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Submitted on 1 Jan 1888
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Sur l’expérience des trois miroirs de Fresnel
M. Mascart
To cite this version:
M. Mascart. Sur l’expérience des trois miroirs de Fresnel. J. Phys. Theor. Appl., 1888, 7 (1),
pp.183-193. �10.1051/jphystap:018880070018300�. �jpa-00238815�
SUR L’EXPÉRIENCE DES TROIS MIROIRS DE FRESNEL;
PAR M. MASCART.
’1. On connait l’expérience célèbre des trois l7liroirs par laquelle
Fresnel ( 1 ) a démontré directement le changement de phase qui i
se produit dans la réflexion de la lumière.
Avant d’examiner cette disposition un peu complexe, nous
ferons remarquer d’abord qu’il est possible avec un seul miroir de produire des interférences entre le faisceau direct des rayons émanés d’une source et le faisceau réfléchi.
La source S ( ‘ ~b . 1 ) étant à une di stance cl, très petite, du plan
d’un miroir M, l’image S’ est symétrique et à la distance SS~ = 2 c~
de la source. Le faisceau réfléchi sur le miroir forme un cône A~ S’ I3’
limité par le contour de la surface et se trouve superposé au fais-
ceau ASB qui provient directement de la source. Il peut donc y avoir interférence dans la partie commune ; mais la frange cen-
trale doit se trouver dans le plan de symétrie OC de deux sources
S et S’, qui n’est autre que le plan de la surface et qui est situé en
dehors de la partie commune des faisceaux.
On n’aperçoit en effet les franges d’interférence que dans le
voisinage de l’arête 1 du miroir où le faisceau réfléchi est le plus rapproché du plan de symétrie; la moitié seulement du système
est visible et la frange centrale est noyée dans les bandes de dif-
fraction, de sorte qu’il est difficile d’en reconnaître le caractère.
Pour amener le milieu des franges en un point P dans la région
commune sur le plan ~X~, il suffit d’établir un retard sur l’un des faisceaux en interposant une lame réfringente mince sur le trajet
de rayon direct. On rendra cette opération plus facile en recevant
la lumière sur une lentille convergente L, de long ueur focale con- venable, qui donne_deux images réelles S, et S~ des sources S et S’.
Les faisceaux réfractés se touchent au foyer conjugué I’ de
l’arêle 1, et la frange centrale du système situé dans le plan I’P’
se trouve en ce point mêlée à des bandes de diffraction. Une lame mince de mica capable de produire un déplacement de trois ou
1 ’) FRESNEL, OEuvres) t. l, p. 703.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphystap:018880070018300
quatre franges étant interposée sur l’image S,, le système sera re- porté vers la gauche et l’on pourra constater facilement que la
frange centrale est noire. La vibration réfléchie a donc changé de signe sur le miroir.
Fig. i .
Toutefois on ne peut ainsi opérer que sous l’incidence rasante,
et l’intervention d’une lame réfringente produit un retard inégal
de systèmes relatifs aux différentes couleurs qui peut changer l’apparence de la frange centrale.
2. La disposition imaginée par Fresnel permet de choisir à vo-
lonté les angles d’incidence et d’obtenir un système complet de franges dans la région commune aux deux faisceaux.
Supposons que les plans des trois miroirs 1~T, lkl’ et N (ftg. 2)
passent par une même droite 1 et prenons pour plan de figure le
plan normal à l’arête commune qui passe par la source S; soient
c~ et te’ les angles des miroirs extrêmes 1B1 et M’ avee le miroir intermédiaire N, 0 l’an~l.e que fait avec le premier miroir M le
rayon SI qui tombe sur l’arête commune.
Fig. 2.
D’après les propriétés de la réflexion, le rayon réfléchi sur le miroir intermédiaire N a tourné de l’angle 2 (w ~-- e) et son image
virtuelle A, étant symétrique de la source S par rapport au miroir 1 T,
est sur une circonférence de rayon SI = cc ayant pour centre le
point I. Si les miroirs M et ~1’ sont prolongés jusqu’à l’arête, le
rayon réfléchi sur le premier a tourné de F angle 26 et fait avec le
miroir M’ l’angle ( w’ ~-- w - 9 ) ; la rotation qu’il éprouve à la
seconde réflexion étant 2 (w’ + w - e), sa rotation totale est
2 (w~ -{- û3)y et l’image virtuelle B, qui est symétrique par rapport
au miroir M’ de l’image S, fournie par le miroir M, est située sur
la même circonférence.
L’angle des images A et B vues du poi n t 1 est
Pour que les images A et B soient très voisines, il faut donc que les angles to’ et 0 soient très peu différents. En posant c~’ - 0 == ~,
on a
l’appareil se comporte comme deux miroirs dont l’angle serait égal à ~3.
Remarquons cependant que, le miroir intermédiaire N ne pou-
vant être caché par les miroirs extrêmes, les faisceaux interférents A’A.A~’ et B/BB’/ ne sont pas symétriques par rapport au plan OIC perpendiculaire au milieu O de la distance des deux images, qui
passe par l’arête commune. Les franges qui se produisent dans un plan CX sont symétriques par rapport au point C; la frange cen-
trale se trouvera donc sur le côté et même en dehors de la région
commune. Pour la ramener au milieu de cette région, il faut aug-
menter le chemin des rayons doublement réfléchis, ou diminuer
celui des rayons qui correspondent au miroir intermédiaire, c’est-
à-dire avancer ce miroir N à l’aide d’une vis micrométrique qui
le déplace parallèlement à lui-même.
Fresnel faisait d/ = c~; dans ce cas, le miroir 1~T doit être à peu
près bissecteur de l’angle des rayons incidents avec le miroir N,
les rayons réfléchis sur le premier miroir M sont sensiblement
parallèles au second et font le même angle 9 avec le miroir 1~I’. Il a
réalisé l’expérience sous diverses inclinaisons, en donnant succes-
sivement à l’angle o les valeurs ~3o~ 15°, 20°, 2501 9-7(3o, 3oo, 35°, 400 (le maximum de cet angle est évidemment de 45° puis- qu’alors les rayons seraient normaux au miroir intermédiaire) et il
a toujours vu le milieu du groupe de franges occupé par une bande noire.
3. Fresnel disposait ses miroirs d’après une épure en laissant l’un
d’eux mobile par une vis micrométrique ; il a remarqué aussi que l’on doit, à mesure que l’angle c~ augmente, rapprocher les miroirs extrêmes de l’arête 1, afin que le faisceau général utilisé n’ait pas
une ouverture angulaire trop grande, auquel cas les vibrations aux
différents points d’une même onde ne seraient plus absolument
concordantes.
On peut répéter l’expérience très facilement à l’aide de l’ap- pareil suivant (ftg. 3) construit par M. Pellin. Les miroirs extrêmes M et M’ sont fixés à des bras mobiles qui tournent autour d’un
axe 1 sur une plate-forme divisée; ils peuvent glisser dans des cou-
lisses qui permettent de les rapprocher de l’axe. Le miroir intermé-
diaire N est monté sur la plate-forme et commandé par une vis micro-
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métrique qui le déplace parallèlement à lui-même ; une vis de rappel
permet de le faire basculer autour d’un axe horizontal.
On met d’abord les miroirs I~Z et M’ dans le plan du miroir 1~I,
en faisant basculer le dernier de manière qu’il soit parallèle à l’in-
tersection des deux autres; on tourne ensuite les deux premiers d’angles arbitraires u et w~, et l’on vise une fente S. On oriente la fente et l’on achève le réglage de façon que les images Art B soient
rig. 3.
exactement parallèles et à la même hauteur. Pour placer ces images
à la distance convenable, on fait tourner l’ensemble des trois miroirs par la plate-forme elle-même ; l’image B de double ré-
flexion reste immobile pendant cette opération, puisque la rota-
tion 2 ~ c~~ -~- c~ ~ du rayon ne dépend que de l’angle des miroirs
extrêmes, y et l’autre se déplace. On fait en sorte que l’oeil placé
dans le plan CX d’observation voie en même temps les deux images
sous un angle d’une dizaine de minutes, ce qui correspond à peu
près à 3mm à la distance de i-, et les franges auront une largeur
de 0 o i 5. On vise alors à la loupe le champ éclairé par le fais-
ceau commun et, si les franges n’existent pas, il suffira de faire
avancer lentement le miroir N par la ;vis micrométrique pour les
voir apparaître.
’