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ÉCLAIRS. HISTOIRE CONTEMPORAINE. 29 septembre 1 8:'. a. du Prince. Le Château de Chambord. Diorama. La Chapelle de Rosny.

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Texte intégral

(1)

29 septembre

18:'.a.

ÉCLAIRS.

Le journal

la

Foudre. — Véritable opinion publique.

— Tableau

historique.

— Le Duc de Bordeaux

9

âgé de 22

ans.

— Départ pour

l'armée.

— Le Citant

des

Lanciers. — Les Premières amours du Prince. — Le Château de Chambord. — Dio- rama. — La Chapelle de Rosny. — Biographie

royaliste.

— Le Duc de Reggio. — Les Congrès

r

t réunis.

— Épitaphe de

l'abbé

de Pradt. — Séance de i Académie. — Mêlantes. — Le neveu du Bé-

quillardy la

Garde royale

, la

Fête

militaire, les

vieux Pécheurs

convertis, le

Bénitier,

le

Suisse de

l'hôtel, la

Foire de Guibray.—T

héâtres.

Lithographies. — Annonce.

HISTOIRE CONTEMPORAINE.

LE

29

SEPTEMBRE

1842, ANNIVERSAIRE DU 2g SEPTEMBRE l820.

TABLEAU HISTORIQUE.

Quoi! nous

toucherions

au

vingt-deuxième anniver- saire delanaissance decetenfant

du

miracle , héritier de plus

de

soixante rois?

Ne

serait-ce

qu'un songe?

ne

55

(2)

(

374

)

serait-ce

qu'une

vision,

ou

bien

une

deces fictionsqui

nous

touchent autant

que

la vérité

même?

C'est plus, c'est la prévision de l'avenir de la France.

Oui!

elle fleurit etfleurira, tranquilleet

heureuse,

souslesceptre

du

Nestor des

monarques

,s'appuyant surle célestereje- ton qu'à pareiljour lui

envoya

le dieu de Clovis

pour

raffermissement

de

la

monarchie.

Retracerons-nous

l'héroïsme

de

cette

veuve- mère,

pleined'élanssublimes, qui fit(l'univers lesait!) l'ad- miration

du

peuple et de l'armée,

accourus pour

saluer l'espérance de la patrie? Rappellerons-nous et cesfré-

missemens

de joieetces palpitations des

cœurs

français, alors

que

les détonations répétées de l'airain solennel

ne

laissèrentplus

aucun

doute sur la royale naissance

de

l'élu de

Dieu

Qui de Davidéteintrallumaitle flambeau?

Nous vîmes, en

ce jour, les conspirateurs pâlir

à

l'aspect

du berceau que

lesbraves vinrent consacrer

par

des

sermens d'amour

et de fidélité.

Toutes

les factions, tousles partis

semblèrent

fléchir

aux

volontés d'en

haut,

et l'enthousiasme confondit tous les

cœurs dans

les

mêmes

transports.

Avec

quelles délices

nous contem- plâmes

toute cette Famille auguste, toute cette race royale, contrelaquellen'ont

pu

prévaloir nilesattentats, ni les épreuves de l'adversité, ni l'ange

même de

la

mort

!

Quel

souvenir

touchant que

celui d'un si

beau

jour ,

nos acclamations se confondirent avec

nos hommages!

Et

c'est

pour

te célébrer,

époque

heureuse,

que nous

ressaisissonslescrayons destinés alors à l'histoire età la critique de nos troubles.

Nous

étions plusieurs, réunis

dans

les

mêmes

pensées,

dans

les

mêmes sentimens,

et décidésà toujours

combattre

lesdoctrines factieuses,les opinions perverses et les

complots

parricides.

Nous

per-

(3)

(

375

)

estons

et

ne changerons

jamais :

Semper ubiquè

fidèles,

toujours et partout fidèles.

Récapitulons d'abord tout ce

que nous avons vu, nous

dirons ensuite ce

que nous voyons

après

un

laps de 22 ans.

Commençons

parlesdestinéesqu'a

éprouvées

notre belleFrance. Depuis quatorzesiècles elleavaitdesrois

dont

laforce n'apoint créélesceptre.

Nos

troisracesfurent es- sentiellementlibératrices.

Uérovée

,

dans

les plaines

de Chàlons,

délivrala

France

des

Huns

et d'Attila. Clovis,à Tolbiac, ladélivra des

Allemands.

Si larace de Charles- Martels'élèveensuite àlaplace decellede

Mérovée,

c'est après

nous

avoirpréservé des Sarrazins.

La maison Ca-

pétienne,

elle-même, ne

s'éleva à la placede cellede Charles-Martel qu'après

nous

avoiraffranchis des

Nor- mands.

Il était

dans

les décrets de la providence

que

cette race auguste

nous

délivrât des barbares d'un autre genre.

La France monarchie

fut

long-temps menacée par

Vhérésie

armée;

elle lefut de nos jourspar Y

athéisme armé,

qui entraînale

renversement du

trône des

Bour-

bons. Alors

commença

ce qu'on appelle ta

Révolution française

,sourced'instruction

pour

les

hommes

de tous lesétats, école de politique

pour

les princes destinés à régner.

La

révolution, féconde

en événemens imprévus,

sefrayant

un

passage à travers toutes les constitutions politiques,

sema

laguerre

dans

toutes lesparties

du monde.

Ses fauteurs,

pour

dernier essai, fondent le pouvoir militaire leplus puissantquiaitjamais

paru

souslesoleil:

il s'écroule toutefois

devant

lalégitimité désarmée.

La

monarchie de

Saint-Louisreparaît avecsaprobité etses loispaternelles, avecsa

modération

etsa clémence. Aus- sitôt lessectesde Y

athéisme armé,

qui avaient survécu', se révoltentde

nouveau

contre l'ordre social rétabli par l'Europe

monarchique.

Vaincus, les révolutionnaires conspirent encore, et, trouvant desappuis

dans

le

pou-

voir

même,

ilsouvrent l'année 1820 avec

un

pian vaste

(4)

(

376

)

desubversiongénérale.

Un

horrible attentatqui indigne la nation, les laisse désormais livrésà

eux-mêmes. Ce

fut alors

que

la naissance del'enfant céleste vint

changer

tantd'amères larmes

en

pleursdejoie. L'allégresse

péné-

tra jusque

dans

les

chaumières

: elle rayonnait sur le front del'artisan et

du pauvre,

tantles Français

de

tous les rangs,

de

tous les états, trouvent desécurité

dans

la conservation delaDynastielégitime. Elle seule

peut

fer-

mer aux

ambitions effrénées

que

larévolution enfanta, la sanglante arène

de

l'usurpation.

La

suitelefitbien voir,

quand une

poignée desoldats,

mise

en actionparles

con-

jurés

de

la révolte générale, subjuguèrent

Madrid

et les Espagnes, Naples etlePortugal.

Turin même,

qui bénit laracepatriarchale deses rois, fut aussi entraîné. L'a-

larme

se répandit

dans

le reste

de

l'Europe, partagée entre

une

confédération

de

rois,sous le

nom de

Sainte- Alliance, et

une

liguedefactieuxde tous lespays. L'Ita- lie leur fut arrachée,ilestvrai, parla forcedes armes.

Malheureusement

laSainte - Alliance

abusée

leurlaissa l'Espagne.

Là,

tenant leurroi captif, lesbrigands re- nouvelèrent toutes les horreurs

de

notre révolution

,

massacrant

les royalistes, dévastant les provinces

en

proie

aux

ravages de la guerre civile,

bravant

et la Sainte-Allianceet lesfoudresdeses décrets. Lesrois s'a- perçurenttroptard, parlesobstacles

que

suscitèrent les détours

d'une

insidieuse politique,

de

l'extrêmedifficulté d'affermirl'ordre social. L'anarchie des idées seprolon- geait

par

l'emploi despalliatifs.

Le mal

devint grave , et toutelasociété

européenne

serait

tombée en

dissolution, si,

par un

adroit

mélange

de fermetéet

de prudence, de

sévérité et

de

miséricorde,

on

n'eûtfaitrentrer

dans

l'or- dre la péninsule et tous les pays révolutionnés.

En

dé- pit des conspirateursrégicides, lesystème

monarchique

prévalut à

compter du

congrès de Vérone.

Une

nouvelle ère

commence

alors.

Il

y

eut encore, depuis,des levains d'agitation et

(5)

(

377

)

de trouble, des tentatives

même pour remuer

la

France,

l'Espagneetl'Italie;

mais

la

France,

paisible et prospère, se refusait

constamment

à rentrer en ré- volution. Tel était le fruit de la haute sagesse

du

vé- nérable

monarque

qui est à-la-fois notre roi et notre père,

La

Providence,d'ailleurs, yavaitpourvu.

Ce

n'était pas

pour abandonner

le

royaume

de Saiut-Louis,qu'elle avait fait naître l'enfant précieux ,

devenu

l'idole des Français.

On

voyait,

d'année en année,

le rejeton royalgrandir et sefortifier à l'ombre

d'une

protection toute céleste. Il était visible

que Dieu

le destinait

à

devenir le soutien d'un

royaume

dont il était l'espé- rance. Tel

que

son aïeul

Henri IV

à son âge, il allait et venait , rivalisant d'adresse et

d'audace

avec les jeunes

compagnons de

sesjeux.

Son

esprit, susceptible d'application, se développait, s'enrichissait de connais- sances aussi utiles qu'agréables.

De même que

son il- lustre aïeul, le jeune

duc

de

Borbeaux

lut avecavidité les

Vies

de

Ptutarque,

livre propre à élever l'âme et les qualités d'un prince

que

la

Providence

appelle àrégner sur les Français.

Comme Henri IV

, il étudia ettraduisitde

bonne heure

les

Commentaires de

César.

Enfin, suivant les tracesde ce

grand

prince,

on

levit

monter

sur

un

cheval de bataille à 14 ans, et faire ses premières armes.

Quel

jour

mémorable que

celui

son auguste

mère

entra

dans

le

camp

des royalistes en

prononçant

ces

mots

: «Voilà,

mes amis

, le

nou-

»

veau

chef

que Dieu

et le Roivous

donnent!

»

Tous

les braves volaient

au-devant

de leur prince chéri.

On

le rencontrait partout à cheval,

s'accoutumant

à la vie

dure

des

camps

,

aux

rudes traverses,

montrant de

bonne heure un

caractère de franchise et d'énergie, et cette fleur de chevalerie née

dans

les siècles des

Dunois

, des

La

Trimouille, des

Montmorency

et des Bayard.

(6)

(

5j*

)

Cependant, quoique

l'Europefût assez

généralement

paisible, grâce à l'accord des rois et à leurs congrès salutaires,

on

savait qu'elleétait

encore

infestée par les restes des sociétés secrètes dévoilées en 1822, Vers 1841 elles

recommencèrent

leurs

menées

conspiratrices.

La France

et l'Espagne étaient les

deux

principaux foyers quirecelaientlesmobiles del'action révolutionnaire.

Une

sorte

de

mal-aise et d'inquiétude se fit sentir

pendant

les

années

1841 et 1842.

Tout-à-coup

(

nous

louchions à la

mi-septembre

), des bruits sinistres percent le voile des

événemens

qui se préparaient.

Une

révolte éclate contre lalégitimité.Les rebelles, en force,

me- nacent

tout le

pays,

depuis les Pyrénées jusqu'à la Loire. C'est

une

dernièretentative

du

désespoir faite

par

le

démon

des révolutions.

Arborant

les couleurs

enne- mies

et

marchant

en bataillons, lesrebelles

sèment

par- tout le trouble, l'inquiétude et l'effroi.

Mais

le

gou- vernement

veillait, les

mesures

étaient prises, et les troupes royales

en marche. Le

prince,qui était le point de

mire

des conspirateurs, parut

dans

les rangs des sol- dats fidèles. Il passa des revues. inspecta et fit

ma- nœuvrer

les réserves. Il avait le regard fier, la

mine

assurée, présages

de

lavictoire. Lesroyalisteslesaluaient

par

leurs acclamations et se rangeaient autour de son

panache

blanc.

On

touchait à

une

crise, et tous les esprits étaient

dans

l'attente. Les

uns annonçaient que

le prince venait de partir

pour

l'armée

formée

sur la Loire;d'autresassuraientqu'ilattendait

une

plus

grande réunion

de troupes.

Enfin , aujourd'hui, 29

septembre

, leJournal officiel lève toutes les incertitudes; voici ce

que

tout Paris lit

avec

avidité : «

Le duc

de

Bordeaux,

lieutenant-général

»

de

S.

M.

Louis

XVIII

, est parti hier, aprèsla revue,

»

pour

aller

prendre

le

commandement

de l'arméeroyale

* rassemblée à

Tours;

il

marche

contreles rebelles, qui

(7)

(

^79

)

»

ne

trouvent

dans

l'intérieur

aucun

appui. Poitiers leur

» a

fermé

sesportes, et

Saumur

,

lesmagistrats sont

» excellens , a refusé de parlementer avec leur avant-

» garde. Ils paraissent se diriger sur Tours.

On

s'attend

» aujourd'huià

une grande

bataille,

dont

le télégraphe

»

nous

mettra

au

fait.

Dans

ce cas, ily aura ce soir

un

» bulletin.

Vive

te

Roi!

»

«

La proclamation du duc

de

Bordeaux

àl'armée, da-

» tée

du

28

septembre,

est

conçue

ences termes:

» Soldatsroyalistes !

»

Le

Roi,

mon

seigneuretmaître,

m'ordonne

de venir

»

prendre

le

commandement

de l'armée des braves et a

de

livrer bataille

aux

rebelles.

Ce ne

sont point des

» Français;c'est

un ramas

de brigands de tous lespays,

» restes

impurs

deces parricidesquiassassinent lesrois,

» dépouillent les propriétaires, renversent les autels,

» traînent partout l'anarchie et la mort. Ilsonttué

mon

» père.

Vous

connaissez leur doctrine perverse; ils

ne

» respirent

que

haineet hostilités. Ilsveulentlaguerre;

»

eh

bien ! faisons-leurlaguerre, à ces

ennemis

impia- cables de notre

miraculeuse

restauration. L'aspect des

»

panaches

blancsetdes

drapeaux

blancs vales frapper

» devertige. J'entendsla voixde

Dieu

qui

me

dit : Sois

»

ferme

et fort, je suis avec toi; l'autorité royale doit

» être invincible.

Eh

bien! avec l'aide de

Dieu

,

mar-

»

chous etnous

vaincrons.Français!suivez

mon panache

» et regardez le

bout

de

ma

lance.

Mourir ou vain-

» cre! tel est notrecri deralliement....

Vive France

!

»

Vive

te

Roi àjamais

!»

t

Post-scriptum. Le

télégraphe transmetàl'instant la

» nouvelle d'une batailleetd'une victoirecomplète,

rem-

» portée le 29

septembre dans

lesplaines de Tours. Les

» rebelles, prisenflanc, ontétédéfaits

au premier

choc.

» Tel

que

son aïeul

Henri IV

, le

duc

de

Bordeaux

,

» aprèsavoir

prononcé

àlatêtedes troupes

une harangue

(8)

( 5'6o )

» éloquente, sYst élancé le

premier

à la lèle des esca-

o drons', et par la vivacité

de

son attaque ila

décon-

» certé les traîtres.

Ce

prince des braves

montre en

»

même temps

toute sa

magnanimité.

II fait soigner les

» blessés,

accorde merci

àtous

ceux

qui

mettent

basles

»

armes,

et

ne

faitpunir

que

leschefsdelàrévolte.

Vive

»

France

!

Vive Louis XVIII

!

Vive

le

duc de Bor-

» deaxix! quiaffermità jamais la

monarchie.

»

A. de Beatjchamp.

LITTÉRATURE.

ACADÉMIE FRANÇAISE.

Séance publique du

27

septembre

1842.

J'ai cinquante ans passés, et depuis pins de trente j'ai apporté

une

attention toute particulière

aux

travaux et

aux

séances

académiques

: persuadé, d'aprèsl'ingé- nieuse et

profonde pensée de

notre

grand

publiciste,

que

lalittérature,étant l'expression

de

iasociété, l'A-

cadémie

qu'on

peut,

je crois, considérer

comme

l'ex- pression de la littérature, devait offrir à l'observateur

comme un monde

enminiature, digne, sous ce rapport, de sesplussérieusesméditations.

En conséquence

, tandis

qu'une

foule

moqueuse

acca- blait

d'épigrammes

les

membres

de cette

compagnie,

se riant dela futilité

de

leurs vers

ou

de la stérilité

de

leur prose,

moi,

j'écoutais, je lisais, j'examinaisscrupuleuse-

ment

et leurprose etleurs vers,

non

pas

que

jecrusse, plus

qu'un

autre, y découvrir

du

génieetdel'espritpro-

prement

dit;

mais

certain d'y voir

au moins

legénie

du

siècle et l'esprit

du

jour.

Souvent même,

les

noms

seulsdes candidats

aux

placesvacantes,et surtout

ceux

desélus,

m'en apprenaient

plus surl'étatde lasociété

en France, que

n'auraient

pu

fairetouslesdiscoursde nos penseurs et

même

tous lesfeuilletonsde

nos

journalistes.

C'estainsi

que

, voyant, il y atrente ans,

une bande

(9)

' 5$i

)

derégicides,envahissantlesfauteuils

académiques,

con- sacrer

aux

lettresla

plume

qui avait signé l'arrêtde

mort d'un

Roi. et saisir lalyredes

Muses

dela

même main

qui avaitconduit le1er des bourreaux, ce seul scandale eût suffi

pour m

'apprendre quelle société

exprimaient

des

hommes

qui avaient choisi i'échafaud de leurs princes

pour

Hélicon,et le

sang

deleur frères

pour

Hippocrène.

Et

quand

l'exécrableauteur des plus sales

blasphèmes

souilla de son

nom infâme

les registresde l'Académie,

je

compris que

lareligion exilée s'étaitenfuie

au

ciel, et

que Satan

était

exprimé

sur la terre.

Et

quand

, plustard

,j'ai vules

hommes

de

boue

succé- der

aux hommes

de

sang

, et lesflatteurs d'un tyran

aux

égorgeurs d'un roi, j'ai jugé

que

la bassesse devait être le caractère

dominant dans

le

monde,

puisqu'elle avait son

expression

littéraire

comme

l'atrocité avait eu la

sienne; et cela, parsuite de cetteloi naturelle, qui veut

que, dans

le corpssocial,de

même que

danslecorps

hu- main

,la

gangrène succède

à l'inflammationetl'abrutis-

sement

à lafureur.

Et

quand, en remplacement

des flatteurs

du

tyran, j'ai

vu

arriverà

l'Académie

lesflatteursdesflatteurs, c'est- à-dire lesniais aprèslesplats , les

hommes

derien après les

hommes

de

peu

,en

un mot

les écrivassierssans

nom

aprèsles écrivainssans

renom;

alors,

comprenant qu'une

sociétési

platement exprimée ne

pouvait pas

tomber

plus bas, j'ai jugéqu'il fallaitqu'ellefûtdétruite

ou

régénérée.

Et

en effet,

quand

j'ai

vu

rayer

du nombre

des aca-

démiciens

, et

ceux

qui avaient

condamné

et assassiné leur roi,et

ceux

qui, faute de

mieux,

n'avaient

pu que

l'insulter etletrahir, cela

m'a semblé

d'un

bon augure,

et j'ai pensé

que

la sociétéallait repousser à jamais les honteuses doctrines

dont

l'Académie venaitde répudier leshonteuses expressions.

Cependant, quand,

les

années

suivantes, j'ai

vu

ses

(10)

( 382 )

portes s'entr'ouvrirsans bruit

pour

laisser s'y glisserfur- tivement tel candidat, qui n'avaitd'autre titre

académi- que qu'un

gros recueil degrosses injurescontre le

grand

roi

fondateur de

-V

Académie, ou

telintrigantsubalterne,

favori d'un intrigant supérieur en faveur, j'ai conclu, de cette expression basse,loucheetplate,delasociété,

que

ses

ennemis, ne pouvant

lareplonger

brusquemeut dans

l'abîme dont

un

miraclel'avait tirée, travaillaient à l'y

ramener

par

une

voie oblique,

que

l'on a

nommée dans

le

temps détour

ministériel.

Mais quand,

àl'époque de l'heureuse

naissance

, qui fut aussil'époque de la renaissance desbelles et

bonnes

lettres,j'ai

vu

successivement les expressions

monar-

chiques

de

lasociété devenir

en même temps

sesexpres- sionslittéraires;

quand

j'ai

vu, dans

l'espace

de

dix-huit ans,

Mgr

de Fraissinous

succédera M.

de Richelieu,

M.

de

Maccarly

à31.

Bigot-Préameneu

,

Mgr

de

Boulogne

à

M.

de Lally,

M.

l'abbé de la

Mennais

à

M.

l'abbé de

Montes- quiou

,

M.

l'abbé Fayet à

M.

Lacretelle

aîné

,

M. de

Saint-Victor à

M.

le

Montey

,

M.

Charles Nodierà

M. Du-

val,

M. Ancelotà M. Jouy, M.

de la Martine à

M,

Ai-

gnan, M.

de

Marchangy

à

M. Népomucène Lemercier

,

M. Edmond Géraud

à

M.

François,

natif de Neuchà-

teau, etenfin

M.

Martainville à M. Villemaiu, alorsj'ai senti

que

la

France recommençait une

ère de

bonheur,

et

l'Académie une

ère degloire.

La

séance d'hier a

confirmé

cette

double

espérance;

jamais spectacle plus

imposant

n'avait été

promis aux

amateurs

des lettres.

La

remise solennelle

du

prixex- traordinairefondé en i834 par

Monseigneur

le

Duc

de

Bordeaux,

qui sait protéger les arts dela paixautant qu'il

honore

l'artde la guerre, devait êtreprécédée de l'inaugurationdela statuedel'illustre

comte

de Maistre, dontl'Académie, par

une

faveur singulière, avouluins- crirele

nom dans

ses fastes,

pour

seconsoler de

ne

l'avoir

(11)

(

385

)

pis

compté

vivant

au nombre

de ses

membres.

C'est,en effet,

au commencement

de laséance

que

ledigne

ami

de ce

grand homme

,

M.

de

Bonald,

a

rendu

àsa

mémoire un

noble

hommage,

après lequel

M.

le cardinal de

Baus-

set,

au nom

del'Académie, est allédécouvrir lastatue,

au

bas delaquelle

on

a luavec plaisir ce vers quilui est si applicable:

Rien ne

manque

à sagloire , il manquaità la nuire.

Des applaudissemens unanimes

ont salué celte nouvelle

conquête

delaFrance.

Le

secrétaire perpétuel a ensuite

donné

lecture

de

la pièce couronnée.

Le

sujetindiqué par

Monseigneur

le

Duc

de

Bordeaux

lui -

même

était : ia

Religion

, considérée

comm

e

Vunique source

des

grandes

pensées etdes

gran-

des actions.

M.

Victor

Hugo

s'est

montré

digne detrai- ter

un

si

beau

sujet,et a

couronné

,

dans

cette circons- tance, lesbrillantesespérances

que

sontalentnousavait faitconcevoirily adix-huit ans.

La

pièceest

terminée

par

un

éloge délicat

du

Prince , qu'il

nous montre

conduità lagloirepar lareligion, et étant

lui-même

la

preuve

vi- vante de la vérité

développée dans

tout l'ouvrage. Les

murmures

les plus flatteurs ont

accompagné

l'auteur ,

quand

ilest allé recevoir

une couronne

sibien méritée;

et

un

public

vraiment françaislui

a

prouvé

qu'ilsavait appréciercette production, digne d'une

Académie vrai- ment

française.

On

a lu ensuite des stances de

M.

de la Martine, intitulées la

Mère d'un

Héros.

Tous

les

yeux

se sont portés vers latribune de la

mère

de notre

Henri

;

mais

elles'était retirée en

entendant

l'annonce de son éloge.

La

séance a été

terminée

parlalecture d'un

fragment

d'un

nouvel ouvrage

politique de

M.

le

duc

de

Chateau-

briand, dédié à

Monseigneur

le

Duc

deBordeaux. Il est intitulé: (a

Charte

scion ia

monarchie.

Si l'onen peut

(12)

(

384)

jugerpar

un morceau

détaché, et quia été trouvé trop court, l'ouvragesera lechef-d'œuvre de ce célèbre écri- vain :il aétécouver! d'applaudissemens.

On

s'estséparé

aux

cris de

vive

le

Roi

!

vivent

les

Bourbons

!

vive Monseigneur

le

Duc de Bordeaux!....

Et

quand

j'ai

vu

et

entendu

tout cela, et

que

je l'ai

comparé

à ce

que

je voyaisetentendaisilya trente ans,

j'ai dit :

Puisque

ta littérature est l'expression

de

ta société, la société estsauvée! Etvive

donc

son sauveur!

vive

le

Duc de Bordeaux

!

Le comte O'Mahony.

POESIE.

LE DÉPART POUR L'ARMÉE.

DIALOGUE dramatique.

LA MÈRE ET LE FILS.

LE FILS.

O ma

mère! entends-tulescoursiersqui s'élancent?

Leclaironretentit... etnosguerrierss'avancent!.,..

Non,non,jamaislaharpedes concerts Et des chantsdu bonheurl'éclatanteharmonie N'apportaplusdecharmeen

mon âme

ravie, Quele son belliqueux qui vibredansles airs.

Adieu,

ma

mère!

LA. MÈRE.

Arrête! ôquej'aimeàt'entendre!

Quededouxsouvenirsetquedebiens perdus, Tavoix, testraits,toncœursigénéreux,sitendre,

Rappelle,hélasI àmessens éperdus.

Je veuxte suivre.

LE FILS.

Eh

bien!ornement de lafête

,

C'està toideparerlebeaujourqui s'apprête.

Vienst'offriràcepeuple heureux det'adorer.

Granddieu!detropd'amourpourrait-ilt'entourer1

A

tavue,ildira:Voilà lanoblemère Qui,jeune, àpeineveuve,aulitdeladouleur

,

(13)

Surleberceaudufils,prèsdutombeaudupère,

Mêlasoncri dejoieauxplaintesdu malheuri Lavoilà!...saluonssesvertus immortelles....

Le ciela pris pitiédeseslarmescruelles:

Elienepleure plus!etdocileà savoix, Etsoussesailesmaternelles, Sonenfantagrandipourle trùne desRois.

Viens!nosguerriersémus,entevoyant paraître,

Vont m'aimer davantageetnousbénir tous deux.

Moi,fierd'êtretonfils,etdevaincre aveceux, Bientôt,, danslescombats,je

me

feraiconnaître Digne detoi,

ma

mère,etde tous nos aïeux:

Pourguider des héros,ilfautl'êtresoi-même.

LA MÈRE.

A

ton père,

mon

fils,partavaleurquej'aime,

Pour

mon

repos, crainsdetropressembler.

Songe que

même

unevictoire

Surtesjours

me

feraittrembler....

Etc'estàpeinesitagloire Suffiraitpour

me

consoler.

Cependant, pars,

mon

fils:tavaillanceest sipure!

Etreaimédela Franceestun bonheursidoux1

Ilfautmourir pourelle,ellea veillepournous....

De mesmainsreçoistonarmure.

Du

soldat soislepèreetdu pauvrel'appui.

Prendscepanacheblanc,c'estcelui d'Henri quatre, LE FILS.

Je m'appelleHenri

comme

lui ,

Comme

luijesauraicombattre.

la mère(àpart.) Lefeudel'héroïsmeéclatedanssesyeux!

Ainsidisait Berry....

LE FILS.

Mon

pèreI

LA MÈRE.

PauvreCharle!...

LE FIL9.

Quedisait-il,

ma

mère? Ah!parle....

LA MÈRE.

O mon

fils!ildisait: «Berceau demesaïeux

(14)

(

386

)

»

O mon

pays,sicherà

mon

âmeattendrie!

» Jetepardonnenosdouleurs.,..

LE FILS.

O ma

mèrei pourquoifais-tucoulermespleurs?

la mèrecontinuant:

» Etsiquelque ennemimenace

ma

patrie....

» Malheuràl'ennemi1...

le fils.

Par

ma

lance!...malheur!....

LA MÈRE.

»Jesuisné pourrégner....

LE FILS.

Et pourvaincreàlaguerre.

LA MÈRE.

» Embrasse-moi,Caroline!....

mon

cœur

» Inspiré par l'amour d'uneépousesichère,

» Vaguider

mon

panache au chemin del'honneur!

» Jecours auverlaFrance!....

LE FILS.

Embrasse-moi,

ma

mère!....

Je parsi

LA MÈRE.

Charle!...

mon

fils!...j'aicru revoir ton père!...

C. Bérard.

MOEURS.

LA REVUE DU

28

SEPTEMBRE

1842.

Ducatavo turmas,etseseostendatinarmis.

Qu'il conduise les escadrons devant son aïeul? et qu'il semontreavecsesarmes.

Virgile.

Le

Béquillardétait

mon

oncle. C'était

un

vieuxbrave

homme

,

que

leslecteurs

de

laFoudre&e, rappellent peut- être.

En

1822 ilavait 70ans,et l'on trouvaitencore

dans

sesécrits, oubliés aujourd'hui,

une

chaleur

d'âme

et

une

originalité d'expressions qui

donnaient

assez bien le

change

sur sonâgeetsurseshabitudes :

on

allait

même

(15)

( 38; )

jusqu'à dire dans

quelques

salons

la

Foudre

avait déjà

beaucoup

de succès,

que mon pauvre

oncle avait 25ans, et qu'il étaitlieutenant de cavalerie....

Que

n'en

était-il ainsi ! Hélas! j'aurais

encore un

excellentparent, et nos

abonnés

des articles

que

les

miens

ne

remplaceront

jamais.

Septembre

, avecsa vingt-neuvième journée,

m'amène

des souvenirs

doux

et tristes à-la-ibis.

Le

29 est l'anni- versaire de lanaissance de notre Henri, et c'esten

môme

tems

l'époque de la

mort

de ce vieiloncle

que

je

veux

toujours regretter. Il y a dix ans, c'était en 1802, la veille de lafête, et

pour

la

première

fois,le"jeune prince,

comme chacun

sait, défila àla têtedes lanciers

delà

garde.

Pour

assister à la revue, le Béquillard,

malgré

ses 80 ans, était restésur pied toute lajournée. Il fut tant poussés tant heurté par la foule

enchantée

; ilse lassatant àcrieravec toutle

peuple

: Vivele

Duc

de Bor-

deaux

! il eut tant de plaisir à lire

dans

le

Courrier

royaliste (1) cette jolie

chanson que M.

de

Béranger

fit àcette

époque

sur le petitlancier français, qu'il

ne

put résister àtantde fatigues età tant d'émotions; et lelen-

demain

soir, aprèsavoir

bu une

goutte d'excellent Bor-

deaux

danssatimballe d'argent, àla santé

de

la famille royale,il

me

remitsabéquille,et

ferma

les yeux....

pour ne

plus les ouvrir, en souriant

aux

acclamations des Parisiens, quirentraientchez

eux

après avoir salué l'hé- ritierdela

couronne,

eten répétant :

J'ai vu

le salut d'Israël etjeni'

endors en paix.

1

— ^^ —

^—^^mmmm

i—

^

(1)

Ce

journal,quimaintenant est consacié à la défensedes saines doctriues, paraissait, en1822, sousle titre de Courrier français, et était,à cetteépoque,laplusignoble et la plus exagérée desfeuillesrévolutionnaires.

En

1825,il fitun aveu sincèredeses torts, deses erreursvolontaires etde ses

men-

songescalculés....Depuisqu'ilestdevenuroyaliste, onnelui dispute plus sonpremierlitre.

(16)

(

588

) ,

*

Tous

les ans, àpareille

époque,

je fais

un

triste pèleri-

nage

àsa

tombe.

Elleest

au

cimetière

du

P.Lachaise, et placée, par

un

hasard étonnant, àcôté de lapierrequi recouvre E. Gosse, l'un des rédacteurs d'un petit jour- nal jacobin, qui cessa de paraître

en

1823. Les curieux serappellent

encore

touteslesplaisanteries

dont on pour-

suivait ce

pauvre Gosse

, et le ridicule qui pesait sur ses livres et ses

mélodrames, que,

l'autre jour, j'ai

trouvé dépareillés

dans

le

mannequin

des

brochures

à

deux

sous.

Le malin

Béquillard oubliant

que,

selon Ri- varol, ilest

feu généreux de

grêler

sur

le persil, était

enchanté quand

il pouvait intercaller ce

nom comique dans

sesdiatribes,"eta présent, tousdeux, couverts d'un oubli favorable àleur esprit, reposenten paix, côte-à- côte,

comme deux amis

et l'avenir

ne

parlera pas

plus decetteanimosité

que du

succèsde

Manon

Lescautî

Malgré

tout

mon attachement pour

cecher parent,l'on

pense

bien

que

toute la journée

du

28 n'estpas

consa-

crée à la tristesse;ceseraitbien

mal honorer

sa

mémoire que de

s'affligercejour-là,et j'aurais

mauvaise

grâce de n'en pas

donner au moins

la moitié

au bonheur. Ce mé-

lange dejoieetd'attendrissement,

de

plaisir et de

mé-

lancolie,n'estpas sans

charmes,

et c'estce

que mon cœur éprouve

toutesles fois

que

jerencontre,

que

j'aperçoisle jeune prince

que

la

France

fêteaujourd'hui.

C'estd'abord

du

plaisir, et

un

plaisirbienvif,delevoir, sijeuneetsibeau,

promettre au

trône des soutiens, et àlapatrie de

nombreuses années

degloireet

de bonheur;

et c'est

bientôtune émotion

puissante, parce

qu'on pense

malgré

soi

aux

douleurs quis'assirentauprès de'son ber- ceau, et à

l'amertume

des

larmes

qui précédèrent sa naissance. Sestraits,qui

nous

rappellentsi bien

ceux de

sonpère,ajoutent encoreà cette

émotion

involontaire, et je l'ai

vue

hiersur touslesvisages,

quand,

salué par la foule

accourue

sur son passage, ila défiléà la tête

de

la

(17)

(5«9)

cavalerie, devant le Roi et les princes de la famille royale.

La

revue a été magnifique.

Jamais

plus brillant spec- tacle ne s'était offertà

mes yeux

Cette place

immense du

Carrousel,quin'est plus gâtéepar ce maladroitessai d'arc-de-triomphe,

qu'on

y voyait

encoreilya

vingtans, était

presque

tout

occupée

parles troupes, et les fenêtres de ces

deux

galeries

magnifiques

qui joignent les Tuile- ries

au

Louvre',

terminé

,étaientgarnies de

dames

élé- gantes, et leurs

mouchoirs

blancs, qu'elles agitaient

comme au temps

delarestauration ,

annonçaient

de quel côtélesprinces portaient leurs pas.

Jem'étais introduit

dans

la galerie des tableaux, et après avoir

admiré

de

nouveau

la

mort

de

Bonchamp

,

parGirodet,leSaint-Louis de Gros,etl'entrée d'Henri [V

par Gérard

, je prisplace à

une

fenêtre assez voisine des Tuileries, et lehasard

me

servitsi favorablement,

que

je

me

trouvai à côté

de madame

de

C

C'est

une femme

très-aimable, quia pardessustoutlegoût desfêtes etdes

cérémonies

publiques.

Depuis

trente ans elle n'a pas

manqué une

revue, elle a assisté àtous lesconcerts de la Saint-Louis; il n'y a pas

une

distribution

pnbliqne

quise soitfaite sanselle; et si en 1822 son

mari trembla pour

ses jours, c'est qu'elle futmouillée

d'importance aux

courses

du Champ-de-Mars.

Partout

l'on voit la foule,

on

estsûr dela trouver;

elle

ne

quitte pas le Vaudeville depuis

que

son spirituel directeur,

M.

Désaugiers, a, parlafermeté de son carac- tère,déjoué lesprojetsdeses

ennemis,

et

prouvé que

sa verveet son talent

ne

vieillissentpoint.

Madame

de C. avait

connu mon

oncle qui, en ia qualité deflâneur, ne pouvait

manquer

delarencontrer souvent. Ellefut

enchantée

de

mon

voisinage, et

com- mença

l'historique de toutes les revues

elleavaitas- sisté, et l'on pense bien qu'elle n'oublia pas celle

du

36

(18)

(

3ôp

ï

baptême.

« Jecrois encorevoir,

me

disait-elle, la calè-

che

qui portait

dans

les rangs de nos soldats l'enfant

que

lecielvenait deleurdonner.

— Madame

,luirépon- disse, il n'y avait pas alors

un

de ces braves qui n'eût

donné

vingt ans

de

sa vie

pour

levoir,

comme nous

le

voyons

aujourd'hui, à cheval...

au

milieud'eux. » Elle m'interrompit.

Le

voilàquivient

de

ce côté :avec quelle grâceil

manie

ce

beau

cheval blanc qui bondit souslui !

Que

cet

uniforme

vertluisied bien... ! Il s'arrête... c'est

un

vieux grenadier qui luiparleen luiprésentantlesar- mes...

Quelque

réclamation, sansdoute... elleestjuste, carle jeune prince , après avoirparlé

au

colonel,

met

pied àterre... C'est sacroix qu'il détache... c'est surla poitrine

du

vieux soldat qu'il l'attache. Vivele

Duc de Bordeaux! Mais

tous les

tambours

battent

au champ

,

tousles

drapeaux,

tousles étendardss'inclinent... c'est leRoi,,, le voilà

au

balcon dela salledes

maréchaux.

Je levois à merveille d'ici... quelle belle figure ! quelair auguste !quel front serein!il n'est point changé... Voici lesprincesses: Vive

Madame

,vivela

duchesse

de Berry!

etMademoiselle...

nous

la

cherchons en

vain àcôtédesa mère... elle asuivison royal

époux,

ellefaitl'ornement

d'une cour

étrangère; elle

prouve aux

habitans d'un

grand

et noble pays

que nous avons

de

bonnes

raisons

pour aimer

lesprinces desonsang..

.Ah

îlestroupes

vont

défiler... Voici

en première

ligne la

Maison du

Roi...

quellerichesse ! quelle tenue! l'œil se fatigue

en

cher-

chant

à fixer l'éclat des casques et desarmes.

Ce

sont

vraiment

des corpsd'élite.

Tous

lesgenres d'illustration setrouveut

dans

leurs rangs. Intrépides soldats

au mo- ment du

danger, lesgardes,

au

milieude la paix,

nous

ont

rendu

, par leur instruction, par l'élégancede leurs

manières

, par leur goût

pour

les lettres et les

beaux

arts, l'officierfrançais dontVoltaireafait

une

si

aimable

peinture.

Encouragés

parles

récompenses que

lemérite

(19)

( 39> )

est

maintenant

toujourssur d*y trouver, soutenus dans

un

service pénible, parles égards

qu'on ne

peutrefuser à leursservices, à leur naissance, ils tiennentà

hon- neur

d'y rester , d'y vieillir. »

Ma

voisine continua sur ce ton , et

me

désigna tous les

régimens

qui défilaient, m'entretenant de leursex- ploits

dans

la dernière guerre, et

me nommant presque

touslesofficierssupérieurs

que nous

regardionspasser...

Elle

me

fit

remarquer

les

deux

(ils

du

général

Moreau

,

qui servent d'aides-de-camp

au

jeuneprince. Grâces à elle , je vis lecolonel Cathelineau, les

maréchaux La Roche-Jacquelin

,

Canuel

et

Donadieu

qui vont

prendre

le

commandement

des diCférens corps de l'armée ras-

semblés

près de Tours.

Ilétaitcinq

heures,

larevuen'étaitpoint encorefinie.

J'étaissilas,

que

jesongeai àlaretraite; aprèsavoirjeté

un coup

d'oeilsurl'esquisse

que

31.

Horace Vernet

traçait à

une

fenêtre voisine,

pour

faire

un

tableau de cette fête militaireet française, jesaluai

madame

de G.', qui n'auraitpasquitté sapiace

pour

toutl'or

du monde.

J'eus

beaucoup

de peine à sortir

du Louvre

,tant ily avaitde

monde

qui cherchait à voir larevue.

Ceux

qui ne

pou-

vaient

approcher

, s'amusaient à écouter

un homme

qui,

monté

sur

une borne

, s'écriait en gesticulantqu'on

ne

l'arracherait pas de sa tribune: il avait

une mauvaise

robed'avocat... je le

reconnus

; c'estce

bavard

qui porte surlesplacesson

éloquence

délibérative,depuis

que

les

chambres

n'en veulentplus. Il parlait encore de

répu-

gnance... tout le

monde

le huait... et je

me

rappelai

que

mon

oncle, en 1822,disait

que

touslesfousne sont pas à

Charenton

!

Le

neveu du Béqcillabd.

(20)

(

39*

)

BIOGRAPHIE ROYALISTE DES HOMMES VIVANS.

Le duc

DE REGGIO

, maréchal de France.

N°1429.

à Bar surOrnain le25 avril 1769, ilfut d'abord des- tiné au

commerce;

mais à peine avait-il atteint sa seizième année, quecefeubrûlant de lagloire,quine prend naissance que danslesgrandes âmes, vint s'emparer de la"sienne etle

décida impérieusement à prendre la carrière des armes. Il sedistingua dans sonpaysnatalenapaisantune émeute popu- laire,quiaurait

pu

devenir funesteà toutela ville. Ilfut

nommé

chef du 3ebataillon des volontaires dela

Meuse

,en1792, et danslesdifférentes affaires qu'ileutàsoutenir contrelesPrus- siens et les

Allemands

, pendantl'espace de sept à huit ans

,

il fit éclater

un

courage si impétueux, qu'il fut

surnommé

le hraveOudinot par toutel'armée.

Promu

au grade degénéral

,

il servit en Italie, sous lesordres de Masséna. Pendant le siège de

Gênes

, si long etsi

mémorable

, il sortitde cette place, et traversa deux fois toute la ligne anglaise sur

un

frêle esquif, pour aller

communiquer

au général Suchet

les intentions

du

général Masséna. C'était se dévouer à une mort presque certaine: il réussit pourtant dans cette entre- prise. Placé ensuite souslesordres

du

maréchal Brune, ileut la premièrepart danslesuccès dela bataillede Mincio.

Dans

cette affaire, le duc de Reggio se précipita, seulementavec son état-major, sur une batterie autrichienne qui foudroyait notre

armée

,tua lescanonnierssurleurs pièces,jeta l'épou- vante dans les bataillons ennemis et les força de repasser l'Adige. Cette action brillante luivalut

un

sabre d'honneur,

et lapaix fut le résultat decette victoire.

Appelé

eni8o5au

commandement

desgrenadiers, ilpartitpour Vienne, yarriva auboutdequarante-cinqjours, traversa laville etseportasurle

pont du Danube.

Ce

pontétaitminéetdéfendupar cent quatre- vingtsbouches àfeu; le général Oudinot prend froidement la

mèche

desmainsd'uncanonnieret la jettedansle

Danube:

onentre en pourparler, le passage s'effectue, le maréchal s'empare delariveopposéeet fait capituler touteslestroupes qui s'y trouvaient. Il se distingue ensuite aux combats de

Wertingen

et d'Armstetten ; ilestblessé,n'attend point sa

(21)

(3g5)

guérison,etpari pourAusterlitz, où sa division secouvritde gloire. L'année suivante(i8oG), ilpritpossession des comtés deNeufchàtel etdeValeugiu ; ilse concilia, par son équité, l'estimedeshabilansdecescontrées, quiluiconférèrent,àson départ,le titrede citoyendeNeuchâteletluioffrirentuneépée.

Laguerre ayantétédéclarée àlaPrusse,lemaréchal Oudinot pénétraàBerlinetensuiteenPologne, oùilmoissonnadenou- veauxlauriers.IIlitaveclemaréchalLefèvre capituler Dantzick, etsoutint à Friedland, avec dix mille grenadiers, lechoc de quatre-vingt mille russes, depuisune heure du matinjusqu'à midi. Parcetacteincroyablede courage, ildonna au restede l'arméeletempsd'arriveretde gagnerune bataille qui décida lapaixde Tilsitt. L'année d'après, il fut

nommé

gouverneur d'Erfurt.

En

1809 , il

marcha

contre l'Autriche, fit des pro- digesde valeur à la bataille de

Wagram

, à la suite dela- quelle ilfutélevé àla dignité de maréchal. Ilpritpossession delaHollande en1810.Aprèss'être

emparé

deBerg-op-zoom, de Breda,de Bois-le-Duc,d'Utrecht,il entraà

Amsterdam

,

et sut concilierl'exécutionde sesordres avec leségardsqu'il devaitauroide Hollande. L'administration

du

maréchal

Ou-

dinot futdouceetbienfaisante. Les magistrats hollandaislui firentaussidon d'une épée.

En

1812,il prit le

commandement du

12ecorps, etse rendità Berlin, dont ilfutgouverneur.Il pritpart à la

campagne

quis'ouvrait, en sebattant avec son impétuosité ordinaire au passage de la

Dwina

; mriis après avoirforcé lesennemis,ilfutsi grièvementblessé,qu'ilaban- donna le

commandement

de son'corps d'armée au général GouvionSaint-Cyr. Plus tard, il se porta au passage de la Bérésina,il

mena

l'ennemi

tambour

battant pendant deux heures : atteintd'une balle qui lui traversa le corps, le

ma-

réchalfuttransporté dans

un

village; maisil fut soudain en- touré par cinq escadrons de cosaques, qui avaient deux pièces de canon.

Le

maréchal, malgré son étatdefaiblesse,

voulutsedéfendre, etàl'exemple deCharles

XII

, il soutint lesiège de sa maison avec trente personnes au plus. Il tua beaucoup de

monde

aux assaillans, et donna le

temps

à

l'avant-garde française d'arriverpour le dégager.

Aprèsavoir continué ses hauts faits d'armes contreBerna- dolte, s'être distingué plus tard aux affaires de Brienne,

(22)

(

394)

iN'angis,Bar-sur-Aube,etc.,l'abdicationdeBuonaparte dégagea Je maréchal Oudinot de ses sermens; c'est alors qu'iloffrit soncœuretsonépée au Roi,dontilfut,depuislarestauration,

l'undes plusfermes défenseurs. Saconduitependant les cent jours ne démentitpoint sa hauteréputation de fidélité. Ilfut

nommé,

en i8i5,

commandant

de la garde nationale pari- sienne, major-général delagarde, pairdeFranceetministre d'Etat. Silespreuves incontestablesde la bravoure

du

duc de Reggion'étaientpas consignéesdans notre histoire, on refu- serait decroire à des prodiges aussi inouis devaleur et de courage. Cet illustreguerriersemble avoir une physionomie particulière au milieude toutes les figuresgigantesques qui remplissent nos fastes militaires. Toujours blessé, toujours vainqueur, impétueux

comme

un simple soldat pendantl'at-

taque, calmeet froidaprèslaconquête,

comme

leplus habile général, lavieentière

du

maréchal Oudinotn'estqu'un

com-

bat couronné par une constantevictoire.

Aucun

denos géné- raux français n'aversé plus de sangque luipour sa patrie»

tousles

champs

debatailleenontétérougis: mais la gloirea veillésur des jours si précieux, et ilsnousont été conservés.

Le

duc de Reggio,quiavouluconsacrer ses dernièresannées àchérir sesRois, a obtenu Fheureux privilège d'instruirele

Duc

de Bordeaux dansl'artdelaguerre. C'està ses soinspar- ticuliers que notre prince chéri a été confié. Quel élève il

nouslaissera! quel avenir glorieuxilnouspromet! Parvenuà sa vingt-deuxième année, notre nouvel Henri

IV

ne quitte jamais son vénérable instituteur, maintenant âgé desoixante- quinze ans, et l'on voit encore ce valeureux vieillard, tout couvert delauriers, suivred'un pas fermele filsde laFrance, etlemontreravec orgueilàtouslespeuplesde l'Europe.

MELANGES.

On

vient de publier

un

ouvrage

posthume

de

M.

l'abbé de Pradt, surle

Gouvernement du Nouveau- Monde.

Si V

homme

aux

congrès n'avaitpasquitté celui-cidepuis longtemps, on pourrait croireque c'estencore unprojet de républiqueuni- verselle qu'il offre, sous levoiled'unefinepolitique, à tous les souverains alliés; mais pour cette fois seulement, il parle

(23)

(395

)

malgré lui et ne peut plus soutenir Ladiscussion; aussi nous nesaurions tropblâmerle libraireavide qui alivréàl'impres- sion un ouvrage que

M.

deFradt, avant sa mort, avaitlui-

même condamné

à l'oubli.

Nous

enavonsparcouruquelques pages; mais nous y avons trouvé tant d'extravagances, qu'il nous a été impossible d"en achever la lecture. Par exemple, notre défunt archevêque de Malines dit « que pour con- quérir tout le

Nouveau

-

Monde

, il faut d'abord blanchir lesnègres. » Certes, voilà unechosefort difficile, si l'on en croitleproverbe....etcependant cela se

comprend,

en ymet- tantun peu debonnevolonté; car ilnous semblequ'il avoulu dire tout simplement qu'il fallaitfaire remplacer les nègres psr des blancs; mais il faut y penser longtemps avant d'en découvrir le sens.

Du

reste, lestyle énigmatique atoujours été celui de

M.

de Pradt.Iln'estpas étonnantquecet écri- vain soitdevenufou, et qu'il ait fini ses jours aux Petites- Maisons,

comme

le constatent les

mémoires

du temps. C'est à ce sujet qu'on fit l'épitaphe suivante:

Ci-gît un évêquesansmitre,

Un

écrivain sansmission,

Un

noble qui n'eutpointde titre,

EtquimourutàChareoton.

Aussitôtlesroiss'assemblèrent, Etpoursa gloire ilsdécrétèrent Qu'on l'enterreraitdansParis,

Aux

fraisdes congrèsréunis.

Un mélodrame

intitulé le

Dèvoûment

de Rèsulus, a été

joué avec succès, lasemaine dernière, à l'Ambigu-Comique,

Le

sujet n'est pas neuf; car

indépendamment

de celui de Dorât, on assure qu'il a été représenté aux Français, ily a environunevingtaine d'années, unerapsodie qui portait aussi le titre deRégulas, Lesvieux habitués de l'orchestre serap- pellent encore ce triste ouvrage, qui nefutsoutenu, à cette époque, queparuneclique libérale, quin'existeplus aujour- d'hui. Cette soi-disant tragédie n'eut que douze ou quinze représentations; encore est-ce

Talma

qui la fît supporter au public.

On

ajoute que cet acteurcélèbre se retiraduthéâtre

(24)

(

3S6)

Vers ce temps , pour n'être plus forcé de jouer les nou- veauxrôlesdel'auteurde Régulus.

Ce

poèteinconnu se

nom-

mait

Arnoux

ou Arnal; on croit que cet Arnal estle

même

qu'un acteur des Variétés,quipartageait, en1822 , les rôles de niaisavec Brunet.

#

Un

écrivain révolutionnaire,

nommé

Dulaure, qui publia

,

il y a fort long-temps, une Histoire de Paris, remplie de faussetésetde mauvaisefoi, vient d'êtrefrappé parlafoudre, prèsdela barrièred'Enfer. Tous les secoursqu'on lui a pro- digués n'ont

pu

lerendre àlavie : ilest mort entrelesmains des médecins.

On

a trouvé dans ses papiers YHistoire des Comitésrévolutionnaires,des Jacobins,etcelle de la

ConvcW

tion régicide.

Le nom

de

M.

Dulaure se trouvait en toutes lettressur cette dernière brochure, et il était écrit en encre

rouge. Ilparaitque c'était lacouleur favorite del'auteur.

Grande

activité à l'Académie , deux réceptions le

même

jour! voilà

du

nouveau.

Mais

aussi notre siècle littéraire va si vite, que

MM.

les académiciens'sont forcés de se presser

un peu

pour faire place à tout le

monde.

Celte ibis, l'auteur de Louis

IX,

d^Ebroïn et d'une foule d*au- tres beaux ouvrages dramatiques, a pénétré dans le sanc- tuaire.

M.

Ancelot a succédé à

M.

de Jouy, et tout le

monde

sent qu'il n'était pas médiocrementdifficile au nouvel élu de faire l'éloge de son prédécesseur; mais enfin l'élo- quence triomphe de tout, etle public a paru fort satisfait.

On

a surtout admiré l'adresse avec laquelle

M.

Ancelot a fait valoir une médiocretragédie de

M.

de Jouv

, qui n'ob- tint jadis de succès que par la manière dont l'acteur prin- cipal mettait sa perruque. L'assemblée n'a pu s'empêcher de sourire à ce passage; peut-être aussi était-ce de souve- nir, car on assure que le jour de l'enterrement de

M.

de Jouv, il y avait plus de deux cents perruquiers à la queue

du

convoi, qui s'arrachaient les cheveux, en s'écriant que la mortvenait de leur enlever leur meilleure pratique

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