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DEUXIEME MEMORANDUM SPECIAL DE LA CONFERENCE DES MINISTRES DE LA CEA: ACTION INTERNATIONALE EN VUE

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DEUXIEME MEMORANDUM SPECIAL DE LA CONFERENCE DES MINISTRES DE LA CEA: ACTION INTERNATIONALE EN VUE

DE RELANCER L'INITIATIVE VlSANT A ASSURER LE DEVELOPPEMENT ET LA CROISSANCE

ECONOMIQUE A LONG TERME DES PAYS AFRICAINS

Adoptepar

1a Commission

a

sa vingtiimle session tenue

a

Addis-Abeba du25 au 29 avril 1985

AUK fins de presentation

au Conseil economique et social des Nations Unies

a

sa seconde

session ordinaire de1985

~ t_.~ ~

~~

ill ~

NATIONS UNIES

COMMISSION ECONOMIQUE POUR L'AFRIQUE

(2)

1. Vivement preoccupes par l'ampleur de la deterioration extremement alar- mante de lasituation economique et sociale des pays africains et compte tenu de la decision prise par Ie Conseil economique et social d'axer son attention,

a

sa session d'ete de 1984, sur la crise economique et sociale en Afrique, nous, ministres africains responsables du developpement economique et de la planifi- cation, reunis

a

Addis-Abeba

a

l'occasion de la dixieme reunion de la Conference des ministres de la Commission economique pour l'Afrique/dix-neuvieme

session de la Commission, avions adresse au Conseil et aux chefs d'Etat et de gouvernement de l'Organisation de l'unite africaine,

a

leur vingtieme session ordinaire, un memorandum special sur la crise economique et sociale en Afrique, dans lequel nous evoquions les principales caracteristiques de cette crise et proposions des mesures

a

prendre pour fa ire face aux situations d'urgence et aux exigences de l'ajustement structurel

a

moyen et long terme.

2. Nous constatons avec satisfaction que bon nombre d'Etats Membres de l'ONO et d'organisations internationales ont manifeste un vif interet pour la situation de plus en plus penible des pays africains en participant activement aux debats du Conseil economique et social sur la crise et que non seulement l'expression d'unappui international vigoureux, observee lors de la session d'ete de 1984 du Conseil, a ete reiteree lors du debat de l'Assemblee generale des Nations Unies sur la question, mais egalement qu'une ferme declaration in- vitant la communaute internationale, les institutions specialisees et les orga- nismes du systeme des Nations Unies

a

prendre des mesures bien determinees en vue d'aider les pays africains

a

faire face

a

leur situation intolerable a ete adoptee. De fait, la reaction de la communaute internationale dans son ensem- ble et des organismes de l'ONO telle qu'elle apparait dans lea documents dG£t

nou~ sommes saisis

a

la presente reunion et

a

travers Ie message du Secretaire general de l'ONO, M. Javier Perez de Cuellar (dont nous tenons

a

louer ici encore une fois les efforts inlassables faits en vue de mobiliser l'appui de la communaute internationale tout entiere aux pays africains) est tout

a

l'honneur de la cooperation internationale.

3. Nous nous felicitons egalement de ce que l'impulsion donnee a la mobi~i-

sat ion de l'aide internationale se so it maintenue. A cet egard, nous voudrions exprimer notre profonde gratitude au Secreta ire general et a ses collaborateurs du Bureau des operations de secours d'urgence a l'Afrique pour avoir organise avec succes les 11 et 12 mars 1985 a Geneve, la Conference internationale sur l'aide d'urgence aux pays africains victimes de la secheresse, ~onference qui aura permis de mobiliser des ressources financieres d'un montant appreciable pour repondre en 1985 aux besoins urgents des pays africains touches, ainsi que pour avoir tenu la reunion de suivi avec les groupes de pays victlmes de la secheresse afin de preciser les besoins de ces derniers et d'arreter les modalites de la repartition des fonds recueillis et des contributions en nature annoncees pour repondre aces besoins. Nous nous felicitons par ailleurs des efforts que la Banque mondiale a deployes, non seulement en proposant l'adop- tion d'un programme d'action conjoint de lutte contre la crise en Afriq~e, mais egalement en mobilisant des ressources considerables aux fins de l'execution dudit programme. Nous rendons en outre hommage au Directeur general de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture pour avoir deploye des efforts inlassables en vue de mobiliser des fonds pour l'exe- cut ion de projets specifiques e~ faveur des 21 pays les plus durement touches.

(3)

Notre hommage va egalement aux pays donateurs qui n'ont cesse d'apporter leur assistance aux pays africains depuis notre derniere session.

4. II est aussi encourageant de noter que beaucoup a ete fait aux niveaux national, sous-regional et regional en Aftique pour fa ire face a la situation economique critique. C'est ainsi que de nombreux Etats membres africains com- prennent mieux les problemes qui se po sent et se sont en consequence mieux armes pour faire face a la situation d'urgence et ont continue, en depit de leur pauvrete, a mettre en pratique Ie principe de l'autosuffisance. Ainsi, certains gouvernements ont leve des impots speciaux et annonce des mesures pour une meilleure utilisation des maigres ressources. Des scientifiques ont ete mobilises au niveau de groupes de pays pour echanger leurs connaissances sur la

secheresse et la desertification et proposer des solutions aces fleaux.

5. Au niveau regional, la Conference des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Organisation de l'unite africaine a non seulement approuve notre Memorandum special, mais aussi decide de consacrer aux questions economiques ,la plus gran- de partie des travaux de sa vingt et unieme session, qui doit se tenir en juil- let 1985. El'le a, a cet effet, cree un comite directeur de sept Etats membres charge de preparer Ie Sommet avec l'appui technique des secretariats de l'OUA et de la CEA. A sa premiere reunion, en fev~ier 1985, Ie Comite directeur a elabore en vue de la Conference un projet d'ordre du jour provisoire sur les questions economiques. Ce proj£t a ete approuve par Ie Conseil des ministres de l'Organisation a sa quarante et unieme session, tenue a Addis-Abeba en fe- vrier et mars 1985, au cours de laquelle les ministres ont invite la Conference des ministres de la CEA a consacrer les travaux de leur presente reunion aux

quest10ns qui ont ete identifiees et

a

faire des recommandations, notamment sur les dispositions necessaires pour assurer Ie suivi de l'application des recomman- dations.

6. En effet, si nous faisons un bilan des actions entreprises aux niveaux national, sous-regional, regional et international, nous ne pouvons que nous feliciter de la rapidite de la reaction, generalement suffisante dans son en- semble, de la communaute internationale aux besoins humanitaires critiques de l'Afrique. Cela etant, nous ferions preuve de naivete et trahirions nos res- ponsabilites si nous passions sous silence Ie fait que certaines recommandations de notre premier Memorandum special relatives aux mesures a court et a moyen terme n'ont pas encore recu l'attention qu'elles meritent. Ainsi, notre appel en faveur de mesures speciales a court terme propre a stabiliser les recettes d'exportation des pays africains a des niveaux renumerateurs et pour assurer l'execution du Programme integre des produits de base, en particulier l'entree en vigueur du Fonds commun, n'a guere trouve d'echo. Si les accords sur les produits de base signes dans Ie cadre de la troisieme Convention de Lome cons- tituent une legere amelioration par rapport aux accords precedents, les resul- tats de leur execution sont encore du domaine du futuro De meme, notre appel pour qu'a la sixieme reconstitution des res sources de l'IDA celles-ci soient portees et maintenues a 12 milliards de dollars au moins et que les chiffres

indicatifs de planification du troisieme cycle de programmation du PNUD soient ramenes a leur niveau anterieur n'a, jusqu'a present, pas ete entendu. Si notre appel lors de la sixieme reconstitution des ressources de l'IDA a ete ignore a la suite de la decision du gouvernement de 1& plus grande puissance

(4)

economique du monde, faut-il s'etonner qu'aucun progres sensible n'ait ete

enregistre en ce qui concerne 1a septieme reconstitution des ressources?

Dans Ie meme ordre d'idees, et conformement

a

la Strategie internationale du developpement pour la troisieme Decennie des Nations Unies pour Ie developpe- ment et au nouveau Programme substantiel d'action pour les annees 80 en faveur des pays les moins avances, l'appel lance aux pays developpes pour qu'ils por- tent leur aide en faveur des pays endeveloppement et des pays les moins avan- ceS respectivement

a

0,7 p. 100 et 0,15 p. 100 de leur PNB, n'a pas ete entendu.

L'allocation de Drs est probablement une question qu'il est inutile de continuer

a

poser puisque Ie groupe des pays industrialises occidentaux, conduit par Ie Gouvernement des Etats-Unis, .continue de s'y opposer. Par ailleurs, Ie FIDA n'a ete sauve de la faillite que grace

a

un accord de principe sur Ie finance- ment de la deuxieme reconstitution de ses ressources. En tout etat de cause, Ie maximum que l'on puisse esperer est de loin inferieur au montant qui avait ete retenu

a

titre indicatif au debut de 1984. Ainsi, bien que toutes les par- ties reconnaissent que Ie financement multilateral

a

des conditions de faveur constitue une importante source de financement du developpement dans les pays africains victimes d'une crise economique, nos problemes n'ont toujours pas recu l'attention voulue.

7. Nos espoirs sont loin d'etre combles dans les autres domaines tels que l'appui au titre de la balance des paiements, Ie renforcement des services na- tionaux charges de l'elaboration des projets, Ie choix du type d'assistance technique approprie et des experts,charges des projets, y compris l'utilisation d'experts locaux et la fourniture de materiel et de machines moins couteux et plus appropries utilisant des materiaux locaux, Ie renforcement des relations multilaterales en matiere d'aide et d'assistance technique et, Ie redeploie- ment industriel pour faire face

a

la crise. Le Secretaire general de l'Organi-

sation des Nations Unies n'a pas encore etudie notre proposition tendant

a

creer une commission speciale d'evaluation de haut niveau chargee d'examiner l'impact de l'assistance multilaterale et bilaterale consentie

a

l'Afrique.

Nous esperons tres sincerement que Ie Secretaire executif de la CEA et Repre- sentant special du Secreta ire general charge des questions relatives

a

la crise economique en Afrique veillera

a

ce que cette proposition recoive l'attention qu'elle merite. II apparait ainsi clairement qu'il reste beaucoup

a

faire 'en

ce qui concerne les aspects immediats et

a

court terme de la crise dans notre continent.

8. Malgre et peut-etre

a

cause de ce qui reste

a

faire pour ,faire face aux aspects immediats et a court terme de' la crise, nous avons ete si encourages par les resultats globaux positifs enregistres jusqu'a present que nous aVOns decide de rediger un deuxieme memorandum special et de la soumettre a votre attention, en mettant cette fois l'accent sur les aspects a long terme de la

crise~

9. Certes, la crise actuelle a ete precipitee par la secheresse qui a grave- ment affecte la production alimentaire et agricole, les recettes en devises,

les approvisionnements en energie et les recettes publiques et a, en consequen- ce, entraine l'accroissement des importations de denrees alimentaires et de com- bustible, aggrave les problemes de balance des paiements, reduit l'utilisation de la capacite industrielle et accelere les migrations de personnes

a

la recher- che de nourriture et de logemeut; toutefois, la crise africaine a une origine

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plus profonde, qui remonte loin dans Ie passe. La secheresse actuelle n'est qu'un symtome - certes dramatique - du sous-developpement profond des pays africains.

10. A cet egard, nous voudrions attirer l'attention du Conseil sur Ie fait que la secheresse a frappe, a des degres divers et en l'espace de trois ans, 34 des 50 Etats membres de la Commission economique pour l'Afrique. Cependant, les mauvais resultats de l'agriculture, les difficultes .de la balance des paie- ments, les deficits budgetaires, l'inutilisation de la capacite industrielle due a l'inexistance de facteurs de production par suite dela penurie de devises, la deterioration des termes de l'echange, etc. sont depuis les annees 60 Ie lot de la plupart des pays africains, y compris ceux qui ne sont pas touches par la secheresse.

1·1. Si l'on veut s'attaquer aux causes profondes de la crise actuelle, la communaute internationale doit rechercher avec les pays africains les moyens de relancer Ie developpement et la croissance economique a long terme des pays africains. C'est la la raison d'etre de ce deuxieme memorandum. Nous esperons

sincerement que la somme de nos points de vue contenus dans Ie present memoran- dum recevra l'attention requise de la part du Conseil economique et social lors de ses travaux de juillet 1985. Mais examinons d'abord brievement la nature et l'ampleur de la crise.

(6)

II. LA NATURE ET L'AMPLEUR DE LA CRISE AFRlCAINE

12. L'actuelle situation critique provoquee par la secheresse est la pire catastrophe economique et humaine de l'histroire recente de notre continent.

Plus diun million de personnes sont deja mortes et 10 millions d'autres ont ete deplacees du fait de la secheresse qui a, en outre, decime Ie betail, generali- se la famine et les maladies. cause d'importantes pertes de recoltes, des penu- ries de vivres, d'eau, d'energie et serieusement ebranle la fragile economie des pays africains. A l'heure actuelle, 20 pays africains situes au sud du Sahara sont encore touches par la secheresse, dont 9 tres gravement. Au total, environ 150 millions de personnes souffrent de la faim et de la malnutrition en Afrique; parmi celles-ci, 30 millions se trouvent dans une situation precaire.

Qu'il nous suffise de signaler qu'en depit de l'aide d'urgence importante four- nie l'annee derniere, on estime que les besoins non satisfaits en 1985 de 20 pays victimes de la secheresse en vivres, en eau, en medicaments de base. en materiel de survie et en appui logistique se montent au total a 1,5 milliard de dollars, les besoins alimentaires representant a eux seuls 893'millions de dollars.

13. Face a cette situation tragique. il est tout a fait nature1 que les pays victimes et la communaute internationale s'attachent d'abord a sauver des vies humaines, a soulager les souffrances et

a

attenuer les ravages de la faim et de la famine. Les gouvernements tout cornme les populations ont fait des efforts.

considerables pour faire face a la situation d'urgence et nous semmes reconnais- sants de l'assistance humanitaire apportee par de nombreux gouvernements etran- gers. par des millions d'individus aux Etats-Unis, au Canada et en Europe occi- dentale notamment ainsi que par des organismes et institutions des Nations Unies devant la situation d'urgence sur notre continent. Nous esperons que la communaute internationale n'epargnera aucun effort pour fournir l'assistance humanitaire necessaire aux pays touches pour les aider a redresser et

a

relan- cer leur economie dans Ie court et moyen terme.

14. La rapide deterioration de l'environnement economique international sur- venue au debut des annees 80 - comme en ternoignent l'effondrement des cours des produits de base. la stagnation puis la diminution en chiffres reels de l'aide publique au developpement (APD), Ie renforcement du protectionnisme.

Ie niveau inoui des taux d'interet ~insi que Ie lourd endettement des pays afri- cains -a porte un rude coup a l'economie fragile des pays africains et reduit considerablement la capacite de l'ensemble des pays africains, surtout de ceux qui sont touches par la secheresse. a .faire face efficacement aux problemes supplementaires decoulant de la situation d'urgence. Point n'est besoin de revenir de fa~on detail lee sur cet aspect de la crise ni sur la situation de- coulant de la secheresse qui ont deja ete examines dans Ie premier Memorand~lli

special.

15. II faut toutefois repeter que 1a crise n'est que la manifestation de de- sequilibres structure1s profonds qui, eux-memes, ont ete aggraves par l~s evene- ments de ces dernieres annees. D'apres 1a quasi-tota1ite des indicateurs de 1a situation socio-economique, 1es tendances pour Ie long terme sont tres inquie- tantes depuis Ie debut des annees 70. Du fait du ralentissement de 1a crois- sance et d'un taux d'accroissement demographique eleve, Ie revenu par habitant qui, au cours des annees 70, avait augmente tres faiblement, baisse depuis 1980 a un taux annuel moyen de 4,1 p. 100 et est maintenant de 15

a

20 p. 100

inferieur

a

son niveau d'i1 y a 15 ans.

(7)

16. Cette diminution du revenu par habitant masque un grave desequilibre de la repartition des revenus. A l'heure actuelle, environ 70 p. 100 de la population totale en Afrique sont touches par la pauvrete ou vivent en dessous du niveau de pauvrete, Ie revenu par habitant dans les deux cas etant inferieur

a

59 et 115 dollars aux prix de 1972. Malgre une legere amelioration de la qualite de la vie en Afrique au cours des 20 dernieres annees, la situation sociale est toujours loin d'etre satisfaisante et a eu tendance

a

se deteriorer ces dernieres annees. Environ la moitie de la popula- tion active est touchee par Ie chomage ou Ie sous-emploi; pres de 60 p. 100 de la population vivent dans des taudis ou des habitats precaires; l'approvision- nement en eau continue de poser de serieux problemes car seul un African sur quatre

a

acces

a

l'eau potable; Ie taux de mortalite infantile en Afrique au sud du Sahara qui en 1950 eta it en moyenne une fois et demi celui des pays en

developp~ment, en est maintenant presque l~ double; Ie nombre des affames et des malnourris serait passe selon les estimations, de pres de 80 millions au debut des annees 70

a

plus de 100 millions en 1984; les services de sante sont tres insuffisants et se trouvent surtout dans les zones urbaines; les troubles sociaux, la criminalite et la delinquance juvenile se sont aggraves.

17. 11 en resulte que les causes principales de la crise economique et socia- Ie en Afrique ainsi que du sous-developpement du continent sont en general les desequilibres structurels internes des economies, leur extreme extroversion et leur lourde dependance-sequelles du passe colonial. 11 est

a

deplorer que les politiques de developpement adoptees depuisl'independance n'ont pas eu pour effet de mobiliser sensiblement la structure de la production peu rationnelle heritee de l'ere coloniale, qui est essentiellement caracterisee par une agri- culture commerciale, une base industrielle etroite - fragmentee et liee de facon assez lache

a

la base de ressources naturelles - un secteur minier qui est non seulement tributaire de l'etranger sur les plans financier, technique et de la gestion, mais aussi dont la production est exportee en grande partie.

La colonisation a egalement fait que l'economie de l'Afrique est la plus ouver- te et la plus dependante du monde, du fait que Ie commerce exterieur, principal moteur du developpement, porte essentiellement sur un petitnombre de produits agricoles et miniers. 11 est egalement

a

deplorer que Ie secteur agricole - Ie plus tmporrant de l'economie - ait enregistre des resultats extremement decevants, aboutissement d'une tendance de longue date

a

la deterioration tant de la production agricole que de la production alimentaire par habitant.

S'agissant de cette derniere, l'Afrique est en fait la seule region ou la

production alimentaire n'a pas suivi Ie rythme de l'accroissement de la popula- tion. Au cours des annees 70, lorsque Ie taux d'accroissement de la population etait, en moyenne, de 2,8 p. 100 par an, la production alimentaire totale pour l'ensemble de la region augmentait

a

peine de 1,5 p. 100 avec pour consequence que Ie coefficient d'autosuffisance alimentaire est tombe de 98 p. 100 durant les annees 60

a

86 p. 100 dans les annees 80. Entre 1980 et 1984, alors que Ie taux de croissance demographique en Afrique etait de 3 p. 100, la production alimentaire n'a augmente que de 1 p. 100, ce qui a reduit davantage Ie coeffi- cient d'autosuffisance alimentaire. En consequence, la valeur des importations de cereales est pas see de 600 millions de dollars en 1970

a

5,4 milliards en

1982 et les importations alimentaires representent

a

l'heure actuelle pres d'un cinquieme de6 besoins alimentaires de la region, tandis que la dependance

a

l'egard de l'aide alimentaire n'a fait que s'intensifier au fil des ans. En

(8)

outre, expr~mees en valeur reelle, les recettes d'exportation que l'Afrique tire de l'agriculture et de l'elevage n'ont fait que baisser, diminuant de 2 p. 100 par an au cours des annees 70. La valeur des exportations agricoles a baisse de 20 p. 100 entre 1980 et 1983,

a

raison d'environ 5 p. 100 par an.

18. Cette dependance excessive de l'Afrique

a

l'egard des marches exterieurs resultant de l'absence de souplesse de la structure des exportations

caracterisee par une specialisation excessive de la production, qui porte sur un nombre extremement reduit de produits agricoles et mineraux dont les cours n'ont fait que baisser, d'une part, et l'accroissement rap ide des importations dont les prix n'ont fait qu'augmenter, d'autre part, ont entraine de graves de- sequilibres commerciaux et financiers et l'epuisement rapide des reserves de devises qui,

a

l'heure actuelle, accusent des niveaux extremement precaires.

Les deficits en compte courant des pays africains sont passes

a

27,3 milliards de dollars en 1983/84. Les reserves de devises qui etaient suffisantes au cours des annees 70 ont chute dans les annees 80 au point de couvrir

a

peine un mois d'importations dans bon nombre de pays africains. .

19. Les desequilibres structurels internes et externes de l'economie des pays africains, l'insuffisance et la precarite de l'infrastructure de l'Afri- que en matiere de transports et de communications, les desequilibres et pro- blemes energetiques, le rythme rap ide de la desertification sur le continent,

le peu d'interet que les puissances coloniales ont accorde

a

la mise en valeur des res sources humaines, les strategies et politiques economiques inadaptees que les pays africains ont adoptees depuis l'independance, l'inefficacite avec laquelle les pays africain~ ont gere leur economie et, enfin, l'instabi- lite politique et la destabilisation socio-economique, sont autant de facteurs qui ont aggrave les problemes de l'Afrique et contribue

a

l'ampleur de la crise, en depit des efforts deployes par les Etats membres pour redresser la situation.

20. La dependance excessive de l'economie des pays africains

a

l'egard d~

facteurs de production importes a egalement eu des repercussions nefastes sur la structure des couts en Afrique, l'efficacite de la production, l'exploita- tion des res sources naturelles, la mise au point de technologies autochtones

et l'avantage comparatif d'une main-d'oeuvre excedentaire par rapport au capi-

tal disponible. Des facteurs negatifs exogenes - notamment la' predominance d'accords financiers et monetaires internationaux defavorables, le caractere monopolistique des marches de la technologie, la chute des cours des matieres premieresproduites par l'Afrique parallelement

a

la hausse constante des prix des articles manufactures importes des pays developpes - sont egalement

a

l'origine de la crise economique que traverse l'Afrique et ont reduit

a

neant

les efforts louables faits par les pays africains independants en vue de rea- liser l'independance economique et d'accelerer la croissance et le developpe- ment.

21. Les Etats membres vo~s~ns de l'Afrique du Sud ont subi des manoeuvres de destabilisation sur les plans economique et politique ainsi que des actes d'agression armee de la part du regime de Pretoria, qui les ont serieusement empeche de mener

a

bien un developpement socio-economique. Tant que durera cette situation de violence et d'agression, les perspectives d'une paix dura- ble et d'un developpement socio-economique soutenu resteront tres sombres pour ces pays.

(9)

22. Nous sommes intimement convaincus que si l'on ne s'attaque pas aux causes profondes de la crise economique et sociale de l'Afrique en adoptant, comme Ie preconisent Ie Plan d'action de Lagos et l'Acte final de Lagos, des mesures du- rabIes,

a

long terme, de transformation str~cturelle, la situation d'urgence que nous connaissons

a

l'heure actuelle se ~ransformeraen un phenomene struc- turel permanent et tout espoir de transformer l'Afrique - qui se trouve actuel- lement dans une situation peu enviable - en une communaute economique viable capable d'assurer progressivement une croissance et un developpement autonome et auto-entretenu ne sera qu'un leurre.

23. Le temps est venu - et la conjoncture s'y prete - de s'attaquer aux causes profondes du sous-developpement de l'Afrique et de prendre les mesures d'ajuste- ment structure 1

a

long terme qui s'imposent. A moins d'agir, des maintenant, avec tout Ie serieux que .1a situation exige, l'Afrique n'aura pas d'avenir digne de ce nom. Ce qui,

a

cet egard, nous preoccupe particulierement, c'est qu'il faut se rendre

a

l'evidence que l'actuel taux d'accroissement rapide de la popu- lation africaine constitue un element de poids pour les perspectives de develop- pement socio-economique

a

long terme de l'Afrique en raison des incidences evi- dentes que ce taux d'accroissement rapide de 1a population aura sur la demande de produits alimentaires, l'emploi, Ie revenu par habitant, la repartition des revenus, la demande de devises, les besoins en matiere de logement, la demande de services sociaux, les besoins en matiere d'enseignement, la croissance ur- baine, Ie fardeau de 1a dependance et Ie c1imat socio-politique.

24. De toute evidence, la crise economique et sociale de l'Afrique est d'une ampleur et d'une complexite telles que les gouvernements et les peuples afri- cains ne sont pas en mesure de la resoudre sans aide exterieure. La reaction positive et croissante de la communaute internationale face aux aspects humani- taires immediats de 1a crise a

ete

J comme nous l'avons

deja

reconnu, tres effi-

cace et extremement louable. Mais nous ne non, lasserons pas de repeter qu'en nous bornant

a

nouS preoccuper de ce seul aspect du probleme nous commettons

une grave erreur~ I I est done indispensable que I'assistance de la communaute

internationale so it axee sur la relance de l'initiative de developpement

a

long terme en appuyant les effortsdeployes par l'Afrique en vue de s'attaquer aux causes profondes de la crise socio-economique generalisee et du sous-deve- loppement du continent. Nous avons Ie ferme espoir que Ie meme esprit qui a anime la communaute internationale lorsqu'elle a repondu aux besoins human i- taires crees par la situation d'urgence se manifestera dans Ie cadre des efforts en vue d'operer la transformation socio-economique de l'Afrique.

(10)

III. MESURES DE TRANSFORMATION STRUCTURELLE A LONG TERME

25. Dans l~ Plan d'action de Lagos et l'Acte final de Lagos sont d~finies

les mesures

a

long terme qu'il est indispensable de prendre en vue de res- tructurer les ~conomies africaines sur la base des principes suivants : au- tonomie nationale et collective et developpement auto-entretenu; promotion de l'integration materiel Ie des economies africaines; et creation - aux

niveaux national, sous-regional et regional - d'une economie africaine inter- dependante et dynamique. Nous tenons

a

saisir cette occasion pour reaffirmer notre attachement

a

la philosophie et aux objectifs du Plan d'action de Lagos et de l'Acte final de Lagos. A cet egard, nous tenons

a

rappeler en par-

ticulier que nos gouvernements se sont engages

a

promouvoir un degre accru d'autonomie et d'autosuffisance, ce qui suppose qu'on rende 1a croissance et Ie developpement economiques de plus en plus tributaires de la demande inte- rieure,qu'on remplace progressivement les facteurs de production importes par des facteurs produits sur place, qu'on elabore des structures et des processus de developpement et de croissance economique dans Ie cadre desquels les dif- ferentes composantes se renforcent mutuellement, qu'on mette en commun les ressources, les marches du travail, les institutions, les moyens financiers, etc., aux niveaux sous-regional, national et autres niveaux multinationaux en vue de realiser concretement les objectifs du Plan d'action et de l'Acte final de Lagos. II s'agit, en outre, de modifier la nature et Ie type des biens et des services en vue de satisfaire les besoins fondamentaux de la masse de nos populations, d'associer les principaux agents du developpement

a

toutes les etapes de la formulation et

a

l'execution des plans de deve- loppement, d'encourager l'apparition d'entreprises autochtones, aussi bien publiques que privees, d'adopter une approche integree du developpeme~t qui englobe les differentes activites economiques et sociales, tienne compte de l'interdependance effective de ces activites et reconnaisse Ie role special que jouent les deux principaux secteurs de production que sont l'alimentation et l'agriculture, d'une part, et l'industrie, d'autre part, et, enfin, de renforcer la cooperation et l'integration sous-regionales et regionales afin de resoudre, notamment, l'actuelle balkanisation de la region et d'assurer l'exploitation et 1 'utilisation coordonnees des

vastes ressQurces de notre continent au profit de nos peuples.

26. NOlls sommes pleinement conscients de ce que sans 1a recorinaissance de l'important role joue par les ressonrces humaines, cette strategie de developpement ne pourra etre appliquee avec succes. II est indispen- sable non seulement d'adopter des politiques propres

a

assurer la mise en valeur et l'utilisation efficaces des ressources humaines dans tous les domaines, mais aussi de prendre des mesures concretes en vue d'assurer 1a participation pleine et entiere de nos populations

a

tous les aspects GU developpement, de donner des chances egales

a

tous, d' asseoir sur des "ases saines la justice politique, economique et sociale, de rendre

a

l'Afrizain la confiance en soi et de renforcer sa creativite endogene et, enfin, d'assurer la democratisation effective du processus de developpement en general.

(11)

27. Nous sommes egalement conscients de ce qu'un tel effort exige que nous ameliorions la gestion de notre economie, notamment en utilisant de fa~on ra- tionnelle les res sources disponibles, en ameliorant les systemes, institutions et pratiques de gestion publique, en ameliorant Ie rendement des entreprises publiques, en renfor~ant les systemes de gestion du personnel et les ins- titutions de developpement de la gestion, en ameliorant la gestion financiere, l'administration des impats et Ie contra Ie des depenses publiques, en redui-

sant les fuites de devises et en gerant mieux la dette exterieure, en reorien- tant les services publics pour en fa ire des instruments au service du deve- loppement, et en repartissant et utilisant judicieusement les ressources.

28. Pleinement conscients de ce qui precede, nous sommes resolus

a

activer l'avenement des reformes structurelles requises

a

long terme. s'il n'est pas dans nos intentions d'entrer ici dans Ie detail des mesures

a

prendre - ces dernieres ayant ete longuement developpees dans Ie Plan d'action et l'Acte final de Lagos ainsi que dans l'etude publiee

a

l'occasion du vingt-cinquieme anniversaire de la Commission et intitulee «La CEA et Ie developpement de l'Afrique 1983-2008, etude prospective preliminaire», nous souhaitons mettre en relief ci-apres celles des mesures qui s'inscrivent dans Ie cadre des do- maines prioritaires d'action. Nous esperons sincerement que la communaute

internationale saura accorder

a

ces actions prioritaires un soutien immediat, efficace et' suffisant, tout comme elle a su repondre aux besoins humanitaires de l'Afrique.

(12)

IV. MESURES DE SOUTIEN INTERNATIONAL DANS LES DOMAINES PRIORITAlRES A. SOUTIEN AUX MESURES PRISES A L'ECHELLE NATIONALE

1. La dynamique des populations et ses incidences sur Ie developpement et la croissance economique en Afrique

29. L'analyse des tendances et des projections demographiques confirment que, dans la plupart des pays africains, la croissance economique et Ie de- veloppement se heurtent de plus en plus au probleme demographique. Le facteur demographique est done au coeur du probleme du developpement socio-economique de l'Afrique. En effet, selon les projections, la population africaine, qui augmente actuellement

a

un taux annuel moyen estime

a

3 p. 100 devrait attein- dre 888 millions d'habitants en l'an 2000 et 1,9 milliard en 2025. Cette croissance a des incidences considerables et tragiques sur la capacite des pays africains

a

accroitre les revenus,

a

disposer de ressources viv~ieres

suffisantes,

a

augmenter la production agricole et industrielle, a assurer l'emploi et

a

repondre aux besoins de la population en matiere de services fondamentaux tels que l'education, la sante, l'approvisionnement en eau, l'evacuation des eaux usees, les transports et Ie logement. En somme, dans les circonstances actuelles, tous nos efforts pour orienter la population vers son bien-etre et son epanou~ssements'averent vains.

30. Nous estimons done que chaque pays africain doit accorder l'importance voulue a une politique demographique a grande portee qui abordera, entre autres

les questions de fecondite, de morbidite et de mortalite, d'urbanisation acce- leree et de migration ainsi que les problemes des enfants et des jeunes, de

fa~on

a

concilier l'evolution demographique et la croissance economique et Ie developpement. A cet egard, nous reaffirmons notre soutien au Programme d'action du Kilimanjaro concernant la population, adopte par la deuxieme Conference afri- caine sur la population, organisee par la CEA, en janvier 1984, a Arusha

(Republique-Unie de Tanzanie). Nous considerons qu'il s'agit la d'un pas en avant judicieux et que tous les pays africains doivent proceder immediate- ment, sur la base de ce programme, a l'elaboration de programmes d'action na- tionaux. Nous lan~ons un appel a la communaute internationale, aux organismes bail leurs de fonds, aux organisations internationales - part~culierement au Fonds des Nations Unies pour les activites en matiere de population (FNUAP) - ainsi qu'aux organismes regionaux et sous-regionaux charges de questions d€- mographiques, afin qu'ils coordonnent leurs activites et aident les pays afri- cains individuellement et collectivement,

a

executer Ie Programme d'action du Kilimanjaro. Nous reiterons notre appel aux Etats et aux organismes bailleurs de fonds pour qu'ils augmentent sensiblement les ressources du FNUAP afin que l'aide que Ie Fonds accorde aux pays africains eoit effective et efficace.

Les donateurs devraient egalement accro1tre Ie soutien financier et technique qu'ils accordent en ce domaine a chaque pays africain. Cette assistance est particulierement necessaire et prior ita ire dans les domaines de l'elaboration des politiques et programmes, de la mise en oeuvre d'activites en matiere d'in- formation demographique, de l'integration des variables demographiques au de- veloppement et de l'execution de programmes visant

a

reduire la mortalite .et la fecondite ainsi qu'a assurer une meilleure repartition de la population et une meilleure formation demographique.

(13)

2. Developpement du secteur agricole et alimentaire

31. Les efforts visant a assurer une reprise du developpement et de la crois- sance economiques devront porter en premier lieu sur le secteur agricole et alimentaire. En effet, le mauvais comportement de ce secteurest a l'origine du retard, de la stagnation, voire du declin de bien de pays africains sur le plan economique. II nous faut donc rien de mains qu'une revolution agri- cole, COmme l'Asie a eu sa revolution verte pendant les annees 70.

32. II nous faut prendre immediatement toute une serie de mesures prop res a creer des conditions prop ices

a

une relance de ce secteur, le premier but etant de realiser un coefficient d'autosuffisance alimentaire eleve. Long- temps neglige, ce secteur devrait maintenantbeneficier d'un rang de priorite eleve. 11 faudra a cette fin adopter des politiques de prix, de credit et d'incitation propres a favoriser Ie developpement du secteur agricole en ge- neral et la production vivriere en particulier. 11 faudra prendre des mesures visant a augmenter le rendement des terres grace a l'utilisation accrue

d'engrais, de varietes de semences ameliorees, d'outils agricoles appropries et de services de vulgarisation efficaces, et a l'adoption de regimes fon- ciers judicieux ainsi que de politiques propres a inciter les agriculteurs

a

ameliorer leur productivite et a ameliorer Ie niveau de vie des popula- tions rurales. II faudra egalement adopter des methodes rationnelles d'amenagement et de conservation des res sources en eau afin de reduire la dependance excessive

a

1 'egard des pluies qui caracterise bien de pays de la region. De meme, les methodes de production agricole devront changer de maniere

a

encourager la production vivriere notamment grace a l'introduction de cereales et de plantes plus xerophiles, a creer davant age d'emplois dans les zones rurales, a retablir l'equilibre ecologique et

a

augmenter les recettes d'exportation. Parallelement aces ffiesures, il faudra ameliorer sensiblement l'infrastructure materielle, nota"ment pour ce qui est du transport, de la commercialisation, de la conservation et d'entreposage.

11 faudra egalement intensifier considerablement les activites de recherche- developpement (R-D) afin de realiser une percee en matiere de technologie agricole et de mettre au point des techniques originales pour lutter contre la secheresse et la desertification, augmenter la production zootechnique et halieutique, ameliorer l'amenagement des res sources forestieres et mener a bien des programmes de reboisement.

33. L'aide internationale au developpement constituera,

a

cet egard, un apport precieux aux efforts deployes par nos gouvernements et nos peuples pour mener a bien la revolution verte en Afrique. Aussi, il faudra que cette aide soit, quant a la forme et quant au fond, conforme

a

nos priorites. Selon nos

estimations, pour que l'Afrique mene a bien sa revolution verte, les in- vestissements dont elle aura besoin d'ici ii l'an 2000 seront de l'ordre· de 5 a 6,5 milliards de dollars par an. Nous prions instamment les pays dona- teurs d'assurer le succes de cette revolution, en augmentant comme il se doit, Ie flux de res sources financieres et les investissements en faveur du secteur alimentaire, et ce, en collaboration etroite avec les gouvernements africains et dans Ie secteur alimentaire et dans les domaines connexes (elevage, peche et sylviculture) afin d'etablir un equilibre judicieux entre la pro-

duction vivriere, le secteur forestier, l'elevage et la production

1~stinee

a

l'exportation. Cet appui technique et financier ne devrait se

(14)

heurter

a

aucun obstacle d'ordre administratif ou concernant les appro- visionnements. Nous demandons instamment aux organismes donateurs de concentrer leurs efforts sur la production vivriere et de se departir de

la politique, prejudiciable

a

ce secteur, qui consiste

a

accorder la prio- rite aux grands projets concernant leg cultures de rente et l'exploita- tion des matieres premieres destinees

a

l'exportation. De meme, cette aide devrait porter de plus en plus sur l'adoption de mesures visant

a

reduire considerablement les pertes alimentaircs et

a

realiser un degre nettement plus eleve de securite alimentaire. L'aide que nOuS souhaitons devrait permettre la modernisation systematique des modes de production tradition- nels,notamment l'utilisation rationnelle des eaux de surface et des eaux

souterraines, la conservation des sols, la remise en culture des terres et l'adoption d'autres mesures propres

a

assurer l'expansion des terres ara- bles dans les zones arides et semi-arides en particulier, la remise en etat et l'expansion des parcours et Ie lancement de programmes de reboisement, ainsi que l'accroissement des surfaces cultivees.

34. On ne saurait trop souligner Ie fait que ces objectifs ne peuvent etre realises .sans une intensification des transferts internationaux de res- sources, condition prealable

a

l'expansion des services de vulgarisation et

a

leur efficacite. II faudra egalement des ressources supplementaires pour accorder des credits aux agriculteurs, maintenir des prix remunerateurs, appliquer des politiques fiscales efficaces et assurer d'une maniere generale

l'approvis~onnementen facteurs d~ production agricoles.

35. Nous faisons en outre appel

a

la communaute internationale pour qu'elle appuie et renforce les activites de recherche - developpement par Ie biais tant des competences techniques que des res sources financieres. II faut

egalement appuyer en particulier la mise au point de varietes hatives et res is- tantes

a

la secheresse,

a

la maladie et aux predateurs, la selection et l'€le- vage d'especes resistantes

a

la maladie et

a

la secheresse, la recherche de systemes d'exploitation agricole et de nouvelles cultures de pointe adaptes aux differentes zones agro-ecologiques. II y a lieu egalement d'appuyer la recherche sur les technologies

a

appliquer apres les recoltes et les techni-

ques de commercialisation. Une attention particuliere doit etre accordee

'a

l'application de technologies nouvelles,notamment dans Ie domaine du genie genetique et de la biotechnologie, en vue de l'accroissement de la produc- tion alimentaire, et de l'amelioration de la conservation, de la protection et de la transformation des produits alimentaires.

3. Developpement industriel

36. Le Plan d'action de Lagos d€finit Ie cadre general du developpement

a

long terme du secteur industriel en Afrique. Ce cadre a ete trace de facon pratique dans Ie Programme de la Decennie du developpement industriel de 1 'Afrique, 1980-1990. Le Programme et les principes directeurs permettant de lancer des actions prioritaires au cours de la phase preparatoire de la Decen- nie definissent les mesures

a

court, moyen et long terme que les pays afri- cains eux-memes, les organisations regionales et sous-regionales ainsi que la communaute internationale doivent prendre afin de developper Ie secteur

(15)

industriel en Afrique. La Decennie, qui est entree dans sa phase d'execu- tion en janvier 1985, comporte un important volet de cooperation technique relatif a l'assistance a apporter aux pays africains et aux organisations intergouvernementales indiques.

37. Nous sommes convaincus que Ie bonieroulement du programme de la seconde phase de la Decennie permettra une restructuration profonde du secteur indus- triel dans nos pays qui permette d'etablir un lien entre la production indus- trielle et les res sources locales afin de satisfaire les besoins fondamentaux des populations et stimuler la croissance dans d'autres secteurs de l'economie, en particulier dans l'agriculture par l'intermediaire de relations interin- dustrielles verticales et horizontales. Nous reaffirmons par consequent notre ferme attachement au Programme et lancons un appel aux pays et organismes do- nateurs pour qu'ils accroissent leur apport et tiennent pleinement compte des besoins dans Ie cadre du Programme de la Decennie.

38. Plus precisement, nous demandons aux donateurs, aux organismes de deve- loppement et aux institutions financieres de coordonner, aux cours de la situation d'urgence actuelle, leurs efforts et de les axer essentiellement aur l'elaboration de mesures en vue du relevement, de la relance, de la re- novation et de la rationalisation des entreprises manufacturieres africaines ayant des problemes. Un appui massif de la communaute internationale est necessaire pour les programmes nationaux visant a relever les installations

industrielles et usines existantes et a utiliser les capacites excedentaires.

II s'agit la des premieres mesures a prendre de toute urgence pour arreter Ie processus flagrant de «des industrialisation» qui se dessine dans la re- gion et mettre en route des activites tendant

a

reorienter l'industrie.

39. Nous demandons aussi que] 'aide au developpement porte surtout sur une formation intensive en vue de l'acquisition de qualifications professionnelles essentielles. II s'agirait d'une formation a la gestion industrielle et aux

differentes operations en usine. Un soutien accru devra etre apporte aux grands etablissements d'enseignement specialises, aux niveaux national, sOlls-regional et regional.

40. Enfin, Ie programme d'aide en vue de la rationalisation et de la reorien- tation du secteur industriel devrait etre elabore et mis en oeuvre en meme temps que les mesures

a

court terme. Ce programme devra porter essentie~le­

ment sur une redistribution des res sources nouvelles sur la base des polL- tiques et strategies industrielles reorientees ainsi que des mecanis-

mes institutionnels appropries. Aussi, la priorite devra-t-elle etre accordee

a

la prospection et au traitement des matieres premieres locales,

a

la pro-

duction de facteurs de production intermediaires pour les besoins locaux et

a

l'etablissement de relations intersectorielles, en particulier avec l'agri- culture. L'accent devra egalement etre mis sur les activites visant

a

pro-

mouvoir l'utilisation optimale de la capacite industrielle grace aux regroupe- ments sous-regionaux et regionaux et

a

la creation d'industries utilisant les competences et les matieres premieres locales. A cet egard, il est extremement important d'encourager la petite industries de transformation des produits agricoles dans les zones rurales, de developper les competences de chefs

(16)

d'entreprise et d'ameliorer les qualifications techniques et profession- nelles. Un accent particulier devra etre mis sur Ie developpement des

industries cles notamment les industries metallurgiques, mecaniques, chi- miques, pharmaceutiques ainsi que sur celui de l'industri¢ du bat1ment et des biens d'equipement. Une attention particuliere devra egalement etre

accordee

a

la promotion de la petite industrie, en particulier aux usines d'appoint,

a

la moyenne et

a

la grande industrie.

4. Mise en place des infrastructures

41. La mise en place d'infrastructures integrees, notamment dans Ie domaine des transports et des communications est un prealable

a

tout developpement socio-economique judicieux. Tout comme Ie Programme de la Decennie du deve- loppement industriel de l'Afrique, Ie programme de la Decennie des Nations Unies pour les transports etles communications en Afrique traduit en activi- tes concretes les mesures definies dans Ie cadre general du Plan d'action de Lagos. Le succes de la mise en oeuvre du programme de la Decennie contri- buera considerablement

a

renforcer les relations existant entre les secteurs productifs que sont l'agriculture, les mines et l'industrie et

a

developper les transports ferroviaires, aeriens et routiers ainsi que l'infrastructure de base en matiere de communication. Le programme joue un role primordial dans l'amelioration de la distribution et de la commercialisation des pro- duits de base ainsi que dans l'elargissement des marches interieurs en general.

42. II importe de souligner que si de nouvelles structures doivent etre mises en place, il est egalement vital et urgent de recourir

a

une assistance pour l'entretien et la renovation de l'infrastructure existante. Le mauvais etat des infrastructures et services de transport dans les zones rurales merite egalement une attention speciale. L'assistance technique devrait en part i- culier etre axee sur la formation de la main-d'oeuvre, et ce, dans tous les domaines des transports, grace

a

l'expansion ou

a

la creation d'etablisse- ments et d'instituts de formation.

5. Commerce et finance

43. Les tendances

a

long terme du commerce exterieur de la plupart des pays africains ne peuvent

a

l'evidence ~tre soutenues et constituent par

consequent un motif de vive preoccupation. Naus ne pouvons esperer operer

les necessaires transformations economiques nationales par une specialisation excessive et un systeme d'exportation portant essentiellement - comme actuel- lement sur une gamme etroite de produits agricoles et autres produits primai- res dont les prix fluctuent sans cesse vers des marches exterieurs dont la demande diminue constamment. Nous ne pouvons non plus esperer operer les

transformations necessaires si nous continuons

a

nous procurer

a

des couts de plus en plus eleves, aupres des sources exterieures, nos facteurs de production essentiels, mais egalement nos biens de consommation. y compris une bonne partie de nos denrees alimentaires. La deterioration des termes de l'echange qui en resulte, les deficits de plus en plus lourds de la balan- ce des paiements des pays africains et Ie fardeau intolerable de la dette, au milieu de sombres perspectives quant

a

une hausse substantielle des flux de capitaux et des transferts publics, continueront de faire obstacle

a

tous

(17)

les efforts que nous deployons pour.~biliserefficacement des res sources pour Ie developpement et Ie progres national. Nous devons donc des

a

pre- sent prendre des mesures urgentes et efficaces visant

a

nous permettre de diversifier nos exportations, aussi bien en ce qui concerne les produits de base que les debouches, ainsi que de controler et de rationaliser nos importations par Ie biais de mesures rationnelles et efficaces de substi- tution aux importations. Nous sommes convaincus que l'adoption de ces mesures ainsi que de politiques et mesures fiscales plus strictes en vue d'une plus grande mobilisation des ressources financieres internes aux fins du developpement permettra de trouver une solution durable

a

nos problemes de balance des paiements et de dette exterieureo Les efforts sur Ie plan national sont certes d'une importance capitale, mais ils devront etre

completes et epaules par une aide exterieure suffisante de la part des pays developpes et des institutions financieres internationales.

44. La politique de diversification des produits de base sera axee sur

la recherche et Ie developpement d'autres res sources naturelles dont l'expor- tat ion et compte tenu des besoins nationaux. Elle aura pour objectif

d'ameliorer la qualite et la competitivite des produits d'exportation des pays africains grace

a

un Meilleur conditionnement et

a

une productivite accrue. La diversification des debouches devra permettre d'exploiter de nou- veaux marches non traditionnels tels que ceux de.s pays socialistes d'Europe de l'Est avec lesquels les pays africains enregistrent un deficit commer- cial et ceux d'autres pays en developpement et de promouvoir en particulier Ie commerce intra-africain. A cet egard, les pays africains auront besoin d'un soutien tres important pour mettre en place les moyens necessaires dans les domaines de la promotion des echanges, des etudes de marche at du renfor- cement des echanges intra-africains.

45. Des efforts devront etre faits parallelement pour continuer

a

reduire les importations. Les politiques devront conduire

a

une solide restructuration des programmes de substitution aux importations en vue de parvenir

a

une autosuffi- sance pour ce qui est de principaux produits d'importation tels que les denrees alimentaires, en particulier les cereales, l'energie et les produits inter- mediaires, notamment les engrais, Ie ciment, Ie fer, l'acier et les produits pharmaceutiques et chimiques. La dependance vis-a-vis de l'etranger pour la

fourniture de services essentiels, cause d'importantes pertes de devises, devra

etre considerablement reduite. D'autres domaines dans lesquels des economies peuvent etre realisees comprennent notamment la creation d'equivalents afri- cains des diplomes professionnels etrangers, la creation d'etablissements dispensant un enseignement par correspondance, l'amelioration des etablisse- ments d'enseignement et des services de sante dans les pays africains, la rationalisation de la representation commerciale etrangere, Ie controle des operations des societes transnationales, en particulier de leurs pratiques consistant a surfacturer les importations et

a

sous-facturer les exportations, la creation par les Etats membres de mecanismes leur permettant d'identifier d'autres sources d'approvisionnement et d'effectuer des achats groupes.

46. En depit des difficultes rencontrees par les principaux secteurs de production, nous sommes convaincus qu'il est encore possible d'accroitre considerablement Ie niveau des ressources financieres interieures a consacrer

(18)

au developpement. Davantage d'efforts devront par exemple etre faits pour exploiter les avantages fiscaux que presentent certains domaines qui dans de nombreux pays ne rapportent aucun impot

a

l'Etat. Le role des services de perception devra etre reexamine pour plus d'efficacite. L'utilisatien judicieuse des titres d'Etat et de la panoplie des instruments moneta ires et financiers, des politiques de revenus et de ~rix etc. devra etre accrue de faeon

a

creer davantage de recettes. En particulier le role des orga- nismes financiers intermediaires tels que les caisses d'epargne, les ban- ques commerciales. les caisses de prevoyance, les compagnies d'assurance etc. devra etre reexamine en vue d'en faire des instruments plus efficaces pour la mobilisation d'une epargne additionnelle en particulier dans les

secteurs non structure, urbain et rural.

47. Ainsi qu'il a ete precedemment indique, ces mesures contribueront sans aucun doute

a

reduire les graves desequilibres internes et externes. Toute- fois, une solution durable aux problemes de la balance des paiements et de

la dette exterieure ne pourra etre trauvee qu'avec le soutien actif de la communaute internationale. A cet egard, nous nous inspirons dans nos actions de la Declaration d'Addis-Abeba sur la dette exterieure des pays africains adoptee par les ministres africains des finances

a

leur reunion de juin 1984

a

Addis-Abeba sur la dette exterieure des pays africains et annexee

a

notre

premier Memorandum special. Cette Declaration enonceles mesures

a

prendre

aux niveaux national, sous-regional, regional et international en ce qui

concerne le probleme de la dette, et en particulier de l'allegement de la dett~

un appui au titre de la balance des paiements, des apports financiers accrus en faveur de l'Afrique, des mesures propres

a

arreter la hausse des taux

d'interet et un allegement de la dette exterieure grace

a

l'application de pra- tiques commerciales equitables. Naus saisissons cette occasion pour reiterer notre Appel au Conseil economique et social et

a

la communaute internationale pour qu'ils nous aident materiellement dans la mise en oeuvre des propositions

contenues dans la presente Declaration. Nous leur lancons un appel, en parti- culier, pour qu'ils examinent serieYsement et favorablement toute proposition concernant des mesures concretes d'allegement de la dette, l'aide au titre de la balance des paiements, l'accroissement des ressources en faveur de l'Afrique, des mesures visant

a

enrayer la hausse des taux d'interet, et l'allegement de la dette exterieure grace

a

des pratiques commerciales equi- tables. A ce propos, il conviendrait peut-etre de rappeler

a

la communaute internationale que toute hausse de 1 p. 100 des taux d'interet represente une charge additionnelle de 1,5 milliard de dollars au titre du service an- nuel de la dette, soit l'equivalent des ressources necessaires pour repondre aux besoins d'urgence non satisfaits des pays africains touches par la seche- resse en 1985 qui ont fait l'objet d'une conference internationale tenue

a

Geneve au mois de mars de cette annee.

6. La mise en valeur des res sources naturelles

48. Une demarche importante qu'il convient d'entreprendre d'urgence est de permettre

a

l'Afrique d'exercer un controle effectif sur ses ressources

(19)

naturelles. Cette demarche est indispensable pour renforcer Ie degre de mise en valeur et d'utilisation de ces res sources et promouvoir les relations intersectorielles efficaces que la mise 'en valeur des res sources naturelles permet d'etablir au sein de l'economie nationale. Cela suppose, bien entendu, la necessite d'approfondir la connaissance de leur existence, des possibi- lites de les exploiter et de l'usage final qu'on pourrait en faire.

49. Une assistance aussi bien bilaterale que multilaterale sera necessaire pour dresser et interpreter les cartes geologiques, geophysiques, geochimiques .et metallurgiques de base necessaires a l'orientation des leves au niveau na-

tional. Cette assistance devra ~tre axee de plus en plus sur la revision et Ie renforcement des services de geologie et des mines existants ou sur la creation de ces services la ou il n'en existe pas encore. Tout aussi important est l'appui necessaire dans Ie domaine de l'analyse et des essais des sols, de l'etablissement de cartes pedologiques, notamment de cartes de l'utili- sation des terres et de la nature des sols. Enfin, tout programme d'assis- tance dans Ie domaine de la mise en valeur des res sources naturelles devra accorder une attention particuliere a l'utilisation des informations rela-

tives aux res sources naturelles dans Ie cadre de la formulation des plans et programmes nationaux de developpement conformement au principe du develop- pement autonome et auto-entretenu.

50. L'appui de la communaute internationale pour la realisation d'un meilleur equilibre energetique sera vital. Une assistance est tout particulierement re- quise pour l'exploitation des sources d'energie de remplacement telles que Ie charbon, Ie gaz naturel, l'hydro-electricite ainsi que des sources d'energie nouvelles et renouvelables telles que l'energie solaire, l'energie eolienne, la biomasse et l'energie geothermique qui offrent des possibilites considera- bles. Le developpement de ces energies permettra a la region de reduire sen- siblement sa dependance a l'egard du petrole, pour lequel les depenses en de- vises sont importantes.

7. La lutte contre la secheresse et la desertification

51. La situation d'urgence actuelle nee de la secheresse est a la fois la consequence et la cause des problemes structurels fondamentaux de l'Afrique.

La secheresse elle-m~me est etroitement liee a la desertification qui, a son tour, resulte en grande partie de la pression demographique qui se fait sen- tir a travers la surexploitation des terres cultivables, Ie surpaturage, la deforestation, les mauvaises methodes d'irrigation. L'ampleur de ce phenome- ne en Afrique et la tendance qu'a la secheresse a apparaitre de nouveau avec plus de vigueur ont accru la crainte que nous avonS d'avoir a faire face a une situation permanente ou structurelle caracterisee par la faim, la famine et Ie sous-developpement. Alors que les efforts actuellement deployes portent, par la force des choses, sur des mesures d'urgence propres a attenuer les ef- fets de la secheresse et de la desertification, il faudrait prendre immedia- tement des mesures approprees pour resoudre les aspects a long terme du pro- bleme. II va de soi que les apports scientifiques et technologiques dont nous avons besoin 'pour resoudre une fois pour toutes Ie probleme proviendront en grande partie de l'assistance internationale. Cette assistance devra ~tre

(20)

considerable, consequente et soutenue et devra etre fournie dans Ie cadre de pro- grammes nationaux integres de lutte contre la secheresse et la desertification.

52. Nous avons besoin d'un appui scientifique et technique, en particulier pour renforcer Ie personnel et les organismes nationaux charges de la re- cherche climatologique et de ses applications. L'assistance devra etre orientee vers le renforcement et l'exploitation continue d'un reseau d'ins-

titutions charge d'organiser des programmes de formation, de coordonner les activites de collecte, d'analyse et de diffusion des donnees grace

a

l'expan-

sion et la modernisation des stations meteorologiques nationales en etendant leur champ d'activite aux micro-climats, le renforcement des services de traitement des donnees climatologiques existants, la mise

a

jour, le cas

echeant, de l'inventaire des stations meteorologiques nationales, sous-regiona- les et regionales et le renforcement des mecanismes existants afin de res- serrer la cooperation inter-Etats en matiere de collecte, d'analyse et de diffusion de l'information et des donnees meteorologiques et hydrologiques.

53. Vne assistance sera egalement necessaire pour ameliorer les methodes d'utilisation et de gestion de l'eau, des terres et des ressources fores- tieres. II faudra,

a

cet effet, dans l'elaboration de programmes communs, tenir dument compte de l'environnement social et culturel, notamment de la dynamique de la population, des effets et des causes de la secheresse ainsi que des moyens traditionnels pour pallier les consequences de la secheresse et de la desertification.

54. 11 faudra que la science et la technologie spatiales, notamment la tele- detection, les communications par s~tellite et la meteorologie soient de plus en plus utilisees dans la lutte contre la secheresse et la desertification.

De meme i1 faudra une main-d'oeuvre et des moyens institutionnels considera- bles pour elaborer et appliquer sur place les informations obtenues grace

a

ces techniques, et

a

cet egard une assistance exterieure importante sera ne- cessaire.

8. Science et technique

55. Dans Ie Plan d'action de Lagos, il est reconnu que la science et la techni-

que sont des outils importants pour assurer un developpement et une croissan~e

economique soutenus. En effet Ie plus long chapitre du Plan est celui consa-

ere

a

1a science et

a

1a technique. A cet egard, Ie renforcement de moyens

autonomes pour l'application de la science et de la technique au service du developpement constitue l'objectif fondamental du Plan. II con~ient, de mener

a

titre prioritaire, les actions communes suivantes : renforcer les moyens technologiques nationaux, sensibiliser davant age

a

l'importance de la science et de la technique dans le developpement socio-economique, evaluer les effets des technologies nouvelles sur la realisation des objectifs de developpement et mettre au point des technologies adaptees aux pays africains. Des mesures sont necessaires pour que l'application de la science et de la technique favorise Ie developpement dans les secteurs suivants : agriculture, transport et commu- nications, industrie, sante et assainissement, energie, education, mise en valeur de 1a main-d'oeuvre, logement, urbanisation et environnement.

(21)

56. Dans l'assistance a foumir aux Etats membres, il faudra done mettre l'accent sur l'elaboration de politiques et de programmes technologiques nationaux dans Ie cadre de strategies nouvelles propres

a

assurer la trans- formation technologique et conformes aux objectifs economiques et sociaux des divers pays. II faudra inevitablement consacrer une attention parti- culiere aux projets portant sur la mise aa point et la demonstration des techniques, notamment dans les regions rurales, la reduction des pertes alimentaires avant et apres les recoltes, la mise en valeur et l'utili- sation d'autres sources d'energie, notamment celles renouvelables, ainsi que la mise au point de techniques et de materiels permettant d'adapter les techniques dans les secteurs non s~ructure et rural. Dans tous ces efforts, il ne faudra pas perdre de vue les principes de l'autosuffisance et du developpement auto-entretenu, en ce qui conceme notamment les pro- duits, les techniques de fabrication et les res sources naturelles.

57. Nous tenons en particulier

a

lancer un appel pour qu'un soutien soit apporte au Systeme de financement des Nations Unies pour la science et la

~echnique au service du developpement afin qu'il puisse poursuivre ses activites. Environ 40 p. 100 des res sources de ce Fonds devraient en prin- cipe servir au developpement de la science et de la technique en Afrique.

Le Systeme de financement est un instrument capital pour la realisation des objectifs du Plan d'action de Lagos.

9. Mise en valeur et utilisation des ressources humaines

58. Nous reconnaissons l'importance primordiale de la mise en valeur et de l'utilisation efficaces des res sources humaines dans les transformations

a

operer. Non seulement il nous faut nous doter des competences ess;ntielles qui actuellement font defaut et veiller ales utiliser efficacement mais aussi concevoir, etab1ir et appliquer les modes de developpement et de croissance economique endogenes et auto-entretenus envisages dans 1e Plan d'action de Lagos; paralle1ement nous devons veiller

a

ce qu'un emploi productif remunere so it assure

a

toutes les couches de 1a population qui

doivent etre associees

a

tautes les activites de developpement en vue d'une

repartition equitable des avantages du progres social. Nous devons rea1iser ces objectifs essentiellement grace ~ noS propres efforts dans un esprit de cooperation et d'auto-suffisance collective. Cependant, comme l'indique clairement Ie Plan d'action de Lagos, Ie soutien de la communaute intema- tionale est bienvenu et doit de fait epauler nos propres efforts. Cette

assistance comme il est dit dans Ie Plan, devrait etre consideree comme unap- point aux efforts faits par les Etats membres pour assurer leur developpement.

Par consequent, nous reiterons l'appel lance dans Ie Plan aux organismes des Nations Unies ainsi qu'a d'autres institutions internationales, int~rgouver­

nementales et non gouvernementales pour qu'ils coordonnent leur ass1stan:e et participent activement ~ la realisation de ~os divers programmes de m1se en, valeur' et d'utilisation des res sources huma1nes.

(22)

59. Les principaux elements de tout programme de mise en valeur et d'utili- sation des res sources humaines conforme

a

la nouvelle strategie de develop- pement et ceux de tout autre programme au titre desquels une assistance technique et financiere de la part des donnateurs sera it la bienvenue con- cemeraient notamment les mesures visant

a

renforcer les services de plani- fication et de programmation des res sources humaines, l'integration de la planification de l'utilisation des res sources humaines, dans les politiques et plans globaux de developpement national, ainsi que des mesures propres

a

promouvoir la gestion et l'utilisation des res sources humaines.

60. A cert egard, il faudra accorder la priorite

a

l'evaluation continue et

a

la formation de la main-d'oeuvre necessaire dans certains domaines aussi cruciaux que l'exploitation des res sources naturelles, la science et la

technique, Ie developpement industriel, la transformation du secteur rural, la mise en valeur des res sources energetiques, les transports et les com- munications, la creation d'entreprises et la gestion. II faudra egalement accorder une attention particuliere

a

la refonte des systemes d'enseignement

a

tous les niveaux afin d'obtenir les competences, connaissances et attitudes qu'exige un developpement rapide et diversifie. II faudra reexaminer Ie role des programmes d'alphabetisation de masse et d'alphabetisation des adultes, qu'il s'agisse d'enseignement classique ou non classique, afin d'en faire des instruments propres

a

augmenter la productivite du secteur agricole et des industries rurales et

a

encourager la participation des masses

a

la prise de decisions et au processus de developpement en general. II faut egalement accorder la priorite au renforcement des services de planification de l'emploi,

a

tous les niveaux, notamment

a

celui de l'acces au marche du travail. 11 sera egalement necessaire d'integrer la planification et la mise en valeur des ressources humaines

a

tous les stades, de la conception

a

l'execution des projets, dans Ie cadre d'une politique de formation de specialistes et d'industriels nationaux. Enfin, il faudia accorder la prio- rite

a

l'etude approfondie de la nature et des causes de l'exode des compe- tences et des mesures

a

prendre pour attenuer la gravite de ce phenomene. A cet egard, les organismes d'aide bilaterale et multilaterale sont appeles

a

jouer un role tres important en foumissant davantage de services de

formation et autres afin d'ameliorer la qualite de la main-d'oeuvre africaine.

lIs devraient egalement aider les Etats membres dans leurs efforts visant

a

assurer Ie retour, dans leur pays, des specialistes de haut niveau.

B. APPUI AUX NIVEAUX SDUS-REGIONAL ET REGIONAL

61. II res sort clairement de l'orientation donnee au Plan d'action et

a

l'Acte final de Lagos que nos gouvernements souhaitent une refonte de leur economie de fa~on

a

fonder son developpement sur l'exploitation des ressources locales. 11 est vrai que Ie gros des efforts devrait etre deploye au niveau national; n'empeche que l'exiguite des marches nationaux et leur fragmen-

tation, ainsi que la mauvaise repartition des res sources naturelles entre

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