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La validation d'un outil de mesure des performances individuelles et collectives en soccer universitaire

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Academic year: 2021

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© Mohamed Lazhar Abassi, 2020

La validation d'un outil de mesure des performances

individuelles et collectives en soccer universitaire

Thèse

Mohamed Lazhar Abassi

Doctorat en psychopédagogie

Philosophiæ doctor (Ph. D.)

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La validation d’un outil de mesure des performances

individuelles et collectives en soccer universitaire

Thèse

Mohamed Lazhar Abassi

Sous la direction de :

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Résumé

La mesure de la performance sportive est devenue une nécessité dans les sports collectifs comme le soccer. L’évolution du niveau de jeu au cours des dernières années a fait en sorte qu’il est presque impossible d’atteindre les objectifs de compétition si les entraineurs ne disposent pas de données objectives et pertinentes sur les performances réalisées par les joueurs. Depuis plusieurs années, certains outils de mesure ont été utilisés pour évaluer le rendement des athlètes. Toutefois, la majorité d’entre eux présentent de nombreuses limites, comme la subjectivité des informations fournies sur la performance, la faible accessibilité, l’insuffisance de validité pour des mesures en situation réelle de jeu, etc.

Le manque d’outils de mesure de performance valides permettant d’évaluer objectivement les performances des joueurs en soccer compétitif a ainsi mené à cette thèse qui représente une démarche de validation du Team Sport Assessment Procedure (TSAP) pour le soccer compétitif (Gréhaigne, Godbout et Bouthier, 1997). Malgré de nombreux avantages reliés à l’utilisation de cette procédure, l’usage du TSAP était jusqu’à maintenant principalement destiné au contexte de l’éducation physique (Richard, Godbout, & Gréhaigne, 1998; Richard, Godbout, & Gréhaigne, 2000). Les études menant à vérifier dans quelle mesure l’utilisation du TSAP permettrait de décrire la performance des joueurs de soccer au cours d’une saison sont rarissimes.

Le but de la présente étude est de créer et d’utiliser une adaptation du TSAP original afin de mesurer la performance individuelle et collective des joueurs de soccer au cours d’une saison universitaire. D’un côté, les mesures des performances individuelles ont été analysées selon les appréciations des entraineurs et les postes de jeu occupés par les joueurs. D’un autre côté, les différences entre les performances collectives selon des facteurs de performance comme le résultat et le lieu du match, la qualité d’opposition, etc. ont été mesurées afin de décrire dans quelle proportion ces contextes peuvent expliquer les performances des joueurs et de l’équipe. Par ailleurs, la mesure de la performance

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à l’entrainement a également été effectuée afin de la comparer avec les performances en situation de match. Cet objectif vise à décrire si les contextes d’entrainement se rapprochent suffisamment du contexte réel du match afin de mieux préparer les joueurs à la compétition.

Deux équipes de joueurs et des joueuses de soccer universitaire (N = 38) de la région de Québec ont participé à cette étude. Leurs performances réalisées lors de 22 matchs officiels et 10 séances d’entrainement ont été analysées. Des analyses de variance (ANOVA) ont démontré des différences significatives de scores de TSAP entre trois groupes de niveau de performance basés sur les appréciations des entraineurs (peu performants, performants, très performants). Les meilleurs joueurs (jugés selon leur rendement en compétition) ont ainsi obtenu les scores les plus élevés. Des différences sont également observées en consultant les moyennes des joueurs selon leurs postes de jeu, confirmant ainsi que le TSAP tient compte des caractéristiques du soccer et des rôles des joueurs sur le terrain. La comparaison des performances collectives n’a pas affiché de différences significatives selon le lieu ou encore le résultat du match. Toutefois, la comparaison des performances de deux équipes adverses lors d’un match semble démontrer que l’équipe qui avait les meilleurs indices de performance est celle qui a gagné le match. De même, grâce aux nouvelles adaptations du TSAP, plusieurs variables de performance ont été étudiées et des faits pertinents ressortent en analysant les séquences de jeu précédant un tir au but ou une perte de ballon. Les mesures de performance à l’entrainement ont montré des différences importantes avec les performances en compétition, ce qui appuie la complexité du milieu compétitif par rapport à l’entrainement. Les pourcentages d’accord obtenus par les analyses de fidélité (inter-observateurs = 89,13 % et intra-observateurs = 94,84 %), confirment que la procédure utilisée et adaptée du TSAP pour le soccer compétitif est un instrument d’un niveau de fidélité élevé.

Les différentes conclusions de cette étude contribuent à la validité du TSAP et appuient l’importance de son utilisation par les entraineurs en soccer compétitif de haut niveau. Les récentes adaptations du TSAP donnent accès à des données valides et pertinentes sur les performances individuelles et collectives, à travers

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lesquelles l’entraineur pourrait mieux planifier ses entrainements et participer au développement de ses athlètes.

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Table des matières

RÉSUMÉ ... II TABLE DES MATIERES ... V LISTE DES TABLEAUX ... VIII LISTE DES FIGURES ... IX REMERCIEMENTS ... XI

INTRODUCTION ... 1

CHAPITRE 1 : PROBLÉMATIQUE ... 4

1.1 La définition de la performance sportive ... 5

L’aspect multi-composantes et multifactoriel de la performance sportive en sports collectifs. ... 10

L’instabilité de la performance en sports collectifs. ... 13

1.2 L’intérêt d’acquérir des données sur la performance compétitive ... 15

L’amélioration de la performance. ... 16

Le développement des habiletés des joueurs. ... 17

L’impact des données de performance sur la planification de l’entrainement. ... 17

1.3 La mesure des performances en sport collectif: principales limites observées ... 18

La mesure « partielle » de la performance. ... 19

Les statistiques de jeu : les principales limites observées. ... 19

Mesures subjectives de la performance des joueurs en sport collectif. ... 21

La mesure de la performance à l’entrainement : importance et différences avec la mesure en situation de match. ... 23

1.4 Le choix d’un outil de mesure de la performance en sport collectif ... 25

État de la recherche sur le Team Sport Assessment Procedure (TSAP) ... 25

1.5 But de la recherche ... 26

CHAPITRE 2 : CADRE THÉORIQUE ... 29

2.1 Les sports collectifs : particularités ... 29

Catégorisation des sports collectifs. ... 29

Le concept des composantes et facteurs de la performance en sport collectif……… ... 31

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La performance individuelle et collective en sport collectif. ... 38

2.2 La mesure de la performance en général ... 39

Les concepts de l'évaluation et de la mesure de la performance. ... 40

Les types de mesures de la performance. ... 41

La mesure des performances dans le temps en sport collectif. ... 45

Les qualités métrologiques d’un outil de mesure de performance. ... 47

Les principaux outils de mesure de performance en sport collectif. ... 53

cHAPITRE 3 : Méthodologie ... 65

3.1 Les participants ... 65

Les sujets. ... 65

Les entraineurs. ... 65

3.2 Les matchs et les séances d’entrainement observés ... 66

3.3 Enregistrement vidéo ... 67

Calcul du temps de jeu. ... 68

3.4 Procédures de mesure des performances et outils utilisés ... 68

Rencontres préparatoires et appréciations des entraineurs. ... 69

Mesure de la performance avec le TSAP. ... 71

Le TSAP à l’entrainement. ... 76

Évaluation de la qualité d’opposition. ... 77

Analyse de fidélité. ... 78

Analyses statistiques. ... 79

cHAPITRE 4 : Résultats et discussion ... 80

4.1 Résultats des analyses de fidélité du TSAP ... 81

Fidélité inter-observateurs. ... 81

Fidélité intra-observateur. ... 82

4.2 Analyse des performances individuelles ... 82

Analyse des variables de TSAP en fonction des appréciations des entraineurs. ... 88

Analyse des variables du TSAP en fonction des postes de jeu. ... 94

4.3 Analyses des performances collectives ...110

Les mesures de performance avec le TSAP adapté et les facteurs de performance. ...111

4.4 Analyse des actions spécifiques avec le TSAP ...122

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Statistiques descriptives des indices de performance à l’entrainement. ...132

Différences des mesures de performance entre l’entrainement et les compétitions. ...133

4.6 Limites de l’étude ...144

CONCLUSION ... 146

RÉFÉRENCES ... 151

ANNEXE A : DÉFINITIONS, CATÉGORIES ET SOUS-CATÉGORIES ANALYSÉES AU FUT-SAT (COSTA ET AL., 2011) ... 172

ANNEXE B : COMPOSANTES ET VALEURS CONSIDÉRÉES DANS LE CALCUL DE L’INDICE DE PERFORMANCE TACTIQUE (FUT-SAT) (COSTA ET AL., 2011) ... 174

ANNEXE C : FICHE D’APPRÉCIATION DE LA PERFORMANCE ... 176

ANNEXE D : GRILLE D’ANALYSE DE LA VARIATION DES APPRÉCIATIONS DES ENTRAINEURS DES PERFORMANCES DES JOUEURS AU COURS DE LA SAISON ... 178

ANNEXE E : GRILLE D’OBSERVATION DU TSAP (EXEMPLE) ... 180

ANNEXE F : SOMME DES ACTIONS RÉALISÉES PAR JOUEUR (EXEMPLE D’UN TABLEAU CROISÉ)... 182

ANNEXE G : EXEMPLE D’UN BILAN DE MATCH ... 184

ANNEXE H : COMPARAISON DES MOYENNES DES VARIABLES DES PERFORMANCES DES JOUEURS (GARÇONS ET FILLES) ENTRE LES ENTRAINEMENTS ET LES COMPÉTITIONS ... 186

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Liste des tableaux

Tableau 1 Les composantes de jeu observées avec le GPAI (Richard, 1998) ... 54

Tableau 2 Variables, indices et scores de performance du GPAI (Oslin et al., 1998, cité dans Nadeau, 2001) ... 55

Tableau 3 Principales variables d’observation du modèle original du TSAP (Gréhaigne et al., 1997 ; Richard et al., 2000) ... 60

Tableau 4 Calcul des indices du TSAP (Gréhaigne et al., 1997 ; Richard et al., 2000) ... 61

Tableau 5 Définitions des variables d’observation du TSAP(adapté pour le soccer compétitif) ... 73

Tableau 6 Statistiques descriptives des indices du TSAP (joueur par match- filles et garçons confondus) ... 83

Tableau 7 Statistiques descriptives des indices du TSAP (joueur par match- filles et garçons séparés) ... 85

Tableau 8 Moyennes et écarts-types des variables du TSAP (joueur par match) .... Erreur ! Signet non défini. Tableau 9 Nombre moyen de joueurs par catégorie d’appréciation du niveau de jeu accordé par le jugement des entraineurs ... 89

Tableau 10 Moyennes et écarts-types des indices du TSAP en fonction du niveau de jeu des joueurs (peu performants, performants, très performants) ... 91

Tableau 11 Moyennes des variables du TSAP en fonction du poste de jeu des joueurs.……….96

Tableau 12 Moyennes des variables du TSAP selon les postes de jeu des joueurs ...103

Tableau 13 Statistiques descriptives des indices du TSAP (Équipe par match) ...111

Tableau 14 Moyennes des indices du TSAP selon le résultat du match...112

Tableau 15 Différence des variables et indices du TSAP entre les équipes de l’étude et les équipes adverses ...113

Tableau 16 Moyennes des variables et indices du TSAP des équipes de Laval selon la qualité de l’opposition basée sur le classement des adversaires ...119

Tableau 17 Moyennes et écarts-types des indices du TSAP selon le lieu du match...121

Tableau 18 Répartition des séquences de passes consécutives précédant un tir au but (TB) et selon la zone du terrain ...126

Tableau 19 Répartition des séquences de passes consécutives précédant une perte directe du ballon ...129

Tableau 20 Statistiques descriptives des variables du TSAP en match d’application à l’entrainement (par joueur) ...132

Tableau 21 Comparaison des moyennes des indices des performances des joueurs (garçons et filles) entre les entrainements et les compétitions ...135

Tableau 22 Différence de niveau de performance des joueurs entre un match d’application et un match ...138

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Liste des figures

Figure 1. Modèle de la performance sportive en sports collectifs (inspiré de Cardinal,

Chouinard, & Roy, 2004). ... 8

Figure 2. Définitions des différentes habiletés associées aux composantes de la performance en sport collectif. ... 32

Figure 3. Structure physique du test « GB+3 vs GB+3 » (Costa et al., 2011, p.76). ... 57

Figure 4. Position de la caméra pour l’enregistrement des matchs. ... 67

Figure 5. Illustration des postes de jeu au soccer (Source Wikipédia). ... 98

Figure 6. Évolution du score de performance au cours de la saison selon le poste occupé pour les filles. ... 99

Figure 7. Évolution du score de performance au cours de la saison selon le poste occupé pour les garçons. ...100

Figure 8. Évolution du SP de chaque poste par rapport à la moyenne totale des postes (garçons). ...106

Figure 9. Évolution du SP de chaque poste par rapport à la moyenne totale des postes (filles). ...107

Figure 10.Proportion des joueurs estimés très performants par les entraineurs selon les postes de jeu. ...109

Figure 11.Évolution de la performance de deux équipes adverses selon le statut du match ...116

Figure 12.Exemple de l’analyse d’une séquence de jeu amenant à un tir au but ou une perte de la possession du ballon à l’aide du TSAP...124

Figure 13.Évolution des moyennes de Score de Performance (SP) des garçons à l’entrainement et en compétition au cours de la saison. ...136

Figure 14.Étendue des différences entre les joueurs pour l’indice SP (entrainement vs match). ...139

Figure 15.Évolution des moyennes de BC/min et BR/min des garçons à l’entrainement et en compétition au cours de la saison. ...141

Figure 16.Évolution des moyennes POZO/min, POZC/min et POZD des garçons à l’entrainement et en compétition au cours de la saison. ...142

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« Tout obstacle renforce la détermination. Celui qui s’est fixé un but n’en change pas. » Léonard de Vinci

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Remerciements

La réalisation de cette thèse a été possible grâce au soutien de plusieurs personnes à qui j’aimerais témoigner toute ma reconnaissance.

Je voudrais tout d’abord adresser de chaleureux remerciements à mon directeur de recherche, Luc Nadeau, qui m’a accompagné et supporté tout au long de ce parcours à la fois ardu et passionnant. Je lui exprime toute ma gratitude pour sa confiance, sa patience ainsi que le temps qu’il m’a consacré. Il est un modèle à suivre pour sa maitrise exceptionnelle de notre domaine de recherche et sa rigueur de travail irréprochable. Sans ses encouragements, ses précieux conseils et surtout son implication, je n’aurais pu mener à bien ce projet.

Je tiens à remercier tout particulièrement l’ensemble des entraineurs et athlètes qui ont participé volontairement à cette étude et qui m’ont permis de m’approcher de leur milieu sportif si fascinant. Je suis également très reconnaissant à l’égard de certains professeurs du Département de l’éducation physique de l’Université Laval pour leurs commentaires pertinents qui ont amélioré non seulement cette thèse mais aussi mes aptitudes en tant que chercheur en début de parcours. Je pense notamment à mesdames Guylaine Demers, Andréa Woodburn et messieurs Jocelyn Gagnon et Denis Martel. Également, un grand merci à Kristine Fortier qui m’a initié à l’utilisation des outils de mesure de performance en sport collectif.

A titre plus personnel, je souhaite remercier ma famille et mes amis, pour leurs encouragements et la confiance qu’ils m’ont témoignée tout au long de ces nombreuses années d’étude. Une pensée spéciale pour mes parents qui, à des milliers de kilomètres d’ici, sont très fiers de voir enfin l’aboutissement de ce travail.

Je clos ces remerciements en ayant une pensée teintée de tristesse et d’émotion pour Helder Duarte, entraineur-chef de l’équipe féminine de soccer du Rouge et Or de l'Université Laval qui nous a quitté récemment. Helder faisait partie des personnes qui ont grandement contribué à ce projet. Je souhaite lui adresser un

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profond et vibrant hommage pour sa collaboration et son aide. Repose en paix Helder et merci pour tout.

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Introduction

Les performances sportives sont au cœur des préoccupations des humains depuis que la compétition dans le sport existe. Le caractère exclusif et époustouflant des réalisations des athlètes lors des compétitions d’envergure a toujours fasciné les gens de tous âges. Cette situation est encore plus marquée à notre époque où la médiatisation et l’accès plus facile à l’information nous permettent d’avoir des résultats en temps réel dans la grande majorité des évènements sportifs importants. Par ailleurs, l’implication des spécialistes scientifiques dans le domaine sportif est de plus en plus observée de nos jours, principalement dans des activités sportives professionnelles (Grosgeorge, 1990). Plus spécifiquement depuis quelques années, les chercheurs ne cessent de démontrer que les entraineurs et les athlètes peuvent difficilement atteindre leurs objectifs compétitifs sans avoir à leur disposition des outils de mesure de performance adéquats pouvant offrir des données objectives sur la performance de tous les joueurs (Ribeiro da Mota, Rogério Thiengo, Valencia Gimenes, & Bradley, 2016; Bourbousson & Sève, 2010). Dans ce sens, de nombreuses études du domaine de l’intervention sportive tentent un rapprochement entre chercheurs et praticiens pour répondre scientifiquement à un besoin réel et concret du terrain. En effet, posséder des outils pertinents et accessibles qui fournissent aux entraineurs et aux directeurs techniques sportifs des informations précises sur la performance de leurs athlètes peut les aider à mieux assurer leurs tâches au sein de leurs équipes (Gutiérrez & Ruiz, 2013). Ces tâches comprennent l’organisation et la structuration des programmes d’entrainement, la planification du développement des athlètes à court et moyen termes, la planification des stratégies des matchs, l’analyse des forces et des faiblesses des joueurs de l’équipe et celles des adversaires, etc. (Gutiérrez & Ruiz, 2013).

Jusqu’à aujourd’hui, peu d’outils de mesure de la performance en sport collectif ont été évoqués dans la littérature scientifique. Ils sont parfois peu accessibles et représentent essentiellement le produit de la performance (le résultat) qui est souvent mesuré de manière quantitative avec les statistiques de jeu par

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exemple (Georget, 2013). Afin d’avoir un aperçu sur le rendement des joueurs lors des matchs, les entraineurs se servent habituellement d’une accumulation de données statistiques de jeu ou de séquences vidéo des joueurs qui sont compilées de manière plus ou moins structurée selon le niveau de jeu. Ainsi, plus l’équipe évolue à un haut niveau, plus les statistiques de jeu et séquences vidéo sont détaillées et compilées avec rigueur (Castellano, Casamichana, & Lago, 2012). Bien que ces statistiques de jeu fournissent des données précises, elles n’illustrent qu’en partie seulement la performance globale des athlètes (Georget, 2013 ; Reid, McMurtrie, & Crespo, 2010). Ainsi, elles n’expriment bien souvent que le résultat de joueurs qui ont marqué des points pour leur équipe (Georget, 2013; Nadeau, Richard & Godbout, 2008b). Or, un entraineur ne pourra ni déterminer adéquatement la contribution individuelle de chacun de ses athlètes en n’utilisant que ces données statistiques, ni distinguer précisément la progression et l’efficacité de son équipe au fil des matchs. De ce fait, le choix d’une procédure de mesure adéquate et valide permettant d’obtenir des données représentatives de l’ensemble des actions exprimant la performance des joueurs doit également permettre de les distinguer du reste du groupe (dans une perspective de sélection des joueurs par exemple) et ne pas couvrir qu’un aspect du jeu comme le font malheureusement la plupart des outils de mesure de la performance qui existent dans la littérature (Fortier, 2014).

Dans un contexte de mesure des performances sportives, la validité de l’instrument utilisé, soit sa capacité de mesurer effectivement ce qu’il est sensé mesurer, fait partie des qualités métrologiques les plus importantes à démontrer par les chercheurs et les responsables de l’évaluation (Fortin, 1994; Godbout, 1988; Nadeau, 2001). Ceci est encore plus important dans une recherche de mesure des performances sportives qui, dans le cas des sports collectifs, représente des éléments souvent différents d’un joueur à l’autre en fonction des rôles sur le terrain. Dans cette optique, la contribution des scientifiques dans le développement et la validation des outils de mesure de performance s’avère primordiale, tant à la création et l’utilisation d’outils destinés à la recherche scientifique que ceux qui

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seront utilisés directement par les entraineurs et équipes dans les différentes ligues et niveaux de participation.

Le présent projet représente un effort dans cette perspective et comporte essentiellement 5 chapitres. Le chapitre 1 expose la problématique de cette étude sur la mesure de la performance sportive en sports collectifs. Dans ce chapitre, les difficultés associées à la prise de mesures significatives ainsi que les limites inhérentes aux outils ou procédures de mesure de la performance actuellement utilisés en sport collectif seront évoquées. La nécessité de disposer d’informations relatives aux performances individuelles et collectives est également examinée d’une façon exhaustive. Les arguments associés au choix approprié d’outils de mesure permettant d’évaluer la performance des joueurs à l’entrainement et aux compétitions seront également soulignés. La définition de la performance sportive en général et celle liée aux sports collectifs en particulier seront aussi discutées. Le chapitre 2 est une présentation du cadre théorique approprié aux différents concepts présentés dans la problématique. Ce chapitre contient l’état actuel de la littérature traitant la mesure de la performance en sport collectif et surtout de celle en contexte compétitif. Des éléments de discussion sur les analyses de mesure de performance issues de l’outil de mesure choisi pour cette étude seront également décrits ainsi que la manière avec laquelle l’exploitation de ces données d’analyse est susceptible de répondre aux questions relatives à l’évolution des différents aspects des performances individuelles et collectives en sports collectifs. Le chapitre 3 renferme la méthodologie de l’étude et toutes les étapes de la démarche qui ont permis l’atteinte des objectifs tracés. Une description des étapes du protocole expérimental, de la procédure utilisée et surtout la manière avec laquelle l’outil de mesure a été exploité afin d’atteindre les objectifs poursuivis seront décrites. Le chapitre 4 expose les résultats de l’étude ainsi que les différentes discussions qui leur sont associées. Finalement, le chapitre 5 présente une conclusion de ce projet, suivie par des pistes de recherches intéressantes à développer pour ce secteur dans l’avenir.

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CHAPITRE 1 : PROBLÉMATIQUE

La contribution des études des différents domaines de recherche en entrainement sportif a permis de perfectionner l’analyse des performances compétitives. Une bonne part de la littérature scientifique consultée permet de constater que cet intérêt s’est développé plus particulièrement au cours des vingt dernières années (Costa, Garganta, Greco, Mesquita, & Maia, 2011 ; Wright, Atkins, Polman, Jones, & Sargeson, 2011). L’effort et l’implication des chercheurs sportifs à travers le monde, combinés aux innovations technologiques constantes, permettent maintenant de mieux comprendre les exigences auxquelles doivent répondre les athlètes des différents sports afin de réaliser des hautes performances, et ce, même pour les activités les plus complexes. Cette participation devrait, l’espère-t-on, donner l’opportunité aux praticiens du domaine d’acquérir plus de connaissances relatives à la manière d’améliorer les performances d’athlètes. Parmi l’ensemble des activités sportives, les sports collectifs représentent ceux dont la mesure de la performance est souvent la plus complexe (Carling, Reilly, & Williams, 2009; Robertson, Back, & Bartlett, 2016). L’interaction constante entre les joueurs d’une même équipe contre ceux d’une équipe adverse, surtout lorsqu’elle s’effectue sur le même terrain de jeu comme les sports collectifs d’invasion de territoire, complique énormément la mesure de la performance car l’exécution d’actions motrices d’un joueur doit se faire en fonction de toutes les interactions avec les coéquipiers et adversaires (Castellano, Casamichana, & Lago, 2012). De plus, les joueurs ont généralement des rôles différents et complémentaires sur le jeu, alors qu’ils doivent interagir ensemble dans un but commun de vaincre l’adversaire (Castellano et al., 2012). Le soccer en est un très bon exemple, surtout en raison du grand nombre de joueurs impliqués dans chacune des équipes (11 joueurs par équipe), de la grande dimension du terrain et des diverses règles de jeu.

La mesure des performances en sport collectif est aussi difficile à établir pour deux autres facteurs. D’une part, il est ardu de la définir avec exactitude en raison de tout ce qui la compose. Comme mentionné, la performance est constituée de plusieurs éléments qui rendent ainsi sa mesure très complexe. Conséquemment, il

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est malaisé d’autre part de créer et d’utiliser une procédure de mesure des performances lorsque précisément la performance sportive n’est pas clairement définie (Grosgeorge, 1990).

Si les chercheurs ou les entraineurs s’intéressent tant à l’amélioration de la performance sportive, c’est pour mieux comprendre et influencer les différents éléments qui la composent afin de prendre avantage sur les adversaires pour gagner le match (Grosgeorge, 1990). Il est donc essentiel, avant tout, de déterminer une définition claire du concept de performance sportive, tout sport confondu, afin de mieux la comprendre (Trilles, 2002). Cette prémisse est d’autant plus importante qu’elle permet de saisir celle liée aux sports collectifs, compte tenu de leur nature et caractéristiques.

1.1 La définition de la performance sportive

Le concept de performance sportive représente essentiellement la qualité et la quantité d’actions psycho-motrices et socio-motrices réalisées par les joueurs dans le but de vaincre un adversaire tout en respectant les règles du jeu (Di Salvo, Baron, Tscahn, Calderon Montero, Bachl & Pigozzi, 2007). Ces actions peuvent être de différents ordres selon les règles de jeu, et la catégorisation de ces actions est un élément particulièrement difficile à effectuer. Ainsi, la terminologie associée aux éléments constituant et influençant la performance sportive au sens large porte souvent à confusion. Certains auteurs décortiquent les différentes tâches réalisées par les participants en composantes de la performance alors que d’autres utilisent le terme facteurs de la performance (Costa et al., 2011; Nevill, Newell, & Gale, 1996). Selon Costa et collaborateurs (2011), la notion de composante est définie comme « un élément d’un ensemble complexe » (dans ce cas, ce qui compose la performance), tandis qu’un facteur est considéré comme « chacun des éléments contribuant à un résultat » (dans ce cas, ce qui influence la performance). Donc, dans le contexte de la performance sportive, les composantes sont ainsi considérées comme les éléments d’un ensemble complexe d’habiletés (Lago & Martin, 2007). La Figure 1 présente les principales composantes de la performance que sont par exemple la composante technique (qui représente les actions motrices

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réalisées par les joueurs de manière isolée), la composante tactique (qui représente la capacité du joueur à effectuer des actions motrices en fonction du contexte du jeu et de son interaction avec les autres joueurs), la composante psychologique (qui est par exemple liée à la détermination, la concentration et la motivation du joueur), la composante physique (qui est liée davantage aux capacités physiques et physiologiques de l’individu), etc. (Hughes & Bartlett, 2002; Weineck, 1997).

Parallèlement, les facteurs représentent les éléments qui forment le contexte dans lequel est réalisée cette performance (par exemple : l’enjeu du match, les conditions du terrain, la météo, etc.). Ces éléments influencent la réalisation des actions sur le terrain par les joueurs mais ne constituent pas l’action comme telle. Certains facteurs sont tout de même déterminants comme les règles de jeu par exemple, mais ne font qu’influencer les exécutions motrices des participants.

Il est important également de faire la distinction entre la composante de la performance et la mesure de l’action motrice associée à la composante. En effet, en situation de match, surtout en sport collectif, il n’existe pas une mesure « directe » de chaque composante de la performance (Goral, 2015). En fait, la mesure concerne davantage les actions motrices qui sont des manifestations de l’ensemble des composantes (Carling et al., 2009). Or, c’est à partir d’une meilleure compréhension de l’action motrice en question et de son rôle dans le jeu qu’il est possible d’associer l’action observée à une catégorie de composante.

La performance sportive en sport collectif est donc constituée d’une série de composantes qui interagissent ensemble d’une façon plus ou moins complexe ou explicite, et qui sont influencées par une série de facteurs plus ou moins contrôlables (O’Donoghue, 2010). Les actions spécifiques réalisées dans le match par les joueurs sont fondées sur ces composantes et sont liées à ces facteurs (Lago & Martin, 2007). Dans le langage populaire, on parle de « performance » lorsque ces actions sont efficaces et permettent de prendre avantage sur l’adversaire. On parlera à l’opposé de « contre-performance » lorsque ces actions ne permettent pas aux joueurs de tirer avantage de la situation, ont un niveau en deçà des attentes, ou ne mènent pas au résultat escompté (Bernier, Thienot, & Codron, 2009).

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Habituellement, si la majorité de ces actions motrices sont effectuées adéquatement et avec succès, en dépit de l’influence des facteurs, cela devrait mener à un résultat tangible et positif qui est bien souvent le gain du match (Figure 1).

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Figure 1. Modèle de la performance sportive en sports collectifs (inspiré de Cardinal, Chouinard, & Roy, 2004).

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Dans le cadre d’une étude sur la mesure des performances sportives en sport collectif, il est donc important de faire la distinction entre le concept de « performance » (ensemble des actions motrices effectuées par les joueurs) et celui de « résultat » (gain du match). Concrètement, la performance comme telle représente précisément ce que les joueurs font sur le terrain pour vaincre l’adversaire. Ainsi, lors d’un match, l’équipe (donc les joueurs) qui sera la plus performante devrait selon toute logique remporter la partie à moins que certains facteurs viennent influencer le résultat.

En sports collectifs, la performance de chacun des joueurs est dépendante de ces différents facteurs et composantes. Elle contraste avec plusieurs sports cycliques où les performances se mesurent plus simplement en temps d’effort par exemple (les épreuves de course à pied, de natation, etc.).

À ce propos, le sujet des composantes de la performance sportive est fréquemment discuté dans la littérature scientifique de l’entrainement sportif (Drust, Atkinson, & Reilly, 2007; Stolen, Chamari, Castagna, & Wisloff, 2005). Même si une grande partie de cette littérature scientifique touche particulièrement l’analyse des performances à partir du domaine de la physiologie de l’effort (Bangsbo, Mohr, & Krustrup, 2006; Mohr, Krustrup, & Bangsbo, 2003), de plus en plus d’analyses touchent d’autres composantes du jeu au soccer comme les aspects psychologiques (Delignières, 2008; Reilly & Gilbourne, 2003), techniques et tactiques (Doucet, 2002; Teodorescu, 1984).

Par ailleurs, l’enjeu du match (Figure 1) est un des facteurs qui influencent le plus la performance des joueurs parmi l’ensemble des facteurs de performance. La perception de l’importance qu’accordent les joueurs au résultat du match affecte énormément l’implication et l’intensité qu’ils peuvent déployer durant la partie. Ainsi, l’importance de l’enjeu peut avoir un impact significatif sur certaines composantes de la performance. Par exemple, le défi de gagner une compétition importante peut amener les joueurs à moins sentir la fatigue (composante physique) et à être davantage concentrés sur le jeu (composante psychologique). L’inverse est également constaté dans des compétitions sans importance où plusieurs joueurs

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ont davantage tendance à jouer mollement et à moins s’impliquer dans le jeu car les conséquences de leurs actions n’ont pas le même impact que lors d’un match décisif.

L’aspect multi-composantes et multifactoriel de la performance sportive en sports collectifs.

L'amélioration de la performance des joueurs en sport collectif, et conséquemment au soccer, passe nécessairement par le développement et le perfectionnement des habiletés motrices liées à ces composantes (Hughes & Bartlett, 2002; Montanari, Silvestri, & Gallo, 2008). Le travail principal des entraineurs est de viser le développement optimal et spécifique de l’ensemble des habiletés rattachées à ces composantes afin que les joueurs puissent les utiliser de manière efficiente en compétition. Or, connaitre et comprendre la contribution de chacune des composantes qui ont permis de réaliser adéquatement les actions motrices exécutées par les joueurs lors d’un match a toujours présenté un défi particulier pour les entraineurs et les chercheurs (Chlif, et al., 2010). Cet aspect est d’autant plus difficile à préciser car, comme mentionné précédemment, la performance d’un joueur est tributaire de celle de ses coéquipiers et aussi de celle des adversaires, qui sont toutes influencées par une grande quantité de facteurs pour la plupart hors du contrôle de l’entraineur et de l’athlète (Lago & Martin, 2007). Une recension d’écrits scientifiques du domaine des performances sportives démontre que les études effectuées au cours des dernières années traitent davantage de la mesure de certaines composantes considérées de manière isolée, souvent effectuée grâce à des mesures en laboratoire ou grâce à des tests standardisés (Chlif et al., 2010; Mallo & Navvaro, 2008). Tout comme dans la majorité des études scientifiques, les bases et traditions de la recherche dans le domaine encouragent les chercheurs à tenter d’isoler une variable afin d’expliquer les effets sur un phénomène (Fortin, 2010). Par exemple, plusieurs études ont porté sur l’influence des capacités cardio-vasculaires des joueurs sur la performance. Or, en isolant de la sorte une composante de la performance, les mesures ont l’avantage d’être plus faciles à exécuter et plus précises ou permettent l’utilisation de tests

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standardisés qui mesurent précisément la variable étudiée (Lago, Casais, Dominguez, & Sampaio, 2010). Toutefois, cette façon de procéder s’éloigne beaucoup trop de la complexité de la relation entre toutes les composantes des actions motrices exécutées en compétition comme telle. De plus, chercher à isoler une composante pour expliquer une performance fait perdre énormément de validité aux résultats obtenus pour la représentation des performances globales en situation de jeu (Hughes & Franks, 2004; Jones, James, & Mellalieu, 2004). Pour reprendre l’exemple cité, la capacité cardio-vasculaire d’un joueur de soccer n’indique aucunement comment il se place sur le jeu et ce qu’il fait lorsqu’il est en possession du ballon. Toutes les composantes illustrées à la Figure 1 sont ainsi difficilement isolables les unes des autres si on veut respecter l’interaction entre elles (Sève, Bourbousson, Poizat, & Saury, 2009). Ainsi, une tentative de mesure des performances qui ne tient pas compte de l’interaction entre ces composantes ne peut être considérée valide pour la performance globale en sport collectif (Sève et al., 2009).

Les études traitant de la mesure des performances au soccer en particulier, et qui mettent en évidence le rôle important des composantes de la performance, sont de plus en plus présentes dans la littérature scientifique (Castellano et al., 2012; Wright, Carling, & Collins, 2014). Cette évolution en recherche sportive a permis de connaitre plus de détails sur la contribution de certaines actions motrices ou de certaines fonctions musculaires ou cardio-vasculaires en fonction du rôle des joueurs sur le jeu et leurs relations avec les facteurs externes qui influencent les performances. Ceci établit des incidences fondamentales sur le développement de l'activité et la compréhension de ce qu’il faut faire pour mieux performer (Sampaio, Gonçalves, Rentero, Abrantes, & Leite, 2014).

Malgré tout, la tâche de cerner les principales composantes affectant la performance des joueurs de soccer évoque encore aujourd'hui un sérieux débat au niveau de la recherche en entrainement sportif (Bangsbo et al., 2006; Cardinal et al., 2004). En effet, dénombrer et comprendre la relation entre ces composantes représente souvent un véritable obstacle pour les praticiens du domaine qui n'arrivent toujours pas à dresser un modèle unique de la contribution des

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composantes dans la performance sportive (Jones et al., 2004; Kempton, Sullivan, Bilsborough, Cordy, & Coutts, 2014).

1.1.1.1 L’interaction entre les composantes de la performance.

La mesure efficace des performances se complique davantage en raison de la promiscuité des athlètes de deux équipes qui, au soccer, se retrouvent simultanément sur le même terrain (Gréhaigne, 1992; Gréhaigne & Nadeau, 2015). Selon Grosgeorge (1990) : « (…) l'interdépendance des comportements et les particularités de certaines disciplines sont des obstacles difficiles à surmonter pour l'évaluation des sports collectifs » (p.6). C’est pourquoi l’entraineur doit identifier et évaluer non seulement plusieurs composantes, mais il doit essayer de comprendre et analyser également les liens qui existent entre ces composantes, tout comme le contexte dans lequel ces performances sont réalisées (Glazier, 2017).

1.1.1.2 L’interaction entre les coéquipiers et les adversaires.

Outre les règles de jeu, une autre particularité distingue principalement les sports collectifs par rapport aux différents sports individuels et complique la mesure de la performance. Ainsi, l’interaction avec les coéquipiers et adversaires est à la base de la performance en sport collectif (Gréhaigne, 2009; Gutiérrez & Ruiz, 2013). Montanari et collaborateurs (2008) ont démontré qu’il semble être encore plus difficile de mettre en évidence l’importance des actions motrices ou des habiletés liées aux composantes de la performance parce que ces actions, exécutées par chaque joueur, sont influencées par celles de l’ensemble des autres joueurs sur le jeu. Ainsi, il faut la présence d'une irréfutable complémentarité des participants au sein de l’équipe pour qu’elle puisse atteindre la finalité du jeu, soit réussir à vaincre les adversaires (Gréhaigne, 2009). Les interactions des individus d'une équipe révèlent l'importance du caractère collectif dans l'élaboration des différents schémas tactiques de jeu et par conséquent, les performances individuelles et collectives. En effet, plus la coordination entre les joueurs est présente, plus ils sont susceptibles d’être performants sur le plan collectif et même sur le plan individuel (Araújo, Davids, Chow, & Passos, 2009).

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Dans cette même perspective, d’autres aspects rendent la mise en évidence de l’importance des composantes en sport collectif encore plus compliquée. Ils concernent la manière dont les joueurs évoluent en fonction de certains paramètres de jeu qui sont moins visibles et moins traités dans les études scientifiques (Araújo, et al., 2009). Par exemple, l'occasion de marquer un but en soccer peut dépendre certes de la capacité du joueur à tirer le ballon, de sa distance par rapport au but, mais aussi de ce qu’il croit connaitre ou connait du niveau d’habileté du gardien de but adverse, du bon moment dans le jeu pour tirer ou passer à un coéquipier, de son anticipation des patrons de jeu de l’adversaire, de ses sensations avant de frapper le ballon, etc. (Rampinini, Impellizzeri, Castagna, Coutts, & Wisloff, 2009). Ainsi, exécuter une tâche motrice en sports collectifs se réalise sous plusieurs paramètres qui entrent en jeu de différentes façons. La performance est basée sur la capacité de l'athlète à contrôler les différents paramètres du jeu qui sont nécessaires pour réguler ses décisions et ses actions (Bloomfield, Polman, & O’Donoghue, 2005; Carling et al., 2009; Taylor, Mellalieu, James, & Shearer, 2008).

En considérant la multitude et la variété des composantes et des facteurs de la performance qui ont été évoqués, il semble plus que pertinent de posséder des données de mesure de la performance qui, à travers leur intrerpértation, peuvent permettre de mieux comprendre l’influence de ces éléments sur la performance, surtout en considérant l’évolution globale du jeu à travers les années.

L’instabilité de la performance en sports collectifs.

Dans les sports collectifs comme le soccer, la stabilité de la performance à travers le temps représente aussi une préoccupation majeure des entraineurs (Montanari et al., 2008). En effet, les performances des athlètes durant une saison ou même tout au long de leur carrière sont souvent instables pour plusieurs raisons. Cette instabilité est principalement due à toutes les variations affectant la réalisation des actions motrices de tous les joueurs, autant pendant un match que pendant la saison (Landis, 2001). Par exemple, les capacités physiques des athlètes peuvent avoir naturellement tendance à décroitre au cours d’un même match en raison de la fatigue provoquée par l’intensité élevée et la répétition des actions effectuées.Or, il

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n’est pas dit que l’athlète sera nécessairement moins performant à cause de cette fatigue physique. Les athlètes experts vont par exemple compenser cette baisse de capacités physiques en anticipant davantage le jeu ou en repérant plus spécifiquement les moments clés pour exécuter leurs actions. Il en va de même selon l’évolution des performances au cours d’une saison où la fatigue est souvent de plus en plus présente chez les joueurs, ce qui peut les affecter s’ils ne possèdent pas des alternatives liées aux autres composantes de la performance.

Les équipes, et plus spécifiquement les joueurs, cherchent à améliorer leurs performances d'une saison à une autre et même d'un match à un autre, ou sinon, au moins les maintenir au même niveau si ces prestations sont considérées comme des succès (Montanari et al., 2008). Toutefois, il est presque impossible qu’un joueur fasse exactement la même performance et soit aussi efficace d’un match à l’autre au cours d’une saison, compte tenu du contexte de jeu continuellement variable. La stabilité de la performance des joueurs est, comme ce qui a été mentionné plus tôt, continuellement influencée par une multitude d’aspects (Landis, 2001). Chaque match disputé par les joueurs présente donc une réalité différente des autres matchs. Il semble toutefois possible de dégager des tendances qui se répèteront d’un match à l’autre dans la majorité des matchs ou sports observés (Dellal, 2008).

La mesure régulière et efficace des performances des joueurs au cours de la saison permettrait entre autres d’échelonner les objectifs de la planification d’entrainement de manière plus optimale, soit autant pour les objectifs principaux pour les athlètes et l’équipe (par exemple améliorer le classement de l’équipe à la fin de la saison) que pour les objectifs secondaires (comme l’amélioration du comportement tactique de l’athlète face à des situations particulières au cours des matchs) qui peuvent toucher spécifiquement certains joueurs. Or, des études mieux adaptées en mesure des performances devraient permettre de mieux comprendre ce phénomène et peut-être déterminer le type d’intervention que pourrait mener l’entraineur pour améliorer la stabilité des performances de son équipe.

Toujours en ce qui concerne l’évolution des performances dans le temps, la parité des équipes des différentes ligues compétitives est à la base des variations

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qu’il est possible d’observer dans le résultat des matchs entre deux équipes. De nos jours, le résultat des matchs de certaines ligues se joue bien souvent sur des petits détails qui favorisent ou non une équipe au détriment de l’autre. Ainsi, il est fréquent de voir une équipe de bas de classement battre une équipe de haut de classement à un moment donné de la saison. Ces petits détails ne sont parfois pas illustrés par la plupart des méthodes de mesure de performance habituellement utilisées (Castellano et al., 2012; Dellal, 2008). Cela peut également s’expliquer par l’influence de certains facteurs de performance sur le résultat comme la chance par exemple, surtout pour un sport collectif comme le soccer où les occasions de marquer un but ne sont pas nombreuses. De ce fait, la différence d’un seul but est déterminante au soccer considérant que le nombre de buts marqués est généralement faible, comparativement à d’autres sports comme le basketball par exemple, où le nombre de points marqués dans une partie est plus considérable. Si la performance n’était définie uniquement qu’à partir du résultat du match, il deviendrait difficile d’expliquer la stabilité de la performance des matchs nuls ou ceux gagnés 1 à 0 qui surviennent très fréquemment au soccer. Des outils de mesure adéquats pouvant fournir des données précises et objectives sur la performance des joueurs devraient permettre d’évaluer davantage les performances dans le temps et ainsi pouvoir en apprécier sa stabilité au cours d’une saison par exemple.

1.2 L’intérêt d’acquérir des données sur la performance compétitive

De toutes les composantes de la performance, la composante tactique est à la base des performances dans les jeux et sports collectifs (Gréhaigne, Godbout & Bouthier, 1997). Comme les joueurs n’ont pas tous le même rôle et les mêmes tâches sur le jeu, il s’avère important pour les joueurs et entraineurs d’avoir accès à des informations précises concernant les performances de chaque membre de l’équipe, peu importe leur position de jeu. De cette façon, les entraineurs peuvent mieux comprendre la manière dont les joueurs évoluent pendant la partie et intervenir plus facilement dans une perspective de développement des athlètes (Saury, Sève, Leblanc, & Durand, 2002).

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Parmi les méthodes pour mesurer les performances des joueurs en sports collectifs, l'analyse détaillée des matchs est couramment utilisée par les entraineurs et chercheurs du domaine (Carling et al., 2009). Cette méthode est considérée comme un processus capital qui permet aux entraineurs de recueillir des informations objectives pouvant être utilisées pour obtenir des détails sur la performance (Carling et al., 2009). En effet, ces informations issues du match permettent de quantifier les prestations des joueurs et deviennent indispensables pour plusieurs points déterminants dans le parcours de l’athlète au cours de la saison et même de sa carrière sportive (Bourbousson & Sève, 2010).

L’amélioration de la performance.

La collecte des éléments clés pouvant mener à l’amélioration de la performance compétitive passe idéalement par l’étude scientifique des mesures effectuées. Ces analyses permettent de mieux comprendre la contribution des composantes aux performances et éventuellement aux résultats finaux des matchs (Gréhaigne et al., 1997; Vigne, 2011). D’ailleurs, on constate maintenant que cette tâche est essentielle pour fournir des renseignements précis à tous les entraineurs d’équipes et même les joueurs eux-mêmes dans la majorité des équipes sportives compétitives de haut niveau (Vigne, 2011).

Les principales informations actuellement disponibles aux entraineurs pour mesurer les performances sont liées essentiellement aux statistiques de jeu des joueurs lors des parties (ex : nombre de buts marqués), à des séquences vidéo des matchs et à leurs propres appréciations des joueurs (Castellano et al., 2012). Ces informations sont habituellement davantage compilées dans plusieurs sports collectifs mais elles sont souvent faites de manière inadéquate pour juger les performances de tous les athlètes et distinguer leurs améliorations au cours de la saison (Fortier, 2014; Reid et al., 2010). Par exemple, au soccer, peu de joueurs contribuent au pointage de l’équipe au cours d’un match, bien que onze d’entre eux soient sur le terrain en même temps pour chaque équipe (Durand, 1992). Ainsi, en ne se basant seulement que sur les informations qui ont mené aux buts et points

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marqués pendant un match ou une saison, les performances de ceux qui n’ont pas marqué peuvent être ignorées, bien qu’elles contribuent donc tout autant au succès de l’ensemble de l’équipe (Bourbousson & Sève, 2010). En conséquence, disposer de données plus détaillées de la performance compétitive s’avère primordial afin d’évaluer la performance individuelle et collective et déterminer ainsi l’implication de chaque joueur dans son équipe afin d’améliorer les performances globales des joueurs et de l’équipe (Nadeau, Richard & Godbout, 2008a).

Le développement des habiletés des joueurs.

Les informations concernant les contributions régulières des joueurs et celles des adversaires et coéquipiers doivent être rapidement accessibles aux entraineurs afin qu’ils puissent réguler leurs pratiques et favoriser le développement et l’apprentissage optimal des joueurs (Nadeau, 2001). De cette façon, la mesure de la performance compétitive, au fil des matchs, serait susceptible de permettre aux entraineurs d’élaborer des situations de jeux adaptées aux besoins des athlètes pendant les périodes d’entrainement ou encore pendant les réunions d’équipe qui précèdent un match (Costa et al., 2011; Saury et al., 2002). L’utilisation de ces mesures permettrait d’éviter par exemple de créer une trop grande surcharge d’entrainement pour les athlètes ou de ne pas respecter la progression d’entrainement ou d’apprentissage des joueurs (Carling et al., 2009). Ignorer ces faits risquerait d’avoir des conséquences négatives sur le développement de ceux-ci, surtout que l’entrainement et la compétition sont deux éléments en relation directe avec la progression de l’athlète dans le temps (Ancian, 2008).

L’impact des données de performance sur la planification de l’entrainement.

Les succès en contexte compétitif nécessitent la mise en place d’un travail précis et constructif lors des séances d’entrainement (Ancian, 2008 ; Dellal, Derand, & Barrieu, 2009). Les périodes d’entrainement doivent créer une surcharge aux athlètes (volume et intensité) qui les rapproche ou surpasse les exigences de la

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tâche en compétition afin de créer des adaptations qui mèneront à des apprentissages et au développement des habiletés sportives. Ces adaptations devraient ensuite permettre une performance plus élevée. Toutefois, la surcharge offerte aux athlètes pendant les entrainements ne doit pas dépasser leurs capacités et ainsi créer un sur-entrainement (Dellal, 2008).

Ainsi, la mesure des performances des joueurs lors des entrainements peut permettre un meilleur contrôle de la charge de travail offerte aux athlètes (Roy, Roy, Chevrier, & Cardinal, 2018). La mesure peut permettre aux entraineurs de proposer des variations de charge d’entrainement précises ou un travail très spécifique aux athlètes. Une programmation efficace des situations d’apprentissage ainsi qu’une planification d’entrainement réaliste demeurent essentielles afin d’atteindre les objectifs compétitifs (Trninic & Dizdar, 2000).

Par ailleurs, les entraineurs peuvent aussi se servir des données de performances effectuées en compétition pour mieux agencer la planification des entrainements des athlètes à plus ou moins long terme. À ce propos, Weineck (1997) affirme que les données de performance en compétition et la programmation de l’entrainement sont des éléments essentiels de la conduite de l’entrainement et devraient être reliées ensemble.

1.3 La mesure des performances en sport collectif: principales limites observées

Globalement, les chercheurs et les entraineurs se sont heurtés à plusieurs obstacles pour mesurer la performance des athlètes en situation de jeu malgré d’importantes avancées effectuées au cours des dernières années avec le développement de la technologie. Ainsi, tenter de mesurer la performance en sport collectif pose principalement quatre types de problèmes aux praticiens du domaine.

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La mesure « partielle » de la performance.

En sport compétitif, de nombreuses mesures des performances des joueurs ne sont pas souvent effectuées en situation réelle de jeu, ce qui signifie des problèmes importants de validité (Bangsbo et al., 2006; Horikawa & Yagi, 2012). Il est effectivement incohérent de tenter de mesurer des habiletés motrices de joueurs dans des situations qui ne tiennent pas compte de l’ensemble de l’interaction des composantes et facteurs de performance (Moniotte, Nadeau, & Fortier, 2011). L’utilisation de situations standardisées par exemple peut fournir certaines informations sur les performances des joueurs, mais elles n’ont pas la valeur de la mesure des habiletés qui sont exécutées en contexte réel de jeu.

De là, apparait la problématique du choix des actions motrices ou de la combinaison des actions motrices déterminantes à observer, et à quel point ces choix sont représentatifs des performances des joueurs et équipes au soccer. Par exemple, pendant de nombreuses années, l'une des mesures de performance les plus utilisées en soccer et qui était supposée illustrer la domination offensive d’une équipe sur une autre était l'analyse du « nombre de tirs cadrés » (Russell, Benton, & Kingsley, 2010). En effet, les équipes qui, habituellement, tentent souvent de tirer le ballon et cibler le but de l’adversaire gagnent davantage de matchs que les équipes qui réussissent moins cette tâche (Finnoff, Newcomer, & Laskowski, 2002). Cependant, la correspondance entre la performance, le résultat du match et le nombre de tirs cadrés d’une équipe ne suit pas toujours une raison logique. À de nombreuses reprises depuis que le soccer existe, des équipes ont obtenu des victoires malgré un total de tirs cadrés inférieur à l’autre équipe (Finnoff et al., 2002). Le nombre de tirs cadrés n’est qu’un des éléments pouvant expliquer la performance et qui doit être interprété dans un contexte donné, tout comme le temps de possession du ballon, le nombre de passes réussies, etc.

Les statistiques de jeu : les principales limites observées.

La manière dont les statistiques de jeu sont actuellement utilisées par plusieurs équipes sportives ne permet pas nécessairement aux entraineurs d’être

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davantage en mesure de proposer des activités d’apprentissage ou de perfectionnement qui favorisent les performances de leurs joueurs (Castellano et al., 2012; Georget, 2013). Malgré le nombre croissant des différentes valeurs et indices calculés pendant les matchs et le haut niveau de précision des informations que ces valeurs peuvent apporter aux bilans des matchs, plusieurs indications manquent afin de pouvoir se servir de ces données pour mieux expliquer la performance de tous les joueurs. Très peu d’entraineurs et spécialistes réussissent à mettre en relation ces données statistiques les unes avec les autres, surtout en fonction des différents contextes du jeu (Nadeau, Richard & Godbout, 2008a).

Par ailleurs, la mesure de la performance des joueurs ne peut donc pas se baser uniquement sur ces statistiques habituelles de jeu car plusieurs d’entre elles ne concernent pas souvent la totalité des joueurs ou ne spécifient pas le rôle et la position du joueur (Fortier, 2014). Or, pour pouvoir distinguer la contribution de chaque joueur dans la performance de l’équipe, il est important d’avoir des données de performance sur l’ensemble des participants, peu importe leur position sur le jeu, le temps qu’ils ont passé sur le terrain durant un match ou encore des renseignements liés spécifiquement aux rôles qu’ils occupent dans l’équipe (Fortier, 2014).

Également, les statistiques de jeu recueillies par la majorité des équipes ne sont pas toujours liées au temps de jeu des joueurs (Fortier, 2014). Au soccer par exemple, plusieurs données recueillies concernant les actions effectuées par les joueurs au cours des matchs ne sont pas toujours associées au temps que ces joueurs ont passé sur le terrain. Or, il est essentiel de tenir compte de leur temps de jeu respectif afin de pouvoir les comparer entre eux et assurer un meilleur suivi au cours de la saison (Fortier, 2014).

Finalement, très peu d’informations sur le niveau de précision des mesures effectuées par les équipes ou les ligues sportives sont disponibles pour la majorité des sports compétitifs (Reid et al., 2010). En effet, la plupart des procédures de mesures statistiques utilisées dans les différentes ligues ou équipes sportives ne fournissent généralement que les compilations de résultats et très rarement les

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détails sur la manière ou encore le contexte dans lequel ces mesures ont été faites (qui a fait la saisie, quelle est la compétence de la ou des personnes ayant effectué l’analyse, quelle est la fiabilité du logiciel de statistiques utilisé, etc.). Bien qu’il soit possible de croire que la plupart de ces valeurs calculées soient justes, aucune information ne précise si des tests de validité ou de fidélité ont été effectués auprès des observateurs, et si ces observateurs ont tous la même interprétation des actions observées. Cette information, quoi que possiblement moins importante pour certains entraineurs sportifs, demeure capitale pour une utilisation de ces données statistiques à des fins scientifiques.

Mesures subjectives de la performance des joueurs en sport collectif.

Pour certains entraineurs, la lourdeur liée à l’utilisation de mesures de la performance fait en sorte qu’ils n’emploient essentiellement que leur jugement d’expert pour apprécier les performances des joueurs (Hopkins, 1998 ; Nadeau, 2001). Cette façon de faire est bien plus rapide et accessible, demande moins d’organisation et surtout permet d’interpréter la performance instantanément selon le contexte dans lequel elle est réalisée (Hopkins, 1998). Toutefois, la majeure partie des observations et analyses subjectives des performances ont des limitations sévères (Monkam Tchokonté, 2011; Ouellette, 2002).

Il s’avère ainsi irréalisable pour des entraineurs, même des experts, d’observer tous les joueurs sur le terrain dans toutes les phases de jeu durant un match, particulièrement si ces informations sont faites en direct (Ouellette, 2002 ; Saury et al., 2002). Le grand nombre de joueurs, leurs positions et rôles respectifs dans un jeu en continu fournissent beaucoup trop d’informations pour qu’un entraineur puisse se souvenir de tout ce qui s’est passé pour chaque joueur. Les informations recueillies par celui-ci sont donc partielles ou anecdotiques. Par ailleurs, toute forme de jugement d’expert est nécessairement plus ou moins empreinte d’un biais personnel, surtout si les critères d’observation ne sont pas précisés (Nadeau, 2001). En effet, malgré la validité reconnue du jugement des experts lorsqu’ils observent une performance donnée, des études scientifiques ont

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pointé des limites humaines sévères dans ce processus lorsque l’attention de l’expert n’est pas portée vers des éléments précis d’observation ou lorsque l’expert a une compréhension limitée de la performance (Saury et al., 2002). Les auteurs mentionnent que, tout comme pour le spectateur et à défaut de consignes précises, l’attention de l’entraineur porte habituellement que sur des actions entourant l’objet en jeu (Caballero, 2005). Cette situation peut cependant désavantager certains joueurs qui ne sont pas nécessairement impliqués dans les actions directes entourant le porteur (Georget, 2013). Ainsi, le fait de se baser seulement sur leurs appréciations plus globales et jugements de la performance peut parfois influencer leur interprétation et ainsi ne pas leur permettre d’analyser avec justesse ce qui s’est vraiment passé (Ouellette, 2002).

Les entraineurs experts sont toutefois généralement aptes à juger les principales actions déterminantes avec plus de détails et de précisions que les non experts (Saury et al., 2002). Certaines études ont permis de constater qu’en moyenne, les entraineurs qui ont suivi une formation spéciale en observation étaient capables de se rappeler environ 40 % des séquences ou actions spécifiques dont ils avaient été témoins après un match (Monkam Tchokonté, 2011 ; Ouellette, 2002). Donc, pour toute situation de mesure des performances compétitives, et encore plus dans les matchs de sport collectif, il est difficile pour les entraineurs de noter et de se souvenir de tous les événements clés qui ont caractérisé les prestations de tous les joueurs dans un match.

Ces observations et mesures d’appréciation du jeu n’étant pas nécessairement structurées et planifiées, il est ainsi difficile de distinguer la progression des joueurs au fil des matchs. Cette tâche semble quasi impossible avec l’absence d’une quantification organisée des mesures des performances réalisées par les joueurs (Landis, 2001). Par exemple, il est impensable de croire qu’un entraineur pourra se rappeler des performances de tous les joueurs de tous les matchs de la saison pour pouvoir distinguer l’évolution des performances de chacun (Monkam Tchokonté, 2011; Ouellette, 2002). L’étude de l’évolution des performances dans le temps est devenue trop importante dans les sports compétitifs pour qu’elle ne soit basée que sur des jugements d’entraineurs (Gréhaigne, 2009).

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La mesure de la performance à l’entrainement : importance et différences avec la mesure en situation de match.

Peu d’entraineurs semblent mesurer de manière structurée les performances de leurs joueurs lors des périodes d’entrainement malgré l’importance de celles-ci pour le développement des athlètes. En effet, c’est pendant les séances d’entrainement que l'entraineur peut davantage favoriser l’apprentissage ou le perfectionnement de certaines composantes de la performance qui influenceront le jeu de ses joueurs en match (Caballero, 2005 ; Chlif et al., 2010; Durand, Hauw, Leblanc, Saury, & Sève, 2004). A l’inverse, l’influence directe de l’entraineur sur la performance de ses joueurs pendant le match est très limitée étant donné le caractère aléatoire et continu des actions qu’ils exécutent ainsi que la présence d’une panoplie de facteurs qui sont en dehors de son contrôle (par exemple, le niveau de jeu de l'adversaire, la réaction des joueurs selon l’enjeu du match, etc.) (Dellal et al., 2009). C’est donc principalement à partir de la séance d’entrainement que les entraineurs peuvent souvent gérer les principales variables qui pourraient être liées à la performance (Ancian, 2008 ; Caballero, 2005 ; Leroux, 2006 ; Saury et al., 2002).

Dans le même sens, très peu d’entre eux tentent de lier les performances en situation de match aux performances des joueurs lors des entrainements. Ce phénomène pourrait s’expliquer par quelques raisons. Logiquement, la majorité des procédures de mesure de performance en sport collectif compétitif qui ont été discutées dans la littérature scientifique ont tenu compte des performances des athlètes effectuées dans des situations de match (Gréhaigne et al., 1997; Memmert & Harvey, 2008; Oslin, Mitchell, & Griffin, 1998). Comme de raison, la performance qui compte le plus pour l’entraineur (et les joueurs) de sports compétitifs est celle qui est réalisée en situation de match. Toutefois, plusieurs chercheurs ont constaté des différences très importantes entre le rendement des joueurs à l’entrainement et leurs performances en situation de match (Hill, Hanton, Fleming, & Matthews, 2009). Ce phénomène représente une problématique particulière qui a été discutée de façon significative dans certaines études (Delignières, 2008; Hill et al., 2009; Mesagno & Mullane-Grant, 2010; Vickers, 2003). La séance d’entrainement étant

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supposée représenter une illustration « contrôlée » de la charge sportive de ce que le joueur vivra en situation de match, des différences importantes de performance entre ces deux conditions peuvent être préoccupantes, surtout lors de situations où les joueurs n’atteignent pas un niveau de jeu suffisamment élevé à l’entrainement pour qu’ils performent en situation de match (Hill & Shaw, 2012).

Une grande difficulté lors des périodes d’entrainement est d’ailleurs de reproduire toutes les conditions réelles du match, c’est-à-dire l’ensemble des facteurs qui influencent la performance des joueurs pendant la compétition officielle, surtout l’enjeu de la partie (Hill et al., 2009). L’entraineur cherche donc le plus possible à mettre en place des conditions similaires aux conditions du match à venir de manière à mieux préparer les joueurs, autant par exemple afin de s’acclimater au décalage horaire que de jouer sous une pression forte comme le fait habituellement l’adversaire (Fradua, Zubillaga, Caro, Iván Fernández-García, Ruiz-Ruiz, & Tenga, 2013). Ainsi, il est possible qu’un joueur dans un match donné fasse une erreur d’exécution d’une habileté pourtant parfaitement maitrisée à l’entrainement parce que le contexte et l’influence de nombreux facteurs tels l’anxiété et la gestion du stress sont différents (Mesagno & Mullane-Grant, 2010).

À cet égard, l’utilisation de mesures des performances identiques ou similaires à celles utilisées lors des compétitions pourrait d’abord permettre aux entraineurs de voir dans quelle mesure l’entrainement reproduit les conditions de jeu des matchs et ainsi constater comment les joueurs s’appliquent ou s’ajustent lors des périodes d’entrainement. Compte tenu de l’importance des « mini » détails sur la performance globale d’une équipe, cette donnée sur les joueurs à l’entrainement peut représenter une source intéressante d’informations pour l’amélioration des joueurs.

À notre connaissance de la littérature scientifique sur le sujet, aucune étude n'a porté sur l'application d'un outil permettant de mesurer d'une façon objective les performances individuelles et collectives des joueurs au cours des périodes d’entrainement en sport collectif et tenter les associer avec les performances obtenues en situation de compétition. Le recours à un outil de mesure de la

Figure

Figure 1. Modèle de la performance sportive en sports collectifs (inspiré de  Cardinal, Chouinard, & Roy, 2004)
Figure 3. Structure physique du test « GB+3 vs GB+3 » (Costa et al., 2011, p.76).
Figure 4. Position de la  caméra pour l’enregistrement des matchs.
Figure 5. Illustration des postes de jeu au soccer (Source Wikipédia).
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Références

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