La méthodologie différente entre cette étude et celle de Nagin et Tremblay (1999) peut expliquer les résultats divergents de l'analyse des trajectoùes développementales. La manifestation de comportement d'opposition est grandement associée à celle de l'agressivité physique et de l'hyperactivité. Ces trois variables partagent beaucoup de variance ce qui peut influencer les résultats de l'analyse de trajectoùe. Ainsi, le contrôle de ces variables à la maternelle a permis d'isoler la variance unique des comportements d'opposition.

(50)

Les résultats montrent qu'envùon 20 % des enfants présentent des comportements d'opposition plus élevés que leurs paùs tout au long du primaùe. À l'inverse, la ùès grande majorité des enfants, soit 80 %, affichent peu ou pas de conduites oppositionnelles au cours de cette période du développement. D'autres recherches ont également souligné la nature relativement stable de ces conduites, que ce soit durant l'enfance (Lavigne et al., 2001) ou bien à l'adolescence (Nagin 8c Tremblay, 1999). Pris dans lem ensemble, les résultats de cette étude appuient l'hypothèse d'une continuité des manifestations d'opposition puisque les enfants qui s'opposent dans lem envùonnement scolaùe dès la maternelle sont aussi ceux qui s'opposent le plus à la fin de lem primaùe. Bien que le devis méthodologique utilisé ne permette aucunement d'affirmer que ces enfants présentent des symptômes cliniques d'un trouble oppositionnel avec provocation, il n'en demeure pas moins qu'ils se démarquent des autres enfants par l'intensité et la persistance de leurs conduites défiantes en classe, et ce, dès lem entrée à l'école.

5.2 Les différences selon le genre

L'examen des trajectoùes en fonction du geme de l'enfant a révélé que les garçons étaient plus nombreux à s'insérer dans ime trajectoùe où les comportements d'opposition sont plus élevés tout au long de leurs années de scolarisation au primaùe. Certaines recherches indiquent que la tendance à s'opposer aux parents, à la fratrie, aux paùs et aux enseignants se développerait plus tardivement chez les filles que chez les garçons (Maughan et al., 2004; Rey, 1993). Au corns de l'enfance, ce qui conespond à la période développementale couverte par la présente étude, ces manifestations seraient nettement plus fréquentes chez les garçons. À l'adolescence, ces écarts entre les sexes s'amenuiseraient au

(51)

43

point que les comportements d'opposition seraient tout aussi présents chez les filles que les garçons.

Par ailleurs, d'auùes recherches (Ohan & Johnston, 2005; Burke, Hipwell & Loeber, in press) suggèrent que les filles pounaient exprimer lems conduites d'opposition de manière plus passive, par exemple en étant mesquine, en refusant d'obéù à une dùective, en jetant de longs regards, en entretenant de la rancœur, en pleurant ou en se plaignant pour ne pas effectuer une tâche ou encore en gardant le silence pour marquer leur mécontentement. Puisque les items utilisés dans cette étude ne permettaient pas de mesurer les manifestations plus passives des comportements d'opposition, il se pounait que ces conduites aient été sous-estùnées chez les filles. D'autres recherches sont nécessaùes afin de mieux comprendre le développement des conduites d'opposition, tout particulièrement chez les filles.

5.3 Caractéristiques familiales et personnelles associées à la trajectoire d'opposition élevée

Les résultats indiquent que le faible engagement et la faible constance dans l'exercice de la discipline de la part de la mère augmentent les risques que son enfant se retrouve dans la frajectoùe « Opposition Élevée » plutôt que dans la trajectoùe « Faible Opposition ». Ces résultats soutiennent l'apport distinctif de ces deux catégories de comportements parentaux dans la trajectoùe développementale des enfants, dans ce cas-ci, les comportements d'opposition. D'une part, la mère qui est peu engagée dans la vie de son enfant poiurait plus difficilement avoù accès aux émotions négatives de son enfant (p. ex., frustration, colère, tristesse) et l'aider à réguler celles-ci par le réconfort et la recherche de solution

(52)

(Eisenberg, Cumberland, & Spinrad, 1998). En étant peu engagée, la mère aiuait plus de mal à mettre en place un clùnat émotionnel qui participerait à la construction de représentations positives de soi chez son enfant, à son sentiment d'auto-efficacité et l'apprentissage de l'autocontrôlé (MacDonald, 1992). L'enfant serait alors possiblement moins disposé à composer efficacement avec ses émotions négatives, à se conformer aux attentes et à s'entendre avec son entoiuage, l'amenant progressivement à s'opposer aux autres et à réagù par la provocation. Ces expériences conflictuelles répétées pounaient progressivement amener l'enfant à attribuer des intentions hostiles aux autres et contribuer au maintien de ces comportements indésùables (Dodge, Price, Bachorowski, & Newman,

1990).

D'autre part, la tendance à s'opposer des enfants manifestant des comportements d'opposition au primaùe pounait être redevable aux comportements enatiques et à la faible constance de la mère dans l'exercice de la discipline, lesquels enfraveraient la capacité d'autorégulation de son enfant (p.ex., exprimer ses émotions, rechercher le réconfort, se cahner et envisager différentes réponses), tout en favorisant l'apprentissage de comportements défiants (Morris et al., 2007; Storuishak et al., 2000). Il a été proposé que dans im envùonnement familial marqué par l'absence de lùnites claùes et l'utilisation de conséquences arbitraùes en réponse aux comportements inadéquats de l'enfant, celui-ci est placé dans une situation pour apprendre qu'en s'opposant, en argumentant ou en défiant son parent, il augmente ses chances d'obtenir ce qu'il veut ou d'échapper à ime conséquence désagréable (Patterson, 1982). Avec le temps, les comportements d'opposition de l'enfant seraient non seulement susceptibles d'augmenter à la maison (Biuke et al.

(53)

45 2008), mais aussi de se généraliser à d'autres contextes sociaux, incluant l'école (Vitaro & Gagnon, 1999).

Par ailleurs, les résultats révèlent que les enfants de la maternelle qui proviennent d'une famille monoparentale, qui ont été en présence d'une mère peu scolarisée et qui a eu son premier enfant vers la fin de l'adolescence ou au tout début de sa vie adulte ont un plus grand risque de se retrouver dans la trajectoùe d'opposition élevée que dans la trajectoùe d'opposition modérée. Les écrits sur les familles vulnérables (p. ex., Duchesne, 2008) indiquent que les parents à la tête de familles monoparentales, souvent les mères, rapporteraient plus de problèmes de santé mentale (Guttentag, Salasin, & Belle, 1980), déménageraient plus fréquemment (McLanahan & Booth, 1989) et disposeraient de moms de ressomces pour soutenu leur enfant (Wassennan et al., 2003). Il semble aussi que les femmes ayant des enfants à un plus jeune âge (p.ex., 20 ans ou moins) seraient plus à risque d'abandonner prématurément leurs études, d'occuper des emplois moins prestigieux et de vivre davantage d'insatisfaction et d'instabilité dans leurs relations de couple (Baldwin & Cam, 1980; Card & Wise, 1978). Il est donc probable qu'un tel envùonneinent puisse créer des conditions de stress et d'insécurité qui nuisent à l'adoption de comportements prosociaux de la mère (sensibilité et mesmes disciplinaùes justes et constantes) et qui concoiuent à l'apparition de problèmes de comportement chez l'enfant (Wassennan et al., 2003).

Les résultats montrent également que les enfants présentant certains signes d'anxiété à la maternelle sont moins susceptibles de s'insérer dans une trajectoùe caractérisée par im niveau élevé de comportement d'opposition jusqu'à la fin du primaùe. Des études (p. ex., Ken et al., 1997; Kùnonis et al., 2006; Tremblay et al., 1994) suggèrent que certaines

Figure

Tableau 2. Prédicteurs à la maternelle contribuant à distinguer les groupes d'opposition  Modérée vs Élevée  Faible vs Élevée  Prédicteurs à la maternelle Prédicteurs à la maternelle  OR  Intervalles à 95%  OR  Intervalle! ; à 95%  Caractéristiques familia

Références

Documents relatifs

Dans l’après­midi, il communiquait de vive voix ses résultats au Président et les pré­publiait sur son site : Early treatment of 1061 COVID-19 patients with

Faites participer votre enfant dans des activités qui exigent l’application des mathématiques telles que faire des achats, lire l’heure, mesurer les ingrédients d’une

•Une branche (ou branche d’activité) regroupe des unités de production homogènes, c’est-à-dire qui fabriquent des produits (ou rendent des services) qui appartiennent au

L’AEMO s’adresse à tous les parents et leurs enfants, âgés de 0 à 18 ans, rencon- trant des difficultés éducatives, relationnelles et/ou sociales et qui ont besoin d’un

Points positifs : information ,jeux, éveil, communication, rassurant, développe les apprentissages, s’amuser, se renseigner , socialisation, augmente réflexes, développe

Alain SERRES, auteur de livres pour la jeunesse, directeur des éditions Rue du Monde Claire SAINTON, bibliothécaire à la bibliothèque Louise Michel (Paris 20 ème ). Marie

f L’indice américain des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 0,8 % en novembre, après des hausses de 0,9 % en octobre et de 0,4 % en septembre.. f Les prix de l’énergie

En aucun cas, il ne peut être considéré comme un engagement du Mouvement des caisses Desjardins et celui-ci n’est pas responsable des conséquences d’une quelconque décision prise