29 septembre
18:'.a.ÉCLAIRS.
Le journal
laFoudre. — Véritable opinion publique.
— Tableau historique. — Le Duc de Bordeaux9
âgé de 22
ans.— Départ pour l'armée. — Le Citant des Lanciers. — Les Premières amours du Prince. — Le Château de Chambord. — Dio- rama. — La Chapelle de Rosny. — Biographie
Lanciers. — Les Premières amours du Prince. — Le Château de Chambord. — Dio- rama. — La Chapelle de Rosny. — Biographie
royaliste.
— Le Duc de Reggio. — Les Congrès
r
t réunis.
— Épitaphe de l'abbé de Pradt. — Séance de i Académie. — Mêlantes. — Le neveu du Bé-
quillardy la
Garde royale
, laFête
militaire, lesvieux Pécheurs
convertis, leBénitier,
leSuisse de
l'hôtel, laFoire de Guibray.—T
héâtres.—
Lithographies. — Annonce.
HISTOIRE CONTEMPORAINE.
LE
29SEPTEMBRE
1842, ANNIVERSAIRE DU 2g SEPTEMBRE l820.TABLEAU HISTORIQUE.
Quoi! nous
toucherionsau
vingt-deuxième anniver- saire delanaissance decetenfantdu
miracle , héritier de plusde
soixante rois?Ne
serait-cequ'un songe?
ne55
(
374
)serait-ce
qu'une
vision,ou
bienune
deces fictionsquinous
touchent autantque
la véritémême?
C'est plus, c'est la prévision de l'avenir de la France.Oui!
elle fleurit etfleurira, tranquilleetheureuse,
souslesceptredu
Nestor desmonarques
,s'appuyant surle célestereje- ton qu'à pareiljour luienvoya
le dieu de Clovispour
raffermissementde
lamonarchie.
Retracerons-nous
l'héroïsmede
cetteveuve- mère,
pleined'élanssublimes, qui fit(l'univers lesait!) l'ad- mirationdu
peuple et de l'armée,accourus pour
saluer l'espérance de la patrie? Rappellerons-nous et cesfré-missemens
de joieetces palpitations descœurs
français, alorsque
les détonations répétées de l'airain solennelne
laissèrentplusaucun
doute sur la royale naissancede
l'élu deDieu
Qui de Davidéteintrallumaitle flambeau?
Nous vîmes, en
ce jour, les conspirateurs pâlirà
l'aspectdu berceau que
lesbraves vinrent consacrerpar
dessermens d'amour
et de fidélité.Toutes
les factions, tousles partissemblèrent
fléchiraux
volontés d'enhaut,
et l'enthousiasme confondit tous lescœurs dans
lesmêmes
transports.Avec
quelles délicesnous contem- plâmes
toute cette Famille auguste, toute cette race royale, contrelaquellen'ontpu
prévaloir nilesattentats, ni les épreuves de l'adversité, ni l'angemême de
lamort
!Quel
souvenirtouchant que
celui d'un sibeau
jour ,où
nos acclamations se confondirent avecnos hommages!
Et
c'estpour
te célébrer,époque
heureuse,que nous
ressaisissonslescrayons destinés alors à l'histoire età la critique de nos troubles.Nous
étions plusieurs, réunisdans
lesmêmes
pensées,dans
lesmêmes sentimens,
et décidésà toujourscombattre
lesdoctrines factieuses,les opinions perverses et lescomplots
parricides.Nous
per-(
375
)estons
etne changerons
jamais :Semper ubiquè
fidèles,toujours et partout fidèles.
Récapitulons d'abord tout ce
que nous avons vu, nous
dirons ensuite ceque nous voyons
aprèsun
laps de 22 ans.Commençons
parlesdestinéesqu'aéprouvées
notre belleFrance. Depuis quatorzesiècles elleavaitdesroisdont
laforce n'apoint créélesceptre.
Nos
troisracesfurent es- sentiellementlibératrices.Uérovée
,dans
les plainesde Chàlons,
délivralaFrance
desHuns
et d'Attila. Clovis,à Tolbiac, ladélivra desAllemands.
Si larace de Charles- Martels'élèveensuite àlaplace decelledeMérovée,
c'est aprèsnous
avoirpréservé des Sarrazins.La maison Ca-
pétienne,elle-même, ne
s'éleva à la placede cellede Charles-Martel qu'aprèsnous
avoiraffranchis desNor- mands.
Il étaitdans
les décrets de la providenceque
cette race augustenous
délivrât des barbares d'un autre genre.La France monarchie
futlong-temps menacée par
Vhérésiearmée;
elle lefut de nos jourspar Yathéisme armé,
qui entraînalerenversement du
trône desBour-
bons. Alorscommença
ce qu'on appelle taRévolution française
,sourced'instructionpour
leshommes
de tous lesétats, école de politiquepour
les princes destinés à régner.La
révolution, fécondeen événemens imprévus,
sefrayant
un
passage à travers toutes les constitutions politiques,sema
laguerredans
toutes lespartiesdu monde.
Ses fauteurs,
pour
dernier essai, fondent le pouvoir militaire leplus puissantquiaitjamaisparu
souslesoleil:il s'écroule toutefois
devant
lalégitimité désarmée.La
monarchie de
Saint-Louisreparaît avecsaprobité etses loispaternelles, avecsamodération
etsa clémence. Aus- sitôt lessectesde Yathéisme armé,
qui avaient survécu', se révoltentdenouveau
contre l'ordre social rétabli par l'Europemonarchique.
Vaincus, les révolutionnaires conspirent encore, et, trouvant desappuisdans
lepou-
voirmême,
ilsouvrent l'année 1820 avecun
pian vaste(
376
)desubversiongénérale.
Un
horrible attentatqui indigne la nation, les laisse désormais livrésàeux-mêmes. Ce
fut alors
que
la naissance del'enfant céleste vintchanger
tantd'amères larmesen
pleursdejoie. L'allégressepéné-
tra jusque
dans
leschaumières
: elle rayonnait sur le front del'artisan etdu pauvre,
tantles Françaisde
tous les rangs,de
tous les états, trouvent desécuritédans
la conservation delaDynastielégitime. Elle seulepeut
fer-mer aux
ambitions effrénéesque
larévolution enfanta, la sanglante arènede
l'usurpation.La
suitelefitbien voir,quand une
poignée desoldats,mise
en actionparlescon-
jurésde
la révolte générale, subjuguèrentMadrid
et les Espagnes, Naples etlePortugal.Turin même,
qui bénit laracepatriarchale deses rois, fut aussi entraîné. L'a-larme
se répanditdans
le restede
l'Europe, partagée entreune
confédérationde
rois,sous lenom de
Sainte- Alliance, etune
liguedefactieuxde tous lespays. L'Ita- lie leur fut arrachée,ilestvrai, parla forcedes armes.Malheureusement
laSainte - Allianceabusée
leurlaissa l'Espagne.Là,
tenant leurroi captif, lesbrigands re- nouvelèrent toutes les horreursde
notre révolution,
massacrant
les royalistes, dévastant les provincesen
proieaux
ravages de la guerre civile,bravant
et la Sainte-Allianceet lesfoudresdeses décrets. Lesrois s'a- perçurenttroptard, parlesobstaclesque
suscitèrent les détoursd'une
insidieuse politique,de
l'extrêmedifficulté d'affermirl'ordre social. L'anarchie des idées seprolon- geaitpar
l'emploi despalliatifs.Le mal
devint grave , et toutelasociétéeuropéenne
seraittombée en
dissolution, si,par un
adroitmélange
de fermetéetde prudence, de
sévérité etde
miséricorde,on
n'eûtfaitrentrerdans
l'or- dre la péninsule et tous les pays révolutionnés.En
dé- pit des conspirateursrégicides, lesystèmemonarchique
prévalut àcompter du
congrès de Vérone.Une
nouvelle èrecommence
alors.Il
y
eut encore, depuis,des levains d'agitation et(
377
)de trouble, des tentatives
même pour remuer
laFrance,
l'Espagneetl'Italie;mais
laFrance,
paisible et prospère, se refusaitconstamment
à rentrer en ré- volution. Tel était le fruit de la haute sagessedu
vé- nérablemonarque
qui est à-la-fois notre roi et notre père,La
Providence,d'ailleurs, yavaitpourvu.Ce
n'était paspour abandonner
leroyaume
de Saiut-Louis,qu'elle avait fait naître l'enfant précieux ,devenu
l'idole des Français.On
voyait,d'année en année,
le rejeton royalgrandir et sefortifier à l'ombred'une
protection toute céleste. Il était visibleque Dieu
le destinaità
devenir le soutien d'un
royaume
dont il était l'espé- rance. Telque
son aïeulHenri IV
à son âge, il allait et venait , rivalisant d'adresse etd'audace
avec les jeunescompagnons de
sesjeux.Son
esprit, susceptible d'application, se développait, s'enrichissait de connais- sances aussi utiles qu'agréables.De même que
son il- lustre aïeul, le jeuneduc
deBorbeaux
lut avecavidité lesVies
dePtutarque,
livre propre à élever l'âme et les qualités d'un princeque
laProvidence
appelle àrégner sur les Français.Comme Henri IV
, il étudia ettraduisitdebonne heure
lesCommentaires de
César.Enfin, suivant les tracesde ce
grand
prince,on
levitmonter
surun
cheval de bataille à 14 ans, et faire ses premières armes.Quel
jourmémorable que
celuioù
son augustemère
entradans
lecamp
des royalistes enprononçant
cesmots
: «Voilà,mes amis
, lenou-
»
veau
chefque Dieu
et le Roivousdonnent!
»Tous
les braves volaientau-devant
de leur prince chéri.On
le rencontrait partout à cheval,s'accoutumant
à la viedure
descamps
,aux
rudes traverses,montrant de
bonne heure un
caractère de franchise et d'énergie, et cette fleur de chevalerie néedans
les siècles desDunois
, desLa
Trimouille, desMontmorency
et des Bayard.(
5j*
)Cependant, quoique
l'Europefût assezgénéralement
paisible, grâce à l'accord des rois et à leurs congrès salutaires,on
savait qu'elleétaitencore
infestée par les restes des sociétés secrètes dévoilées en 1822, Vers 1841 ellesrecommencèrent
leursmenées
conspiratrices.La France
et l'Espagne étaient lesdeux
principaux foyers quirecelaientlesmobiles del'action révolutionnaire.Une
sorte
de
mal-aise et d'inquiétude se fit sentirpendant
les
années
1841 et 1842.Tout-à-coup
(nous
louchions à lami-septembre
), des bruits sinistres percent le voile desévénemens
qui se préparaient.Une
révolte éclate contre lalégitimité.Les rebelles, en force,me- nacent
tout lepays,
depuis les Pyrénées jusqu'à la Loire. C'estune
dernièretentativedu
désespoir faitepar
le
démon
des révolutions.Arborant
les couleursenne- mies
etmarchant
en bataillons, lesrebellessèment
par- tout le trouble, l'inquiétude et l'effroi.Mais
legou- vernement
veillait, lesmesures
étaient prises, et les troupes royalesen marche. Le
prince,qui était le point demire
des conspirateurs, parutdans
les rangs des sol- dats fidèles. Il passa des revues. inspecta et fitma- nœuvrer
les réserves. Il avait le regard fier, lamine
assurée, présagesde
lavictoire. Lesroyalisteslesaluaientpar
leurs acclamations et se rangeaient autour de sonpanache
blanc.On
touchait àune
crise, et tous les esprits étaientdans
l'attente. Lesuns annonçaient que
le prince venait de partir
pour
l'arméeformée
sur la Loire;d'autresassuraientqu'ilattendaitune
plusgrande réunion
de troupes.Enfin , aujourd'hui, 29
septembre
, leJournal officiel lève toutes les incertitudes; voici ceque
tout Paris litavec
avidité : «Le duc
deBordeaux,
lieutenant-général»
de
S.M.
LouisXVIII
, est parti hier, aprèsla revue,»
pour
allerprendre
lecommandement
de l'arméeroyale* rassemblée à
Tours;
ilmarche
contreles rebelles, qui(
^79
)»
ne
trouventdans
l'intérieuraucun
appui. Poitiers leur» a
fermé
sesportes, etSaumur
,où
lesmagistrats sont» excellens , a refusé de parlementer avec leur avant-
» garde. Ils paraissent se diriger sur Tours.
On
s'attend» aujourd'huià
une grande
bataille,dont
le télégraphe»
nous
mettraau
fait.Dans
ce cas, ily aura ce soirun
» bulletin.
Vive
teRoi!
»«
La proclamation du duc
deBordeaux
àl'armée, da-» tée
du
28septembre,
estconçue
ences termes:» Soldatsroyalistes !
»
Le
Roi,mon
seigneuretmaître,m'ordonne
de venir»
prendre
lecommandement
de l'armée des braves et ade
livrer batailleaux
rebelles.Ce ne
sont point des» Français;c'est
un ramas
de brigands de tous lespays,» restes
impurs
deces parricidesquiassassinent lesrois,» dépouillent les propriétaires, renversent les autels,
» traînent partout l'anarchie et la mort. Ilsonttué
mon
» père.
Vous
connaissez leur doctrine perverse; ilsne
» respirent
que
haineet hostilités. Ilsveulentlaguerre;»
eh
bien ! faisons-leurlaguerre, à cesennemis
impia- cables de notremiraculeuse
restauration. L'aspect des»
panaches
blancsetdesdrapeaux
blancs vales frapper» devertige. J'entendsla voixde
Dieu
quime
dit : Sois»
ferme
et fort, je suis avec toi; l'autorité royale doit» être invincible.
Eh
bien! avec l'aide deDieu
,mar-
»
chous etnous
vaincrons.Français!suivezmon panache
» et regardez le
bout
dema
lance.Mourir ou vain-
» cre! tel est notrecri deralliement....
Vive France
!»
Vive
teRoi àjamais
!»t
Post-scriptum. Le
télégraphe transmetàl'instant la» nouvelle d'une batailleetd'une victoirecomplète,
rem-
» portée le 29
septembre dans
lesplaines de Tours. Les» rebelles, prisenflanc, ontétédéfaits
au premier
choc.» Tel
que
son aïeulHenri IV
, leduc
deBordeaux
,» aprèsavoir
prononcé
àlatêtedes troupesune harangue
( 5'6o )
» éloquente, sYst élancé le
premier
à la lèle des esca-o drons', et par la vivacité
de
son attaque iladécon-
» certé les traîtres.
Ce
prince des bravesmontre en
»
même temps
toute samagnanimité.
II fait soigner les» blessés,
accorde merci
àtousceux
quimettent
basles»
armes,
etne
faitpunirque
leschefsdelàrévolte.Vive
»
France
!Vive Louis XVIII
!Vive
leduc de Bor-
» deaxix! quiaffermità jamais la
monarchie.
»A. de Beatjchamp.
LITTÉRATURE.
ACADÉMIE FRANÇAISE.
Séance publique du
27septembre
1842.J'ai cinquante ans passés, et depuis pins de trente j'ai apporté
une
attention toute particulièreaux
travaux etaux
séancesacadémiques
: persuadé, d'aprèsl'ingé- nieuse etprofonde pensée de
notregrand
publiciste,que
lalittérature,étant l'expressionde
iasociété, l'A-cadémie
qu'onpeut,
je crois, considérercomme
l'ex- pression de la littérature, devait offrir à l'observateurcomme un monde
enminiature, digne, sous ce rapport, de sesplussérieusesméditations.En conséquence
, tandisqu'une
foulemoqueuse
acca- blaitd'épigrammes
lesmembres
de cettecompagnie,
se riant dela futilitéde
leurs versou
de la stérilitéde
leur prose,moi,
j'écoutais, je lisais, j'examinaisscrupuleuse-ment
et leurprose etleurs vers,non
pasque
jecrusse, plusqu'un
autre, y découvrirdu
génieetdel'espritpro-prement
dit;mais
certain d'y voirau moins
legéniedu
siècle et l'esprit
du
jour.Souvent même,
lesnoms
seulsdes candidatsaux
placesvacantes,et surtoutceux
desélus,m'en apprenaient
plus surl'étatde lasociétéen France, que
n'auraientpu
fairetouslesdiscoursde nos penseurs etmême
tous lesfeuilletonsdenos
journalistes.C'estainsi
que
, voyant, il y atrente ans,une bande
' 5$i
)
derégicides,envahissantlesfauteuils
académiques,
con- sacreraux
lettreslaplume
qui avait signé l'arrêtdemort d'un
Roi. et saisir lalyredesMuses
delamême main
qui avaitconduit le1er des bourreaux, ce seul scandale eût suffipour m
'apprendre quelle sociétéexprimaient
deshommes
qui avaient choisi i'échafaud de leurs princespour
Hélicon,et lesang
deleur frèrespour
Hippocrène.Et
quand
l'exécrableauteur des plus salesblasphèmes
souilla de sonnom infâme
les registresde l'Académie,je
compris que
lareligion exilée s'étaitenfuieau
ciel, etque Satan
étaitexprimé
sur la terre.Et
quand
, plustard,j'ai vules
hommes
deboue
succé- deraux hommes
desang
, et lesflatteurs d'un tyranaux
égorgeurs d'un roi, j'ai jugéque
la bassesse devait être le caractèredominant dans
lemonde,
puisqu'elle avait sonexpression
littérairecomme
l'atrocité avait eu lasienne; et cela, parsuite de cetteloi naturelle, qui veut
que, dans
le corpssocial,demême que
danslecorpshu- main
,lagangrène succède
à l'inflammationetl'abrutis-sement
à lafureur.Et
quand, en remplacement
des flatteursdu
tyran, j'aivu
arriveràl'Académie
lesflatteursdesflatteurs, c'est- à-dire lesniais aprèslesplats , leshommes
derien après leshommes
depeu
,enun mot
les écrivassierssansnom
aprèsles écrivainssans
renom;
alors,comprenant qu'une
sociétésiplatement exprimée ne
pouvait pastomber
plus bas, j'ai jugéqu'il fallaitqu'ellefûtdétruiteou
régénérée.Et
en effet,quand
j'aivu
rayerdu nombre
des aca-démiciens
, etceux
qui avaientcondamné
et assassiné leur roi,etceux
qui, faute demieux,
n'avaientpu que
l'insulter etletrahir, cela
m'a semblé
d'unbon augure,
et j'ai pensé
que
la sociétéallait repousser à jamais les honteuses doctrinesdont
l'Académie venaitde répudier leshonteuses expressions.Cependant, quand,
lesannées
suivantes, j'aivu
ses( 382 )
portes s'entr'ouvrirsans bruit
pour
laisser s'y glisserfur- tivement tel candidat, qui n'avaitd'autre titreacadémi- que qu'un
gros recueil degrosses injurescontre legrand
roi
fondateur de
-VAcadémie, ou
telintrigantsubalterne,favori d'un intrigant supérieur en faveur, j'ai conclu, de cette expression basse,loucheetplate,delasociété,
que
ses
ennemis, ne pouvant
lareplongerbrusquemeut dans
l'abîme dontun
miraclel'avait tirée, travaillaient à l'yramener
parune
voie oblique,que
l'on anommée dans
le
temps détour
ministériel.Mais quand,
àl'époque de l'heureusenaissance
, qui fut aussil'époque de la renaissance desbelles etbonnes
lettres,j'aivu
successivement les expressionsmonar-
chiquesde
lasociété deveniren même temps
sesexpres- sionslittéraires;quand
j'aivu, dans
l'espacede
dix-huit ans,Mgr
de Fraissinoussuccédera M.
de Richelieu,M.
deMaccarly
à31.Bigot-Préameneu
,Mgr
deBoulogne
àM.
de Lally,M.
l'abbé de laMennais
àM.
l'abbé deMontes- quiou
,M.
l'abbé Fayet àM.
Lacretelleaîné
,M. de
Saint-Victor àM.
leMontey
,M.
Charles NodieràM. Du-
val,M. Ancelotà M. Jouy, M.
de la Martine àM,
Ai-gnan, M.
deMarchangy
àM. Népomucène Lemercier
,M. Edmond Géraud
àM.
François,natif de Neuchà-
teau, etenfinM.
Martainville à M. Villemaiu, alorsj'ai sentique
laFrance recommençait une
ère debonheur,
et
l'Académie une
ère degloire.La
séance d'hier aconfirmé
cettedouble
espérance;jamais spectacle plus
imposant
n'avait étépromis aux
amateurs
des lettres.La
remise solennelledu
prixex- traordinairefondé en i834 parMonseigneur
leDuc
deBordeaux,
qui sait protéger les arts dela paixautant qu'ilhonore
l'artde la guerre, devait êtreprécédée de l'inaugurationdela statuedel'illustrecomte
de Maistre, dontl'Académie, parune
faveur singulière, avouluins- crirelenom dans
ses fastes,pour
seconsoler dene
l'avoir(
385
)pis
compté
vivantau nombre
de sesmembres.
C'est,en effet,au commencement
de laséanceque
ledigneami
de cegrand homme
,M.
deBonald,
arendu
àsamémoire un
noblehommage,
après lequelM.
le cardinal deBaus-
set,au nom
del'Académie, est allédécouvrir lastatue,au
bas delaquelleon
a luavec plaisir ce vers quilui est si applicable:Rien ne
manque
à sagloire , il manquaità la nuire.Des applaudissemens unanimes
ont salué celte nouvelleconquête
delaFrance.Le
secrétaire perpétuel a ensuitedonné
lecturede
la pièce couronnée.Le
sujetindiqué parMonseigneur
leDuc
deBordeaux
lui -même
était : iaReligion
, considéréecomm
eVunique source
desgrandes
pensées etdesgran-
des actions.M.
VictorHugo
s'estmontré
digne detrai- terun
sibeau
sujet,et acouronné
,dans
cette circons- tance, lesbrillantesespérancesque
sontalentnousavait faitconcevoirily adix-huit ans.La
pièceestterminée
parun
éloge délicatdu
Prince , qu'ilnous montre
conduità lagloirepar lareligion, et étantlui-même
lapreuve
vi- vante de la véritédéveloppée dans
tout l'ouvrage. Lesmurmures
les plus flatteurs ontaccompagné
l'auteur ,quand
ilest allé recevoirune couronne
sibien méritée;et
un
publicvraiment françaislui
aprouvé
qu'ilsavait appréciercette production, digne d'uneAcadémie vrai- ment
française.On
a lu ensuite des stances deM.
de la Martine, intitulées laMère d'un
Héros.Tous
lesyeux
se sont portés vers latribune de lamère
de notreHenri
;mais
elles'était retirée en
entendant
l'annonce de son éloge.La
séance a ététerminée
parlalecture d'unfragment
d'unnouvel ouvrage
politique deM.
leduc
deChateau-
briand, dédié àMonseigneur
leDuc
deBordeaux. Il est intitulé: (aCharte
scion iamonarchie.
Si l'onen peut(
384)
jugerpar
un morceau
détaché, et quia été trouvé trop court, l'ouvragesera lechef-d'œuvre de ce célèbre écri- vain :il aétécouver! d'applaudissemens.On
s'estséparéaux
cris devive
leRoi
!vivent
lesBourbons
!vive Monseigneur
leDuc de Bordeaux!....
Et
quand
j'aivu
etentendu
tout cela, etque
je l'aicomparé
à ceque
je voyaisetentendaisilya trente ans,j'ai dit :
Puisque
ta littérature est l'expressionde
ta société, la société estsauvée! Etvivedonc
son sauveur!vive
leDuc de Bordeaux
!Le comte O'Mahony.
POESIE.
LE DÉPART POUR L'ARMÉE.
DIALOGUE dramatique.
LA MÈRE ET LE FILS.
LE FILS.
O ma
mère! entends-tulescoursiersqui s'élancent?Leclaironretentit... etnosguerrierss'avancent!.,..
Non,non,jamaislaharpedes concerts Et des chantsdu bonheurl'éclatanteharmonie N'apportaplusdecharmeen
mon âme
ravie, Quele son belliqueux qui vibredansles airs.Adieu,
ma
mère!LA. MÈRE.
Arrête! ôquej'aimeàt'entendre!
Quededouxsouvenirsetquedebiens perdus, Tavoix, testraits,toncœursigénéreux,sitendre,
Rappelle,hélasI àmessens éperdus.
Je veuxte suivre.
LE FILS.
Eh
bien!ornement de lafête,
C'està toideparerlebeaujourqui s'apprête.
Vienst'offriràcepeuple heureux det'adorer.
Granddieu!detropd'amourpourrait-ilt'entourer1
A
tavue,ildira:Voilà lanoblemère Qui,jeune, àpeineveuve,aulitdeladouleur,
Surleberceaudufils,prèsdutombeaudupère,
Mêlasoncri dejoieauxplaintesdu malheuri Lavoilà!...saluonssesvertus immortelles....
Le ciela pris pitiédeseslarmescruelles:
Elienepleure plus!etdocileà savoix, Etsoussesailesmaternelles, Sonenfantagrandipourle trùne desRois.
Viens!nosguerriersémus,entevoyant paraître,
Vont m'aimer davantageetnousbénir tous deux.
Moi,fierd'êtretonfils,etdevaincre aveceux, Bientôt,, danslescombats,je
me
feraiconnaître Digne detoi,ma
mère,etde tous nos aïeux:Pourguider des héros,ilfautl'êtresoi-même.
LA MÈRE.
A
ton père,mon
fils,partavaleurquej'aime,Pour
mon
repos, crainsdetropressembler.Songe que
même
unevictoireSurtesjours
me
feraittrembler....Etc'estàpeinesitagloire Suffiraitpour
me
consoler.Cependant, pars,
mon
fils:tavaillanceest sipure!Etreaimédela Franceestun bonheursidoux1
Ilfautmourir pourelle,ellea veillepournous....
De mesmainsreçoistonarmure.
Du
soldat soislepèreetdu pauvrel'appui.Prendscepanacheblanc,c'estcelui d'Henri quatre, LE FILS.
Je m'appelleHenri
comme
lui ,Comme
luijesauraicombattre.la mère(àpart.) Lefeudel'héroïsmeéclatedanssesyeux!
Ainsidisait Berry....
LE FILS.
Mon
pèreILA MÈRE.
PauvreCharle!...
LE FIL9.
Quedisait-il,
ma
mère? Ah!parle....LA MÈRE.
O mon
fils!ildisait: «Berceau demesaïeux(
386
)»
O mon
pays,sicheràmon
âmeattendrie!» Jetepardonnenosdouleurs.,..
LE FILS.
O ma
mèrei pourquoifais-tucoulermespleurs?la mèrecontinuant:
» Etsiquelque ennemimenace
ma
patrie....» Malheuràl'ennemi1...
le fils.
Par
ma
lance!...malheur!....LA MÈRE.
»Jesuisné pourrégner....
LE FILS.
Et pourvaincreàlaguerre.
LA MÈRE.
» Embrasse-moi,Caroline!....
mon
cœur» Inspiré par l'amour d'uneépousesichère,
» Vaguider
mon
panache au chemin del'honneur!» Jecours auverlaFrance!....
LE FILS.
Embrasse-moi,
ma
mère!....Je parsi
LA MÈRE.
Charle!...
mon
fils!...j'aicru revoir ton père!...C. Bérard.
MOEURS.
LA REVUE DU
28SEPTEMBRE
1842.Ducatavo turmas,etseseostendatinarmis.
Qu'il conduise les escadrons devant son aïeul? et qu'il semontreavecsesarmes.
Virgile.
Le
Béquillardétaitmon
oncle. C'étaitun
vieuxbravehomme
,que
leslecteursde
laFoudre&e, rappellent peut- être.En
1822 ilavait 70ans,et l'on trouvaitencoredans
sesécrits, oubliés aujourd'hui,une
chaleurd'âme
etune
originalité d'expressions qui
donnaient
assez bien lechange
sur sonâgeetsurseshabitudes :on
allaitmême
( 38; )
jusqu'à dire dans
quelques
salonsoù
laFoudre
avait déjàbeaucoup
de succès,que mon pauvre
oncle avait 25ans, et qu'il étaitlieutenant de cavalerie....Que
n'enétait-il ainsi ! Hélas! j'aurais
encore un
excellentparent, et nosabonnés
des articlesque
lesmiens
neremplaceront
jamais.Septembre
, avecsa vingt-neuvième journée,m'amène
des souvenirsdoux
et tristes à-la-ibis.Le
29 est l'anni- versaire de lanaissance de notre Henri, et c'estenmôme
tems
l'époque de lamort
de ce vieiloncleque
jeveux
toujours regretter. Il y a dix ans, c'était en 1802, la veille de lafête, etpour
lapremière
fois,le"jeune prince,comme chacun
sait, défila àla têtedes lanciersdelà
garde.Pour
assister à la revue, le Béquillard,malgré
ses 80 ans, était restésur pied toute lajournée. Il fut tant poussés tant heurté par la foule
enchantée
; ilse lassatant àcrieravec toutlepeuple
: ViveleDuc
de Bor-deaux
! il eut tant de plaisir à liredans
leCourrier
royaliste (1) cette joliechanson que M.
deBéranger
fit àcetteépoque
sur le petitlancier français, qu'ilne
put résister àtantde fatigues età tant d'émotions; et lelen-demain
soir, aprèsavoirbu une
goutte d'excellent Bor-deaux
danssatimballe d'argent, àla santéde
la famille royale,ilme
remitsabéquille,etferma
les yeux....pour ne
plus les ouvrir, en souriantaux
acclamations des Parisiens, quirentraientchezeux
après avoir salué l'hé- ritierdelacouronne,
eten répétant :J'ai vu
le salut d'Israël etjeni'endors en paix.
1
— ^^ —
^—^^mmmmi—
^
(1)
Ce
journal,quimaintenant est consacié à la défensedes saines doctriues, paraissait, en1822, sousle titre de Courrier français, et était,à cetteépoque,laplusignoble et la plus exagérée desfeuillesrévolutionnaires.En
1825,il fitun aveu sincèredeses torts, deses erreursvolontaires etde sesmen-
songescalculés....Depuisqu'ilestdevenuroyaliste, onnelui dispute plus sonpremierlitre.(
588
) ,*
Tous
les ans, àpareilleépoque,
je faisun
triste pèleri-nage
àsatombe.
Elleestau
cimetièredu
P.Lachaise, et placée, parun
hasard étonnant, àcôté de lapierrequi recouvre E. Gosse, l'un des rédacteurs d'un petit jour- nal jacobin, qui cessa de paraîtreen
1823. Les curieux serappellentencore
touteslesplaisanteriesdont on pour-
suivait cepauvre Gosse
, et le ridicule qui pesait sur ses livres et sesmélodrames, que,
l'autre jour, j'aitrouvé dépareillés
dans
lemannequin
desbrochures
àdeux
sous.Le malin
Béquillard oubliantque,
selon Ri- varol, ilestfeu généreux de
grêlersur
le persil, étaitenchanté quand
il pouvait intercaller cenom comique dans
sesdiatribes,"eta présent, tousdeux, couverts d'un oubli favorable àleur esprit, reposenten paix, côte-à- côte,comme deux amis
et l'avenirne
parlera pasplus decetteanimosité
que du
succèsdeManon
LescautîMalgré
toutmon attachement pour
cecher parent,l'onpense
bienque
toute la journéedu
28 n'estpasconsa-
crée à la tristesse;ceseraitbienmal honorer
samémoire que de
s'affligercejour-là,et j'auraismauvaise
grâce de n'en pasdonner au moins
la moitiéau bonheur. Ce mé-
lange dejoieetd'attendrissement,de
plaisir et demé-
lancolie,n'estpas sans
charmes,
et c'estceque mon cœur éprouve
toutesles foisque
jerencontre,que
j'aperçoisle jeune princeque
laFrance
fêteaujourd'hui.C'estd'abord
du
plaisir, etun
plaisirbienvif,delevoir, sijeuneetsibeau,promettre au
trône des soutiens, et àlapatrie denombreuses années
degloireetde bonheur;
et c'est
bientôtune émotion
puissante, parcequ'on pense
malgré
soiaux
douleurs quis'assirentauprès de'son ber- ceau, et àl'amertume
deslarmes
qui précédèrent sa naissance. Sestraits,quinous
rappellentsi bienceux de
sonpère,ajoutent encoreà cetteémotion
involontaire, et je l'aivue
hiersur touslesvisages,quand,
salué par la fouleaccourue
sur son passage, ila défiléà la têtede
la(5«9)
cavalerie, devant le Roi et les princes de la famille royale.
La
revue a été magnifique.Jamais
plus brillant spec- tacle ne s'était offertàmes yeux
Cette placeimmense du
Carrousel,quin'est plus gâtéepar ce maladroitessai d'arc-de-triomphe,qu'on
y voyaitencoreilya
vingtans, étaitpresque
toutoccupée
parles troupes, et les fenêtres de cesdeux
galeriesmagnifiques
qui joignent les Tuile- riesau
Louvre',terminé
,étaientgarnies dedames
élé- gantes, et leursmouchoirs
blancs, qu'elles agitaientcomme au temps
delarestauration ,annonçaient
de quel côtélesprinces portaient leurs pas.Jem'étais introduit
dans
la galerie des tableaux, et après avoiradmiré
denouveau
lamort
deBonchamp
,
parGirodet,leSaint-Louis de Gros,etl'entrée d'Henri [V
par Gérard
, je prisplace àune
fenêtre assez voisine des Tuileries, et lehasardme
servitsi favorablement,que
jeme
trouvai à côtéde madame
deC
C'estune femme
très-aimable, quia pardessustoutlegoût desfêtes etdes
cérémonies
publiques.Depuis
trente ans elle n'a pasmanqué une
revue, elle a assisté àtous lesconcerts de la Saint-Louis; il n'y a pasune
distributionpnbliqne
quise soitfaite sanselle; et si en 1822 sonmari trembla pour
ses jours, c'est qu'elle futmouilléed'importance aux
coursesdu Champ-de-Mars.
Partout
où
l'on voit la foule,on
estsûr dela trouver;elle
ne
quitte pas le Vaudeville depuisque
son spirituel directeur,M.
Désaugiers, a, parlafermeté de son carac- tère,déjoué lesprojetsdesesennemis,
etprouvé que
sa verveet son talentne
vieillissentpoint.Madame
de C. avaitconnu mon
oncle qui, en ia qualité deflâneur, ne pouvaitmanquer
delarencontrer souvent. Ellefutenchantée
demon
voisinage, etcom- mença
l'historique de toutes les revuesoù
elleavaitas- sisté, et l'on pense bien qu'elle n'oublia pas celledu
36
(
3ôp
ïbaptême.
« Jecrois encorevoir,me
disait-elle, la calè-che
qui portaitdans
les rangs de nos soldats l'enfantque
lecielvenait deleurdonner.— Madame
,luirépon- disse, il n'y avait pas alorsun
de ces braves qui n'eûtdonné
vingt ansde
sa viepour
levoir,comme nous
levoyons
aujourd'hui, à cheval...au
milieud'eux. » Elle m'interrompit.Le
voilàquivientde
ce côté :avec quelle grâceilmanie
cebeau
cheval blanc qui bondit souslui !Que
cetuniforme
vertluisied bien... ! Il s'arrête... c'estun
vieux grenadier qui luiparleen luiprésentantlesar- mes...Quelque
réclamation, sansdoute... elleestjuste, carle jeune prince , après avoirparléau
colonel,met
pied àterre... C'est sacroix qu'il détache... c'est surla poitrinedu
vieux soldat qu'il l'attache. ViveleDuc de Bordeaux! Mais
tous lestambours
battentau champ
,tousles
drapeaux,
tousles étendardss'inclinent... c'est leRoi,,, le voilàau
balcon dela salledesmaréchaux.
Je levois à merveille d'ici... quelle belle figure ! quelair auguste !quel front serein!il n'est point changé... Voici lesprincesses: ViveMadame
,viveladuchesse
de Berry!etMademoiselle...
nous
lacherchons en
vain àcôtédesa mère... elle asuivison royalépoux,
ellefaitl'ornementd'une cour
étrangère; elleprouve aux
habitans d'ungrand
et noble paysque nous avons
debonnes
raisonspour aimer
lesprinces desonsang...Ah
îlestroupesvont
défiler... Voici
en première
ligne laMaison du
Roi...quellerichesse ! quelle tenue! l'œil se fatigue
en
cher-chant
à fixer l'éclat des casques et desarmes.Ce
sontvraiment
des corpsd'élite.Tous
lesgenres d'illustration setrouveutdans
leurs rangs. Intrépides soldatsau mo- ment du
danger, lesgardes,au
milieude la paix,nous
ontrendu
, par leur instruction, par l'élégancede leursmanières
, par leur goûtpour
les lettres et lesbeaux
arts, l'officierfrançais dontVoltaireafait
une
siaimable
peinture.Encouragés
parlesrécompenses que
lemérite( 39> )
est
maintenant
toujourssur d*y trouver, soutenus dansun
service pénible, parles égardsqu'on ne
peutrefuser à leursservices, à leur naissance, ils tiennentàhon- neur
d'y rester , d'y vieillir. »Ma
voisine continua sur ce ton , etme
désigna tous lesrégimens
qui défilaient, m'entretenant de leursex- ploitsdans
la dernière guerre, etme nommant presque
touslesofficierssupérieursque nous
regardionspasser...Elle
me
fitremarquer
lesdeux
(ilsdu
généralMoreau
,qui servent d'aides-de-camp
au
jeuneprince. Grâces à elle , je vis lecolonel Cathelineau, lesmaréchaux La Roche-Jacquelin
,Canuel
etDonadieu
qui vontprendre
le
commandement
des diCférens corps de l'armée ras-semblés
près de Tours.Ilétaitcinq
heures,
larevuen'étaitpoint encorefinie.J'étaissilas,
que
jesongeai àlaretraite; aprèsavoirjetéun coup
d'oeilsurl'esquisseque
31.Horace Vernet
traçait àune
fenêtre voisine,pour
faireun
tableau de cette fête militaireet française, jesaluaimadame
de G.', qui n'auraitpasquitté sapiacepour
toutl'ordu monde.
J'eusbeaucoup
de peine à sortirdu Louvre
,tant ily avaitdemonde
qui cherchait à voir larevue.Ceux
qui nepou-
vaientapprocher
, s'amusaient à écouterun homme
qui,monté
surune borne
, s'écriait en gesticulantqu'onne
l'arracherait pas de sa tribune: il avaitune mauvaise
robed'avocat... je lereconnus
; c'estcebavard
qui porte surlesplacessonéloquence
délibérative,depuisque
leschambres
n'en veulentplus. Il parlait encore derépu-
gnance... tout lemonde
le huait... et jeme
rappelaique
mon
oncle, en 1822,disaitque
touslesfousne sont pas àCharenton
!Le
neveu du Béqcillabd.(
39*
)BIOGRAPHIE ROYALISTE DES HOMMES VIVANS.
Le duc
DE REGGIO
, maréchal de France.N°1429.
Né
à Bar surOrnain le25 avril 1769, ilfut d'abord des- tiné aucommerce;
mais à peine avait-il atteint sa seizième année, quecefeubrûlant de lagloire,quine prend naissance que danslesgrandes âmes, vint s'emparer de la"sienne etledécida impérieusement à prendre la carrière des armes. Il sedistingua dans sonpaysnatalenapaisantune émeute popu- laire,quiaurait
pu
devenir funesteà toutela ville. Ilfutnommé
chef du 3ebataillon des volontaires dela
Meuse
,en1792, et danslesdifférentes affaires qu'ileutàsoutenir contrelesPrus- siens et lesAllemands
, pendantl'espace de sept à huit ans,
il fit éclater
un
courage si impétueux, qu'il futsurnommé
le hraveOudinot par toutel'armée.Promu
au grade degénéral,
il servit en Italie, sous lesordres de Masséna. Pendant le siège de
Gênes
, si long etsimémorable
, il sortitde cette place, et traversa deux fois toute la ligne anglaise surun
frêle esquif, pour aller
communiquer
au général Suchetles intentions
du
général Masséna. C'était se dévouer à une mort presque certaine: il réussit pourtant dans cette entre- prise. Placé ensuite souslesordresdu
maréchal Brune, ileut la premièrepart danslesuccès dela bataillede Mincio.Dans
cette affaire, le duc de Reggio se précipita, seulementavec son état-major, sur une batterie autrichienne qui foudroyait notre
armée
,tua lescanonnierssurleurs pièces,jeta l'épou- vante dans les bataillons ennemis et les força de repasser l'Adige. Cette action brillante luivalutun
sabre d'honneur,et lapaix fut le résultat decette victoire.
Appelé
eni8o5aucommandement
desgrenadiers, ilpartitpour Vienne, yarriva auboutdequarante-cinqjours, traversa laville etseportasurlepont du Danube.
Ce
pontétaitminéetdéfendupar cent quatre- vingtsbouches àfeu; le général Oudinot prend froidement lamèche
desmainsd'uncanonnieret la jettedansleDanube:
onentre en pourparler, le passage s'effectue, le maréchal s'empare delariveopposéeet fait capituler touteslestroupes qui s'y trouvaient. Il se distingue ensuite aux combats de
Wertingen
et d'Armstetten ; ilestblessé,n'attend point sa(3g5)
guérison,etpari pourAusterlitz, où sa division secouvritde gloire. L'année suivante(i8oG), ilpritpossession des comtés deNeufchàtel etdeValeugiu ; ilse concilia, par son équité, l'estimedeshabilansdecescontrées, quiluiconférèrent,àson départ,le titrede citoyendeNeuchâteletluioffrirentuneépée.
Laguerre ayantétédéclarée àlaPrusse,lemaréchal Oudinot pénétraàBerlinetensuiteenPologne, oùilmoissonnadenou- veauxlauriers.IIlitaveclemaréchalLefèvre capituler Dantzick, etsoutint à Friedland, avec dix mille grenadiers, lechoc de quatre-vingt mille russes, depuisune heure du matinjusqu'à midi. Parcetacteincroyablede courage, ildonna au restede l'arméeletempsd'arriveretde gagnerune bataille qui décida lapaixde Tilsitt. L'année d'après, il fut
nommé
gouverneur d'Erfurt.En
1809 , ilmarcha
contre l'Autriche, fit des pro- digesde valeur à la bataille deWagram
, à la suite dela- quelle ilfutélevé àla dignité de maréchal. Ilpritpossession delaHollande en1810.Aprèss'êtreemparé
deBerg-op-zoom, de Breda,de Bois-le-Duc,d'Utrecht,il entraàAmsterdam
,et sut concilierl'exécutionde sesordres avec leségardsqu'il devaitauroide Hollande. L'administration
du
maréchalOu-
dinot futdouceetbienfaisante. Les magistrats hollandaislui firentaussidon d'une épée.En
1812,il prit lecommandement du
12ecorps, etse rendità Berlin, dont ilfutgouverneur.Il pritpart à lacampagne
quis'ouvrait, en sebattant avec son impétuosité ordinaire au passage de laDwina
; mriis après avoirforcé lesennemis,ilfutsi grièvementblessé,qu'ilaban- donna lecommandement
de son'corps d'armée au général GouvionSaint-Cyr. Plus tard, il se porta au passage de la Bérésina, oùilmena
l'ennemitambour
battant pendant deux heures : atteintd'une balle qui lui traversa le corps, lema-
réchalfuttransporté dansun
village; maisil fut soudain en- touré par cinq escadrons de cosaques, qui avaient deux pièces de canon.Le
maréchal, malgré son étatdefaiblesse,voulutsedéfendre, etàl'exemple deCharles
XII
, il soutint lesiège de sa maison avec trente personnes au plus. Il tua beaucoup demonde
aux assaillans, et donna letemps
àl'avant-garde française d'arriverpour le dégager.
Aprèsavoir continué ses hauts faits d'armes contreBerna- dolte, s'être distingué plus tard aux affaires de Brienne,
(
394)
iN'angis,Bar-sur-Aube,etc.,l'abdicationdeBuonaparte dégagea Je maréchal Oudinot de ses sermens; c'est alors qu'iloffrit soncœuretsonépée au Roi,dontilfut,depuislarestauration,
l'undes plusfermes défenseurs. Saconduitependant les cent jours ne démentitpoint sa hauteréputation de fidélité. Ilfut
nommé,
en i8i5,commandant
de la garde nationale pari- sienne, major-général delagarde, pairdeFranceetministre d'Etat. Silespreuves incontestablesde la bravouredu
duc de Reggion'étaientpas consignéesdans notre histoire, on refu- serait decroire à des prodiges aussi inouis devaleur et de courage. Cet illustreguerriersemble avoir une physionomie particulière au milieude toutes les figuresgigantesques qui remplissent nos fastes militaires. Toujours blessé, toujours vainqueur, impétueuxcomme
un simple soldat pendantl'at-taque, calmeet froidaprèslaconquête,
comme
leplus habile général, lavieentièredu
maréchal Oudinotn'estqu'uncom-
bat couronné par une constantevictoire.Aucun
denos géné- raux français n'aversé plus de sangque luipour sa patrie»tousles
champs
debatailleenontétérougis: mais la gloirea veillésur des jours si précieux, et ilsnousont été conservés.Le
duc de Reggio,quiavouluconsacrer ses dernièresannées àchérir sesRois, a obtenu Fheureux privilège d'instruireleDuc
de Bordeaux dansl'artdelaguerre. C'està ses soinspar- ticuliers que notre prince chéri a été confié. Quel élève ilnouslaissera! quel avenir glorieuxilnouspromet! Parvenuà sa vingt-deuxième année, notre nouvel Henri
IV
ne quitte jamais son vénérable instituteur, maintenant âgé desoixante- quinze ans, et l'on voit encore ce valeureux vieillard, tout couvert delauriers, suivred'un pas fermele filsde laFrance, etlemontreravec orgueilàtouslespeuplesde l'Europe.MELANGES.
On
vient de publierun
ouvrageposthume
deM.
l'abbé de Pradt, surleGouvernement du Nouveau- Monde.
Si Vhomme
aux
congrès n'avaitpasquitté celui-cidepuis longtemps, on pourrait croireque c'estencore unprojet de républiqueuni- verselle qu'il offre, sous levoiled'unefinepolitique, à tous les souverains alliés; mais pour cette fois seulement, il parle(395
)malgré lui et ne peut plus soutenir Ladiscussion; aussi nous nesaurions tropblâmerle libraireavide qui alivréàl'impres- sion un ouvrage que
M.
deFradt, avant sa mort, avaitlui-même condamné
à l'oubli.Nous
enavonsparcouruquelques pages; mais nous y avons trouvé tant d'extravagances, qu'il nous a été impossible d"en achever la lecture. Par exemple, notre défunt archevêque de Malines dit « que pour con- quérir tout leNouveau
-Monde
, il faut d'abord blanchir lesnègres. » Certes, voilà unechosefort difficile, si l'on en croitleproverbe....etcependant cela secomprend,
en ymet- tantun peu debonnevolonté; car ilnous semblequ'il avoulu dire tout simplement qu'il fallaitfaire remplacer les nègres psr des blancs; mais il faut y penser longtemps avant d'en découvrir le sens.Du
reste, lestyle énigmatique atoujours été celui deM.
de Pradt.Iln'estpas étonnantquecet écri- vain soitdevenufou, et qu'il ait fini ses jours aux Petites- Maisons,comme
le constatent lesmémoires
du temps. C'est à ce sujet qu'on fit l'épitaphe suivante:Ci-gît un évêquesansmitre,
Un
écrivain sansmission,Un
noble qui n'eutpointde titre,EtquimourutàChareoton.
Aussitôtlesroiss'assemblèrent, Etpoursa gloire ilsdécrétèrent Qu'on l'enterreraitdansParis,
Aux
fraisdes congrèsréunis.Un mélodrame
intitulé leDèvoûment
de Rèsulus, a étéjoué avec succès, lasemaine dernière, à l'Ambigu-Comique,
Le
sujet n'est pas neuf; carindépendamment
de celui de Dorât, on assure qu'il a été représenté aux Français, ily a environunevingtaine d'années, unerapsodie qui portait aussi le titre deRégulas, Lesvieux habitués de l'orchestre serap- pellent encore ce triste ouvrage, qui nefutsoutenu, à cette époque, queparuneclique libérale, quin'existeplus aujour- d'hui. Cette soi-disant tragédie n'eut que douze ou quinze représentations; encore est-ceTalma
qui la fît supporter au public.On
ajoute que cet acteurcélèbre se retiraduthéâtre(
3S6)
Vers ce temps là, pour n'être plus forcé de jouer les nou- veauxrôlesdel'auteurde Régulus.
Ce
poèteinconnu senom-
maitArnoux
ou Arnal; on croit que cet Arnal estlemême
qu'un acteur des Variétés,quipartageait, en1822 , les rôles de niaisavec Brunet.
#
Un
écrivain révolutionnaire,nommé
Dulaure, qui publia,
il y a fort long-temps, une Histoire de Paris, remplie de faussetésetde mauvaisefoi, vient d'êtrefrappé parlafoudre, prèsdela barrièred'Enfer. Tous les secoursqu'on lui a pro- digués n'ont
pu
lerendre àlavie : ilest mort entrelesmains des médecins.On
a trouvé dans ses papiers YHistoire des Comitésrévolutionnaires,des Jacobins,etcelle de laConvcW
tion régicide.
Le nom
deM.
Dulaure se trouvait en toutes lettressur cette dernière brochure, et il était écrit en encrerouge. Ilparaitque c'était lacouleur favorite del'auteur.
Grande
activité à l'Académie , deux réceptions lemême
jour! voilà
du
nouveau.Mais
aussi notre siècle littéraire va si vite, queMM.
les académiciens'sont forcés de se presserun peu
pour faire place à tout lemonde.
Celte ibis, l'auteur de LouisIX,
d^Ebroïn et d'une foule d*au- tres beaux ouvrages dramatiques, a pénétré dans le sanc- tuaire.M.
Ancelot a succédé àM.
de Jouy, et tout lemonde
sent qu'il n'était pas médiocrementdifficile au nouvel élu de faire l'éloge de son prédécesseur; mais enfin l'élo- quence triomphe de tout, etle public a paru fort satisfait.On
a surtout admiré l'adresse avec laquelleM.
Ancelot a fait valoir une médiocretragédie deM.
de Jouv, qui n'ob- tint jadis de succès que par la manière dont l'acteur prin- cipal mettait sa perruque. L'assemblée n'a pu s'empêcher de sourire à ce passage; peut-être aussi était-ce de souve- nir, car on assure que le jour de l'enterrement de