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Academic year: 2022

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Texte intégral

(1)

par Olivier Debarre

Ecole normale sup´erieure, Paris´

R ´ESUME´.Un polytope est l’enveloppe convexe d’un ensemble fini de points de l’espace. Il est dit entier si ces points peuvent ˆetre choisis `a coordonn´ees enti`eres. Le th`eme g´en´eral de ce texte est le comp- tage du nombre de points `a coordonn´ees enti`eres dans un polytope entier et la finitude de l’ensemble des types de polytopes entiers pour lesquels ce nombre est fix´e non nul. Les techniques utilis´ees sont

´el´ementaires. Outre leur int´erˆet propre, ces probl`emes ont un lien tr`es ´etroit avec des questions de g´eom´etrie alg´ebrique.

MOTS-CLES´ :Polytopes, convexe, points `a coordonn´ees enti`eres, finitude.

1. Introduction

Dans tout ce texte, unpolytopeest l’enveloppe convexe1d’un sous-ensemble fini de l’espace euclidienRn. C’est donc un compact (ferm´e et born´e). Sadimension est celle de l’espace affine qu’il engendre.

On appelleint´erieur relatifd’un polytopePson int´erieur dans l’espace affine qu’il engendre.

On le noteP0.

Un point deP est unsommets’il n’est int´erieur `a aucun segment enti`erement contenu dans P.

Soit Σun sous-ensemble de Rn. Le th´eor`eme de Carath´eodory ´enonce que tout point de l’enveloppe convexeConv(Σ)est barycentre, avec coefficients strictement positifs, d’un sous- ensemble deΣform´e de points affinement ind´ependants.

1. L’enveloppe convexe d’un sous-ensembleΣdeRnest l’intersection des sous-ensembles convexes deRnqui contiennentΣ: c’est le plus petit sous-ensemble convexe deRnqui contientΣ. C’est aussi l’ensemble des barycentres `a coefficients positifs de points deΣ.

(2)

Proposition 1. Les sommets d’un polytopePsont en nombre fini et leur enveloppe convexe estP.

D´emonstration. SoitΣun ensemble (fini) de cardinal minimal dontPest l’enveloppe convexe.

Nous allons montrer queΣest exactement l’ensemble des sommets deP. Soitsun sommet de P. Par le th´eor`eme de Carath´eodory, on peut ´ecrires=λ1s1+· · ·+λmsm, avecs1, . . . , sm

points deΣaffinement ind´ependants,λi > 0 etλ1+· · ·+λm = 1. Sim > 1, le point sest dans l’int´erieur du segment joignant(1−λ3− · · · −λm)s1+λ3s3+· · ·+λmsm `a (1−λ3−· · ·−λm)s23s3+· · ·+λmsmce qui est absurde. On a doncm= 1, c’est-`a-dire s∈Σ.

Inversement, pour tout pointsdeΣ, notonsQ P l’enveloppe convexe deΣ {s}. On a Q 6=P par minimalit´e deΣ. Notonsxle point deQle plus proche desetH l’hyperplan affine passant parxet orthogonal au segment[xs]. Son ´equation estφ(y) =hy−x, s−xi= 0, etφest une fonction affine n´egative surQ, strictement positive ens. On en d´eduit queφatteint son maximum surPen le seul points, qui est par cons´equent un sommet deP.

¤ Plus g´en´eralement, on appellefaced’un polytopeP tout sous-ensemble deP d´efini comme P ∩H, o`uH est un hyperplan affine tel queP soit enti`erement contenu dans un des deux demi-espaces ferm´es queH d´efinit. En particulier,∅est une face deP. Il est aussi pratique de d´ecr´eter queP est une face deP. Ces deux faces sont ditesimpropres ;les autres sont ditespropres.

On montre quePn’a qu’un nombre fini de faces, et que chaque face est elle-mˆeme un poly- tope, enveloppe convexe des sommets dePqu’elle contient. UnefacettedeP est une face de P de dimensiondim(P)1. Enfin, un polytope est r´eunion disjointe des int´erieurs relatifs de ses faces.

2. Les simplexes

On appeller-simplexel’enveloppe convexe der+ 1points affinement ind´ependants dansRn. Lesr-simplexes sont donc exactement les polytopes de dimensionravecr+ 1sommets. On appeller-simplexe ouvertl’int´erieur relatif d’unr-simplexe. En particulier, un point est un 0-simplexe et un0-simplexe ouvert.

Proposition 2. Tout polytopeP est r´eunion disjointe de simplexes ouverts dont les sommets sont des sommets deP.

D´emonstration. Soitsun sommet deP, soientF1, . . . , Frles faces (propres) dePne conte- nant pass et soient F10, . . . , Fr0 leurs int´erieurs relatifs. Les ensembles {s}, Conv({s} ∪ F10) {s}, . . . ,Conv({s}∪Fr0) {s}forment une partition deP. En raisonnant par r´ecurrence sur la dimension de P, on sait d´ecomposer chaqueFi en r´eunion disjointe de simplexes ouverts dont les sommets sont des sommets deFi, donc deP. En excluant les simplexes contenus dansFi Fi0 , on obtient une d´ecomposition de chaqueFi0en r´eunion disjointe de simplexes ouverts, donc aussi une telle d´ecomposition de chaqueConv({s} ∪Fi0) {s}.

(3)

¤ SoitKun convexe compact d’int´erieur non vide dansRn. Le volume euclidien de l’enveloppe convexe de pointss0, . . . , sndeRnest

1

n!|det(−−→s0s1, . . . ,−−→s0sn)|. (1) La fonction qui `an+ 1points deKassocie le volume de leur enveloppe convexe est donc continue. Elle atteint son maximum enn+ 1points affinement ind´ependants et on peut parler d’un simplexe de volume maximal contenu dansK.

Un polytopeP d’int´erieur non vide dansRncontient un simplexe de volume maximal dont les sommets sont des sommets deP. En effet, soitsun sommet d’un simplexeSde volume maximal contenu dansP. Consid´erons l’hyperplan affineHengendr´e par les autres sommets de S. Le points est un point de P `a distance maximale de H. L’intersection avec P de l’hyperplan affine parall`ele `aHet passant parsest par d´efinition une face dePdonc contient un sommet de P. On peut donc changer s en un sommet de P (sans changer les autres sommets deS). On proc`ede ainsi pour chaque sommet deS.

Proposition 3. SoitKun convexe compact d’int´erieur non vide dansRnet soitSun simplexe de volume maximal contenu dansK, de centre de gravit´eg0. On a

K⊂ −nS+ (n+ 1)g0.

D´emonstration. Quitte `a effectuer une translation, on peut supposerg0= 0. Soients0, . . . , sn

les sommets deS. Pour chaquei, on noteHil’hyperplan affine passant par les sommets de Sautres quesi. Le convexeKest tout entier contenu dans la r´egionRicompos´ee des points deRn situ´es `a distance moindre qued(si, Hi)deHi. Nous allons montrer que

\n

i=0

Ri, qui contient doncK, est contenu dans−nS. En coordonn´ees barycentriques, on a

Ri=nXn

j=0

αjsj

¯¯

¯ Xn

j=0

αj = 1, i|61ª ,

puisque la distance d’un point Xn

j=0

αjsj `aHiesti|d(si, Hi). Posonsβj = 1−αj

n ·On a Xn

j=0

βj= 1et comme Xn

j=0

sj = 0, on a aussi

Ri n

−n Xn

j=0

βjsj

¯¯

¯ Xn

j=0

βj= 1, βi>0 o

.

On en d´eduitK⊂

\n

i=0

Ri⊂ −nS.

¤

(4)

3. Polytopes et points entiers

On appelle point entierdans Rn un point dont toutes les coordonn´ees sont enti`eres, c’est-

`a-dire un point deZn. On appellepolytope entierun polytope dont tous les sommets sont entiers. C’est un tr`es vieux probl`eme que d’estimer ou de relier le nombre de points entiers d’un tel polytopeP, le nombre de points entiers dans son int´erieur relatifP0et le volume de P.

Il est utile d’introduire le concept de base deZn. La d´efinition est la mˆeme que pour un espace vectoriel.

D´efinition 1. Une famille(x1, . . . , xn)denvecteurs deZn en est une base si tout vecteur deZnpeut s’´ecrire comme combinaison lin´eaire dex1, . . . , xn `a coefficients entiers.

Attention,nvecteurs deZn peuvent ˆetre libres dans l’espace vectorielRn sans former une base deZn. On a les caract´erisations suivantes.

Proposition 4. Soient x1, . . . , xn des vecteurs de Zn qui forment une base du R-espace vectorielRn. Les conditions suivantes sont ´equivalentes :

(i) la famille(x1, . . . , xn)est une base deZn;

(ii) le d´eterminant de(x1, . . . , xn)dans la base canonique deRnest±1;

(iii) le parall´el´epip`ede de sommet0 et de cˆot´esx1, . . . , xn ne contient aucun point entier autre que les2npointsε1x1+· · ·+εnxni∈ {0,1}.

D´emonstration. SoitAla matrice (enti`ere) dont les colonnes sont les coordonn´ees des vec- teurs(x1, . . . , xn)dans la base canonique et soitB son inverse, c’est-`a-dire la matrice dont les colonnes sont les coordonn´ees des vecteurs de la base canonique dans la base(x1, . . . , xn) de l’espace vectorielRn.

Si (i) est v´erifi´e, la matriceBest `a coefficients entiers etAB=In. En prenant les d´eterminants (entiers), on obtient (ii). Inversement, si le d´eterminant deAest±1, la formule donnant les coefficients de l’inverseA−1 `a partir des cofacteurs (entiers) deAmontre queBest aussi `a coefficients entiers. On en d´eduit (i). Donc (i) et (ii) sont ´equivalents.

Supposons (iii) v´erifi´e. Tout vecteur deZnpeut s’´ecrireλ1x1+· · ·+λnxn, avecλ1, . . . , λn R. Le point entier(λ11])x1+· · ·+ (λnn])xnest dans le parall´el´epip`ede construit sur les vecteursx1, . . . , xn, doncλii] = 0pour toutiet (i) est v´erifi´e. Inversement, si (i) est v´erifi´e, tout point entier dans le parall´el´epip`ede de sommet0et de cˆot´esx1, . . . , xnest combinaison lin´eaire de ceux-ci `a coefficients entiers, qui valent donc n´ecessairement 0 ou 1.

Donc (i) et (iii) sont ´equivalents.

¤ Lorsque l’on ´etudie les polytopes entiers, il faut tenir compte des transformations de l’espace euclidien Rn pr´eservant le r´eseauZn (et donc les notions de point entier et de polytope entier) : ces transformations sont les translations par un vecteur entier et les transformations lin´eairesx 7→ Ax, o`uAest une matrice deGLn(Z)c’est-`a-dire, par la proposition 4, une matricen×n`a coefficients entiers et de d´eterminant±1. Une telle transformation pr´eserve

(5)

donc aussi le volume euclidien. Deux polytopes qui diff`erent par une telle transformation seront dits´equivalents.

Attention, des polytopes ´equivalents peuvent sembler tr`es diff´erents, mais de notre point de vue, leurs propri´et´es sont les mˆemes : mˆeme volume, mˆeme nombre de points entiers, mˆeme nombre de points entiers int´erieurs. Les triangles suivants sont ´equivalents :

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4444 44444

7777 7777

7777 7777

7777 7777

7777 7777

7777 ::

:: :: :: :: :: :: :: :: :

44 44 44 44 44 44 44 44 44

Ils sont chacun d’aire 3 et contiennent chacun 7 points entiers dont un seul int´erieur.

L’in´egalit´e suivante majore le nombre de points entiers en fonction du volume. C’est tr`es important de notre point de vue : il nous¿suffiraÀ de majorer le volume d’un polytope entier ayant un nombre de points entiers int´erieurs fix´e.

Th´eor`eme 1(Blichfeldt). SoitKun compact convexe de l’espace euclidienRntel queK∩ Znne soit pas contenu dans un hyperplan. On a

card(KZn)6n+n! vol(K).

D´emonstration. Quitte `a remplacerKpar l’enveloppe convexe de ses points entiers, on voit qu’il suffit de traiter le cas d’un polytope entierPde dimensionn.

On proc`ede par r´ecurrence sur la quantit´eCard(PZn), qui est au moins ´egale `an+ 1. Si Card(PZn) =n+ 1, le polytopePest un simplexe entier, donc de volume au moins ´egal

`a 1

n! par la formule (1).

SiP n’est pas un simplexe, il existe un sommet sdeP tel que le polytope (entier)Qen- veloppe convexe des sommets de P autres ques soit de dimensionn. Le polytopeQest intersection de demi-espaces d´efinis par ses facettes. Commes /∈ Q, il existe une de ces facettes,F = Q∩H, telle quesetQsoient de part et d’autre deH. SoitR le polytope Conv({s} ∪F). Les polytopesQetRsont chacun de dimensionn, ont strictement moins de

(6)

points entiers queP et ont au moinsnsommets (entiers) en commun (ceux de F). De plus, P =Q∪RetF =Q∩R. On en d´eduit, `a l’aide de l’hypoth`ese de r´ecurrence,

Card(PZn) 6 Card(QZn) + Card(RZn)−n

6 n+n! vol(Q) +n! vol(R) = n+n! vol(P), d’o`u le th´eor`eme.

¤ Il n’y a bien sˆur pas de majoration g´en´erale dans l’autre sens, puisqu’il existe des convexes compacts arbitrairement grands sans point entier. En revanche, pour certains polytopes, on peut obtenir une telle majoration. Ce sera l’objet du paragraphe 6.

4. Polygones entiers

Examinons tout d’abord le cas beaucoup plus simple des polygones (convexes), c’est-`a-dire des polytopes de dimension 2. On souhaite estimer le nombre de points entiers sur le bord d’un polygone entierP en fonction du nombre de points entiers dans son int´erieurP, ou encore sur son bord ∂P = P P. Le premier r´esultat dans cette direction est le c´el`ebre th´eor`eme de Pick.

Th´eor`eme 2(Pick, 1900). SiP R2est un polygone (convexe) entier, vol(P) = Card(PZ2)1

2Card(∂P Z2)1. (2) D´emonstration. Consid´erons d’abord un triangle entierT dont les seuls points entiers sont les sommets. Les seuls points entiers du parall´elogramme obtenu par sym´etrie deT par rap- port au milieu d’un de ses cˆot´es en sont les quatre sommets. Par la proposition 4, l’aire deT est donc 1/2 et la formule (2) est v´erifi´ee dans ce cas.

On traite maintenant le cas d’un triangle entier quelconque, en proc´edant par r´ecurrence sur le nombre de points entiers qu’il contient. SiT est un triangle entier avec au moins 4 points entiers, on choisit un point entierxdansT qui ne soit pas un sommet. En le joignant aux 3 sommets, on d´ecomposeT en la r´eunion de 2 ou 3 triangles, selon quexest sur le bord de T ou non, triangles pour lesquels la formule (2) est connue. Dans le premier cas, siT1etT2

sont ces triangles etsle sommet deT oppos´e `ax, on a ainsi vol(T) = vol(T1) + vol(T2)

= Card(T1Z2) + Card(T2Z2)

1

2Card(∂T1Z2)1

2Card(∂T2Z2)2

= Card(T Z2) + Card([sx]Z2)

1

2Card(∂T Z2) + 2 Card(]sx[Z2) + 2)2

= Card(T Z2)1

2Card(∂T Z2)1.

(7)

On proc`ede de fac¸on analogue si l’on a 3 triangles.

Enfin, on peut traiter le cas des polygones entiers g´en´eraux en proc´edant par r´ecurrence sur le nombre de sommets. Sisest un sommet d’un polygone entierP, on ´ecritPcomme la r´eunion du triangle de sommetsset les sommets deP voisins des, et du polygoneConv(P {s}), qui a un sommet de moins queP. On utilise ensuite le mˆeme raisonnement que celui employ´e ci-dessus.

¤ Si les seuls points entiers d’un polygone entierP sont sur son bord, on d´eduit de la formule de Pick l’´egalit´eCard(PZ2) = 2 vol(P) + 2et cette quantit´e n’est pas born´ee comme le montre l’exemple du triangle de sommets(0,0),(0,1)et(d,0)(dentier positif quelconque).

La situation est compl`etement diff´erente pour les polygones entiers ayant au moins un point entier int´erieur, comme le montre le r´esultat suivant.

Th´eor`eme 3(Scott, 1976). SoitP un polygone (convexe) entier dont le nombrekde points entiers int´erieurs n’est pas nul. On a

Card(PZ2)63k+ 6, sauf siP est ´equivalent au triangle

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?

??

??

??

??

??

avec un point entier int´erieur et 10 points entiers.

On d´eduit de la formule de Pick la majoration

vol(P)62k+ 2, sauf dans le cas exceptionnel ci-dessus.

D´emonstration. Il s’agit de montrer que la quantit´e

δ= Card(PZ2)3 Card(P Z2) = 2(Card(∂P Z2)vol(P)1) est major´ee par 6, sauf dans le cas du triangle ci-dessus.

On peut supposer queP est contenu entre les droites horizontales d’´equationy = 0ety = h>2, qu’il rencontre la droitey = 0le long du segment (entier)S0 = [0, a], ainsi que la droitey=hle long d’un segment (entier)Shde longueurb>a. On a

Card(∂P Z2)6a+b+ 2h , vol(P)> 1

2h(a+b)

(8)

donc

δ62(a+b+ 2h)−h(a+b)−2 = 6(a+b−4)(h2).

On ah>2carP contient un point int´erieur entier.

Sih= 2, on a termin´e. Sih= 3aussi, sauf sia+b63. Sia+b62, on aCard(∂P∩Z2)68 etδ= Card(∂PZ2)2 Card(PZ2)66puisquePcontient (au moins) un point int´erieur entier. Sia+b= 3, on aCard(∂PZ2)69etδ67, avec ´egalit´e si et seulement si

Card(∂P Z2) = 9, Card(P Z2) = 1, vol(P) = 9 2 = 1

2h(a+b).

Cette derni`ere ´egalit´e montre quePest un trap`eze de basesS0etSh. Sia= 1(etb= 2), il y a au plus 7 points entiers sur le bord. Donca= 0etPest un triangle, ´equivalent au triangle ci-dessus.

Supposons donch>4eta+b 63. On peut aussi supposer que la plus grande diff´erence h0entre abscisses de points deP est>h(sinon, on ´echange les coordonn´ees). Appliquons une ´equivalenceA : (x, y) 7→ (x+my, y), avecm Z, de fac¸on que le segment entier A(Sh)(0, h), port´e par l’axe desx, soit le plus proche possible deS0. La distancedentre ces deux segments entiers est alors 1

2(h−a−b). Si par hasard, h0 est devenu < h, on

´echange les coordonn´ees et on recommence le processus (qui doit s’arrˆeter, puisqu’`a chaque pas, l’entierh+h0 d´ecroˆıt strictement). On minore alors le volume deP par celui d’un quadrilat`ere pour obtenir

vol(P)> 1

2h(h0−d)> 1

4h(h+a+b), de sorte que

δ 6 2(a+b+ 2h)1

2h(h+a+b)−2

= 1

2h(8−h)−1

2(a+b)(h−4)2 6 6.

Ceci termine la d´emonstration.

¤

5. Le polynˆome d’Ehrhart

Ce paragraphe est de nature un peu diff´erente et n’est pas n´ecessaire pour la suite. Il est consacr´e `a un tr`es joli r´esultat qui g´en´eralise la formule de Pick en toute dimension et ne peut ˆetre pass´e sous silence.

Th´eor`eme 4(Ehrhart, 1967). SoitPun polytope entier dansRn. La fonction φP : N−→N

m7−→Card(mPZn)

(9)

est polynomiale, de degr´e la dimension r de P et de coefficient dominant le volume r- dimensionnel de P. On a d’autre part, pour tout entierm >0,

Card(mP0Zn) = (−1)rφP(−m).

Un polytope entierPdansRest un intervalle[p, q]. Il contientq−p+ 1points entiers, et φP(m) = mq−mp+ 1,

φP0(m) = mq−mp−1 = −φP(−m).

On a de mˆemeφ]p,q](m) =mq−mp=]p,q](1). On a la mˆeme formule pour un segment entier semi-ouvert dans le plan. Lorsque P est de dimension 2, on en d´eduit φ∂P(m) = ∂P(1)d’o`u, en utilisant la formule de Pick,

φP(m) = m2vol(P) +m

2 Card(∂P Zn) + 1, φP0(m) = φP(m)Card(∂(mP)Zn)

= m2vol(P)−m

2 Card(∂P Zn) + 1 = φP(−m).

Inversement, on peut d´eduire la formule de Pick du th´eor`eme.

D´emonstration du th´eor`eme 4.Grˆace `a la proposition 2, il suffit pour montrer la premi`ere moiti´e du th´eor`eme de traiter le cas d’unr-simplexe entierS, de sommets0, s1, . . . , sr. L’en- semblemSest la r´eunion disjointe de ses sous-ensembles

Sm,j =n

λ1s1+· · ·+λrsr

¯¯

¯λi>0, Xr

i=1

λi6m, Xr

i=1

i] =m−jo

pour j ∈ {0, . . . , m}. Le nombre de points entiers dans Sm,j est le nombre de solutions enti`eres positives de l’´equation

Xr

i=1

xi = m −j, c’est-`a-dire

µm−j+r−1 r−1

¶ , fois le nombreajde points entiers de

n

µ1s1+· · ·+µrsr

¯¯

¯µi[0,1[, Xr

i=1

µi6j o

. Commeaj=arpour toutj>r, on en d´eduit

Card(mSZn) = Xm

j=0

aj

µm−j+r−1 r−1

=

r−1X

j=0

aj

µm−j+r−1 r−1

¶ +ar

Xm

j=r

µm−j+r−1 r−1

=

r−1X

j=0

(aj−ar)

µm−j+r−1 r−1

¶ +ar

Xm

j=0

µm−j+r−1 r−1

=

r−1X

j=0

(aj−ar)

µm−j+r−1 r−1

¶ +ar

µm+r r

.

(10)

C’est donc bien un polynˆome enmde degr´eret de coefficient dominant 1 r!ar. Pour tout convexe compactKdansRn, on a d’autre part

Card(mKZn)

mn = volC1

m ·Card³ K∩ 1

mZn´ , o`uC1

m est un cube de cˆot´e 1

m. Lorsquemtend vers+∞, cette quantit´e est sup´erieure au volume de la r´eunion des cubes de cˆot´e 1

met de sommets dans 1

mZnqui sont contenus dans K, et inf´erieure au volume de la r´eunion de ces cubes dont un sommet est dansK. On en d´eduit facilement que la limite est le volume (n-dimensionnel) deK.

Montrons maintenant la seconde partie du th´eor`eme, dite formule de r´eciprocit´e. LorsqueP est unr-simplexe, on v´erifie directement, de fac¸on analogue `a ci-dessus, la formuleφP0(m) = (−1)rφP(−m). Si P n’est pas un simplexe, on l’´ecrit comme dans la d´emonstration du th´eor`eme 1 commeQ∪R, o`uQetRsont des polytopes avec strictement moins de points entiers quePqui se rencontrent le long d’une facette communeF. On a alors

φP(m) = φQ(m) +φR(m)−φF(m), φP0(m) = φQ0(m) +φR0(m) +φF0(m).

En faisant une r´ecurrence sur le nombre des points entiers du polytope, on obtient φP0(m) = φQ0(m) +φR0(m) +φF0(m)

= (−1)rφQ(−m) + (−1)rφR(−m) + (−1)r−1φF(−m)

= (−1)rφP(−m).

Ceci termine la d´emonstration. ¤

6. Points entiers dans des convexes compacts assez sym´etriques

Compter des points entiers dans des polytopes est `a l’origine une question li´ee `a¿l’approxi- mation diophantienneÀ(on d´esigne par cette expression les techniques fines permettant entre autres d’approcher un nombre irrationnel par une suite de nombres rationnels). Cette th´eorie ancienne progressa beaucoup `a la fin du dix-neuvi`eme si`ecle grˆace `a Minkowski. Elle permet de montrer l’existence de points entiers dans des compacts convexes sym´etriques de volume assez grand et, plus g´en´eralement, de montrer l’existence de points entiers int´erieurs dans des compacts convexes de volume assez grand, en fonction d’un coefficient de sym´etrie que nous d´efinissons plus bas.

Comme on l’a d´ej`a remarqu´e, un compact convexe de grand volume peut ne contenir aucun point entier. En revanche, un translat´e convenable contiendra obligatoirement de nombreux tels points. C’est l’objet du r´esultat suivant, ´el´ementaire mais crucial.

Th´eor`eme 5(Blichfeldt, 1914). Soit Kun compact de l’espace euclidienRn et soit kun entier positif. Sivol(K)>k, il existe des points distinctsv0, . . . , vkdeKtels quevi−vj Znpour tousietj.

(11)

D´emonstration. Posons

C = [0,1[nRn.

Lorsqueud´ecritZn, lesu+C forment une partition deRn. Si on poseKu ={x∈ C | u+x∈K}, on a doncvol(K) = X

u∈Zn

vol(Ku). Supposons d’abordvol(K)> k. On a2

k <vol(K) = X

u∈Zn

Z

Rn

1Ku= Z

C

X

u∈Zn

1Kudµ.

Comme le volume deC est 1, il existe un pointxdeC v´erifiant X

u∈Zn

1Ku > k, c’est-`a-dire appartenant `a au moinsk+1ensemblesKu. Autrement dit, il existeu0, . . . , ukdistincts dans Zntels quevj =x+uj K, d’o`u le r´esultat dans ce cas. Le casvol(K) =kse traite en remplac¸antKparλK, avecλ >1. Il existe des points distinctsv0(λ), . . . , vk(λ)deλKtels quevi(λ)−vj(λ)Znpour tousietj. CommeKest compact, on peut supposer que les limitesvi= lim

λ→1

1

λvi(λ)existent dansKet cela prouve le th´eor`eme.

¤ Le r´esultat suivant semble dˆu `a Minkowski pourk= 1(1891), et `a Blichfeldt en g´en´eral.

Corollaire 1. SoitKun compact convexe de l’espace euclidienRn, sym´etrique par rapport

`a0, et soitkun entier positif. Sivol(K)>k2n, il existekpaires disjointes±uj de points non nuls appartenant `aK∩Zn.

Pour tout r´eelx, notons[x]<le plus grand entier strictement inf´erieur `ax. Le corollaire peut aussi s’exprimer ainsi : siKest un compact convexe sym´etrique par rapport `a un point entier, on peut minorer de fac¸on effective le nombre de points entiers int´erieurs `aKen fonction de son volume :

Card(K Zn)>2

hvol(K) 2n

i

<+ 1 (sik=hvol(K)

2n i

<, il suffit d’appliquer l’´enonc´e `aλK, o`uλ∈]0,1[est tel quevol(λK)>

k2n).

D´emonstration. Appliquons le th´eor`eme de Blichfeldt `a 1

2K, compact de volume> k: il existe des points distinctsv0, . . . , vk deK tels que 1

2vi 1

2vj Zn. Quitte `a r´eordonner lesvi et `a changer les coordonn´ees, on peut supposer que la premi`ere coordonn´ee de v0

est strictement inf´erieure `a celle de chacun des autres vi. Pouri ∈ {1, . . . , k}, les ui = 1

2

¡vi+ (−v0

sont dansK∩Zn. Ils sont distincts, et siui=−uj, on avi+vj = 2v0, ce qui est impossible puisque les premi`eres coordonn´ees sont diff´erentes.

2. SiAest une partie deRn, on note1A lafonction caract´eristiquedeA, c’est-`a-dire la fonction RnRd´efinie par1A(x) = 1six∈A, et1A(x) = 0sinon.

(12)

¤ Nous allons ´etendre le r´esultat de Minkowski `a des convexes quelconques. Pour cela, il sera pratique d’introduire la notion suivante. SoitKun convexe compact de l’espace euclidienRn et soitxun point int´erieur `aK. Toute demi-droite affine`issue dexcoupe le bord deKen un pointx+` ; on notex` le point analogue d´efini par la demi-droite oppos´ee. On d´efinit le coefficient de sym´etriedeKpar rapport `axpar

a(K, x) = min`

kx−x+`k kx−x`k.

On a0< a(K, x)61eta(K, x) = 1si et seulement siKest sym´etrique par rapport `ax.

Plusxest pr`es du bord, plusa(K, x)est petit. On a aussi a(K,0) = max{a >0| −aK⊂K}.

En particulier, siP est un polytope de sommetss1, . . . , sr,

a(P,0) = min{a >0| −asi∈Ppour touti}.

Revenant au cas g´en´eral d’un point int´erieurxquelconque, si, pour chaquei ∈ {1, . . . , r}, on noteyil’autre point d’intersection de la droitesixavec le bord deP, on a

a(P, x) = min16i6rkx−yik

kx−sik. (3)

On obtient facilement la g´en´eralisation suivante du corollaire 1.

Corollaire 2. SoitKun compact convexe de l’espace euclidienRncontenant au moins un point entier int´erieur x. On a

Card(K Zn)>2 h

vol(K)

³ a(K, x) a(K, x) + 1

´ni

<+ 1.

On utilisera ce corollaire sous la forme plus faible Card(K Zn)>vol(K)

³a(K, x) 2

´n .

D´emonstration. La d´emonstration est exactement semblable `a celle du corollaire 1. On peut supposerx= 0. Posonsa = a(K,0)etk =

h vol(K)

³ a(K, x) a(K, x) + 1

´ni

<. Pourλ ]0,1[

suffisamment proche de 1, le convexe compact Kλ = λ

1

a + 1K est de volume > k. Le th´eor`eme 5 fournit alors2k+ 1points distinctsv0, . . . , vk deKλ tels quevi−vj Zn pour tousietj. Comme−aKλ⊂Kλet queKλest convexe, les points

vi−vj 1 a + 1 =

1

a(−avj) +vi 1

a + 1

(13)

sont dansKλ, donc les points entiers0,±(v1−v0), . . . ,±(vk−v0)sont dans(1

a+ 1)Kλ, qui est contenu dansK. Si on choisit v0 comme dans la d´emonstration du corollaire 1, on obtient ainsi2k+ 1points distincts, ce qui montre le corollaire.

¤

7. ´Enonc´e du th´eor`eme de Hensley sur les points entiers dans les polytopes entiers Dans ce paragraphe, nous souhaitons estimer le nombre de points entiers sur le bord d’un polytope entier en fonction du nombre de points entiers `a l’int´erieur, g´en´eralisant ainsi en toute dimension le r´esultat de Scott (th. 3).

Th´eor`eme 6(Hensley, 1983). Il existe une constanteB(k, n)ne d´ependant que des entiers strictement positifsketn, telle que, pour tout polytope entierPde dimensionnavec exacte- mentkpoints entiers int´erieurs, on aitvol(P)6B(k, n).

On en d´eduit imm´ediatement le r´esultat suivant `a l’aide de l’in´egalit´e de Blichfeldt.

Corollaire 3. SoitPun polytope entier de dimensionnavec exactementk¿ 0 points entiers int´erieurs. On a

Card(PZn)6n+n!B(k, n).

Autrement dit, le nombre de points entiers sur le bord d’un polytope entier de dimensionn est contrˆol´e par le nombre de points entiers `a l’int´erieur de ce polytope... s’il y en a ! Une constanteB(k, n)est explicitement calcul´ee par Hensley dans [H]. Elle est am´elior´ee dans [LZ]] par Lagarias et Ziegler en B(k, n) = k(7(k+ 1))n2n+1, qui n’est pas loin d’ˆetre optimal : il y a des exemples de polytopes entiersP de dimensionnavec un unique point int´erieur et

vol(P)> 1

n!22n−1 , Card(PZn)>22n−2 (voir [ZPW] et [LZ]).

8. Le th´eor`eme de Hensley pour les simplexes

On commence par montrer que les points entiers int´erieurs d’un simplexe entier ne peuvent pas ˆetre trop pr`es du bord. En d’autres termes, le coefficient de sym´etrie d’un simplexe entier par rapport `a un point entier int´erieur n’est pas trop petit.

Proposition 5. Pour tous entiers strictement positifsnetk, il existe une constante strictement positiveε(k, n)telle que, pour toutn-simplexe entierSavec exactementkpoints int´erieurs, et tout point entier int´erieurxdeS, on ait

a(S, x)>ε(k, n).

(14)

La constante ε(k, n) est explicite. La valeur obtenue par Hensley (dont nous suivons la d´emonstration plus bas) est de l’ordre de(4k)−2n!. C’est cette proposition que Lagarias &

Ziegler am´eliorent, obtenantε(k, n)>(7k+ 7)−2n+1. Il existe des exemples o`uε(1, n)est de l’ordre de2−2n. Le th´eor`eme de Hensley pour les simplexes se d´eduit imm´ediatement de la proposition grˆace au corollaire 2.

Corollaire 4. Pour tous entiers strictement positifsnetk, et toutn-simplexe entierSavec exactementkpoints int´erieurs, on a

vol(S)6k³ 2 ε(k, n)

´n .

D´emonstration de la proposition 5.Celle-ci n´ecessite plusieurs lemmes d’approximation. Le premier est classique.

Lemme 1(Hermite, 1847). Soit(x1, . . . , xn) Rn et soitN un entier strictement positif fix´e. Il existe des entiersp1, . . . , pn, q avec1 6 q 6 Nn tels que ¯

¯xi pi

q

¯¯ 6 1 N q pour chaquei∈ {1, . . . , n}.

D´emonstration. Pour tout r´eelx, on note{x}=x−[x]la partie fractionnaire dex. Au moins deux desNn + 1 vecteurs({kx1}, . . . ,{kxn}) de [0,1]n, lorsque k d´ecrit {0, . . . , Nn}, tombent dans le mˆeme cube de cˆot´e 1

N et `a sommets dans 1

NZn. Notonsk1etk2 > k1les valeurs correspondantes, et posonsq=k2−k1. On a0< q6k26Nn. Soitpil’entier le plus proche deqxi. On a

|qxi−pi|6|k2xi−k1xi[k2xi] + [k1xi]|=|{k2xi} − {k1xi}|6 1 N, d’o`u le lemme.

¤ Le lemme suivant n’est qu’une petite adaptation.

Lemme 2. Soit(x1, . . . , xn)(R+∗)n, avec Xn

i=1

xi = 1, et soitN >nun entier. Il existe des entiersp1, . . . , pn, q, avecpi>0,q=

Xn

i=1

piet16q6Nn−1, tels que|qx1−p1|6 n N, et|qxi−pi|6 1

N pour chaquei∈ {2, . . . , n}.

D´emonstration. On applique le lemme 1 `a(x2, . . . , xn). Pouri∈ {2, . . . , n}, on a|qxi pi|6 1

N etqxi>0, donc en particulierpi>0. Posonsp1=q−

n−1X

i=1

pi. On a

|qx1−p1|=

¯¯

¯q−q

n−1X

i=1

xi+

n−1X

i=1

pi−q

¯¯

¯6 n N.

(15)

De nouveau, commeqx1>0et n

N 61, on ap1>0.

¤ Voici maintenant le point essentiel.

Lemme 3. Pour tous entiers strictement positifsnet k, il existeα(k, n)>0tel que, pour tout (x1, . . . , xn)(R+∗)ntel que1>

Xn

i=1

xi >1−α(k, n), il existe des entiersp1, . . . , pn, q, avecpi>0etq=

Xn

i=1

pi>0, v´erifiant(kq+ 1)xi> kpipour chaquei∈ {1, . . . , n}.

Avant de d´emontrer ce lemme, montrons comment il entraˆıne la proposition 5. Rappelons que nous avons affaire `a unn-simplexe entierS(dont on peut supposer que les sommets sont 0, s1, . . . , sn) contenant un point entier int´erieurx=

Xn

i=1

xisi, avecxi >0et Xn

i=1

xi < 1.

Montrons Xn

i=1

xi61−α(k, n). Si ce n’est pas le cas, on applique le lemme 3 et on consid`ere pour chaque entierj>0le point entier

(jq+ 1)x−j Xn

i=1

pisi= Xn

i=1

¡(jq+ 1)xi−jpi

¢si.

On a Xn

i=1

¡(jq+1)xi−jpi

¢< jq+1−jq= 1. De plus, siqxi−pi>0, on a(jq+1)xi−jpi>

xi>0. Siqxi−pi<0etj6k, on a(jq+ 1)xi−jpi>xi+k(qxi−pi)>0. On obtient donc ainsik+ 1points entiers int´erieurs `aS, ce qui est absurde.

On a donc Xn

i=1

xi 6 1−α(k, n). Siy est l’autre point d’intersection de la droite0xavec S, cela signifie kxk 6 ¡

1−α(k, n)¢

kyk. Comme cela reste valable en remplac¸ant0 par n’importe quel autre sommet deS, on d´eduit de la formule (3) l’estimation

a(S, x)> α(k, n) 1−α(k, n). Ceci termine donc la d´emonstration de la proposition 5.

¤ D´emonstration du lemme 3. On proc`ede par r´ecurrence surn. Sin= 1, on cherche un entier q >0tel quex > kq

kq+ 1. C’est possible d`es quex > 1

k+ 1 =α(k,1). Posons N = 1 + maxnh 4k

α(k, n−1) i

,2kn(n+ 1)o ,

α(k, n) = 1

4kNn−1 6 1

2α(k, n−1).

(16)

Prenonsx1>· · ·>xn>0, posons Xn

i=1

xi= 1−α, et supposons0< α < α(k, n).

Sixn< α(k, n−1)−α, on a

n−1X

i=1

xi = 1−α−xn >1−α(k, n−1). On peut appliquer l’hypoth`ese de r´ecurrence et prendrep1, . . . , pn−1,0etq.

Supposons doncxn>α(k, n−1)−αet appliquons le lemme 2 `a xi 1−α. On a (kq+ 1)x1−kp1 = x1+k(qx1−p1)

= x1

³

1−kq α 1−α

´ +k

³ q x1

1−α−p1

´

> x1(12kqα)−kn N

> x1(12kNn−1α)−kn N

= 1

2x1−kn N

> 1

2(n+ 1)−kn N > 0, carx1> 1−α

n > 1

n+ 1. Pouri>2, on a de mˆeme (kq+ 1)xi−kpi > 1

2xn k N

> 1 2

¡α(k, n−1)−α¢

k N

> 1

4α(k, n−1) k N > 0, et le lemme est d´emontr´e.

¤

9. Le cas g´en´eral du th´eor`eme de Hensley

On a d´ej`a fait la partie la plus difficile : il est facile de d´eduire le cas g´en´eral du cas des simplexes.

On rappelle qu’il suffit de minorer le coefficient de sym´etrie dePpar rapport `a un point entier int´erieurx. Il d´ecoule de la formule (3) que celui-ci est¿atteintÀen un sommets: siFest une facette dePcontenant l’autre point d’intersectionyde la droitesxavec le bord deP, on a

a(P, x) = kx−yk kx−sk.

(17)

Par le th´eor`eme de Carath´eodory, il existe des sommetss1, . . . , srdeF (donc deP) affine- ment ind´ependants (donc avecr6n), tels queyse trouve dans l’int´erieur relatif du(r1)- simplexe qu’ils engendrent. SoitSler-simplexe de sommetss, s1, . . . , sr. Son int´erieur re- latif est contenu dansP et contient exactementk0 6kpoints entiers, dontx. La proposition 5 entraˆıne

a(P, x)>a(S, x)>ε(k0, r) d’o`u, en utilisant le corollaire 2,

vol(P)6k

³ 2

min16k06k,16r6nε(k0, r)

´n ,

ce qui montre le th´eor`eme 6.

10. Un r´esultat de finitude

Th´eor`eme 7 (Lagarias & Ziegler, 1991). Pour tous entiers strictement positifs k et n, il n’y a qu’un nombre fini de classes d’´equivalence de polytopes entiers de dimensionnavec exactementkpoints entiers int´erieurs.

D´emonstration. Montrons d’abord quetout simplexe entierSest ´equivalent `a un simplexe contenu dans un parall´el´epip`ede¿rectangleÀde volume inf´erieur ou ´egal `an! vol(S). Par translation enti`ere, on peut supposer que l’origine est un sommet deS. Soients1, . . . , snles autres sommets et soitM = (mij)16i,j6nla matrice (enti`ere) de leurs composantes dans la base canonique(e1, . . . , en). Nous allons d´emontrer deux lemmes sur les matrices enti`eres.

Pour16i < j 6n, notonsEij la matrice carr´ee d’ordrendont tous les coefficients sont nuls, sauf celui de lai-i`eme ligne etj-i`eme colonne, qui vaut 1. Multiplier une matrice carr´ee d’ordren`a droite (resp. `a gauche) parI+mEij (´el´ement deGLn(Z)) revient `a ajouter `a la j-i`eme colonne (resp. ligne)mfois lai-i`eme colonne (resp. ligne). On peut aussi changer le signe d’une colonne en multipliant `a droite par un ´el´ement deGLn(Z).

Lemme 4. Etant donn´es des entiers´ a1, . . . , an premiers entre eux (dans leur ensemble), il existe une matrice deGLn(Z)dont la premi`ere colonne esta1, . . . , an.

D´emonstration. On peut supposer tous lesaipositifs et on proc`ede par r´ecurrence sur leur somme. Si celle-ci vaut 1, c’est ´evident. Si elle est>1, au moins deux desaisont non nuls, et on peut supposer par exemplea1 > a2 > 0. Il existe alors par hypoth`ese de r´ecurrence une matrice A GLn(Z) dont la premi`ere colonne est a1−a2, a2, . . . , an. La matrice (In+E12)Aconvient alors.

(18)

Lemme 5. Etant donn´ee une matrice enti`ere´ M `a d´eterminant non nul, il existeA∈GLn(Z) tel que

M A=







c11 c12 · · · · · · c1n

0 c22 · · · · · · c2n

... 0 . .. ... ... ... . .. ... ... 0 0 · · · 0 cnn







,

avec06cij < ciipour tous entiersietjtels que16i < j6n.

D´emonstration. Soients01, . . . , s0n les vecteurs colonnes (entiers) de la matrice obtenue `a partir deM en supprimant sa premi`ere ligne. Cesnvecteurs sont li´es dansQn−1: il existe donc des rationnelsa1, . . . , annon tous nuls v´erifianta1s01+· · ·+ans0n = 0. En chassant les d´enominateurs, on peut supposer lesajentiers premiers entre eux. On applique le lemme pr´ec´edent, qui fournit une matriceA∈GLn(Z)de premi`ere colonnea1, . . . , an. La matrice M Aest alors du type 





c11 c12 · · · c1n

0 c22 · · · c2n

... ... . .. ... 0 cn2 · · · cnn



.

On peut supposerc11>0et, en faisant une r´ecurrence surn, que cette matrice est triangulaire sup´erieure avec0 6 cij < cii pour2 6 i < j 6n. Si on effectue la division euclidienne c1j =qjc11+rj, avec06rj < c11, on obtient, apr`es avoir retir´e `a laj-i`eme colonneqjfois la premi`ere,06c1j< c11, ce qui termine la d´emonstration du lemme.

Revenons `a la d´emonstration du th´eor`eme. On asj =X

i

mijei, d’o`u

A(sj) =X

i

mijA(ei) =X

i

mij

X

k

akiek =X

k

ckjek.

Les colonnes de la matriceM Asont donc, avec l’origine, les sommets du simplexeA(S). La i-i`eme composante d’un ´el´ement deA(S)s’´ecrit alors

X

j

ljcij,

aveclj >0etX

j

lj 61. Celle-ci est inf´erieure `aX

j

ljcii, donc `acii. Cela signifie que le simplexeA(S)est contenu dans un parall´el´epip`ede de sommet l’origine et de cˆot´es parall`eles aux axes, de longueursc11, . . . , cnn, donc de volume

c11· · ·cnn= det(AM) =|det(M)|=n! vol(S), ce qui montre ce que l’on voulait.

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