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Calcul Intégral
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Université d’Eleuthéria-Polites République de Poldévie
Cours de Licence— Maths/Phy-Chi/EI —/
Bruno Deschamps Version.
« Pour chaque problème complexe, il exie une solution simple, diree... et fausse ».
Table des matières
Intégrale de Riemann
. Introduion . . .
. Intégrales et primitives . . .
. Méthodes de calcul . . .
.. Intégration par parties . . .
.. Changement de variables . . .
. Primitives usuelles . . .
. Longueur d’une courbe . . .
Intégrale double et curviligne
. Intégrale double . . .
.. Introduion . . .
.. Propriétés . . .
.. Théorème de Fubini . . .
.. Changement de variables . . .
. Intégrale curviligne . . .
.. Définitions, propriétés . . .
.. Indépendance des chemins . . .
.. Théorème de Green-Riemann . . .
Intégrale triples et de surface
. Intégrale triples . . .
. Intégrale de surface . . .
Intégrale de Riemann
. Introduion
On cherche à donner un sens à la notion "d’aire". Plus précisément, on se donne une application f :I −→Rdéfinie et continue sur un intervalleI et pour touta, b∈I,a≤b, on veut introduire une quantité réelle qui mesurerait intuitivement l’aire (algébrique) comprise entre la courbey=f(x) pour x∈[a, b] et l’axe des abscisses.
Si l’on note Aire(f , a, b) cette quantité, l’idée intuitive que l’on se fait de l’aire nous pousse à con- sidérer les propriétés suivantes :
(P1) Sif econante égale àλ∈Rsur [a, b], alors Aire(f , a, b) =λ(b−a) (aire d’un reangle).
(P2) Sic∈[a, b] alors Aire(f , a, b) = Aire(f , a, c) + Aire(f , c, b).
(P3) Sif , g∈C0([a, b],R) etλ∈Ralors Aire(λf +g, a, b) =λAire(f , a, b) + Aire(g, a, b).
(P4) Sif , g∈C0([a, b],R) sont telles quef ≤g, alors Aire(f , a, b)≤Aire(g, a, b).
On peut montrer qu’étant donné deux réelsa≤b, il exie une unique applicationC0([a, b],R)−→
Rqui à une fonionf associe Aire(f , a, b) et qui vérifie les propriétés (P1), (P2), (P3) et (P4). La quantité Aire(f , a, b) s’appelle l’intégrale de Riemann de la fonionf sur le segment [a, b] et se note
Zb a
f(x)dx.
La définition de l’intégrale sur [a, b] demande à ce quea ≤ b. Il e pratique de convenir que lorsqueb≤a, on a
Zb a
f(x)dx=− Za
b
f(x)dx. Avec cette convention, les propriétés fondamentales de l’intégrale s’énonce de la manière suivante : soientI un intervalle, f , g:I −→R deux applications continues etλ∈R,
(P1) Pour tousa, b∈I, Zb
a
λdx=λ(b−a).
(P2) Pour tousa, b, c∈I, Zb
a
f(x)dx= Zc
a
f(x)dx+ Zb
c
f(x)dx(Relation de Chasles).
(P3) Pour tousa, b∈I, Zb
a
λf(x) +g(x)dx=λ Zb
a
f(x)dx+ Zb
a
g(x)dx.
(P4) Pour tousa, b∈I, sif ≤gsur [a, b], alors Zb
a
f(x)dx≤ Zb
a
g(x)dxsia≤bet Z b
a
f(x)dx≥ Zb
a
g(x)dx sia≥b.
Corollaire.—Soienta≤b. Pour toute fonion continuef : [a, b]−→R, on a
Z b a
f(x)dx
≤ Zb
a
|f(x)|dx
Preuve : Pour toutx∈[a, b], on a−|f(x)| ≤f(x)≤ |f(x)|et donc,−Rb
a |f(x)|dx≤Rb
af(x)dx≤Rb
a|f(x)|dx, ce qui équivaut à l’énoncé.
——–
L’unicité de l’intégrale découlera du théorèmeque l’on démontrera dans le paragraphe suivant.
L’exience de l’intégrale e plus délicate à montrer. Nous allons décrire ici l’idée originale de sa conruion.
On se donne a < b deux réels et f une application continue sur [a, b]. On considère alors les subdivisions du segment [a, b], c’e-à-dire les suites finieσ :σ0<· · ·< σn telles quex0 =aetxn=b (n≥ 1 e variable). Le réel π(σ) = supi=1,···,n(σi −σi−1). Pour une telle subdivision σ, on appelle pointagedeσ la donnée denréelsξ= (ξ1,· · ·ξn) vérifiantξi∈[σi−1, σi] pour touti= 1,· · ·, n. La donnée
du couple (σ , ξ), s’appelle unesudivision pointéede [a, b]. A cette subdivision pointée, on associe la somme de Riemannrelative à la fonionf :
R(σ ,ξ)(f) = Xn
i=1
(σi−σi−1)f(ξi)
On peut alors montrer qu’il exie un réelItel que, pour toutε >0, il exie un réelα >0, tel que pour toute subdivision pointée (σ , ξ) de [a, b] on ait
π(σ)< α=⇒
I−R(σ ,ξ)(f) < ε Le réelI ealors précisément l’intégrale
Z b a
f(x)dx recherchée et l’on voit alors pourquoi il corre- spond à l’idée intuitive que l’on se fait de l’aire sous la courbe de la fonionf.
Une conséquence de cette propriété eque, si (σn, ξn)ndésigne une suite de subdivisions pointées de [a, b] telle que limnπ(σn) = 0 alors
limn R(σn,ξ
n)(f) = Zb
a
f(x)dx
En application de ce dernier résultat, pour un entiern≥1 donné, on considère la subdivision à pas régulierσ :σ0<· · ·< σn de [a, b] définie parσk =a+kb−na pourk= 0,· · ·, n. Des choix particulier de pointages, donne alors lessommes de Riemann inférieures (resp. supérieures, resp. médianes) à pas régulier:
Rinfn(f) = (b−a) n
n−1
X
k=0
f a+kb−a n
!
Rsupn (f) = (b−a) n
n
X
k=1
f a+kb−a n
!
Rmedn (f) = (b−a) n
n−1
X
k=0
f a+ (2k+ 1)2(b−a) n
!
Exemple :On a ln(2) =
Z1 0
dx x+ 1= lim
n
1 n
n−1
X
k=0
1
1 +k/n= lim
n n−1
X
k=0
1
n+k= lim
n
1 n+ 1
n+ 1+· · ·+ 1 2n−1
. Intégrales et primitives
Théorème.—SoientI un intervalle ouvert deR,f :I →Rune fonion continue etaun point deI. Si l’on définit la fonionF, pourx∈Ipar
F(x) = Z x
a
f(t)dt alors la fonionFedérivable surIetF0(x) =f(x).
En particulier, l’application F e une primitive de la fonion f : c’e l’unique primitive de f qui s’annule ena.
Preuve :Soitx0∈I. Puisquef econtinue enx0, pour toutε >0, il exieα >0 tel que
∀t∈]x0, x0+α[|f(t)−f(x0)|< ε Ainsi, commeF(x)−F(x0) =
Zx
x0
f(t)dt, pour toutx∈]x0, x0+α[ on a
f(x0)−ε= 1 x−x0
Zx
x0
(f(x0)−ε)dt <F(x)−F(x0) x−x0 < 1
x−x0
Zx
x0
(f(x0) +ε)dt=f(x0) +ε
ce qui assure queFedérivable enx0et queF0(x0) =f(x0).
——–
Corollaire.—SoientI un intervalle ouvert deR,f :I →Rune fonion continue eta∈I. SiFdésigne une primitive def surI, alors il exie une conanteCtelle que, pour toutx∈I,F(x) =Rx
a f(t)dt+C. En particulier, pour toutb∈I, on a
Z b a
f(x)dx=F(b)−F(a)
Notation :Pour une fonion continuef sur un intervalleI, on note Z
f(x)dxune primitive def sur F. Parfois, siF désigne une primitive def, on notera
Z
f(x)dx=F(x) +CavecC∈Rpour rappeler que toutes les primitives def surIdiffère d’une conante.
Exemples : Sif :I −→Rdésigne une fonion continue etu:J −→I une application de classe C1, alors en notantFune primitive def surI, on voit que (F◦u)0(x) =f ◦u(x).u0(x), de sorte que
Z
f ◦u(x).u0(x) =F◦u(x) +C Par exemple :
a) Siu e de signe conant et non nul sur J, on a
Z u0(x)
u(x)dx = ln(u(x)) +C. Ainsi, sur ]0,+∞[, Z 1
xlnxdx= ln(ln(x)) +C.
b) Siue riement positive surJeta∈R− {0,1}, on a Z
u0(x)u(x)adx=u(x)a+1
a+ 1 +C. Ainsi, sur ]0, π[, Z
cos(x) sin(x)2dx=sin(x)3 3 +C.
c) SurJ, on a Z
u0(x)eu(x)dx=eu(x)+C. Ainsi, Z
(1 + lnx)xxdx=xx+C.
. Méthodes de calcul
.. Intégration par parties
Théorème.—(Formule d’intégration par parties) Soientf , g : [a, b]→Rdeux applications de classe C1. On a
Z b a
f(x)g0(x)dx= [f(x)g(x)]ba− Z b
a
f0(x)g(x)dx où[f(x)g(x)]ba=f(b)g(b)−f(a)g(a).
Preuve :
——–
Application au calcul des primitves : Z
f(x)g0(x)dx=f(x)g(x)− Z
f0(x)g(x)dx+C. Par exemple, sur I=]0,+∞[,
Z
lnxdx=xlnx− Z
dx+C=xlnx−x+C SurI=R,
Z
arctanxdx=xarctanx− Z x
1 +x2dx+C=xarctanx−1
2ln(1 +x2) +C
.. Changement de variables
Théorème.—Soient f : [a, b]→R une fonion continue etϕ[c, d]→[a, b]une fonion continument dérivable. On a
Z ϕ(d) ϕ(c)
f(t)dt= Zd
c
f ◦ϕ(x)ϕ0(x)dx (On dit que l’on a opéré le changement de variablet=ϕ(x))
Preuve :SoitF une primitive def. La fonionf ◦ϕ.ϕ0 econtinue et admetF◦ϕpour primitive.
En appliquant le corollaire, on a donc Zd
c
f ◦ϕ(x)ϕ0(x)dx=F◦ϕ(d)−F◦ϕ(c) =F(ϕ(d))−F(ϕ(c)) = Zϕ(d)
ϕ(c)
f(t)dt
——–
Corollaire.—Soitf : [a, b]→Rune fonion continue,Iun intervalle etϕ:I→RunC1-difféomorphisme (i.e. une bijeion de classeC1telle que sa réciproque soitC1) tel que[a, b]⊂ϕ(I), alors
Zb a
f(t)dt=
Z ϕ−1(b) ϕ−1(a)
f ◦ϕ(x)ϕ0(x)dx
Preuve : C’e une application diree du résultat précédent, en remarquant quef ◦ϕ et ϕ0 sont continues et queϕ étant un difféomorphisme, c’e en particulier un homéomorphisme, donc que ϕ([ϕ−1(a), ϕ−1(b)]) = [a, b].
——–
Remarques.—Il egénéralement pratique de poser "à l’envers" le changement de variable, c’e-à- dire de poser par exemplex=ψ(t). Il ealors commode, pour s’y retrouver, de différentier formelle- mentdx=ψ0(t)dtet de rechercher à exprimer simplementψ0(t) en fonion dex.
. Primitives usuelles
Fonionf(x) Intervalle PrimitiveF(x)
eaxaveca∈C∗ R eax a +C
ch(ax) aveca∈R∗ R sh(ax) a +C
sh(ax) aveca∈R∗ R ch(ax) a +C
cos(ax) aveca∈R∗ R sin(ax) a +C
sin(ax) aveca∈R∗ R −cos(ax)
a +C
xaaveca∈R/{−1} ]0,+∞[ xa+1 a+ 1+C
Fonionf(x) Intervalle PrimitiveF(x)
1
x2+a2 aveca∈R∗+ R 1
aarctan x
a
+C
√ 1
a2−x2 aveca∈R∗+ ]−a, a[ arcsin x
a
+C
√ 1
a2+x2 aveca∈R∗+ R argsh x
a
= ln x+
√ x2+a2
√ 1
x2−a2 aveca∈R∗+ ]−a,+∞[ argch x
a
= ln
|x+
√
x2−a2|
√ 1
x2−a2 aveca∈R∗+ ]− ∞,−a[ −argch −x
a
= ln
|x+
√
x2−a2|
1
a2−x2 aveca∈R∗+ ]− ∞,−a[; ]a,+∞[ 1
2aln |x+a|
|x−a|
! +C
1
a2−x2 aveca∈R∗+ ]−a, a[ 1
2aln |x+a|
|x−a|
!
+C=1 aargth
x a
+C
Fonionf(x) Intervalle PrimitiveF(x)
tan(x) ]−π
2+kπ,π
2 +kπ[ −ln (|cos(x)|) +C 1
sin(x) ]kπ,(k+ 1)π[ −ln
tan x
2
+C
1
cos(x) ]−π
2+kπ,π
2 +kπ[ −ln
tan π
4 +x 2
+C
1
sh(x) ]0,+∞[; ]− ∞,0[ −ln
th x
2
+C
1
ch(x) R 2 arctan(ex) +C
Fonionf(x) Intervalle PrimitiveF(x)
ln(x) ]0,+∞[ xln(x)−x+C
arctan(x) R xarctan(x)−ln√
1 +x2 +C
arcsin(x) ]−1,1[ xarcsin(x)−
√
1−x2+C
arcsin(x) ]−1,1[ xarccos(x) +
√
1−x2+C
argsh(x) R xargsh(x)−
√
1 +x2+C
argch(x) [1,+∞[ xargch(x)−
√
x2−1 +C
argth(x) ]−1,1[ xargth(x) + ln√ 1−x2
+C
. Longueur d’une courbe
On considère une applicationf : [a, b]−→Rde classeC1. Par définition, la longueur de la courbe C={(x, f(x))/ x∈[a, b]}e la limite de la somme des longueurs des cordes reliant la courbe sur la subdivision à par régulier de [a, b] :
`(C) = lim
n n−1
X
k=0
s b−a
n
!2
+ f a+ (k+ 1)(b−a) n
!
−f a+k(b−a) n
!!2
Puisquef esupposée de classeC1, en application du théorème des accroissements finis, pour tout k= 0,· · ·, n−1, il exieck∈]a+k(b−na), a+ (k+ 1)(b−na)[ tel que
f a+ (k+ 1)(b−a) n
!
−f a+k(b−a) n
!
=(b−a) n f0(ck) Ainsi, on a
n−1
X
k=0
s b−a
n
!2
+ f a+ (k+ 1)(b−a) n
!
−f a+k(b−a) n
!!2
=b−a n
n−1
X
k=0
b−a n
q
1 +f0(ck)2=Rn,σn(f0)
oùσnele pointagec0,· · ·, cn−1. On en déduit que
`(C) = lim
n Rn,σn( q
1 +f02) = Z b
a
q
1 +f0(x)2dx Exemple : Un demi cercleC de rayonReassocié à la fonionf(x) =
√
R2−x2 définie sur [−R, R].
Ainsi, on a
`(C) = ZR
−R
r
1 + x2
R2−x2dx=R ZR
−R
√ dx R2−x2
Le changement de variablesx=Rsint, donne alors
`(C) =R Z π/2
−π/2
Rcostdt
√
R2−R2sin2t =R Zπ/2
−π/2
dt=πR Ainsi, le périmètre d’un cercle entier de rayonRvaut 2πR.
Dans le cas des courbesCparamétrées par (x(t), y(t)/ t∈[a, b]) avecx, ydes fonions de classeC1, on montre avec les mêmes arguments que
`(C) = Zb
a
q
x0(t)2+y0(t)2dt
Intégrale double et curviligne
. Intégrale double
.. Introduion
Définitions.—a) Un pavé deR2eune partie de la forme P = [a, b]×[c, d]
oùa≤betc≤ddésignent des réels. L’intérieur deP ela partie
◦
P=]a, b[×]c, d[. La mesure (de Riemmann) ou aire deP epar définition le réel
µ(P) = (b−a)(d−c)≥0
b) Une partieD⊂R2edite pavable s’il exie une famille finie de pavésP = (P1,· · ·, Pn), appelée pavage de D, telle que
D= [
1≤i≤n
Pi
et telle que, pour touti,j,
◦
Pi∩
◦
Pj=∅. Le pas du pavage ealors π(P) = sup
i=1,···,n
µ(Pi)
On montre que, quel que soit le pavageP = (P1,· · ·, Pn)deD, le réelµ(D) =Pn
i=1µ(Pi)econant. C’e la mesure ou l’aire deD.
c) Une partieΩ⊂R2edite quarrable si, pour toutε >0, il exie deux parties pavablesD1, D2⊂R2telles queD1⊂Ω⊂D2etµ(D2)−µ(D1)< ε.
On montre alors que si(Din)n et(Djn)ndésignent deux suites de parties pavables deR2telles que, pour toutn≥0,Din ⊂Ω⊂Djn etlimn(µ(Din)−µ(Djn)) = 0, alors il exie un réelµ(Ω)(indépendant du choix des suites(Din)n et(Djn)n vérifiants ces conditions) tel quelimnµ(Din) = limnµ(Djn) =µ(Ω). Le réelµ(Ω) eappelé la mesure ou l’aire deΩ.
Définitions.—SoientD⊂R2une partie pavable etf :D−→Rune application. SiP1,· · ·, Pndésigne un pavage deDetξ1,· · ·, ξndésignent des éléments deR2vérifiant que pour touti= 1,· · ·, n, on aξi∈Pi alors la donnée(P , ξ) = (P1,· · ·, Pn, ξn,· · ·, ξn)s’appelle un pavage pointé deD. La somme de Riemann sur(P , ξ) associée à la fonionf e, par définition, le réel
R(P ,ξ)(f) = Xn
i=1
µ(Pi)f(ξi)
Définition.—SoientΩ⊂R2 une partie quarrable etf :Ω−→R une application. On dit quef e intégrable (au sens de Riemann) surDs’il exie un réelItel que pour toutε >0il exieα >0tel que pour toute partie pavableD⊂Ωet tout pavage pointé(P , ξ)deDon ait
µ(Ω)−µ(D)< αetπ(P)< α=⇒
R(P ,ξ)(f)−I < ε Le réelI ealors noté
ZZ
Ω
f(x, y)dxdyet appelé intégrale double def surΩ.
On voit donc qu’à l’inar de l’intégrale simple et des aires, l’intégrale double mesure le volume algébrique de la partie de l’espaceR3délimité par la partieΩet les valeurs de la fonionf sur cette partie.
Théorème.—Toute fonion continue sur une partie quarrable eintégrable.
.. Propriétés
En utilisant les sommes de Riemann on montre que l’intégrale double vérifie les mêmes notions fondamentales que pour l’intégrale simple :
Proposition.—SoientΩ⊂R2une partie quarrable,f , g:Ω−→R deux fonions intégrables,λ∈R, Ω1,Ω2⊂Ωdeux parties quarrables telles queΩ1∪Ω2=Ωet
◦
Ω1∩
◦
Ω2=∅. On a (P1)
ZZ
Ω
λdxdy=λµ(Ω). En particulier, ZZ
Ω
dxdy=µ(Ω) = Aire(Ω).
(P2) ZZ
Ω
f(x, y)dxdy= ZZ
Ω1
f(x, y)dxdy+ ZZ
Ω2
f(x, y)dxdy(Relation de Chasles).
(P3) ZZ
Ω
(λf +g)(x, y)dxdy=λ ZZ
Ω
f(x, y)dxdy+ ZZ
Ω
g(x, y)dxdy (P4)Sif ≤gsurΩalors,
ZZ
Ω
f(x, y)dxdy≤ ZZ
Ω
g(x, y)dxdy.
.. Théorème de Fubini
Théorème-Définition.—SoitD⊂R2. S’il exie deux applications continuesϕ, ψ: [a, b]−→R(resp.
ϕ, ψ: [c, d]−→Rtelles que
D=n
(x, y)∈R2/ a≤x≤b, ϕ(x)≤y≤ψ(x)o resp. D=n
(x, y)∈R2/ c≤y≤d, ϕ(y)≤x≤ψ(y)o alorsDequarrable. Une telle partieDealors dite "continûment paramétrable".
Exemples.—/ Pavé.
/ Triangle.
/ Interseion de deux cercles.
Théorème.—(Fubini)Avec les notations du théorème, sif :D−→Rdésigne une application con- tinue alors
ZZ
D
f(x, y)dxdy= Z b
a
Zψ(x)
ϕ(x)
f(x, y)dy
dx
resp.
ZZ
D
f(x, y)dxdy= Z d
c
Z ψ(y)
ϕ(y)
f(x, y)dx
dy
Corollaire.—SiD= [a, b]×[c, d]désigne un pavé alors, pour tout application continuef :D−→R, on a
ZZ
D
f(x, y)dxdy = Z b
a
Zd
c
f(x, y)dydx
= Z d
c
Zb a
f(x, y)dxdy
En particulier, sif(x, y) =F(x)G(y)oùF: [a, b]−→RetG: [c, d]−→Rsont des applications continues, alors
ZZ
D
f(x, y)dxdy= Zb
a
F(x)dx.
Zd c
G(y)dy Exemples.—/ZZ
D
(x2+y2)dxdyoùDdésigne le domaine de l’exemple-.
/ Calcul de l’aire du domaineDde l’exemple-.
/ Volume d’une pyramide.
.. Changement de variables
Définitions.—SoientD, D0 ⊂R2 deux ouverts. On appelleC1-difféomorphisme deD0 versD, toute application bijeive θ : (u, v)7−→(h(u, v), k(u, v))deD0 versD telle que θ et θ−1 possèdent des dérivées partielles continues.
La matrice jacobienne deθau point(u0, v0)∈D0ealors la matrice
∂h
∂u(u0, v0) ∂h
∂v(u0, v0)
∂k
∂u(u0, v0) ∂k
∂v(u0, v0)
et l’on appelle jacobienθau point(u0, v0)∈D0 le déterminantJθ(u0, v0)de cette matrice (i.e. Jθ(u0, v0) =
∂h
∂u(u0, v0).∂k
∂v(u0, v0)−∂h
∂v(u0, v0).∂k
∂u(u0, v0)).
Théorème.—(Changement de variables)SoientK un compaquarrable etΩdeR2tels queK⊂Ω.
Siθ:Ω−→R2 désigne une application de classeC1 telle queθ
|
◦
K soit unC1-difféomorphisme deK◦ sur θ(
◦
K), alors
/θ(K)eune partie quarrable.
/
ZZ
θ(K)
f(x, y)dxdy= ZZ
K
f ◦θ(u, v).|Jθ(u, v)|dudv
La formule du/ ela formule de changement de variables. Siθ(u, v) = (h(u, v), k(u, v)), compte- tenu du fait quef ◦θ(u, v) =f(h(u, v), k(u, v)), on dit généralement que l’on a opéré le changement de variables
( x=h(u, v) y=k(u, v) .
Applications .— / (Changement de variables en polaire). Il s’agit de l’application (ρ, θ) 7−→
(ρcosθ, ρsinθ). On a alors
J(ρ, θ) =
cosθ −ρsinθ sinθ ρcosθ
=ρ Exemples :a) Aire d’un cercle.
b) Calcul deI= ZZ
D
(x+y)2
x2+y2+ 2dxdyoùD=n
(x, y)∈R2/ x2+y2≤1o .
/ (Aire d’un seeur curviligne). On considère une application continuef : [θ1, θ2]−→R+où 0≤ θ1≤θ2et
D0=n
(ρ, θ)∈R2/ θ1≤θ≤θ2,0≤r≤f(θ)o
Leseeur curviligneDdéfini par l’applicationf epar définition l’image de la partieD0par l’application (ρ, θ)7−→(ρcosθ, ρsinθ). On a alors
Aire(D) = ZZ
D
dxdy= ZZ
D0
ρdρdθ= Zθ2
θ1
Z f(θ) 0
ρdρdθ=1 2
Zθ2 θ1
f(θ)2dθ Exemples :a) Aire d’un cercle.
b) Aire d’une spirale logarithmiquef(θ) =eθ.
/ (Volume d’une surface de révolution). On considère le seeur curviligneDdéfini par une applica- tionf : [0,2π]−→R+et∆le domaine délimité par les segments d’extrémités un pointA(0,0, h) fixé et les points du bord deD. On voit que
∆=n
(x, y, z)∈R3/(x, y)∈D,0≤z≤F(x, y)o
oùFvérifie, pour tous (ρ, θ) tel que 0≤ρ≤f(θ),F(ρcosθ, ρsinθ) =hff(θ)(θ)−ρ. Ainsi, en effeuant un changement de variables en polaire, on a
V olume(∆) = ZZ
D
F(x, y)dxdy= Z2π
0
Z f(θ) 0
F(ρcosθ, ρsinθ).ρdρdθ= Z 2π
0
Zf(θ) 0
hf(θ)−ρ f(θ) ρdρdθ
= Z2π
0
h f(θ)
Zf(θ) 0
(f(θ)ρ−ρ2)dρdθ= Z2π
0
h f(θ)
"
f(θ)ρ2 2 −ρ3
3
#f(θ) 0
dθ= Z2π
0
h f(θ)
f(θ)3 6 dθ
= h
3 1 2
Z2π 0
f(θ)2dθ
!
=h.Aire(D) 3
. Intégrale curviligne
.. Définitions, propriétés
On rapporte le plan euclidienP à une base orthonormée diree (→− i ,→−
j).
Définitions.—Un chemin deP eune application veorielleγ: [a, b]−→P que l’on supposera le plus souvent implicitement de classeC1, autrement dit, si pourt∈[a, b]donné on poseγ(t) =x(t)→−
i +y(t)→− j, les fonionsx, y: [a, b]−→Rseront supposées de classeC1.
Lorsqueγvérifieγ(a) =γ(b), on dit queγeun "lacet".
L’imageC=γ([a, b])⊂P eappelée "courbe géométrique" associée au cheminγ. Les fonions(x(t), y(t)) sont alors une paramétrisation deC.
Siγ: [a, b]−→P eun chemin, le chemin opposéγo : [a, b]−→P edéfini, pourt∈[a, b], parγo(t) = γ(a+b−t).
Siγ1 : [a, b]−→P et γ2 : [b, c]−→P sont deux chemins vérifiantγ1(b) =γ2(b), le "recollement" des cheminsγ1etγ2ele cheminγ1∨γ2: [a, c]−→P défini, pourt∈[a, b], parγ1∨γ2(t) =γ1(t)et, pour t∈[b, c],γ1∨γ2(t) =γ2(t).
Définitions.—Un champ de veeurs eune application continue→−
F :Ω−→P oùΩdésigne un ouvert deR2. Ainsi, si l’on pose pour(x, y)∈Ω,→−
F(x, y) =P(x, y)→−
i +Q(x, y)→−
j , les applicationsP , Q:Ω−→Rsont continues. Le champ→−
F sera dit différentiable si les applicationsP etQle sont (e.g. P etQont des dérivées partielles continues).
La notationP(x, y)dx+Q(x, y)dys’appelle "la forme différentielle" associée à→− F.
Définitions.—Soient→−
F :Ω−→P un champ de veeurs et γ: [a, b]−→Ωun chemin (i.e. γ(t) = (x(t), y(t))∈Ωpour toutt∈[a, b]). SiP(x, y)dx+Q(x, y)dydésigne la forme différentielle associée à→−
F, on appelle "intégrale curviligne" du champ→−
F le long du cheminγ, l’intégrale simple Z
γ
P(x, y)dx+Q(x, y)dy= Zb
a
P(x(t), y(t))x0(t) +Q(x(t), y(t))y0(t) dt
Proposition.—SoientP(x, y)dx+Q(x, y)dy une forme différentielle sur un ouvertΩetγ, γ1, γ2 trois chemins à valeurs dansΩtels queγ1∨γ2exie. On a
Z
γo
P(x, y)dx+Q(x, y)dy=− Z
γ
P(x, y)dx+Q(x, y)dy
et Z
γ1∨γ2
P(x, y)dx+Q(x, y)dy= Z
γ1
P(x, y)dx+Q(x, y)dy+ Z
γ2
P(x, y)dx+Q(x, y)dy
Interprétation physique :Si→−
F représente un champ de forces et −→ dl =dx→−
i +dy→−
j représente un dé- placement infinitésimal élémentaire, le produit scalaire→−
F .−→
dl vaut doncP dx+Qdyet ainsi l’intégrale curviligne
Z
γ
P(x, y)dx+Q(x, y)dyreprésente le travail effeué par la force→−
F le long du cheminγ.
Par exemple, considérons le champ de forces→−
F(x, y) =−y→− i +x→−
j. On calcule le travail de ce champ de force sur les cheminγ1:y=xetγ2:y=x2pourx∈[0,1].
.. Indépendance des chemins
Définitions.—On dit d’un champ de veeur différentiable→−
F =P(x, y)→−
i +Q(x, y)→−
j qu’il dérive d’un potentiel, s’il exie une applicationf : (x, y)7−→f(x, y)de classeC2 telle quegrad(f) =→−
F (i.e. ∂f∂x =P et
∂f
∂y =Q).
Exemple:→−
F(x, y) =yx2→−
i + 2ylogx→− j (x >0).
Théorème.—Un champ de veeur différentiable→−
F =P(x, y)→−
i +Q(x, y)→−
j dérive d’un potentiel si et seulement la forme différentielleP(x, y)dx+Q(x, y)dyefermée (i.e. ∂P∂y =∂Q∂x).
Théorème.—Si un champ de veeur différentiable→−
F =P(x, y)→−
i +Q(x, y)→−
j dérive d’un potentielf alors, pour tout cheminγde classeC1d’origineAet d’extrémitéB, on a
Z
γ
P(x, y)dx+Q(x, y)dy=f(B)−f(A)
En particulier, si de plusγeun lacet alors Z
γ
P(x, y)dx+Q(x, y)dy= 0.
.. Théorème de Green-Riemann
Pour un domaineD⊂R2continûment paramétrable, on notera∂+Dune paramétrisation injeive du "bord" deDqui "tourne" dans le sens trigonométrique dire. Par exemple, siD={(x, y)∈R2/ x2+ y2≤R}désigne le disque de centre (0,0) et de rayonR >0 alors le bord deD(qui ele cercle associé) peut-être paramétré par∂+D(t) = (Rcost, Rsint) avect∈[0,2π].
Théorème.—(Green-Riemann)SoientD⊂R2un domaine continûment paramétrable etP , Q:D−→R deux applications de classeC1. On a
Z
∂+D
P(x, y)dx+Q(x, y)dy= ZZ
D
∂Q
∂x(x, y)−∂P
∂y(x, y)
! dxdy
Exemple :Calcul deR
∂+D(x2−y)dx+ (x+y)dyoùD= [−1,1]×[−2,2].
Corollaire.—SiD⊂R2eun domaine continûment paramétrable, alors Aire(D) =
Z
∂+D
xdy= Z
∂+D
−ydx
Exemple : (Aire d’une ellipse) On considère la région du plan délimitée par l’ellipseE d’équation
x2
a2+yb22 = 1.