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COMMISSION ECONOMIQUE DES NATIONS UNIES PpUR L'AFRIQUE
ORGANISATION DES NATIONS-UNIES POUR LE DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL
CAMI.lO/6/Vol.I ICE/1991/6/Vol.I 22 mai 1991
FRAN^AIS
ORIGINAL: ANGLAIS Reunion du Comite intergouvernemental
plenier d'experts sur 1'industrialisation
en AfriqueDakar (Senegal), 5-8 juin 1991 Point 6 de l'ordre du jour provisoire
Dixieme reunion de la Conference des ministres africains de l'industrie Dakar (Senegal),
10-12 juinl991
Point 5 (i) de l'ordre du jour provisoire
ETUDE DU PROJET DE PROGRAMME
POUR IA DEUXIEME DECENNIE DU DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL DE L1AFRIQUE
Avant-projet
Developpement auto-entretenu
par
1•industrialisation*
Programme pour
la deuxieme Decennie du developpement industriel en Afrique
(1991-2000)
Les appellations employees dans ce document et la presentation des donnees qui y figurent n'impliquent de la part du Secretariat de I1Organisation des Nations Unies pour le developpement industriel aucune prise de position quant au statut juridique des pays,
territoires, villes ou zones, ou de leurs autorites, ni quant au trace
de leurs frontieres ou limites.
* Traduction d'un document n'ayant pas fait l'objet d'une mise au
point redactionnelle V 91-24780 (EX)
1 "™
Table des matieres
PARTIE A. INTRODUCTION PAGE
I. PREAMBULE 1
II. BILAN SOMMAIRE DE LA PREMIERE DECENNIE DU DEVELOPPEMENT
INDUSTRIEL DE L'AFRIQUE 3
III. PREPARATION DE PROGRAMMES NATIONAUX POUR LA DEUXIEME DECENNIE DU
DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL DE L'AFRIQUE 7
PARTIE B. APPROCHES STRATEGIQUES
I. LES VOIES DU DEVELOPPEMENT - UNE PERSPECTIVE HISTORIQUE 9 II. L'APPROCHE STRATEGIQUE DE LA DEUXIEME DECENNIE DU DEVELOPPEMENT
INDUSTRIEL DE L'AFRIQUE 18
III. MESURES PUBLIQUES IMPORTANTES 25
PARTIE C. UN PROGRAMME ORIENTE VERS L'ACTION POUR LA DEUXIEME DECENNIE DU DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL DE L'AFRIQUE
I. PROGRAMMES DE CONSOLIDATION 30
I.I. REHABILITATION ET REGENERATION
DES INDUSTRIES EXISTANTES 30
II.2. AMELIORATION DU RENDEMENT DES ENTREPRISES
DU SECTEUR PUBLIC 35
II. EXPANSION INDUSTRIELLE 39
11.1. LE SECTEUR METALLURGIQUE 39
1I.2. LE SECTEUR MECANIQUE ET LES SECTEURS DERIVES DE LA
METALLURGIE 45
11.3. LE SECTEUR CHIMIQUE 50
1I.4. INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES ET TRANSFORMATION DES
PRODUITS ALIMENTAIRES 54
11.5. INDUSTRIES BASEES SUR LES PRODUITS DE LA FORET 56
11.6. CUIR ET ARTICLES EN CUIR 58
1I.7. SYSTEMES INDUSTRIELS POUR LA PECHE 61
11.8. TEXTILES 62
11.9. MATERIAUX DE CONSTRUCTION 63
- ii -
Table des mati^res
11.10. EMBALLAGE 65
III. PROMOTION DES PETITES ET MOYENNES INDUSTRIES ET DES
ENTREPRISES PRIVEES 67
IV. SERVICES DE SOUTIEN 70
IV.1. INFRASTRUCTURE PHYSIQUE 70
IV.2. INFRASTRUCTURE INSTITUTIONNELLE 73
IV.3. MISE EN VALEUR DES RESSOURCES HUMAINES 76
PARTIE D. INDUSTRIALISATION DES PAYS AFRICAINS LES MOINS AVANCES (PMA)
I. RENDEMENT DES PMA AFRICAINS PENDANT LES ANNEES 1980 81
II. PROGRAMME D'ACTION POUR LES PMA AFRICAINS PENDANT LA DEUXIEMEDECENNIE DU DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL DE L'AFRIQUE 84
III. PROGRAMME DE l'ONUDI POUR LES PMA AFRICAINS 86 IV. PROGRAMME DE LA CEA POUR LES PMA AFRICAINS 87
V. PROGRAMMES NATIONAUX DES PMA AFRICAINS 88
PARTIE E. FINANCEMENT DE LA SECONDE DECENNIE DU DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL DE L'AFRIQUE
I. ESTIMATION DES COUTS 92
II. MOBILISATION DES RESSOURCES 94
III. ESTIMATION DES FONDS DANS LSS PROGRAMMES NATIONAUX 97
IV. INVESTISSEMENTS ETRANGERS 98
V. AIDE ETRANGERE 101
- Ill -
Table des matidres
PARTIE F. REALISATION, COORDINATION ET CONTROLE
I. REALISATION DE LA SECONDE DECENNIE DU DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL DE
L'AFRIQUE 107
II. COORDINATION ET CONTROLE DES EFFORTS 108
III. COLLECTE DES DONNEES ET RAPPORTS SUR LES PROGRES 110
- iv -
PARTIE A. INTRODUCTION I. PREAMBULE
II. BILAN SOMMAIRE DE LA PREMIERE DECENNIE DU DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL DE L'AFRIQUE
III. PREPARATION DE PROGRAMMES NATIONAUX POUR LA DEUXIEME DECENNIE DU DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL DE L'AFRIQUE
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PARTIE A. INTRODUCTION
I. PREAMBULE
1 Le programme pour la deuxieme Decennie du developpement industriel de l'Afrique couvrant les dix dernieres annees de ce siecle contenu dans ce document est le rSsultat de reflexions con]omtes et
cooperatives des gouvernements africains, des decideurs africains, des
olanificateurs africains, des etudiants africains, des pouvoirs
publics africains et des hommes d'affaires africains. Le programme qui en a resulte n'est pas un module rigide centralise impose aux
governments africains. II a ete etudie a la racine. "*£*£*>«*
par des pays individuels bases sur les realites de leur "tuation socio-economique actuelle. II reflete la volonte conDuguee du peuple
africain.
Les bases fondamentales de ce programme pour la deuxieme Decennie du
developpement industriel de 1'Afrique comprennent:
* - la reconnaissance franche que 1'Afrique est la region la plus pauvre du monde et que, nonobstant les efforts qui ont eteJaits
pendant les trente dernieres annees, l'Afrique continue a etre une zone de pauvrete, d1ignorance et de dependance.
* - la croyance ferme que cette situation deplorable peut et doit etre modifiee, en tenant compte des enormes ressources naturelles de VA?rTque et de la volonte de ses peuples de devenir des partenaires
egaux dans la communaut£ Internationale.
* - la reaffirmation des idees et des objectifs du Plan d'action de Lagos et les objectifs de la premiere Decennie du developpement industriel de l'Afrique, a savoir 1'independance economique et 1 auto-
subsistance.
* - la conviction du besoin que 1'Afrique doit devenir, cTun continent produisant et exportant essentiellement des marchandises primaires, en une economie plus equilibr^e qui produise, outre les produits agricoles et alimentaires, Sgalement les marchandises et les
services que l'Afrique n^cessite et consomme.
* -
la reconnaissance qu'une telle transformation et son resultat logique, 1'independance Economique, ne peut se produire que grace au processus de 1'industrialisation.
* - le besoin de planifier le developpement industriel des pays africains sur la base de leurs forces interieures et de leurs
ressources naturelles et d'utiliser au maximum les apports inteneurs.
* - la reconnaissance que le developpement industriel ne devrait
se faire, en aucun cas, aux depens d'une croissance agricole same et
d^une production alimentaire qui sont sans aucun doute des secteurs
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fortement prioritaires et, en outre, la reconnaissance des etroites interconnexions entre 1'agriculture et l'industrie.
* - le besoin d1assurer que le developpement industriel en Afrique
ne causera pas de degradation de 1'environnement.* - I1anticipation et l'espoir que la communaute internationale etendra son assistance technique et financiere aux efforts promus dans la deuxieme Decennie du developpement industriel de 1'Afrique. Tout en
approuvant une telle aide bilaterale et multilaterale, on a reconnuque cette aide financiere liee devait etre ajustee de sorte a soutenir
le developpement du pays recepteur.
* - tout en approuvant une telle aide bilaterale et multilaterale, la ferme conviction que la principale responsabilite de 1'execution du
programme repose de plein droit sur les epaules des gouvernements et des peuples africains.* - la conviction que, tandis que les gouvernements africains devront necessairement jouer un rdle determinant dans la formulation de la politique industrielle, dans 1'etablissement de 1'infrastructure requise et dans la creation d'un environnement adequat, le succes du programme necessitera 1'entiere participation du secteur prive, des investisseurs etrangers, des petites entreprises, des travailleurs independants, des professionnels, des cadres et de la population dans
son ensemble.
* - par consequent, la necessite urgente d'6difier et de fortifier les capacites africaines de planification, d'administration, de
technologie, de direction et d'entreprise, un facteur capital pour
promouvoir 1'independance economique.* - le besoin de tirer les lecons du passe et en particulier d1assurer la productivity et le rendement optimal des investissements
etrangers.
* - la necessite de promouvoir la cooperation sud-sud, en
particulier pour la recherche de solutions technologiques plus
adapt6es aux conditions des pays en voie de developpement.* - la reconnaissance que la taille et la vulnerability de la plupart des pays africains rendent pratiquement impossible de suivre la voie de l'isolement et appelle la creation de marches plus larges et d'investissements conjoints sur la base d'une cooperation regionale et sub-regionale, la creation de marches subregionaux et la_
penetration de marches d'exportations sur une base competitive.
* - La conviction ferme que les Programmes d'ajustement structurel n'aboutiraient pas, a moins qu'ils ne soient integres dans des plans de developpement nationaux visant a atteindre 1'industrialisation et
la satisfaction des besoins fondamentaux des personnes.
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II. BILAN SOMMAIRE DE LA PREMIERE DECENNIE DU DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL DE L'AFRIQUE
3. Le point de depart de la planification de la deuxieme Decennie du developpement industriel de 1'Afrique doit e"tre necessairement une estimation franche de ce qui s'est reellement passe pendant la decennie precedente (1981-90) couvrant la premiere Decennie du developpement industriel de l'Afrique. Cet exercice doit e"tre fait courageusement et debarrasse de toute rhetorique, afin de tirer les lemons du passe et de diriger les nouveaux programmes sur des voies plus realistes.
4. Une telle estimation a ete effectuee en 1988 par une equipe independante d'experts, dont le rapport a ete approuve par un groupe inter-gouvernemental de fonctionnaires, puis par le conseil des
Ministres africains de l'industrie lors de sa reunion de Harare, Zimbabwe, en mai 1989.
5. Les principaux resultats de cette etude sont les suivants:
1. Identification du caractere de la premiere Decennie du developpement industriel de l'Afrique
6. La premiere Decennie du developpement industriel de l'Afrique etait une combinaison d'approches comprenant une proclamation
d'objectifs, un ensemble de directives, un guide techno-economique concernant les industries essentielles et strategiques et des
estimations du volume et de 1■orientation des investissements industriels suggeres.
7. La force de cette approche composite etait la definition
d'objectifs ressortants du Plan d'action de Lagos, la fourniture d'un large cadre au sein duquel les pays individuels pourraient elaborer leurs strategies de developpement industriel et la flexibility laissee aux pays individuels pour developper leurs plans industriels bases sur leurs propres conditions.
8. D'un autre cote, 1'approche etait exagerement optimiste quant aux possibilites pratiques de faire de grands investissements industriels et de parvenir a une cooperation regionale. Elle ne tenait pas
suffisamment compte des aspects economiques des investissements et de la disponibilite des ressources.
2• D&veloppements pendant la decennie
9. Toute bien intentionnee que fOt 1lidee de la premiere Decennie du developpement industriel de 1'Afrique, les circonstances la
depasserent. Parmi les facteurs internes qui affecterent negativement le programme se trouvaient des situations politiques instables, des desastres naturels, une croissance demographique extr^mement forte, une faible productivite, une predominance excessive du secteur etatis£
avec une implication insuffisante des forces de la libre entreprise.
Parmi les facteurs negatifs externes se trouvaient la situation de
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recession dans le monde, le declin du prix des marchandiseS/
1'augmentation des couts des importations et la reduction de l(aide
externe en termes reels.
10. Vu les facteurs sus-mentionnes, la performance des economies africaines pendant la decennie a ete extremement decevante. Le revenu par habitant a baisse, la production agricole n'alla pas de pair avec
la croissance demographique, entrainant de graves deficits
alimentaires; les investissements dans les industries essentielles et
strategiques ne' se materialiserent pas et le rendement des capitaux
engages fut desesperement bas. A la fin de la decennie, l'Afriquefaisait face a une dette tres iourde, multipliee par 19 depuis 1970.
La triste realite sur la performance de l'Afrique est revelee par le
fait qu'en 1987, l'Afrique sub-saharienne, avec 450 millionsd'habitants, avait un PIB de USS 135 milliards, 6gal a celui de
Belgique qui n'a que 10 millions d'habitants.11. Ce triste 6tat des choses et la crise menacant l'Afrique ont 6te reconnus par les dirigeants africains et, au cours de cette decennie,
quelques developpements importants ont eu lieu, comprenant:Adoption de la declaration du Programme prioritaire de redressement economique de l'Afrique des Chefs d'Etat et
Gouvernements Africains, mettant particulierement 1'accent sur le developpement agricole et la reduction des dettes;
- Adoption par l'Assemblee Generale des Nations Unies du Programme d'action des Nations Unies pour le redressement
economique et le developpement de l'Afrique, qui a accorde son
soutien au Programme prioritaire de redressement economique de
1'Afrique;
- Adoption par plusieurs Etats africains de Programmes
d'ajustement structurel et de reformes d1orientation guidees par la Banque Mondiale et par le Fonds Monetaire International
(FMI), qui ne concordent pas entierement avec le Plan d'action de Lagos et la strategie de la premiere Decennie du
developpement industriel de 1'Afrique.
3. Reactions des gouvernements nationaux a la premiere Decennie du
developpement industriel de l'Afrique12. II etait evident que ie succes ou autre de la premiere Decennie du developpement industriel de 1'Afrique dependrait de la nature et de l'intensite de la reaction des gouvernements nationaux aux directives
qui y etaient presentees.
13. En principe, les pays africains ont soutenu sans reserve les
idees, les objectifs et les strategies du Plan d'action de Lagos et de
la Decennie du developpement industriel de l'Afrique; en particulier les objectifs d'independance economique et d1auto-subsistance,
1'encouragement de 1'utilisation des apports interieurs et la
stimulation de processus internes de croissance- Les gouvernements
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nationaux souscrivaient a I1avis que 1'industrialisation etait la cle de l'avance socio-economique. La plupart d'entre eux ont adopts une
planification nationale comme instrument de developpement etpartageaient la conviction d'une solidarity pan-africaine et de la cooperation regionale.
14. Dans la pratique, toutefois, la mise en pratique de la premiere Decennie du developpement industriel de l'Afrique n'etait pas aussi encourageante. A quelques rares exceptions pres, les pays africains n'installerent pas de points centraux ou de comites dforganisation et n'elaborerent pas non plus de portefeuilles d*investissements pour les industries essentielles et prioritaires, ni ne deployerent de
ressources specifiques pour les projets de la Decennie du
developpement industriel de l'Afrique, facteurs tous exprimes dans les directives. Cette apparente indifference aux directives ne devrait pas
§tre interpretee comme un manque d'enthousiasme de la part des gouvernements nationaux envers la strategie de la Decennie du
developpement industriel de 1'Afrique: on est parti de la supposition que des mecanismes existant dans les ministeres de l'industrie, de la planification et de la finance etaient appropries a l'objectif et que
la creation de nouveaux organismes aurait pu e"tre contre-productive.
C'est une vue pragmatique qui doit Stre respectee pour 1'elaboration des modalites de mise en pratique de la deuxieme Decennie du
developpement industriel de l'Afrique.
4. Autres resultats importants
15. Les points suivants presentent une importance tout aussi grande pour 1'estimation de la premiere Decennie du developpement industriel de 1'Afrique et a titre d1orientation pour la deuxieme Decennie du
developpement industriel de l'Afrique:a) Un secteur tres preoccupant est la faible utilisation des
capacites, la basse productivity et les rapports insuffisants
apport/rendement des capitaux industriels engages, larehabilitation s'averant done un secteur-cle pour la deuxieme
Decennie du developpement industriel de l'Afrique.b) La faible performance des entreprises du secteur public avec
leurs lourdes pertes, leur gestion insuffisante, leur manqued'autonomie, leurs interferences politiques et bureaucratiques.
C'est un facteur de preoccuaption considerable en raison du role dominant joue jusqu'a present par les entreprises d'Etat
dans la majorite des Etats africains.c) L'epargne interieure insuffisante, 1'absence de marches de capitaux et le manque d'une classe d1entrepreneurs autochtone.
Par consequent, le secteur prive interieur a joue jusqu'a
present un r61e relativement faible, tout particulierement dans
le domaine des grandes entreprises. II est toutefois
reconfortant de noter la croissance constante d'un secteur de
petites entreprises nationales et d'un groupe de travailleurs
independants orientes vers 1'entreprise.
d) Tandis qu'il existait une concentration des efforts sur la creation et l'expansion des capacites, ceci ne s'est pas
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accompagne du developpement des capacites requises.
L1independance 6conomique requiert le developpement des competences des Africains, leur permettant de devenir
entrepreneurs, directeurs, cadres superieurs, cadres moyens et travailleurs specialises. Un personnel qualifie de maintenance, d1approvisionnement, de marketing et de recherche et
developpement est egalement requis.
e) L1infrastructure physique sous forme de transports et
communications, de routes, de chemins de fer, de ports, de telephone et de telecommunications laisse encore a desirer.
Ceci decourage les investissements industriels et la participation etrangere.
f) L1infrastructure institutionnelle a egalement laisse beaucoup a desirer. Les ecoles, les colleges, les instituts de recherche, les banques et les etablissements financiers doivent e"tre
renforces. Les services du gouvernement doivent changer d1attitude, passant du role de regulateurs de l'industrie a celui de promoteurs industriels.
g) La cooperation regionale est l'une des pierres de touche de la Decennie du developpement industriel de 1'Afrique et tous les Etats africains ont vigoureusement affirme leur soutien dfune action conjointe et coop6rative. Tandis que quelques succes ont ete obtenus dans le travail de PTA, SADCC et ECOWAS, la mise sur pied de joint ventures industriels et de marches communs reste un reve non realise.
h) Enfin, la question primordiale du financement demeure. Les plans ambitieux de developpement industriel dans la premiere Decennie du developpement industriel de 1'Afrique, non soutenus par des fonds adequats, etaient done irrealisables. La seconde Decennie du developpement industriel de l'Afrique devrait §tre
basee sur des estimations realistes de ressources disponibles
d1investissements de capitaux.16. Ce bref apercu de quelques-unes des faiblesses dans l'execution de la premiere Decennie du developpement industriel de l'Afrique, elabore
par l'6quipe d'estimation, a GtG approuve par le Conseil des Ministres
Africains de l'industrie. L'approche strategique de la deuxiemeDecennie du developpement industriel de l'Afrique, tout en reaffirmant les objectifs de base de la premiere Decennie du developpement
industriel de l'Afrique, devra se preoccuper de ces questions
critiques pour pouvoir assurer le succes de la deuxieme D6cennie du developpement industriel de l'Afrique.
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III. PREPARATION DES PROGRAMMES NATIONAUX POUR LA SECONDE DECENNIE DU DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL DE L'AFRIQUE
17. L'essence de l'approche strategique de 1■elaboration de la
deuxieme Decennie du developpement industriel de l'Afrique est 1'idee que chaque pays membre devrait e"tre directement implique dans sa
preparation. Cette approche a la racine est ressentie comme necessaire pour deux raisons: (1) les programmes qui devraient en ressortir
devraient fit re realistes et bases sur des considerations pragmatiques
decoulant de la situation environnementale dans chaque pays; (2) cetteimplication dans la preparation des programmes nationaux assurerait le plein engagement de chaque pays dans 1'execution des activites
planifiees pour la decennie.
18. C'est pour ces raisons que la neuvieme Conference des Ministres africains de 1'industrie a invite tous les pays africains a elaborer leurs programmes nationaux pour la deuxieme Decennie du developpement industriel de 1'Afrique. Afin d'assister les membres dans cette tSche,
les trois secretariats de l'OUA, de la CEA et de 1'ONUDI ont propose un cadre general et des directives.19. La nature et l'intensite de la reaction des Etats-membres est un indice de leur engagement envers la deuxieme Decennie du developpement industriel de l'Afrique et de leur desir de promouvoir correctement
I1industrialisation. Sur la base de ce critere, la deuxieme Decennie du developpement industriel de 1'Afrique a certainement demarre dans
1'enthousiasme.
20. L'on compte actuellement cinquante et un Etats-membres, la Namibie etant la derniere inscrite. Quarante-deux dfentre eux ont acheve la preparation de leurs programmes nationaux pour la deuxieme Decennie du developpement industriel de l'Afrique et les ont mis a la disposition de la CEA et de l'ONUDI. Au nombre de ces pays, on trouve l'Algerie, 1'Angola, le Benin, le Botswana, le Burkina-Faso, le Burundi, le Cameroun, le Cap-Vert, la Republique Centrafricaine, le Tchad, les Comores, le Congo, la Cote d'lvoire, Djibouti, 1'Egypte, l'Ethiopie, la Gambie, le Ghana, la Guinee, La Guinee-Bissao, le Kenya, le
Lesotho, la Libye, Madagascar, le Mali, la Mauritanie, l'lle Maurice, la Mozambique, le Niger, l'Ouganda, le Senegal, les Seychelles, Sierra Leone, la Somalie, le Soudan, le Swaziland, le Togo, la Tunisie, la Republique Unie de Tanzanie, le Zaire, la Zambie et le Zimbabwe.
21. Dans deux autres pays, la preparation des programmes nationaux est a bien avancee et les documents sont attendus sous peu. II s'agit du
Malawi et du Ruanda.
22. On notera done que 80 % des preparatifs ont ete acheves, quarante-
quatre pays ayant mene leur ta"che a bien.
23. L'on espere qu'avant la dixieme reunion de la Conference des
Ministres africains de 1'Industrie devant etre tenue a Dakar, Senegal, en juin 1991, la totalite des cinquante et un programmes nationaux
aura ete acheve.
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PARTIE B. APPROCHES STRATEGIQUE5
I. LES VOIES DU DEVELOPPEMENT - UNE PERSPECTIVE HISTORIQUE II. L'APPROCHE STRATEGIQUE DE LA SECONDE DECENNIE DU
DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL DE L'AFRIQUE III. MESURES PUBLIQUES IMPORTANTES
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I. LES VOIES DU DEVELOPPEMENT - UNE PERSPECTIVE HISTORIQUE
24 Au debut de la deuxieme Decennie du developpement industriel de l'Afrique, les Etats-membres ont regroupe de nombreuses id6es et experiences, des donnees empiriques et des approches stratfegiques alternatives. Et surtout, ils ont une vue d'ensemble des realites de
leur propre environnement.
25 L'approche methodologique de preparation du programme pour la . deuxieme Decennie du developpement industriel de l'Afrique est
fondamentalement differente de celle de la premiere Decennie du
developpement industriel de l'Afrique. On n'a pas cherche a proposer un modele inflexible de developpement industriel. Les programmes
nationaux de la deuxieme Decennie du developpement industriel de
l'Afrique ont ete prepares au niveau national. Ils sont bases sur les dures realites et conditions environnementales de chaque Etat-membre.
L1ensemble des cinquante et un programmes nationaux constituera le noyau de la deuxieme Decennie du developpement industriel de
1'Afrique.
26. La perspective historique decrite ci-dessous n'est que l'arriere-
plan devant lequel les Etats-membres ont elabore leurs programmes nationaux pour la deuxieme Decennie du developpement industriel de
l?Af?ique. Les mesures et strategies a la base de la deuxieme Decennie
du developpement industriel de I1Afrique decoulent des programmes
nationaux.
27. Pour conceptualiser 1'approche de la deuxieme Decennie du
developpement industriel de 1'Afrique, il faut tenir compte de quatre
facteurs:
1. L1industrialisation est une partie d'une activite plus large de promotion du developpement socio-economique. II serait
irrealiste de planifier un developpement industriel dans l'isolement. Cela fait partie integrante de la strategie
globale de developpement.
2 Lors de la planification de la deuxieme Decennie du
developpement industriel de l'Afrique, nous n'ecrivons pas sur une feuille vierge. Derriere nous se trouvent presque trois decennies de planification et un heritage des tentatives
passees de promouvoir 1'industrialisation. La nouvelle decennie commence avec I1heritage du passe et avec un ensemble
d'experiences et de lecons apprises pendant le processus de
croissance industrielle.
3 L'approche du developpement n'est pas reste statique et_
inflexible. Tandis que les objectifs de base, c'est a dire atteindre 1'independance economique et 1'auto-subsistance sont restes constants, la maniere d1atteindre ces objectifs
desirables est passee par un processus dynamique et
d'evolution. Au fil des ans, une reflexion conceptuelle
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approfondie a eu lieu, afin de rechercher le modele optimal
pour le developpement de l'Afrique.4. L1industrialisation de l'Afrique sera affectee et doit prendre note des developpements economiques globaux, et en particulier de la restructuration de I1Europe en 1992, de 1'ouverture de I1Europe de l'Est, 1'entree de la Chine dans des marches
mondiaux et 1'emergence des pays nouvellement industrialises.
28. Avant de s'atteler a la tache complexe d'elaborer la deuxieme Decennie du developpement industriel de 1'Afrique, il est imperatif de
faire un examen analytique de ces experiences passees et de laprogression des reflexions sur le developpement.
1. L'HERITAGE COLONIAL
29. A partir du debut des annees soixante, tous les Etats africains
sont devenus independants, des Etats souverains maltres de leur propredestin. Tandis que 1'heritage colonial variait d'un pays a l'autre, le
schema general presentait de remarquables similitudes. II fautremarquer, pour etre honnete, que le regne colonial a laissse derriere
lui comme facteurs positifs:
une structure de base administrative et juridique;
une infrastructure physique de base; routes, chemins de fer et
ports;
une industrie miniere importante (diamants, cuivre, et autres metaux ferreux et non-ferreux);
- une economie de plantations bien etablie (the, cafe, cacao et
autres recoltes immediates pouvant etre commercialisees sur le
marche).
30. Les aspects clairement negatifs, qui ont entrave le developpement de 1'Afrique, sont les suivants
Tout developpement 6tait fait au profit des colons ou des pays
"de la metropole", les retombees positives pour les Africains
restant negligeables;
- Toute infrastructure physique developpee avait pour but de
relier la colonie aux "territoires indigenes" et non de relier
les Africains entre eux;
L'on se preoccupait excessivement de promouvoir les produits
primaires d1exportation, sans tenter une valeur ajoutee dans le secteur manufacturier dans la colonie;- II existait a peine un semblant d1industrialisation, sauf peut- etre dans les pays possedant.de grandes communautes de colons qui pouvait en tirer profit;
- Une dependance totale etait creee en ce qui concerne
1'importation de capitaux, les biens intermediaires et de
consommation, rendant le continent vulnerable aux caprices des prix des marchandises et par consequent incapable de payer les
importations;
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L'on n'essaya guere de developper une infrastructure
xnstitutionnelle, tout particulierement en ce qui concerne les institutions de 1'enseignement, la recherche et le
developpement;
Les competences et les capacites des Africains en tant qu'entrepreneurs, directeurs, professionnels et ouvriers specialises n'ont pas ete developpees.
31. Une caracteristique de 1'heritage colonial a ete la
"balkanisation" de l'Afrique et sa fragmentation en des unites artificielles de toutes sortes de formes et de tallies, ce qui a detruit la cohesion et la viabilite economiques du continent.
32. En enregistrant ces divers aspects de la regie coloniale, il faut rappeler que la plupart des pays africains sont desormais devenus
maltres de leur propre destin, depuis presque trois decennies. Une auto-introspection sur les progres realises depuis, ou sur les causes du manque de progres, serait necessaire. Est-ce possible que le
probleme soit en partie du a I1adoption de mesures nationales non realistes, de fausses priorites et de gestion nationale insadequate?
2. LE PLAN D'ACTION DE LAGOS
33. Au cours des annees 60 et 70, de nombreux Etats africains ayant recemment obtenu leur independance se lancerent dans des programmes destines a diversifier la destination des exportations de leurs
produits primaires, a encourager le traitement interieur des produits primaires et a lancer un programme de remplacement des importations.
Ces approches n'ont pas entraine de resultats appreciables parce que les efforts etaient decousus et ne cherchaient pas a transformer la trame socio-economique et structurelle de l'economie.
34. En juillet 1978, la Declaration de Monrovia, adoptee par les Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'OUA, annonga comme objectif le
developpement de 1'independance economique et de 1'auto-subsistance.
En avril 1980, les Chefs d'Etat et de Gouvernement de l'OUA adopterent l'historique Plan d'action de Lagos comme instrument destine a mettre en pratique la Declaration de Monrovia. Le Plan d'action de Lagos
etait un programme combine de developpement couvrant tous les secteurs de 1'economie - 1'agriculture et 1'alimentation, 1'industrie, les
ressources naturelles, les ressources humaines, la science et la technologie, les transports et les communications, le commerce, les finances, 1'energie et 1'environnement.
35. L1esprit fondamental du Plan d'action de Lagos etait la vision de 1'independance economique et de 1'auto-subsistance africaines. Un
document complementaire, l'Acte final de Lagos, engageait les Etats- membres a une cooperation regionale et subregionale.
36. Dans les annees quatre-vingts, les Etats-membres integrerent la philosophie de 1'industrialisation enoncee par le Plan d'action de Lagos dans leurs plans de developpement nationaux. Des programmes de promotion de la croissance independante au niveau economique des
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industries essentielles, une entiere integration des personnes au
developpement industriel, la reduction du fosse entre le developpement rural et urbain et une cooperation regionale et subregionale
representaient des caracteristiques essentielles de la strategie de developpement.
3. LA PREMIERE DECENNIE DU DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL DE L'AFRIQUE 37. La premiere Decennie du developpement industriel de l'Afrique
(1981-1990) etait une creation du Plan d'action de Lagos, dont elle faisait partie integrante. Son objectif etait de transposer les
objectifs du Plan d'action de Lagos au domaine de 1'industrialisation avec les objectifs et les approches strategiques suivantes:
(a) L'utilisation de 1'industrialisation comme moyen d'atteindre 1'independance economique et 1'auto-subsistance;
(b) La reduction de la dependance traditionnelle des forces et des facteurs etrangers au continent;
(c) La promotion de moteurs internes de croissance;
(d) L1augmentation de l'utilisation des apports interieurs;
(e) La promotion de 1'etablissement en Afrique d'industrie essentielles et strategiques;
(f) Le developpement d'aptitudes nationales critiques, sur le plan humain, institutionnel et infrastructurel, pour 1'elaboration de pro jets, 1'execution de projets, le developpement de la formation, la mobilisation de ressources financieres, les
services auxiliaires, les entreprises et la gestion d'affaires;
(g) La promotion d'une cooperation regionale et subregionale comme moyen pratique d'elargir les marches, d'etablir des projets essentiels multinationaux et de renforcer 1'infrastructure interdependante physique et humaine.
4. LES CONSEQUENCES - PROGRAMME PRIORITAIRE DE REDRESSEMENT
ECONOMIQUE DE L'AFRIQUE ET PROGRAMME D'ACTION DES NATIONS UNIES~POUR
LE REDRESSEMENT ECONOMIQUE ET LE DEVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE 38. La decennie des annees quatre-vingts fut desastreuse pour l'Afrique. En ce qui concerne les performances economiques, le
resultat est tres decourageant. Les revenus par habitant ont baisse;
le rendement agricole n'est pas alle de pair avec la croissance de la population, entralnant des deficits alimentaires; les investissements massifs envisages par la Decennie du developpement industriel de
l'Afrique n'ont pas ete materialises; et le rendement industriel du
capital engage est desesperement bas. L'Afrique d1aujourd'hui faitface a de lourdes dettes. En fait, le facteur de dependance n'a pas
ete reduit, 1(industrialisation de l'Afrique n'est pas devenuerealite, et, pour ne pas taire la triste realite de la situation, l'Afrique d'aujourd'hui est plus pauvre qu'elle ne 1'etait au
commencement de la decennie, en ce qui concerne les revenus par habitant.39. Les raisons de cette performance decourageante sont a la fois endogeneG et exogenes. Parmi les facteurs internes se trouvaient une
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forte croissance de la population, des catastrophes naturelles comme des inondations, des famines et la desertification, des situations politiques instables, des mesures economises inadequates
caracteVisees par le developpement desequilibre des zones urbaines et rurales, la faible productivity et le rapport insatisfaisant des
investissements existants ainsi qu'une position exagerement dominance de l'Etat dans ie processus de developpement, avec une participation et une motivation inadequates de l'entreprise privee. Parmi les
facteurs externes, 1'on trouve les conditions de recession dans le monde; le declin du prix des marchandises; la croissance des c flt des equipements et de la technologie importes; et la reduction de 1 aide
externe en termes reels.
40. Cet etat peu satisfaisant et les motifs qui sont k s* bas bien reconnus par les dirigeants africains. Pour r6pondre & la
deux actions importantes ont ete entreprisesau milieu ^ la dfecennie, qui ont affecte le cours de la Decennie du developpement industriel de
1'Afrique:
(a) L'adoption de la declaration du Programme prioritaire de redressement economique de 1'Afrique des Chefs d'Etat et de Gouvernement Africains, qui a mis particulierement 1 accent sur le developpement agricole et la reduction des dettes;
(b) L'adoption du Programme d'action des Nations Unies pour le # redressement economique et le developpement de 1|Afrique, qui a accorde son soutien a l'approche du Programme prioritaire de redressement economique de 1'Afrique et a mis en relief le
besoin de reformes economiques.
5. LES PROGRAMMES STRUCTURELS D'ADAPTATION - L'INTERVENTION DE LA
BANQUE MONDIALE/FMI EN AFRIQUE
41 un des developpements les plus importants ces derni^res ann6es, qui influencera le cours de la deuxieme Decennie d« d6vei°K>e^e^v<t industriel de 1'Afrique, est 1-adoption par un grand nonbre de Pay*
africains de Programmes d'ajustement structurel (SAP) lies & 1 octroi
de prlts d'ajustement structurel par la Banque Mondiale et les devises
etrangeres accordees par le FMI. Sur les cinquante et un Etats- membres, trente-cinq font actuellement 1'objet de ces accords. Le
"cours a 1'assistance de la Banque Mondiale et du FMI a te considere
comme imperatif en raison de la crise economique a laquelle la
Sa™rit6 des pays africains faisaient face et pour des sxmples raisons
de survie.
42 L'accord d'une assistance de la Banque Mondiale/FMI depend de l'acceptation par le pays recepteur d'un ensemble#de mesures
ressenties par la Banque Mondiale/FMI comme fournissant une base realiste de croissance et de developpement. Le groupe de mesures
envisagees comprend:
(1) La conviction que le marche est un mecanisme plus efficace pour
la promotion d'une allocation optimale des ressources que la
planifications d'Etat et le "dirigisme";
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L1adoption de taux de change realistes refletant la valeur_
veritable de la monnaie du pays et promouvant les exportations
sans donner priorite aux importations;Les taux d'interet positifs, superieur au taux d1inflation, qui
encouragent 1'epargne;
La liberalisation du commerce et 1'61imination des restrictions (2)
(3) (4)
bureaucratiques;
(5) Eviter les grands deficits budgetaires;
(6) Eviter les subventions;
(7
L1encouragement des entrepreneurs prives, la "privatisation et une reduction du role des entreprises para-etatiques.
43 A premiere vue, il semblerait que la strategie de developpement proposed par la Banque Mondiale et celle adoptee par le Plan d'action de Lagos et la premiere Decennie du developpement industriel de
l'Afrique n'etaient pas tout a fait sur la meme longueur d'ondes.
L'approche de la banque etait orientee essentiellement sur le secteur prive et le marche. Le Plan d1action de Lagos et la premiere Decennie du developpement industriel de l'Afrique n'etaient pas bases sur le
"laissez-faire". II proposait d'atteindre 1'independance economique et l'auto-subsistance par une action de l'Etat, par une planification d'Etat organisee et consciente, a travers le r61e guide par 1 Etat du
secteur public comme instrument de developpement.6. CADRE ALTERNATIF AFRICAIN (AAF-SAPJ_
44. AAF-SAP recommande que 1'accent critique du developpement de la region soit place sur la transformation des economies africames actuelles d'economies d'echange en economies essentiellement de production; 1■integration la plus importante et la plus efficace de tous les groupes socio-economiques institutionnels au processus de developpement par une allocation efficace des ressources; et la
production et l'acces des personnes aux equipements et aux services
essentiels. A cet egard, AAP-SAP etablit un lien critique avec les secteurs productifs, et en particulier avec 1'agriculture et
1'Industrie.
45 II existe quatre implications majeures du cadre et des instruments de mesures generales ainsi que de la position de 1'AAF-SAP centree sur les hommes dans le secteur industriel. Premierement, le renforcement et la diversification du secteur de production necessitent la
transformation des economies africaines qui abandonneraient leur tendance actuelle a produire essentiellement des matieres premieres pour 1'exportation afin de devenir des economies industrielles
produisant une grande variete de biens manufactures, a la fois pour 1'utilisation locale et pour 1'exportation. Deuxiemement, des >
changements radicaux du modele d1investissements doivent se produire.
Par exemple, les ressources sont transferees des activites
commerciales et speculatives au secteur industriel public et priv6, pour les grandes comme pour les petites entreprises. Troisiemement, la
satisfaction de la demande domestique venant de la majorite de la population, en particulier dans le secteur rural agricole.
Quatriemement, AAF-SAP demande la creation d'une structure de
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recherche a large echelle et la formation d'une main-d'oeuvre technologique et scientifique en quantite suffisante.
46. La mise en oeuvre d'une telle approche necessite un engagement total des leaders politiques et des decideurs en Afrique en faveur de 1'industrialisation aux fins de s'assurer que 1'Afrique mettra au point des industries produisant des produits de base comtne la
siderurgie, les engrais, les moyens de production et les marchandises essentielles pour le consommateur comme la nourriture, 1'habillement, les instruments agricoles, les marchandises semi-durables et les
articles menagers. Ces derniers incluent, a petite et moyenne 6chelle, les petites entreprises qui doivent atteindre le double objectif
d'augmenter l'emploi et 1'approvisionnement adequat en biens de consommation.
47. Pour l'etablissement des industries lourdes et des infrastructures technologiques, il faudrait realiser que les gouvernements africains pris individuellement n'ont probablement pas les capacites
necessaires. A vrai dire, en ce qui concerne le programme pour la deuxieme Decennie du D6veloppement Industriel de 1'Afrique, 1'accent
devrait etre principalement mis sur la promotion des entreprises
multinationales ou subregionales dans les industries chimiques,metallurgiques, de 1'ingenierie, agro-forestieres, et des materiaux de
construction. De la sorte, des programmes subregionaux integrescomprenant des projets specifiques devraient etre convenus dans toutes
les subregions. De meme, les institutions regionales scientifiques et technologiques ayant ete mises en place en vue de promouvoir le
developpement de la recherche et la main d'oeuvre technologique devraient etre renforcees.
7. L1ETUDE PREVISIONNELLE A LONG TERME DE LA BANQUE MONDIALE 48. Au moment-meme ou la Conference des Ministres africains de 1*Industrie mettait au point une equipe d1estimation a moyen terme pour evaluer le succes ou non de la premiere Decennie du developpement
industriel de 1'Afrique, la Banque Mondiale avait constitue une equipe
hautement qualifiee pour examiner le succes ou non des Programmesd'ajustement structurel ainsi que la possibility d'approches alternatives de developpement.
49. Les conclusions et les recommandations de la Banque Mondiale ont ete publiees dans une Etude previsionnelle a long terme intitulee
"L'Afrique sub-saharienne - de la crise vers une croissance
soutenable". Parmi les importantes conclusions ayant un impact sur la Decennie du developpement industriel de l'Afrique et qui influenceront probablement les approches de la Banque Mondiale envers le
developpement de l'Afrique, notons:
1. Tandis que la plus grande priorite doit §tre accordee a.
1'agriculture et a la securite alimentaire, ceci ne devrait
arreter en aucun cas le developpement industriel africain.
Ainsi, alors que 1■on propose une croissance annuelle de 4 % de
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la production agricole, il est suggere que la production
industrielle devrait augmenter d'un taux beaucoup plus eleve.
2. La croissance en elle-meme ne soulage pas la pauvrete ni
n'assure la securite alimentaire. La distribution des revenus
et les programmes de soulagement de la pauvrete doivent faire
partie d'une strategie a long terme de croissance equitable.3. L'adoption d'un ensemble realiste de mesures publiques n'est pas suffisante en elle-meme. II est necessaire de promouvoir
1'esprit d'entreprise africain pour tirer profit de
1'environnement ouvert aux entreprises. Ceci n'est nullement limite au niveau artisanal, mais peuvent etre etendues aux niveaux sophistiques et haute technologie.
4. II convient de consacrer une grande concentration a
1'amelioration de la productivity des capitaux engages, afin qu'ils soient source de surplus. Us doivent representer un capital et non pas une charge.
5. La solution-cle consiste a creer un "environnement propice a une plus grande productivity" - dont les parametres sont les suivants:
- developpement des competences au niveau national, politique, des services publics, de la planification et de
1'information;
- competence de gestion economique efficace;
- systemes d1interessement;
- developpement de 1'infrastructure physique;
- infrastructure scientifique et technologique;
- maitrise de 1'environnement externe (commerce et aide).
8. L'EVALUATION A MOYEN TERME DES RECOMMANDATIONS DU GROUPE RESPONSABLE DE LA PREMIERE DECENNIE DU DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL DE L'AFRIQUE
50. En evaluant les resultats de la premi-ere Decennie du developpement
industriel de l'Afrique, le Groupe d'Experts Independants a pris en
consideration non seulement la preuve empirique de ce qui avait vraiment ete transform^ en Afrique, mais egalement les modeleschangeants d'approches strategiques envers 1'industrialisation qui ont
emane au cours de la decennie des annees quatre-vingts, et qui ont ete
resumees ci-dessus.
51. Les conclusions de l'Equipe d'Evaluation a Moyen-Terme ont ete esquissees dans la partie I de ce document. La recommandation de l'equipe etait que la conception de la deuxieme Decennie du
developpement industriel de l'Afrique devrait §tre modeste, realiste,
gerable et accessible, de telle sorte qu'on puisse aboutir a uneavance positive d'ici la fin du siecle. Elles proposaient un programme d'action en douze points couvrant les secteurs suivants:
1. Rehabilitation des entreprises existantes;
2. Revitalisation des entreprises du secteur public;
3. Maintenance preventive et pieces detachees;
4. Developpement de liens agro-industriels;
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5. Developpement des entreprises privees;
6. Orientation de marche;
7. Attirer les investissements etrangers;
8. Developpement de 1'infrastructure physique;
9. Developpement de 1'infrastructure institutionnelle;
10. Renforcement du secteur bancaire;
11. Cooperation regionale et sub-regionale;
12. Developpement des ressources humaines.
52 L'equipe a mis 1'accent sur le fait que "la trame de fond, c'est le developpement de capacites humaines et institutionnelles et de ressources materielles. Ce n'est que sur cette base vitale que
l'Afrique pourra reduire sa dependance externe et creer les moteurs
internes de croissance qu'elle desire tant".
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II . L'APPROCHE STRATEGIQUE DE LA SECONDE DECENNIE DU
DEVELOPPEMENT INDUSTRIEL DE L'AFRIQUE REFLETEE DANS LES PROGRAMMES NATIONAUX - DE NOUVELLES ORIENTATIONS
53. Les objectifs de base de la deuxieme Decennie du developpement industriel de 1'Afrique ne sont pas fondamentalement differents de ceux adoptes pendant la premiere decennie. Us decoulent des idees du Plan d1 action de Lagos. La vision continue a e"tre celle d'un programme destine a mettre fin a la dependance exageree des pays africains
envers les pays industrialises, pour promouvoir les moteurs internes de la croissance, pour s'appuyer sur la richesse de l'Afrique et les ressources naturelles et, peu a peu, pour atteindre 1'independence economique et 1'auto-subsistance.
54. Toutefois, il y a eu un tournant important dans la facon de proceder a la preparation du programme de la deuxieme Decennie du developpement industriel de l'Afrique. La premiere Decennie du
developpement industriel de l'Afrique etait concue et articulee a un niveau centralise. Un role majeur etait joue par l'OUA, la CEA et
l'ONUDI pour ce qui est de 1'etablissement du programme de la premiere Decennie du developpement industriel de l'Afrique et par la conference des Ministres africains de I1Industrie pour ce qui est de
1'approbation. Les Etats-membres etaient les receptionnaires de ces strategies, priorites et programmes prepares a ces niveaux
centralises. Us ne jouaient pas de r61e direct, et ne participaient
pas a ce processus.
55. Les travaux preparatoires du programme de la deuxieme Decennie du developpement industriel de l'Afrique se sont faits au niveau
national. Chaque Etat-membre a entrepris de mettre au point un programme national pour la deuxieme Decennie du developpement
industriel de l'Afrique utilisant les services des experts locaux, pour en garantir 1'aspect pragmatique. Les programmes sont elabores en gardant a 1'esprit les realites, les cirConstances environnementales, les ressources naturelles et les priorites de chaque Etat-membre.
56. Les programmes nationaux sur la base desquels ce document a ete prepare ont tous reaffirme les objectifs du Plan d'action de Lagos.
Dans la plupart des plans de developpement nationaux, ces objectifs ont ete articules explicitement. II y a toutefois un changement
perceptible dans 1'approche strategique de poursuite de ces objectifs qui emerge nettement d'une lecture des programmes nationaux. Ceci est largement du aux experiences de la premiere decennie, a
1'environnement mondial en evolution et a 1'adoption par un grand nombre de pays africains des Programmes d'ajustement structurel patronnes par la Banque Mondiale.
57. Parmi les composantes majeures de cette approche strategique modifiee, les suivantes sont les plus importantes:
1. Optimisation des rapports entre 1'industrie et 1'agriculture
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58. La seconde Decennie du developpement industriel de l'Afrique reconnait que c'est une grave erreur que de considerer 1'agriculture et 1'industrie comme des secteurs en competition, 1'un croissant au detriment de l'autre. En realite, les sorts des deux secteurs sont intimement lies, car:
L'efficacite de 1'agriculture depend essentiellement des methodes industrielles de stockage, de traitement et de preservation des recoltes;
Les produits agricoles sont des apports critiques pour
1'Industrie (textiles, traitement des produits alimentaires, huiles comestibles, etc.);
Les produits industriels constituent des apports pour
1'agriculture (outillage, tracteurs, engrais et pesticides);
Une communaute agricole prospere cree un surplus de revenus et augmente done la demande effective de biens de consommation et intermediaires produits par 1findustrie;
Les surplus agricoles exportes rapportent des devises
etrangeres, essentielles pour les importations de composants, de pieces detachees et de matieres premieres industrielles.
59. Les programmes nationaux ont incorpore des plans a grande echelle destines a promouvoir la liaison entre 1'agriculture et 1'industrie et a developper les industries basees sur 1'agriculture et le traitement des produits alimentaires.
2. Inquietude quant au rendement mediocre des plans
d'investissements industriels existants de rehabilitation et He'soin d'ameliorer le rendement des entreprises publiques 60. Pendant la premiere Decennie du developpement industriel de
l'Afrique et auparavant, des investissements furent realises dans des projets industriels, bien que les fonds disponibles et autres
contraintes ne pussent nous permettre de proceder a des
investissements a 1'echelle desiree. Tout bien intentionnes que fussent ces investissements, ils ne furent pas rentables. Des problemes massifs ont surgi en ce qui concerne I1absorption de la technologie, la maintenance des machines et la gestion. Le resultat net s'est traduit par des rapports apports/rendement en-dessous des attentes, des coefficients de consommation en-dessous du standard, une faible productivity et un taux d'utilisation des capacites inferieure au seuil de rentabilite. On evalue grossierement le taux moyen
d'utilisation des capacites des industries africaines entre 30 et
40 %. Par consequent, nombre d'industries etablies travaillent a perte et quelques-unes sont sur le point de faire faillite. Comme un grand nombre de ces usines appartiennent a,u secteur public, elles ont ete maintenues en vie par les subventions de l'Etat et sont done devenues un fardeau pour les finances nationales.
61. Tous les programmes nationaux ont exprime leur inquietude face a cette situation et ont done place 1'accent sur la rehabilitation et la reconstruction des equipements existants. II est reconnu que le
produit industriel peut etre double sur la base des equipements
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existantS/ avec des invest.issements marginaux, en eliminant les
goulots d'etranglement. Une lecon a ete clairement tiree, a savoir que tous les investissements futurs doivent etre precedes d'etudes de
faisabilite preparees avec soin et apres mQre reflexion.
62. Jadis, les investissements en Afrique etaient effectues
principalement dans le secteur public. D'un c6te, cette strategie etait inevitable en 1'absence de marches de capitaux et d'un secteur primaire interieur organise. En outre, les fonds massifs requis
appelaient des investissements publics. Malheureusement, les
entreprises publiques africaines ne se sont pas elevees a la hauteur des attentes. Mis a part les problemes relatifs a la sous-utilisation des capacites et a la faible productivity, que nous avons mentionnes ci-dessus, les entreprises publiques n'ont pas fait preuve des
qualifications et competences de gestion necessaires. Elles sont devenus indolentes, gonflant leurs effectifs et bureaucratisant les rapports de travail; leur fonctionnement etait domine par les hommes politiques et les fonctionnaires du gouvernement. II existe une grande part d'ambiguite dans la question des objectifs de ces entreprises - les objectifs financiers contre les objectifs sociaux.
Malheureusement, une grande proportion des entreprises publiques travaille actuellement a perte.
63. Les programmes nationaux ont note sans hesitation cet aspect lugubre et une poutre maltresse des programmes est la reconstruction des entreprises publiques. Us demandent un rendement ameliore et un rapport des investissements publics. Les programmes reconnaissent le besoin de fortifier la gestion publique, de clarifier les objectifs et d'accorder une autonomie adequate aux entreprises. Tandis que des
tendances recentes visent a frenier 1'expansion du secteur public de I1Industrie, il est clair qu'il continuera a jouer un rdle vital
pendant la deuxi^me Decennie du developpement industriel de 1'Afrique et que son rendement determinera done dans une large mesure le succes de la decennie.
3. La base de l'entreprise privee en Afrique doit etre renforcee 64. Au commencement de la deuxieme Decennie du developpement
industriel de 1'Afrique, une tendance se dessine clairement - a savoir une orientation en faveur de la liberalisation, de l'ouverture des economies surprotegees, de la reduction des restrictions au niveau des contrdles de l'Etat, des brevets et des reglementations et de
1!encouragement de la croissance d'une communaute africaine d1entrepreneurs.
65. Le succes de la deuxieme Decennie du developpement industriel de 1'Afrique dependra en grande partie de la capacite de 1'Afrique
d'elargir et de renforcer la base de ses entreprises privees et de leur direction.
4. L'importance des entreprises hors statut et des petites entreprises
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66 Heureusement, il existe en Afrique une base remarquablement
vibrante sur laquelle il sera possible de construire cette communaute d1entrepreneurs, a savoir les entreprises hors statut et les petites entreprises. Une etude de l'histoire economique recente de bien des pays africains ayant traverse des periodes de bouleversement interne montre que ce sont les petites entreprises et les entreprises hors statut qui ont continue a faire tourner l'economie. Dans l'etat actuel des choses, le gros de leur activite est d'ordre commercial. Mais, au
fur et a mesure, les aptitudes aux affaires et a la gestion rentable des hommes, des materiels et de I1argent ont ete developpes. Ce qui est necessaire, c'est de transferer ces competences au secteur
industriel.
67. L*experience a montre que les investissements dans de petites entreprises sont moins lourds par rapport aux capacites en place,
qu'ils creent des possibilites de travail relativement importantes, ce qui les rend attrayants dans le contexte du chdmage croissant dans les pays africains. Le developpement des petites entreprises est plus
flexible que la creation d'entreprises geantes qui sont
considerablement impliquees dans les economies nationales. En outre, les petites entreprises sont d'excellents moteurs de transfert de la technologie et de la promotion et de la formation des chefs
d'entreprise.
68 La plupart des programmes nationaux ont reconnu ce capital et ont propose des mesures de renforcement et de developpement des petits et moyens secteurs de I1Industrie. On envisage un processus d evolution pas a pas vers des activites industrielles a plus grande ecnelle.
69 Dans ce contexte, la deuxieme Decennie du developpement industriel de lfAfrique reconnalt que 1•industrialisation ne se reduit pas
necessairement a d'immenses investissements et a la creation d1industries geantes. Dans beaucoup de pays industrialises, les petites et moyennes industries jouent un r61e tres important,
complementaire a 1'Industrie a grande echelle ou meme en competition avec elle. Si, jusqu'en l'an 2000, une base bien organisee et efficace des petites et moyennes industries se forme en Afrique, cela fournira le veritable tremplin de 1'industrialisation africame au vingt-et-
unieme siecle.5. Un nouvel accent sur 1'orientation de marche
70 Au cours de la premiere Decennie du developpement industriel de 1'Afrique, 1'accent a ete fortement mis sur le besoin
d1investissements industriels, sur 1•augmentation de valeur ajoutee dans le secteur manufacturier et sur 1'utilisation d'apports
interieurs. Tandis que la deuxieme Decennie du developpement
industriel de 1'Afrique continuera a accentuer ces objectifs, qui _
conservent toute leur valeur, 1'on s'est rendu compte de la necessite
de developper des strategies de marche pour les apports industriels et
le besoin de rentabilite, la competitivite Internationale, le contrdle
de qualite et le service au consommateur. Tandis que 1'on reconnalt
que la surprotection dans les industries se substituant aux
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importations a tendu a renforcer 1' inefficacite, le retrait total de la protection aux industries croissantes pourrait detruire les efforts d1industrialisation de l'Afrique. Dans la mesure ou la production
industrielle est prevue pour les exportations, il faut necessairement repondre aux standards internationaux exacts et il faut etre
suffisamment fort pour faire face a la competition internationale en ce qui concerne la quality, le prix, la fourniture et le service apres-vente. La deuxieme Decennie du developpement industriel de
l'Afrique fera un premier pas dans cette direction en encourageant la promotion du commerce inter-africaine et en mettant en place les
marches communs regionaux et subregionaux.
6. Stimulation d'une culture industrielle
71. Sur la base des experiences passees, les planificateurs et les
decideurs africains se sont pose les questions "Quelle est la cle de
1'industrialisation? Qu'est-ce qui a donne naissance avec succes des societes industrielles?"72. La reponse simpliste que 1'industrialisation sera realisee par
1'acquisition de la technologie, des investissements dans les usines,
les equipements et les machines et en visant a ameliorer lesrendements industriels, n'a pas ete jugee satisfaisante.
73. Un grand nombre d'autres ingredients sont necessaires pour stimuler le processus de 1'industrialisation. Par exemple:
- une selection prudente des investissements, basee sur des etudes de faisabilite preparees avec soin et des rapports de projets;
- des estimations precises des couts;
- des usines fonctionnant a capacite maximum;
- des niveaux eleves de productivity;
- des systemes planifies de maintenance preventive;
- une mise a jour periodique des procedes technologiques;
- des strategies de marketing et une orientation de marche;
- la creation de surplus;
- une rentabilite et une competitivite internationale;
- la creation de formation de chefs d'entreprise, de direction et techniques
74. Toutes ces mesures feront emerger une culture industrielle tendant a s'auto-perpetuer. Il ne saurait y avoir de meilleur exemple de
l'appel du Plan d'action de Lagos a 1 *independance economique et de 1'auto-subsistance.
7. Promotion de la cooperation regionale et subregionale
75. Le concept d'une cooperation regionale et subregionale a ete un element integre dans le Plan d'action de Lagos et de la premiere Decennie du developpement industriel de l'Afrique. Un progres
considerable a deja ete obtenu en mettant en place les organisations
et les institutions regionales promouvant le commerce inter-africain
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et stimulant les efforts de cooperation dans 1'etablissement et la liaison des infrastructures physiques. Toutefois, 1'etablissernent de joint ventures de pays africains pour mettre en place des projets industriels n'a pas rencontre jusqu'a present de reponse adequate.
76. Un des moteurs principaux de la deuxieme Decennie du developpement industriel de l'Afrique sera la promotion de telles entreprises
africaines multinationales ainsi que la cooperation dans les services de soutien comme les services technologiques et informatifs. Cette composante de la deuxieme Decennie du developpement industriel de
1'Afrique sera traitee plus en details dans la deuxieme partie de ce
document.
8. Considerations ecologigues
77. Tandis que 1'industrialisation est un imperatif du developpement economique de l'Afrique, il est necessaire, en mettant en pratique la deuxieme Decennie du developpement industriel de l'Afrique, de se
rendre compte des dangers causes a 1'environnement par une expansion
industrielle laissee au hasard et non planifiee. Les industries chimiques et metallurgiques sont sources de pollution industrielle.
Les industries forestieres peuvent entrainer le deboisement et
1'erosion des sols. Les industries de traitement alimentaire doivent prendre en consideration le degre de toxicite des produits chimiques utilises dans le traitement des aliments. L'industrie de la peche peut etre extremement affectee de la decharge d'effluents dans les eaux de
riviere.
78. Les programmes nationaux font egalement reference a la question de la protection de 1'environnement. Un des points importants est la
degradation des forets et la pollution des rivieres africaines. Les mesures de protection de 1'environnement incluraient:
la mise au point d'une legislation environnementale
appropriee;des prescriptions sur les degres de toxicite et de pollution;
un renforcement strict des reglementations environnementales;
l'examen minutieux de rapports de projets se referant a des
mesures anti-pollution;
la decentralisation des industries afin d'eviter une surpopulation des zones metropolitaines.
79. La deuxieme Decennie du developpement industriel de 1'Afrique
s'efforcera de:
(a) Developper la consience des pays africains des problemes
ecologiques lies a l'industrie et formuler des mesures et des strategies industrielles relatives a 1'environnement;
(b) Assurer la prevention de la degradaion environnementale et des
ressources par 1'adoption de technologies plus propres, d'une
efficacite accrue de 1'energie dans le secteur industriel et du
recyclage et de 1'utilisation des dechets industriels;
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(c) Integrer 1'impact inverse de 1*Industrie existante par un controle efficace de la production;
(d) Continuer a ameliorer la cooperation inter-pays et inter- agences profitable a chacun dans les secteurs des mesures demandees, 1'adoption de technologies plus propres et le contr61e de la pollution industrielle par des mesures comme 1'utilisation de capacites institutionnelles et industrielles dans les pays developpes et en voie de developpement afin de trouver une solution aux problemes environnementaux.
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III. MESURES PUBLIQUES IMPORTANTES (1) Planification nationale
80. Un message ressort clairement, a la lecture des documents a la
base du Plan d'action de Lagos et de la premiere et de la deuxieme
Decennie du developpement industriel de l'Afrique, a savoir que le developpement industriel en Afrique ne peut pas etre laisse au hasard.II ne peut decouler que d'un effort conscient de chaque Etat-membre.
Implicitement, ceci indique la necessity d'une planification nationale de developpement. Les plans nationaux devraient necessairement
harmoniser avec les Programmes d'ajustement structurels dans les pays ayant adopte ces programmes, mais les plans nationaux rendent possible une perspective de developpement a long terme dans laquelle il
faudrait integrer les programmes a court terme.
81. En depit des differents dans les environnements politiques et economiques parmi les pays africains, il existe de grands points communs dans la definition des objectifs nationaux. Us comprennent entre autres:
1'elimination de la pauvrete;
1'augmentation du PIB et du revenu par habitant;
la creation d'emplois;
le developpement agricole et la securite alimentaire;
1'utilisation a plein des ressources interieures nationales;
le developpement des ressources humaines;
le developpement des zones rurales la promotion des exportations;
la stabilisation de la balance des paiements et la reduction
des dettes.
82. L1industrialisation est percue comme l'un des instruments principaux pour atteindre les objectifs nationaux cites. Quelques plans nationaux ont specifie la nature des objectifs industriels du pays, comme par exemple:
Rehabilitation des industries existantes, tout specialement de celles produisant des marchandises essentielles a la
consommation et & la construction locales, de telle sorte qu'elles puissent pratiquement produire a plein rendement.
Creation d'une autonomie en ce qui concerne les biens de consommation de base.
Restructuration du secteur industriel aux fins de promouvoir
les objectifs d'une economie nationale independante, integree
et auto-determinee, avec des liens de sens et d'autre dans et entre les secteurs, tout specialement entre 1'agriculture et les industries.Mise en valeur des competences scientifiques des autochtones aux fins d1adopter la technologie qui convient, en impliquant pleinement tous les artisans, les techniciens et les
professionnels.
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Pose d'un fondement de nouvelles industries sur la base des ressources et de 1'utilisation de matieres premieres locales."
Encouragement de la croissance d'un secteur prive sain et d'entreprises libres en creant un environnement d'affaires favorable.
Diversification de l'economie par une croissance acceleree de la fabrication et du commerce.
Stimulation des activites d1exportation et encouragement d'activites accrues de traitement et de creation de valeur ajoutee dans les industries de substitution aux importations.
Fournir des possibilites d'emplois plus productives aux citoyens, tout particulierement dans les zones rurales.
Encouragement et soutien des possibilites pour les citoyens de diriger et de posseder des entreprises.
Protection des interets des consommateurs et des travailleurs".
83. La plupart des plans nationaux ont un cadre temporel de trois a cinq ans. Dans beaucoup de cas, en raison des situations de crise, les plans sont en fait devenus des plans annuels. La seconde Decennie du developpement industriel de lfAfrique possede un horizon plus large puisqu'elle porte sur dix ans. Les programmes nationaux ont ete programmes en consequence. On suppose done qu'avec 1'adoption des programmes nationaux pour la deuxieme Decennie du developpement
industriel de l'Afrique, les Plans de Developpement de trois ou cinq ans, qui couvriront les annees quatre-vingt-dix, integreront les propositions de projets contenues dans les programmes nationaux et distribueront les ressources de facon adequate.
(2) Creation d'un environnement propice
84. En Afrique, 1'on reconnalt de plus en plus que la cadence de 1'industrialisation depend dans une large mesure de 1'existence ou de la creation de ce qui est couramment decrit comme un "environnement propice", une atmosphere favorable aux investissements, sensible aux difficultes que rencontrent les directions industrielles et de nature a resoudre les problemes poses. Un tel environnement peut en partie s'etablir avec une infrastructure physique efficace et une
infrastructure institutionnelle de soutien. La creation de ces infrastructures fondamentales est un aspect-cle du programme de la deuxieme Decennie du developpement industriel de 1'Afrique.
85. Mais ce n'est pas suffisant. Entre l'adoption d'objectifs
d1industrialisation, les investissements industriels et une gestion productive de 1'industrie, il existe un domaine de gestion nationale qui possede une influence determinante, a savoir la formulation et 1'application de mesures publiques ayant un impact positif sur 1'industrialisation. Ce sont ces mesures qui creent en realite 1'environnement propice.
86. Puisque ces mesures sont formulees a des niveaux nationaux, les gouvernements sont sans aucun doute des acteurs essentiels dans le drame du developpement industriel. L1evolution d'un cadre de politique industrielle appropriee est par consequent une question d'importance