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Diffusion thermique en phase liquide
André Fournier
To cite this version:
DIFFUSION
THERMIQUE
EN PHASELIQUIDE
Par ANDRÉ FOURNIER.
Laboratoire de
Physique. Enseignement.
Sorbonne.Sommaire. - Quelques résultats de difiusion thermique de solutions et de mélanges de liquides
obtenus par la méthode de Clusius et Dickel sont donnés. On confronte ces résultats et ceux de la diffusion ordinaire avec les formules que l’on peut tirer de la théorie hydrodynamique, de la théorie cinétique et de la théorie des molécules encagées.
1. Résultats
expérimentaux. -
C’est sur des solutions que lesphénomènes
de diffusionthermique
furent d’abord observés parLudwig
et par Soret. Si l’on maintient laparoi supérieure
d’unrécipient
cylindrique
vertical contenant une solution de sel à unetempérature
TB
supérieure
à celleTx
de laparoi
inférieure(pour
éviter les mouvements deconvection),
on constate, au bout d’un certaintemps,
que le titre en sel CAprès
de laparoi
infé-rieure estplus
grand
que le titre Cn du haut.. Enposant
eB -ÇA ::::::: .1 C et TB -
T, _ T,
le coeffi-cient de Soret est défini parRappelons l’équation
de la diffusionthermique :
en
introduisant,
comme coefficients de diffusionthermique
DT(notation
deChapman) [i]
et D‘(notation
deWirtz)
[2].
AlorsLe facteur de
séparation
estCet effet est très faible. Un moyen de le
multiplier
estd’utiliser,
comme pour les gaz, la méthode de Clusius et Dickel[3]. J’emploie,
pour cesexpériences
unepetite
colonne de verre de 1, 7o m, chaufféeaxialement par un fil de nichrome. Les
parois
chaude et froide ont pour diamètresrespectifs 8
et 16 mm.Les
expériences
sur les solutions de KOH per-mettent de raccorder mes résultats à ceuxqui
ont été obtenus par la méthode directe. Les résultats sont rassemblés dans le Tableau I. Le corps de la colonne 1 est celuiqui
se concentre vers laparoi
chaude. Les résultats antérieurs ont été transformés pour lacomparaison
directe.La constante de
temps
del’appareil
a étédéter-minée pour une solution de KOH : elle était de i h.
Les
expériences
ont toutes duré environ 6h;
la limite étaitpratiquement
atteinte.
TABLEAU 1.
Les solutions de solides se concentrent en corps
dissous vers la
paroi
froide,
même dans le cas de solutions de lithine dans l’eau ou l’alcool. Lasépa-ration
augmente
avec la concentration et (X- 1 estsensiblement
proportionnel
à A T(Tanner
trouvaitune
légère augmentation
de e avec àT).
Pour les
mélanges
deliquides,
les résultats nesont pas aussi
réguliers;
la diffusionthermique
estun
phénomène
encoreplus complexe
enphase
liquide qu’en phase
gazeuse.Voyons
les théoriesqui
essaient d’en rendrecompte.
46
2. Théorie
hydrodynamique [5].
- Dansune
solution
étendue,
soit n le nombre par unité de volume de molécules(ou d’ions)
du corps dissous. Lapression osmotique
est p = kn T(k,
constantede
Boltzmann).
Un
cylindre
de section i em2 et de hauteur dx(axe
des x : direction dugradient
deconcentration)
est soumis à une forceCe
cylindre
contient n dxmolécules;
il en résulte uneforce par molécule
égale
àLa
molécule,
soumise à cette force et à unerésistance de frottement
proportionnelle
à savitesse,
atteint une vitesse limite
Si l’on admet la formule de
Stokes,
l’expression
de A est
(r,
rayon de lamolécule),
d’où,
d’après
la définition du coefficient de
diffusion,
S’il y a, le
long
de l’axe des x à la fois variation de concentration et detempérature, l’expression
de F devientet
la vitesse limiteEn
rapprochant
del’équation
de la diffusionthermique,
nous obtenonsLa
séparation
nedépendrait
pas du corpsdissous,
ce
qui
est contraire aux résultatsexpérimentaux
même en solution très étendue.Wirtz
[6],
tout en conservant, pour le coefficient/ 7
de diffusion
ordinaire,
l’expression
= A’
propose de calculer autrement le coefficient de diffusionthermique.
La
pression
qui
s’exerce sur laparticule supposée
sphérique
estégale
à la densitéd’énergie
thermique
qui
varie comme c,,‘LI !
(c,,,
chaleurspécifique).
Il en résulte ,’~
formule
qui
donne l’ordre degrandeur
des résultatsexpérimentaux,
rendcompte
des variations du coeffi-cient de Soret pour desélectrolytes quand
on passedes
petits
aux gros ions. Elle se trouve, par contre,en défaut pour les
mélanges
deliquides
comme l’eauet
l’acétone,
où les grosses molécules se concentrentvers les
régions
chaudes.3. Théorie
cinétique.
--Quand
on passe de la théorie des gaz à celle desliquides,
lesprincipales
différences sont que le libre parcours moyen estpetit
au lieu d’êtregrand
parrapport
aux dimensions des molécules etqu’autour
d’une moléculequel-conque, il y a, dans la
disposition
de sesvoisines,
régularité
en distance(mais
non en direction commedans le réseau
cristallin).
Une molécule de rayon ri est entourée de P voisines immédiates à unedis-tance A. Le libre parcours moyen est de l’ordre de
àl == 4 -
2 r,. Pour unesolution,
nousprendrons
un rayon moyen r =CI C2 r2
(c,,
c2 : titresmoléculaires)
et pour libres parcours moyens~1= t1-r-r~
etô2
=à - r - P2.
Chaque
molécule oscille[7]
autour de saposition
moyenne sur une
amplitude ô
choquant
deux de sesvoisines à
chaque
oscillation. Iln’y
a diffusion de matière quequand
la molécule arrive àparcourir
unchemin au moins
égal
à.1,
c’est-à-dire àprendre
laplace
d’une de ses voisines.Établissons
le bilan du passage des molécules diffusantes à travers une surf ace S de i cm2 normaleà l’axe des x. Il
s’agit
de moléculesparcourant
unchemin
~1,
doncprovenant
ducylindre
desec-tion cm2 et de hauteur à
(en
considérant que la moyenne des mouvements des molécules est la même que celle de six groupesd’importance
égale,
suivant les directions desaxes)
[8].
Cecylindre
contient
(ni
-j-n2) à
molécules.Chaque
molécule vientdonner v
chocs par seconde contre ses voisineso
et, à
chaque
fois,
n’aqu’une
faible chance de ne pasrencontrer de
voisine,
c’est-à-dire deparcourir
le chemin A. Cetteprobabilité
doit être d’autantplus
petite
que la molécule estplus
grosse; nous laprendrons
inversementproportionnelle
à unepuis-sance du rayon. Le nombre de molécules diffusantes I
passant
par seconde à travers S dans le sens +est alors
et, dans le sens
molécules 2, et
compensation
par un mouvement d’ensembledA,
+dA~
dans le sens +. Nous obtenons pourl’équilibre
Pour la variation de
T,
prenons le résultat fourni par l’étude de la viscosité avec une méthodeanalogue
[8]
Nous avons
pris
~i
= a - r -rl, comme s
l’arrangement
des molécules étaitindépendant
de la moléculecentrale;
cela est évidemment inad-missible pour des molécules assez grosses(0
seraito).
Nous
prendrons
pour ô uneexpression
enr,.-b’.
Nous obtenons finalement, en
posant
Ce sont les molécules pour
lesquelles
K est leplus
grand
qui
se concentrent vers laparoi
froide. Pour faire cadrer la formule avec les résultatsexpéri-mentaux, il faut
prendre,
pour q, une valeur del’ordre de
o,5
pour les solutionsd’électrolytes
et de1,5
pour lesmélanges
deliquides (comme
eau-acétone).
Parailleurs,
cette théorie ne rend pascompte
de la forte variation du coefficient de diffusion ordinaire avec latempérature.
4. Théorie des molécules
encagées.
- Danscette
théorie,
l’image
est la même que dans laprécédente.
Chaque
ion(ou
molécule)
est enfermé dans une cage formée par les molécules voisines dont il nepeut
s’échapper
que difficilement. Il setrouve,
aupoint
de vueénergétique,
dans un trou depotentiel
dont la hauteur desparois
est Q
(évaluée
en calories par
ion-gramme
ou parmole).
Iln’y
adiffusion
qu’à chaque
saut de l’ion hors de sa cage(sauts
delongueur à
et defréquence f ).
Dans sacage, il effectue des oscillations
d’amplitude
moyenne 1
et de
fréquence
j.Soit L le
déplacement
d’un ion au bout dutemps t,
c’est-à-dire
après f t
sauts,Considérons seulement les
projections
desdépla-cements sur l’axe des ~. Au bout du
temps
1, ledéplacement
est X(projection
deL).
Dénombrons les ions(ou
molécules)
qui
traversent une surface Sde 1 CM2 normale à l’axe des x.
D’après
la définitiondu coefficient de
diffusion,
il en passeCeux
qui
passent
dans le sens +proviennent
ducylindre
de base S et de hauteurX,
et, comme iln’y en
a que la moitiéqui
prennent
la direction +, ilspassent
au nombre dede même ils
passent
dans le sens -au nombre de
Au total :
d’où
La
fréquence
des chocs est 2 v(2
par oscillationcomplète).
Lafréquence
des sautsest i
f ormule
qui
al’avantage
de ne pas tenircompte
seulement de la difficulté
stérique
du saut commedans la théorie
précédente,
mais par ce termeéner-gétique
de toutes les actionsqu’on
nepeut analyser
directement. Alors
formule
qui
rendcompte
del’augmentation
de Davec T. Pour une solution non étendue
Afin de comparer les résultats
expérimentaux
etthéoriques,
tâchons d’attribuer àchaque
ion uncoefficient de diffusion
(DA
etDe). Posons,
comme48
Nous
adoptons
pour 1
les valeursportées
dans lapremière
colonne du Tableau II et tirées des résultatsexpérimentaux
Il.
Polissar
[ 1 a],
avec la théorie des moléculesenca-gées,
trouve,
entre D et la mobilité de l’ionU,
la même relationqu’en
théoriehydrodynamique
Dans la deuxième colonne sont
portées
les valeursde ’
tirées de cetterelation,
et dans latroisième,
celles deQ
encalories/ion-gramme
tirées de la variation de U avecT,
en
négligeant
les deuxpremiers
termes du second membre.Dans les colonnes
suivantes,
valeursde 1,
v
de " --_ de
f
cadrant assez bien avecl’en-semble des résultats à
Pour la diffusion
thermique,
le même raisonnement que dans la théorieprécédente
nous fournit larelation
..-- " ./""""II...
Le résultat
doit êtrenégatif ; l’expression t
( -2013a )
,RT doit êtreplus
petite
pour l’eau que pour lesions;
et laséparation
est d’autantplus grande
que pourl’ion Q
estplus grand.
Pourl’électrolyte,
ontire-rait
f ~
deet l’on
peut
adopter,
pourQ2,
une moyennearithmé-tique
(les Q
ne variant pas dans degrandes
propor-tions).
. Pour un
mélange
tel queeau-acétone,
on doitavoir
(Ii).’
- a)
plus petit
pour l’acétone. Onpeut
admettre que
Q
varie comme la chaleurmolécu-laire de
vaporisation qui
estplus grande
pour l’eau.(2
/ ( B
e Rii serait
plus
petit
pourl’eau;
le fac-teurprépondérant
seraitdonc
1anuscri l recu le l G août G .
BIBLIOGRAPHIE
[1] Voir l’article précédent (p. 11).
[2] WIRTZ, Ann. d. Physik, 1939, 36, p. 295.
[3] CLUSIUS et DICKEL, Naturwiss., 1939, 27, p. 148. 2014
KORSCHING et WIRTZ, Naturwiss., 1939, 27, p. 110. Cette méthode a été utilisée pour la concentration
d’isotopes comme en phase gazeuse, mais avec moins d’efficacité : KORSCHING et WIRTZ, Naturwiss., 1939, 27,
p. 367. 2014
FOURNIER, C. R. Acad. Sc., 1942, 215, p. 529. [4] TANNER, Tables annuelles internationales de constantes,
1927, 8, p. 1549.
[5] WEREIDE, Ann. de Physique, 1914, 2, p. 67.
[6] WIRTZ, Naturwiss., 1939, 27, p. 369.
[7] Le mouvement doit être en réalité intermédiaire entre
une oscillation harmonique et une translation entre chocs. Voir DARMOIS, L’état liquide de la matière,
Paris, 1943.
[8] BRILLOUIN, Leçons sur la viscosité des liquides et des gaz,
Paris, 1907.
[9] Il s’agit en toute rigueur des valeurs moyennes des carrés. Voir référence [12].
[10] EINSTEIN, Ann. d. Physik, 1905, 17, p. 549. [11] International Critical Tables, 1929, 5, p. 63. [12] POLISSAR, J. Chem. Pliys., 1938, 6, p. 833.
[13] En prenant la même vitesse moyenne d’agitation ther-mique qu’à l’état gazeux.